« Le désir d'amitié est donc précisément un désir d'être compris, sollicité, apprécié pour nous-même. » ( Francesco Alberoni)
Après la douche bien méritée, et malgré l’accrochage pas bien féroce entre Jean et les Cuckoos, la rousse s’est allongée sur son lit encore défait en soupirant, gardant un sentiment plutôt positif de ce moment passé entre amies — si l’on omet la course, mais avec le subterfuge de lévitation, c’est supportable voire, presque agréable. Mais, tout de même, elle avait presque mal aux cuisses… Des courbatures, aussi vite et sans efforts ? Se perchant sur ses coudes, la rousse avait regardé ses jambes allongées d’un air méfiant, soupçonnant qu’elles soient plus flemmardes encore qu’elle ne l’avait évalué. Et dire que la journée ne faisait que commencer !
Celle-ci se déroula sans encombre, bien que la malheureuse rousse avait l’impression d’avoir une plus grande fatigue que d’habitude ; faire semblant de courir occasionne les mêmes dégâts physiques que courir réellement, elle peut désormais l’attester. Heureusement, à l’université, elle est principalement assise en classe, ou alors assise dans sa voiture. Une fois ses cours terminés, c’est avec des livres et un sac chargé sous le bras qu’elle avait retrouvé sa petite citadine garée sur le parking, et le chemin de l’Institut. Radio à fond (musiques des années 80 oblige), elle avait chanté à tue-tête tout le trajet, jusqu’à rejoindre le Manoir Xavier. Un rapide coup d’oeil à sa montre… Mince, elle est en retard !
S’extirpant de sa voiture (qui n’est pas cabossée depuis les dernières réparations, miraculeusement), elle regagne sa chambre pour déposer ses affaires sur le bureau encombré avant d’attraper une petite veste légère, afin de gagner la salle de jeu. Kali et les Cuckoos étant déjà présentes, elle croise ses bras contre son buste tout en leur lançant un joyeux : « Salut ! Désolée pour le retard. » Un sourire franc aux lèvres, elle passe son regard de l’une à l’autre avant de hausser ses sourcils, faisant quelques pas dans la pièce avant de se laisser tomber sur un tabouret près du piano, qui intéressait Kali mais, ça, elle ne le sait peut-être pas.
C’est alors que, entre le billard et le piano, une révélation apparaît : mince. Elle aurait dû prendre quelque chose à grignoter… « Vous n’avez pas des biscuits ? J’ai faim. » Poussant ses lèvres en avant dans une sorte de moue boudeuse, elle attend la réponse de ses comparses (et le possible don de victuailles) pour poursuivre : « Alors, qu’est-ce qu’on fait ? » Si elle a été nourrie, oui, elle a parlé la bouche pleine. Malpolie, cette gamine.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
Ce matin, mademoiselle Grey avait la marque de l’oreiller. Ce soir, mademoiselle Herrera a pris le relai. Il doit y avoir quelque chose qui nous échappe dans cette histoire. Un peu comme le coussin devant la cheminée.
« La session n'a même pas encore commencé et je me fais déjà damer le pion. »
C’est pas moi, souligne Phoebe avec un air Céleste. Quel pion, demande Céleste avec un air égal. Dans le doute blâmer Céleste, souligne Mindee avec son air à elle. Bonne idée ! Maieuh. Ey, c’est mon onomatopée à moi ça !
Alors qu’elle entre avec le sourire, on termine d’échanger nos regards puis tourne les trois vers Mademoiselle. Nos sourires se synchronisent avec le sien tandis que nos bras restent les longs de nos corps. Cela étant, les lèvres se parent d’amusement et de joie à l’évocation du bon souvenir et du labyrinthe.
On n’a pas les bonnes chaussures. C’est pas faux. C’est donc vrai.
