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 Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ?

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Felicia Hardy
Felicia Hardy
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MessageSujet: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptySam 20 Jan 2024 - 19:50





AlbatraozLet me tell you all a story
About a mouse named Lorry
Yeah, Lorry was a mouse in a big brown house
She called herself "The Hoe"
With the money, money flow
But fuck that little mouse
'Cause I'm an Albatraoz

     Dans cette vie, Walter Hardy n'existe pas. Il se nomme Edward et ne s'est pas entiché d'une Lydia se vendant comme la femme indépendante et rayonnante, qui au final ne fera que se jeter sur une vie confortable de femme au foyer, avant de le culpabiliser. Edward a trouvé en effet dans ses jeunes années la femme de sa vie. Il s'y est accroché corps et âme, malgré le jugement de ses parents qui n'ont eu de cesse de lui rappeler combien il était trop jeune pour s'arrêter sur cette simple décision. Non, c'était soit Elise, soit rien. C'était une vie avec elle, ou le néant absolu, et sans doute le rebouclé qui l'amènerait plus tard sur la voie du crime, et donc vers Lydia. Elise Hardy est sa révolution, sa rencontre parfaite dans laquelle il s'est épanoui, retrouvé malgré le fait qu'elle ait cinq ans de plus. C'est lors d'une soirée avec des amis communs, avec une histoire de croissant aux fraises qu'ils ont voulu tous les deux subtiliser violemment sur ce plateau presque vide (et donc écrasé malencontreusement en sentant quelque chose le tirer à l'opposé), que le couple avait émergé.
Et ce soir, bien plus âgés qu'au moment de leur rencontre, mais toujours aussi amoureux, le couple maintenant tributaire de l'une des agences comptables les plus courues de tout New York apparaît à cette fête, bras dessus bras dessous, en se jetant des regards aussi malicieux qu'équivoques. Cependant, Elise semble ennuyée, même si Ed' ne fait guère grand cas du pourquoi sa femme est ennuyée. Il en est même fichtrement amusé, sachant le sujet.

— J'espère qu'elle ne va pas encore nous faire faux bond. Depuis qu'elle est entrée au conservatoire d'arts dramatiques, j'ai l'impression de la voir tous les trente six du mois.
— Relax El' ... elle profite juste de ses vingt ans. Je te rappelle que j'étais pareil quand j'ai commencé mes études.
— Ed', ça fait deux ans maintenant. (...) Bonsoir Mrs Stewart ! Oui, je vous retrouve dans quelques minutes pour discuter entre femmes. (...) Et ... et tu sais pertinemment que ton attitude face à tes parents conservateurs n'a rien à voir avec ce que nous lui avons fourni en éducation !
— Je sais, je sais. Mais vois le bon côté des choses. Elle sort de son premier court métrage et commence déjà à intéresser ce réalisateur .. j'ai oublié son nom. Tartiflette ?
— Tarantino.
— Tarantule oui. Je me souviens ! Avec sa tête de poisseuse et son regard vicieux de cocaïnomane.
— Ed' !!!

Elise le tape à l'épaule, ce qui ne manque pas de faire rire aux éclats Edward, à la grande surprise des autres invités réunis dans ce grand salon. Se ravisant et s'éclaircissant la gorge, le mari Hardy se penche alors vers sa femme pour que leur conversation soit de nouveau plus privée.

— Excuse-moi El'. Je sais que tu tiens à ce que notre fille puisse s'intégrer en bonne société, maintenant qu'elle s'est fait les dents et rayonne de toute cette aura que nous avons déjà décelé en elle ces vingt dernières années. Elle va venir.
— J'ai juste envie qu'elle soit heureuse. Elle ne mérite pas ...
— ... Le traitement que tu as eu à l'époque quand je t'ai présenté à mes parents ? Bonsoir Mr Norton.

Elise tord ses lippes et commence à ralentir la marche. Edward, sentant par la présente la baisse de cadence dans la marche de sa femme, se départit de son bras et se met face à elle, quitte à reculer comme un imbécile. Il veut juste la regarder droit dans les yeux, la prendre aux épaules et au visage pour qu'elle sente qu'il est toujours là. Qu'il ne regrette rien. Qu'elle est belle, le soleil de sa vie et une femme admirable ayant réussi à monter avec lui ce cabinet, et conçu une fille tout aussi admirable qu'eux.

— El', il faut que tu te rendes compte que même en ayant fait les quatre cent coups et voulu nous réapproprier nos vies, Felicia, notre fille, n'a jamais manqué de rien. Elle nous a même remercié pour ça durant sa remise de diplôme en fin de lycée, tu te rappelles ? Nous l'avons toujours soutenue, poussée à se dépasser et regarde où elle en est. Elle devient une formidable petite actrice.



     Concernant la fameuse Felicia, celle-ci sort enfin de l'appartement qu'elle loue en collocation avec deux autres jeunes femmes du conservatoire. La veille, elle a fait la bringue en passant de la trop sage fête en rooftop chez ce pompeux et matuvu de Wallace, à la soirée entre filles dans ce bar à chippendales où elle s'est mis une sacrée tannée avec ces dix shots bus dans le cadre de ce fichu défi. Bon, au final elle avait gagné contre le gars et reçu sa session privative d'effeuillage, mais le revers de la médaille est assez violent. Au delà d'avoir eu des nausées et de n'arriver qu'à manger par petites bouchées de quoi éponger ne serait-ce qu'un peu tout ce qui remplace assez mal l'eau dans son corps, la blonde se sent quand même bien dans ses talons. Du moins assez pour tenir durant une soirée pompeuse où des hypocrites tout aussi pompeux se pompent entre eux jusqu'à ce que du lait leur sorte par le nez. Il n'y aura pas de musique mise à fond à en craquer des baffles ou des cris stridents de femmes surexcitées pour lui casser les oreilles. Au pire si un des musiciens veut se taper son meilleur solo de trompette dans les aigus, elle décalera de salle.
Bon, après une arrivée assez discrète en voiture dans l'un des nombreux complexes des Walton pour cette soirée bon chic bon genre mêlant des bonnes familles et des étudiants de fac issus de cette reproduction sociale, Felicia se fait malheureusement de suite interpeller par un des partenaires financiers de ses parents. Et merde. Souris, Feli', souris. Ce vieux croûton veut juste te brosser dans le sens du poil pour faire le beau devant tes parents.

— Miss Hardy ! Quel plaisir de vous revoir ! Je ne pensais pas que vous alliez venir en raison de votre toute neuve célébrité.
— Voyons Mr Hearst. C'est juste un court métrage.
— Qui va passer dans plusieurs festivals m'a-t-on dit ! Ne soyez pas modeste !
— Ce n'est pas mon genre de toutes manières.
— Ah ça ! Je me rappelle de vous au lycée. Déjà une tourneuse de têtes.

Orf ... ça y est elle sent les remarques graveleuses qui vont arriver. Hearst pose sa main sur son épaule sans son consentement, sans savoir qu'il est aussi surveillé par le père Hardy buvant son verre de vodka martini.

— Bien plantureuse, généreuse, la bouche en cœur. Mon fils aurait pu vous demander en mariage, mais cela aurait signifié un divorce et une perte ...
— Parce que d'après vous, je ressemble à une péripatéticienne Mr Hearst ?

Hearst s'arrête, confus. Il regarde la jeune femme comme si elle venait de le gifler au nez et d'agresser son égo bien fourni de vieux pervers caché dans un costume de pingouin. Elle, le dévisage comme si elle attendait ne serait-ce qu'un ravisé de celui-ci sur ses propos.

— Je soulignais simplement le fait que les hommes tombent rapidement sous votre charme.
— Me sentir en confiance avec moi-même ça ne fait pas de moi un objet de convenances que vous pouvez acheter, vous savez. Et ...
— Feli', ma chérie. Tu es venu finalement. Bonsoir Mr Hearst. Je pense qu'elle a assez discuté avec vous. Si vous voulez bien lâcher ma fille ...

Ce n'est pas une demande, mais un ordre. Et Hearst le sent très bien à la façon dont Edward Hardy le mitraille de son regard rieur, mais ô combien assassin. D'une bise sur la joue de sa fille, Edward embarque Felicia bien loin de ce vieux con de riche.

— Je pouvais le gérer.
— T'inquiète, ma grande, je sais que tu en portes une plus grosse paire que lui. Mais traiter sa femme de cocue devant cette assemblée n'est pas le meilleur bail. Viens on va en cuisine.

Felicia fronce les sourcils et grimace. Parce que son père la connait trop bien. Même si elle gérait la situation jusque là, ça aurait pu tourner vinaigre dès le moment où cet abruti aurait osé descendre sa main plus bas. Et dieu sait qu'il aurait été ravi de mettre un gnon dans son gros piff après que sa fille lui ait fait une balayette magistrale.



    Les voilà à l'arrière du complexe, au milieu du personnel qui va et vient sans vraiment pouvoir prendre de pause. Edward relâche sa fille qui fulmine, malgré le fait que son père avait raison. D'une certaine manière. Mais elle veut tout de même expliciter son point de vue.

— Ecoute Fel', tu sais que je suis de ton côté. Mais Hearst fait partie des familles les plus influentes des USA, et je ne veux pas qu'en blessant son égo d'homme blanc privilégié tu t'exploses en plein vol.
— Oh pardon. J'aurai dû le laisser me tripoter en me disant que son fils aurait bien voulu me baiser si j'étais restée en mode sois belle et tais-toi c'est ça ?
— Tu sais que ce n'est pas ce que je veux dire.
— Je sais. Mais ça ne change pas le fait qu'il n'en pensait pas moins et que pour soigner les apparences et cirer leurs chaussures, tu m'as ...
— Je t'ai protégée. Et par extension j'ai protégé ta mère ! On est des comptables influents, mais je ne possède pas Walmart ni la Hyatt Hotel Chain ! Même si tu deviens une actrice célèbre, tu auras toujours ces regards sur toi, qui te prennent pour une pièce du boucher.
— Et donc je dois faire quoi, papa.

Edward bouge ses lèvres et cligne plusieurs fois des yeux, ne sachant que dire face à cette situation. Il voit bien que sa fille a grandi. Il a bien vu ces regards posés sur elle, cette façon dérangeante qu'ont ces mâles en rut de la prendre pour leur American wife to be. En la regardant, il voit juste sa petite si joyeuse, si innocente courir sur le gazon sans se soucier de ces problèmes d'adulte, sans avoir à être jugée sur le fait qu'elle s'asseye cul nu sur les marches de leur piscine. Il n'a pas de réponse et ça le démonte. Felicia s'avance en secouant la tête. Son expression ne contient que déception et dégout.

— C'est bien ce que je pensais.
— Feli' ... !

Mais Edward n'a pas le temps de lui dire de rester, sa fille est déjà partie en courant, les volants de sa robe se soulevant dans sa course. Et il reste là, impuissant, désolé, avant de rejoindre sa femme ainsi que les invités au salon.
Les larmes aux yeux, tentant d'écraser de sa paume ce qui définit la la vallée des larmes, Felicia arrive dans les cuisines et essaie de se calmer, pour que son maquillage ne soit pas ruiné. Après un petit moment d'inspirations et de reprise en main de ses émotions et de son corps, la blonde jette un oeil aux plateaux qui contiennent encore ces mignardises non mangées par cette bande de bouffons capricieux. Elle prend un blinis, mâche et se met à grimacer tellement ça pue dans sa bouche et dans son nez. Et ça c'est quoi ? du baume d'artichaut avec ... du caviar et de l'algue ? Sérieusement ? ! Felicia tire la langue de dégout et est à deux doigts de prendre en pince le dessous de sa mâchoire pour se soutenir et finir d'avaler, tant c'est abject.
Sauf qu'en s'agitant et se remettant de cette expérience culinaire désastueuse (oui tueuse), elle ne remarque pas de suite que deux invités indésirables arrivent par l'arrière. Ce sont des cliquetis de canne et et les chuchotements d'une seconde personne qui la font tressaillir et partir avec les restes d'un plateau de macarons, déjà plus digérable que ce fichu blinis. Plaquée contre le mur menant à la chambre froide donc, Felicia les écoute distraitement en se demandant bien qui sont ces deux nigauds. Vu leurs interactions, ce ne sont pas des invités mais plutôt des intrus, en train de picorer dans les plateaux plus ou moins vidés de mignardises et tester le mauvais goût de ces blinis. Feli' souffle du nez malgré elle, les trouvant quand même drôles avec cette singulière dynamique.

— Attendez, vous allez au salon pour boire un coup ? Soit c'est du culot, soit c'est de la bêtise.

Felicia sort alors de sa cachette, en finissant d'avaler ce macaron à la pistache d'on ne sait où sur le globe par quelques dernières mastications.

— Il y a des vigiles qui vont vous cueillir, vous savez. Et autant vous dire qu'un vigile, ça relève plus du doberman qu'un serveur. Techniquement, le serveur ça relève d'un bâtard qui cherche juste à avoir sa gamelle.

La demoiselle grimace, dégoutée par son propre imagé.

— Ouais non. Disons qu'il y en a un qui va lécher les Bexley à sa portée sans se poser de questions en espérant que ça va lui offrir une porte au paradis, et l'autre, comme les serveurs qui ne vous ont pas calculé, qui se fait un plaisir de conchier l'élevage social de ce genre d'évènement.

Elle avance de quelques pas, en étudiant les deux garçons. Ils doivent avoir la vingtaine. L'un a des cheveux longs, un peu de bedaine et un regard vif, franc (quoiqu'un peu impressionné depuis qu'elle est arrivée), et l'autre ... a une canne, des lunettes, et elle ne sait pas trop si il la regarde vraiment vu sa position.

— Tout ça pour vous dire que vous faites un pas là dedans, et on va vous botter singulièrement vos rebondis postérieurs. Qui sans doute sont à l'épreuve des talons, je n'avance rien. Sauf ... si quelqu'un de réellement invité vous accompagne.

C'est un peu vache de sa part, sachant que d'une certaine manière, elle va utiliser ces deux gars sans nom et sans invitation pour sa propre envie de faire un pied de nez à cette institution, et faire jazzer ces enfoirés. Mais ... eux ont bien besoin de rentrer à cette fête de culcul la praline pas vrai ? Et elle, elle a besoin qu'on arrête de la regarder comme un bout de viande mis sur le marché.

Elle s'ennuyait ce jour là. Même à quatorze ans, même si son père comme sa mère l'avaient emmené dans le coin dans cette espèce de chasse au trésor grandeur nature dans New York pour marquer le coup, Felicia se sentait seule. Sa meilleur amie était partie dans l'Iowa, et les deux autres passaient leurs vacances à Miami. Et puis cette chasse n'était pas drôle. Elle les énigmes avec des mots, comme sur ce bout de papier, elle aime pas ça. Elle aime plus toucher et découvrir ! Les mots ça ne résonne pas, ça ne fait pas de lumière ou ça n'ouvre pas de portes !

Felicia boude, souffle, gonfle ses joues et grogne. Elle n'est vraiment plus amusée et elle en a plein les jambes. Enfin ça, c'est jusqu'à ce qu'elle arrive devant cet étrange bâtiment avec cette grande pancarte "Saint Agnès Orphanage". Ça a l'air habité, mais ce n'est pas franchement en bon état non plus. Mais ce qui l'intéresse derrière les grandes barrières ce sont les buissons. Oui ! Des buissons ! Mais pas n'importe lesquels ! Ce sont des buissons à mûres ! Ça, c'est intéressant. Faisant donc le tour pour arriver sur la gauche et donc grimper sur ce mur un peu vieux sur lequel il y a quelques prises, l'adolescente grimpe sans mal car elle fait ça tout le temps pour rejoindre le coin secret de son collège.

Une fois à terre, et ayant capté la poussière sur son tee-shirt gris pink floyd et son jean, Felicia s'époussète puis s'avance fièrement jusqu'à ces fameux buissons plein de ronces pour commencer autant sa cueillette que sa dégustation. Jusqu'à ce qu'un bruit l'interpelle au loin. Quelqu'un pleure. Il essaie de réprimer ses larmes mais ça n'a pas vraiment l'air de fonctionner. Trottant donc pour savoir qui donc peut être plus malheureux qu'elle en cet instant, elle arrive jusqu'à une espèce de petit jardin, et voit au loin un garçon prostré sur lui-même qui ne lui fait pas face. De toute son agilité acquise grâce à la gymnastique, Felicia arrive donc à petits pas jusqu'à lui en se faisant la plus discrète possible.

— Coucou !!!

Lui dit-elle gaiement, pour le prendre par surprise. Mais il ne semble pas réagir, comme si il était déjà au courant de sa présence. Pire encore il lui fait le nez en bougonnant, alors qu'elle ne se montre pas non plus agressive ou méchante !  

— Tu sais, je me fiche bien que tu pleures. Mais laisse moi te dire quand tu boudes, tu es sacrément moche.

Et elle se pose comme si de rien n'était sur le même banc, en gardant tout de même une distance entre. Son regard se porte sur le brun, et elle arque les sourcils, pas vraiment impressionnée par l'expression qu'il arbore suite à sa remarque.

— C'est ce que dit mon père pour que j'arrête de bouder. Il ajoute même des trucs comme "tes joues vont tellement tomber que tu vas ressembler aux fesses de ta grand mère", ou "ça va tellement te constiper que tu vas péter par la bouche" Tiens.

Et Felicia lui avait tendu ses doigts violacés en raison de sa cueillette de mûres, avec encore quelques fruits en main. Elle les avait tendus comme si c'était un garçon normal portant juste des lunettes de soleil.

Yeah, Lorry said she was a mouse
Smoked that cheesn' like a baoz
Monilie, money, money hoe
Chinka, chinka, chingka-flow
Lorry was a witch
Yeah, a sneaky little bitch
So fuck that little mouse
'Cause I'm an Albatraoz
✿ Elli


Hope you Know
I hope you know there's a part of you that lives in every note and every step I take along these broken roads that I've been walking and the time between us talking is so much longer now, but I still call you home. I hope you know. -byendlesslove

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MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyDim 21 Jan 2024 - 20:03




(WHAT IF...) WE WERE SOULMATES

It's gonna take a lot to drag me away from you. There's nothing that a hundred men or more could ever do. Hurry boy, she's waiting there for you--  feat. @Felicia Hardy



« Tiens, je voulais te donner ça…c’est pour toi.
- Oh Matty…tu n’as donc rien compris, n’est-ce pas ?
- Non mais…c’est juste, c’est…c’est un cadeau, c’est pour toi !
- C’est de ma faute, j’ai dû placer la barre trop haut…Tu n’es pas prêt pour ça, tu ne le seras jamais, Matty.
- Quoi ? Mais…Stick je…je pensais que toi et moi…que…
- Que quoi Matty ? Que j’allais te sortir d’ici ? T’adopter comme s’il y avait vraiment quelque chose ? Je te l’ai déjà dit gamin, je ne suis pas ton père et je ne le serai jamais. Tu n’es pas prêt, j’ai perdu mon temps.
- Stick ! Stick non ! Me laisse pas…Stick… »

Il avait déjà tourné les talons en prenant tout de même soin de broyer entre ses mains calleuses l’origami que je lui avais fait. Un présent qui était à présent au sol, froissé et déchiré, tout autant que moi. Les univers ont beaux être différents, certaines choses ne changent pas, certaines choses sont écrites et faites pour marquer, pour rester. Il n’en existait pas un où Matt Murdock avait eu une enfance heureuse, pas un où je ne perdais pas la vue dans cet accident. Il n’y avait pas cette probabilité de changement, cette possibilité que ma mère reste et que je puisse jouir d’une enfance simplement normale. Dans cet univers, c’était le même refrain, la même ligne directrice.
Je me souvenais de ce jour comme si c’était hier, comme si j’étais voué à le revivre, indéfiniment pour assumer le poids de mes erreurs, le poids de cet espoir mal placé. J’avais naïvement cru que Stick avait été un père de substitution, que notre relation pouvait évoluer, qu’il pourrait prendre soin de moi et m’aimer comme ce père que l’on m’avait arraché. Du haut de mes quatorze ans, je m’étais planté en beauté et sa réaction m’avait achevé. J’étais resté prostré, les genoux cloués au sol avant de réagir, avant d’avoir cette réaction d’orgueil. Je m’étais levé pour le rattraper, pour le retenir et lui dire que je pouvais changer, que je voulais être quelqu’un d’autre, que je pouvais devenir celui dont il avait besoin…juste pour qu’il reste.

