Un instant, un vertige périlleux avait assailli son esprit, lui donnant la nette impression que son corps tout entier était englouti par le vide ; ce n'était pas le vide, mais un souvenir. Quelque chose de lointain qui resurgissait par l'angoisse qu'il éprouvait, et le bruit mécanique des rails grinçant sous le poids des roues qui filaient à toute vitesse sur le chemin de fer. Cette sensation, ce bruit, cet endroit... Il avait déjà voyagé en train. Ou alors, il avait vécu quelque chose de très important dans un train... Mais quoi ? Le cri strident qui avait résonné à ses oreilles — et seulement à ses oreilles, avait été tant douloureux qu'il avait machinalement fermé les yeux tout en tournant son menton vers la droite, d'un geste aussi vif que si une main invisible avait tiré son crâne sur le côté. Quelque chose. Une image. Du noir en contre-bas. Du blanc tout autour. De la neige ? Il n'en savait rien, l'image était trop floue, trop imprécise et, surtout, il lui apparaissait comme impossible de délimiter les vrais souvenirs de ce que son esprit produisait pour se rassurer.
« Des Carpates ? »
Dans un soupir effaré, il avait glissé sa main robotique dans ses longs cheveux noirs pour tenter de les repousser en arrière, même s'il s'agissait d'une vaine lutte pour tenter de les discipliner, tandis qu'il reprenait sa place au bord du lit défait. Qu'est-ce qu'elle venait de dire ? Le 3 janvier 1973 ? Comment pouvait-il ne pas s'en souvenir ? Rien n'est plus déstabilisant que d'avoir la sensation que la réalité vous échappe. Confus, il avait posé un regard hébété sur la jeune femme qui lui faisait face, n'ayant même pas la présence d'esprit de lui dissimuler le trouble réel que lui provoquait cette révélation. De quoi se souvenait-il ? De peu de choses et en même temps de beaucoup trop. Mais c'était bien là tout le problème : aucun de ses souvenirs ne semblait lui appartenir. Il avait l'étrange impression d'habiter un esprit tapissé de mensonges et de portes verrouillées, dont il avait perdu les clefs.
« Je... Je ne sais pas trop. »
Avait-il admis en regardant ses deux mains qui pendaient mollement dans le vide, ses poignets appuyés sur ses genoux. Se laissant quelques secondes pour faire le vide dans son esprit, il ne parvenait cependant pas à calmer les tornades de questions qui tournaient dans sa tête, si bien qu'il eût appliqué une main presque tremblante contre son front lisse, son talon gauche ne cessant de marteler le sol dans un mouvement purement nerveux.
« Je... J'ai l'impression que tout est embrouillé, c'est comme si... J'avais plusieurs vies, dans ma tête, et que les souvenirs de chaque se mélangeaient, mais ce n'est pas à moi... Ou peut-être que si... Mais ça me semble... Fou... »
Ce qu'il disait n'avait aucun sens, mais qu'est-ce qui pouvait encore surprendre quand on avait en face de soi, un homme ayant un bras fait d'un alliage surpuissant en fer ? Ce fameux bras ayant disparu lorsqu'il avait revêtu le t-shirt blanc, James avait songé qu'il était préférable de se taire. Après tout, l'encombrement de son esprit ne pouvait le trahir, ni l'effrayer. Si elle se sentait en danger avec lui, elle ferait tout pour s'en débarrasser et les agents d'HYDRA auraient alors tout le loisir de lui mettre la main dessus. Il fallait rester lucide et concentré. Les Carpates, avait-elle dit. S'il n'était pas tout à fait sûr de l'endroit vers lequel ils se dirigeaient, il fallait néanmoins qu'il songe à comment il se mettrait en sécurité une fois là-bas, et vers quelle destination il pouvait aller... Il lui restait donc environ deux jours pour trouver une solution viable, et encore fallait-il qu'il ne soit pas découvert avant cela.
Posant de nouveau son regard sur la blonde qui était assise en tailleur sur le lit, il s'était assis sur le fauteuil confortable qu'elle avait occupé durant la nuit, inversant ainsi leurs places. À présent qu'il était reposé, rassasié et plus ou moins apaisé, il l'avait observée quelques secondes, s'étonnant des traits fins qui composaient sa figure. Elle avait un aspect poupin, presque, de porcelaine, donnant l'impression que chacune de ses expressions illuminait davantage son regard rieur, ce qui ne faisait qu'accentuer la beauté qui était sienne.
« Peut-être, mais vous n'étiez pas obligée de me venir en aide, justement... »
Elle lui souriait, comme si, il avait été normal. Comme s'il n'avait pas été l'intrus à moitié comateux qui avait déferlé dans sa cabine sans prévenir, et qui portait un bras dont les humbles humains ne soupçonnaient même pas encore l'existence. Elle aurait dû être effrayée, hurler, le dénoncer, crier pour qu'on le sorte de force de sa chambre... Mais elle était là. Assise comme une enfant en le considérant comme une personne du même rang qu'elle, lui parlant avec gentillesse et se souciant même de lui... Avait-il déjà connu cela ? Si tel était le cas, il ne s'en rappelait pas.
Le dos légèrement courbé, tenant entre ses mains le verre d'eau qu'elle lui avait donné, James ne la quittait pas des yeux. Elle était belle, et le mot avait l'air de prendre tout son sens avec elle. Il ne se souvenait pas d'avoir déjà pensé ça de quelqu'un mais, puisque c'était la première fois dans cette vie que l'idée se formulait à ses pensées, il avait songé qu'elle le méritait. Un peu perdu dans sa contemplation, il avait fini par détourner le regard en haussant légèrement ses sourcils, désireux de ne pas l'importuner davantage.
« Comment vous vous appelez ? »
Avait-il fini par demander d'une voix enfin calme, ses yeux azurés revenant auprès d'elle sans qu'il ne puisse réellement le contrôler... Et puisqu'ils allaient devoir passer un moment ensemble, au moins pouvait-il connaître son prénom.
