Le shampoing mousseux sur ses cheveux avait dégringolé de son front pour atterrir malencontreusement dans son œil, la piquant d'une telle douleur qu'elle avait relâché le pommeau de douche en fermant les yeux, se retenant de justesse au robinet ouvert. L'eau tiède qui jaillissait du pommeau ricochait contre le carrelage blanc et contre le rideau de douche, tandis qu'elle tâtonnait les yeux fermés pour tenter de le récupérer à ses pieds, le remontant vers ses yeux sitôt que cela était fait ; l'eau purifiante avait lentement défait la grimace horrifiante qui avait figé ses traits, si bien qu'un soupir de soulagement eût franchi la barrière de ses lèvres. Si la douleur était moindre, à présent, elle avait l'impression que son œil allait sortir de son orbite pour atterrir dans ses mains. Ne pas se gratter l'œil, ne pas se gratter l'œil... Trop tard. Ses doigts démangeaient déjà sa paupière malmenée en la frottant frénétiquement de droite à gauche, ne faisant qu'accentuer l'irritation qu'elle avait déjà.
Finissant rapidement de rincer ses longs cheveux roux, elle s'était empressée d'enrouler une serviette autour de sa taille avant de sortir de la douche, se dirigeant tout droit vers le miroir de sa salle de bain, qui trônait fièrement au-dessus du lavabo. Celui-ci était embrumé par la vapeur, Jean avait frotté la surface froide du miroir jusqu'à ce que son reflet lui apparaisse : son œil était bien plus grand que l'autre et, pire encore, il était rouge vif, comme injecté de sang ! Elle donnait l'impression d'avoir pleuré durant des heures... mais d'un seul œil. Quand bien même l'aspect de son visage n'en était point embelli, la jeune rousse n'avait pu réprimer l'élan d'un léger rire amusé, tandis qu'elle fouillait mollement dans son tiroir à la recherche d'un quelconque produit pour soulager son œil meurtri. Ayant trouvé le premier sésame avec ce qui semblait être du sérum physiologique, elle était retournée devant le miroir pour en appliquer quelques perles dans son oeil ; les coins de sa bouche tendues vers le bas, la nuque renversée en arrière et sa main libre qui essayait tant bien que mal de tirer sa paupière réfractaire, elle s'était interrompue quelques secondes lorsque des bruits étranges avaient raisonné dans la pièce. Tenant machinalement la serviette qui cachait son corps, elle s'était reculée d'un pas tout en cherchant la source de ce bruit, son regard vagabondant de droite à gauche d'un air méfiant.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
Dans ses errances à la découverte de nouvelles choses, le Slime s’était amusé à circuler dans les canalisations de la ville : les petites n’avaient pas assez d’eau pour l’empêcher de faire ce qu’il souhaitait, mais suffisamment pour le nourrir et lui permettre de circuler rapidement. Il avait cependant pris grand soin d’éviter les canalisations d’évacuation : il n’aimait pas revenir à son état primaire.
C’est donc lors d’une de ces errances qu’il finit par déboucher dans les tuyaux d’arrosage automatique des jardins entourant l’institut Xavier. Se promenant sous sa forme originelle à travers l’herbe dont il dévorait une partie en se déplaçant, il finit par atteindre les murs du bâtiment. Le Slime espérait trouver de l’ombre, car le soleil chauffait fort ce jour-là. L’intérieur des bâtiments avait toujours de l’ombre, c’était bien. Il devait entrer.
Il ne lui fallut guère de temps pour trouver des fenêtres ouvertes et se glisser à l’intérieur de l’institut. Toutefois, il se trouva pris en défaut par la quantité de personnes circulant dans les pièces voisines, choses qu’il n’avait su déceler plus tôt du fait de la portée de sa vision. Cherchant une issue, histoire de ne pas avoir de nouveaux ennuis avec les humains, le Slime se jeta dans un lavabo proche et entra par le robinet, ne laissant comme trace de son passage qu’un lavabo étonnamment propre.
