Irrémédiablement, les sourcils de Jean s'étaient froncés tandis qu'elle plissait les yeux avec étonnement, inclinant légèrement son menton sur le côté de même sorte que si elle avait entendu la chute de ce qu'elle pensait être une simple plaisanterie... Comme aucun rire spontané n'était venu la rassurer sur ce point, elle avait lentement tourné sa figure vers l'inconnue, s'apprêtant à lui répondre en lui posant une autre question quand elle vit que ses iris avaient pris une teinte violine, qu'elle n'avait pas arboré auparavant. C'était étonnamment beau, même très beau, si bien que dans sa contemplation rêveuse, elle en avait presque oublié la question pour le moins déconcertante... Le t-shirt, oui ! C'était pourtant un mot d'usage commun, comment pouvait-elle ne pas le connaître ? Peut-être que ce n'était pas sa langue maternelle, même si elle n'employait aucun accent particulier... Décidément, cette jeune femme était plus que mystérieuse, et Jean était bien trop élevée pour poser les questions qui pesaient de plus en plus sur sa langue.
« Un t-shirt, » Reprit-elle d'abord pour corriger la prononciation. « C'est un vêtement qui se porte en haut, tu sais... Ce que tu portes actuellement, c'est un t-shirt. »
Désignant brièvement le tissu qui couvrait le buste de la jeune femme, Jean lui avait adressé un sourire presque hésitant. Tout ceci était de plus en plus déstabilisant... Papillonnant lentement des cils, Jean avait relevé ses épaules tout en continuant à fouiller dans son armoire, ses yeux revenant bien souvent vers le visage de l'étrangère pour admirer son regard d'améthyste, sans oser demander clairement quel était sa mutation. De toute évidence, elle pouvait traverser les murs ou se téléporter, mais quel était le rapport avec ses yeux changeants ? Pressant ses lèvres dans un élan d'hésitation, elle avait finalement appuyé son coude sur une étagère de l'armoire tout en se tournant vers la brune, lui demandant alors :
« Excuse-moi mais... Comment tu t'appelles ? Et comment tu es arrivée ici ? »
Elle espérait que ses questions n'étaient pas vécues comme une agression, mais elle ne pouvait s'empêcher de se questionner à son sujet... Après tout, elle était apparue dans sa douche sans s'expliquer, alors cette intrusion méritait au moins une explication.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
On aurait dit qu’elle venait de faire une série de vocalises très étranges : c’était comme si sa voix s’était modulée d’elle-même pour prononcer le mot correctement, rien à voir avec les tests de prononciations que ferait une étrangère apprenant la langue. Toutefois, elle paraissait très fière de l’effort qu’elle venait de fournir et ses yeux reprirent leur couleur marron qu’ils avaient à l’origine. Portant les mains à son haut, elle déclara fièrement, sans défaut cette fois :
« Je porte un t-shirt ! »
La Slime était heureuse, la conversation qu’elle avait avec cette humaine était probablement la plus longue qu’elle avait réussi à avoir avec des humains jusqu’ici. La plupart du temps, ils finissaient par la fuir ou par la rejeter violemment. Certains s’étaient mis à jouer bizarrement avec elle, mais s’étaient enfuis dès qu’elle s’était trouvée coupée en deux ou trouée. Elle avait cru comprendre que le corps des humains ne se comportait pas comme ça. Peut-être que ça leur faisait peur ? En tout cas, cette humaine là discutait avec elle et lui apprenait des choses, la Slime s’en réjouissait.
Mais vint ensuite une question qu’on lui avait déjà demandé : comment elle s’appelait. Elle avait saisi que les humains se définissaient entre eux par des noms, des appellations qui les différentiait des autres. Elle trouvait ça étrange, puisque chaque humain était très différent d’un autre, en témoignait l’échantillon non négligeable qu’elle avait déjà dévoré. Elle s’était toujours demandé pourquoi les humains avaient besoin de noms pour se différencier. Peut-être ne voyaient-ils pas bien les différences entre eux ?
La Slime paraissait pensive, se torturant la tête sur cette question existentielle. Finalement, elle décida de se rabattre sur la deuxième question, espérant que si elle répondait, la femme répondrait aussi à sa question.
« Je suis venue par les tuyaux », répondit-elle donc, visiblement ignorante de l’anormalité que cela représentait.