« Le labyrinthe est-il praticable en talons, demande-t-on à trois, curieuses, ou faudra-t-il que mademoiselle Grey et vous-même nous portiez par télékinésie ? »
On n’y aurait jamais pensé avant ce matin mais pourquoi pas, cela peut être drôle. Plus que changer de chaussures, en tout cas. Quant à la manifestation d’intérêt envers le piano qui ponctue la question des activités, elle fait joindre les mains au niveau de son ventre chez elle du milieu. Pas le temps de répondre qu’il n’est pas question de décider sans que tout le monde soit présent car la dernière absente arrive à son tour. Elle attire nos trois regards alors qu’elle croise les bras, amenant celle de gauche à en faire de même.
« Coucou, répond-t-on à trois, il n’y a aucun souci pour le retard tant que vous n’avez pas couru dans les couloirs. »
La déformation préprofessionnelle prophétique faite, on suit mademoiselle Grey alors qu’elle s’en va piquer la place de mademoiselle Herrera sur le tabouret du piano. Ce n’est pas la seule chose qui s’apprête à être piquée : la nouvelle arrivante a faim. De biscuits. On serait prêtes à parier des cookies mais personne de sensé n’irait prendre le pari inverse en connaissant Mademoiselle. Plus important encore, nos trois mains gauches s’en viennent enserrer nos poignets droits alors que nos bras se détendent.
« Nous n’avons rien, désolées, s’excuse-t-on à trois avant que seule celle de gauche ne continue. Je vais vous en chercher. Mademoiselle Herrera, vous prendrez quelque chose ? »
On n’a pas besoin d’être toutes les trois physiquement présentes pour participer à la discussion sur les activités. Outre qu’on en a déjà eu une entre nous, une seule d’entre nous suffit à ce qu’on soit toutes mentalement là.
D’ailleurs, Céleste tu viens avec moi pour les boissons. Ça marche. Tant que ça coure pas dans les couloirs, c’est bon !
Les deux extérieures s’avancent donc, synchrones, vers la sortie de la pièce où le cadre de porte et celle de gauche imposent à celle de droite d’attendre un peu pour passer. Les deux quittent la pièce tandis que la troisième se positionne au-dessus du billard comme s’il s’agissait d’une table tactique.
« Nous ne sommes pas certaines de pouvoir continuer à employer cette salle lorsque les élèves seront trop nombreux, commence-t-elle avec un air légèrement désolé. Peut-être notre professionnalisme est trop… britannique… pour ici. Cela étant, nous y tenons. »
On est, après tout, britanniques. Anglaises, techniquement, mais l’isolement du World fait qu’on a quelques différences malgré sa localisation géographique. Elles ont eu le temps de se tasser avec les ans mais, tout comme notre accent, elles restent présentes.
« Il serait donc idéal, pour nous, d’avoir des activités loin des zones périscolaires. Soit en extérieur soit dans une chambre, celle de mademoiselle Grey ou la nôtre étant à privilégier. »
C’est quand même peu pratique lorsqu’on a beaucoup à dire et qu’une seule bouche pour le faire. On est bavardes, même individuellement, et on a appris à se répartir les mots pour sembler moins l’être ; quand bien même ça n’est pas très naturel pour nous, lorsqu’on est en accord.
« Le télépotin peut se faire en tout lieu et en toute heure, sous réserve de portée. Cependant, il serait plus pratique de se retrouver physiquement pour le faire. »
Ce qui, évidemment, se fait très bien dans une chambre ! De plus, les chambres du personnel et des proches de monsieur Xavier, comme mademoiselle Grey, se situent à un étage où les élèves n’ont que peu de raison de se rendre. Tout est bien qui commence bien. Cette fois.
« Ce que nous pouvons vous proposer, pour les soirs de semaine, serait de se retrouver au repas aux 19h… qui font 07PM. Ensuite, direction chambre pour télépotin. S’il est possible d’acquérir un clavier ou des jeux de société, ce serait un bon accompagnement. »
Je veux des jeux de stratégie. Non, tu veux gagner. +1 Céleste. Ouais, c’est pas faux. C’est donc vrai. Oh, serait-ce de la bonne foi ? La ferme. Ouiii ! Héhé.