Circulant à nouveau au gré des tuyaux du bâtiment, il finit par ressortir par le pommeau d’une douche fraichement utilisée. Ses sens lui indiquèrent immédiatement la présence d’une femme dans la même pièce. Il se décida donc à immédiatement prendre à son tour une forme humaine pour ne pas se faire chasser. N’ayant pas le temps d’hésiter, il prit sa forme féminine.
C’est donc ainsi que Jean put voir une ombre humanoïde derrière le rideau de la douche qu’elle venait de quitter. Cette ombre ouvrit le rideau pour dévoiler une jeune femme d’une vingtaine d’années, les cheveux châtains légèrement bouclés ressortant sur un visage relativement pâle. Elle portait, malgré sa présence dans une douche, une jupe d’été noire rayée blanche, surmontée d’un t-shirt avec un petit décolleté, dévoilant agréablement sa peau de pêche. Petit plus : elle portait même des chaussures de ville !
À la vue de Jean, le Slime s’enhardit et offrit son plus magnifique sourire à cette nouvelle rencontre humaine, sans avoir le moindre égard pour sa pudeur, particularité dont il n’avait de toutes façons pas conscience. Pour entamer cette rencontre, il débuta par ce que les humains avaient l’habitude de dire lorsqu’ils se rencontraient :
Faisant taire les bruits de déplacements qui résonnaient contre les parois des canalisations, l'ombre de ce qui semblait être une femme s'était rapidement dessinée derrière le rideau de douche, aussi subitement que si elle était sortie du siphon pour apparaître ici. Fronçant davantage ses sourcils tout en avançant son menton de quelques degrés et maintenant ses lèvres entrouvertes dans une expression d'incompréhension, Jean n'avait pas osé s'avancer : est-ce qu'une femme venait réellement d'apparaître dans sa douche ?! Répondant à sa question, une tête féminine s'était extirpée du rideau de douche en dévoilant enfin sa présence, étant tout à fait semblable à l'idée qu'on se fait d'une femme. Grande, fine, deux yeux, un nez et une bouche, la jeune fille qui était devant elle semblait réellement en être l'une. Ne se doutant pas un seul instant que la vérité était tout autre — car elle s'était machinalement formulée que l'inconnue était une nouvelle mutante de l'Institut ayant des pouvoirs similaires à ceux de Kitty, Jean s'était enfin rapprochée d'un pas, tenant fermement le pan de sa serviette blanche contre son buste, juste sous son aisselle.
« Comment vous... »
Lui offrant un sourire des plus jovial avec un naturel tout à fait déconcertant, de même sorte que si la situation ne relevait pas d'une quelconque invraisemblance, l'inconnue l'avait coupée dans son élan, l'empêchant de terminer sa phrase tellement elle ne s'était pas attendue à une telle attitude. Au moins, elle n'était pas hostile ou voleuse : c'était déjà ça ! Quelque peu sonnée, Jean l'avait observée de haut en bas quelques secondes, lui donnant finalement une réponse qui avait un ton désabusé :
« Euh... Coucou... »
C'était risible, mais rien d'autre n'avait pu sortir de sa bouche à ce moment-là. Papillonnant bien rapidement des cils, même de son œil rougi et quelque peu gonflé, la rousse s'était davantage rapprochée de la jeune fille en essayant de se rassurer sur sa présence ici ; peut-être était-elle étourdie ? Si elle avait le pouvoir de traverser les murs, elle avait pu simplement se tromper de chambre ?
« Je crois que vous êtes dans la mauvaise chambre mais... Comment... Comment vous avez fait pour atterrir dans ma douche ? »
Si Jean n'était pas agressive, force était d'admettre qu'elle se montrait particulièrement curieuse, comme en témoignaient ses yeux qui ne cessaient de parcourir le carrelage blanc de la salle de bain, comme si la réponse s'y trouvait. Tirant le rideau d'un coup sec, elle avait même inspecté l'intérieur de la douche pendant quelques secondes avant de reporter toute son attention sur la mystérieuse intruse, dans l'attente d'une réponse.
