[Terminé] [Mission] Matériel et Fettuccini

L'énorme mutant avait empoigné l'ennemi isolé et s'apprêtait à faire sauter sa tête à la façon d'un bouchon de champagne. Il délirait en sentant la mort arriver, mais ça n'entamait pas la résolution du mutant. Pourtant, la situation se renversa avec une vitesse inattendue. Les mains qui se débattaient pour desserrer son énorme poigne devinrent soudainement brûlante, si brûlantes que le mutant lâcha prise et se jeta en arrière. Il regarda ses poignets, sur lesquels étaient restées les traces des mains de son ennemi, comme marquées au fer rouge.

Il n'eut guère le temps de s'en remettre qu'un coup de poing atteignait son ventre. Ce n'était pas tant la force qui lui posa problème, mais la terrible chaleur qui s'en dégageait. À peine le coup était porté que ses vêtements prirent spontanément feu. La peur poussa le mutant à reculer, et il fallut bien quelques secondes pour que la raison prenne le dessus et qu'il se roule à terre dans l'espoir d'éteindre ce feu.

Lorsque les flammes furent éteintes, son adversaire avait disparu. Douloureusement, il arracha son haut qui avait collé à sa peau, cherchant partout autour de lui où était l'ennemi. Il ne le voyait pas, mais il ne devait pas être loin. Le pas lourd, il se mit à sa recherche...

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Le poursuivant de Thomas s'arrêta lorsque se dernier se retourna pour discuter, adoptant une posture étrange où ses genoux étaient pliés vers l'avant et son dos se courbait exagérément vers l'arrière pour contrebalancer son poids. Le visage du mutant affichait un sourire anormalement grand, dévoilant l'intégralité de ses dents, gencives et l'intérieur des joues dans une déformation angoissante.

C'était un gamin en panique qu'il avait devant lui. Ou quelque chose d'approchant. Il voulait négocier, le mutant n'avait pas de raison de ne pas l'écouter. Donc il écouta. Et ce qu'il apprit en disait long. La menace du gamin était claire et il était facile de tirer des conclusions.

"Si je comprends bien petit, c'est à cause de toi l'explosion ? Dans ce cas je te propose un autre deal : tu me dis où sont les autres bombes, et je ne me fais pas une collection avec tes vertèbres."

Pour appuyer sa menace, le mutant sortit de ses poches deux longs scalpels parfaitement aiguisés, qu'il tenait dans ses doigts comme s'il était prêt à faire une incision. Son regard était planté dans celui du gamin, ne montrant aucun signe de peur face à la mort que l'explosion promettait.

"À toi d'choisir, petit."

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Rubis et la mutante qui l'avait interpelée quittaient le front où se déchaînait Dents-de-Sabre pour repartir vers l'arrière. La mutante était visiblement très concentrée, et les effets de son pouvoir se manifestaient par d'étranges vibrations qui semblaient saturer l'air. Elles n'étaient pas gênantes, mais malgré tout perturbantes. Leur effet réel fut visible lorsque quelques balles perdues vinrent à leur rencontre et qu'elles changèrent soudainement de trajectoire pour partir en tourbillonnant dans d'autres directions.

"C'est pas aussi bien que la barrière, mais c'est mieux que rien. L'explosion venait de là-bas."

Elle indiquait le flanc du bâtiment vers lequel elles allaient. Une fois hors de portée des tirs, la sensation de vibration constante cessa, et la mutant poussa un soupir de soulagement. Elles pouvaient désormais voir la brèche provoquée par l'explosion, au bord de laquelle étaient encore suspendus des morceaux de béton retenus seulement par une ou deux barres de fer, visiblement instables. Les bords de la brèche, le sol autour et le mur du bâtiment d'en face étaient noirs.

Au milieu de cette zone gisait le corps sans vie d'un des mutants de l'expédition. La mutante déglutit en voyant le cadavre à moitié brûlé et la mare de sang à moitié sec qu'il y avait autour de lui. Elle n'arrivait pas à détacher son regard. C'était la première fois qu'elle voyait un cadavre.

Les flammes se propageaient depuis la brèche provoquée par l'explosion en passant par les diverses matières inflammables du plafond, le bâtiment n'étant visiblement pas aux normes concernant les incendies. L'endroit devenait de plus en plus dangereux tant par les échanges musclés entre les deux camps que par la menace de plus en plus présente du feu et des gaz mortels qu'il générait. Heureusement, l'entrepôt était assez haut de plafond pour n'asphyxier personne pour l'instant. Malheureusement, il était aussi assez haut pour que quoi que ce fût tombant de là-haut soit une arme incandescente mortelle.