« Pour les weekend, il faudrait organiser des sorties au moins un jour. Afin que l’on puisse s’éloigner de notre cadre professionnel. Lesdites sorties seraient organisées hebdomadairement, fonction des idées et des besoins. »
Mindee, la ferme. Mindee, tais-toi. Mohaha !
« Malgré le fait que l’on ne conduise pas du bon côté de la route, continue notre impliquée fière et amusée, nous savons toutes trois conduire et Phoebe est la seule à avoir jamais eu d’accident. »
C’était un mutant émergeant ! Pour une fois que c’est pas ma faute. Tu es sûre que c’est pas la faute à Céleste ? Non, c’est la tienne. C’est vrai que c’est toi qui lui avais conseillé de venir ! Excusez-moi, je suis actuellement occupée à être notre porte-parole.
« C’est la faute à Céleste, d’ailleurs, continue-t-elle en tâchant de ne pas rigoler aux outrages qui raisonnent dans sa tête. Nonobstant ce fait, nous sommes ouvertes à beaucoup de choses. Sauf le camping. »
Cette dernière évocation chasse le sourire de ses lèvres et s’accompagne d’un instant de silence. Bref, cela dit.
« Nous sommes très douées au shopping, reprend-t-elle en se redressant, mains sur les hanches, et nous apprécions restaurants, théâtres et spectacles seul-en-scène. »
Tu peux dire à mademoiselle Herrera qu’elle aurait bien besoin de nouvelles chaussures ? Cela ne se fait pas comme remarque, allons ! Tu lui diras quand tu reviendras, je suis sure qu’elle appréciera plus que le lampadaire. La ferme. C’était méchant. Non et oui !
***
Dimanche 25 Aout – 08 : 57 A.M.
Cela fait bientôt un mois qu’on a commencé les activités d’amitié avec mademoiselle Herrera et Grey. Cela fera bientôt un jour qu’on a commencé à tutoyer mademoiselle Grey, à sa demande. Demande qui s’est accompagnée d’une mésaventure dont elle est la seule décisionnaire de parler, laquelle a suivi la rupture avec monsieur Summers dont on sait qu’elle ne préfère pas parler. Deux pertes en très peu de temps, c’est dur, ainsi n’a-t-on absolument pas attendu pour planifier et acter la demande qui a conclu la mésaventure de recherche du Phénix. Mademoiselle souhaite apprendre à marcher avec des talons mais n’en a pas à elle. Dès le repas suivant, mademoiselle Herrera savait qu’elle avait signé pour une virée shopping à New York. Un dimanche. Oui. Il y aura moins de monde dans les magasins. De plus, comme il faut que l’on soit de retour au plus tard pour le repas afin d’accueillir monsieur Xavier à son retour de vacances conjugales, et pas que pour obtenir du télépotin sur Charlynda, on a décidé de partir tôt.
09AM, départ pour New York. 10:30AM, arrivée au centre commercial. 00PM, resto. Quand on a fini le resto, nouvelle boutique. Après le goûter, on repart pour l’Institut.
On ignore pourquoi mais Phoebe n’a pas été acceptée comme conductrice pour le véhicule emprunté à l’Institut. Enfin, si, on sait pourquoi. Il faut juste pas le lui dire. Mindee est donc volontaire pour le volant, Céleste en copilote pour éviter les insultes mentales aux autres conducteurs et Phoebe a la joie de faire partie des trois personnes sur la banquette arrière. Chose qu’elle a fait en s’installant, bras croisés, sur la place du milieu. Histoire de pouvoir échanger silencieusement avec les deux autres en regardant le rétroviseur intérieur.
Par-dessus nos t-shirts bleus sans manches et nos jeans se trouvent nos trench-coats noirs, tous trois accompagnés d’un sac à mains en bandoulière beige et de nos ballerines. A l’exception des favorites, nos cheveux sont réunis en une tresse qui n’est pas sans rappeler la reine des neiges. Dans le coffre se trouve déjà un sac avec nos tenues habituelles, au cas où celles-ci connaissent un destin funeste suite à une rencontre hasardeuse. Cela ne saurait prendre le dixième du coffre, heureusement, puisqu’on a demandé un gros véhicule. On part acheter des chaussures, qui sait ce que l’on va ramener ?