« THEY MADE YOU INTO A WEAPON AND TOLD YOU TO FIND PEACE. BUT YOU CAN’T. BECAUSE THS IS WHO YOU ARE, A PRODUCT OF WAR. CHAINS ARE BROKEN, BUT ARE YOU FREE ? »
Dernière édition par Bucky Barnes le Jeu 13 Mai 2021 - 1:31, édité 1 fois
Ma tête hocha positivement à tes dires concernant l’endroit où nous étions, visiblement tu n’étais pas fort en géographie européenne mais je ne pouvais pas t’en tenir rigueur, c’était après tout le propre de tous les Américains, très phallo-centré, ou du moins américano-centrés et légèrement … Radicaux et pro-Amérique.
-Oui, nous sommes en Europe, en direction d’Istanbul, pour passer d’un continent à l’autre.
Précisais-je sans aucune volonté de te faire la leçon ou autre. C’était juste pour essayer d’être précise. Si tu ignorais la date, peut-être que de savoir où tu te trouvais permettrait de te sentir mieux, même si ce n’était que l’espace d’un moment.
Me grattant la tête l’espace d’un instant réfléchissant à ton petit problème de mémoire.
-Peut-être que c’est simplement passager, que vous allez la retrouver bientôt. Les histoires d’amnésies c’est plus courant que l’on ne veut bien le croire.
Et encore … Dans de très nombreux films de l’époque, les amnésies étaient monnaie courante et servait aux scénaristes pour réinventer la vie des personnages. Peut-être était-ce là aussi une occasion pour toi de te réinventer ? D’oublier le passé et d’écrire ton futur comme tu le désirais ? Gardant mes idées idéalistes pour moi, je te fis un petit sourire que j’espérais tout de même rassurant.
Les fesses légèrement soulevés pour prendre deux ou trois autres paquets de gâteau, je ne mis pas très longtemps avant de finir de dévorer les deux madeleines ainsi que les gaufres aux perles de sucres Bruxelloises que je venais de prendre. Il ne m’en restait plus qu’une entre les cuisses, et je la regardais longuement … J’hésitais entre la manger et te faire découvrir un de mes petits pêchers mignons, qui valait clairement les quelques grammes qu’elle faisait prendre rien qu’en la regardant. Regardant la gaufre bien emballée, je fis une petite moue avant de décider de te la donner et de te la faire gouter. Relevant alors la tête, je n’avais pas remarqué la façon dont tu me fixais depuis un long moment déjà. Mais comment aurais-je pu t’en vouloir ? De mon côté j’avais eu de nombreuses heures pour pouvoir t’observer, t’analyser et j’en passais et des meilleures. De ton côté, tu étais très rapidement tombé sur le sol, inconscient, et tu avais dormi si profondément qu’à vrai dire tu n’avais pas encore pu me regarder avec précision.
Les joues un peu rougies par ce sentiment d’être observée, je tendis le bras, et d’un geste précis et assuré, j’envoyais la gaufre et son emballage dans la direction de ton bras métallique. Certes ce n’était pas un test d’effort, de reflexe ou je ne savais quoi d’autre encore mais j’étais persuadée que … Grâce à cette machine à la place du bras tu devais être des plus rapides. En tout cas plus rapide qu’avec un bras d’humain lambda.
Une fois mon envoi effectué, je t’adressais un sourire sincère, tout en haussant les épaules comme si mon acte de la veille était assez coutumier pour moi et qu’il ne sortait pas trop de l’ordinaire.
-Je vous en prie. Dans le fond, nous sommes tous gentils pour venir en aide à un autre être qui semble être dans le besoin.
J’avais soigneusement évité le mot « humain » qui pouvait entre en comparaison avec le mot « mutant ». Et … Je ne savais pas vraiment encore si tu en étais un ou pas. Je penchais plus pour … Un humain optimisé ou quelque chose du genre. Mais je ne pouvais pas te poser la question comme cela, de but en blanc.
-Je m’appelle Raven et vous ?
Ma réponse était sincère, pas une seule fois je n’avais pensé ou même imaginé te mentir. Après tout, ce n’était que des noms, et dans quelques jours j’allais très certainement ne plus te revoir de toute ma vie, alors à quoi bon mentir. Je préférais l’honnêteté.
-Goutez moi un peu cette merveille que je vous ai envoyé, c’est Belge, peut-être un de mes pêchers mignons.
Si tu aimais je pouvais aisément aller en chercher d’autres, le buffet à volonté permanent de sucreries et autres pâtisseries en tout genre était ouvert continuellement, à toutes heures du jour et de la nuit pour les oiseaux nocturnes.
-Quand vous m’autoriserez à sortir, pendant votre douche ou je ne sais quand, j’irai chercher à nouveau de la nourriture et de quoi boire.
Est-ce que j’insistais un peu trop sur la douche ? Peut-être … Tu sentais vraiment meilleur depuis ma petite toilette de chat, mais si j’avais été dans un état comme le tient, j’aurai vraiment aimé prendre une longue, mais pas trop non plus, douche chaude comme pour me rincer de tous mes pêchers.
-Vous pouvez y aller, sachez juste que quand vous allez voir du rouge dans la douche, au niveau d’une petite barre, cela voudra dire que nous avons atteints la moitié de notre eau disponible jusqu’au prochain arrêt.
