« L’HUMANITÉ EST FONDAMENTALEMENT FAITE DE RENCONTRES. » A. SISSAKO
DATE À DÉTERMINER AVEC LE SLIME
« Je veux une chambre ! »
L’annonçant avec fermeté et fierté, la brune avait produit une expression somme toute risible sur le visage de sa première hôte : les sourcils légèrement froncés, la moue hésitante et le regard songeur, il a fallu quelques longues secondes à Jean pour se remettre dans la logique de cette volonté curieuse. Avec tout ça, la télépathe avait presque oublié l’obsession première de la jeune fille, la fameuse chambre. Dire que c’était sa faute si elle avait cette idée en tête, maintenant ! En même temps, comment aurait-elle deviner qu’il ne s’agissait pas d’une nouvelle élève fraîchement débarquée à l’Institut ?
Raclant discrètement sa gorge, Jean avait légèrement haussé ses sourcils en s’apprêtant à répondre à la place de Scott, mais le mutant était déjà bien trop impliqué dans cet échange houleux pour quitter l’arène aussi facilement : vociférant à l’égard de l’inconnue, il avait malgré lui attirer les regards sur eux. C’était tout à fait inhabituel que Scott s’embarque dans une telle agressivité, et particulièrement à l’égard d’une femme, mais contrairement aux apparences, sa cible n’en était pas vraiment une… Bien qu’ils étaient les seuls à le savoir. Adressant quelques sourires maladroits aux élèves qui les observaient de loin, Jean s’était empressée d’agripper le bras de Scott dans l’espoir de capter son attention, lui intimant alors dans un murmure quelque peu autoritaire :
« Arrête de parler fort ! Tout le monde nous regarde… Tu risques d’aggraver les choses en agissant ainsi. — C’est moi qui aggrave les choses maintenant ?! C’est la meilleure celle-là ! Excuse-moi, j’oubliais que JE suis la personne qui invite des gens dangereux et non-humains à l’Institut, c’est vrai. Mea-culpa.»
Pressant ses lèvres l’une contre l’autre, Jean avait voulu rétorqué qu’elle ne l’avait pas vraiment invitée mais plutôt qu’elle n’avait pas eu le choix, mais elle avait finalement préféré garder le silence face à la mine renfrognée de son ami. Elle ne l’avait jamais vu dans un tel état de rage ! Et alors que la brunette essayait vainement d’expliquer ce qu’elle faisait là et qui elle était, avec des mots aussi simplistes que ceux d’un enfant en bas-âge, Jean avait vu, non sans en éprouver une certaine fébrilité, que certains élèves se rapprochaient d’eux… Oh. Non.
Ils pensaient que c’était une nouvelle élève, eux aussi. Et eux aussi voulaient l’accueillir.
« Euh… Scott… »
Avait-elle murmuré avec supplice en se figeant presque sur place, tandis que le bonhomme retombait lourdement en annonçant qu’il en avait marre. Et il y avait fort à parier qu’il n’était pas au bout de ses peines. En masse, en arborant un sourire jovial mais un regard curieux, les quelques élèves présents dans le parc s’étaient spontanément présentés auprès de la jolie brune, lui souhaitant la bienvenue à l’Institut Xavier.
« Bravo, vraiment. T’as prévu de justifier tout ça comment, juste pour info ? »
Les lèvres entrouvertes, la lippe supérieure légèrement relevée, Jean avait assisté, impuissance, au spectacle qui se déroulait sous ses yeux, et dont Scott signait une terrible vérité. Que pouvait-elle faire, à présent ? Il fallait reconnaître que la situation était catastrophique et lui avait totalement échappé… Se laissant retomber sur le banc à son tour, les épaules basses et les mains posées sur ses cuisses frêles, Jean avait mordu le coin de sa lèvre tout en se tournant vers son ami, visiblement désabusée et vaincue.
« Tu as raison… Il faut prévenir Charles avant qu’il ne soit trop tard. » .
CODAGE PAR AMATIS ET PERSONNALISATION PAR AIWENORE
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
L’arrivée explicite des autres élèves ainsi que l’abattement faisant suite aux dernières affirmations de l’inconnue eurent le mérite de faire redescendre un peu la température émotionnelle de Scott. Affalé sur le banc, il se redressa un peu pour se redonner contenance face aux élèves et ne pas laisser paraître ses habituels défauts. Il gardait toutefois les yeux rivés sur la non-humaine, prêt à intervenir au moindre faux pas qu’elle ferait.