Au fur et à mesure que la prononciation de l'inconnue s'étoffait avec conformité, le menton de Jean s'était baissé sous un regard curieux, de même sorte que si elle avait cherché à déceler les secrets de cette jeune femme, dont l'attitude déconcertante ne cessait de s'amplifier. Il y avait eu quelque chose, dans sa voix, qui donnait l'impression qu'un robot agissait dans ses cordes vocales pour tenter de régler ses effets, à l'image d'un musicien grattant les cordes de sa guitare pour trouver la bonne mesure. Mais elle avait finalement réussi à prononcer le mot en question, et la fierté était-elle que l'inconnue s'était empressée de le prononcer en disant son propre haut, pouvant qu'elle avait bien assimilé le signifiant et le signifié. Si Jean avait presque l'impression de faire face à l'esprit d'un enfant découvrant le monde, le corps qui lui faisait face était bel et bien celui d'un adulte de son âge, ou presque. Déstabilisée, à la fois intriguée mais néanmoins soucieuse, elle avait accordé un léger sourire à la brune, hochant alors son visage de haut en bas pour approuver ses dires.
« Oui, c'est ça... Tu portes un t-shirt... »
Comme la jeune femme arborait une expression entièrement sculptée par la joie, Jean n'avait pas eu le coeur de rompre sa gaieté en fourmillant de questions qui la feraient probablement sentir comme étrange à ses yeux... Qui sait par quelles épreuves elle était passée avant d'arriver ici ? La rousse ne voulait pas en rajouter, c'est pourquoi elle s'était tout d'abord contentée de garder le silence après son élocution, résistant à l'idée d'investiguer secrètement son esprit pour l'arpenter avec curiosité... Non, c'était une mauvaise idée. Ou plutôt, c'était une idée très malpolie, qu'elle se refusait à employer même dans une situation aussi énigmatique.
Ayant tout de même eu l'audace de lui demander comment elle s'appelait et comment elle avait atterri dans sa chambre, Jean ne reçut qu'une seule réponse en retour, et pas des moindres : elle prétendait être arrivée par les tuyaux. Les tuyaux ? Fronçant l'un de ses sourcils, la rousse avait machinalement levé ses yeux bleus vers les murs autour d'elle tout en réfléchissant à toute vitesse, se demandant ce qu'elle voulait dire par là. Elle avait l'air de mal maîtriser la langue, alors est-ce qu'elle ne confondait pas les couloirs avec le mot tuyau ? Non, sinon elle serait arrivée par la porte... Quelques secondes, Jean était restée comme figée dans ses pensées, piégée dans un casse-tête qu'elle n'arrivait pas à résoudre.
« Les tuyaux ? » avait-elle d'abord répété, plus pour elle même qu'autre chose. « Comment ça, les tuyaux ? J'aimerais que tu m'expliques... »
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Dernière édition par Jean Grey le Dim 23 Mai 2021 - 23:16, édité 2 fois
La Slime eut une moue d’incompréhension. Qu’avait-elle dit qu’il y avait besoin d’expliquer ? Consciente qu’elle avait un décalage avec les humains, elle chercha intérieurement s’il n’y avait pas d’autre sens à « tuyau », mais n’en trouva aucun. Perplexe, elle regarda la femme sans vraiment comprendre, et répéta :
« Par les tuyaux. Je suis entrée dans un tuyau, puis j’en suis sortie. »
La Slime ne voyait rien de mieux pour expliquer ce qui lui paraissait l’évidence même. Elle s’était glissée à l’intérieur des tuyaux de l’institut pour y circuler sans vraiment savoir où elle allait. Sa chute dans la baignoire relevait plus du hasard que du choix délibéré, mais la Slime n’avait ni la pensée, ni le vocabulaire nécessaire pour expliquer cet état de fait. Une autre pensée qui l’effleura par contre était celle qu’elle allait devoir faire une démonstration. Elle n’en avait pas vraiment envie, ça gâcherait tous ses efforts pour paraître humaine.
Elle était entrée dans un tuyau et en était ressortie... Évidemment. Quoi de plus simple pour se déplacer d'un endroit à un autre ? Hochant longuement son visage de haut en bas avec une lenteur digne d'une grande réflexion, Jean avait pressé ses lèvres l'une contre l'autre en témoignant à de multiples reprises une envie de prendre la parole : sans succès, aucun mot n'était véritablement sorti de sa gorge. Difficile de savoir quoi répondre à ce genre d'affirmations déconcertantes. Mais après quelques secondes de silence, la rousse avait posé un regard presque curieux sur son invitée, ne pouvant s'empêcher de la comparer à Kitty... Après tout son amie pouvait traverser n'importe quelle surface, alors peut-être que la mutation de la jeune femme en face d'elle lui permettait de réduire son corps et de s'infiltrer partout où elle le souhaitait Si elle était foncièrement admirative d'une telle capacité, elle ne pouvait s'empêcher d'en être un peu inquiétée : vu le tempérament inquisiteur de la demoiselle, ce n'était sans doute pas la dernière fois qu'elle s'inviterait dans la chambre d'un étudiant de l'Institut pour fouiller dans son armoire... Il allait peut-être falloir en parler avec Charles ?
