Une nouvelle défaite lui tendait les bras, dévoilant une réponse ingénue qui n'illuminerait en rien les mystères troublants entourant son identité ; frottant l'arrière de son crâne en se triturant les méninges pour tenter de trouver une solution, Jean avait haussé ses sourcils sans véritablement savoir quoi faire. La situation lui paraissait aussi grotesque qu'inexplicable : elle ne pouvait décemment pas mettre la brune à la porte en démontrant aussi peu de cœur, et son instinct lui interdisait de l'accompagner au-dehors, redoutant ce qu'il pourrait se passer alors... Quels étaient les dangers camouflés derrière son visage d'ange ? Elle l'ignorait, mais elle se fiait à son intuition, il ne la desservait que rarement. Car si l'évidence n'était pas mise en lumière, la rouquine sentait néanmoins que quelque chose clochait. En cet instant, elle n'était pas assez fine observatrice pour remarquer les détails insidieux de la jupe au graphique distordu, et encore moins pour noter que les chaussures étaient bien plus luisantes qu'elles n'auraient dû l'être mais, néanmoins, la jeune fille se dégageait une aura singulière suffisante pour alerter la méfiance de son esprit.
« Tu es toi... »
Parlant d'un ton détaché, d'une voix seulement employée pour répondre à une phrase donnée lorsqu'on est perdue dans nos pensées, la jeune mutante avait passé brièvement la pulpe de ses doigts contre ses lippes inférieures, semblant être nouée d'un dilemme intérieur. Elle détestait cueillir des réponses de la sorte, mais on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle n'avait pas fait des efforts pour tenter de les obtenir d'une manière plus honorable... Fronçant ses sourcils dans un geste imperceptible, la rousse avait ouvert les yeux en étant projetée dans l'esprit de son interlocutrice : un esprit étonnamment neuf pour l'âge prétendu de son corps, éveillé par une curiosité insatiable et une soif de connaissances comparable à celle d'un enfant découvrant le monde. Pourtant, la brune n'avait rien d'une enfant, mais elle semblait être totalement dépourvue de sens commun et des représentations naturellement acquises au fil des âges... S'aventurant un peu plus loin dans la brume lisible des pensées et des réflexions choyées par des ignorances sommes toutes innocentes, Jean avait réalisé qu'il n'y avait aucune réponse à ses questions, il n'était donc pas étonnant que l'inconnue soit en incapacité de lui répondre. Mais plus affligeant encore, il apparaissait nettement que celle-ci n'était pas en présente mesure de comprendre ce qu'on lui demandait... Les rouages complexes des humains, leurs langues, leurs mimiques si expressives, leurs habitudes et leurs distinctions sociales, tout ce qui constituait une société lui échappait irrémédiablement. C'était presque fascinant de se retrouver au cœur d'un esprit encore si malléable et, un court instant, elle fut tentée de s'aventurer dans ses souvenirs avant de rebrousser chemin. Mais dans ce tourbillon d'incertitudes et de découvertes inattendues, Jean avait enfin discerné la réponse qu'elle attendait tant : la brune ne comprenait pas les humains, parce qu'elle n'en était pas une.
Papillonnant rapidement des cils tout en baissant légèrement le menton, Jean avait laissé son bras retomber le long de son corps tandis qu'elle passait la pointe de sa langue sur ses lèvres, fébrile. Elle l'avouerait sans rougir, sa première pensée fuit de fuir. Instinct primitif de l'Homme se sentant menacé par ce qu'il ne comprend pas, elle avait néanmoins repoussé cet élan inconsidéré pour relever un regard bienveillant vers la jeune femme, ses lippes se dessinant en un sourire plutôt amical :
« Tu as raison, tu es toi... C'est peut-être un peu flippant et je ne suis pas sûre que tu aies le droit d'être là mais... Je suppose que tu n'as pas vraiment un autre endroit... Si ? Est-ce que tu vis quelque part ? Une maison ? Un appartement ? Est-ce que tu as une chambre à toi, qui t'appartient ? »
Encore un peu désarçonnée, Jean espérait pouvoir l'aider... Du moins, si elle le pouvait.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
La Slime se demanda ce qui prenait autant de temps à l’humaine. Elle était là, devant elle, à la regarder sans rien faire ni rien dire. Peut-être pensait-elle ? La Slime avait déjà constaté que les humains mettaient du temps à penser, elle se demandait bien pourquoi. Pourtant, elle n’avait pas posé de question, alors pourquoi pensait-elle ? Cet aspect extrêmement simpliste de sa pensée put parfaitement être perçu par la télépathe, tant le fil de son esprit était simple à suivre comparé à un être humain. Elle put ainsi percevoir la suite de sa pensée : la Slime était tentée d’engloutir l’humaine pour la comprendre, mais se rappela que ses perceptions se limitaient aux propriétés physiques de ce qu’elle avalait, elle ne comprendrait pas mieux comment elle pensait.