Mais en arrivant dans le jardin, je m’étais rendu à l’évidence : Stick était parti. Stick m’avait abandonné comme il avait dû en abandonner d’autres avant moi. Il m’avait laissé après cinq ans passé ensemble, cinq ans à nourrir l’espoir d’obtenir un peu de tendresse de sa part, un peu d’affection…mais rien, jamais. Et aujourd’hui, c’était définitivement fini, Stick venait de m’effacer de sa vie, de me renvoyer à ce point de départ lorsque mon père était mort. À nouveau, mon monde s’écroulait et j’étais seul, encore, toujours. Je sentais les larmes monter, mes lèvres tressaillir alors que j’essayais vainement de contenir cette tristesse qui m’envahissait. J’étais anéanti et le poids de la solitude me donnait l’impression d’être happé, avalé tout entier par cette ville qui ne m’avait jamais montré la moindre compassion, la moindre once de pitié.
Je m’étais effondré sur ce banc, les genoux repliés contre mon torse, enveloppés dans mes bras encore frêles et j’avais craqué. Je me souvenais d’avoir pleuré toutes les larmes de mon corps, d’avoir été incapable de retenir ce flot incessant. J’étais revenu à ce sentiment d’abandon, de solitude et j’avais commencé à comprendre qu’ainsi était ma vie, ainsi le serait-elle. J’avais beau prié ce Dieu, j’avais beau lui offrir mon cœur et ma foi, Il ne voulait pas changer ses plans car celui-ci ne pouvait être que celui qu’il m’avait destiné. Je me rappelais avoir détecté la présence de cette fille, de l’avoir vu apparaitre dans ce monde qu’était le mien bien avant d’entendre le son de sa voix.

« Laisse-moi. », avais-je répondu en replongeant ma tête entre mes bras. « Et toi t’as pas besoin de pleurer pour être moche ! »

J’avais répondu cela instinctivement avec toute la méchanceté dont j’étais capable de faire preuve, sans avoir un seul instant conscience que cette remarque trahissait mon handicap. Pour ma défense, à cette époque et durant cette première rencontre, je n’avais pas été au pic de ma forme, j’étais dans un état similaire à celui dans lequel j’étais après la mort de mon père. J’étais au plus bas et que quelqu’un me voit entrain de pleurer faisait que je me sentais honteux. J’avais seulement voulu qu’elle me laisse, qu’elle parte…comme ils l’avaient tous fait finalement. Ma mère, mon père, Stick. Pas un n’était resté, pas un n’était aujourd’hui là pour me donner l’amour et la tendresse dont j’avais besoin, personne n’était à mes côtés pour m’aider à grandir, pour me guider et m’apprendre ce que c’était que d’être quelqu’un, simplement quelqu’un. Moi, je n’avais toujours connu que la tristesse et la solitude. Je me rappelais avoir relevé la tête alors qu’elle m’avait dit ce que son père lui disait lorsqu’elle boudait, je me rappelais avoir esquissé un bref sourire parce que…parce qu’elle était drôle et qu’étrangement, le fait qu’elle ne s’apitoie pas sur mon sort m’avait fait du bien.

« Le Père Lantom les fait traiter avec des pesticides, je sais pas si c’est une bonne idée de les manger… », avais-je repris sur un ton un peu plus doux, essuyant les sillons sur mes joues à revers de manche. « Mais c’est cool…y a pas grand monde de cool avec moi…
- MATTHEW ? MATTHEW ? Tu vas être en retard pour le catéchisme ! MATTHEW ?
- Ca va j’arrive…enfin j’veux dire, j’arrive mon Père. »

Je m’en souvenais comme si c’était hier, je n’avais pas eu la moindre envie d’aller à ce cours ou même de retourner dans cet orphelinat. J’aurais voulu faire le chemin inverse de cette fille, traverser le jardin, enjamber les grilles et partir, ne jamais revenir ici. Dans une attitude qui allait être la mienne pour les années à venir, je m’étais silencieusement levé et avait déployé la canne posée à côté de moi avant de m’éloigner de quelques pas…et de balancer par-dessus mon épaule.

« T’es pas si moche que ça en fait, enfin…techniquement quoi. »




Foggy était mort de rire. Son hilarité, le son de sa voix et de ses éclats résonnaient sur le parking, ce qui ne nous donnait clairement pas un avantage afin de mener notre mission à bien. Cette blague sur ce que nous rêvions de devenir faisait toujours son petit effet, surtout lorsqu’on y ajoutait le terme avocados. Avec Foggy, ça prenait toujours et avant de partir dans ce fou rire, il s’était fait plaisir en jouant sur les mots. Rendre l’accusation verte de rage, être les noyaux de la justice, être smooth comme du guacamole. Moi aussi je riais, parce que dans cet univers une chose avait changé : après le départ de Stick, j’avais arrêté de m’entrainer seul. Après qu’il m’ait abandonné, je m’étais simplement focalisé sur le fait de réussir ma vie, de me concentrer sur ce que je voulais réellement être pas sur ce que lui avait voulu. J’avais rêvé d’un père, il avait rêvé d’un soldat et nous nous étions tous les deux trompés, ce n’était pas une raison pour foutre ma vie en l’air.
Alors qu’un serveur sortait pour fumer sa clope, nous nous faufilions adroitement dans son dos et entrions dans ce grand complexe…dans lequel nous n’étions pas invités. Tout comme Foggy, je portais un costume bon marché, un truc que j’avais loué avec le peu d’argent que me fournissait le Père Lantom, c’était mieux que rien mais il était clair que nous allions détonner dans le décor. C’était notre truc à l’époque, de nous infiltrer dans des soirées pour boire et manger gratuitement, nous amuser un peu, passer du bon temps comme les deux compères inséparables que nous étions.

« Matt !!! J’hallucine y a du caviar !!!
- Tu pense que si on en prend assez et qu’on le revend on pourra payer la fin de nos études ? »

Foggy éclata de rire…et se jeta sur le premier toast à porté de main. Il l’engouffra littéralement, sans vraiment prendre la peine de le mâcher et grimaça. À en juger par son expression, ce n’était pas si bon que ça. Son expression ? Je la voyais, je l’avais toujours vu depuis que je le connaissais mais il ne l’avait jamais su. J’avais beau avoir cette capacité à entendre le cœur des gens, à détecter les changements de température du corps humain ou tout simplement même de voir les choses à travers l’intégralité de mes sens, je n’avais jamais dit la vérité à Foggy. En fait, je n’avais jamais jugé utile de lui dire. J’avais toujours fait semblant de le croire lorsqu’il me mentait parce que je n’avais pas voulu gâcher notre relation avec ça, parce que je voulais que les choses soient normales entre lui et moi.
Foggy était la famille que j’avais toujours rêvé d’avoir, je le considérais comme un frère et je savais que c’était réciproque, même si lui avait une véritable famille. Je l’aimais et j’étais si fier d’avoir eu cette chance de le rencontrer, dans cette chambre miteuse de la fac. Pour moi, ne pas lui dire la vérité sur mes capacités était un moyen de garder une relation saine et normale avec lui, je voulais qu’il croit que j’étais comme lui, que dans le fond, même si j’étais aveugle, nous n’étions pas si différent.

« Champagne Maître Murdock ?
- Volontiers Maître Nelson !
- T’as raison Matt, on va revendre le caviar…c’est clairement trop dégueulasse pour nous. Eh ! Tu sais que la petite Marci m’a encore fait du rentre dedans ?
- C’est ton charme naturel Fog’ ! Tu les envoûtes, dès qu’elles voient ton petit bouc de chèvre, elles fondent…
- Arrêtes avec ça, je sais que c’est une erreur de style mais franchement ça se tentait. Tu penses quoi de Marci ?
- Version honnête ou…ok ok. Je sais pas à quoi elle ressemble mais elle me fait peur Fog’, elle va te bouffer…Sérieux mec, je suis sûr qu’elle a un donjon dans le sous-sol chez ses parents.
-Ah.Ah. AAAAAAH ! »

Le dernier ah était un cri de peur de Foggy, strident à souhait et il m’avait presque sauté dans les bras. Il était à présent collé à moi, ses mains agrippées à ma manche, le visage à moitié caché derrière mon épaule. Moi ? J’avais senti cette présence depuis un moment, depuis que l’on était entrés pour être exact. Je savais qu’il s’agissait d’une femme, dans nos âges -à en juger par les battements de son cœur, je savais même comment elle était habillée même s’il était trop difficile de voir la couleur de sa robe ou de ses cheveux.

« Sérieusement Fog’ ? C’est qui ?
- La femme de ma vie., avait murmuré Foggy à mon oreille. « Le champagne est aussi bon ici et nous, on se planque pas dans un frigo…ça fait très serial killer !
- Comme l’affaire Scantamburlo ! Tu sais, la fille dépecée dans une chambre froide…bon là, techniquement, les rôles sont inversés.
- Oh merde Matt, je sais qui c’est !
- Wow, trop de préjugés pour un seul homme…enfin deux plutôt. Tout le monde n’a pas le chance de pouvoir faire des études, peut-être que les serveurs veulent juste gagner leur vie honnêtement, sans forcément conchier qui que ce soit…Fog’ ? C’est qui du coup ?
- Tu l’as pas reco…ah ouais, c’est vrai. Mec, c’est Felicia Hardy !
- Qui ? Oh…Felicia c’est pas le chat de ta mère ?
- C’est Felinda abruti. Là, je te parle de la femme qui crève l’écran, la star montante du cinéma, la tête d’affiche d’Échos du Passé mon pote !
- Dommage que je ne l’ai pas vu, alors…
- Franklin Nelson, mes amis m’appellent Foggy, est-ce qu…
- Son seul et unique ami. Et il n’y a que lui qui a un postérieur rebondi.
- Ferme-la Murdock ! Elle va nous faire entrer ! Hein mademoiselle Hardy ? Vous pouvez nous faire entrer ? Matt ? Matt ? »

Je n’étais déjà plus là. J’avais fait demi-tour pendant que Foggy exprimait toute sa joie, son bonheur de se retrouver face à une star du cinéma. Personnellement, ça ne m’atteignait pas et j’avais vraiment envie d’aller dans cette salle, de me mêler à cette société dont je ne ferais jamais partie. J’étais à présent appuyé contre la porte de la cuisine et de l’extérieur, on aurait pu croire que je regardais par le hublot de cette porte, que je voyais vraiment ce qui se passait dans cette gigantesque salle d’où un excellent Four to the floor retentissait. J’avais donc perçu la présence de notre infiltrée de la chambre froide depuis longtemps, mais j’avais également capté autre chose, une autre personne qui avait retenue presque toute mon attention depuis que nous avions mis les pieds ici.
J’avais toujours la bouteille de champagne que Foggy avait récupéré dans ma main et j’en bu une longue gorgée. C’était une femme, encore, qui était accoudée au comptoir. Elle était seule, enfin elle semblait vouloir l’être car à chaque fois qu’un homme l’approchait, il repartait le cœur battant et…et blessé ? Oui, depuis que j’observais, deux hommes déjà s’étaient approchés d’elle et elle les avait envoyés paitre. Je ne maitrisais pas mes sens comme je l’aurais voulu, mais ce que je pouvais voir à travers les échos et les baffles qui résonnaient était à couper le souffle.

Je me concentrais donc, mais quelque chose me dérangeait, quelque chose semblait bloquer mon esprit, l’empêcher de s’adonner pleinement à l’étude de cette créature de rêve qui avait le pouvoir dans cette salle. Elle était presque aussi grande que moi, excessivement svelte bien qu’un peu musclée, élancée et les courbes de son corps semblaient faire accélérer tous les palpitants dans un sacré rayon autour d’elle. Cette robe, qui semblait ne faire qu’un avec son corps était…marron. Non, elle était…cette odeur qui prenait mes narines me dérangeait, je l’avais déjà senti, impossible de me souvenir. Le bruit de la discussion entre la dénommée Felicia Hardy et Foggy ne me dérangeait pas, c’était cette odeur. Et cette femme dont les cheveux d’un…mmh, noir de jais, j’en étais sûr contrastaient avec la pâle couleur de sa peau.
D’où j’étais, je pouvais entendre les discussions entre les différents hommes qui avaient tentés leur chance et un seul et même nom revenait à chaque fois : Elektra. Pas commun et accrocheur avais-je pensé alors que sans m’en rendre compte, j’avais commencé à pousser la porte afin de me diriger vers elle. Ces types n’avaient aucune chance avec une femme comme elle et moi…moi j’étais totalement magnétisé, aimanté par sa présence, par ce qu’elle dégageait, par ses battements cœur, calmes et posés, dont le rythme semblait si parfait, c’était une véritable mélodie à mes oreilles.

« Oh… »

Un murmure pour moi-même rien de plus, alors que j’avais posé un pied en salle et que je m’arrêtais. Je l’avais, cette odeur, je l’avais. Je me rappelais cet article que j’avais lu dans un bouquin que j’avais emprunté un jour à la bibliothèque, je ne me souvenais pas du titre, mais ce passage m’avait marqué…parce qu’il m’avait rappelé un souvenir de mon enfance. L’odeur du printemps, lorsque du mariage entre l’eau et la terre sèche. Le choc thermique qui faisait que les plantent libéraient une sorte d’huile, l’odeur de la pluie plus ou moins. C’était ce qu’elle sentait, c’était ça qui me dérangeait. Il y avait cette senteur de frais, de douceur comme une rosée matinale, comme de l’herbe fraichement coupée et je n’avais croisé qu’une seule personne dans ma vie qui avait cette odeur, c’était il y a six ans.
Je m’arrêtais net alors que la femme au comptoir, tournait soudainement la tête dans ma direction. Son regard tomba sur moi, mes sens se braquèrent sur elle. C’était comme ces éleveurs de taureaux, j’avais soudainement l’impression qu’elle avait passé une corde autour de mon cou et que j’étais irrémédiablement attiré vers elle. Mais cette odeur…cette odeur était plus forte. Je pinçais mes lèvres à l’adresse de la si bien nommée Elektra, dans un geste d’excuse, dans une expression de dans une autre vie peut-être et refermais la porte de la cuisine derrière moi.

« Je rectifie Fog’, je la connais.
- …et en fait, sans moi il serait jam…quoi, sérieux Matt, j’arrivais au meilleur moment. Tu disais ?
- L’orphelinat Saint Agnès, il y a six ans environ. Elle m’a offert des mûres traitées à la Monsanto.
- Sérieux mec ? Tu pouvais pas le dire avant, j’étais entrain de…raah laisse tomber, c’est toujours pareil avec toi. J’vais tenter ma chance en salle…
- Attends Fog’.

Alors qu’il passait à côté de moi, j’attrapais son bras pour le retenir et le guider vers la porte de la cuisine, en m’aidant de la canne bien évidemment. Je m’abaissais légèrement au niveau de son oreille pour lui dire d’une voix basse.

« Il y a une fille au comptoir, le genre qui te tombe dessus une fois par vie. Non, ne demande pas comment je sais, je sais. Va la voir, dis-lui qu’elle n’a rien à faire ici, qu’elle doit s’ennuyer de voir les autres se gaver, s’amuser pour des choses aussi futiles. Dis-lui que tout ce qu’elle cherche en fait, c’est un moyen de se sentir vivante, d’avoir un frisson d’excitation et que malgré ta dégaine de bassiste de System of a Down, t’es capable de lui donner ce qu’elle cherche.
- Que…je…quoi ? Attends Matt, t’as vu qui c’est ? C’est la fille d’un diplomate grec, c’est hors catégorie. Et comment tu sais tout ça ?
- J’ai entendu des mecs discuter, à côté de la porte. Hors catégorie ? Est-ce que ça t’as déjà arrêté Fog’ ?
- Eh…accordé. J’ai l’air de quoi ?
- D’un bassiste Foggy, t’as l’air d’un bassiste mais tu parles comme le chanteur, alors fonces. »

Foggy leva les yeux au ciel, remis le col de sa chemise, celui de sa veste dans un claquement sonore et dramatique avant de passer la porte de la cuisine et de se diriger vers cette Elektra. Comme quoi, tous les univers n’étaient pas semblables. Je me détournais une nouvelle fois de ce hublot pour reporter mon attention sur cette fameuse star que j’avais eu l’occasion de croiser dans mon passé, à un très mauvais moment de ma vie. Un sourire amusé était imprimé sur mes lèvres, c’était vraiment marrant cette notion de plan -ou de destin comme l’appelaient certains. Quelles étaient les probabilités pour que nos chemins se croisent à nouveau ?

« Vous me remettez maintenant ? J’étais plus petit à l’époque et techniquement, plus larmoyant aussi. », dis-je en allant m’appuyer contre un plan de travail, posant la bouteille dessus avant de la faire glisser dans la direction de cette Felicia. « Mes excuses pour la blague sur le prénom, c’était déplacé. Vous n’êtes pas censée être en salle ? Parce que vu comment vous…enfin, comment mon ami vous a décrit, je ne crois pas que la cuisine soit votre place…Personne ne vous attend pour vous présenter comme un trophée ? Parader un peu en salle en disant regardez, c’est la mienne…ou c’est le cas et c’est la raison pour laquelle vous enchainez les blinis dans une chambre froide. »              


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Felicia Hardy
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Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Empty
MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyDim 21 Jan 2024 - 23:26





AlbatraozLet me tell you all a story
About a mouse named Lorry
Yeah, Lorry was a mouse in a big brown house
She called herself "The Hoe"
With the money, money flow
But fuck that little mouse
'Cause I'm an Albatraoz

     Felicia n'aime pas cet environnement. En tout cas, pas comme ça. Pas avec ces hypocrites qui se savent dans le pouvoir, et non dans la spontanéité, le partage. Tout le monde là bas cherche à tirer la couverture à soi, quitte à la déchirer. Et si quelqu'un a un plus gros morceau, c'est sur lui que l'on se jettera au besoin, pour peu qu'il ne sache pas utiliser ce tissu à convenance. Alors oui, c'est comme avec ses colocataires, ou ceux qu'elle rencontre par hasard dans des soirées moins huppées. Felicia se sent plus vivante, moins ennuyée par son nom, sa condition, son apparence qui n'est à leurs yeux qu'un outil pour se pavaner. Elle, elle veut juste qu'on la voit rayonner, s'épanouir, rire aux éclats et s'embarquer avec elle dans toutes ces choses faites de mots, de sentiments, de personnages faisant lever des émois, briller des yeux ou crisper des mâchoires de contrition. Et dire qu'à une époque, elle détestait les mots. Elle préférait toucher, chercher débloquer des trucs comme pour ouvrir des coffres, des endroits secrets. Mais tout avait changé quand un jour, son père lui avait montré Blade Runner. Rachael, l'actrice jouant Rachael, Sean Young, l'avait complètement hypnotisée dans sa manière de jouer le Replicant. D'être ... un drame, un dommage collatéral d'un monde impitoyable, un objet. Le choc des paroles de Deckard sur sa personne, de ne pas savoir quoi répondre et exprimer bien plus par un regard des dizaines de mots ou de phrases cette douleur d'être dévoyée, arrachée à cette identité, cette mémoire ... Rachael avait fait battre le cœur de Felicia Hardy, pour enfin la faire pleurer après cette seule larme.
Alors oui, ces deux invités impromptus changent la donne. De par leurs interactions, leur complicité. Ce Foggy par ses simples expressions, de son hurlement, à ses remarques la concernant l'ont captée de bout en bout, comme la petite et esseulée princesse bien trop curieuse qu'elle est.

— Avec un plateau et des macarons ... ? Même Doofy dans Scary Movie a plus de cachet à ce niveau.

Dit-elle en haussant fort les sourcils. Mais ils continuent de se parler, de parler, et continuer de rayonner par leur spontanéité et leur dynamique sans prendre en compte ce que venait de dire Felicia. Enfin jusqu'à ce que le brun à lunettes la corrige sur sa remarque concernant les serveurs, et capte un temps son attention.

— Ah parce que vous connaissez beaucoup de serveurs qui veulent lécher des Bexley. Si le cuir de luxe est à leur goût ...

Réplique-t-elle donc, en croquant dans un nouveau macaron. À la fraise cette fois. Ou peut-être framboise ? Un ... un mélange des deux ??? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, motto de la cuisine de riches. En tout cas le brun reporte son attention sur son ami, qui d'ailleurs regarde la blonde comme si un éclair, une révélation de Dieu lui-même lui était apparu en écho. Felicia, intriguée, perplexe, quand à la façon dont il la regarde fronce les sourcils et plisse les lèvres. Ah non. Pas lui, elle commençait à l'apprécier. Mais au final son préjugé saute dans un canon et dégage vers l'infini et au delà quand il fait référence à son court métrage. Et là son coeur tambourine, sa moue perplexe et encore baissée par la profonde mélancolie qui la hantait disparait. Il est cinéphile ? ! Elle espère ! Sauf que la remarque de son ami concernant le chat lui reste un peu en travers de la gorge.

— Le chat de maman ne griffe pas à vue lui. Et ça me titille là, parce que me faire comparer à tout sauf à un humain ce soir commence à sérieusement me gonfler.

Le Foggy n'a pas l'air de capter son sous entendu, bien trop occupé dans toute sa passion à lui expliquer qui elle est. Et Felicia, gênée par cet intérêt si puissant, commence à baisser les yeux. Elle les laisse s'époumoner pendant qu'elle essaie de ne pas s'embellir sous cette reconnaissance. Le second larron de ce duo disparait cependant, et bien trop perturbée ce premier élan du brun à cheveux longs, Felicia essaie de balayer d'une voix un peu tremblotante son compliment.