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La Slime était contente, son premier contact avec cette humaine était un succès. Elle avait un peu craint le contraire, les humains réagissaient souvent bizarrement, mais elle n’avait jamais réussi à comprendre pourquoi exactement. En tout cas, cette femme paraissait en bonne santé et lui parlait ! Toutefois, elle ne comprit pas bien pourquoi elle parlait au pluriel. La Slime regarda tout autour d’elle pour vérifier si elle n’avait pas laissé des bouts d’elle-même ailleurs, mais elle n’en vit pas. Elle regarda la femme d’un air interrogateur tout en se montrant du doigt :
« Mais je suis toute seule », remarqua-t-elle dans une voix reflétant une totale et pure innocence, tandis que la femme tirait le rideau de la douche, sans doute pour vérifier qu’elle soit effectivement toute seule. Si elle ne trouva rien d’autre, elle put toutefois remarquer que toutes les traces de calcaire du fond de la baignoire avaient disparues comme par enchantement, dévorées par le passage de la Slime.
La Slime regarda rapidement la pièce. En plus, elle se trompait, elle n’était pas dans une chambre. Elle remarqua son œil rougit, un signe qu’elle n’était pas totalement en bonne santé, puisqu’il n’avait pas la couleur normale. Peut-être qu’elle voyait mal ? Pleine de bonne volonté, elle reprit avec l’enthousiasme d’une enfant :
« On est dans une salle de bains ! »
Elle avait l’air particulièrement fière de cette affirmation : ça ne faisait pas longtemps qu’elle avait appris le nom de certaines pièces dans les maisons. Il y avait une douche, donc c’était une salle de bains.
L'attitude de l'inconnue était tout à fait déconcertante, si bien que Jean n'osât même pas s'offusquer de sa présence dans un lieu qui lui était aussi privé, et dans lequel elle était presque nue de surcroit. Le fait qu'elle était une fille avait indubitablement réduit les risques que la rousse se sente agressée, et nul doute que si un homme s'était imposé dans sa douche, elle aurait réagi avec plus de véhémences, mais, face au caractère tout à fait innocent du visage en face du sien, elle ne parvenait pas à s'insurger. Car la joie apparente de la jeune fille était sans égale, ce qui était plutôt surprenant compte tenu de la situation ô combien perturbante qui se jouait là ; la brune n'avait pas réellement l'impression de réaliser qu'elle se trouvait dans un lieu où elle ne devait pas être, et Jean n'avait pas le cœur de la mettre à la porte alors qu'elle se montrait si amicale.
Toute seule ? Encore heureux, avait-elle eu envie de lui répondre, mais aucun son n'avait franchi la barrière de ses lèvres. Un pli de contrariété s'étant creusé entre ses deux sourcils, Jean ne la quittait pas des yeux, essayant vainement de comprendre comment elle avait fait pour atterrir ici... Elle avait beau retourner le sujet dans tous les sens, il lui apparaissait évident que la solution était la suivante : elle pouvait traverser les murs. Il n'y avait pas d'autre explication. Heureusement que Kitty n'avait jamais fait ça...
S'étant légèrement penchée par-dessus le rideau de douche, Jean avait pu constater que le fond de la baignoire était d'un blanc immaculé, de même sorte que si une main énergique l'avait astiquée durant des heures. Ça, ce n'était pas elle, elle oubliait toujours de le faire bien qu'elle se le formulait à chaque fois qu'elle l'apercevait. Relevant un menton suspicieux vers l'intruse, Jean s'était postée devant elle pour l'examiner avec une attention accrue, se demandant si elle n'était pas en train de perdre l'esprit. Elle avait presque envie de se pincer pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, mais comme son œil rouge picotait horriblement, il y avait peu de doutes possibles sur la véracité de l'instant.