Sa pensée se complexifia un peu tandis qu’elle cherchait comment appréhender la pensée humaine sans se faire rejeter une nouvelle fois, explorant des scénarios mentaux allant de l’absorption pure et simple à la discussion bien trop difficile pour elle. Cet effort de réflexion semblait particulièrement pénible pour elle, si bien que ses yeux virèrent intégralement au violet, blanc compris, et que les distorsions de sa robe s’accentuèrent, comme si on les regardait à travers une vitre humide.
Heureusement, l’humaine coupa sa pensée en parlant de nouveau. Le simple fait qu’elle se décide à parler de nouveau combla la Slime de joie, au point qu’elle oublia la moitié de ce qui venait de lui être dit. Sa concentration revint à la normale, corrigeant sa robe et ses yeux, redevenus normaux également. Pour une fois, la question posée était simple et la Slime s’en réjouit d’autant plus, parce qu’elle connaissait la réponse cette fois !
« Je n’ai pas de maison, pas d’appartement, pas de chambre. Je vis près de la mer en ce moment ! Mais je préfère l’eau des fontaines, elle est meilleure. »
La Slime était ravie de pouvoir entamer une conversation qui lui plaisait, ignorante du fait qu’elle venait de passer du coq à l’âne sans la moindre transition permettant de comprendre pourquoi elle parlait du goût de l’eau.
« L’humanité est fondamentalement faite de rencontres. » Abdherrahmane Sissako
Bien que Jean avait pu appréhender le fil limpide des pensées simplistes de la jeune fille, du moins de la créature qui ressemblait à une jeune fille, la rousse avait été bien plus que surprise d'entrevoir l'idée reflétant une envie de l'engloutir, de même sorte que si l'inconnue pouvait l'absorber dans son propre corps et la fondre dans ses propres cellules pour la faire disparaître... Aussi simplement qu'un aspirateur capture la poussière sur le sol ? Était-elle réellement capable d'une telle chose ? Si elle avait suivi le cheminement des pensées pour s'assurer que la brune y avait finalement renoncé, Jean n'en était pas plus rassurée. De toute évidence, elle faisait face à une demoiselle aux capacités aussi étranges qu'effrayantes, et c'est pourquoi elle s'était instinctivement reculée d'un pas, comme pour prévenir de tout élan menaçant à son encontre. Pourtant, lorsqu'on l'observait, elle ne paraissait point inquiétante... Elle donnait même l'impression d'être d'une gentillesse presque naïve, induite par une innocence qui ne pouvait laisser personne indifférent, et surtout pas la jeune mutante au cœur bien trop compatissant.