— C'est qu'un court métrage.
— Qu'un court métrage ? Ce monologue sur ce qu'est l'amour, la distance avec l'obscurité de la nuit pour seul habit sur votre dos,
vos mains qui se resserrent à l'évocation de ce vide sur vos bras, votre gorge. Ces larmes quand vous dites "l'amour perdu est comme une étoile filante qui brille intensément avant de s'éteindre. On se rappelle de sa splendeur, mais on ne peut que regarder impuissant sa disparition inévitable. Alors que le vœu que l'on a prononcé en la regardant reste à jamais tatoué sur cette chair que l'on veut garder secrète, on s'en remet alors à ces choses illusoires qui nous rappelleront sa lumière. Un simili, un souvenir. La foi en un Dieu qui jamais ne nous répondra. Mais l'on sait que rien ne la remplacera" C'est ... c'est beau. Prenant. Triste. Le deuil d'un amour fort. Et ... et ... cet allongé sur la plage, alors que l'eau commence à remonter avec la marée ...


Cette fois, ses yeux filent vers l'un des placards et elle se sent chaude, désemparée. Elle se souvient combien elle avait mis de force dans cette séquence et ressentait à nouveau la pression de ses doigts contre sa gorge lorsqu'elle avait mimé cet étranglement de sa personne pour que s'arrête le suicide mental de son personnage face à l'absence. L'envie de se noyer et se perdre à jamais maintenant qu'elle n'était plus rien, sans elle. Les pommettes de Felicia remontent, rougissent. Il l'a conquise. Cinéphiliquement parlant, et tant pis si le mot n'existe pas.

— Tu peux me tutoyer. Je suis pas ta mère. Mais ... Tu sais que le réalisateur ne croyait pas au coup de la marée ? Il m'a dit que c'était complètement stupide et que j'allais attraper froid pour rien. Et au final, ce qui devait se faire dans une chambre d'hôtel, s'est fait sur le sable quand il a vu avec quelle intensité je restais juste à regarder le ciel qui peu à peu se nimbait d'étoiles et perdait sa craie orangée au profit de l'encre. Du coup Franklin ?
— Appelle-moi Foggy. Et t'aimes que le un de Scary Movie ?
— Le un reste un incontournable. Tu ne peux pas passer à côté de cette beauferie cringe. Même la blague de Bobby et Ray gays qui tombent dans cette position ... Ou ... ou ...
— Shorty et la fumée ?
— Mais oui !!! Tu veux un macaron ?
— Merci ! Tu sais, sincèrement, j'aime bien Matthew, mais regarder ce genre de trucs avec lui ... j'ai l'impression d'être tout seul à rire.
— Comme quand tu pètes dans un amphi et que tout le monde te regarde.
— Tu ... je m'attendais pas à ça en comparatif, mais ... c'est totalement ça.

Les deux s'échangent un regard à la fois rieur et un peu gêné, avant de tout bonnement sourire en mâchant leur macaron respectif. Et ils continuent de parler un temps, en citant des films populaires sur lequel chacun doit trouver la réplique. Ça par du tac o tac avec parfois des moments où ils pouffent et se marrent. Mais ça a une fin, car de base, ils ne sont pas là pour ça. Même si maintenant Foggy a envie de passer plus de temps avec la blonde. La femme de sa vie, comme il avait si bien dit.

— Donc tu peux nous faire entrer ? Je t'assure qu'on est géniaux. Et je serait ravi de pouvoir t'accompagner. On pourrait parler films. Je t'expliquerai à quel point on est incroyables.

Même si il s'y met déjà, et commence à parler de quelques bouts de vie en colocation avec ce fameux Matthew. C'est comme si elle y était, et ça la fait rayonner de bonheur de partager ces choses simples et spontanées.

— … et en fait, sans moi il serait jam…quoi, sérieux Matt, j’arrivais au meilleur moment. Tu disais ?

Le brun à lunettes, nommé Matthew ou Matt est revenu. Felicia qui était assise sur le plan de travail du meuble sursaute à en faire rebondir ses fesses sur la surface, et son visage se décale rapidement vers lui, complètement perdue. Hein ? Monsanto ? Des mûres ? Cela lui rappelle quelque chose. C'est loin, diffus. Elle entend son rire face à sa réplique, parce qu'il lui dit de but en blanc qu'elle est moche, mais ça lui convient très bien, vu qu'on ne lui dit pas souvent ça. Ça change. Et Foggy a l'air dépité. Il se passe quoi en fait ? Oh et puis zut, si l'autre veut jouer les rabat joie qu'il le fasse, elle va se venger sur les toasts au wagyu.



     Cependant, alors qu'elle s'apprête à avaler ce toast, l'homme l'arrête alors qu'elle ouvre la bouche. Son coeur saute dans sa poitrine, ses yeux s'agrandissent. Elle a envie de lui dire que niveau tentative de drague directe il y a mieux. Mais ... son coeur, sa mémoire lui disent de se taire. Alors ... elle l'observe plus en détail. Ces lunettes de soleil, cette canne, ce petit sourire ... ce t'es pas si moche et techniquement. Le fait qu'elle soit revenue une, deux ... six fois ? Elle se souvient d'un truc. D'un bracelet rouge tressé à l'indienne, fait par ses soins. D'un caillou, ramené d'une plage qui lui avait fait penser au verre de ses lunettes. Laissé sur ce même banc. Parce qu'elle voulait le revoir, lui parler, savoir si il allait mieux.

— Hm. Je crois me souvenir oui. Je vois qu'au final vous ne ressemblez pas aux fesses de votre grand mère.

Elle se remet à manger le toast, en faisant comme si ça ne lui faisait pas grand chose. En vrai, ça a été une des plus grandes déceptions de ses quatorze ans. Ne pas le revoir, attendre une heure sur ce banc avant que le chauffeur ne l'interpelle et lui dise de rentrer chez elle. Ne même pas lui dire son nom alors qu'elle le connaissait, elle. Et ce qu'il dit, concernant le fait de parader au bras d'un des ces mecs se trouvant là bas, la pince au cœur. Parce que ... Felicia est simplement heureuse de le revoir, d'espérer avoir ce lien complice d'autre fois, qu'ils se sont passés entre eux. Mais ... mais ses remarques lui rappellent son statut d'adulte. La distance, le fossé entre eux n'est que plus impitoyable. Elle attrape cependant la bouteille de champagne glissant dans sa direction en hochant la tête pour le remercier poliment.

— Ça se résume à ça selon vous la vie d'une femme dans ce monde Matthew ? Parader au bras d'un homme qui vous fait sienne, sans que vous ayez votre mot à dire ? En sachant que si j'avais été moche, je serai juste une fille de riche qu'on traîne comme un sac empli d'or, mais que l'on ne regarde pas parce qu'il n'est pas fait du cuir le plus noble ?

Elle boit un coup, sans prendre le temps de récupérer un verre, bien qu'elle passe la pulpe de ses doigts contre les coins de ses lèvres pour éviter toute échappée de liquide pétillant lors de la prise de cette gorgée.

— Pendant que vous, vertueux membres masculins de la plèbe, vous regardez avec intérêt, envie, ces personnes que jamais vous ne pourrez atteindre parce que vous n'avez pas les sous pour parader à leur bras. Ce qui en résumé participe à une stigmatisation sociale, créant des disparités inéquitables dans l'accès aux opportunités. Et quelle opportunité ... être au bras d'une midinette de riche ayant pour autre argument sa simple beauté. Mais ça peut s'arranger ! Il suffit d'appeler le 001 202 010 1234 pour tomber sur notre service d'achat.

Elle saute du plan de travail, prenant la bouteille comme un micro. Son autre main se lève, et elle s'avance telles ces présentatrices de télé achat allant d'un bout à l'autre du plateau pour rejoindre le fameux objet présenté à des prix défiant toute concurrence.

— Blondie 2005. Poupée de luxe valant normalement la modique somme de 20 000 dollars l'heure. Un rêve devenu réalité, touché du bout de vos doigts, proposé en échange de quelques blinis et un champagne valant plus que votre salaire mensuel ! En échange de cela, vous aurez la possibilité d'intégrer son monde et avoir des connexions essentielles à votre montée sociale.

Et Felicia affiche son plus beau sourire type Colgate, en glissant nonchalamment sa main le long de son corps.

— C'est de bonne guerre face à ma remarque sur les serveurs. Je suis surtout venue pour ma mère. Elle en a besoin, vu qu'elle aussi, essaie de monter le grand ascenseur social, alors que techniquement, elle a un Brownie 3000 au top du top.



    Elle revient vers lui, pour enfin sauter par dessus ce fossé social, tendant la bouteille pour qu'il puisse y boire lui aussi. Bien que les lunettes barrent son regard, et laissent planer une aura mystérieuse et singulière, Felicia ne se montre guère intimidée. Joueuse, mais pas intimidante. Ce n'est pas sa marque de fabrique de jouer les sombres femmes fatales. Chose qu'elle a en commun avec son père, qui lui aussi en tient une en termes de pitreries, depuis qu'il s'est absout de ses liens avec sa famille.

— Vous me maltraitez injustement, Matt. Je n'ai jamais prétendu être supérieure à quiconque, pas même à des serveurs. Je suis autant faite de chair et de sang qu'eux, et je sais à quel point ils ont besoin de ce job pour survivre et avoir encore un toit au dessus de leur tête. Peut-être même que ça les rapproche d'un orphelin, qui se doit, après d'intenses pleurs, se relever pour avancer et trouver de lui-même un moyen de vivre ici bas, alors que le monde est injuste.

Peut-être qu'elle se montre aussi acide, méprisante. Un orgueil déplacé qui certes s'enrubanne d'une soie délicate, douce, autour du cou de l'étudiant aveugle. Une chose dont elle ne s'était jamais offusquée, choquée. Pour lui, il avait été un garçon comme les autres.

— Votre condescendance est évidente, tout comme la mienne en cet instant. Vous méprisez mon milieu, ma situation, et moi-même. Cependant, je ne peux pas vous laisser piétiner l'estime que j'ai pour ma personne en acceptant vos si intelligentes remarques sur ma condition, et mes propres batailles.

Et elle pose la bouteille sur le plan, pour la mettre à côté de lui, sur ce plan où plus tôt, il l'avait faite glisser. Jamais, elle ne baisse son regard. Jamais. Elle se permet même de faire une moue désinvolte à son endroit. Intense, passionnée, enflammée. C'est le traitement qu'aurait eu Hearst face à cette assemblée. Un argumentaire fait de bon mot, d'émotion et surtout, d'une implacable beauté cruelle.

— Du coup, vous voulez m'acheter pour parader Matthew ? Il parait que ça vaut une bouteille de champagne et quelques blinis. Une affaire à saisir, maintenant, ou jamais. Ou ... peut-être que ce modèle est défectueux, finalement. Il parle trop. Et moche, techniquement.

Et dire qu'il y a quelques instants, elle était juste heureuse de le revoir. Que son cœur battait dans l'espoir d'un regain, d'un souvenir, d'un début de conversation qui jamais n'avait pu commencer. Maintenant, elle a l'impression qu'il ne vaut pas mieux que les autres, et qu'à nouveau, la solitude et l'incompris l'étranglent de leur mépris.
Yeah, Lorry said she was a mouse
Smoked that cheesn' like a baoz
Monilie, money, money hoe
Chinka, chinka, chingka-flow
Lorry was a witch
Yeah, a sneaky little bitch
So fuck that little mouse
'Cause I'm an Albatraoz
✿ Elli


Hope you Know
I hope you know there's a part of you that lives in every note and every step I take along these broken roads that I've been walking and the time between us talking is so much longer now, but I still call you home. I hope you know. -byendlesslove

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Matthew M. Murdock
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Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Empty
MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyLun 22 Jan 2024 - 11:37




(WHAT IF...) WE WERE SOULMATES

It's gonna take a lot to drag me away from you. There's nothing that a hundred men or more could ever do. Hurry boy, she's waiting there for you--  feat. @Felicia Hardy



L’odeur me dérangeait, je n’arrivais pas à la cerner et c’était perturbant. Foggy reconnaissait la fille, m’expliquait de qui il s’agissait et je répliquais de cette remarque sur le chat de sa mère. Seulement, je n’étais pas vraiment là, j’étais en pilotage automatique, chose que je faisais assez souvent avec Fog’, mais pas dans ce genre de situation. Généralement, c’était plutôt quand il devenait un peu trop envahissant, ou que j’essayais de me concentrer avec sa voix en fond sonore. Ce type était un véritable moulin à paroles alors même si j’étouffais volontairement sa voix grâce à mes sens, je l’aimais. À son tour, notre invita surprise répliqua, reprenant cette remarque sur le pauvre chat de madame Nelson -adorable cela dit en passant et, elle cuisinait les ragoûts de bœuf comme personne. Sauf que même si la fille rétorquait de la meilleure des manières, qu’elle commençait à montrer les griffes, je n’écoutais pas vraiment. Comme je le disais, j’étais ailleurs, concentré sur mes sens et ce qu’ils me faisaient ressentir alors qu’en même temps, j’étais parfaitement à même de répondre et de tenir la conversation.

« Wow, j’ai jamais fait une telle comparaison !
- Wow ! Il a jamais fait une telle comparaison !
- Et en plus, Felinda est hyper agressive !
- Carrément ! Après elle est pas toute jeune non plus hein, elle a du mal à reconnaitre les gens.
- Ooooh ! Alors c’est pour ça qu…
- Qu’elle t’as attaqué la dernière fois ? Non, no offense Matt, mais je crois que le courant passe pas entre elle et toi en fait, les chats, c’est pas ton truc.
- Ah…je sais pas quoi dire Fog’, je pensais vraiment qu’il y avait quelque chose avec ce chat. Tu sais, un peu comme dans…ah c’était quoi déjà ?
- N’oublie jamais ?
- Oui ! Je suis parti à la fac, elle a cru jamais me revoir et elle a refait sa vie.
- Ca expliquerait le côté agressif ouais.
- Sauf que Noah et Allie finissent ensemble non ?
- Cherche pas vieux, elle t’as oublié.
- Dur. C’est un cap à passer. Ta sœur est toujours célibataire ?
- Wow, wow, WOW ! Ça va trop loin, je peux pas te suivre là-dessus Matt. Et on a des règles sur la famille, là, c’est limite…
- Techniquement, Candace est ta demi-sœur…
- C’est vrai. En plus elle t’aime bien.
- Ouais, je sais.

Et je m’éloignais donc vers la porte de cette cuisine, mimant mon meilleur je suis désolé dans un haussement d’épaule à l’adresse de mon meilleur ami, qui ne perdait pas de temps pour s’accaparer la fille. Je restais quelques secondes contre cette porte à fixé mon ami, à le regarder, à l’écouter parler de ce film dans lequel elle apparaissait. Film que nous avions regardé ensemble, film devant lequel je m’étais lamentablement endormi. Voir cette passion dont faisait preuve Fog’ en parlant d’une scène dont je n’avais pas souvenir me fit sourire et le pire, c’est qu’en face…il n’y avait plus rien, plus de répondant. Juste une fille qui rougissait face à la culture de Fog’, face à sa mémoire incroyable et sa verve légendaire. S’il avait pu voir derrière ces lunettes, si mes yeux avaient normalement fonctionné, il aurait pu voir que le regard que je lui jetais était bourré de tendresse.
Le bruit de la discussion entre cette Felicia et Foggy reprit dans mon dos mais avec un peu de concentration, avec un peu de cet entrainement subi avec Stick, je parvenais à l’inhiber, à n’en faire qu’un vulgaire bruit de fond. Pourtant, je ne parvenais pas à isoler cette odeur qui me prenait le nez, qui chatouillait mon odorat et me faisait me sentir étrangement bien. Et plus les secondes s’écoulaient, plus cette odeur devenait prenante, plus j’avais l’impression d’être sous cette pluie de printemps, tiède et rassurante. Eh, un peu comme Noah et Allie au final.

Mais pour le moment et même si mon cerveau moulinait pour remettre un endroit, une personne ou un moment auquel j’avais senti pour la première fois cette odeur, j’étais plus occupé, plus concentré sur cette femme qui crevait l’écran. Là aussi il y avait quelque chose, il se passait même quelque chose en moi. J’essayais de comprendre, de saisir pourquoi est-ce que j’avais senti cette femme depuis la cuisine, presque avant même notre arrivée pour être précis. Juste, pourquoi ? Les sourcils froncés derrière ces lunettes noires, je focalisais mes sens sur elle, sur ce qu’elle dégageait, sur les battements de son cœur et en toute franchise, c’était ça qui me dérangeait le plus chez elle. Paradoxalement, c’était ce qui m’attirait également mais…mais il y avait un truc, quelque chose que je ne captais pas, quelque chose qui me dépassait complètement.
En fait, c’était trop parfait, c’était trop beau pour être vrai. Et puis, tous les types qui l’avaient approchée depuis plusieurs minutes étaient beaucoup plus beaux, beaucoup plus riches que moi…mais peut-être pas aussi éloquents. Ça, c’était mon petit point positif de la soirée. Non vraiment, elle aurait pu repartir avec n’importe qui et ce qui m’intriguait, c’était qu’elle semblait attendre quelqu’un ou plutôt, qu’elle semblait m’attendre, moi, parce qu’elle jetait de temps en temps un coup d’œil vers la cuisine. Et son cœur, son rythme était beaucoup trop propre, trop maîtrisé, trop juste. Il ne s’emballait jamais à l’approche de qui que ce soit, c’était un métronome impassible.

Pourtant, j’avais franchi cette porte et j’étais prêt à la rejoindre. J’étais comme ces navigateurs attirés par le chant des sirènes, envoûtés par leurs voix, incapables de voir qu’ils se dirigeaient vers des rochers qui allaient détruire leurs embarcations, leurs vies. J’étais exactement dans la même situation que ces pauvres hommes, sauf que moi, j’étais attiré par la mélodie de son cœur, par l’aura qu’elle dégageait parce que tout…tout ce qu’elle avait semblait être fait pour m'attirer. Et j’aurais pu la rejoindre et engager cette discussion qui dans un autre univers, aurait sans doute changée ma vie. J’aurais pu traverser cette pièce au rythme des battements de son cœur et devenir ce que dans ce monde, j’avais refusé d’être.
Sauf que lorsque son regard croisait le mien, lorsqu’elle pensait enfin m’avoir accroché, aimanté, mon cerveau terminait son analyse. Cette odeur, cette fille, je la connaissais. Alors, je n’étais plus comme ces navigateurs mais comme Ulysse et, les cordes qui me retenaient au mât étaient les effluves de cette pluie de printemps. Cette femme, cette dénommée Elektra n’avait donc aucun pouvoir sur moi et je faisais demi-tour, claquant la porte au destin pour ouvrir celle d’une autre possibilité. Je suivais un bref instant Foggy du regard alors qu’il s’éloignait en salle et je rejoignais cette Felicia. Cette gamine de l’époque qui avait toujours été adorable avec moi, toujours.

« Et toujours pas constipé ! »

Et avant que j’ai pu ajouter quoi que ce soit, avant même que j’ai pu lui avouer que quelque part, cela me faisait plaisir de la revoir, elle attaqua. Comme je le faisais avec Fog’, je l’écoutais avec un petit pourcentage de ma concentration, le reste étant focalisé sur elle, afin de parvenir à vraiment la voir. Forcément, elle n’était pas vraiment comme dans mes souvenirs, elle avait grandi, tout comme moi et cela changeait pas mal de choses, notamment dans nos interactions et ça se voyait. Ce que je retrouvais chez elle, ce qui m’avait marqué à l’époque malgré cette apparente cécité, c’était ses grands yeux bleus. Aujourd’hui encore, avec ce maquillage, avec son âge, ils étaient encore plus marqués, encore plus grands, encore plus.
J’avais bien fait de me raviser à l’époque en lui disant que techniquement, elle n’était pas si moche. C’était encore plus vrai aujourd’hui mais, la vérité qui sortait de la bouche d’un gosse n’était pas bonne à entendre, à dire, dans celle d’un jeune adulte. Je l’écoutais donc, j’entendais le son de sa voix et soudainement, alors qu’à travers cette-dernière j’en étais arrivé à détailler ses lèvres, son nez, je l’entendis. Jusqu’ici, il n’avait été qu’un faible ronronnement en arrière-plan, un bruit vague, distant, masqué par celui de cette Elektra. Mais à présent que j’avais fait un choix, à présent que j’étais revenu vers cette réminiscence du passé, je pouvais clairement l’entendre. Son cœur. Et il n’était en rien comparable avec ce que j’avais pu percevoir chez cette fille de diplomate. Celui de Felicia était…était vivant, habité et donnait la mesure de ces propos, d’une certaine fougue, d’une franche insouciance qu’elle dégageait alors qu’elle m’offrait sa plus belle représentation.