Malgré le fait que nous allions passer de très nombreuses heures ensemble, confinés dans un même espace, petit de surcroit, me fit hésiter à te tutoyer, mais je préférais que cela vienne de toi, voir si tu te sentais à l’aise. Moi, visiblement vu mes différentes actions, mes postures et ma façon d’être, je l’étais en ta présence.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Bien qu'il n'avait pas jugé nécessaire de lui signifier qu'il connaissait fort bien la géographie de cette Terre pour l'avoir suffisamment écumé en y versant le sang d'innombrables innocents, Bucky avait glissé ses deux mains contre son visage blafard en se demandant comment il avait fait pour atterrir ici. De quel pays était-il parti ? Il avait beau essayer de remonter le fil de sa mémoire découpée en mille morceaux, il ne trouvait rien de précis. Il y avait trop d'images et de paysages qui se confondaient en même temps. Tout ce qu'il savait été qu'il avait marché, longtemps. Trop longtemps. Il en avait les pieds écorchés. Murmurant quelques paroles dans un Russe tout à fait exemplaire, le jeune homme avait appliqué sa paume contre son œil droit durant un court instant, essayant de faire bonne figure face à son hôte qui était bien plus que généreuse et accueillante envers lui.
« Sans nul doute, oui. »
Dans ses derniers souvenirs, il lui apparaissait évident qu'il n'était pas amnésique. S'il avait été amnésique, il ne se rappellerait de rien, ou de trop peu, or, en cet instant, il se souvenait de trop de choses justement, trop pour pouvoir délimiter raisonnablement le vrai du faux. S'il ne parvenait pas à savoir de quel pays avait débuté sa fuite, c'était parce que lorsqu'il songeait à ses derniers souvenirs, il avait l'impression d'avoir été à différents endroits à la fois. Mais il y avait toujours cette sensation oppressante, froide, comme une lame tranchante qu'on aurait plantée au milieu de son cerveau pour le guider. Cela semblait être irréel, impossible à concevoir, et pourtant... Néanmoins, malgré les révélations quelque peu inquiétantes qu'il venait de lui faire, la jeune femme ne semblait pas réellement s'en formaliser ; pour preuve, elle était davantage intéressée par les madeleines qu'elle dévorait avec grand appétit, plutôt que par l'homme aux mille secrets qui l'observait en silence. Et même lorsqu'elle l'avait surpris en pleine contemplation de sa personne, elle ne s'était pas montrée davantage belliqueuse envers lui ; elle faisait preuve d'une compassion et d'une compréhension peu commune à son égard, si bien qu'il s'était demandé s'il méritait réellement d'être traité avec autant d'égards.
Ayant joint ses mains sur son torse quelques minutes auparavant, son bras robotique s'était subitement tendu sur le côté pour accueillir la fameuse madeleine dans sa main de fer, dans un réflexe agile et précis qui n'avait rien d'humain. Est-ce qu'elle venait de tester ses capacités d'une façon tout à fait sournoise ? L'idée lui avait arraché un léger sourire d'amusement tandis qu'il haussait l'un de ses sourcils en sa direction, comme pour la questionner silencieusement. Au moins, elle avait obtenu la réponse à cette question. Mais son sourire aux accents jovials s'était éteint lorsqu'elle avait évoqué la bienveillance dont les personnes devraient idéalement faire preuve en eux... Ironie du sort, elle avait une arme de destruction devant elle. Préférant ne rien répondre pour ne pas lui mentir ou lui servir une version édulcorée de sa propre personne, James s'était employé à déchirer l'emballage de la madeleine offerte, ses yeux se levant brièvement sur la blonde lorsqu'elle révéla son prénom, qu'il pensait n'avoir jamais entendu jusqu'ici.
« James. »
Je crois, avait-il eu envie de rajouter, mais il avait gardé le silence, préférant suivre les conseils de Raven concernant la pâtisserie délicate qu'il tenait dans la paume de sa main robotique. Croquant un bout dans cette dernière, il n'avait pu que rejoindre son avis : c'était réellement délicieux. Pas au point qu'il en fasse une obsession en ne souhaitant manger que ça, mais il le reconnaissait, c'était divinement bon. La dévorant en quelques secondes à peine, le Soldat de l'Hiver avait frotté ses mains l'une contre l'autre pour se débarrasser des miettes, tandis que son hôte semblait l'aiguiller sur le fait de prendre une douche. Avec tout ce qui lui trottait dans la tête, il n'y avait même pas pensé... Hochant de nouveau son visage de haut en bas, il avait pris appui sur les accoudoirs de son fauteuil pour se relever du siège, pointant alors machinalement du doigt la deuxième porte qui se trouvait dans la cabine.
« C'est par là ? »
Alors qu'il s'apprêtait à lui demander si elle avait une serviette à lui prêter, James s'était questionné sur le t-shirt qu'il portait... C'était bien un vêtement d'homme ? Pourquoi elle avait des vêtements d'homme dans sa cabine ? Fronçant lentement ses sourcils, il avait rapidement regardé autour de lui tout en remuant machinalement ses doigts robotiques, ayant l'impression d'être dans un piège... Gardant toutefois son calme, il s'était dirigé vers la douche sans émettre le moindre soupçon, préférant prendre le temps de réfléchir à la situation...
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You're heaven to me. A nouveau mes sourcils se froncèrent quand je t’entendis parler Russe. Tu parlais anglais et russe ? C’était … assez étrange … Comment cela pouvait-il être possible ? Etais-tu un agent double ? Si nous nous étions rencontré dans une situation normale, j’aurai peut-être continuer notre conversation dans la langue russe que je maitrisais également. Une parmi tant d’autres. Mais … tu paraissais toujours sur tes gardes. Et je n’étais pas sure que me mettre à te parler russe soit une bonne chose. Bien que je sois plus que douée dans les combats au corps à corps, ne n’avais absolument aucun mal à imaginer ton bras robotique sur ma gorge, la serrant sans ménagement jusqu’à ce que je ne puisse plus respirer. Si je te prenais pour un espion peut-être que la réciproque pouvait être vraie. Après tout, le monde était en guerre… Secouant la tête à peine, j’essayais de sortir de mes pensées et d’arrêter de laisser ces suppositions folles et farfelues envahir mon esprit. Ce n’était pas le moment. Je devais me concentrer sur toi.