Reculant de quelques pas tout en resserrant davantage sa serviette blanche autour de son corps —bien qu'elle commençait sérieusement à être mal à l'aise dans ce qui était présentement une tenue plus que légère, Jean avait froncé ses sourcils tout en mordillant le coin de sa lèvre, ayant soudainement l'impression que la jeune femme en face d'elle était bien plus qu'étourdie.
« Oui, la mienne en l'occurrence... »
Avait-elle dit d'un ton quelque peu agacé, mais sans méchanceté aucune dans la voix. Pensant simplement qu'elle était perdue, puisque le Manoir était immensément grand et recelait de plusieurs couloirs, escaliers et salles différentes, il n'était pas étonnant qu'elle s'égare de ses propres murs. Lui adressant alors un sourire chaleureux, Jean s'était radoucie tandis qu'elle lui ouvrait la porte de la salle de bain, qui donnait sur sa chambre ordonnée. Les murs étaient gris clair et étaient seulement orné d'un miroir ovale qui trônait au-dessus d'un lit blanc, en face duquel se trouvait un bureau jonché de livres et de crayons en tous genres.
« Mais ce n'est pas grave, d'accord ? Je vais t'aider à retrouver ta chambre, laisse-moi juste le temps de m'habiller ! »
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La jeune femme paraissait surprise et curieuse à la fois. Elle s’était déjà rendue dans de nombreux endroits, mais jamais on ne lui avait proposé une chambre. Ah si, une fois, un homme lui en avait proposé une. Elle ne savait pas vraiment ce qu’était une chambre à l’époque, donc elle l’avait suivi, pensant découvrir de la nourriture que ses papilles gustatives humaines pouvaient goûter. Elle fut assez déçue, mais compensa sa frustration par un bon repas lorsque l’homme se jeta presque sur elle. Le bougre n’eut pas vraiment le loisir de comprendre ce qu’il se passait qu’il était noyé dans son corps. Elle avait mis 2 jours à le digérer.
Depuis, perpétuant son contact avec les humains, elle avait compris qu’une chambre était un lieu où les humains dormait. D’après ce qu’elle savait, les humains avaient besoin de cycles de veille et de sommeil pour retrouver leur énergie. En cela, elle était heureuse de son propre corps, qui n’avait pas besoin de ce cycle. Mais elle ne savait pas non plus ce que ça faisait de dormir. Si on lui donnait une chambre, elle pourrait essayer. Enthousiasmée par cette idée, la Slime perdit très légèrement le contrôle de sa forme humaine, si bien que les iris de ses yeux, originellement bruns, virèrent au rose fushia.
« D’accord ! », répondit-elle avec entrain, tout en suivant la femme, prouvant par la même qu’elle n’avait absolument pas saisi le sous-texte impliquant qu’elle devait la laisser seule. Il fallait dire que la Slime n’avait aucune notion ni d’intimité ni de pudeur, et même si elle savait ce que s’habiller voulait dire, elle restait persuadée que les vêtements avaient autant d’usage que des bijoux, à savoir embellir la personne qui les portait. Elle avait pu voir de nombreuses fois que les vêtements que choisissaient les gens était un facteur social très important, c’est pourquoi ses deux formes humaines en avaient.