« Tu as voulu me... »
Le fil de sa voix avait été coupé lorsqu'elle avait remarqué la teinte mauve de ses yeux, bien qu'elle avait déjà pu observer cette même encre violacée quelques instants plus tard ; c'était à la fois curieux et beau, et Jean était restée un court moment suspendue à cette observation, avant de remarquer les défaillances de sa tenue distordue, comme rendue floue et imprécise... Comment cela était possible ? Est-ce que les tissus de ses vêtements n'en étaient pas véritablement, à son image ? Cette fois, Jean avait osé tendre sa main pour effleurer le tissu de sa jupe brouillée, intriguée par tant de mystères, sans pouvoir assouvir sa curiosité : avant qu'elle ne puisse atteindre le vêtement, les vêtements et les yeux de la brune s'étaient de nouveaux accordés avec la réalité, lui ôtant toute possibilité d'attester de la texture énigmatique de cette jupe étrangement plissée. Mais, au moins, la brune semblait être de nouveau de bonne humeur, bien que ses mots retranscrivaient à nouveau des informations nébuleuses, qui la laissèrent quelques instants silencieuses. Donc, elle vivait près de la mer mais préférait l'eau des fontaines... Parce qu'elle buvait l'eau de la mer ? Jean avait légèrement avancé son menton tout en fronçant l'un de ses sourcils, prête à lui poser la question avant que de nouveaux coups ne viennent s'abattre contre la porte de sa chambre. C'était Scott qui revenait à la charge, sans nul doute inquiet de ne pas voir son amie sortir de sa chambre alors qu'ils avaient convenu de se retrouver dans le parc... Sursautant légèrement, Jean avait fait signe à la brune de ne pas parler de nouveau, tout en glissant délicatement sa main dans la sienne pour l'entraîner gentiment vers la salle de bain en lui murmurant, d'une voix discrète :
« Pscht... Suis-moi... OUI J'ARRIVE SCOTT ! »
Le dénommé allait finir par perdre patience et il était préférable que la brune ne se trouve pas dans les parages le moment venu... Maintenant que Jean avait pu entrevoir les pensées dévorantes de la jeune fille, elle préférait l'éloigner de l'Institut pour sa propre sécurité, et surtout celle des autres. Une fois dans la salle de bain, la rousse avait refermé la porte pour que Scott ne puisse pas l'entendre, alors qu'elle s'adressait à la créature qui se tenait devant elle :
« Tu ne peux pas restée ici, c'est trop dangereux ! Dis-moi où tu vis, sur quel plage précisément, et je vais venir te voir je te le promets... Je vais t'aider, mais tu ne peux pas rester dans ma chambre, si quelqu'un te voit... Il ne faut pas que quelqu'un te voit ! Est-ce que tu sais comment repartir ? »
Dans son dos, elle pouvait encore entendre la voix de Scott qui menaçait de défoncer la porte si elle ne lui ouvrait pas... La situation lui échappait, c'était un fait, elle n'avait jamais été très douée pour ce genre de choses. Pressant ses lèvres l'une contre l'autre avec nervosité, la rousse avait demandé à la jeune fille de l'attendre dans la salle de bain tandis qu'elle en ressortait, allant jusqu'à la porte en mordillant l'intérieur de sa joue. Jetant un regard soucieux vers la porte de la salle de bain, en espérant que celle-ci ne s'ouvre pas sur la jeune femme qu'elle cachait, Jean avait entrouvert celle de sa chambre pour poser un regard pressé sur Scott, qui lui demandait ce qu'il se passait.
« Mais rien ! Je n'ai juste pas fini de me préparer, rien de grave... Va dans le parc, je t'y rejoins dans pas longtemps, promis ! »
Évidemment, le brun n'était nullement convaincu par ses explications, mais Jean n'avait rien d'autre à lui offrir pour expliquer son retard et son attitude... Il ne restait plus qu'à espérer qu'il obtempère et quitte le couloir, ce ne semblait pas être dans ses projets.
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Lorsque l’humaine prit sa main, la Slime afficha un sourire radieux. Elle aimait beaucoup le contact des humains : leur chaleur était agréable. Pour l’humaine, en revanche, ce contact était froid et humide, comme si elle venait de poser sa main sur la surface d’une flaque d’eau. Même si sa main ne garderait aucune trace d’humidité, jalousement gardée par la Slime, la sensation était difficilement oubliable.
Puis l’humaine commença à lui dire qu’elle ne pouvait pas rester. Pourquoi ? Visiblement déçue, la Slime ne comprit pas pourquoi elle lui disait soudainement ça alors qu’elles avaient bien commencer à discuter pour de bon. C’était la première humaine qui lui parlait aussi longtemps, la Slime l’aimait bien, elle ne voulait pas partir.