-Je l’espère pour vous.
Cette fois ci mes sourcils se haussèrent quand tu me dis ton prénom. Visiblement tes trous de mémoires ne concernaient qu’une petite partie de ton existence étonnant. Ou était-ce seulement que ton esprit avait voulu occulter seulement certains évènements ? Perte de mémoire sélective ... C’était très intéressant comme concept. Mais j’y réfléchirai plus tard. Pour le moment tu semblais fort intéressé par le fait de prendre une douche. Parfait. L’eau chaude avait toujours des propriétés apaisantes et réconfortantes et vu l’état dans lequel tu avais fini hier, ici même dans ma cabine sur le sol en bois … Tu en avais vraiment besoin.
-Vous ne semblez pas avoir oublié votre prénom. C’est déjà cela ! Je suis enchantée James.
Dis-je tout en me redressant mon regard étant un court instant attiré par ces loques de sang que j’avais découpé. Désormais debout sur mes deux jambes je pris les lambeaux de ton tee-shirt dans mes bras et me penchait, en tendant le bras au dessus d’un petit meuble pour ouvrir la fenêtre et me débarrasser des preuves. Je les aurais bien brulé mais dans une chambre composée principalement de bois noble c’était beaucoup trop risqué. Alors que je m’apprêtais à jeter une première partie de feu ton tee-shirt de la veille je m’arrêtais alors que tu me posais une question sur la douche.
-Oh oui bien sur. Suivez moi.
Ma main lâcha sa prise sur ces bouts de tissus, les posant sur la petite commode alors que je fis quelques pas vers toi, en direction de la fameuse porte de la douche pour te sortir de quoi te laver, serviette propre notamment. Cependant … Un long silence s’installa entre nous alors que tu semblais soucieux. Ton regard passant de ton tee-shirt à la pièce en entier. Pinçant mes lèvres un peu gênée je finis par répondre.
-Je suis seule. Ne vous inquiétez pas. Je … Disons que … Je ne vous poserais pas de questions sur votre bras et vous ne m’en poserez pas sur la façon dont je peux vous trouver des vêtements ?
J’esquissais un petit sourire espérant que cela te conviendrait. S’il le fallait, je te révélerai qui j’étais vraiment… Mais… Pour le moment je ne souhaitais en aucun cas aborder ce sujet avec toi. Et puis je ne dirais peut-être pas tout. Me contentant juste du pouvoir de métamorphe, pas forcément la femme bleue qui semblait tout droit venue d’une autre planète.
-C’est ici venez. Je vais vous sortir des …
N’ayant pas pris en compte le fait que tu te déplaçais rapidement et la réciproque se vérifiant également, nous nous retrouvions coincé, dans l’embrassure de la porte qui menait à la petite salle de bain. Un peu perturbée par la proximité de nos corps, collés l’un contre l’autre, je relevais la tête vers toi, plongeant mes yeux bleus dans les tiens, m’y perdant un court instant.
-Serviettes ?
Enonçais-je avec une interrogation dans la voix, comme si je n’étais pas vraiment sure de moi, alors que, c’était clairement mon intention, à la base, ou du moins c’était mon intention avant de me retrouver dans cette position plus qu’ambigüe avec toi. @Bucky Barnes️ 2981 12289 0
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Il ne pouvait décemment pas la contredire : il semblait connaître son prénom, et c'était une première certitude dans l'océan de mystères dans lequel il était presque en train de se noyer. James. Oui, c'était son nom. Aucun autre ne lui venait pour l'instant, alors ce devait être le sien. Se raccrochant à cette idée réconfortante, il lui avait offert un sourire presque soulagé, et peut-être le prenait-elle pour un sot de se réjouir pour si peu ? Mais qu'importe. Au moins, il pouvait se satisfaire d'avoir au moins une information fiable concernant l'homme qu'il était, et pour celui qui n'avait rien, c'était déjà beaucoup.
Tandis qu'il réfléchissait en silence, la jeune femme s'était hissée sur ses jambes en portant les lambeaux ensanglantés de son vêtement de la veille ; le liquide rouge avait séché, si bien qu'il paraissaît presque noir à présent. Il avait presque oublié ce détail... S'il n'avait aucune blessure, à qui était ce sang ? Est-ce qu'il avait laissé un cadavre derrière lui ? Il l'avait fait pour se défendre, seulement pour se défendre... Il ne s'en souvenait pas, mais c'était la seule explication qu'il pouvait envisager. Il n'était pas un tueur. Il ne pouvait pas être un tueur. Glissant une main presque tremblante dans ses longs cheveux noirs, Bucky s'était redressé en hochant lentement son menton de haut en bas, se disant qu'une douche lui ferait le plus grand bien, en effet. Pouvait-on laver son corps pour nettoyer son âme ? Il l'espérait, en tout cas.
Elle lui demandait de la suivre et c'est ce qu'il fit docilement, jetant un œil rapide vers les morceaux de tissus imbibés de sang qui traînaient sur le bord de l'armoire, il avait discrètement remué le bout de son nez tout en avançant jusqu'à la fameuse salle d'eau, avant que d'étranges questions ne viennent s'imposer dans son esprit : si elle était seule comme elle le prétendait, d'où venait le t-shirt masculin qu'il portait ? Il se trouvait stupide de ne pas y avoir pensé avant, mais son esprit était bien trop encombré pour être réactif. Parcourant rapidement la pièce d'un regard à la recherche du moindre élément suspect, la jeune femme était bien vite venue le rassurer : elle garderait ses secrets pour elle, comme elle lui permettait de garder les siens. C'était tout à fait légitime, mais il avait fallu quelques secondes à Bucky pour hocher son menton d'un geste faible. Bien que cela le démangeait de poser des questions pour s'assurer qu'aucun piège ne se tramait derrière tout ça, le Soldat de l'Hiver ne parlait pas : si des agents attendaient qu'il fasse le premier geste belliqueux, il devait bien préparer son coup et ne pas réagir de manière impulsive... Ou alors il entrevoyait la traîtrise où il n'y avait que la bonté, car cette jeune femme ne lui avait rien fait. Avait-elle volé dans une autre cabine pour pouvoir l'habiller convenablement ? Si tel était le cas, elle méritait au moins qu'il lui témoigne sa gratitude.