Sans réellement comprendre l'étonnement de la jeune femme en face d'elle, Jean avait haussé l'un de ses sourcils en se questionnant sur ce qu'elle devait répondre : l'inconnue connaissait forcément le principe d'une chambre, mais peut-être n'en avait-elle jamais eu ? Après tout, les orphelins comme elle étaient légion à l'Institut, mais tous n'avaient pas eu la chance de grandir avec un toit au-dessus de leur tête, et pour cela, elle était grandement reconnaissante à son mentor de l'avoir prise sous son aile. Sans lui, que serait-elle devenue ? Elle ne préférait pas y penser. Cependant, comme elle pensait que l'inconnue avait vécu des moments difficiles, le cœur de Jean s'était épris d'un élan de compassion à son égard, si bien qu'elle lui eût offert un tendre sourire en lui répondant, d'une voix joviale :
« Oui, une chambre. Nous avons tous une chambre ici, et toi aussi bien sûr. Tu verras ! Le manoir est très grand mais d'ici quelques jours tu le connaîtras comme ta poche. »
Les mots de la rouquine semblaient avoir eu l'effet escompté, car la belle brune lui avait rétorqué avec entrain, affichant une mine grandement réjouie. Sans doute, la perspective d'avoir enfin son espace à elle la rendait joyeuse, et cette pensée ne pouvait que combler le cœur grandement compatissant de la jeune mutante. Cependant, elle était peut-être trop pressée d'être dans sa chambre, justement, si bien qu'elle l'eût suivie dans la sienne alors qu'elle lui avait explicitement demandé d'être seule pour pouvoir s'habiller... Ne se décourageant pas, Jean était allée dans son armoire pour attraper un pantalon et un t-shirt au hasard, retournant vers la salle de bain tout en disant, d'une voix qui se voulait calme :
« Je m'habille et j'arrive, reste là ! »
Reculant de quelques pas pour rejoindre sa salle de bain sans la quitter des yeux, la rouquine avait néanmoins fermé la porte en espérant ne pas la voir s'ouvrir dans un moment pareil. Jetant des oeillades quelque peu inquiète vers celle-ci, Jean s'était habillée aussi vite qu'elle avait pu, bien soulagée d'être enfin dissimulée sous des vêtements, et non plus sous une serviette. Revenant dans la chambre, elle avait frappé un coup dans ses mains tout en demandant, enjouée :
« Alors, tu sais à quel étage se trouve ta chambre ? »
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Si la Slime avait appris le langage des humains, elle était très loin d’en saisir toutes les subtilités, aussi les concepts d’ironie, de sens en fonction du ton et, encore plus que le reste, les expressions lui échappaient totalement. Lorsque la femme aux cheveux roux parla de connaître le manoir « comme sa poche », la Slime regarda sa robe pour s’assurer qu’elle n’avait pas laisser paraître de poches, chose qui appartenait à son autre forme humaine. Heureusement, elle n’en avait pas.
Disciplinée, ou plutôt n’ayant aucune raison de refuser les instructions qui lui étaient données, elle resta tranquillement dans la pièce et laissa la femme s’enfermer dans la salle de bains. Curieuse, la Slime commença aussitôt à regarder partout dans la pièce, en particulier vers le meuble en bois que la femme avait ouvert juste avant. Elle s’en approcha et l’ouvrit en grand, révélant un fabuleux trésor : des vêtements ! Plein ! La Slime tendit les bras pour fouiller parmi les hauts, les pantalons, les robes, mettant par terre ceux qui lui plaisaient le plus. Un des hauts disparut d’ailleurs dans la Slime, tant elle le trouvait beau, voulant le copier tout de suite.
Lorsque la femme ressortit de la salle de bains, désormais habillée, elle put voir le spectacle de la jeune femme en train de fouiller dans son armoire et jeter certains vêtements. Par chance, elle n’avait pas encore attaqué les tiroirs à sous-vêtements. Lorsqu’elle se rapprocherait, elle pourrait noter, en plus du désordre, que les vêtements les plus anciens qu’elle avait touché avaient désormais des « tâches de propre » ayant la forme de mains ou de doigts. Et aussi qu’un de ses hauts manquait à l’appel.
N'ayant pas encore réalisé que son invitée imposée n'était pas tout à fait humaine, car rien dans son apparence ne laissait suggérer le contraire, Jean songeait naïvement qu'elle était une originale, une simple étourdie un peu tête en l'air qui n'était pas pleinement investie dans les moeurs de la bienséance, mais rien de bien méchant. Comment aurait-elle pu penser autrement ? Une fois revêtues de vêtements convenables pour circuler dans les couloirs de son école, Jean était ressortie de la salle de bain en l'appelant d'une voix joyeuse, auquel l'inconnue ne répondit rien : et pour cause, celle-ci dévalisait l'intérieur de son armoire en jetant les vêtements au sol au gré de ses envies ! Restant quelques secondes immobile tant la scène lui paraissait surréaliste, Jean avait maintenue sa bouche ouverte durant un certain moment tout en fixant celle qui s'activait avec entrain, visiblement peu gênée de fouiller dans les affaires d'autrui. La brune n'était pas juste perdue, elle était véritablement sur une autre planète.