Lorsque Jean céda enfin, il eut un soupir de soulagement. Maintenant qu’il s’était un peu calmé, plus par la force des choses que par sa volonté propre, il réfléchissait un peu mieux et réalisait qu’il était allé loin. Le fait de savoir Jean en danger l’avait fait sur-réagir, sans doute.
« Maintenant il faut savoir comment prévenir Charles sans la lâcher des yeux », murmura-t-il d’un ton plus calme, bien qu’encore teinté des restes de sa colère, « On ne peut pas la laisser trop près des élèves. »
Pendant ce temps, la Slime s’était retournée pour faire face aux élèves qui s’étaient approchés pour lui souhaiter la bienvenue. Elle connaissait cette expression, sans doute la seule qu’elle connaissait d’ailleurs, et savait que les humains accueillaient des invités comme ça. Elle savait aussi que les humains répondaient « merci » en retour, même si elle ne savait pas trop pourquoi.
Ainsi donc, elle remercia tour à tour chaque personne venue lui souhaiter bienvenue. Comme Jean et Scott étaient à côté, et surtout que Scott irradiait encore d’une sérieuse tension, les élèves ne s’attardaient pas spécialement, mais lorsque certains demandèrent son nom à l’inconnue, cette dernière répondit simplement qu’elle ne savait pas, cette fois sans avoir à réfléchir longtemps. Elle avait compris que cette réponse convenait parfois. Gênés par cette réponse, les élèves qui avaient posé la question repartaient en disant que ce n’était pas grave.
Une ambiance mêlant la colère de Scott et la gêne des élèves de passage s’était donc installée dans l’atmosphère de ce coin du parc, avec en son centre une créature d’apparence humaine mais qui ne l’était pas le moins du monde, et surtout la seule « personne » dans les parages à être en décalage complet avec l’électricité dans l’air, souriant chaleureusement à quiconque lui adressait la parole, y compris à Scott qu’elle cherchait toujours à rassurer.
« Ce serait peut-être le moment de faire ton truc », continua de murmurer Scott, parlant à demi-mot de la télépathie de Jean, espérant qu’elle pouvait contacter Charles directement par ce moyen.
Spectatrice fébrile de l’attroupement curieux qui se formait autour de la demoiselle non-humaine, Jean n’avait pas eu d’autres choix que d’admettre sa défaite écrasante, tandis que les autres élèves se pressaient autour d’elle pour lui poser mille et une questions, auxquels elle n’avait aucune réponse. Son nom ? Sa mutation ? D’où elle venait ? Les interrogations fusaient de tous les côtés sans véritablement lui laisser le temps de répondre, ce qui sauvait les apparences. Ainsi, on pouvait presque croire que la « nouvelle élève de l’Institut » était bien trop dépassé par l’interrogatoire qu’elle subissait, si on prétextait une certaine timidité de sa part...
« T’es arrivée quand ? - Tu t’appelles comment ? - Bienvenue à l’Institut Xavier ! - Tu viens d’où ? - T’es une mutante ? »
À croire qu’ils ne sortaient jamais et qu’ils voyaient un nouveau visage pour la première fois… Au moins, l’inconnue était ravie d’être au centre de l’attention, et ne tarissait point son plaisir en affichant un sourire éloquent face aux nombreux élèves qui se bousculaient pour lui tendre la main ou lui souhaiter la bienvenue de vive voix. Pourvu qu’elle n’engloutisse aucun humain qui lui plairait plus que les autres, comme elle l’avait fait avec le t-shirt… Glissant le bout de ses doigts contre son front lisse, Jean avait mordillé le coeur de sa lèvre inférieure tandis que Scott parlait d’un ton plus calme, bien que la rouquine sentait qu’il ne lui en faudrait que trop peu pour exploser de colère, ce qu’elle redoutait presque autant que le côté imprévisible de la non-humaine. Il faut dire que la situation était particulièrement périlleuse, et c’était peut-être en grande partie de sa faute… Mais elle n’avait jamais envisagé que sa présence produise un tel effet sur les élèves ! Ils n’avaient rien d’autre à faire ?!