« Merci. »
Avait-il dit sobrement en avançant machinalement d'un pas vers la salle d'eau, se retrouvant alors coincé dans l'embrasure de la porte avec la belle blonde qui voulait en sortir. Tous les deux occupaient le maigre espace entre la porte ouverte et l'angle du mur, si bien qu'ils fussent presque collés l'un à l'autre. Fronçant légèrement ses sourcils sur la surprise, il avait soutenu le regard de Raven tandis que sa phrase avait suspendu à son souffle, qui venait s'écraser contre le menton barbu du Soldat de l'Hiver. Un instant perdu dans la contemplation du beau visage qui était le sien, il avait légèrement incliné sa figure sur le côté tout en laissant sa bouche s'éprendre d'un sourire quelque peu amusé devant le trouble de la demoiselle... Elle lui posait la question comme si elle attendait une réponse, alors Bucky avait hoché son visage de haut en bas, sans la quitter des yeux un seul instant.
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You're heaven to me. Sentant ton regard sur moi, aussi intense, aussi pénétrant, je sentis le rouge me monter aux joues. C’est à ce moment là que je regrettais de ne pas être sous ma forme bleue pour, plus ou moins, faire en sorte que mon trouble passe inaperçu. Je pouvais aisément faire disparaitre ces rougeurs en une petite mutation, mais cela reviendrait à changer mes joues, juste devant toi, alors que nous nous trouvions si proches l’un de l’autre. Tu faisais environ une tête de plus que moi ….
Osant finalement affronter ton regard, non sans une certaine petite gène … Je restais un instant, silencieuse, interdite, presque muette juste à te regarder de la même manière que tu le faisais avec moi, même si j’en avais eu le loisir la nuit dernière lorsque j’avais pris soin de toi.
Après un long moment à nous contempler mutuellement, sans bouger, laissant juste nos poitrines se soulever au gré de notre respiration, j’hochais la tête positivement, finissant par me dégager, de ce contact qui visiblement m’avait autant plus qu’à toi.
-Oui si vous voulez.
Ne pense pas à ça Raven … Me repétais-je en boucle, encore et encore dans ma tête alors qu’une fois dans la toute petite salle de bain, en à peine cinq pas j’arrivais au placard, sous l’évier m’accroupissant pour en sortir une petite serviette.
-Les grandes sont en haut.
J’indiquais un autre placard, encastré dans le mur à peine visible, t’indiquant la direction tout en me redressant. Sachant que nous ne passerions pas à deux sans nous toucher dans cette minuscule salle de bain, je fis un pas sur le côté pour me retrouver coincée entre le lavabo et les toilettes, te laissant ainsi libre accès. Déposant, le temps que tu passes la petite serviette dans un coin, je me penchais ensuite dans la douche, pour vérifier la quantité d’eau restante ainsi que les shampoings en tout genre.
-Je pense que vous aurez ce qu’il vous faut…
Répondis-je en me redressant me dirigeant vers la porte afin de te laisser un peu d’intimité même si je n’aurai visiblement pas été contre t’aider à nouveau à enlever tes vêtements.
Aaaaarg ! Raven ! Arrete toi !
Pinçant mes lèvres entre elles pour me retenir de ne pas la mordre alors que mon imagination, folle et furieuse débordait … Je t’adressais un dernier petit sourire avant de fermer la porte derrière moi et de te laisser enfin seul. Vu la configuration de la cabine la salle de bain et la douche étaient les derniers endroits où tu pouvais être seul.
Attendant d’entendre l’eau couler, assise non loin de la porte, je me levais pour muter prenant ton apparence, testant différentes tenues… Je ne savais pas vraiment quel était ton style … J’optais pour un tee-shirt gris, une chemise à carreau ouverte, ainsi qu’un jean. Si tu trouvais la tenue trop inconfortable, je pourrais toujours faire un jogging … Reprenant juste une forme humaine blonde, celle que tu connaissais, toujours tes vêtements sur le dos je me déshabillais, n’oubliant pas non plus les chaussettes, les chaussures et les sous-vêtements.
Tendant l’oreille pour être sure que tu étais encore sous l’eau … Bien que le fait de l’entendre ne signifiait pas que tu sois sous la douche, je mutais finalement pour ma propre tenue du jour, une jupe en velours couleur camel, un pull en laine d’alpaga assez ample, noir, col en V, ainsi qu’une paire de collant noir. Je gardais pour le moment les pieds juste en collant, même si, à l’extérieur, nous nous rapprochions de plus en plus des sommets enneigés.
Une fois chose faite, je pris soin de plier les vêtements t’étant destiné, me demandant comment j’allais pouvoir te les donner sans entrer pendant que tu étais sous la douche …
Postée devant la porte hésitant, ne sachant pas trop quoi faire tout tes vêtements serrés contre moi, tu ouvris cette dernière alors que je ne m’y attendais pas du tout, nous retrouvant à nouveau presque nez à nez. @Bucky Barnes️ 2981 12289 0
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Bien que le jeu suggéré par leurs regards langoureux était grandement plaisant, James s'était silencieusement étonné lorsque la peau laiteuse de la jeune femme s'était tout à coup parée d'une teinte vermeille au niveau de ses joues, attisant inévitablement son regard curieux. Plus grand de quelques degrés, il avait penché son menton sur le côté tout en plissant faiblement ses paupières, donnant l'impression de l'étudier avec une grande minutie, de même sorte que s'il cherchait à comprendre les raisons d'une telle réaction... Après tout, Raven ne lui paraissait point être de celles que la timidité affligent, mais ce n'était sans doute qu'une impression faussée, car il n'avait pas suffisamment d'éléments comparatifs en sa mémoire pour pouvoir se faire une idée sur la question.