« Je ne suis pas ce genre d’homme. », répliquais-je simplement, sur un ton neutre…peut-être un peu vexé qu’elle n’ait pas compris que j’étais de son côté. « Le vertueux membre masculin de la plèbe est à deux doigts d’être impressionné par votre discours, Foggy l’aurait été. », dis-je avec un bref sourire en coin. « Vous êtes entrain de me tendre la bouteille, c’est ça ? »

Je l’avais très bien vu sauter de ce plan de travail, se servir de la dite bouteille comme s’il avait s’agit d’un micro et là, je la voyais parfaitement me tendre la bouteille. Sauf que j’avais un rôle à tenir, je n’étais pas censé savoir ce qu’elle faisait et pourtant, il me semblait tout savoir d’elle. C’était si étrange d’avoir cette possibilité de voir cette fille à ma manière, de détecter son sourire, les changements de températures sur sa peau alors qu’elle repartait de nouveau dans un monologue.

« Je ne maltraite personne, j’expose simplement des faits, Felicia. Vous, vous vous êtes contentées d’interpréter mes propos, de les déformer, d’en faire la lecture qui vous convenait parce que vous avez injustement cru que je vous attaquais. La condescendance est une chose, le mépris en est une autre et ni l’un ni l’autre ne font partie de mon vocabulaire. On pourrait croire qu’un gamin orphelin a toutes les raisons d’en vouloir à la Terre entière et ce serait beaucoup plus facile à croire, mais ce n’est pas le cas. Je ne répugne pas votre milieu ou votre situation, je répugne ceux qui le crachent au visage, qui se servent de ce qu’ils sont comme d’un levier. Le monde est injuste et ces gens-là en font leur fonds de commerce. Ces gens dont je parle ne sont pas fondamentalement bons avec un enfant qui pleure. Ils l’enfoncent, l’utilisent et le broient pour en faire quelque chose à leur image, ils ne lui tendent pas la main. »

Je m’étais assis sur le plan de travail et prenais à présent quelques secondes pour déguster un toast, un de ceux que Fog’ avait goûté…au caviar. Franchement, ce n’était pas une réussite. Je grimaçais comme il avait pu le faire plusieurs minutes auparavant.

« La proposition est tentante, mais vous savez aussi bien que moi que je n’ai pas ma place ici. Tout comme vous. Vous l’avez dit, vous êtes ici pour votre mère, pas parce que vous en avez besoin. Non vous, votre truc ce serait plutôt de passer la soirée avec un type comme Fog’, capable de vous tenir en haleine juste par sa culture cinématographique…et Dieu seul sait que c’est son domaine ! Ce n’est pas le genre de soirée pour vous et ça vous emmerde profondément d’être là, même si dans le fond, vous vous dites que vous faites ça pour votre mère…et Brownie 3000. Ce n’est pas le genre de soirée où l’on se sent vivant, où l’on s’amuse vraiment…ici, on ne vit que pour le regard des autres et non pas à travers. »

Je marquais une pause, attrapais cette bouteille de champagne en tâtonnant très brièvement sur le comptoir et la portais à ma bouche avant d’en boire une longue gorgée. Je ne l’avais pas oublié, je n’avais jamais vraiment oublié cette gamine qui était venu me voir. Je n’avais jamais oublié cette fille qui avait été là pour moi, qui m’avait écouté parler et qui était à chaque fois revenue pour moi. Reposant la bouteille, je pinçais les manches gauches de ma veste et de ma chemise et, les remontaient de quelques centimètres. Le bracelet qu’elle m’avait offert un jour était toujours là. Usé, passé, décoloré, mais il n’avait jamais quitté mon poignet.

« Parfois, il y a des gestes qui ont beaucoup plus d’importance que ce qu’ils portent. Comme un bracelet offert à un gamin perdu, juste pour lui faire comprendre que le monde ne s’est pas écroulé. »

Mes lèvres se fendirent d’un sourire sincère, reconnaissant pour ce qu’elle avait fait à cette époque. Sans qu’elle le sache, elle avait eu un impact sur ma vie, sur les décisions que j’avais prise par la suite. Comme dans un autre univers, j’aurais pu m’enfermer dans ma solitude et me fermer définitivement à cette fille qui était revenue me voir. J’aurais pu l’envoyer paitre, me complaire dans mes malheurs, dans ce que ce monde injuste m’avait imposé. Sauf que dans cet univers, j’avais accepté cette main tendue. Et, descendant habilement du plan de travail, je lui tendais à présent la mienne.

« Deux possibilités Blondie 2005. On peut aller dans cette salle, ensemble et tu devras subir ces fameux regards de jugement, parce que tu marches, danses, parades avec un pauvre étudiant en droit, sapé d’un costume de location qu’il a peur de tâché à chaque instant. La deuxième ? J’ai menti, il n’y en a qu’une et je pensais gagner suffisamment de temps pour y réfléchir. »             


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Felicia Hardy
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Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Empty
MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyLun 22 Jan 2024 - 14:40





AlbatraozLet me tell you all a story
About a mouse named Lorry
Yeah, Lorry was a mouse in a big brown house
She called herself "The Hoe"
With the money, money flow
But fuck that little mouse
'Cause I'm an Albatraoz

     Elle s'est complètement fourvoyée. Elle si habituée à jouer un rôle, déceler les contours d'une personne par un script, à se laisser emporter dans les torrents d'émotion et de possibilités, s'est plantée en beauté parce que ... parce que cet homme n'est pas un script. C'est un livre parfaitement fermé, avec une couverture attrayante dans son ouvrage, bien que dans ses couleurs cela reste sobre et mesuré. Elle s'est aussi plantée comme un rhododendron ou tout autre plante avec un nom à rallonge complètement con parce qu'elle était tellement heureuse de revoir ce garçon qui avait été un rêve de jeunesse et d'espoirs la reconnaître, et ranimer cette flamme dont il ne restait que quelques braises encore conservées et maintenues en vie dans cette mémoire et ce cœur accroché au romantisme de la vie. Tout ça à cause de ces conventions, de ce qui a été imprimée en elle, rabâché sans cesse. Trop belle ? C'est un objet. Trop libre ? C'est une gold digger. Trop fière ? C'est une emmerdeuse. Quand on a les spots braqués sur soi, il est difficile de ne pas apparaître comme l'essence même d'un jugement. Un geste, un mot et on vous qualifie à l'humeur du jour, comme un plat de restaurant fait avec les arrivages du moment. Blonde et bête, drôle et moqueuse. Belle mais insipide. Bonne à marier, mais pas trop quand même, sinon elle va cumuler les divorces et les aventures. Que des préjugés, sans possibilité de se justifier. Bon gré mal gré, parce que Matthew a été l'image de ses espérances éteintes, Felicia s'était lâchée en exprimant son mal avec cette envie de lutter, crever l'écran comme jamais et leur montrer à tous qu'elle vaut bien plus que leurs impressions. Elle l'a ensuite fiché comme les autres pour se protéger quitte à le blesser, fuir, et le laisser seul dans cette cuisine.
Mais il reste. Droit, imperturbable, alors qu'en face d'elle cette boule blonde aux grands yeux bleus s'enflamme, en le menaçant de le brûler. il la confronte sur ses mésententes, sur le fait qu'au final il la soutenait plus qu'il ne s'en moquait. Non, il ne s'était jamais moqué d'elle à dire vrai. en plus de ça, elle oubliait complètement qu'il était aveugle parce que ... parce que pour elle, elle ne voyait que le petit garçon qui lui avait arraché un rire franc en la traitant de moche avec cette spontanéité déconcertante. Ça aussi, ça la déstabilise. La flamme vacille, se penche et évite donc de brûler le brun dans l'image. Felicia fait un pas en arrière et tourne vivement la tête pour regarder ailleurs. Il a raison. Elle s'est fourvoyée, et cela l'incline à silencieusement ravaler sa fierté en inspirant fortement quitte à en compresser son ventre et trembler sous le poids de cette hardiesse. Oui, ici, on ne vit que pour le regard des autres et non pas à travers, et ça l'emmerde profondément.

— Ok.

Pardon Felicia ? Ok ? Et je m'excuse, ça t'arrache la gorge ? ... Oui. Ce serait avouer qu'il a raison, mais de toutes manières tu as beau être ce livre ouvert qui fait exprès de tourner rapidement les pages pour lui éviter de lire tous les contours, il arrive quand même à discerner par mots clés ce qui te fait. Et ça, franchement c'est perturbant. Cependant, quand elle le voit du coin de l'oeil remonter cette manche, la curiosité prend le pas sur sa vaine indifférence. Le bracelet. Ce bracelet en tresse indienne qu'elle avait fait à l'époque, rouge et noir est toujours à son bras, bien qu'un peu blanchi vu que cela fait quatre ans. Et sans pouvoir le réprimer, Felicia plaque ses doigts contre sa bouche, à deux doigts de lâcher un petit rire car ... à l'époque elle ne savait pas trop comment jauger un tour de poignet et donc, elle l'avait fait trop grand. Mais il n'y a pas que ça, qui illumine ses traits et son regard. Il y a ses paroles, et le rappel du fait qu'elle avait toujours eu à cœur, même si c'était un parfait inconnu, de partager avec lui ces choses désuètes, d'être son soutien parce qu'elle savait que sa peine ce jour là avait un sens, et d'établir innocemment ce lien.



     Dans cette vie, c'est lui qui lui tend la main. C'est lui, sans pareil, sans blessure et sans repoussé, qui lui pardonne son impertinence et ses ardeurs, brise ces murs d'un coup sec dès leur première vraie interaction. Et Felicia respire difficilement, perturbée, attirée, dépassée par ces états de fait et sa capacité à répliquer avec cette verve douce et ce timbre posé. Elle en arque les sourcils, papillonne des yeux et est silencieuse de bout en bout, comme si il avait tout aspiré par tout ce plaidoyer contre l'injustice de ce monde qui les a frappée chacun à leur manière. Et il la tutoie, frappant du pied (ou de sa canne) le sol tel un Moïse, pour refermer la crevasse, plutôt qu'ouvrir la Mer Rouge.

— Pour le costume, sache que le service achat peut te proposer, si ta Blondie 2005 revient dans le stock familial ravie et comblée, un pressing gratuit.

Réplique-t-elle avec plus de gaieté dans la voix, et en approchant sa main de la sienne. Ses fins doigts flirtent de leur pulpe, sur celles de Matt, comme si au final, il n'avait fait qu'amener le chat qu'elle est à le frôler. Cela se change bien vite en une caresse plus prononcée, où les fameux doigts glissent et rejoignent la naissance de sa peau.

— Quand à la seconde proposition, cela dépendra de comment tu peux t'en sortir là dedans, petit Matt. On pourra y réfléchir.

Et ainsi, elle lui serre la main dans une délicate étreinte, en le regardant droit dans les yeux. Droit dans les verres, plutôt. Puis, elle les écarte pour filer sous son bras et se coller de son buste contre celui-ci afin d'affirmer sa prise et qu'enfin, elle a compris sa condition. Elle le guidera, sans savoir qu'il n'est pas si aveugle que ça hors de la cuisine, en se posant des questions.

— Pour la danse cependant, j'ai comme qui dirait un doute. Tu sais vraiment danser ? Enfin je veux dire que tu as sûrement appris des pas, et qu'on pourra s'en contenter. Et même ... même juste te faire la conversation ça me fera plaisir. Vraiment.

C'est sincère, il n'a pas besoin de se plier en quatre. De se rendre romantique à l'extrême ou se forcer à ses yeux. Parce qu'elle est comme ça aussi dans cette vie Felicia : Généreuse. Bien entendu quand ils arrivent en salle bras dessus bras dessous, nombre d'invités vissent leurs mires sur eux. Ils doivent se demander si c'est un sketch, un exotisme voulu par la jeune fille en raison de sa récente montée dans les recherches et intérêt du moment. Felicia parle plus bas en jetant des regards à l'envolée ou de légères salutations à ceux qu'elle reconnait.

— Tu sais, Matt, j'ai toujours voulu te parler. Et ... pour tout à l'heure, j'ai été odieuse avec toi.

Elle affiche un merveilleux sourire bien qu'elle soupire subrepticement face à la pression des regards, qui viennent aussi de ses parents. Sa mère a l'air complètement choquée avec sa bouche en o, et son père fixe Matthew comme si il venait d'enfin découvrir le mafieux tentant de saboter son business. Et merde. Elle se décale pour éviter d'arriver dans leur champ d'attraction et serre un peu plus de sa main le bras de Matt.

— Je veux savoir ce que tu es devenu après ces pleurs. Parce que ... parce que tu vois, et c'est bête de le dire spontanément comme ça, mais la première fois que j'ai vu Rachael pleurer dans Blade Runner, j'ai pensé à toi. À cette peine de ne pas être ce que l'on souhaite au plus profond de son coeur. Et ... et je crois que je t'avais laissé la cassette, que j'avais volée dans la bibliothèque de mon père. Mais j'étais vraiment stupide, parce que si ça se trouve il n'y avait pas de lecteur, et comme tu ne pouvais rien voir ... oh je suis tellement désolée.

De sa main libre elle cache sa bouche. La sincérité transparait sur ses traits et dans son rire étouffé car oui, vraiment, elle s'assume comme quelqu'un de complètement stupide. D'enfantin, sûrement, en sachant qu'en ces lieux ces choses n'ont pas lieu d'être. Il faut avoir un standing, une apparence irréprochable et ne guère montrer l'émotion humaine.

— Du coup, tu es devenu étudiant en droits ? Vu ton éloquence, je ne suis pas étonnée. Et ça te va bien. Tu ... tu as décidé de la voie que tu vas prendre ? Oh ! Oh et donc Foggy est lui aussi en droits ? Je suppute, vu que vous êtes colocataires. Après ce n'est pas contre lui, mais vu sa dégaine et ce qu'il m'a sorti, j'ai vraiment eu l'impression qu'il était comme moi en arts dramatiques.

C'est un festival de bonheur qui s'enclenche en elle. Sans faire de pas, Felicia danse par grâcieuses pirouettes, se laisse aller sur cet air jazzy porté par ce saxophoniste. Elle l'emmène près du buffet dressé, plutôt que d'haranguer ces pauvres serveurs qui déjà ont bien assez à faire en courant partout. Et puis, elle, elle n'est pas flemmarde, sachant que sur ces tables, il y a quand même plus de choix.

— Tu veux quelque chose en particulier ? Je peux demander au serveur ce qu'il y a. Excusez moi ?

Le serveur cligne des yeux et regarde la blonde d'un air perplexe. qu'est-ce qu'elle lui veut cette gosse de riche. Et c'est qui ce gars à son bras ? Jamais vu.

— S'il vous plaît, vous pouvez me dire à quoi sont tout ... ces trucs ? Oui ces trucs carrés, ronds. Ce n'est pas contre le chef, mais on voit des couches et pas forcément ce qu'il y a dedans.
— Euhm ! Eh bien ... sur votre droite, vous avez des toasts Torikatsu sando. Filet de poulet pané au panko, mayonnaise au chou blanc et pickles de chou rouge. Sur le plateau à sa gauche, vous avez des crêpes au jambon truffé, crème d'Isigny et parigianno regiano.
— Oui, erm. Du parmesan en résumé.
— Aff-iné pendant 24 mois et sorti de la prestigieuse laiterie Caseificio Frizza.

Felicia hausse les sourcils et se mord la pulpe de la lippe inférieure, en jetant par réflexe à Matthew, avant de se raviser en sachant qu'il ne peut pas la voir. Elle voulait lui partager le fait qu'elle était complètement dépassée par ces descriptifs et combien elle était désolée qu'il subisse cela.

— Pour ces canapés revus avec la pâte de bo bun, une fine émincée de porc noir confit, et un décanté de pulpe de tomates Oeuf de Toro. Vous trouverez dans ce mariage de saveurs le charnu de cette tomate exceptionnelle enrober vos sens. Couvés ensuite par le moelleux de la pâte. Sinon, vous avez des cuillères de noix de saint jacques venues de France, à la mangue et vanille de Madagascar. Et des blinis caviar, purée de jaune d'oeufs cuits seuls dans un étouffé de sésame toasté et wakame, qui sont en train de faire le tour des convives

Felicia serre les dents, mais essaie tout de même que son sourire soit le moins crispé possible. Elle comprend mieux pourquoi ces blinis puaient la mort en bouche. Les oeufs. Durs. Avec du caviar en plus.

— Euhhh ... Woah. Le chef s'est dépassé. Bravo à lui. Et bravo à vous pour ... cette présentation impeccable. Euh ... Matt ? Ton choix ?

Et sur sa demande, elle récupère sur une petite assiette préparée par le serveur les toasts torikatsu, les canapés bo bun, et des cuillérées de saint jacques. Elle prend aussi de la crêpe pour elle pour tester, au final. Mais elle fait en sorte de mettre de chaque côté ce qu'il faut pour chacun. Côté Matt, sans la crêpe, et deux trucs machins de chaque demandé. Elle, elle prend crêpe, torikatsu et saint jacques. Ceci fait, elle remercie le serveur, non content d'avoir eu de la politesse et des compliments sur son service. Puis, elle les fait se décaler dans un coin, avant de se départir de son bras et caler son dos au mur. Elle présente à lui un toast torikatsu.

— Tiens. Tends la main. C'est ... le toast au poulet. Euhm ... donc. Ça se passe comment tes études ?



    Edward Hardy lève bien haut ses sourcils, et tend son cou comme le ferait une girafe cherchant les meilleures feuilles de cet eucalyptus. Enfin dans la situation, ce n'est pas un eucalyptus qu'il détaille, mais sa fille au bras d'un parfait inconnu. Aveugle. Qui c'est. Jamais vu. Son costume c'est du loué. C'est pas un escroc qui se fait passer pour un handicapé, quand même ? Oui. Bon. Elle a l'air de le connaître vu comment elle lui parle naturellement. Connaissance de fête alors ? Etudiante, il espère. Elise le tapote au torse pour le sortir de son ciblage, et Edward répond d'un clignement d'yeux, avant d'abaisser son menton et fixer sa femme.

— Tu n'es vraiment pas discret.
— Ah parce qu'il faut que je le sois maintenant ?
— Tu sais très bien ce que je veux dire. C'est ta fille.
— C'est justement parce que c'est ma fille, El', que contrairement à un discours bien rôdé et vendeur fait sans discrétion auprès de ce couple de nouveaux riches cherchant un comptable stable et loyal, que je suis au demeurant, je n'ai aucunement envie de me faire discret. Tu n'as pas vu Hearst tout à l'heure ...
— Il n'a pas l'air d'un méchant garçon. Et regarde. Elle est toute attentionnée avec lui.
— C'est dans sa nature. Et les autres en profitent.
— Oh ... oh ! Elle ... lui tend un toast, c'est ça ?

Elise a fait en sorte de tirer son mari vers eux, alors que celui-ci bougonne et fait le coq prêt à entrer dans la bataille. Oui, on ne touche pas comme ça à sa Felicia. Son bébé, son trésor, le saphir si bien taillé par les deux joaillers de la vie prestigieux qu'ils sont. Elise est quand à elle charmée, amusée de voir sa fille aussi pétillante que quand elle était sur les tapis à danser souplement avec un ruban, ou lorsqu'elle récite un texte de théâtre, en se laissant totalement transporter par son personnage. Comme ... comme avec Bérénice de Racine à ses seize ans.

— Il est aveugle ? Tu planches sur quoi, Ed' ? Commerce ? droit ? Communication ?
— Sûrement pas militaire ou dans la technologie.
— Roh, tu es odieux !
— Ça faisait partie de ma liste de traits disgracieux. Que tu as signé, je te rappelle.
— Elle ne nous en a jamais parlé.
— Et c'est bien ce qui me dérange. Tu penses qu'elle lui a passé cent dollars pour se faire passer pour son date ce soir, et faire un pied de nez à tout le monde ?
— Pour la première ce n'est pas son genre. La seconde est plus plausible. Attends, je prends des flutes pour leur amener. Ils doivent avoir soif. Prends en pour nous aussi.
— El' ...

Mais c'est trop tard. Elise Hardy est déjà partie, et Edward a l'impression de voir la version âgée de sa fille. Ou alors c'est l'inverse. Ou les deux en un. Qu'importe, elles font bien la père. Il soupire, remet le nœud de sa cravate et récupère donc les deux flûtes de champagne, avant de suivre d'un pas mou sa moitié.

— Feli, ma chérie !

Elise s'approche de sa fille et essaie de l'enlacer. Mais elle se ravise vite vu qu'elle tient deux flûtes, et que sa fille tient le plateau. Elle se contente donc de lui faire un baiser sur la tempe, sans voir à quel point sa fille chérie grimace de gêne.