« Ok, ok, je crois qu'on va se calmer hein... »
Peut-être qu'elle parlait un peu pour elle-même. Quoique dotée d'une bienveillance infiniment grande, elle commençait à perdre patience. Se rapprochant de la jeune femme en lui parlant d'une voix qui se maintenait dans les accents suaves, elle avait remué l'une de ses mains dans le vide pour que les vêtements jetés au sol retournent dans son armoire en se pliant d'eux-mêmes, les uns après l'autre. Une fois à sa hauteur, Jean lança un regard vers son armoire puis à la jeune femme, pensant peut-être que celle-ci n'avait pas beaucoup de vêtements et qu'elle en voudrait quelques uns... Après tout, Jean avait une tonne de linges, elle pouvait bien partager ! Un sourire compatissant se dessinant sur ses lèvres, elle avait de nouveau porté son regard sur la jeune femme tout en lui disant, d'un ton qui était de nouveau amical :
« Tu peux prendre quelques vêtements si tu veux mais pas la peine de les jeter par terre, d'accord ? Et si tu le souhaites, on ira faire les boutiques ensemble, on pourra t'acheter des choses qui te plaisent. Tiens ! Je vais te prêter un petit haut blanc avec de la dentelle, tu vas voir il est... »
Farfouillant rapidement dans son armoire pour y mettre elle-même le désordre, Jean avait lancé ses mains à tous les étages pour tenter d'attraper ce fichu vêtement, qui demeurait introuvable. Elle ne l'avait pas porté depuis un moment, il ne pouvait donc pas être dans la panière de linge sale... Où était-il passé ? Les sourcils froncés, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait, elle s'était retournée vers l'étrangère tout en ne pouvant s'empêcher de se demander si elle ne lui avait pas volé...
« Est-ce que... Est-ce que, par hasard, tu aurais pris un t-shirt qui était dans cette armoire... ? »
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La Slime fut surprise d’émerveillement lorsque les vêtements qu’elle avait jeté en arrière s’élevèrent et vinrent se ranger tous seuls, bien pliés, tels qu’ils étaient avant qu’elle n’y touche. Elle en oublia même ce qu’elle faisait, admirant le mouvement de ces tissus si beaux qu’elle avait gardé de côté. Fascinée par ce spectacle, elle n’entendit pas tout de suite les paroles de la femme, ce n’est qu’une fois le manège fini qu’elle lui prêta réellement attention. Autant dire qu’elle avait raté la proposition de lui prêter des vêtements.
C’est lorsque la femme fouilla dans l’armoire que la Slime revint vraiment à la réalité, partagée entre l’émerveillement de ce à quoi elle venait d’assister et la déception de n’avoir pu faire son choix parmi les vêtements qu’elle avait sélectionné. La femme fronçait les sourcils dans sa direction. La Slime essayait de ce rappeler de ce que cette expression faciale voulait dire. Elle aurait dit de la colère, mais les autres traits ne correspondaient pas. Perplexe, elle ne sut vraiment quelle attitude aborder mais se montra moins enjouée, craignant d’avoir fait une nouvelle erreur.
Heureusement, tout s’arrangea lorsque la femme exprima son problème : elle cherchait un t-shirt. Restait à savoir ce qu’était un t-shirt. La Slime réfléchit intensément, fermant les yeux pour se concentrer, mais ne parvint pas à savoir ce que c’était. Elle était pourtant certaine d’avoir entendu ce mot là auparavant, mais impossible de se souvenir du contexte ou de l’objet en question. Désemparée, elle rouvrit les yeux, dévoilant des iris désormais violets, avant de répondre d’un air un peu timide :
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