« Mais… Vous avez dit que j’aurais une chambre », se plaignit-elle d’un air mêlant déception et interrogation, tandis que l’humaine la menait à la salle de bains. « Pourquoi on ne doit pas me voir ? Je veux voir plein de gens moi ! »
La déception se mua vite en frustration, frustration qui, malheureusement pour la rousse, se manifesta au moment où elle essayait de convaincre un autre humain de partir sans elle. La Slime, qui n’avait pas obtenu satisfaction, frappa à la porte avec la vivacité et la colère d’un enfant faisant une crise dans un supermarché :
« L’humanité est fondamentalement faite de rencontres. » Abdherrahmane Sissako
Quand bien même le contact glaçant de cette main moite l'avait fait grimacer malgré elle, Jean l'avait maintenue entre ses doigts jusqu'à ce qu'elles franchissent toutes deux le seuil de la salle de bain, espérant ainsi éviter une épineuse confrontation entre celle qui n'avait d'humain que l'apparence, et celui qui se faisait de plus en plus insistant derrière la porte. S'essuyant machinalement la main dans la serviette posée sur le bord du lavabo —geste tout à fait inutile étant donné que sa main était parfaitement sèche, la rousse avait tendu le menton en direction de la porte de sa chambre, portant sa voix avec hauteur pour que Scott puisse l'entendre :
« OUI J'ARRIVE ! »
Il était impatient, mais sans nul doute inquiet pour elle alors Jean ne pouvait pas tellement lui en vouloir, il agissait ainsi par pure bienveillance à son égard... Néanmoins, elle était ouvertement agacée et n'avait plus réellement la force de le cacher : grognant d'exaspération, elle avait jeté la serviette blanche au sol en sommant à la demoiselle de ne pas bouger de là, bien que celle-ci était encore moins conciliante que l'homme derrière la porte. Elle désirait une chambre, voir d'autres personnes... Une chambre ? Jean l'avait observée quelques secondes avant de secouer machinalement son visage de gauche à droite, désabusée par les propos que la brune tenait. Certes, elle lui avait promis une chambre en pensant qu'elle était une nouvelle élève de l'Institut, une mutante un peu égarée et non pas... Elle ne savait même pas. C'était un mystère qu'il lui faudrait éclaircir plus tard, si elle en avait l'occasion.
« Je reviens, ne bouge pas d'ici s'il te plaît ! »
Sortant rapidement de la salle de bain en refermant la porte derrière elle pour y enfermer l'inconnue, Jean s'était empressée d'aller ouvrir à Scott pour tenter de le convaincre de partir sans elle, mais l'homme aux lunettes vermeilles insistait lourdement pour entrer dans sa chambre, prétextant voulant s'assurer que tout allait bien. Posant alors une main sur sa hanche, Jean avait légèrement haussé ses épaules tout en rassemblant tous ses efforts pour lui offrir un sourire qui se voulait rassurant, mais qui n'était pas réellement persuasif. Pendant qu'elle était empêtrée dans d'interminables négociations avec Scott, la brune avait commencé à tambouriner à la porte en faisant éclore sa voix avec colère, alertant les deux mutants qui se faisaient face. Pour l'empêcher d'entrer, et avec un réflexe presque inouï, Jean avait refermé la porte sur la silhouette de Scott, bien qu'il pouvait la détruire en deux mouvements de cils... Du moins, il ne le ferait pas tout de suite, pensant qu'elle serait peut-être derrière celle-ci... Profitant largement de cette hypothèse, Jean avait rejoint l'étrange brune en quelques pas rapides, ouvrant la porte de la salle de bain pour lui faire face avec une légère animosité, bien qu'elle n'avait aucunement le temps de lui faire des reproches. L'urgence était ailleurs.