— Je suis tellement heureuse que tu aies pu te libérer ce soir. Je ne savais pas avec la promotion de ton court métrage et le casting de Tarantino si tu allais pouvoir te libérer.
— Et pourtant, contre vents et marées, je suis là.
— Ça me touche. Oh. Mais qui est ce charmant jeune homme ? Bonsoir ! Je suis Elise Hardy. La mère de Feli. Vous voulez du champagne ?

Et Elise lui tend la flûte à hauteur de main, pour que ses doigts effleurent le verre, comme si elle était une hôte aux petits soins.

— Matthew.
— Matthew ? Charmant ! Vous faites quoi dans la vie ?

Edward s'approche d'eux, laissant Elise jouer le côté good cop. Lui, il est le bad, le grognon, l'intransigeant. Il se la joue Cole Phelps de L.A Noire, prêt à presser X pour lancer le "Doubt" sur un petit air aigu et angoissant de piano. Le temps que le fameux Matthew réponde à la question, il se place à côté de lui en le dévisageant et le jaugeant de haut en bas.

— Sympa le costume. Charles Thyrwitt ou Shein ?

Felicia le fusille du regard, alors que sans une once de remords et jouant les indifférents, Ed' boit une gorgée de champagne.

— Mon père.
— Edward. Mais mes proches m'appellent Ed'.

Ce qui sous entend qu'il n'appartient pas à ce cercles de proches, même si il est proche de sa fille. Il tend la main, avant de se rappeler qu'il a une canne en main et un verre dans l'autre ... grâce à sa femme. Et que ce gars est censé être aveugle. Felicia se crispe et intensifie son regard pour le menacer de ne pas aller trop loin. Quoi ? C'est pas méchant. Si ? Elise, sentant la tension, essaie de rabibocher tout le monde avec son aura de diplomate.

— Edward fait le grincheux, mais c'est un homme adorable. Sinon je ne me serai pas mariée avec lui. Il est parfois trop protecteur pour son propre bien ...
— Ce n'est pas pour rien qu'on me compare à un Pitt Bull au cabinet.
— Du coup, si je te balance un bout de viande, tu vas te calmer ?

La remarque de sa fille le fait taper nerveusement du talon. Coup bas. Bout de viande, sa fille. Leur conversation précédente. Il jette sa tête sur le côté et salue un random riche pour faire comme si ça ne l'avait pas atteint.

— Ed' ?
— Oui, El' ?
— Prends le plateau s'il te plaît.

Edward revient sur sa femme, interdit. Elle n'est pas sérieuse ? Si. elle l'est. C'est un ordre même. Sinon il va l'entendre au retour et dieu seul sait à part lui comment Elise explose quand elle sent qu'il va trop loin et qu'elle se fera une joie de lui dire que ça en est trop. Chocolat fève de tonka et roses à prévoir demain ... Il presse ses lèvres à les faire martyriser sur la ligne de ses incisives, avant de se plier à sa volonté, et prendre par moments la pose d'un serveur. Cette fois, vu la pitrerie de son père, Felicia souffle un léger rire.

— Donc Matthew. Je peux savoir comment vous avez connu Felicia ? Disons que depuis qu'elle est au conservatoire, je n'ai pas beaucoup de renseignements sur ses fréquentations amicales ou amoureuses.
— Mais ce n'est pas ...
— Vous avez sûrement beaucoup de choses à nous dire la concernant.

Oh ... la panique. Son cœur tambourine, ses iris tremblent. quel traquenard. Même si sa mère n'a pas conscience que sa question n'a pas de réponse, elle vient d'offrir sur ce fameux plateau la possibilité à Edward de connaître sûrement la vérité. Et autant dire que le père Hardy plisse les yeux de malice d'avance ...
Yeah, Lorry said she was a mouse
Smoked that cheesn' like a baoz
Monilie, money, money hoe
Chinka, chinka, chingka-flow
Lorry was a witch
Yeah, a sneaky little bitch
So fuck that little mouse
'Cause I'm an Albatraoz
✿ Elli


Hope you Know
I hope you know there's a part of you that lives in every note and every step I take along these broken roads that I've been walking and the time between us talking is so much longer now, but I still call you home. I hope you know. -byendlesslove

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MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyLun 22 Jan 2024 - 19:33




(WHAT IF...) WE WERE SOULMATES

It's gonna take a lot to drag me away from you. There's nothing that a hundred men or more could ever do. Hurry boy, she's waiting there for you--  feat. @Felicia Hardy



Dans cette vie, certaines choses étaient immuables. Les combats de boxe de mon père, le fait qu’il travaillait pour Roscoe Sweeney, ça ne changeait pas. Dans cette vie, j’avais aussi été ce gamin qui n’avait pas eu de mère, ce gosse à qui le destin avait volé son enfance. J’avais vu mon père combattre, je l’avais aimé de tout mon cœur. Il m’avait protégé, élevé et choyé dans l’unique but que je ne finisse pas comme lui. Certaines choses ne changeaient pas. J’avais également perdu la vue à l’âge de neuf ans, vu mon père mourir un an après. Dans cette vie, mon père avait aussi rompu son pacte avec le Diable, il avait voulu rendre son fils fier au moins une fois et comme dans d’autres univers, cela lui avait coûté la vie. Dans ce monde, Jack Murdock avait aussi levé la main sur moi, une seule et unique fois et comme ailleurs, cela avait été suffisant pour provoquer ce désir, ce besoin de justice.
La grosse différence de cette timeline était cette fille qui était entrée dans le jardin de l’orphelinat. Aussi insignifiante que cette intrusion puisse paraître, elle avait changé ma vie. Elle avait soigné cette chose intérieure avant qu’elle ne naisse, elle avait éloigné ce diable qui m’habitait avant même qu’il n’apparaisse. Elle m’avait donné la seule chose qui m’avait manqué, ailleurs : l’espoir. Cette fille, par sa simple présence, par ses mots crus, ses visites et ses cadeaux m’avait empêché de partir sur la voie de l’autodestruction. Dans cette vie, elle avait appuyé sur le fondamentalement bon au moment où le pire aurait dû sortir.

« Quelle chance d’être tombé sur le modèle Blondie 2005 cœur sur la main ! Ce n’est pas ma première infiltration dans le milieu, j’ai déjà vu les Dents de la mer, je sais combattre les requins ! », dis-je dans un sourire franc, fier alors que sa main entrait en contact avec la mienne. « Je vais être honnête avec toi, pour la danse, je me suis emballé. Même si, techniquement, je pourrais parfaitement gérer…si on pouvait éviter, j’aimerais me ridiculiser le moins possible. »

Et sur ces mots elle passait son bras autour du mien pour me guider à l’intérieur de la salle. Étrange, tout cela paraissait étrange et étonnamment facile, normal. Alors que j’avançais à ses côtés, que ma canne ne frappait que peu le sol devant mes pieds puisque je me laissais guider par Felicia, je remarquais que ce sourire n’avait pas quitté mes lèvres. J’avais toujours voulu la revoir, la vie en avait décidé autrement et je n’arrivais à me sortir de l’esprit qu’aujourd’hui…aujourd’hui était un signe. Vous savez, ce fameux plan qu’Il a pour tout le monde. Même si j’avais abandonné mon entrainement après Stick j’étais quand même en mesure de sentir tous ces regards que l’on nous jetait. Cela aurait pu être oppressant, dérangeant et pourtant, cela ne me faisait rien. J’avais même la sensation d’être revenu quelques années en arrière, d’être à nouveau ce gamin en mal d’affection et d’être aux bras de cette gamine qui essayait de me remonter le moral.

« J’ai toujours la cassette, je l’avais regardé avec le Père Lantom. Ne sois pas désolée pour si peu, tu ne pouvais pas savoir. Console-toi en te disant que tu as fait regarder Blade Runner à un prêtre ! Et il a aimé, enfin je crois…Tu sais, c’est probablement le film que je préfère, j’ai toujours trouvé un écho dans le monologue de Roy… J'ai vu des choses que vous, humains, ne pourriez croire. Des navires de guerre en feu, surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai regardé des rayons C briller dans l'obscurité, près de la Porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans le temps... comme... les larmes dans la pluie... Il est temps de mourir. Tu savais que Rutger Hauer avait quasiment réécrit tout ce texte ? Enfin bref, ça m’a toujours parlé de me dire que…que quoi qu’il se soit passé dans ma vie, quoi que je fasse et si je continuais de m’apitoyer sur mon sort, je disparaitrais sans laisser de trace…comme les larmes dans la pluie. Une vie tranquille ou une mort héroïque diraient certains, j’ai opté pour la vie tranquille, pour être ce que je veux être, pas ce qu’on attend de moi. Et qu’importe si je ne laisse pas de trace, qu’importe si rien ne me survis parce que j’aurais fait ce que je veux faire. »

En disant cela, j’avais habilement replié ma canne de quelques gestes secs et précis, l’habitude. Je n’en avais pas besoin, je faisais confiance à Felicia pour me guider, comme j’avais fait confiance à cette gamine pour me tirer vers le haut, pour m’empêcher de sombrer.

« Fog’ a la dégaine d’un bassiste de métal, mais il a l’éloquence d’un orateur, c’est le meilleur dans ce domaine…même s’il en doute trop. Il se compare à moi en pensant que je suis meilleur que lui, il se trompe, il sera bien meilleur devant une cour pénale que moi. On a une idée, Foggy l’a couché sur papier. Quand les études seront finies, on ouvrira notre propre cabinet d’avocats : Nelson & Murdock ! Ça sonne bien hein ? Ouais Murdock, comme le boxer. »

J’avais vu son regard alors que j’avais évoqué mon nom de famille. Peu de personnes n’avaient jamais entendu parler de Jack Battlin’ Murdock, ce combattant féroce qui perdait souvent mais se relevait toujours. Mon sourire se transforma légèrement, soudainement imprimé d’une certaine mélancolie à l’évocation de mon père. Est-ce qu’il me manquait ? Dans tous les univers.

« C’est ce que tu veux ? Les arts dramatiques, le cinéma, la célébrité ? Tu n’as pas peur d’évoluer…de te retrouver parmi tous ces types, toute cette fausse industrie ? Je ne critique pas Felicia, c’est une simple question. Après, vu comment Foggy t’as encensé et a été capable de réciter ton texte par cœur, je me doute qu’il doit y avoir un certain talent derrière ce physique ingrat…

Je laissais un petit rire moqueur s’échapper de mes lèvres alors que je la poussais doucement de l’épaule, je la taquinais et je poussais le concept pour qu’elle le comprenne, qu’elle n’ait pas à s’excuser de mal interpréter mes propos. Je m’arrêtais ensuite à ses côtés, face à ce buffet qui plongeait mes sens dans le plus grand désarroi. Je n’arrivais pas à différencier tous les mets, tous les plats et leurs odeurs se mélangeaient, perturbant mon odorat. Je ne cachais donc pas mon soulagement lorsqu’elle demanda au serveur d’éclairer nos lanternes.

« Euhm ! Eh bien ... sur votre droite, vous avez des toasts Torikatsu sando. Filet de poulet pané au panko, mayonnaise au chou blanc et pickles de chou rouge. Sur le plateau à sa gauche, vous avez des crêpes au jambon truffé, crème d'Isigny et parigianno regiano.
- Ouais, du parmesan quoi. »

J’échangeais un regard complice avec Felicia qui avait eu quasiment la même remarque, au même moment.

« Aff-iné pendant 24 mois et sorti de la prestigieuse laiterie Caseificio Frizza.
- Incroyable.
- Pour ces canapés revus avec la pâte de bo bun, une fine émincée de porc noir confit, et un décanté de pulpe de tomates œuf de Toro. Vous trouverez dans ce mariage de saveurs le charnu de cette tomate exceptionnelle enrober vos sens. Couvés ensuite par le moelleux de la pâte. Sinon, vous avez des cuillères de noix de saint jacques venues de France, à la mangue et vanille de Madagascar. Et des blinis caviar, purée de jaune d'oeufs cuits seuls dans un étouffé de sésame toasté et wakame, qui sont en train de faire le tour des convives.
- Y a plein de mots que je n’ai pas compris, mais votre voix m’inspire confiance ! Partons sur les toasts Torikatsu, les canapés bo bun et…et pourquoi les cuillères de saint jacques ? »

Un peu plus concentré sur la jeune femme qui était à mes côtés, je remarquais qu’elle était dans le même état que moi. Elle n’avait certainement pas compris grand-chose non plus à ce que le serveur nous avait expliqué et, j’attendais sagement qu’elle se serve et prenne ce dont nous avions besoin. Puis, m’exécutant, je tendais la main pour attraper ce premier toast qu’elle me tendait.

« Mh-mmh…eh, c’est pas si mal ! Rien de compliqué quand on aime ce qu’on fait. On a choisi de se spécialiser dans la défense des personnes et des sociétés. Avocats de la défense quoi, d’ici quatre ans, on ouvrira notre cabinet. Tu peux me passer le truc aux saint jacques s’il te plait ? Merci. Et toi ? Parce que je comprends pas tout en fait. Tu fais des études, mais tu as déjà tournée dans un film ? Quelqu’un t’as repérée ? »

J’écoutais sa réponse en grignotant tranquillement ces toasts, cuillères et autres canapés qu’elle me tendait au fur et à mesure de notre discussion. C’était exactement ce que je pensais tout à l’heure, les interactions avec elle étaient étrangement naturelles et j’avais bien du mal à me départir de ce sourire qui barrait mon visage. Elle adossée à ce mur, moi droit comme un i et face à elle, j’avais une impression de déjà vu, comme si…comme si quelque chose de similaire s’était déjà passé, impossible d’approfondir cette pensée car mes sens m’indiquaient que deux personnes approchaient, dont l’une d’un pas plutôt déterminé.
Ses parents, c’était ses parents. Mon nez se plissa instinctivement alors que je ressentais un certain malaise, une impression de ne pas être à ma place alors que sa mère déposait un baiser sur le temps de Felicia. Enfin, pour le moment il n’y avait que la mère, car je sentais que le père prenait son temps malgré son pas, qu’il observait, qu’il m’observait. Je tentais bien de faire un pas de côté, de m’écarter mais sa mère ne m’en laissa pas l’opportunité.  

« Ça me touche. Oh. Mais qui est ce charmant jeune homme ? Bonsoir ! Je suis Elise Hardy. La mère de Feli. Vous voulez du champagne ?
- Enchanté madame Hardy. Matt Murdock…enfin Matt pour Matthew du coup. Tant qu’on ne me colle pas une étiquette de buveur invétéré malgré mon âge, j’accepte volontiers.
- Matthew ? Charmant ! Vous faites quoi dans la vie ?
- Études de droit, si un jour vous avez besoin d’un avocat, ce que je ne vous souhaite évidemment pas, vous pourrez me contacter. Enfin, techniquement, il faudra encore attendre quatre ans…Désolé, je n’ai pas encore de carte à vous offrir.
- Sympa le costume. Charles Thyrwitt ou Shein ?
- Ah…j’aurais dû écouter le loueur, il m’avait prévenu que c’était un aimant à préjugés immatures.
- Edward. Mais mes proches m'appellent Ed'.
- Ravi de vous rencontrer Edward
- Edward fait le grincheux, mais c'est un homme adorable. Sinon je ne me serai pas mariée avec lui. Il est parfois trop protecteur pour son propre bien…
- À raison, on ne connait jamais vraiment les gens, surtout dans notre société…où tout n’est qu’apparences et préjugés.
- Ce n'est pas pour rien qu'on me compare à un Pit-Bull au cabinet.
- Je suis vraiment navré de vous reprendre, monsieur Hardy mais vous savez, l’animal n’est jamais méchant. C’est la main du maitre qui détermine son caractère, un Pit-Bull n’est qu’un chien comme un autre s’il est bien élevé. Comme les enfants, ils sont à l’image de leurs parents, de la manière dont ils les ont façonnés. »

Felicia intervint et j’aurais voulu la remercier, car je me sentais soudainement oppressé, malaxé justement, entre les mâchoires de Pit-bull de son père. J’avais besoin de respirer, de prendre un peu de d’espace, d’être un peu plus reculé face à cette situation qui me mettait clairement sous pression. Quelque part, c’était un bon exercice pour mon avenir mais, lorsque les choses devenaient personnelles, c’était tout de suite plus compliqué. Et son père ne me facilitait pas la tâche, sa mère n’allait pas le faire non plus.

« Donc Matthew. Je peux savoir comment vous avez connu Felicia ? Disons que depuis qu'elle est au conservatoire, je n'ai pas beaucoup de renseignements sur ses fréquentations amicales ou amoureuses.
- Wow je…non, ce n’est pas…eh

Felicia eu -à peu de choses près, la même réaction. C’était un piège que l’on me tendait là et la trappe -son père donc, était prête à se refermer sur moi. L’espace de quelques secondes, je crus pouvoir m’en sortir, même si je sentais son regard insistant peser sur moi. Même si d’ici, je pouvais entendre le cœur de Felicia s’emballer, comme le mien en l’occurrence.

« Vous avez sûrement beaucoup de choses à nous dire la concernant.
- Ahah. Bien sûr. C’est juste que ça fait un peu introspection et…et je sens clairement que votre mari est avide de connaître toute cette histoire, n’est-ce pas ? Pour être tout à fait honnête avec vous, je n’avais pas croisé Felicia depuis…mmh, environ six ans, c’est ça ? En fait, on s’est rencontré à l’orphelinat Saint Agnès, j’y ai passé pas mal d’années, jusqu’à mes quinze ou seize ans je crois. Après j’ai été placé dans une famille d’accueil, puis une autre, et cætera…Je ne vous apprendrais rien en vous disant que rien ne remplace les vrais parents, je n’ai pas eu cette chance. Bref ! Quand j’avais à peu près quatorze ans, j’ai rencontré votre fille pour la première fois, dans le jardin de l’orphelinat. Le personnel mis à part, c’était la première personne du monde extérieur qui m’a tendue la main. Comme je lui ai dit, parfois il y a des gestes banals qui font comprendre que non, le monde ne s’est pas écroulé…Les expériences en familles d’accueil n’ont pas été concluantes, certes, mais c’est grâce à elle, grâce à sa gentillesse et sa bonté que je n’ai pas abandonné. Elle ne s’est pas arrêté à l’apparence, même si je n’avais pas de costume de location à l’époque. »

Je m’arrêtais, quelque peu en difficulté parce que je sentais, autant chez Felicia que chez moi que cette introspection réveillait certains souvenirs. De mon côté, ce n’était pas fini. Je sentais toujours le regard oppressant de son père. Sa mère ? Elle semblait captivée, mais tout aussi avide d’en savoir plus.

« Moi aussi j’étais le fils de quelqu’un, le fils d’un nom mais on ne m’a pas laissé la chance d’en profiter. Le monde est injuste, mais c’est comme ça. Ce n’est pas parce qu’il m’a fait mal que je devrais me venger ou lui rendre la pareille. Ça ne m’empêche pas de porter dignement le nom de mon père, d’être fier de ce qu’il était et de ce qu’il a fait de moi. Les enfants sont à l’image de leurs parents, de la manière dont ils les ont façonnés et mon père ne voulait pas comme je sois comme lui. Il a réussi son pari. Et quand j’ai douté de ça, Felicia a été à même de me pousser dans la bonne direction, de me faire comprendre que je n’avais pas à me sentir seul. »

Nouvelle pause afin de reprendre mon souffle, quelque peu torturé, mélancolique en parlant de mon père. Je prenais finalement une gorgée de champagne, non, en fait je vidais mon verre d’une traite, comme pour y tirer une sorte de courage et pivotais légèrement afin d’affronter le regard de son père, frontalement. Je me sentais soudainement investi par la fougue, un peu d’arrogance aussi, peut-être. J’attrapais même un toast dans le plateau qu’il tenait entre ses mains.

« Je ne suis qu’un gamin du peuple et j’en suis fier. Je n’ai pas ma place ici et j’en suis tout aussi fier. J’ai beau être jeune, je ne cherche l’approbation de personne et je serais tel que je souhaite l’être. Je ne serais jamais le pantin de qui que ce soit, je serais juste un avocat dévoué aux causes les plus nobles, aux cas perdus. Dévoué à celles et ceux qui n’auront jamais la possibilité de se défendre contre presque cent-pou-cent des gens de cette salle. Et je serais fier de me tenir devant eux pour les protéger. Tout comme vous êtes fier de protéger votre fille, bien qu’elle semble suffisamment grande et débrouillarde pour le faire seule. Et techniquement, je ne suis pas la plus grande menace de cette salle. Tournez-vous, regardez-les et dites-moi que j’ai tort. Dites-moi que vous préféreriez voir un type libidineux et répugnant aux bras de votre fille ? »

Conscient que l’alcool faisait son effet et que j’aurais pu continuer encore longtemps, voir me montrer beaucoup agressif, j’engouffrais le toast afin de me faire taire. Dans le fond, l’alcool m’avait donné le courage de l’affronter, ça me donnerait aussi le courage d’affronter son courroux.                  