« Je sais bien… Tu restes avec elle et je vais chercher Charles ? Ou l’inverse ? - Si elle voit l’un de nous deux partir, elle risque de trouver ça louche… Ou de vouloir le suivre. Je te rappelle qu’elle veut une chambre alors…»
Pas faux. Vaincue par son irresponsabilité, ou son coeur trop généreux qui refusait de condamner sans preuve, Jean avait soupiré de lassitude en poussant ses lèvres dans une sorte de moue boudeuse, son bras retombant le long de son corps. Scott était davantage nerveux à présent, et cela se ressentait sans voir ses yeux : il avait les lèvres fermées et le visage froid, mêlant méfiance et colère sourde. Il fallait agir, il le savait mieux que personne mais il y avait tant de personnes autour de l’inconnue que c’était presque dangereux d’éparpiller la foule sans avoir une bonne raison… Elle était trop heureuse de voir du monde, et au vu de son tempérament capricieux, il était préférable de ne pas la contrarier.
« De faire mon truc ? »
Fit-elle en se retournant vers Scott, visiblement perplexe. Quelques secondes furent nécessaires à la jeune mutante, qui était perturbée par la situation, pour comprendre le sous-entendu de son ami. Lorsque ce fut chose faîte, la jeune fille hocha son visage de haut en bas avant d’incliner légèrement son menton vers l’avant, faisant mine de gratter gentiment sa tempe à l’aide de ses phalanges, alors qu’elle se concentrait pour atteindre l’esprit de Charles, qui était vraisemblablement dans son bureau : établissant une liaison psychique entre leurs deux esprits, Jean lui avait adressé un message qu’il faut le seul à entendre, et dont elle redoutait à présent la portée :
« @Charles Xavier Il y a un problème dans le parc de l’Institut. Une personne non-humaine, mais qui paraît humaine, s’est introduite dans le Manoir et refuse à présent de le quitter… Elle est potentielle dangereuse, je suis avec Scott mais on ne sait pas quoi faire… »
Elle éludait volontairement certains détails, de peur d’énerver celui qui était un père à ses yeux. Lorsque la situation serait réglée, elle lui raconterait tout en détails s’il l’exigeait… Pour l’heure, elle s’était tournée vers Scott en hochant discrètement son menton de haut en bas, lui signifiant ainsi silencieusement que Charles avait été informé. Qu’allait-il se passer à présent ? Jean l’ignorait mais elle n’espérait qu’une chose : qu’aucun mal ne soit fait à la non-humaine.
MADE BY @ICE AND FIRE (COULEURS PAR AIWENORE)
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Désolée pour le délai inhabituel de réponse, ça ira mieux une fois l'été passé ^^'
Bulle de savon et gelée géante
Jean, Le Slime, Scott et Charles
Institut Xavier - Samedi 18 mai - Dans la matinée
Charles connaissait à présent le lieu où se cachait Raven. Et à présent qu'il le savait, il se demandait s'il n'aurait pas préféré ne pas le savoir. Que devait-il faire à présent ? Comment envisager la suite ? Devait-il en parler aux autres ? Comment l'annoncer à Hank ? Beaucoup de questions se bousculaient dans son esprit, et son cœur était assailli de nombreuses émotions fortes et contradictoires.
Pour l'heure, il se trouvait dans son bureau, dont il avait fermé la porte à clé. Il ne voulait pas être dérangé. Le samedi, beaucoup moins d'élèves et de professeurs étaient présents à l'Institut, et l'on avait d'ordinaire moins besoin de lui. Et pourtant…
Il fut tiré de ses tristes réflexions par un appel de Jean. Il dut faire un effort de concentration pour se focaliser sur ce qu'elle lui annonçait, et il lui fallut quelques secondes pour comprendre la portée de son message. Il capta néanmoins rapidement l'essentiel : problème, danger, besoin d'aide. Il projeta brièvement son esprit dans le parc pour localiser Jean, et la visualisa effectivement en compagnie de Scott, de plusieurs autres élèves, et d'une jeune femme étrange à l'expression à la fois bornée et joyeuse à l'extrême.
