[Terminé] [Mission] Matériel et Fettuccini

Magneto avait fait rassembler tout une équipe dans la salle de briefing de la Confrérie à Genosha, avec pour seul mot d'ordre qu'ils allaient à nouveau passer à l'action. Il avait par ailleurs profité du fait que l'épouse de Gambit était toujours sur l'île pour la convier aussi. Après tout, elle s'était montrée efficace, mais il n'avait toujours pas vu ses pouvoirs à l'œuvre. Ce serait sans doute une occasion.

La salle de briefing avait eu droit à du ménage depuis la dernière fois, comme la plupart des installations de l'île d'ailleurs. La construction récente d'un purificateur d'eau fonctionnel avait permis au refuge des mutants de pouvoir faire le ménage avec autre chose que de l'eau salée, ce qui avait fait un grand bien à toute l'île et fait redescendre certaines tensions.

Pour autant, la situation de Genosha n'était pas encore au beau fixe. Ils manquaient encore grandement d'autonomie, et le chef de la Confrérie comptait bien remédier à ce problème rapidement, avant que d'éventuels gêneurs ne commencent à entendre parler de ses agissements.

Magneto regardait les onze membres de sa future expédition qui, bien qu'obéissants, se demandaient pourquoi cette réunion avait lieux. Tout devant se trouvait bien entendu ses fidèles lieutenants, Victor Creed et Elizabeth Braddock, alias Dent-de-Sabre et Psylocke. Non loin d'eux, Bella Donna Boudreaux, alias Rubis.

Derrière eux se trouvaient huit autres mutants de la Confrérie, parmi les plus costauds. Magneto connaissait chacun de leurs noms et surtout chacun de leurs pouvoirs : vibration de matière, force surhumaine, ailes de chauve-souris, désarticulation totale, manipulation des flammes, inversion cinétique, contrôle des vermines et génération d'onde de choc. Leurs pouvoirs n'étaient pas encore des plus développés mais ils faisaient déjà d'eux des candidats de choix pour les actions musclées.

Le chef de la Confrérie avait mis son casque iconique pour l'occasion. Il n'était seulement en présence de ses lieutenants, mais aussi d'autres subordonnés. Il devait assurer son autorité et le casque jouait très bien ce rôle à l'heure actuelle. Il commença dès que tout le monde parut attentif :

"Bien, comme vous le savez, la construction de nos installations sur Genosha est ralentie par manque de matériaux. Actuellement, nous construisons grâce à de la récupération et quelques expéditions des nôtres à New York. C'est trop lent, nous avons besoin d'une base opérationnelle et d'une terre d'accueil convenable. J'entends que Genosha soit à la pointe du modernisme avant la fin de l'année.

J'ai eu des renseignements grâce à nos contacts du continent concernant une grande quantité de matériel et matériaux de construction qui pourrait combler nos besoins pour les mois à venir, et c'est la raison pour laquelle je vous ai fait venir.

Il y a un grand dépôt qui se trouve sur la côte ouest de Manhattan, dans la zone portuaire de Hell's Kitchen. L'avantage pour nous, c'est la proximité du port : nous pourrons charger un navire de fret et partir avec.

Côté inconvénients, nous en avons deux : pour commencer, toute la zone maritime qui nous séparera de la mer pourra faire l'objet d'un barrage, ce qui va être une source d'ennuis. Ensuite, le dépôt en question est la propriété d'un Don de la mafia, un certain Don Sarielli. Ce qui veut dire que l'endroit est particulièrement bien gardé.

Voilà pourquoi vous êtes là : nous allons prendre d'assaut ce dépôt, le vider de ses ressources et repartir dans un navire de fret en esquivant les garde-côtes. Inutile de tenter la discrétion dans ce cas de figure, nous devrons avant tout être rapides. Votre rôle sera d'éliminer toute menace pour l'opération, et pour certains d'entre vous d'aider à charger le matériel.

Des questions ?"

Si ses deux lieutenants restaient de marbre, à l'exception du sourire de Dent-de-Sabre à l'idée d'un véritable combat, les autres mutants murmuraient entre eux. La plupart semblaient enthousiastes, mais quelques uns paraissaient plus soucieux, même s'ils n'exprimèrent rien de leur ressenti à voix haute.

Voyant qu'aucune question ne lui serait posée, Magneto mit fin au briefing immédiatement. Le reste de la journée était dédié à la préparation du voyage, aller comme retour. Les mutants étaient confiants dans leurs pouvoirs, aussi peu d'entre eux ne voyaient l'utilité de partir armés, à l'exception du mutant désarticulé qui opta pour un sabre personnel. En revanche, tous eurent droit à une tenue renforcée, car ils allaient affronter des hommes armés et qu'il valait mieux pouvoirs encaisser une ou deux balles sans y passer. Psylocke et Dent-de-Sabre avaient des armures personnelles à leurs couleurs, mais les autres n'avaient pas encore mérité cette faveur, aussi avaient-ils tous une tenue dans des tons rouges foncé et violets, adaptés à leur morphologie. Une tenue semblable fut d'ailleurs offerte à Bella Donna si elle le souhaitait.

Pour le voyage, Erik avait "obtenu" un navire de transport de marchandise de taille modeste, qu'il avait capturé quelques jours plus tôt avec ses hommes et avait "réhabilité" après l'avoir vidé de son équipage. Le bâtiment était encore enregistré à la capitainerie de New York, ce qui permettrait de passer outre les garde-côtes, à l'aller du moins.