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Felicia Hardy
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Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Empty
MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyMar 23 Jan 2024 - 3:03





AlbatraozLet me tell you all a story
About a mouse named Lorry
Yeah, Lorry was a mouse in a big brown house
She called herself "The Hoe"
With the money, money flow
But fuck that little mouse
'Cause I'm an Albatraoz

     Matthew la fait rire, sourire. Il fait hausser ces sourcils couverts d'impertinence et d'équivoque de bien des façons, plisse et mordille par la seule entente de sa voix et de ses répliques ces lèvres boudeuses, qui d'habitude ne s'émeuvent qu'en cercle restreint ou face à la caméra. Quand Felicia est devant les inconnus, les faux, elle arbore le même masque qu'eux et s'ennuie dans leurs préceptes, leur maniérisme inconfortable et ô combien gênant. Mais là, est-ce le fait qu'il ne soit pas de ce monde qui la rende aussi spontanée ? Non. C'est parce qu'il représente le seul qui a eu la franchise de dire ce qu'il pensait en étant porté par ses propres sentiments et c'est cela qui en cet instant, la porte, lui importe. Quand il lui avoue qu'enfin, la danse ne serait pas le meilleur des plans en raison de sa condition, Felicia se penche pour presque toucher de son nez son bras, et ainsi le fixer. Le tout en lançant son meilleur :

— No shit Sherlock.

Tempétueux, mais chantant. Il la fait chanter de joie et de spontanéité, comme le complice inattendu qu'il est au sein de cette soirée. Les regards en biais, les chuchotements, les haussement de sourcils et les lèvres plissées ne sont pour elles que le vent d'un mépris puant. Mais à côté de lui, elle sent la fleur, elle sent l'eau, et les épices lui chatouiller les narines. Lors de l'évocation de la cassette, Felicia rit de sa stupidité, bien que les vibrations s'arrêtent quand il lui évoque ce que ce cadeau lui apporté. Cette passion, le monologue de Roy Batsy sous la pluie, où lui même se fond dans ce paysage morose et technologique censé prôner l'évolution. Et lui, lui se fond dedans, dans ces pleurs éternels de tant de vies passées, présentes ou futures, pour exister encore un temps. Parce que, même en étant Replicant, il se sentait vivant. Même en étant Replicant, il pouvait être plus humain que nombre d'entre nous. Felicia serre alors légèrement ses doigts sur le tissu du costume de Matthew, parce que ce film a aussi été un tournant dans sa vie. Savoir qu'elle a réussi à faire visionner ce film traitant de sujets ô combien controversés selon l'éthique de l'église la laisse aussi sans voix.

— Il a eu raison. De le regarder avec toi. Et ... c'est presque ce que je voulais te passer, même si moi, c'était Rachael qui m'a touchée. Tu sais, durant la scène où Deckard déconstruit sa mémoire son identité. Alors qu'elle est si sûre d'elle en tenant cette preuve en main ... cette photo. Et lui, détruit tout en lui expliquant en détail ses propres souvenirs, comme si ils ne lui appartenaient plus. Comme si elle n'était plus qu'un objet. Sa seule larme, suite à la brisure de son existence, son regard figé à jamais sur cette gifle verbale. Je sais que l'actrice n'a pas fait de grands films après coup mais ... ce rôle d'une vie, je veux l'atteindre plusieurs fois. Être cette porteuse d'émotions qui manquent dans celle de tout un chacun. Et qu'ils puissent se dire, assis devant ce grand écran, dans le noir apparent de cette salle leur donnant l'impression d'être seuls ... "ah elle a dit ces mots que je n'ai jamais pu trouver"

Ses doigts se perdent un instant dans l'air, dans de légers mouvements oscillant ici et là, avant de ne laisser que l'index opérer comme maître de cérémonie. Vient sa remarque concernant son ami, qui, on le rappelle, a été envoyé on ne sait où dans ce salon peuplé de gens pompeux et sûrs d'eux. Il s'en sortira, elle en est sûre. Même si elle aurait bien voulu lui demander son numéro, pour au moins rester en contact.

— Hm Murdock ? Oh ! Hm oui ! Je crois que papa a même un de ses gants signés. Il l'adorait.

Combien il avait bassiné sa mère sur ça, et le rugby.  Elles n'en pouvaient plus quand il était en train de se prendre pour cet espèce de coach survolté alors qu'il n'était même pas sur place. Felicia avait quand à elle pu voir son premier match, les All Blacks contre l'Australie en étant perchée sur les épaules de son père, avec une parka rouge pour la protéger de la pluie. Sa mère en avait fait une photo épique où la pauvre Felicia, restée trop longtemps là haut avait fini les fesses par terre à cause de fourmis dans les jambes. Elle ne comprenait rien à sa vie, et son père, pris dans l'action, tendait ses bras en hurlant non. Enfin revenons à plutôt à ce boxeur. Cet homme avait cette rage de rester sur le ring, cette prestance que son père qualifiait d'incroyable. Il ne comprenait d'ailleurs pas comment avec cette gnaque et ces poings il perdait autant. Mais Felicia ne fait pas le lien, bien que ce besoin de le souligner fièrement lui est apparu étrange. La suite occulte cependant cette pensée, car ... ce que dit Matt la laisse perplexe. Il ne la critique pas, et cela calme un peu la compression qui commençait à serrer sa poitrine. D'autant plus quand il commence à la pousser et lui voler un léger sourire pincé, lui disant qu'il n'est pas possible. Malgré la blague, elle secoue la tête et se permet de lui expliquer comment elle voit ça. Comme quand elle avait joué un jour Bérénice.

— Tu as le droit d'être pragmatique. Sachant en plus que tu ne peux pas voir les images. C'est sûrement juste un grand carnaval, avec des illusions perdues en pagaille, des folies sorties sous le coup d'alcool, de drogue, de vice à tes yeux. Mais ... imagine toi, ne serait-ce qu'un instant. Vide, hors de toi, omniscient. Tu vois cette personne que tu dois jouer, en dessiner les contours par la seule force de ton imagination. Voir ses hobbies, ses tics. Ce qui la rend si vivante, et parfois si triste. Toi, tu l'étreins soudain et tu lui dis je comprends tes atours, mais est-ce que je peux ne serait-ce que les vivre avec toi, les exprimer pour toi ...? Alors oui, je reste dans ce milieu pour ça Matt.

L'épisode du buffet l'étonne. Parce que leur complicité se trouve même dans leurs constatations toutes trouvées. Ou ces mots que l'on dit pour flatter les gens dans leurs discours savamment préparés mais finalement vraiment pas très intéressant sur le papier. Il s'étaient ensuite décalés pour parler et savourer ces trucs élaborés avec dix mille ingrédients dedans. Quatre ans ? Et déjà ces deux loustics sont capables de monter des combines pour s'infiltrer, ou même rôder des discours aussi pointus.

— En fait, ça va sans doute te paraître bête mais ... J'ai joué dans Bérénice. La pièce de Jean Racine. Une tragédie, où sans vergogne, Titus en devenant empereur rejette la femme qu'il dit aimer. Le devoir avant l'amour. Et l'amour, à jamais séparé alors que l'on doit continuer de vivre. J'étais Bérénice et ... les vidéos de certains de mes camarades ont été mises sur leurs réseaux. Ça a attiré l'oeil de ce réalisateur canadien qui regardait un peu les portfolios des étudiantes du campus. Il a décidé que c'était soit moi, soit rien pour jouer Katie. Eeeeet du coup, je me suis retrouvée à jouer une autre tragédienne, qui cette fois perdait la femme de sa vie pour toujours, à cause d'un cancer du pancréas. C'était une expérience géniale, mais j'ai ... beaucoup donné de ma personne pour être Katie. Et souvent, je pense que tu as dû l'entendre, cette phase est assez difficile pour les acteurs. On est encore dans le rôle, mais on doit se réapproprier notre vie, notre réalité. Du coup revoir tout ça, tous ces faux, toute cette clique ... ça ne m'enchantait pas. Te voir, ainsi que Foggy, ça m'a permis de revenir, sans avoir trop mal.

Et Felicia regarde un temps sur le côté, en se redressant, piétinant sur ses talons. Chose qu'elle faisait déjà durant son discours, en plus du fait où en se penchant pour récupérer la nourriture, elle laissait un angle de vue à ce pauvre Matt sur le vivant rebondi de sa poitrine. Jusqu'à ce que son visage revienne vers lui dans un besoin de rectifier le tir.

— Je veux dire que ta présence compte ...



     L'interruption impromptue de ses parents brise cependant ce moment qui devenait intime. Dans le sens où chacun offrait un peu de soi à l'autre. Felicia est courroucée, mais elle ne leur en veut pas. Vu le nombre d'imbéciles qui se sont permis de seulement venir soit par appât du gain, soit en espérant tripoter les formes de leur fille, ils ont commencé à rôder leur petit numéro. Mais ça ne l'enchante tout de même pas, sachant que pour elle, Matt n'est aucun des deux. Sa mère est heureusement sous le charme. De toutes façons, il est rare qu'elle ne soit pas sous le charme au premier contact. Elle est comme ça, elle aime les gens et les gens sont emportés par son amour et ses attentions. C'est d'ailleurs pour cela que le brun a le plus de facilités à établir un dialogue sain avec elle. Cependant, aussi amoureuse des gens qu'elle l'est, Elise Hardy est une fieffée coquine amatrice d'échecs. Bien qu'elle aime beaucoup ce jeune homme, elle gratte pour en savoir plus, ainsi que pour se venger des trop longs silences de sa fille concernant ces sujets. Edward reste quand à lui aux aguets, prêt à cueillir ce cher Matthew. Mais quelque chose le turlupine depuis l'entente de ce nom ... ça lui rappelle une déception, un choc devant le papier d'un journal. Il semble ... bouleversé.
Felicia quand à elle regarde Matt avec de grand yeux. Il y va en toute franchise, sans épargner aucun détail avec une application millimétrée de son ton, que ce soit dans l'appui de certains mots, ou le ralentissement volontaire de son récit quand aux circonstances de leur rencontre. La blonde avale d'ailleurs de travers le bout de crêpe qu'elle tentait de manger.

— Feli ... Tu es retournée là bas sans nous en parler ?
— Je ... J'étais avec Wallace !
— Et Wallace est définitivement trop vieux pour que je le vire, et le réengage dans la foulée. Tu as de la chance que ce soit un bon gars, Feli.

La blonde croise les bras sous sa poitrine, et se renfrogne. Ce secret de six ans venait d'être tranquillement mis au jour par la personne concernée.

— Mais ... ce n'est pas à cette période que Blade Runner avait disparu ? Tu m'avais assuré que ce n'était pas toi. Oh mince. Et dire que je me croyais dingue.

Même si ce n'est pas vraiment son plateau, Edward se sert, et mange les mignardises comme si il s'agissait d'un verre de petit lait. Felicia rougit, mal à l'aise, autant secouée par le discours élogieux que Matt dresse d'elle, que par le fait que ces petites facéties d'adolescence étaient mises au jour. Devant ses parents de surcroit. Elise reste quand à elle bouche bée, accrochée aux lèvres de ce garçon, bien que ces révélations lui décrochent un rire spontané et mélodieux. Et bien vite, cette joie s'éteint quand elle entend le récit de sa vie. Car il fait écho d'une certaine façon au sien. Fille de mère célibataire faisant les ménages du matin au soir, pour que sa fille puisse aller à HEC et enfin briser l'escalier social. Edward fronce le nez. Leur conversation commence à attirer des paires d'oreilles indiscrètes et ça ne lui pas trop. D'autant plus que fort de ce que lui injecte l'alcool, ce gosse se lance sur un plaidoyer de sa personne en l'affichant comme si il se devait de prendre ou non son parti. Posant donc le plateau, et tirant sur le col de sa veste pendant qu'il prend une grande inspiration.

— Je vois. Tu es le fils de Jack Murdock. Et donc ? Je dois t'offrir une médaille pour ton service rendu à la nation ?
— Papa.
— Tu me parles de ma fierté, de ma fille et tu me dis, droit dans les yeux, que l'enfer, c'est les autres ?

Edward lève son index d'un geste menaçant vers ce jeune idéaliste et se rapproche pour que leur conversation reste entre eux.

— Alors que tu es là, au milieu des flammes, fringuant dans ton costume loué, à t'infiltrer. Pendant que ces gens que tu insultes ont de quoi faire tomber dix fois, cent fois des Murdock. Et tu as les gens comme moi, qui ont réellement chuté, petit. Des gens qui, avec la gueule fracassée pour un choix, ont ravalé leur fierté et se sont relevés. Et c'est pour ça que j'adorais ton père. Mais moi, je n'insulte pas pour me grandir. Je fais en sorte d'être un rouage essentiel, et de maintenir le cap parce que j'ai les deux femmes de ma vie qui ont le droit de vivre le meilleur. Parce qu'à mes yeux ce sont les meilleures. On sacrifie sa fierté au nom de ceux qu'on aime, Matthew. Murdock.
— C'est bon ? Vous avez fini de montrer à quel point vous êtes beaux et forts ? ou on doit aller chercher des pancartes pour les rounds
— Feli ...
— Non vraiment. Je veux savoir. Ça vous apporte quoi.
De l'estime de soi ?

— Ed' sois raisonnable, c'est qu'un gosse avec des rêves. Comme toi quand ...
— Stop.

Et Felicia se met entre eux, faisant face à son père, et se mettant donc dos à Matthew. Elle fait front, en inspirant lourdement le regard empli de colère.

— Tu veux ressembler à grand père ? Grand bien t'en fasse. Mais je te rappelle que tu es le premier qui m'a appris à faire mes choix. Que je sois plombière ou astronaute, tant que je trouvais mon bonheur tu étais ok. Donc c'est ta manière de dire qu'en fait tout ça c'était des mensonges ? Et tes grands airs, alors que c'était pour maman cette soirée, ils sont passés où ? Chez Hearst ?

Edward inspire un grand coup et se contracte. Pour la première fois de sa vie, sa fille, son enfant, celle qu'il a toujours considéré comme sa sage et adorable mini lui le confronte. Et en plus pour ... ce mec ? ! Cet étudiant qui ... Et là, les paroles de Elise le frappent. Il se revoit à dix huit ans, avec son croissant écrasé. Ses poings se serrent quelques secondes avant que tout ne se relâche et regarde Felicia, puis sa femme.

— Fais tes preuves. Parce que ce genre de discours, tu pourras le tenir quand tu auras ton diplôme et un carnet d'adresses en poche mon grand.

Et sur ces mots, Edward tourne les talons pour faire face à l'assemblée et dissiper le malentendu en invoquant un débat un peu trop passionnant. Elise soupire et regarde d'un air désolé les deux étudiants.

— Je suis désolée. Je vais régler ça. Ce n'est pas contre vous il ...

Mais Elise se ravise. Cette chose, ce secret qu'elle allait révéler en oubliant le public alentour ne devait pas fuiter.

— Si tu as besoin de Wallace, n'hésite pas, ma chérie. Je te promets ...

Que ça ira.



    Mais ça ne va pas. Felicia est tétanisée, elle a l'impression qu'elle va tomber dans les pommes si elle bouge ne serait-ce que la tête, ou un pied. C'est la première fois qu'elle tient tête comme ça à son père, et c'est effrayant. Il est effrayant. Son regard noir, ses lèvres crispées, ses poings serrés. Elle avait l'impression de n'être plus rien. Plus une femme, plus Felicia l'actrice. Juste une pauvre gosse paumée qu'on venait d'abandonner, en disant d'un simple regard qu'elle n'aurait jamais dû faire ça. Une illusion perdue ... en voilà une. Felicia se recule, cherche ne serait-ce que le poignet de Matthew pour se raccrocher à la réalité et se donner la possibilité d'inspirer.

— Excuse moi je ... j'ai juste besoin d'un instant.

Elle a besoin de lui, bien que ce soit difficile d'avouer que l'on doit dépendre d'autrui. Son autre main se plaque sur ses clavicules, et enfin, elle arrive à inspirer une longue et profonde goulée d'air. Ses doigts serrent un peu plus le poignet de Matt et après quelques secondes, elle arrive à faire abstraction de tout ce qui lui remontait à la gorge. Le sentiment de culpabilité la ronge encore, mais il y a aussi cette reconnaissance profonde qui l'interpelle et lui dit de ne pas lâcher ce poignet, de ne pas fuir.

— On n'a pas besoin de Wallace. J'ai ma propre voiture, et le permis. Et tu sais quoi ? On va retourner en cuisine et faire comme si ils n'avaient jamais été là.

Nerveusement, sa main se détache, et ses doigts viennent remettre autant la chemise que la veste du costume de Matt à plat. Vaine tentative pour cacher son embarras.

— Je voulais te dire que ta présence compte pour moi. Et que j'ai toujours, depuis ce jour, voulu te connaître. Même si tu as l'air d'en connaître bien plus sur moi. Voilà. C'est dit. Maintenant les cuisines. Et ensuite je te ramène chez toi. Si tu veux, bien sûr.
Yeah, Lorry said she was a mouse
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✿ Elli


Hope you Know
I hope you know there's a part of you that lives in every note and every step I take along these broken roads that I've been walking and the time between us talking is so much longer now, but I still call you home. I hope you know. -byendlesslove

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The Devil of Hell's Kitchen
Matthew M. Murdock
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Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Empty
MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyMar 23 Jan 2024 - 12:12




(WHAT IF...) WE WERE SOULMATES

It's gonna take a lot to drag me away from you. There's nothing that a hundred men or more could ever do. Hurry boy, she's waiting there for you--  feat. @Felicia Hardy



Je l’écoutais me parler de ce film qui m’avait marqué, qui l’avait changée. Je l’écoutais et inconsciemment, je me laissais bercer par sa voix, par ses intonations et par cette passion. J’étais happé, complètement absorbé et je buvais littéralement chaque mot qui sortait de sa bouche. Je ne m’en lassais pas, j’avais l’impression d’être devant une version féminine de Foggy et quelque part, j’avais également l’impression d’avoir retrouvé cette gamine qui m’avait redonné le sourire à l’époque. Sans m’en rendre compte, j’avais laissé le peu de contrôle que j’avais sur mes sens divaguer sur elle, sur les battements de son cœur et je n’étais plus vraiment là.
En cet instant et alors que le sujet avait dévié sur elle, sur ce qui l’avait poussé sur cette voie. En fait, je n’étais plus qu’une oreille attentive, un réceptacle qui se remplissait au fur et à mesure qu’elle m’expliquait, qu’elle me donnait toutes ces informations sur la manière qu’elle avait d’aborder son rôle dans ce monde, dans ce métier qu’elle souhaitait exercer. Vide, hors de moi, omniscient ? Si seulement elle savait. Si seulement elle savait que depuis cet accident, j’étais omniscient justement, je voyais tout, je ressentais tout. Depuis que ce liquide m’avait retiré la vue, j’étais devenu quelque chose d’autre, quelque chose qui dépassait la condition humaine et le comparatif avec ces fameux Réplicants prenait tout son sens. Parce que dans tout ce mélange d’émotions, de cœurs, de ressentis, il était extrêmement difficile de savoir ce que moi, je ressentais et s’il s’agissait bien de mes sentiments, pas de ceux qu’un corps étranger me renvoyait. L’omniscience plaçait ma conscience au second plan, surtout lorsque je devais faire semblant de n’être qu’un jeune homme handicapé.

« Tu n’as pas idée comme je comprends. »

J’aurais souhaité lui en dire plus, être honnête avec elle comme je n’avais jamais été capable de le faire avec Foggy, mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas décemment pas lui dire que tout ce que je renvoyais n’était qu’une façade, une image construite pour masquer ce que j’étais, ce que j’étais réellement capable de faire. J’aurais probablement voulu lui dire que j’étais capable de la voir, à ma manière certes, mais que dans tous les cas, j’étais probablement la seule personne en ce monde à la voir ainsi, telle qu’elle était vraiment. Mais je gardais cela pour moi, peut-être plus tard, peut-être jamais.
Grignotant ce qu’elle m’offrait, je redevenais ce réceptacle vide qu’elle remplissait de sa verve et de sa ferveur alors qu’elle m’expliquait pourquoi, comment est-ce qu’elle avait été découverte, poussée sur le devant de la scène. Je connaissais cette pièce dont elle me parlait, je l’avais déjà vu, déjà lu. Cette tragédie où la fermeté et le contrôle de soi étaient des vertus austères, l’homme qui désirait devenir moralement bon voulait faire face à la douleur, la peine en affrontant son destin, bref, en cherchant au fond de lui l’énergie, la force nécessaire qui pourrait lui permettre d’accomplir ce pourquoi il était né, fait.