Ce fut d'ailleurs le cas d'une fragment du faux plafond qui céda, emportant avec lui une partie du système électrique qui tomba lourdement sur le sol, presque dix mètres plus bas, répandant débris et flammes mais ne faisant miraculeusement pas de victime immédiate, puisque les mafieux s'étaient retranchés plus en arrière et Psylocke qui était la seule sur place évita sans peine le morceau.

Cependant, cela ajouta dans le jeu un nouveau problème : le circuit électrique détruit fit sauter les disjoncteurs et tout le bâtiment se trouva dans le noir, faisant temporairement cesser les échanges de tirs et plongeant les belligérants dans un silence relatif : certes, les flammes éclairaient suffisamment pour y voir, au moins partiellement, mais le fait qu'elles soient la seule source de lumière fit réfléchir les deux camps sur la façon dont les choses avaient mal tourné.

Depuis son navire, Magneto abandonna ses jumelle et la mutante à bord pour s'envoler vers le bâtiment. Il était temps qu'il intervienne avant que tout ce qu'il était venu chercher ne disparaisse dans les flammes. Sans compter la menace d'une nouvelle explosion qui n'était pas à écarter.
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Jericho et son protégé peu collaboratif venaient de terminer leurs échanges sur le silence qui était soudainement tomber, les rendant, malgré eux, repérables par le son de leurs derniers mots, notamment Bradley qui, dans sa colère et sa panique, n'était pas franchement discret. Ce fut suffisant pour le mutant à la poursuite de Jericho : il avait une piste et s'y dirigea aussitôt d'un pas lourd et sonore, mais aussi trébuchant parce qu'il n'y voyait pas vraiment clair avec la vague lumière que projetait l'incendie à travers les étagères emplies de matériel lourd.

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Du côté de Thomas, l'échange semblait dans une impasse. Le mutant aux mouvements étranges commençait à s'approcher de lui pour appuyer sa menace et obtenir les informations qu'il désirait, usant des contorsions anormales de son corps pour accentuer le malaise qu'il provoquait chez sa victime, les lames de ses bistouris luisant à la lumière des flammes. Certes, il préférait éviter que le gamin mette ses menaces à exécution, mais il voulait être sûr d'être en position de force.
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La mutante qui accompagnait Rubis était sous le choc, elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle pleurait et tremblait. Heureusement, Rubis fit ce qu'il fallait pour la faire revenir à la réalité : lui faire décrocher le regard, la rassurer. Ce n'était pas facile. Mais l'urgence de la situation primait. Pour l'instant. Elle s'aperçut à peine du fait que Rubis avait fait "disparaître" le cadavre. Pour reprendre contenance, elle se donna une claque si forte qu'elle résonna dans le silence nouvellement venu.

"Oui", répondit-elle tout bas, "Je dois me concentrer. Je suis concentrée. Je ne sais pas qui… a fait ça. Mais on doit trouver. Avant qu'il y en ait d'autres."

Ces mots avaient plus pour but de se convaincre elle-même que quiconque d'autre, mais cela eut le mérite de la remettre sur les rails. À nouveau, elle porta son attention sur la brèche, parfaitement bien éclairée par les flammes qui léchaient encore le plafond de l'entrepôt et en sortaient même par intermittences. La chaleur par ici était importante et la température ne cessait d'augmenter.

Ça et là, on pouvait voir les traces noires partant du cœur de l'explosion vers différentes directions, formant des reliefs noircis sur le goudron. Ils étaient difficiles à distinguer, bien trop pour la jeune mutante, mais bien assez pour l'œil aguerri d'une assassine de renom. Au bout de ces traces se trouvaient de rares débris de l'enfin initial. Des fragments d'explosifs, des fragments d'horlogerie qui n'avaient pas leur place dans cet entrepôt. Une bombe. Une bombe à retardement.

Un énorme grincement se fit entendre dans la partielle obscurité. Magneto venait d’arriver sur les lieux et, à peine le pied posé à terre, il avait levé ses mains vers le sommet d’une série d’étagères sur lesquelles se trouvaient des poutres de chantier. L’une desdites poutres s’éleva dans les airs, redescendit hors de son rangement à quelques dizaines de centimètres du sol. Creed, qui était le seul à se trouver encore devant, connaissant ce genre de manœuvre et se jeta aussitôt à terre. Les adversaires eurent moins de chances. D’une impulsion des bras, Magneto fit projeter la poutre droit devant, balayant tout ce qui se trouvait sur son passage avec une violence inouïe. Ceux qui eurent le malheur d’être sur le trajet furent broyés par la force de l’impact. La poutre s’arrêta en rencontrant une série d’étagères agencées différemment des autres rangées, mais provoquant un choc suffisant pour faire tomber les plaques de placo qui se trouvaient en haut.