Au milieu de l'après-midi, le départ fut donné. Le navire quitta les côtes de Genosha pour rejoindre la haute mer. En début de soirée, il était en vue des côtes newyorkaises, et alors que la nuit était tombée, il mouillait dans le port de Hell's Kitchen, juste en face de l'entrepôt ciblé. L'ordre de Magneto fut d'attendre quelques heures que les rues se soient vidées de ses habitants, du moins autant que ce fût possible dans la Ville qui ne Dort Jamais. Automne oblige, l'arrivée de la nuit marqua aussi le début de la pluie, ce qui serait sans aucun doute un avantage pour eux : plus les gens se mettaient à l'abri, moins il y aurait de témoins gênants.

Peu avant minuit, tous étaient prêts, attendant l'ordre d'assaut de Magneto qui ne saurait tarder.

Deux intrus se faufilaient autour du bâtiment à la faveur de la nuit, sans que les mafieux présents n'en aient conscience, ni d'ailleurs les mutants qui s'apprêtaient à prendre l'entrepôt d'assaut, ni même en ayant conscience l'un de l'autre. Le monde était fait d'étranges coïncidences, et pour toutes les personnes présentes ce soir, les choses allaient prendre une tournure des plus inattendues.

En se glissant pour poser ses charges, Thomas passait parfois assez près de l'ennemi pour entendre des bribes de conversation. L'une d'entre elles, en particulier, avait de quoi retenir l'attention :

"T'as entendu ? Il paraît que le Consiglieri et le Don se sont disputé."

"Ne parle pas si fort imbécile, tu veux vraiment te retrouver au milieu ?"

"Bah, c'est pas comme si c'était secret, pis je ne risque rien à t'en parler, si ?"

"On sait jamais. Tu sais bien que le Don se fait vieux, certains ont les dents longues."

"Tu crois que ça a un rapport avec ce qu'ils ont mis dans le coffre ?"

"C'est certain. Ça fait des semaines qu'on nous fait cacher de la dope et des documents dans tout l'entrepôt, à mon avis, quelqu'un se fait une petite sécurité au cas où les choses tourneraient mal."

La conversation continua à mots couverts, mais il était visiblement question d'une petite fortune présente dans un coffre-fort caché au milieu des énormes rangements de poutres, sacs de ciments et engins de chantier présents dans l'entrepôt, un sacré pactole mis de côté par le Consiglieri en cas de "guerre de succession" à la mort de Don Sarielli.

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Pour l'intrus aux intentions plus louables, repérer son ouaille était bien malaisé par cette météo et l'obscurité, même si, comme il y avait songé, il était fort probable que Bradley se trouve aux postes les plus risqués, donc vraisemblablement en patrouille autour du bâtiment, gardé par un ou deux membres de la famille qui s'assuraient de sa coopération. Ou alors il était à l'intérieur pour faire du travail manuel pénible, là encore sous bonne garde.

Les alentours du bâtiment étaient sévèrement gardés, même s'il était difficile d'identifier le nombre exact de patrouilles étant donné que, sans grande surprise, les lampadaires alentours avaient été mis hors service, si bien que seule une lumière provenant de l'intérieur du bâtiment était visible. Jericho put cependant apercevoir des silhouettes sur le toit se détachant du ciel constamment éclairé de New York, indiquant que la sécurité était forte ce soir-là.

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De leur côté, les mutants postés dans le navire face à leur cible attendaient le signal de leur chef, prêts à en découdre. La proposition que fit Rubis à Magneto était certes censée, mais le chef de la Confrérie décida de la rejeter exceptionnellement :

"Pas cette fois, Rubis. Cette nuit, beaucoup vont devoir faire leurs preuves."

Il était vrai que, ces derniers temps, Magneto avait fait preuve de prudence : leurs effectifs étaient réduits et leurs moyens tout autant. Mais c'était à la guerre qu'il se préparait, et s'il ne mettait jamais à l'épreuve sa capacité de combat avec des stratégies trop avancée, il allait créer des bataillons habitués aux victoires trop faciles. Cette fois, il voulait volontairement les mettre face à l'adversité. Si les choses devaient mal tourner, il interviendrait. Les armes à feu n'avaient jamais été un problème pour lui...

Le mutant mis solennellement son casque, une représentation de son pouvoir et de son autorité. Il fit signe à Psylocke, qui fit venir un des membres de son équipe, une mutante aux cheveux gras qui se tenait comme une vieille femme malgré son jeune âge. La mutante tendis doucement les bras dans un geste dramatique, paumes vers le bas, tandis qu'elle se concentrait, en entonnant une sorte de chanson aux tons graves qui résonnait étrangement dans la nuit. Plusieurs minutes passèrent.

Puis, petit à petit, quelque chose commença à apparaître sur les trottoirs. Sortant des évents des égouts, grimpant sur les murs, des dizaines de rats, d'insectes rampants et volants vinrent noircir la pierre claire des trottoirs, tous convergeant vers l'entrepôt. Bien évidemment, il ne fallut pas longtemps aux mafieux pour réaliser que quelque chose n'allait pas, mais faire face à cette masse grouillante avait de quoi décontenancer, si bien que lorsqu'ils donnèrent enfin l'alarme, la vermine était presque à leurs portes.

La mutante cessa alors de chanter et tomba à genoux, visiblement épuisée. Magneto leva la main, et lorsque les premiers coups de feu visant à repousser la vermine retentirent, il baissa le bras vers l'avant pour donner l'assaut. Psylocke et Dent-de-Sabre en tête, les mutants s'élancèrent hors du navire, prêts à déployer tous leurs pouvoirs pour éliminer toute résistance et s'emparer du butin. Magneto, ainsi que la mutante aux vermines, restèrent à bord pour observer. Le chef de la Confrérie ne comptait intervenir qu'en cas de problème majeur, ou lorsqu'il faudrait transporter le matériel, selon ce qui arriverait le premier.