« Tout le monde a bien attaché sa ceinture, demande-t-on à trois, les deux à l’avant regardant celle de derrière qui refuse de vérifier si c’est le cas. Sans le diamant, la ceinture c’est important. »
Tandis que la conductrice respecte scrupuleusement une conduite lente au sein de l’Institut, sa copilote entreprend de sortir son téléphone pour le présenter aux passagères.
« Alors voilà, nous allons prendre la I-684 puis la I-678 direction du Queens, déclare-t-on à trois, le GPS étant sur l’écran. On va changer au niveau de Flushing Meadows Corona Park jusqu’au Queens Center Mall.
- Nous espérons que ça convient à tout le monde car nous avons déjà gagné si nous votons, continuent les deux de l’avant.
- Sauf si je vote contre vous, souligne la dernière, bras toujours croisés.
- C’est pas faux, admet la copilote, récupérant son téléphone.
Les trois sœurs rendirent son sourire avec une synchronicité qui lui réchauffa le cœur. Elle ne pouvait s'empêcher de les trouver très belles, qu'importe le contexte.
Leur remarque la tira fort heureusement de cet abîme de pensées puisqu'elle avait une correction à faire concernant ses pouvoirs.
- Ahah, j'aimerais bien mais malheureusement mon pouvoir est proportionnel à ma force, c'est pour ça que j'intéragis principalement avec des objets.
D'où les dagues. Elle avait connu une mutante avec un pouvoir similaire au sien et capable de pousser des voitures mais avec un contre-coup important, ce qu'elle ne lui enviait certainement pas. Que devenait Alice d'ailleurs ? Il faudrait qu'elle demande à la gérante du refuge si elle la revoyait.
- Je pense donc qu'il faudrait hélas que Jean s'occupe de nous quatre. Le labyrinthe est parfois boueux donc je recommande une lévitation express plutôt qu'un parcours du combattant avec des talons.
Ladite Jean arriva presque immédiatement après qu'elle ait fini de parler, dans une montagne russe d'émotions comme elle seule était capable de le faire. Retenant une envie de s'asseoir sur ses genoux pour l'embêter, Kali lui adressa un grand sourire.
- Salut Jean, tu as passé une bonne journée ?
Ce qui était sûr, c'est que sa journée n'avait pas contenu assez de cookies. C'est avec une expression amusée que Kali vit les Cuckoos se plier en quatre face aux demandes du Gremlin. Peu gourmande, elle répondit pour sa part :
- Non merci, c'est gentil.
La jeune mutante suivit du regard les deux Cuckoos quittant la pièce pour ensuite se concentrer sur la restante qui venait de prendre la parole. La raison pour laquelle elle évoqua leur nationalité lui échappa, mais l'idée de partager l'endroit avec d'autres élèves ne lui plaisant guère, elle n'émit pas d'objection.
Dans un accès d'innocence, Kali pensa d'abord que sa chambre avait été exclue de la liste des possibles de par sa taille - si les Cuckoos tenaient à trois dans une chambre, celle-ci devait être forcément plus grande que la sienne. L'idée de se réunir dans une chambre avec le quatuor était enivrante pour elle, autant par le côté intime de la chose que par le fait qu'elle évoluerait en milieu inconnu.
Ayant le sentiment que la sœur restante n'avait pas encore fini son exposé, Kali se tut jusqu'au bout, sentant l'excitation monter en elle. Si elle s'écoutait, elle serait probablement tous les soirs dans leur chambre, qu'elle ait matière à contribuer au télépotin ou non - bien qu'elle soupçonnait fortement que sa part de ragots serait perpétuellement inférieure à celles des télépathes.