Derrière ces fameuses étagères, trois seconde plus tôt environ, le colosse mutant s’était arrêté devant la menace de l’arme. Même s’il se savait fort, il savait aussi qu’un tir à cette distance avait toutes les chances de lui être fatal, d’autant que sa carrure en faisait une cible facile. L’adrénaline accélérant la pensée, il songea aussi que les arguments de ce type sortit de nulle part étaient censés et que ses actes comme son apparence prouvait qu’il ne faisait pas partie des mafieux. Mais il faisait du feu. Et il y avait eu une explosion. Et il y avait un incendie. Il hésitait.

Lorsque que les plaques de plâtre s’effondrèrent sur eux, le mutant réagit plus par réflexe que de façon réfléchie. Instantanément, et malgré la menace de l’arme, il se jeta sur l’homme et l’enfant. Mais ce n’était pas pour les attaquer. Il se plaça au-dessus d’eux, encaissant le choc seul pour les protéger. Par réflexe. Et c’était douloureux. Le mutant saignait mais semblait satisfait. Il vivrait, sans aucun doute. D’instinct, il avait voulu les sauver. Alors soit, c’était ce qu’il devait faire.

« Magnez-vous », marmonna-t-il douloureusement.

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Le mutant freak était surpris. Non seulement le dégoût qu’il générait généralement n’avait pas été suffisant pour effrayer son ennemi, mais en plus la mise en œuvre de sa menace avait raté de manière inattendue. Ses lames avait ripé, comme s’il avait tenté de frapper de la roche, abîmant le tranchant. Ce gamin ne payait pas de mine, mais il avait la peau dure. Il était aisé de comprendre pourquoi il était aussi assuré. Et ça n’arrangeait pas le mutant. D’un autre côté, ça voulait dire que ce n’était pas un humain. Mais l’un des leurs. Une autre approche peut-être ? Le vacarme de la poutre traversant l’entrepôt le fit sursauter. Le patron était là. Il avait intérêt à montrer des résultats.

« Okay on est parti du mauvais pied p’tit gars », dit-il en rangeant ses lames de toutes façons inutiles.

Sauf que le gamin ne lui laissa pas vraiment le temps d’enchaîner. La lumière dans ses yeux n’était pas que due aux flammes : il était furieux. Le mutant se dit qu’il l’avait mal jouée sur ce coup. Mais maintenant, il s’agissait de se défendre. Tâchant d’esquiver les coups, il ne comprit qu’un peu tard qu’il cherchait surtout à s’enfuir. Sauf que d’autres bombes étaient sûrement dans le coin, et il ne s’agissait pas qu’elles puissent exploser. Il se lança donc à la poursuite et tenta de négocier, chose qui n’était pas tellement son fort en temps normal.

« Attends, okay, j’y ai été un peu fort, mais j’ai pas envie que mes camarades meurent à cause de tes bombes, tu vois. Tu ne veux pas me dire où elles sont ? On va vider l’endroit de toutes façons, c’est du pareil au même non ? »

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Sur l’autre flanc du bâtiment, le passage de poutre venait d’appuyer les propos de Bella qui rappelait leur mission : leur priorité était le matériel, et ce dernier allait partir en fumée s’ils attendaient plus longtemps. Le vacarme provoqué par l’arrivée de Magneto fit se dresser la mutante qui reprit presque aussitôt ses esprits.

« Oui ! Tu as raison. Le matériel. Vite ! »

Soudain l’idée de bombe ou d’explosion lui était sortie de la tête. Mais pas assez pour tenter de s’engouffrer dans les flammes.

« Et si on repassait par l’entrée, hein ? »

Il fallait dire qu’à l’intérieur, le chef de la Confrérie ne s’était pas contenté d’une simple action. Déjà il ordonnait à Psylocke et à un autre mutant d’étouffer le feu, à Creed et les mutants combattants de contenir les survivants mafieux, tandis que lui commençait déjà à faire flotter des palettes entières à l’aide des poutres métalliques qu’il avait retiré de leurs rangements. Le temps allait leur manquer et Magneto tenait à sauver ce qui pouvait l’être.

Psylocke commença à former des boucliers d’énergie pour tenter de couvrir en partie la source des flammes, tandis que la mutante aux ailes de chauve-souris s’était emparée d’un extincteur pour tenter d’éteindre les flammes qui léchaient le plafond, en toussant à moitié à cause des gaz et de la chaleur. Quant à Creed, accompagné d’un autre mutant, il occupait la première ligne dans l’espoir de ratisser d’autres humains, mais les mafieux restants étaient désormais désorganisés, quand ils n’avaient pas totalement cédé à la panique. La balance penchait en faveur des assaillants et n’avait que bien peu de chances de rebasculer.