« Ta mutation te permet de faire ça ? C'est impressionnant... Je suis admirative. »
Haussant légèrement ses sourcils en lui offrant un sourire de rigueur, Jean s'était éloignée de quelques pas pour prendre place au bord de son lit douillet, ses mains se frappant l'une contre l'autre tandis qu'elle lui disait, d'un ton curieusement enjoué :
« Je suis curieuse... Montre-moi ce que tu peux faire ! »
Appuyant ses mains derrière elle, la rousse avait légèrement levé le menton tout en attendant la fameuse démonstration, ne sachant pas réellement si son invitée allait accepter...
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Il y eut un temps pensant après l’explication de la Slime. Pesant même pour elle. D’habitude, quand les humains commençaient à prendre leur temps, c’était mauvais signe. Elle vit l’humaine faire diverses mimiques étranges, qu’elle n’avait pas l’habitude de voir. Avait-elle un problème ? Les humains avaient facilement des problèmes. D’ailleurs, elle constatait que le rougeoiement dans l’œil de cette humaine était anormal : cette partie devrait être blanche, elle en était sûre.
Au final, la femme finit par lui parler à nouveau, mais ce qu’elle lui dit était incompréhensible. Mutation ? Qu’est-ce que c’était que ça ? La Slime pouvait parce qu’elle pouvait, elle n’avait besoin de rien pour ça, pas même d’une « mutation », quoi que ce fût. L’humaine se mit à reculer, la Slime se dit qu’elle avait encore échoué à communiquer correctement avec les humains, adoptant même une moue un peu déçue sur le visage.
Mais lorsque la femme lui demanda de montrer ce qu’elle savait faire, son visage s’illumina de nouveau : curieuse ! Oui, elle était curieuse ! Elle n’avait pas peur. Soulagée, la Slime ne réfléchit pas et, oubliant la prudence élémentaire dont elle avait fait preuve jusqu’ici, elle décida d’attraper un des cartons en haut de l’armoire. D’un seul mouvement, son bras s’étendit démesurément et rapidement pour venir se coller littéralement au carton visé. Le bras n’était alors plus qu’une masse informe et spongieuse d’une teinte uniforme de bleu translucide, dans lequel on décelait encore les traces de ce qui avait semblé un bras parfaitement humain une seconde auparavant.
Rétractant le bras, la Slime se saisit du carton. Son bras reprit une forme de bras humain de femme ordinaire. Elle avait l’air fière de pouvoir montrer ce qu’elle savait faire, à tel point que ses iris changèrent à nouveau de couleur pour un orange bien peu naturel.
Si elle s'était attendue à une démonstration particulièrement époustouflante, son esprit fourmillant d'une imagination débordante n'avait rien présagé de tel : sous ses yeux ébahis, dont les sourcils s'étaient tant froncés qu'ils avaient creusé un creux d'incompréhension au-dessus de son nez, le bras de son invitée s'était prodigieusement allongé pour atteindre le haut de l'armoire qui touchait presque le plafond, prenant alors une forme tout à fait particulière, qu'elle n'était pas en mesure de définir avec une quelconque précision. Le bras, si tenté est qu'on pouvait le nommer ainsi, était d'une allure spongieuse et bleu-clair, dans lequel on entrevoyait ce qu'elle pensait être des morceaux de l'ancien bras... Des bouts de peau ? Des os détachés du reste ? Il était difficile de statuer sur le sujet mais ces idées avaient arraché une grimace au visage de Jean, qui avait alors un instant dévié son regard sur le visage de la jeune femme, qui arborait une métaphore de la fierté sur ses traits : assurément, en dehors de l'aspect surprenant et étrange, il y avait de quoi être fière. Seulement cette réponse soulevait encore plus de questions, et pas celles que la rousse aurait aimé avoir.