Rayonnante pour la première fois depuis sa petite enfance, Kali acquiesça vivement :
- Avec plaisir ! Je ne connais pas de jeux de société par contre.
La béatitude de la jeune mutante ne s'arrêta pas là. Les weekends aussi ? Elle était comblée. Elle écouta encore une fois leurs suggestions, fronçant néanmoins les sourcils quand le fait que Mindee et Céleste avaient toutes deux eu des accidents fut glissé. Elle cala la question qui lui vint dans un coin de son esprit - à leur façon d'aborder les choses, le sujet ne devait pas être trop épineux.
Celui du camping par contre semblait l'être. Kali devait admettre qu'elle ne l'avait pas vu venir. Était-ce un souvenir douloureux lié à leur temps juste après leur fuite du World ? Possible, mais elle ne désirait pas raviver ce genre de blessures.
Elle laissa donc l'instant de silence passer, avant de reprendre de plus belle quand les goûts des Cuckoos furent déclarés.
- Et je suis très douée pour suivre, c'est donc ce que je ferais.
Le simple fait de pouvoir les accompagner lui allait très bien, shopping ou non.
---
Elle avait promis de suivre.
C'est donc pour cela qu'elle se retrouvait maintenant dans la voiture des trois sœurs, collée contre la portière pour éviter de l'être contre Phoebe. Elle n'allait définitivement pas commencer cette journée en les rendant inconfortable. Pas encore.
Elle n'allait pas se gêner pour admirer Céleste, cependant. Leur tenue actuelle était on ne peut plus simple et efficace et pourtant, la jeune mutante avait la conviction de ne jamais pouvoir atteindre leur niveau, même si elle empruntait leurs vêtements. Et ce n'était pas avec ses haillons actuels qu'elle allait briller. Vêtue d'un t-shirt blanc trop large débordant sur son short marron, Kali était allé au plus simple : il faisait chaud. Et ce n'étaient pas ses baskets rapiécées qui allaient dire le contraire.
Répondant à Mindee et Céleste, Kali lança un "Oui cheeeeeffes." faussement boudeur.
Les premiers mouvements de la voiture se firent et déjà, la demi-rousse sentit la somnolence s'emparer d'elle. Céleste lui montra l'écran de son GPS qu'elle regarda d'un oeil circonspect. Ce qu'elle aimait, c'était les petites routes de campagne et elle restait loin de New-York, n'ayant pas le droit de circuler en ville.
- Dans le doute, il faut toujours voter Céleste.
C'était sa façon à elle de dire qu'elle faisait confiance à la copilote et d'aller contre le bizutage habituel de la perpétuelle courte paille.
I need relief, a failure's coming on Just breathe in deep, it's taking far too long I need relief, this weakness carries on Please be a dream, or was it all along?
« Le désir d'amitié est donc précisément un désir d'être compris, sollicité, apprécié pour nous-même. » ( Francesco Alberoni)
Elle est en retard, dans un retard habituel et semble-t-il, plutôt bien accepté car personne ne lui en fait le reproche ; on lui somme seulement de ne pas courir dans les couloirs et, comme elle ne comprend pas vraiment cette remarque, elle fronce légèrement l’un de ses sourcils en songeant, tout bas mais peut-être pas tant que ça, qu’il n’y aura aucun danger pour qu’elle se mette à courir. Surtout sans raison.
