[Terminé] [Mission] Matériel et Fettuccini

Le chaos régnait devant l'entrepôt pourtant si calme un instant plus tôt. Les mafieux, à peine remis de l'invasion de vermines qui leur donnaient des sueurs froides, devaient maintenant faire face à une force non armée pourtant bien plus dangereuse que si elle l'avait été. Les mutants de type "frontaux" comme Dents-de-Sabre étaient en première ligne, enfonçant les maigres défenses des hommes encore sous le choc de cette attaque soudaine.

Certains ayant plus de sang froid que les autres, ou plus d'adrénaline, tâchèrent de répliquer tout en hélant leurs comparses à l'intérieur pour qu'ils viennent en renfort. Les tirs se firent entendre, les balles sifflèrent dans l'air, mais peu rencontrèrent de victimes : un des mutants de Dents-de-Sabre s'était interposé et une sorte d'énergie bleutée jaillit de ses mains pour former une sorte de mur. Sauf que ce mur, plutôt que de se contenter d'arrêter les tirs, les faisait repartir dans l'autre sens avec une précision plus que médiocre, mais suffisante pour intimider l'ennemi.

Pendant ce temps, l'équipée menée par Psylocke s'était divisée pour contourner le bâtiment sur les côtés. À droite, Psylocke, dotée d'un grand marteau formé d'énergie, filait accompagnée d'un mutant jouant avec les flammes pour effrayer l'ennemi. L'autre partie de son équipe s'occupait d'infiltration : le mutant désarticulé s'était glissé dans les aérations et celle aux ailes de chauve-souris survolait le toit en assaillant les mafieux qui tâchaient de couvrir la position.

Magneto observait la scène depuis le bateau, repoussant les balles perdues qui viendraient de ce côté tout en jugeant ce qu'il parvenait à voir dans ce chaos. Son intérêt se porta brièvement sur le flanc gauche du bâtiment, que ses hommes avaient ignoré, ou presque. L'un d'entre eux avait décidé de contourner en solo par ce côté. Témérité ou stratégie payante ? Seule la suite le dirait.

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À l'arrière du bâtiment, on pouvait voir les masses grouillantes d'insectes et de rats s'éparpiller dans une fuite chaotique, libérés de l'emprise à laquelle ils avaient été soumis. Bien sûr, la chose ne se faisait pas sans mal mais il n'attaquaient pas, juste fuyaient, ce qui était bien assez pour occuper l'attention des mafieux qui étaient restés en arrière pour protéger les autres accès du bâtiment.

De son côté, Jericho avait frappé avec une telle vitesse et une telle précision que sa victime n'eut pas vraiment le loisir de comprendre ce qui lui arrivait. Si son premier réflexe avait été d'ouvrir la bouche pour appeler à l'aide, les mots qu'il entendit de son agresseur, ainsi que la douleur qui se faisait sentir à la torsion de son bras, le dissuadèrent. En général, il n'était pas homme à se laisser impressionner, mais l'attaque fulgurante qu'ils subissaient de tous côtés avaient grandement ébranlé son assurance.

"Q-Qui ? Ah ! Le p'tit Brad ? I-Il est à l'intérieur, il vérifie les stocks. Mais je sais pas s'il y est encore. Je vous jure !"

La face plaquée contre terre, le mafieux n'avait pas l'air de mentir, d'autant plus qu'il avait peu de chances de chercher à protéger une jeune recrue. Il avait cessé de se débattre, mais montrait des signes prédisant qu'il tenterait de s'échapper au moindre signe de faiblesse de son agresseur.

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Le coup qui manqua Thomas de peu avait été asséné par un des mafieux à l'intérieur. L'acte n'était pas volontaire, il cherchait surtout à se débarrasser des rats et des mille-pattes qui grouillaient encore dans le secteur. C'est donc à son plus grand étonnement qu'il se trouva nez-à-nez avec un nouvel intrus qui n'était pas du côté direct des combats. Sa réplique l'étonna d'autant, mais étant entraîné à réagir vite, il se saisit de son arme et s'apprêta à vider son chargeur sur l'intrus.

Pendant qu'un interrogatoire et qu'un étranglement avaient lieu, les combats commençaient à prendre une nouvelle tournure. L'effet de surprise étant passé, les mafieux qui n'étaient pas encore à terre commençaient à se réorganiser pour lutter contre cette attaque inattendue. Quelques chefs encore debout commençaient à crier leurs ordres à leurs hommes pour couvrir le vacarme ambiant. À présent, les défenseurs se repliaient derrière les énormes étagères de matériel pour s'en servir d'abri et pouvoir tirer en prenant moins de coups.

Les mutants, et en particulier Dents-de-Sabre, ne comptaient pas leur laisser le temps de reprendre leur souffle, mais cette fois, des balles commençaient à passer au travers de la barrière fournie par un des mutants : il avait visiblement surestimé ses capacités en encaissant autant de tirs. Creed reçut quelques balles mais s'en moquait complètement, ce qui n'était pas le cas du mutant à barrière qui en prit une dans l'épaule, réduisant sa concentration à néant et, par là même, sa barrière.

L'opportunité étant trop grande pour les mafieux qui vidèrent littéralement leurs chargeurs sur tout ce qui était devant eux, visant ce qu'ils avaient identifié comme les plus grandes menaces : Dents-de-Sabre et la mutante aux rayons laser.

Sur le flanc droit du bâtiment, Psylocke et son acolyte manipulant les flammes s'apprêtaient à percer le mur pour faire une entrée fracassante, mais quelque chose d'imprévu se produisit : inconscient qu'ils étaient des charges en place à proximité, la chaleur déployée par le mutant aux flammes finit par avoir raison de la sécurité de l'une d'elle. Aussitôt, le bruit d'une explosion retentit, couvrant le bruit de la fusillade pour une courte seconde, et occasionnant une brèque dans le mur ainsi que la destruction de ce qui se trouvait directement derrière, ce qui comprenait deux mafieux et du matériel d'isolation.