Le professeur ne prit pas le temps d'analyser la situation plus en profondeur. Il faisait confiance à Jean, si elle faisait appel à lui, c'est qu'elle estimait que la situation était trop délicate pour qu'elle puisse la gérer, et qu'une menace réelle se cachait possiblement derrière cette demoiselle non-humaine à la mine si insouciante. Il s'adressa donc télépathiquement à Jean et Scott, à la fois pour les rassurer et pour leur donner quelques directives :
« Tâchez de l'éloigner en douceur des autres élèves, mais restez prudents. Il ne faut pas l'alarmer. J'arrive. »
Puis il se mit en route, direction le parc, tout en gardant une part de son esprit focalisée sur le trio, prêt à agir si nécessaire, en espérant toutefois ne pas avoir à prendre des mesures trop radicales.
La Slime continuait de répondre aux questions des élèves qui finirent par se raréfier assez rapidement, tous plus ou moins repoussés par ses réponses bizarres comme par l’expression de Scott qui, malgré ses lunettes noires, semblait fusiller du regard tout le monde. Ce n’était pas tout à fait vrai. En fait, il veillait surtout à ce que personne ne courre de danger avec cette non-humaine, en essayant de ne pas en avoir trop l’air, ce qui prêtait à confusion.
À court d’interlocuteurs, la jeune femme se tourna de nouveau vers les deux humains, ayant visiblement oublié de quoi leur conversation retournait. Elle leur afficha de nouveau un sourire, cette fois un peu plus sincère que lorsqu’elle tentait de les rassurer : elle était vraiment ravie d’avoir pu rencontrer autant d’humains qui acceptaient de lui parler, ne serait-ce qu’un peu.
« J’aime bien les gens ici », dit-elle avec entrain, « D’habitude, on ne m’accueille pas comme ça. »
Le sous-entendu n’existait pas vraiment. Dans sa tête, elle songeait aux différents humains qu’elle avait déjà rencontrés et qui l’avaient approchée pour faire connaissance ou d’autres choses moins recommandables. C’était la première fois qu’on lui souhaitait vraiment la bienvenue et elle était désormais envahie d’un sentiment qui lui était étranger. Elle se sentait bien, mais pas le bien habituel, plutôt quelque chose de chaleureux qui se nichait quelque part dans son corps gélatineux. Une douce chaleur, pas de celles qui l’asséchaient, très différente. Cela laissait la Slime perplexe, sentiment qui se manifesta facilement sur son visage tandis que ses iris viraient au rose bonbon.
« Tâchez de l'éloigner en douceur des autres élèves, mais restez prudents. Il ne faut pas l'alarmer. J'arrive. »
Être prudents tout en l’éloignant des autres élèves… Voilà deux choses qui semblaient bien complexes, surtout dans pareille situation. La demoiselle aux cheveux bruns était vraisemblablement ravie d’être entourée par des humains qui lui démontraient une certaine curiosité, ce qui rendait la tâche particulièrement ardue : comment la convaincre de s’éloigner sans risquer de provoquer sa colère ? Levant un regard perplexe vers Scott, qui fourrait tour à tour ses mains dans ses poches avant de les sortir pour gratter nerveusement l’arrière de sa nuque, Jean avait courbé ses sourcils tout en inspirant lentement par le nez.
« Comment on va faire… »
Avait murmuré le jeune homme en décalant son menton sur le côté pour être sûr que la brune ne l’entende pas, sans d’abord obtenir de réponse. Comment ils allaient faire ? C’était une excellente question, mais elle n’avait aucune réponse à lui fournir. Haussant légèrement ses épaules pour lui signifier qu’elle n’en savait pas plus que lui, Jean avait fait fonctionner ses méninges à toute vitesse pour tenter de trouver une solution… Employer la manière forte n’était pas une bonne idée, car cela ferait courir un risque immense aux autres élèves si la non-humaine décidait les « engloutir » comme elle l’avait pensé un peu plus tôt. Mais alors quoi ? Il fallait faire diversion. Trouver une parade.
La chambre.