Suivant la direction confiée par les soins de la belle blonde, Bucky s'était avancé jusque devant le placard désigné et avait à peine tendu ses bras pour pouvoir dénicher une grande serviette blanche pliée à l'intérieur de celui-ci, usant de sa main robotique sans aucun embarras puisque celle-ci ne semblait pas être un objet de curiosité pour son hôte. La déposant sur un coin du meuble disposé sous un miroir adapté à la petite cabine, Bucky avait posé les yeux sur son reflet, ayant bien du mal à reconnaître ses propres traits à travers ce visage : quel âge avait-il ? Il n'en avait aucune idée. Mais la fatigue psychologique qu'il portait lui donnait la sensation d'avoir atteint l'âge de cent ans, au moins. La voix de son hôte le sortant de ses questionnements intérieurs, il avait tourné son menton vers elle tout en hochant légèrement sa figure de haut en bas, n'ayant même pas su déceler les sous-entendus équivoques que provoquait son esprit libre. Libre, lui, ne l'avait plus été depuis longtemps, et il marchait à présent dans les traces d'une vie qui n'était plus tout à fait la sienne, dans un monde qui avait continué d'avancer sans lui.
« Merci... »
Est-ce qu'il passait son temps à la remercier ? Un soupir passant la barrière de ses lèvres, il avait commencé à se déshabiller en essayant de se remémorer la dernière fois qu'il avait pris une douche... Encore une fois, il n'en avait qu'une vague idée : des images imprécises, floues et non datées, qui posaient plus de questions qu'elles ne donnaient de réponses. Ne se doutant pas des mutations de son hôte derrière la porte, Bucky s'était employé à se laver des pieds à la tête, sans se restreindre sur les quantités de savons employés : l'eau au fond de la baignoire avait fini par devenir translucide, et il avait alors tendu son bras robotique pour attraper la grande serviette blanche posée au bord du lavabo. Ne sachant pas réellement s'il avait utilisé plus d'eau que nécessaire pour cette première douche depuis bien longtemps, James avait légèrement grimacé tout en enroulant la serviette autour de sa taille, essayant de comprendre comment fonctionnait la jauge de la douche : n'étant pas en mesure de dire s'il n'avait pas fait suffisamment attention ou non, il s'était redressé en frottant l'arrière de son crâne humide, espérant seulement que Raven n'en soit pas trop contrariée si c'était le cas.
Usant de la petite serviette pour tamponner ses longs cheveux mouillés qui perlaient de sa nuque jusque dans le bas de son dos, il avait ouvert la porte sans se douter que la jolie blonde se trouvait justement derrière. Apparaissant alors dans l'embrasure de la porte en étant torse-nu et à moitié vêtu, les muscles tressés de son buste se dessinant entre les perles humides qui roulaient sur sa peau blanche, Bucky lui avait offert un sourire franc tandis qu'il posait les yeux sur les vêtements qu'elle tenait contre elle.
« J'allais précisément vous demandez si vous aviez par hasard d'autres vêtements à me donner... »
La situation, qui n'était point gênante aux yeux du soldat soviétique, l'amusait au contraire : des accents malicieux avaient agrémenté son regard rieur tandis qu'il lui offrait un sourire joueur, ne la quittant point des yeux alors qu'il rajoutait, tout bas:
« THEY MADE YOU INTO A WEAPON AND TOLD YOU TO FIND PEACE. BUT YOU CAN’T. BECAUSE THS IS WHO YOU ARE, A PRODUCT OF WAR. CHAINS ARE BROKEN, BUT ARE YOU FREE ? »
Pinçant mes lèvres, je regardais ton visage, mon regard ne pouvait s’empêcher de descendre sur ton torse. Et tes muscles si bien dessinés, la forme en V, menant directement vers une zone interdite, ou du moins qui n’appartenait qu’à toi. Déglutissant un peu difficilement en raison de la sécheresse de ma gorge, je restais sans bouger, juste à t'observer… Je mis un temps fou avant de reprendre la parole, détaillant les muscles de ton corps pinçant mes lèvres. J’avais pu en profiter pendant que tu dormais mais alors que tu étais pleinement conscient c’était encore mieux. Surtout avec tes cheveux … Humides … quelques petites gouttelettes encore présentes sur tes épaules. Rien qu’a t’observer, je sentis des petits frissons me parcourir l’échine.
Clignant plusieurs fois les yeux comme pour me tirer de ma rêverie, je gardais encore contre moi les vêtements, juste pour t’embêter comme tu semblais avoir envie de jouer … Tu étais tombée sur la mauvaise personne j’allais entrer dans le jeu à mes risques et périls. Lorgnant un peu sur ton bras métallique, je fis un petit pas en arrière, malicieuse.
-En tout cas, vous n’avez pas oublié comment vous rendre charmeur, charmant, et comment séduire une femme.
Aie aie aie. Si j’étais partie dans ce petit jeu avec toi cela risquait de mal finir. Enfin… Tout dépendant de ce que l’on appelait mal… La situation que j’avais en tête n’avait absolument rien de douloureuse. Enfin … Bien que je n’étais pas contre un peu de violence de temps en temps … Plissant légèrement les yeux, je pris contre moi parmi les vêtements que j’avais préparé pour toi, la paire de chaussette te la lançant un peu comme ce que j’avais fait avec la gaufre un peu plus tôt.
-Est-ce suffisant ?