Se retournant alors vers Kali, elle lui rétorque avec un grand sourire, bien qu’ayant les traits un peu fatigués après cette longue journée : « J’ai hâte de rejoindre mon lit. Et vous, c’était une bonne journée ? » Son regard passe des soeurs à la rouquine, en attendant leurs réponses avec un petit sourire amical : si l’attente n’est pas longue, elle n’attend pas bien longtemps et est assise depuis quelques secondes déjà, n’ayant aucune envie (ni volonté) de se lever de cette chaise pourtant pas très confortable. Même pas pour aller chercher à manger ! Heureusement, Phoebe se montre volontaire pour aller lui dénicher un petit encas : si l’élan, quoique généreux et désintéressé, la touche bien évidemment, elle est gênée et secoue tout d’abord son visage de gauche à droite en faisant de même avec ses mains, pour les dissuader. « C’est adorable mais ce n’est pas la peine ! J’irai après. Je ne vais pas mourir de faim. » Posant une main sur son ventre pour tenter d’en cacher le gargouillement, elle leur lance un sourire amical emplit de tendresse, avant que le début de la réunion très sérieuse ne commence…
Dis donc, elles prennent les choses à coeur ! C’est presque une réunion de crise. Les lèvres pincées sous l’amusement, elle lance un regard complice à Kali avant d’écouter attentivement les paroles de la blondinette, droite derrière la table de billard, puisque les deux autres sont quand même parties chercher le goûter (on ne va pas se mentir, Jean en est ravie)(n’oubliez pas les cookies). Si Jean ne dit rien, elle écoute avec une prompt attention et hoche son menton lorsque c’est nécessaire, pour témoigner de son écoute et de son accord. « On peut se mettre dans ma chambre. J’ai un canapé. » oui, c’est un argument. Haussant ses épaules avec une évidence déconcertante, elle lance un regard à la rousse puis à la blonde, sans se départir de son sourire. Il va falloir qu’elle range sa chambre plus souvent, du coup….
Pas de camping, mais du shopping. Dommage, Jean aurait préféré l’inverse : au moins, elle est sûre de ne pas maîtriser le sujet, puisqu’elle est dans la mode mais des années 80. On osait plus de couleurs, c’était quand même plus fun ! Mais comme elle a déjà été en virée shopping avec Kali, elle est partante pour retenter l’expérience, surtout si elles vont prendre le goûter au même glacier. « On y va quand ? » Demande-t-elle avec engouement en souriant de bon coeur, visiblement impatiente.
— — —
Dimanche 25 Aout
Sa rupture avec Scott est désormais de notoriété publique, presque autant que ses déboires avec son double maléfique qui ne l’est pas totalement, d’ailleurs : sortir de sa chambre lui parait être un effort insurmontable, alors, ce matin-là, en se levant, elle ne peut s’empêcher de se demander pourquoi elle a accepté cette sortie. Son premier réflexe est de remettre la fine couverture blanche sur son visage comme pour se cacher mais, comme elle l’a promis aux Cuckoos et à Kali, la rousse amaigrie s’extirpe de son lit en grognant, pour filer sous la douche.
Une petite robe verte fleurie enfilée, elle se regarde dans le miroir : elle est bien trop pâle pour une fin d’été, et trop maigre pour porter cette robe : elle paraît squelettique et grimace en se voyant ainsi mais, elle ne va tout de même pas porter une combinaison de ski pour feindre un poids normal. De toute façon, ce n’est pas comme si ses amies allaient découvrir à quel point elle a perdu du poids…
Un petit sac en osier en bandoulière et des sandales ouvertes aux pieds, Jean salut ses amis d’un sourire chaleureux en arrivant aux abords de la voiture généreusement prêtée par Charles, grimpant à l’arrière aux côtés Phoebe. Attachant sa ceinture, elle lance un regard amusé vers Kali lorsque celle-ci leur répond à ce sujet d’un air théâtrale, ayant même l’air épuisée lorsqu’elle se montre joviale : ses yeux sont creusés, sa peau est presque grise et son corps porte les stygmates de la guerre interne subie mais, heureuse de faire ce voyage et de vivre cette journée aux côtés des personnes qu’elle aime, Jean dépose ses mains frêles sur ses cuisses qui le sont tout autant en disant, d’une voix enjouée : « Je vous fais entièrement confiance pour nous conduire là-bas. Ne dit-on pas que tous les chemins mènent à Rome ? » Certes, elles ne cherchent pas Rome mais des vacances ne lui feraient pas de mal, donc...