« S'il te plaît, écoute-moi ! Il faut qu'on te sorte d'ici avant que quelqu'un te voit... Tu dois me faire confiance ! »
Puisque la porte était condamnée par la présence de Scott, il ne restait que la fenêtre donnant sur le parc... Tendant sa main vers la brune, Jean lança un coup de menton en direction de celle-ci, comme pour lui demander si elle était capable de sauter.
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La Slime n’avait plus l’intention d’être coopérative. Quant à la notion de confiance, elle était bien trop abstraite pour elle pour qu’elle en ait cure. Les seules choses qui l’intéressaient pour le moment, c’était de rencontrer des gens et d’avoir une chambre à elle. Cette humaine voulait qu’elle ne rencontre personne, alors qu’il y avait plein de gens dans cet endroit. À commencer par l’humain qui était derrière la porte et qu’elle s’acharnait à cacher.
Au lieu de prendre la main qui lui était tendue, la Slime sortit en trombe de la salle de bains, claqua la porte derrière elle pour ne pas être suivie puis ouvrit en grand la porte de la chambre, découvrant l’humain qu’elle avait entendu sans le voir. Sa joie de rencontrer quelqu’un d’autre surpassa la colère qui pointait en elle, et c’est avec un sourire radieux qu’elle salua l’humain :
« Bonjour ! »
Immédiatement, son regard commença à détailler l’humain, s’amusant de détails comme la couleur de ses vêtements ou ses lunettes noires. Un autre humain, une autre possibilité d’apprendre. Intérieurement, elle avait déjà oublié que l’humaine voulait l’isoler, elle était déjà complètement passée à autre chose, avide de découvertes. Et peut-être qu’en rencontrant plus d’humains, elle aurait une chambre…
« L’HUMANITÉ EST FONDAMENTALEMENT FAITE DE RENCONTRES. » A. SISSAKO
DATE À DÉTERMINER AVEC LE SLIME
C'était presque maladif : elle n'écoutait rien. Inutile de déblatérer durant des heures pour lui expliquer le pourquoi du comment, la brune était seulement guidée par ses envies et ses volontés propres, telle une enfant qui n'a pas conscience du danger autour d'elle. Méprisant ouvertement la mise en garde bienveillante de son hôte, l'étrange jeune fille avait ignoré sa main tendue avant de l'enfermer sciemment dans la salle de bain, disparaissant derrière la porte close sans lui laisser le temps de la retenir. Restant quelques secondes penaude, presque interdite devant l'attitude ouvertement rebelle et indisciplinée de celle qui n'était pas humaine mais qui agissait bien comme eux, la rouquine ne savait plus tellement quoi faire. Elle craignait un débordement malheureux mais, seule face à ce problème, elle se sentait bien démunie...
Grognant légèrement d'agacement en fronçant ses sourcils, Jean avait fermé les yeux quelques secondes en puisant dans ses dernières forces pour garder son calme ; si elle était connue pour être particulièrement affable, force était de constater que cette demoiselle était bien la première à l'user à ce point. Dire qu'elle s'évertuait à la protéger dans le vide ! L'entendant saluer celui qu'elle devinait être Scott, Jean était sortie en trombe de la salle de bain en manquant de se prendre les pieds dans un tapis, se rattrapant de justesse en tendant ses deux mains en avant pour rétablir un semblant d'équilibre. Encore sur le seuil, gonflé d'une méfiance qui était sans doute légitime au vu de la situation, Scott lui demandait d'une voix expéditive qui elle était et où se trouvait Jean ; la dénommée se montra bien rapidement en tirant la porte sur sa silhouette, ne sachant plus tellement quoi dire maintenant qu'elle se trouvait face à lui.
« C'est... Une amie ! Elle me rend visite, mais tout va bien, je t'assure. »
Hochant son visage de haut en bas en espérant être convaincante, Jean avait fusillé du regard la brune avant de revenir auprès de Scott, qui toisait les deux jeunes femmes d'un œil suspicieux. Trouvant sans doute que la situation relevait de plusieurs bizarreries et qu'il valait mieux qu'il s'assure qu'aucun danger n'entourait son amie — s'il savait, le brun s'était glissé entre les deux femmes pour pénétrer dans la chambre de Jean, balayant la salle de ses yeux cachés par les lunettes rouges. N'ayant pas d'autres choix que de refermer la porte derrière lui (sinon la brune serait capable de s'enfuir), la rousse s'était retournée vers Cyclope en pressant ses lèvres l'une contre l'autre, surveillant toujours minutieusement la brune d'un œil discret.