C’est ce qu’elle veut depuis le début. Mais c’était prendre le risque qu’elle s’énerve encore plus en découvrant que c’était un piège… Au moins, les autres élèves ne seraient pas en danger, et n’assisteraient peut-être pas à son explosion de colère. Cette idée s’imposant comme la seule envisageable, Jean avait de nouveau porté son regard sur Scott en lui disant, discrètement :
« Il faut lui promettre une chambre… Si on lui promet une chambre, elle va nous suivre, j’en suis sûre. »
Après quelques secondes d’hésitation et de questionnements, les deux mutants se retournèrent vers la non-humaine, qui affichait une mine réjouie en affirmant qu’elle n’avait jamais été aussi bien accueillie qu’en cet instant. Si elle avait entendu Scott qui avait marmonné un « tu m’étonnes », elle n’avait point relevé cette remarque et avait plutôt hoché son visage de haut en bas face à l’étrangère aux yeux rosées, lui offrant alors un sourire qui se voulait amical mais qui était quelque peu crispé néanmoins.
Tordant ses mains blanches nerveusement, Jean avait lancé quelques regards hésitants vers Scott avant d’enfin prendre la parole, ne sachant pas si elle faisait un bon choix mais elle n’avait rien d’autre en tête en cet instant :
« On vient de me dire que ta chambre était prête… Tu viens ? On t’accompagne pour la visiter… »
Il fallait maintenant espérer qu’elle accepte de les suivre pour s’éloigner des autres élèves, et surtout que Charles ait une meilleure idée en tête que celle de Jean… .
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Je passe avant Charles, vu qu'il ne sera probablement pas là dans la seconde
Une chambre ?! Enfin ! Enfin elle allait avoir une chambre. À l’annonce de l’humaine, la Slime se mit à sautiller de joie en tapant dans ses mains, une habitude qu’elle avait prise pour manifester sa joie, étant donné qu’elle n’arrivait pas encore bien à imiter les habitudes humaines de ce côté. En tout cas, les humains ne faisaient pas la différence.
Elle accepta immédiatement de suivre le couple, ayant soudainement totalement perdu l’intérêt pour les autres élèves qui, pour ceux qui étaient encore là, se firent ignorer sans raison visible par l’étrange nouvelle. Quelques-uns se vexèrent visiblement, mais personne n’osa lever le ton étant donné que deux professeurs étaient présents, préférant s’éloigner pour aller râler plus loin.
Seule avec les deux humains, c’est avec entrain qu’elle les suivit, sautillant comme une enfant en répétant tout bas : « Je vais avoir une chaaaambre, je vais avoir une chaaambre ». Elle était absolument ravie. Une chambre ! Un endroit rien que pour elle ! C’était le rêve ! Plus besoin de se cacher entre les rochers de la mer ou dans les déversoirs des parcs. Bon, il restait la question de la nourriture, mais le monde des humains en avait tellement qu’il y avait peu de chances que ça soit un problème d’en trouver.
De ce que Charles en percevait, ses élèves se débrouillaient bien. L'intruse semblait ravie de rencontrer de nouvelles personnes, et pour le moment les autres pensionnaires ne semblaient pas se douter le moins du monde qu'ils discutaient avec une alien. La promesse de Jean était risquée en revanche… L'Institut était ouvert à beaucoup de monde, certes, mais il fallait tout de même que Charles s'assure que cet être ne représenterait pas un danger pour ses élèves. La chambre ne lui était donc pas encore acquise.
Comme le trio se dirigeait vers le manoir, le professeur put les rejoindre assez vite. Il eut le loisir d'observer plus en détails la demoiselle "non humaine" qui à première vue paraissait parfaitement normale, si l'on omettait ses yeux rose clair. Il y avait néanmoins quelque chose dans son apparence qui le dérangeait, mais il n'arrivait pas encore à mettre le doigt dessus. Son aura, quant à elle, n'était en effet pas humaine, ni mutante. Elle lui était parfaitement inconnue.
Bien. Le professeur allait procéder comme à son habitude : il allait se montrer ouvert et amical, tâchant d'accueillir cette créature sans préjugé. Sa bienveillance naturelle l'aidait beaucoup dans les rapports sociaux, en général. Il se munit donc d'un beau sourire et s'avança sereinement vers eux, saluant leur invitée d'un signe de tête cordial.
« Bonjour à vous, je suis Charles Xavier, le directeur de cet Institut. De quel monde venez-vous ? »
Inutile de se montrer hypocrite, autant lui faire savoir tout de suite qu'il avait perçu sa nature non-humaine, la conversation n'en serait que plus simple et plus rapide. Du moins le pensait-il. Il entama tout de même une conversation parallèle avec Jean par télépathie pour glaner quelques informations supplémentaires.