Magneto eut un sursaut en entendant l'explosion. Aucun de ses mutants n'avait ce genre de capacité, les mafieux avaient-ils utilisé de l'artillerie lourde ? Il sortit ses jumelles et observa le flanc droit d'où s'échappait la fumée. Les deux mutants avaient été soufflés par l'explosion. Psylocke avait visiblement eut le temps de créer un bouclier d'instinct, ce qui l'avait sauvée. Son acolyte avait eu moins de chance : si l'explosion ne l'avait pas tué, c'était sa projection contre le bâtiment voisin qui s'en était chargée.

À l'intérieur, un nuage de poussières, de sciure et de polystyrène avait envahi un partie de l'entrepôt, contraignant ceux qui étaient encore conscients dans ce secteur à quitter leur cachette pour en trouver d'autre. Les mutants étaient également sonnés par le bruit qu'avait provoqué l'explosion, à l'exception de Creed qui avait désormais atteint les premiers abris pour en sortir de force ceux qui s'y étaient réfugiés.

Vers l'arrière du bâtiment, Jericho, qui venait d'obtenir les réponses qu'ils cherchait, du moins en partie, entendit une voix grave derrière lui :

"T'es qui toi ?"

Celui qui venait de prononcer ces mots était le mutant qui avait fait le tour par le flanc gauche pour entrer par la porte de derrière. C'était un grand gaillard à la mine patibulaire et à la musculature disproportionnée qui, en voyant les deux hommes, se demandait bien ce qu'un type qui n'était sûrement pas un mafieux pouvait bien faire ici.

L'explosion avait rebattu les cartes, la situation évoluait de façon inattendue pour tous les camps. Pour commencer, malgré la perte d'un membre de son équipe, Psylocke profita de la brèche pour faire une entrée en force, une grande épée d'énergie pure en main, cherchant du regard qui avait provoqué l'explosion, car elle ne soupçonnait pas qu'il pût y avoir des charges placées par une tierce partie. Son entrée fut accueillie par les cris des mafieux qui s'étaient approchés, puis par le bruit de leurs mitraillettes. Psylocke dut se retrancher derrière un bouclier d'énergie qui remplaça son épée, mais elle avait eu le temps de recevoir une balle dans l'épaule, ce dont elle semblait éperdument se moquer.

Sur le front principal, l'explosion inattendue et la perte de leur protection contre les balles avait quelque peu émoussé l'assurance des mutants attaquant, à l'exception de Dents-de-Sabre qui jubilait sans prêter attention au reste. Les mafieux, quant à eux, n'en menaient pas large non plus, leurs effectifs ayant déjà été lourdement réduits, ils reculaient dans l'entrepôt pour trouver des abris plus sûrs. Dans le fond de l'entrepôt, d'autres hommes de main firent leur apparition, sortant d'un sous-sol dissimulé derrière les immenses étagères. Armés, ils invectivaient leurs camarades du front pour venir s'abriter. Parmi eux se trouvaient plusieurs jeunes gens mal assurés, vêtus seulement d'un complet noir et portant un simple pistolet pour se défendre. L'un d'eux était Bradley, et il n'était pas ravi d'être ici.

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Personne ne répondit à Thomas, parce que personne n'avait le loisir ni le désir de lui répondre. Avec le front principal qui tombait, les mutants qui s'étaient attaqués au toit avaient rebroussé chemin suite à l'explosion pour rejoindre ceux qui peinaient, encore ignorants de la mort d'un de leurs camarades. Ils s'étaient enfoncés dans les lieux mais un des mutants, un homme filiforme aux bras et aux jambes étonnamment grands et minces, repéra Thomas alors qu'il délaissait une de ses charges sur place. Le mutant y vit une menace et se lança aussitôt à sa poursuite, dans une course aussi bizarre que dérangeante, puisque ses articulations formaient dans ses foulées des angles qu'on aurait cru impossibles.

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À l'arrière, le grand mutant accueillit assez mal les provocations de l'inconnu. Il n'était pas habillé comme les mafieux, oui, mais il n'aimait pas du tout la façon dont il s'adressait à lui comme s'il était idiot. Comme les gars du centre. Il haïssait les gars du centre.

"Ennemi donc.", répondit-il amèrement.

Le mutant banda ses énormes muscles qui se mirent à bouger de façon grotesque, tandis que d'énormes veines, bien visibles même au travers de ses vêtements, sillonnaient leur surface jusqu'aux tempes du mutant dont les yeux avaient viré au rouge, tout comme une bonne partie de son visage. Le mutant déployait ainsi une force surhumaine à même de briser du béton, même si ça lui coûtait en rapidité. Peu importait. Il voulait juste en découdre. Sa "transformation" faite, il se jeta sur sa cible, décochant un direct du droit qui risquait de faire excessivement mal...

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Sur le front, une mutante habillée à la mode des années 50 s'approcha de Rubis, profitant du calme temporaire que la retraite stratégique des hommes de mains leur offrait.

"Attends, ne les poursuis pas. Ils vont se retrancher et ça va être beaucoup plus difficile de les atteindre. Il faut qu'on trouve pourquoi y a eu l'explosion."

La mutante jetait des regards nerveux en direction du bateau depuis lequel Magneto observait la scène. Elle n'avait pas l'air très sûre d'elle, mais avait pourtant la conviction que cette histoire d'explosion cachait quelque chose de plus gros.

"On m'a dit que tu étais douée pour observer, tu veux bien m'aider ? Je te protégerai."