« Tu vois ! Tout va bien, il n'y a aucun problème. On avait juste beaucoup de choses à se dire mais elle allait partir, n'est-ce pas ? »
Ayant appuyé ses derniers mots par un ton décisif, Jean avait penché légèrement son visage sur le côté tout en la fixant avec une certaine intensité, essayant de lui faire entendre raison par une voix silencieuse. Mais comme elle semblait décidée à rester, Jean ne s'attendait pas à un miracle... .
CODAGE PAR AMATIS ET PERSONNALISATION PAR AIWENORE
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Dernière édition par Jean Grey le Lun 21 Juin - 12:50, édité 1 fois
Les choses se passèrent un peu vite pour l’esprit peu vif de la Slime qui, tentant d’assimiler les différents concepts tels que le ton de l’humain, la notion d’amie de l’humaine, son ton également, et enfin son obsession pour la voir partir, elle ne réagit réellement qu’à la fin de tout cet enchaînement. Elle avait compris que l’humain était fort, les humains faibles ne parlaient pas avec une telle voix. Elle connaissait aussi le ton de l’humaine, il était fréquent quand les humains cherchaient à fuir. En somme, c’était cet humain qu’elle devait suivre si elle voulait pouvoir continuer.
Insensible au regard insistant de l’humaine, dont elle ne savait pas saisir la supplication silencieuse, la Slime se montra encore une fois moins que coopérative. Comme l’humaine voulait qu’elle parte, elle n’avait plus envie de discuter avec elle. À la place, elle vint auprès de l’humain, affichant un grand sourire innocent qui la faisait involontairement rayonner.
« Vous avez une chambre, vous aussi ? »
L’innocence visible sur le visage de la jeune femme était en contraste avec le sous-entendu qu’on aurait facilement pu déduire de cette simple phrase, mais la Slime ignorait qu’il existait et cela transparaissait sans peine sur ses traits, observant l’humain à lunettes avec un sincère espoir.
« L’HUMANITÉ EST FONDAMENTALEMENT FAITE DE RENCONTRES. » A. SISSAKO
DATE À DÉTERMINER AVEC LE SLIME
Malgré tous ses efforts pour tenter de normaliser la présente situation, qui cachait une étrangeté sous la forme d'une humaine bien trop curieuse et entêtée, Jean voyait bien que Scott n'était pas dupe, et que son jeu de comédie ne prenait pas avec lui. Il fallait vraiment qu'elle apprenne à mentir correctement... Quand bien même elle ne pouvait pas voir l'éclat méfiant de ses yeux dissimulés sous ses lunettes vermeilles, il arborait une expression aussi crispée que suspicieuse, qui ne lui ressemblait guère ; d'ordinaire, il était d'une nature plutôt joviale et rieuse mais, en cet instant, il donnait l'impression d'être sur une scène de crime dont il relevait les preuves pour accabler les coupables. Mais qu'est-ce qu'il pouvait s'imaginer au juste ? Heureusement qu'il n'était pas télépathe, la situation aurait été encore plus catastrophique, pour tout le monde.
Croquant dans le coin de sa lèvre tout en s'asseyant au bord de son lit soigneusement fait, Jean avait soupiré en laissant ses deux mains retomber sur ses cuisses, son regard passant de l'un à l'autre sans réellement s'attarder sur aucun des deux, les surveillant presque pour éviter un potentiel massacre dans sa chambre. Heureusement que Scott n'était pas vindicatif pour l'instant, puisque la mutante avait encore bien en tête les pensées simplistes de la fausse humaine ; celle-ci avait songé à l'engloutir comme d'un appétit féroce, et pourrait très bien décider de faire la chose avec Scott... Peut-être qu'elle devrait prévenir Charles de cette intruse complètement incontrôlable ? Le professeur Xavier saurait quoi faire, au moins... Sans pouvoir s'empêcher d'éprouver de la compassion pour son esprit aussi vierge qu'enfantin, Jean avait décidé d'attendre encore un peu, ne voulant pas la condamner avec précipitation.