« Je vais avoir une chaaaambre, je vais avoir une chaaambre »
Devant le mensonge éhonté qui ravissait les traits de la jeune fille, Jean lui avait adressé un vif sourire de fausseté tout en hochant vivement son visage de haut en bas, la complaisant ainsi dans une illusion qui assurait, pour l’instant du moins, la sécurité de tous. Le stratagème de Jean était assurément imparfait mais avait permis d’éloigner la non-humaine des autres élèves sans provoquer la moindre esclandre… Mais pour combien de temps ? Il y avait fort à parier que ce ravissement presque enfantin ne durerait pas bien longtemps dès lors que la chambre tant désirée lui serait arrachée, mais la rouquine était à présent rassurée de savoir que Charles avait la situation en mains… Du moins, elle essayait de s’en convaincre.
Partageant quelques regards inquiet avec Scott sur le chemin, Jean s’était avancée d’un pas calme vers Charles, un regard fébrile effleurant alors les contours de son visage pour lui témoigner toute son inquiétude quant à la situation. Comme à son habitude, le professeur Xavier était calme, poli et courtois, et même lorsqu’il s’adressa à la non-humaine, il le fit avec une cordialité qui ne trahissait en rien la méfiance qu’il pouvait porter. Se décalant sur le côté pour lui permettre d’observer la créature à loisir, la mutante avait joint ses mains dans son dos tout en regardant tour à tour ses trois interlocuteurs, curieuse de savoir ce que la demoiselle allait répondre. Probablement pas grand chose de très éloquent, connaissait-elle le concept de « monde » ? Il fallait surtout espérer qu’elle ait la patience de lui répondre, maintenant qu’elle était en route pour sa chambre…
Coupée dans ses pensées par la voix de son mentor, Jean avait instinctivement porté un regard sur lui sans dénaturer l’expression de son visage, lui répondant alors en usant d’une voix que lui seul pouvait entendre :
« Oui, tout à l’heure. C’est très étrange… Elle ressemble à un nouveau-né qui découvre le monde alors qu’elle donne l’impression d’être une adolescente, mais je n’ai pas su voir d’où elle venait. En réalité, je n’ai pas vu grand chose… C’est assez décousu, ça ne ressemble pas à un esprit humain… »
Hésitant quelques secondes à prêter cette confidence, qui jouait en la défaveur de la non-humaine, Jean avait néanmoins pressenti qu’il était préférable d’être honnête avec Charles, car si son omission entraînait la moindre blessure à l’un de ses camarades elle s’en porterait fautive pour le restant de ses jours :
« Je n’ai pas trop compris dans quel sens elle avait pensé ça mais… Tout à l’heure, elle a pensé "m’engloutir"… » .
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Il était assez heureux que la Slime ait la faculté de concentration d’un écureuil sous acides, car la présence d’un nouvel humain suffit à lui faire temporairement oublier ces histoires de chambres. Elle se stoppa en l’apercevant, le regardant avec une curiosité que beaucoup qualifierait de grossière. Quel étrange humain était-ce. Il était assis sur une chaise avec des roues, il n’avait pas de cheveux et son regard semblait étonnamment pénétrant.
En tout cas, il avait l’air très gentil. Elle ignorait ce qu’était un directeur ou un institut, mais elle aimait les humains gentils. Par contre, comme pour beaucoup d’humains, il posait des questions. La Slime se demandait si les humains savaient faire autre chose, mais elle décida d’être patiente. Après tout, c’était la plus longue conversation qu’elle n’avait jamais eu avec des humains. Au moins, pour une fois, la question était facile, elle la trouvait même un peu bête.
« Ben, de ce monde », répondit-elle dans un rire sincère, comme si la question de Charles avait été drôle. « Vous êtes malade ? »
La question qu’elle avait posé à son tour et qui semblait sortie de nulle part répondait en fait à sa grande curiosité concernant les déficiences physiques évidente de l’humain. Elle avait vu déjà des humains être dans des chaises à roues, mais c’était la première fois qu’elle en voyait une comme ça. Elle savait que les humains qui utilisaient ça avaient des problèmes aux jambes. Celui-là avait encore des jambes, elle se demandait ce qui ne marchait pas dedans.
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