« Je vois ce que tu veux dire, actrice ou non, ce n’est jamais évident de définir les limites de ce qu’on est, que ce soit devant une caméra ou devant les gens. », dis-je en détournant le regard alors qu’elle paraissait piétiner sur place. « Pour être tout à fait honnête avec toi, je n’ai pas vu ton film…enfin, techniquement, je n’en ai vu qu’une partie avant de…avant de m’endormir. À ma décharge, Foggy était censé me raconter ce qu’il se passait, mais il était tellement pris par ta prestation qu’il m’a oublié. J’ai un faible pour les tragédies pourtant, ça me rappelle d’où je viens, ce que j’ai vécu et quand je me retrouve confronté à l’inéluctable qui arrête tous ces personnages, moi je continue et j’avance sans notion de devoir ou d’amour, juste parce qu’il le faut. », avouais-je alors que je commençais à sentir ces deux présences se rapprocher. « Tu vas me faire rougir ! Eh…Je ne vais pas bouder mon plaisir, ça me fait plaisir de te revoir. »

Il y a six ans, s’il n’y avait eu que moi, je serais resté à l’orphelinat, juste pour la revoir. Parce qu’à l’époque, cette gamine m’avait donné de l’importance, m’avait rappelé que je n’étais pas seul et qu’il y avait de la bonté dans ce monde, que le mien n’était pas entièrement plongé dans la noirceur. Elle m’avait sauvé, empêché de devenir quelque chose que j’aurais détesté, quelque chose qui m’aurait changé. Elle m’avait aidé, tendu cette main que je n’avais pas hésité à saisir, parce qu’elle était fondamentalement bonne. J’avais voulu rester dans ce passé révolu pour discuter encore avec elle, pour profiter de cette présence radieuse qui m’avait sorti de mon quotidien, de cette tristesse et de cette douleur qui avaient toujours menacé de me détruire.
Et maintenant il y avait ses parents. Peut-être que je m’étais un peu emballé, peut-être que les nombreuses gorgées de champagne et que ce verre, en prime, faisaient leur effet. Mais s’il y avait une chose que je ne supportais pas dans ce monde, c’était l’injustice et le traitement, le comportement de son père envers moi était injuste. J’aurais pu et j’aurais certainement dû encaisser ses remarques en silence, me faire tout petit et simplement accepter d’être remis à ma place par ce père de famille. J’aurais peut-être dû ne rien dire, accepter en baissant la tête de n’être moins que rien à ses yeux, j’aurais dû me taire et encaisser la sentence et tout ce qu’elle sous-entendait. Car même si cette idée ne m’avait pas traversé l’esprit, elle était induite dans ses propos, dans son comportement : je n’étais pas assez bien pour sa fille. Et il revenait à la charge.

« Je vois. Tu es le fils de Jack Murdock. Et donc ? Je dois t'offrir une médaille pour ton service rendu à la nation ?
- Pupille de la nation aurait suffit.
- Tu me parles de ma fierté, de ma fille et tu me dis, droit dans les yeux, que l'enfer, c'est les autres ?
- Je crois qu’on ne s’est pas compris. »

J’avais seulement voulu me montrer clément, expliquer mon point de vue et démontrer que je comprenais son positionnement, sa manière d’agir même si je n’acceptais la manière dont il me traitait.

« Alors que tu es là, au milieu des flammes, fringuant dans ton costume loué, à t'infiltrer. Pendant que ces gens que tu insultes ont de quoi faire tomber dix fois, cent fois des Murdock. Et tu as les gens comme moi, qui ont réellement chuté, petit. Des gens qui, avec la gueule fracassée pour un choix, ont ravalé leur fierté et se sont relevés. Et c'est pour ça que j'adorais ton père. Mais moi, je n'insulte pas pour me grandir. Je fais en sorte d'être un rouage essentiel, et de maintenir le cap parce que j'ai les deux femmes de ma vie qui ont le droit de vivre le meilleur. Parce qu'à mes yeux ce sont les meilleures. On sacrifie sa fierté au nom de ceux qu'on aime, Matthew. Murdock.
- Ce qui compte ce n’est pas la chute, c’est la manière dont on se relève, c’est ce que mon père disait. Vous ne le connaissiez pas, vous ne l’avez jamais connu et vous ne l’adorez pas. Si c’était le cas, vous sauriez qui il était et surtout pourquoi, pourquoi parfois même au tapis, on gagne plus. Vous pouvez vous approcher autant que vous le voulez, me menacer autant que vous le voulez, vous ne comprendriez pas. L’âge ne définit pas l’expérience de la vie…Mon père répugnait les gens de votre espèce, Ed’ »

Est-ce que j’étais encore entrain de m’emporter ? Certainement et je le regrettais, parce que ce n’était pas moi. Je n’avais pas pour habitude d’agir ainsi, d’attaquer frontalement et surtout de réagir aussi vivement. Mais j’étais piqué, l’évocation de mon père me faisait mal, réveillait des souvenirs douloureux et me faisait ressasser un passé qui m’avait été arraché. L’intervention de Felicia fut salvatrice car bien avant son père, mes poings s’étaient serrés, ma mâchoire s’était crispée et j’étais devenu un mur, une porte close définitivement déterminé à en découdre, à ne pas laisser ses propos blessant.
Alors qu’elle s’interposait entre lui et moi, je ne pouvais détacher mon regard brumeux et caché par ces lunettes de cet homme que mon père aurait détesté, que je haïssais sans le connaitre. C’était là que résidait mon erreur, dans le jugement que j’avais porté sur lui sans le moindre indice de son histoire, de ce qui l’avait forgé. J’avais agis par orgueil et je m’en voulais d’avoir montré cette image de moi.

« Fais tes preuves. Parce que ce genre de discours, tu pourras le tenir quand tu auras ton diplôme et un carnet d'adresses en poche mon grand.
- C’est exactement ce que je disais, je n’ai pas besoin de l’approbation de qui que ce soit, encore moins de vous.
- Je suis désolée. Je vais régler ça. Ce n'est pas contre vous il...
- C’est moi qui suis désolé, madame Hardy. Je me suis emporté, je n’aurais pas dû. S’il est apte à l’entendre, vous pourrez lui dire que je suis navré d’avoir agi ainsi. »

J’allais d’ailleurs partir. Son père avait raison, je n’avais rien à faire ici, ce n’était pas ma place et je le savais pertinemment. Dans cet univers, je n’avais pas la même volonté, la même force de caractère qui me faisait tenir, qui me poussait à être meilleur et affronter toutes les menaces qui se trouvaient en travers de mon chemin. Je dépliais donc ma canne d’un geste sec et emplit d’une certaine rancœur que je peinais à intérioriser. J’avais vraiment apprécié le geste de Felicia, qu’elle s’interpose, qu’elle veuille me protéger de son père, mais j’étais maintenant incapable de parler, d’aligner deux mots et de simplement lui dire merci. Ma canne frappa le sol et je commençais à pivoter lorsque je sentis ses doigts se refermer sur mon poignet.
L’espace d’un battement de cœur et alors qu’elle reprenait la parole, j’eu envie d’arracher mon bras et de faire demi-tour. Je ne voulais plus être ici, je ne voulais plus sentir ces regards peser sur moi, je voulais seulement être ailleurs, être seul. Parce que cet échange, cette salle, ces regards me ramenaient bien des années en arrière, à cette époque où j’étais véritablement seul et perdu. Je n’avais rien à faire ici et soudainement, je me sentais oppressé par tout ce qui m’entourait, j’avais seulement besoin de fuir mais cette main me retenait.

« Je ne sais pas si c’est une bonne idée…Je… »

Je m’arrêtais alors que ses mains se plaçaient à présent sur le col de ma chemise, celui de ma veste. Naturellement, mon visage s’abaissa pour que mes yeux vides puissent la fixer, l’observer. Je sentais cette odeur alors que je sentais ses doigts glisser non loin de ma peau. Le printemps, la douceur, l’eau de pluie, la fraicheur…mon nez se plissa. J’aurais aimé pouvoir chasser cette odeur de mon nez, pouvoir l’ignorer mais je n’y parvenais pas. J’aurais voulu m’écarter, lui dire que j’avais compris le message de son père, que je ne voulais pas lui causer de problème et pourtant, je n’y arrivais pas. Une part de moi luttait pour faire fonctionner mes jambes, leur ordonner de m’emmener jusqu’à la sortie. L’autre me disait de rester avec elle, de profiter de ce que cette fille avait à m’offrir et ce qu’elle me disait faisait aisément basculer la balance du bon côté.

« Je…ça fait beaucoup pour un seul homme…Laisse-moi juste le temps de prévenir Fog’, je ne veux pas qu’il s’inquiète. Je te rejoins en cuisine, ok ? »

Dans une inconscience la plus totale, ma main droite s’était portée au niveau de son visage et je m’étais rendu compte de mon geste juste avant qu’elle ne se pose sur sa joue. Impossible de savoir pourquoi j’avais fait ça, impossible de comprendre ce qui m’était passé par la tête et je ramenais bien vite cette main aventureuse le long de mon corps, clignant plusieurs fois des yeux comme pour revenir à la réalité. Après m’être raclé la gorge et avoir balbutié un pardon bien gêné, je la dépassais en faisant claquer ma canne au sol, même si cela n’était pas vraiment nécessaire. Si j’avais été mal à l’aise suite à cet échange avec son père, je l’étais encore plus maintenant, après ce geste qui avait dépassé ma pensée, qui dépeignait une certaine affection envers cette gamine qui avait eu un véritable impact sur ma vie.
Reprenant difficilement mes esprits, je prenais la direction de ce fameux comptoir afin de rejoindre Foggy, qui était en toujours en compagnie de cette femme. Je ne savais pas comment les choses paraissaient d’un regard extérieur, mais j’avais l’impression que ma démarche n’était pas aussi assurée que d’habitude, que je tâtonnais trop, que je me perdais dans cette salle malgré que sache ou je devais me diriger.

« Fog’ ? Je vais y aller. Tu t’inquiètes pas ok ?
- Ah ? Don Juan a encore frappé ?
- Non…non, j’ai juste besoin de prendre l’air.
- Wow, tu veux que je vienne ? Ca va pas ?
- Non non c’est bon, t’inquiètes pas ok ?
- Moi je m’inquiète de ne pas avoir été présentée ! Elektra Natchios, vous êtes ?
- Pas intéressé. On se voit plus tard Fog’ »

Alors que je me détournais pour reprendre mon chemin en direction de la cuisine, j’ignorais les invectives de la jeune femme qui m’attaquait, essayait de me piquer pour me forcer à réagir à me retourner, à tomber dans ce piège tendu juste pour moi. Ce n’était pas ma soirée pourtant cette fois, j’ignorais ce discours –pas comme avec le père de Felicia et, continuais mon chemin en me guidant à l’aide de ma canne et de mes sens. Quelques secondes plus tard, je passais la porte de la cuisine et rejoignait Felicia. Je n’étais plus aussi rayonnant, amusant que plusieurs minutes auparavant, les propos de son père m’ayant profondément atteint, peut-être même trop pour un type que je ne connaissais pas.
Attendant que la porte se referme de mon dos, je laissais échapper un long soupire en plongeant mon visage dans ma main libre dans une vaine tentative d’effacer mes traits tirés, fatigués, blessés. J’essayais d’afficher un sourire de circonstance alors que je me dirigeais vers l’un des réfrigérateurs, l’ouvrais et en sortais une bouteille de champagne.

« On fait ce que tu veux, mais pitié, sors-moi d’ici. Et j’embarque ça, dommages et intérêts. »              


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Felicia Hardy
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Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Empty
MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyMar 23 Jan 2024 - 17:43





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About a mouse named Lorry
Yeah, Lorry was a mouse in a big brown house
She called herself "The Hoe"
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But fuck that little mouse
'Cause I'm an Albatraoz

     Pour la première fois de sa vie, Felicia se sent abandonnée. Elle se sent abandonnée par ces piliers qu'ont toujours été ces parents. D'un regard confus, blessé, son père l'avait reniée. D'une décision allant en faveur de ce père, en voulant certainement calmer le jeu, sa mère l'avait laissée sur le côté. Alors qu'elle était venue pour elle, pour eux. Entre ça et cette phase de transition mentale dont Felicia avait parlé plus tôt à Matt, plus l'ambiance où l'on les regarde encore comme de curieuses bêtes, cette remontée dans son cœur et dans sa gorge lui faisaient mal. D'autant plus quand elle a senti que Matthew aussi la laissait. D'instinct, ou plutôt par besoin, elle l'avait rattrapé avant qu'il ne parte et ne se remettre à disparaître de sa vie. Par le col, la veste ou le poignet, ses doigts avaient agrippé le reliquat lumineux et changeant de son adolescence, qui ce soir lui permet de comprendre un peu mieux ce qui avait fait qu'elle s'était toujours efforcée d'établir un lien.
D'autant plus quand elle a vu que cela avait aussi compté pour Matt. Pour nombre d'adultes, de gens matures, ces choses seraient des babioles, des petits jeux d'enfant sans importance sur lesquels il est idiot de s'accrocher. Pour eux, c'était synonyme d'espoir, de conversation silencieuse pour apprendre à ses connaître, partager tout ce que leurs mondes respectifs ne leur permettaient pas de partager. Il ne saura sans doute jamais que durant chaque heure, les première fois, elle s'excitait en se demandant ce qu'il allait penser de ce bracelet, ou de ce simple caillou noir et lisse venant des côtes. Les dernières, son cœur était plus lourd mais tout de même dans l'attente et l'espoir de le revoir. Un simple bruit de cailloux pressés sur le sol, un simple écho de voix suffisaient à la sortir de sa léthargie. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse pour de bon pendant six ans, en laissant derrière elle cette petite pochette contenant un single de Dionne Warwick, accompagnée de Elton John, Stevie Wonder et Gladys Knight. Et ensuite, ce petit crush innocent tira sa révérence en se fermant des épais rideaux des conventions sociales.

— Je comprends. Je suis désolée que tu aies eu à subir ça. Et je ne t'en voudrais pas si tu souhaites partir.

Pourquoi s'évertue-t-elle à le rattraper alors que tout les pousse à s'écarter ?Pourquoi le regarde-t-elle comme pour le regarder droit dans les yeux, alors que ces verres les séparent et rappellent leur différence de condition, autant par la naissance, que par cette notion de vue. Contrite et visiblement gênée, elle attend avec fatalisme et résignation la réponse de Matt en retirant dans un geste nerveux ses doigts du tissu, de sa peau car elle remarque à quel point elle a osé entrer dans son espace. Et soudain, sa voix. Cet espoir qui fait relever sa tête et la ramènent vers ces verres sombres, et ce visage emprunt des reliefs de la douleur et du sentiment de non appartenance.

—Ok. Je-Je t'attendrai.

Comme ces autres fois dans le jardin de l'orphelinat. Est-ce que ce sera pareil d'ailleurs ? Elle l'attendra et il ne sera jamais là. Sur le moment, alors qu'elle se trouve entre deux eaux et ces possibles, Felicia ne voit pas de suite cette main se lever vers elle. Large, emprunte de toute cette réassurance dont elle a besoin. Elle ne la voit que dans les dernières secondes de sa tentative, avant qu'elle ne revienne à sa position initiale. D'un pardon, il s'en va sans elle, la laissant avec cette étrange sensation de chaleur glissant autant sur sa joue que son oreille qu'elle ne peut s'empêcher de toucher du bout des doigts pour vérifier si celle-ci est bien réelle. Puis, se redressant et affrontant les regards avec cet air audacieux et fier, elle salue quelques personnes avant de filer au point de rencontre convenu.



     De retour en cuisine, environnement bien moins oppressant que ce salon (paradoxal en sachant que la pièce est plus petite), Felicia se remet à respirer. Elle s'évente comme elle peut de ses deux mains et souffle tout cet air, les lèvres tremblantes et le pas agité. Cela faisait aussi beaucoup à encaisser durant cette soirée, en sachant que Katie n'avait pas fini de la hanter de ses propres émotions et besoins. Se départir d'un personnage est vraiment, vraiment difficile, et en cela durant cette conférence de psychologie tenue par Day Lewis et un psy s'occupant des acteurs dans ces phases transitoires, les deux hommes avaient raison. Il y a toujours une partie du personnage qui nous arrache quelque chose, même si nous acceptons de complètement l'embrasser sans rien espérer en retour. Par moments, on arrive à l'occulter, parce que les autres nous rappellent qui nous sommes réellement, au delà de ce rôle, de ce personnage avec qui en soi, l'on vient d'effectuer une rupture allant de plusieurs mois à une année entière. Voir ... des années comme certains le font en s'entraînant dans une préparation stricte.
C'est donc dans cette agitation perpétuelle, et cette hésitation de se raccrocher à Katie (qui certes vu sa fin n'est pas non plus l'option la plus saine) pour fuir à son tour ce monde de fou, que Felicia cherche à s'occuper l'esprit et tenir coûte que coûte à ce "je te rejoins". Dans la volée du tissu léger de sa robe et de ses boucles blondes, la jeune femme va et vient, tripote, cherche dans cette pièce quelque chose. Elle le trouve au bout d'un moment en remettant ses neurones émiettés en place, et le tient contre son cœur en souriant faiblement et un peu stupidement. Jusqu'à ce qu'elle entende sa voix et tressaille fortement à en lever ses épaules tant elle est prise par surprise.

— Vraiment ce que je veux ? Je sais maintenant que tu es un homme de parole, mais fais attention ça peut vite déraper.

Elle se retourne alors, et lui fait face, avec cette bouteille serrée contre sa poitrine. Ses lèvres se plissent et laissent filtrer un début de sourire en voyant que Matt a pensé à la même chose. C'est comme le parmesan, spontané.

— Du coup on double les frais, vu qu'on est à deux.

Est-elle heureuse ? Oui. L'ado intérieure qui traîne dans un coin de son âme pétille de joie. Elle saute les bras levés vers le ciel pour l'accueillir avant de courir vers lui et lui dire qu'elle est tellement contente de le revoir.

— Vu que je fais ce que je veux, je veux que tu me suives. Et vu qu'il n'y a pas de limites imposées, tu es coincé jusqu'à ce que tu me dises que tu en as marre de réaliser mes volontés. Aller, donne moi ton bras, on a des escaliers à descendre.

Elle attend que Matt la rejoigne, son sourire malicieux revenant peu à peu imposer sa brillance, malgré la fatigue mentale de tout ce que cette fichue soirée a pu imposer. Et, dès qu'elle l'a à son bras pour la seconde fois, elle l'emmène, en faisant attention dans la descente à ne pas choquer sur la rampe métallique la bouteille. Il y a tout de même un moment où ça tape et où elle s'arrête, vérifiant par la présente que tout va bien. son cœur s'emballe de panique un bref instant, mais ça ne fuite pas. Ouf. Felicia souffle et s'excuse alors, avant de rire et continuer cette marche un peu bancale en raison du fait qu'ils soient un peu chargés. Ils arrivent sans encombre au parking souterrain, non sans qu'elle ne souffle tant elle était mal à l'aise de se tenir autant contre lui, que d'éviter tout choc pouvant compromettre l'intégrité de la bouteille en sa possession.

— Je sais qu'on aurait pu prendre l'ascenseur, mais ... mais sérieusement, j'ai pris au pied de la lettre le fait qu'on ... qu'on parte de là et ... j'ai pas réfléchi, je t'ai pris le bras en me disant que descendre les marches ça allait être difficile pour toi et ... Ça va d'ailleurs ?

Les mains dans le petit sac qui l'accompagnait depuis tout ce temps en étant pendu à son épaule droite, Felicia fouille pour en sortir les clés et ensuite ouvrir grâce au boîtier la fameuse voiture. C'est une bien rutilante et sportive Chrysler noire de la gamme SRT qui répond à l'appel. Felicia pince ses lèvres pendant qu'elle sent un moment de flottement entre eux. La voiture lui a été offerte par son père le jour où il a appris qu'elle rentrait au conservatoire.

— Oui, je sais c'est cliché. Truc de riches.

Felicia s'avance vers la porte passager et l'ouvre poliment à Matt, avant de faire le tour par l'arrière du véhicule pour rejoindre la place conducteur. Elle essaie de placer entre les jambes de Matt la seconde bouteille en se penchant vers lui avant de se redresser et lui tendre, visiblement gênée.

— Tu veux bien mettre ça entre tes jambes, s'il te plaît ?

Lorsqu'il le fait, elle se mordille l'intérieur des lèvres et l'aide à s'attache. Puis, elle revient se câler dans le siège. Il était temps de mettre le contact.

— Fais attention au démarrage, ça prend souvent de court.

Et suite à cette dernière attention, la jeune femme passe la première et appuie sur l'accélérateur.



    Même si Matt ne peux pas le voir (du point de vue de la jeune femme), les lumières new yorkaises défilent, laissant peu à peu place au vide, et à l'absence de toute barre d'immeuble. Elle file sur la route quatre vingt sans ne serait-ce que jeter un regard en arrière, sauf pour regarder dans le rétroviseur dans le but de vérifier la présence de voitures.