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
La télékinésie de mademoiselle Herrera est proportionnelle à sa force ? Cela fait donc peu. Pas qu’elle ait peu de force mais bien qu’elle soit limitée aux forces d’une humaine de sa constitution engagée dans un exercice physique quotidien ne cherchant pas forcément à développer ladite force. Autrement dit : la limitation d’un pouvoir surhumain à une force humaine est une sacrée faiblesse. On comprend pourquoi elle interagit principalement avec des objets : le reste, c’est trop lourd. Même une personne normale. Ce qui n’est pas un reproche : sans notre forme adamantine, on ne soulève pas 50kg non plus. Comment ça, une personne normale c’est plus ? Chut. Nous on est à 53kg. Quant à savoir combien Jean peut soulever… au moins autant, puisqu’elle se soulève elle-même. Si, on l’a vu, on n’était pas dupes sur sa technique de course ! Lévitation expresse, nous voilà !
« Notre journée est allée, répond-t-on à trois à la question de mademoiselle Grey, imitant son sourire avec politesse. Nous sommes en phase de construction des habitudes de travail. »
Cuisine aussi, nous voilà, même si mademoiselle Herrera ne veut rien et que mademoiselle Grey ne veut plus rien pour l’instant.
« Ne vous inquiétez pas, rassure-t-on à trois avant le départ de deux, nous sommes individuellement multitâches et collectivement coordonnées. »
Traduction : on y va, considère Phoebe. Je te suis, considère Céleste. Tu penses donc elle suit, considère Mindee.
L’expédition vers les cookies et les boissons est lancée, ces dernières étant du thé par défaut. Cinq thés, ça en fait un par personne, et cinq cookies, ça en fait pour une personne. Quant à l’explication, il y a à boire et à manger dedans.
Cela amuse mademoiselle Grey. Cela ravi mademoiselle Herrera. La première est très douée pour accueillir. La seconde est très douée pour suivre. On est bonnes mais ça on le savait déjà.
« On y va quand, demande mademoiselle Grey, motivée et motivante.
- Nous avions pensé que les activités de chaque weekend pourraient être discutées la semaine d’avant, explique notre impliquée avec le sourire. Nous sommes actuellement lundi. Si nous n’avons pas changé d’avis d’ici là, cela peut être dès ce weekend. »
***
« Oui cheeeeeffes, répond une mademoiselle Herrera faisant la tête, chose qui nous interpelle rapidement.
- Je vous fais entièrement confiance pour nous conduire là-bas, complète une mademoiselle Grey qui a besoin de le préciser. Ne dit-on pas que tous les chemins mènent à Rome ? »
Nan mais je vous jure, c’est elle qui se colle contre la porte, signale Phoebe. Ben oui mais c’est pas cool et ça la malaise, signale Céleste. Aller Phoebe, fais un effort.
« Dans le doute, il faut toujours voter Céleste.
- Parfaitement, confirment la conductrice et la passagère arrière alors que la passagère avant ramène son téléphone à elle en bullant, dans le double, blâmer Céleste. »
Alors Céleste, t’attends quoi pour avancer ton siège afin que mademoiselle Herrera ait de la place ? C’est-vraimentrop’injuste. C’est l’histoire de ta vie, le cycle éternel !
« Mesdemoiselles, interroge la passagère avant, fixant son téléphone. M’autorisez-vous à mettre de la musique ? »
Nan. Si. Siiiii !
***
Après avoir délaissé nos trench-coats dans le coffre de la voiture, on a avancé en ligne jusqu’au Queens Center Mall. Nos ballerines sur le bitume et nos mains tenant la sangle de nos sacs à mains comme s’ils étaient des fusils, on fait face au centre commercial de 90.000m² et 198 magasins répartis sur 4 étages : même pas peur.