Je levais le regard vers toi visiblement très amusée par la situation, reculant encore de quelques pas même si je n’allais bientôt plus pouvoir reculer en raison de la surface assez petite de la cabine dans laquelle nous étions. Je me doutais bien que la réponse allait être non, mais tu m’avais tellement tendu une perche que je n’avais pu que la saisir.
Et comme je l’avais dis, juste avant, même si tu avais des souvenirs voir même ton identité partiellement manquante, tu n’avais en rien perdu ton savoir faire envers les femmes. Tu étais malin, et … oh ce sourire. Avec les cheveux comme cela … Humide tu étais tout simplement à croquer.
Arrivant au niveau de la petite commode où reposais toujours les restes de ton tee-shirt de la veille, de ma main libre, je les saisis en te les montrant, un doux sourire au visage.
-Il est vrai que … Vous ne pouvez décemment pas reporter cela. Je craindrais des émules dans le wagon … Certaines femmes sont … entreprenantes.
Est-ce que je le disais pour moi-même ou pour les vielles veuves richissimes qui partageait avec moi ce long voyage ? En tout cas j’avais eu l’occasion de discuter avec elles et elles cherchaient clairement des amants, jeunes et vigoureux à Istanbul. Et … il n’y avait nul doute qu’elles y arriveraient … Mais comment réagiraient-elles si elles apercevaient ce joli minois accompagné de ce torse musclé ? Elles ne feraient qu’une bouché de toi, c’était sur et certains.
Haussant les épaules, l’air de rien, comme si je feignais d’être totalement innocente, je pris les guenilles, et les lançais enfin par la fenêtre pour nous en débarrasser une bonne fois pour toute dos à toi pendant un instant. Hissée sur la pointe des pieds, tenant toujours tes vêtements dans une de mes mains, contre ma poitrine, je saisis la poignée de la petite fenêtre pour la fermer, te laissant ainsi l’occasion de commencer à t’habiller. Du moins au moins avec ce que je t’avais donné… C’est-à-dire, pas grand-chose. Juste une paire de chaussettes.
Te laissant ce semblant d’intimité, mais t’observant tout de même dans le reflet de la vitre, je tirais de la pile de vêtement, toujours dos à toi, le boxer que je t’avais préparé histoire de te le donner ou pas … Je n’avais pas encore pris ma décision. @Bucky Barnes️ 2981 12289 0
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Impudiques, des yeux gourmands avaient détaillé le torse noué de muscles qui était le sien, sans même chercher à masquer le trouble que cette vision purement masculine produisait. Nul besoin d'avoir des souvenirs intacts pour comprendre le langage muet du corps... Croquant dans sa lèvre comme pour réprimer une envie défendue formulée par son esprit concupiscent, la jeune femme s'était reculée de quelques pas en attirant James dans son sillage, car celui-ci n'avait eu de cesse de combler son éloignement en se rapprochant d'elle pour maintenir la même distance entre eux : c'est qu'elle possédait les précieux tissus qu'il convoitait alors, car il n'était à présent recouvert que d'une fine serviette blanche nouée autour de la taille.
« Dois-je comprendre que vous êtes séduite ? »
Fit sa voix malicieuse tandis qu'il haussait l'un de ses sourcils, laissant ses lèvres s'éprendre d'un sourire amusé tandis qu'il interrompait ses pas au milieu de la cabine, glissant machinalement sa main droite dans ses cheveux encore humides pour tenter de les repousser en arrière. S'attardant un instant sur la silhouette délicieuse qui se trouvait devant lui, James s'était autorisé à la contempler avec davantage d'attention : joueuse comme une enfant mais charmeuse comme une femme fatale, il y avait indéniablement quelque chose de félin chez cette fille. Une sorte d'attraction irrépressible qui ne pouvait laisser indifférent ; et indifférent, il ne l'était pas tout à fait. C'est qu'elle était particulièrement belle, avec ses cheveux d'or et ses grands yeux bleus, sa moue taquine et sa voix mélodieuse, il y avait tout pour qu'on cède à ses charmes.
Alors que ses bras avaient été jusqu'ici immobiles, le Soldat de l'Hiver avait tout à coup tendu sa main gauche sur le côté afin d'attraper la paire de chaussettes au vol, posant un regard presque provocateur sur Raven ; est-ce qu'elle s'en amusait ? Doutait-elle encore de ses réflexes tout à fait prodigieux ? Heureusement que la serviette avait résisté au geste brusque... Remontant la paire près de son visage, il avait jeté un rapide coup d'œil sur cette dernière avant de hausser ses épaules avec nonchalance, ses lèvres se poussant brièvement en avant tandis qu'il répondait, d'une voix faussement détachée :
« La serviette est-elle de trop ? »
Tout aussi amusé, il avait de nouveau arqué l'un de ses sourcils tout en gardant néanmoins la paire de chaussettes dans sa main droite, se disant que c'était un bon début. Il lui manquait les vêtements les plus essentiels mais puisqu'elle voulait jouer et que le jeu était plaisant, presque insouciant pour celui qui n'avait connu que la guerre et le sang, il s'y prêtait volontiers. Alors qu'elle jetait les derniers tissus imbibés de sang de la veille en évoquant les possibles émeutes que provoquerait un corps comme le sien, il n'avait pu s'empêcher de secouer son visage de gauche à droite tout en croisant ses bras contre son torse nu. Semblant dubitatif mais curieusement enjôlé par l'idée, James avait haussé ses sourcils tout en réprimant mal un léger rire amusé, qui avait fait naître un sourire équivoque sur ses lèvres. S'il n'en croyait pas un seul mot, il pensait néanmoins qu'elle appliquait cette mise en garde contre elle-même, puisqu'elle était bien plus entreprenante que... Que tous les souvenirs que ce mot lui évoquait, c'est-à-dire pas grand chose.