— J'ai un endroit que j'aime bien à l'Est. Bon, je t'emmène loin de ta New York adorée vu que je fais ce que je veux, Suburb Boy. Mais tu verras, ça vaut le coup. Attention, je passe la cinquième, tu es prêt à ressentir un effet saut d'hyperespace ?

Et d'un coup sec, autant sur le levier de vitesse que sur l'accélérateur, la voiture grogne avant de rugir et pointer au delà du 130. Elle reste tout de même à 150 pour ne pas trop le secouer, en sachant qu'elle pourrait passer la sixième et pointer à 180. Mais elle relâche au bout de deux minutes, sentant qu'il n'est pas vraiment à l'aise. Et elle rit, en secouant la tête.

— Même en n'étant pas aveugle je ne me sens pas bien dans ces moments là. Bref, je ne te torture pas plus, mais j'espère que ça a pu au moins t'empêcher de te morfondre encore.

Et ils finissent par arriver au fameux lieu. Il s'agit d'une réserve pour les loups se trouvant après Columbia. En pleine forêt, excentrée de toutes les excentricités humaines. Felicia, qui avait déjà baissé la cadence sur la vitesse, se fait d'autant plus calme quand ils arrivent sur le parking. Une fois le contact coupé, elle se détache et se jette vers l'arrière du véhicule pour sortir sa grande écharpe ainsi que la lampe de poche se trouvant dans la poche arrière du siège passager. Une fois celle-ci sur ses épaules, elle se penche à nouveau pour prendre la seconde bouteille rapidement et sort un peu brusquement du véhicule qui laisse par l'ouverture de sa porte autant le froid que l'absence totale de bruits de klaxons ou de crépitements à ses oreilles. Seul le vent, des bruissements, le son d'oiseaux nocturnes et des hurlements de canidés peuvent lui parvenir. Une fois la porte fermée, elle attend Matt côté passager.

— Bienvenue à Lakota Wolf. On a encore quelques minutes de marche laborieuse car on doit décaler sur un sentier. Et vu mes chaussures, ça va être vraiment, laborieux.

Ça se confirme. Marcher sur un sentier, aussi aplani qu'il soit par l'homme avec des talons et une robe de soirée, n'est pas le meilleur plan qu'elle ait eu. C'est donc de nouveau bras de Matt et pas vraiment à l'aise que Felicia avance en le guidant. Ça monte de plus en plus, jusqu'à ce qu'ils arrivent sur la fin de cette espèce de colline qui laisse alors en contrebas une vue et une proximité avec les parcelles allouées aux différents loups résident ici. Felicia tire Matthew vers le vieux banc improvisé en souche et sans aucune délicatesse, elle enlève ses talons en soupirant d'aise.

— Et au final c'est moi qui me retrouve à me torturer pour toi. Viens là, l'écharpe est assez grande pour deux.

Et hop, d'un tour de bras, elle passe un pan de l'écharpe à Matt autour de son cou, avant de commencer à ouvrir la bouteille en sa possession.

— Je sais que j'en fais trop, sachant que sûrement à tes yeux, tu es un parfait inconnu qui n'a pas sa place, Matt. Mais je voulais te montrer que j'étais reconnaissante pour ce tu as dit, devant mes parents. Et que tu sois loin de tout ça, comme tu le souhaitais.

La bouteille s'ouvre dans un pop, et elle lui tend le goulot pour qu'il puisse se servir autant de gorgées qu'il le veut.

— Et je voulais sans doute vraiment partager plusieurs choses avec toi, avant que tout ne s'échappe. Que je ne puisse pas te revoir pendant encore six ans.

Parce qu'elle aime la vie, Felicia. Elle aime découvrir toutes ces choses, même si ce n'est qu'une gosse de riche pour certains, ou qu'un beau visage pour d'autres. Et partager ne lui a jamais fait peur. Ce sont les autres qui ont souvent tendance à abuser, si bien que souvent, elle avait du mal à faire plus. Mais avec lui, parce que c'était ce garçon de ses quatorze ans, ce fils de boxeur qui choisit de lutter pour les autres, elle le fait à nouveau. Parce qu'il est aussi humain qu'elle peut l'être. Plus bas, les loups rassemblés en une meute de quatre individus trottinent le long des barrières, en regardant ces deux inconnus avec méfiance et curiosité.

— Ils sont en train de nous observer. Il y a un grand noir et dans l'obscurité on dirait vraiment une grosse ombre monstrueuse. Je crois que c'est l'alpha. Tu as deux blancs qui se collent, et un plus petit, plus en arrière, un peu plus gris. Peut-être qu'ils veulent nous rejoindre pour boire un coup ? en soi je les comprends. On a du champagne haut de gamme qu'on va boire comme si c'était de la bière.
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I hope you know there's a part of you that lives in every note and every step I take along these broken roads that I've been walking and the time between us talking is so much longer now, but I still call you home. I hope you know. -byendlesslove

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The Devil of Hell's Kitchen
Matthew M. Murdock
Matthew M. Murdock
The Devil of Hell's Kitchen

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Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Empty
MessageSujet: Re: Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? Et si ... Matthew Murdock et Felicia avaient eu le même âge ? EmptyMar 23 Jan 2024 - 21:53




(WHAT IF...) WE WERE SOULMATES

It's gonna take a lot to drag me away from you. There's nothing that a hundred men or more could ever do. Hurry boy, she's waiting there for you--  feat. @Felicia Hardy



Foggy voulait me rattraper, je le sentais. Tout comme j’entendais cette fameuse Elektra m’ordonner de revenir comme si j’avais été son animal de compagnie, je ressentais les émotions de mon ami. Il voulait que je reste avec lui, ou venir avec moi, peu lui importais tant que nous étions ensemble. Il avait beau ne pas avoir mes capacités, il me connaissait trop bien pour que je puisse lui cacher quelque chose…lesdites capacités misent à part. Il connaissait la moindre expression qui pouvait habiller mes traits et surtout, il savait lorsque j’étais au plus mal. Là, il l’avait senti et j’avais détecté cette hésitation à se lever de son tabouret, à quitter cette femme qu’il essayait en vain de séduire. Je regrettais de l’avoir envoyé vers elle, de l’avoir poussé, de lui avoir fait croire qu’il avait ses chances. Je m’en voulais mais je ne pouvais pas lui dire. Que ce soit dans cet univers ou dans un autre, je ne méritais pas Foggy.
Je rejoignais alors cette cuisine où la gamine de mon adolescence m’attendait, tout du moins je l’espérais de tout mon cœur. Je luttais, je combattais cette furieuse envie de me faire demi-tour, d’aller prendre Foggy par le bras et de partir avec lui. La destination n’avait aucune importance, j’avais seulement mal à l’idée de le laisser avec elle, de l’abandonner dans ce monde qui n’était pas le nôtre. Il avait beau avoir le même âge que moi, être excessivement débrouillard, j’avais encore une fois l’impression de le trahir et bon sang que j’avais envie d’y retourner, juste pour lui. Mes sentiments étaient séparés, complètement éclatés et ils me torturaient. D’un côté, il y avait mon meilleur ami. De l’autre, il y avait cette fille. Le point commun ? Je leur avais menti, à tous les deux. Je poussais la porte avec une certaine colère, une certaine amertume envers ce que je pouvais parfois être. Je la vis sursauter, surprise de cette arrivée pour le moins bruyante et presque aussitôt, la colère retomba. Trop de gens, trop d’agressivité, trop de regards, trop de trop.

« Vraiment ce que tu veux, tant que tu me sors d’ici. Tu sais que menacer un futur représentant de la Loi peut te coûter ta carrière ? Cinq ans de prescription en droit commun, ça t’emmènera tout juste jusqu’à ma remise de diplôme. Rassure-toi Felicia, je saurais poser les limites ou les respecter, j’ai bien compris où était ma place. »

À travers les échos qui venaient se répercuter dans la pièce, à travers les bulles de ces bouteilles de champagne et même au travers des battements de son cœur, je ressentais tout. Elle était beaucoup plus heureuse que moi à l’idée de passer cette partie de la soirée ensemble, juste elle et moi. Je me rapprochais néanmoins d’elle et lui tendais mon bras afin qu’elle me guide dans ces escaliers. Moi ? J’étais toujours bloqué sur le discours de son père, sur la façon qu’il avait eu de me traiter, injustement ou justement, je ne savais plus vraiment. Brusquement, alors que certains des mots qu’il avait employés me revenaient à l’esprit, je doutais, j’hésitais et je revenais de nombreuses années en arrière, je revoyais mon père.
C’était lui que j’avais eu à l’esprit durant cet échange musclé, durant cette humiliation que j’avais subi. Et si j’avais été capable de m’en sortir, c’était grâce à lui, grâce à son éducation, grâce à tout ce qu’il avait eu le temps de m’apprendre. J’aurais voulu qu’il me donne plus que ces neuf années passer ensemble. J’aurais voulu tellement plus. J’en était sûr, cette blessure ne se refermerait jamais et entendre quelqu’un d’autre parler de lui, l’utiliser contre moi ne me mettait pas en colère, cela me blessait, profondément. Les mots du père de Felicia avaient été une lame dans cette plaie qui ne guérissait pas, il avait -sans le vouloir peut-être, déterré des souvenirs horribles et qui m’avaient toujours hanté, poursuivis. Comme le fait de revoir mon père, mort, baignant dans son sang. Il était mort seul, sans personne pour l’aider, sans personne pour lui dire de s’accrocher, de ne rien lâcher à cette vie qui quittait son corps. Et si j’avais été là ? Et si seulement j’avais été là, j’aurais peut-être pu empêcher tout cela, le protéger, le sauver. Le retenir, juste le retenir pour qu’il continu et avoir plus de temps avec lui.

Jack Battlin’ Murdock était une légende dans le monde de la boxe, il avait été le combattant féroce et déterminé que tout le monde adorait, mais personne ne pariait jamais sur lui. Il avait été l’homme qui pouvait tout encaisser, du plus puissant crochet du droit au plus violent des uppercuts. Il avait été l’homme qui se relevait, toujours et peu importait s’il devait retourner au tapis. Il était aujourd’hui une légende pour une infime partie de tout cela, ce qui lui avait permis de se faire un nom, c’était uniquement ce-dernier combat, cette dernière bataille contre lui-même, pour moi. Au départ de ma mère -tout du moins, c’était ma vérité, il avait tout sacrifié pour s’occuper de moi, pour me donner une chance de réussir là où il avait échoué. Jack Murdock n’avait pas fait que sacrifier son temps ou ses économies, il avait délaissé ce qu’il était, fondamentalement, pour m’offrir une vie meilleure que la sienne. Mon père avait abandonné ses principes, ses valeurs pour réunir suffisamment d’argent, pour que je puisse réaliser mon rêve, au dépend du sien. Et si je ne lui avais pas dit que je voulais devenir avocat, serait-il encore en vie ?
Je revoyais souvent, dans mes rêves les plus horribles, dans mes cauchemars les plus doux, ce moment avant le combat, dans les vestiaires du gymnase. Cet instant tragique où il m’avait regardé, les yeux bourrés de fierté et de regrets alors qu’il me murmurait que ce cette fois, je serais fier de lui. Qu’au moins une fois dans ma vie, je pourrais être fier de mon père. Je l’avais été bon sang, j’avais été si fier de lui parce que je savais que ce combat était joué d’avance, je savais tout ce qu’il faisait dans ces ruelles sombres, pour quelques dollars de plus. J’avais aimé mon père plus que n’importe qui, je l’avais idolâtré, porté aux nues parce qu’avant le Père Lantom, avant Foggy et bien avant Felicia, il avait été cette seule et unique bonne personne qui m’avait traité justement. Est-ce qu’il me manquait ? À en crever.

À la question de Felicia, alors que nous descendions les escaliers et que nous étions même arrivés en bas, au parking souterrain, je me contentais d’un hochement de tête silencieux. Une réponse muette, positive certes mais en cet instant et avec ces souvenirs qui m’avaient assailli, je n’avais pas la force de parler. Même pour elle. Ça allait, de toute manière, est-ce que j’avais vraiment le choix ? Je connaissais déjà la réponse à cette question. J’avais pris une décision il y a bien longtemps, dans le jardin de l’orphelinat, une décision que j’avais gardée pour moi mais motivée par deux éléments déclencheurs, diamétralement opposés : Stick et Felicia. L’un m’avait brisé le cœur, avait même brisé tous mes espoirs de devenir ce qu’il voulait. L’autre m’avait réveillé, avait récupérer quelques morceaux de ce que j’étais pour me les tendre et me laisser le choix d’en faire ce que je voulais. Être moi-même, être ce que je désirais être.
Au loin, via mon ouïe quelque peu embrumée par l’alcool et la mélancolie, je l’entendais fouillais dans son sac et reconnaissais le tintement métallique d’un porte-clés. La voiture s’ouvrit se manifesta dans un bip-bip tout aussi sonore que le moteur qui venait de s’allumer et de ronfler. Mes lèvres s’affaissèrent dans une grimace pleine de jugement alors que tous ces sons me permettaient de voir de quel type de voiture il s’agissait. Nous n’étions définitivement pas du même monde.

« Je vais me contenter de garder le silence. », dis-je simplement en m’installant dans le véhicule, attrapant la ceinture de sécurité et la passant sur mon épaule, mon torse.

Alors que je gigotais pour effectuer cela, je sentais la tentative désastreusement gênante de Felicia pour placer la bouteille de champagne entre mes jambes. Je lui prenais la bouteille des mains, embarrassé et la laissais attacher ma ceinture alors que je calais les deux bouteilles entre mes cuisses. Possible que pour une fois, mes joues se soient empourprées et que mon regard, mon visage aient fuit du côté opposé.  

« Monte en voiture avec Fog’, tu comprendras ce que c’est d’être pris de court. Il parait excessivement fun comme ça, mais derrière un volant, c’est un monstre…pas dans le sens monstre de pilotage, plutôt…disons qu’il a une fâcheuse tendance à insulter les autres conducteurs, sur plusieurs générations. »

Elle passa la première vitesse, accéléra et instinctivement, mes pieds se collèrent au plancher pour garder un semblant d’appuis. Si de son point de vue j’étais un véritable aveugle, c’était loin d’être le cas. Alors que les grésillements, les bourdonnements de la ville s’éloignaient enfin, je profitais du bruit du moteur pour admirer le paysage. C’était la première fois de ma vie, la véritable première fois que je m’aventurais hors de New-York. L’image de l’oiseau quittant le nid, volant pour la première fois de ses propres ailes me qualifiait bien en ce moment. Ce n’était pas la vitesse qui m’effrayait, c’était l’inconnu. Ce qu’il y avait au-delà de cette ville, parce que j’en savais rien, parce que le peu de contrôle que j’avais sur mes sens ne me laissais rien voir de ce qu’il y avait en dehors de la voiture. Sa remarque et cette référence à Star Wars, films que Foggy et moi adorions, m’arracha un fin sourire, c’était le premier depuis un moment.

« Ok Chewie, allons battre ce record du Kessel run ! »

Et elle ne se fit pas prier. Le passage de vitesse et la reprise du véhicule sur l’accélération collèrent mon dos au dossier. Cette fois, ce n’était plus l’inconnu qui me faisait peur. C’était en partie la vitesse, parce qu’elle déréglait mes sens, il n’y avait pas de véritable point de repère sur lequel se raccrocher et ça me perturbait parce que…parce que dans cette situation j’étais réellement aveugle. Machinalement, ma main droite avait lâché l’une des bouteilles pour aller attraper la poignée au-dessus de la vitre et je m’y accrochais de toutes mes forces. L’expérience était intéressante, mais elle réveillait aussi une peur ancestrale, celle de ne plus voir. Tout le monde avait peur de perdre la vue, c’était un fait. Moi aussi j’avais peur de perdre ce que m’offraient mes sens, j’étais effrayé à l’idée de devenir aveugle, vraiment. Après ce qui me sembla être une éternité, elle revint à une vitesse un peu plus raisonnable, non sans se fendre d’une remarque. Je hochais simplement la tête, surpris qu’elle ait pu détecter mon état aussi facilement, moi qui étais plutôt doué pour masquer mes émotions…sauf auprès de Foggy bien sûr. Quelques minutes plus tard, elle stoppait enfin voiture et moteur et, je ne perdais pas de temps pour détacher ma ceinture, embarquer les deux bouteilles et descendre. Alors que je sortais, ma canne tomba sur le siège et je refermais la portière sans m’en rendre compte.
J’étais soudainement beaucoup trop pris par l’environnement, par la quiétude ambiante par ce sentiment de sérénité qui m’envahissait. C’était paradoxale parce qu’il y avait tellement peu de bruits, de son émanant de cette forêt que j’étais quasiment aveugle. Je voyais cependant certains détails, comme la voiture ou Felicia, comme l’orée de la forêt. Mais c’était bien ce silence qui me prenait aux tripes et me faisait frissonner de plaisir, d’un apaisement profond. J’inspirais fortement, offrant à mon odorat la possibilité d’imprimer l’odeur de la sève, celle des pins, de la terre. Ma bouche s’entrouvrit dans un soupire d’extase, de plénitude alors que la voix de Felicia me parvenait.

« Wow je…je n’ai jamais été dans un endroit aussi…aussi calme, aussi paisible c’est…c’est déroutant. »

Une fois encore, je la laissais passer son bras au mien et une fois encore, je me laissais guider. Cette présence m’avait manqué, cette présence avait laissé un vide dans le cœur du gamin de quatorze ans que j’étais à l’époque et j’appréciais qu’elle se tienne près de moi, qu’elle m’aide à poser les pieds sur ce sentier, qu’elle me pilote comme l’aveugle que je n’étais pas. Après cette escalade périlleuse, je me retrouvais assis sur cette souche et avant d’avoir pu dire quoi que ce soit, elle passait cette grande écharpe autour d’elle, autour de moi et me forçait à être un peu plus près d’elle.
Je l’écoutais me parler, m’expliquer pourquoi nous étions ici, pourquoi elle avait cela et plus elle parlait, plus je me sentais mal à l’aise. Plus elle s’ouvrait à moi, plus elle me disait qu’elle voulait partager, qu’elle avait toujours voulu me revoir, plus j’avais l’impression de m’enfoncer sur cette souche, plus je voulais disparaitre. Elle était honnête, je lui avais menti. J’attrapais cette bouteille qu’elle me tendait, sans tâtonnement, sans la moindre hésitation et j’en buvais une longue, trop longue gorgée. Le courage en bouteille disait-on.

« Je ne mérites pas ce traitement Felicia. J’apprécie tout ce que tu fais pour moi, j’apprécie que tu m’aies sorti de là, que tu m’aies amené ici mais…mais je ne mérite pas tout ça. Tu as toujours été adorable, attentionné avec moi et…et je n’ai jamais oublié tes visites, tes cadeaux…je ne t’ai jamais oublié en fait. Je n’ai pas été honnête avec toi et dans le fond, je ne sais même pas pourquoi je te dis ça parce que…parce qu’on se connait peu, parce que tu n’étais qu’une visiteuse que j’attendais, parce qu’on vient tout juste de se retrouver après six ans et…et pourtant j’ai le sentiment, je suis convaincu que je te dois la vérité…je… »

Tu quoi, Matt ? Je ne la connaissais presque pas et pourtant, pourtant j’avais l’intime conviction de l’avoir déjà croisé, d’avoir déjà discuté avec elle et au final, de la connaitre depuis bien plus longtemps que six petites années. J’hésitais, je tergiversais face à cette impression de déjà-vu et j’en avais déjà trop dit pour m’arrêter, pour m’effacer et revenir en arrière.

« Je ne suis pas aveugle…Pas au sens même de la définition. Quand j’étais gosse, il y a eu un accident. Un produit m’a brûlé les rétines mais…mais a développé mes autres sens, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher…Je peux voir à travers ces sens, je peux vraiment te voir Felicia et…et quand tu venais je te voyais. Quand on était dans la cuisine avec Fog’, je voulais aller dans la salle, je voulais rejoindre quelqu’un d’autre mais…Tu as une odeur particulière Felicia, une odeur qui m’avait déjà marqué quand tu venais et là, dans la cuisine, ça m’est revenu, j’ai fait le lien et…et j’ai voulu rester avec toi…J’entends ton cœur battre, je l’ai entendu quand on était avec Foggy et j’ai…j’ai entendu qu’il avait accéléré quand tu as compris qui j’étais… »

Encore une pause, peut-être pour lui laisser le temps de digérer cette vérité, peut-être pour la garder encore un peu auprès de moi avant qu’elle ne me gifle face à ce mensonge que j’avais entretenu. Nouvelle pause, peut-être pour me permettre de souffler, de calmer ma respiration et mon rythme cardiaque.

« Je suis vraiment désolé…quand tu venais, j’ai pensé à t’en parler, je crois…je crois que j’ai voulu t’en parler mais…mais je ne savais pas comment m’y prendre. Je suis désolé Felicia.             


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