Son sourire quiet ayant glissé sur ses lèvres pour les crisper dans une expression figée, la rousse s'était levée de son lit sans véritablement se rapprocher de la brune, se sentant comme prise d'une hallucination qui avait tout de la réalité : regardant tour à tour le bras, le carton et les yeux orangés de la demoiselle, Jean avait fini par secouer son visage de gauche à droite tout en inspirant longuement, donnant l'impression qu'elle avait été maintenue en apnée tout ce temps.
« Tu... Non... »
Les mots se bousculaient sur sa langue, preuve que ses pensées s'emmêlaient et qu'elles formulait bien plus d'idées que son cerveau n'était capable de traiter en une seule fois. De plus en plus, l'idée qu'elle n'avait pas une mutante en face d'elle s'imposait, mais quoi alors ? Et qui ? Pourquoi ? Comment ? Sans même s'en rendre compte, la rousse fixait la jeune femme depuis quelques longues secondes déjà, sans parler. Les lèvres entrouvertes, les sourcils froncés et les yeux méfiants, elle l'avait examinée scrupuleusement avant de déclarer, dans ce qui s'apparentait à un murmure :
« Tu n'es pas une mutante, n'est-ce pas... »
Peut-être que la personne devant elle ne comprendrait pas, qu'importe, elle n'avait pas vraiment eu le temps de répondre. Quelques coups avaient été frappés contre la porte de la chambre, accompagnés d'une voix masculine qui interpellait la rousse de son prénom. Scott ! Il ne fallait vraiment pas qu'il rentre dans la pièce maintenant, il risquerait de l'effrayer ! Se précipitant à la porte pour verrouiller la serrure d'un geste rapide, Jean avait levé ses yeux bleus vers le bois de la porte en imaginant la silhouette de son ami de l'autre côté, lui disant alors d'une voix teintée d'un mensonge évident :
« Scott ! Je suis occupée pour le moment, est-ce qu'on peut se voir après s'il te plaît ? »
Il fallait espérer qu'il l'écoute, et que l'étrange invitée ne fasse pas de bruit...
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Cette fois, c’était sûr, la Slime avait fait une erreur. Chaque fois qu’un humain se figeait comme ça, il finissait par s’enfuir ou par l’attaquer. Déçue, la Slime laissa tomber le carton au sol, qui rebondit bizarrement sur ses pieds au lieu de tomber lourdement, chose qu’il fit cependant après ce rebond. La jeune femme n’avait pas l’air d’avoir mal au pied, mais elle arborait désormais une mine boudeuse et ses yeux avaient repris une teinte ordinaire.
Sa contrariété ne fit qu’empirer lorsque la femme commença à l’observer de façon assez oppressante, et recommencer avec des questions dépourvues de sens.
« Je suis moi ! », répondit-elle, agacée, « Je ne sais pas ce que c’est qu’une mutante mais c’est pas moi ! »
Encore une fois, la Slime confondait nature et identité, probablement parce qu’elle n’était pas familière avec le second concept, encore trop récent pour elle malgré les quelques années qu’elle avait derrière elle. La femme recula, augmentant encore la mine boudeuse de la Slime. Elle allait s’enfuir et la Slime allait encore se retrouver toute seule.
Mais ce qui changea vraiment la donne furent les coups frappés à la porte. Un son dont elle ignorait la nature, mais qui fit aussitôt réagir l’humaine. Une autre voix humaine se fit entendre, rendant l’humaine encore plus fébrile. Sur la défensive, la Slime recula de quelques pas pendant que l’humaine se jetait presque sur la porte.
Mais elle ne sortit pas. Elle n’avait pas l’air de vouloir attaquer non plus. Interloquée, la Slime oublia le peu de méfiance qui était né en elle et s’approcha de la femme avec curiosité, tâchant de comprendre pourquoi elle avait tourné ce petit bout de métal et pourquoi elle se tenait contre la porte en parlant à travers. Concentrée par ces questions, elle ne fit, du coup, rien qui aurait pu révéler sa présence.
Sans même chercher à dissimuler l'empreinte de son agacement vivace, la jeune fille s'était empressée de témoigner une coriace virulence à l'encontre de l'attitude méfiante de la rousse, si bien qu'elle eût relâché le carton qu'elle tenait entre ses mains comme s'il avait été fautif de son humeur défaite. L'ayant machinalement suivi du regard lors de sa chute, Jean avait froncé les sourcils en remarquant qu'il avait effectué un drôle de rebond sur ses pieds, donnant l'impression qu'il avait ricoché contre une surface curieusement moelleuse. Un instant interloquée par ce qu'elle venait de voir, la mutante avait eu envie de s'agenouiller pour toucher le pied de l'inconnue, voulant s'assurer qu'elle était faite de la même consistance qu'elle... Mauvaise idée, s'était-elle finalement murmuré. Outre l'aspect totalement impoli du geste, la jeune femme semblait suffisamment échauffée pour ne pas en rajouter avec un élan aussi curieux, qui aurait pu être interprété comme une agression.