Sûrement désireuse de le narguer, Raven se jouait de lui en jouant avec les tissus qu'elle devait lui donner mais qu'elle gardait précieusement contre son buste féminin... Du moins, pensait-elle avoir l'avantage, mais elle ne connaissait pas encore toutes les capacités qu'il possédait. Si elle savait pour son bras et ses réflexes aiguisées, elle dut être surprise de le sentir apparaître dans son dos à la vitesse de l'éclair, sans que le plancher n'est craqué sous son poids. Frôlant alors son dos frêle de son torse musclé, James avait décalé son visage sur le côté afin de le positionner au-dessus de son épaule sans toucher sa peau, étant plus grand qu'elle d'une bonne tête au moins. Ils étaient si proches qu'il sentait les effluves de son parfum féminin qui s'échappait de sa chevelure de blé, et il pouvait presque entendre les battements de son coeur qui secouait sa poitrine vers l'avant. Fixant son doux visage dans le reflet de la vitre, il avait glissé l'un de ses bras près de sa hanche féminine, frôlant sa peau d'une caresse aérienne pour remonter sa main discrète jusqu'aux vêtements qu'elle détenait contre elle, lui murmurant alors d'une voix chaude :
« THEY MADE YOU INTO A WEAPON AND TOLD YOU TO FIND PEACE. BUT YOU CAN’T. BECAUSE THS IS WHO YOU ARE, A PRODUCT OF WAR. CHAINS ARE BROKEN, BUT ARE YOU FREE ? »
You're heaven to me. Mais quelle horrible sensation. C’était à la fois une véritable torture et un pur plaisir de te sentir comme cela. Si près de moi, ta peau touchant mon dos, de sentir tes mains à peine m’effleurer. Oh non, c’était désormais certains tu n’avais rien oublié des choses qu’étaient la séduction et le désir. Tu parvenais parfaitement à le faire jaillir en moi, même si pour le moment je semblais maitriser les choses. Je ne voulais pas non plus que tu te sentes obligé de quelques choses. Ce n’était pas parce que je t’avais accueilli dans ma cabine que tu m’étais redevable de quelque chose. Un peu comme si tu allais me payer en nature pour services rendus… Même si … Dans ton sourire, tes gestes, ta voix si chaude à mon oreille, j’avais l’impression que tu ne te forçais pas du tout à le faire. Et j’espérais vraiment que cela soit le cas. Que tu nous considérais comme deux adultes consentants, pouvant faire des folies de leur corps si l’envie leur prenait … Et non pas que j’étais celle que tu devais satisfaire sexuellement pour payer une dette.
Tu jouais avec les mots, avec tes mains … Tu avais même osé me demander si la serviette était de trop. Sur l’instant je n’avais pas vraiment su quoi dire, surprise que tu demandes cela. Etait-ce donc si évident ? Mon corps me trahissait t-il si facilement ? Devais-tu comprendre que j’étais séduite ? La réponse était évidemment oui, mais je préférais me taire, ne rien dire. Après tout … La réponse n’était t’elle pas évidente ? Garder le silence, ne pas le dire … Ca pouvait passer pour de la gène, et après tout, c’est ce que c’était.
Sans vraiment me toucher j’avais l’impression que tu réussissais à faire naitre des étincelles entre nos deux corps. Ou peut-être était-ce le simple fruit de mon imagination ? Il pouvait m’arriver, rarement, de confondre mes désirs et la réalité. Mais non … Je sentais bien la chaleur émaner de ton torse, et même les petites gouttes d’eau qui tombaient sur mon épaule, malheureusement couverte d’un pull mais je pouvais sentir le poids de l’eau sur la laine.
Penchant légèrement la tête sur le côté pour sentir ton souffle chaud, voir même brulant s’écraser contre mon cou, je mordis ma lèvre sans vraiment pouvoir me retenir cette fois, murmurant un « Oui » à la question « Je peux … ? » Mais il pouvait dire tant de chose … Une vraie question retord. Je peux vous embrasser ? Oui. Je peux prendre mes vêtements ? Oui. Je peux oser imaginer faire des choses avec vous ? Oui. En fait … A tout bien y réfléchir je crois que j’étais prête à dire oui à n’importe laquelle de tes propositions…
Je tournais alors la tête pour pouvoir t’observer un peu mieux dans le reflet de la vitre face à nous, pinçant mes lèvres comme hésitant à venir les déposer sur les tiennes alors que finalement je laissais retomber mon bras le long de mon corps, pour que tu puisses saisir, seulement si tu le voulais, mon bras frôlant le tien, je tendis un peu certains doigts vers les tiens, venant saisir ta main robotique de ma main, entremêlant nos doigts, un peu timidement, ton boxer toujours dans cette même main.
Je ne résistais cependant pas longtemps à l’attraction de tes lèvres, et alors que je me hissais sur la pointe des pieds, toujours dos à toi pour t’embrasser, je pivotais un peu pour me mettre de côté et avoir plus facilement accès à tes lèvres quand … le train se stoppa net. Et malgré mon sens prodigieux de l’équilibre, ne m’y étant absolument pas préparée je perdis l’équilibre, t’entrainant dans ma chute me cramponnant tout de même à toi. Cette fois c’était sur, ta serviette n’allait pas y résister, et … ce n’était pas de faute, ou du moins pas entièrement. Un bruit horrible de frein se fit entendre alors que nous tombions par terre, l’un sur l’autre.
Les sourcils froncés, complètement sur toi, seulement séparés par ta pile de linge, une main posée sur ton torse et l’autre sur ton bras métallique je t’observais intriguée, mais prenait cela pour …
-Le destin surement qui veut nous envoyer un message….
Murmurais-je en regardant en direction de la porte me doutant que j’allais devoir sortir pour aller voir ce qu’il se tramait. J’ignorais que ce n’était rien de grave, juste un animal mort sur la voie qu’il fallait dégager avant d’entamer la montée vers les sommets.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
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