Mais lorsqu'elle l'entendit parler à Scott, d'une maladresse aussi évidente que son innocence, Jean n'avait pu s'empêcher de presser ses lèvres l'une contre l'autre pour s'empêcher de rire à gorge déployée, ne voulant pas accentuer le malaise provoqué par cette intervention. Scott étant dos à elle, Jean ne pouvait pas voir son expression mais elle avait presque envie de changer de place pour pouvoir l'observer, même si elle redoutait que la barrière de sa bouche cède à l'amusement si elle faisait ça. Restant à sa place, sagement assise au bord de son lit, la rouquine avait croisé ses bras contre son buste féminin tout en lançant une oeillade amusée envers la brune, voyant bien qu'elle n'avait point conscience du potentiel sens de sa demande.
« Oh, bien sûr qu'il a une chambre ! Elle est très grande même, n'est-ce pas Scott ? »
Avait-elle lancé devant l'absence de réaction de Cyclope, qui s'était alors retourné vers elle pour lui sommer de se taire d'un geste de la main, qui ne calma point les élans joueurs de la rouquine.
« Je suis sûre qu'elle meurt d'envie de visiter ta chambre... Ai-je raison ? » demanda-elle en haussant un sourcil interrogateur en direction de la brune, alors que Scott se retenait de l'empêcher de parler en apposant ses deux mains sur sa bouche... Il pouvait bien essayer ! Il avait voulu connaître la vérité, il allait donc l'aider à gérer la fausse humaine. .
CODAGE PAR AMATIS ET PERSONNALISATION PAR AIWENORE
HRP ::
N'hésite pas à manier Scott dans tes réponses si tu le souhaites, ce sera plus amusant pour nous deux si on le fait interagir ensemble
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L’humain était resté interdit devant cette question incongrue, mais l’humaine avait surenchéri au point que la Slime en avait oublié toute sa colère envers elle. L’idée de visiter une autre chambre, comprendre encore mieux les humains, peut-être rencontrer encore d’autres humains et visiter d’autres chambres encore ! Elle n’avait jamais eu de telles opportunité et n’avait pas du tout l’intention de passer à côté.
« Oh oui ! Je veux visiter ! », répondit-elle à l’humaine avec entrain, claquant dans ses mains pour manifester sa joie, comme elle l’avait vu faire à maintes occasions.
Scott était passé de la suspicion à l’interrogation, puis à la gêne, puis un mélange des trois qui ressortait particulièrement dans son attitude, cherchant à faire cesser le jeu de Jean comme le ferait un enfant se faisant un peu trop taquiner. À quoi jouait-elle ? Qui était cette fille ? Et surtout pourquoi elle tenait tant à visiter sa chambre ? Ce n’était pas possible que Jean laisse passer un truc pareil s’il n’y avait pas anguille sous roche.
« Oui. Non ! Enfin j’veux dire. Oui j’ai une chambre. Mais je ne vois pas le rapport ! Non je ne fais pas visiter ma chambre ! »
La déception de la Slime se lut littéralement sur son visage, l’espoir déçu d’un enfant sur le visage d’une adulte, un parfait décalage qui déstabilisa l’assurance habituelle de Scott qui jetait des coups d’œil désespérés à Jean, une moue d’incompréhension nouant sa bouche. Il aurait bien voulu demander à Jean à quoi elle jouait, mais dans cette situation il risquait d’être ridicule et ne voulait pas se le permettre. Sa méfiance s’était envolée, du moins en ce qui concernait la sécurité de Jean. Il avait plutôt l’impression qu’elle avait monté une vaste blague avec cette inconnue, dont il était désormais la victime, ce qui commençait à l’agacer, même s’il contenait cette émotion pour le moment.
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