Mais si seulement elle pouvait clairement comprendre ce qu'on lui disait... Haussant ses sourcils tout en abaissant le menton, Jean avait longuement inspiré pour tenter de calmer l'effusion de sa propre exaspération, car elle avait la drôle d'impression d'expliquer une mécanique très complexe à un enfant qui n'était pas en âge de la comprendre.
« Je sais que tu es "toi" ce n'est pas ce que je disais... Mais si tu n'es pas une mutante alors qu'est-ce que... »
Qu'est-ce que tu es ? Ne fut jamais extrait de ses lèvres entrouvertes, car elle avait été interrompue par l'arrivée inattendue de Scott. Ce dernier attendant sagement derrière la porte, elle l'avait gentiment renvoyé à ses occupations en espérant qu'il daigne l'écouter, car ce n'était sûrement pas le bon moment pour qu'il intervienne : il aurait été trop brutal ou trop amical envers l'étrangère, et Jean pensait que ce n'était point la marche à suivre avec elle. Une fois qu'elle fut certaine qu'il était parti, elle s'était retournée vers la brune en posant ses mains sur ses hanches, l'observant quelques secondes sans parler. Elle avait tout d'une humaine : le corps, les mouvements, la voix... Mais quelque chose clochait, c'était indéniable. Quoi ? La réponse semblait bien difficile à obtenir, et d'autant plus que converser avec l'inconnue n'était pas une chose aisée.
« Je ne te veux aucun mal, d'accord ? »
Pensant qu'il faudrait d'abord la rassurer, bien qu'elle ne semblait pas réellement effrayée, Jean avait hoché son visage de haut en bas pour mettre une emphase sur ses propos, avant de se rapprocher d'elle de quelques pas. Il lui fallait comprendre qui elle était réellement, car la curiosité était à présent bien trop vive pour qu'elle puisse s'en détourner.
« Mais il faut que tu m'expliques... Qui es-tu ? »
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La Slime s’était calmée de façon aussi drastique qu’elle s’était agacée un peu plus tôt, ajoutant un nouvel élément enfantin à son attitude, qui contrastait avec son apparence de jeune adulte. Comme la femme ne s’était pas enfuie, la Slime se réjouissait à l’idée d’apprendre encore des choses. Enfin une humaine qui ne fuyait pas ! Elle ne comprit pas vraiment pourquoi elle lui disait qu’elle ne lui ferait pas de mal, mais elle lui répondit par un sourire radieux.
L’observation de la jeune femme était facile, puisqu’elle ne faisait même pas mine d’être gênée par le regard insistant de l’humaine. C’est par cette observation que des détails ressortirent, des détails étranges. Pour commencer, sa jupe. C’était une belle jupe d’été descendant jusque sous ses genoux, décorée de lignes verticales et horizontales. Du moins, au premier regard, car en regardant de plus près, on pouvait distinguer que le tracé des lignes était approximatif, certaines lignes, dans les plis, se croisaient même alors qu’elles n’auraient pas dû.
Puis il y avait les chaussures. C’était de jolies bottines de ville aux talons épais, semblant normales, excepté de menus détails : déjà, elles étaient étonnamment luisantes et reflétaient la lumière mieux que n’aurait dû le faire le cuir dont elles semblaient constituées. Ensuite, la posture de la jeune femme ne laissait pas soupçonner qu’elle avait des talons. Elle semblait se tenir de la même façon qu’elle le ferait avec des chaussures à talons plats. Et enfin, le détail le plus important, si les lacets nouant la chaussure étaient visibles, ils n’avaient aucune extrémité visible ni aucune forme bombée dans la chaussure caractéristique de la pression exercée par le nœud. En somme, ces chaussures étaient bizarres.
La Slime ne faisait pas du tout attention à l’examen minutieux dont elle était la cible : elle réfléchissait à nouveau. Ça faisait plusieurs fois que l’humaine lui demandait qui elle était, mais elle ne savait vraiment pas quoi répondre à ça. Elle était elle. Elle était certaine que la question avait un sens plus profond, mais impossible de savoir lequel. Au final, elle répondit d’un ton plus interrogatif qu’affirmatif :
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