De plus, avec la demi-heure d’avance sur l’horaire d’ouverture à 11AM, on est certaines d’être parmi les premières personnes à entrer lorsque les portes vitrées automatisées s’ouvrent. On a notre plan d’attaque : premier niveau, on entre par le Queens Boulevard et on va directement à gauche au Aunte Anne’s. C’est un fast food spécialisé en bretzel mais qui aura surement de quoi contenter mademoiselle Grey pour sa pause de 10h ; après tout, elle a du poids à reprendre et il ne faut pas que ce soit qu’en cookie. Ensuite, on part à droite jusqu’au Zara. Première étape pour les chaussures, accompagnées de vêtements, de parfum et d’accessoires si l’on veut. C’est l’échauffement : en face du magasin se trouve un Guess, magasin d’accessoires et d’habits, incluant chaussures, connu pour proposer des styles innovants. Après avoir échauffé les compétences de shopping général, c’est le style qu’il faut échauffer. En effet, la troisième boutique est spécialisée dans les chaussures et les accessoires : Steve Madden. Vient ensuite Michael Kors, basiquement le même que précédemment mais version luxe, qui se situe en face du précédent puis le Windsor : c’est pas luxe et c’est plus adolescent et jeune adulte que tout le reste qui a été présenté ! Après on ira juste en face où se trouve le Shake Shack, un fast food avec des boissons comme les milkshakes et les limonades faites maison. De quoi prendre à emporter afin de se sustenter lors du gravissement des élévators vers les merveilles du second étage !
Un autre intérêt de commencer avec le Zara est qu’on va pouvoir y montrer notre technique de chasse. Euh, pardon, de shopping. Après le télépotin, le téléachat ! Comment ça, ça existe déjà ? Pas comme nous on le fait ! On se limite par les chaussures ? Soit. Chacune d’entre nous se positionne dans son rayon et le remonte tout en discutant avec les autres : les perceptions partagées nous permettent d’être à trois endroits à la fois. Voir à cinq, aujourd’hui ! Bon, si mesdemoiselles ne se sentent pas de faire les choses à notre manière, elles peuvent rester ensemble voire avec l’une d’entre nous. Physiquement parlant. Parce que mentalement…
(Vous pensez quoi de celles-là ?)
(Tâchez de formuler un avis constructif.)
(C’est de la merde !)
(Tu sais qu’elle sait que tu dis ça pour nous faire vicier toutes les deux ?)
Une seconde et un dixième de seconde.
(Oui. Moi je trouve que ça irait très bien avec nos collants.)
(Mademoiselle Herrera, ça ressemble à ça des baskets qui ne sont pas mortes-vivantes !)
(J’aime bien la couleur et pas que parce que ça va bien avec le roux.)
Deux secondes et quatre dixièmes.
(Mademoiselle Grey, je pense que j’ai trouvé un truc pour vous.)
(Pour en revenir aux chaussures proposées par Phoebe, la forme ne va pas vraiment avec nos jupes.)
Trois secondes et trois dixièmes.
(Ouais, c’est pas faux. Et pour celles de Céleste, les talons sont peut-être un peu haut pour apprendre à marcher avec.)
(C’est vrai. Pour Phoebe comme pour moi vis-à-vis de mademoiselle Grey. Après Mademoiselle pourra toujours tricher en utilisant sa télékinésie, n’est-ce pas ?)
Kali expédia un regard faussement blasé à Mindee. Ce n'était définitivement pas ce qu'elle avait voulu dire en votant Céleste.
Mais celle-ci demanda la permission de mettre sa musique et le regard de la jeune mutante alla bien vite de sa sœur à elle, avant d'émettre un :
- Euh, oui ?
Ce n'était certainement pas Kali qui allait juger de la musique qu'elle mettrait, avec son registre très limité. De plus, elle savait déjà qu'elle ne tiendrait pas plus d'une minute éveillée, en si bonne compagnie et avec son habitude de dormir là où elle le pouvait.
Et ainsi, sans surprise donc, elle s'endormit contre la portière. Toujours aussi silencieuse et discrète.
Lorsqu'elle se réveilla, Phoebe était déjà en train de rentrer dans le parking pour se rendre au lieu de shopping. Encore un peu dans les vapes, Kali suivit le mouvement jusqu'au centre commercial démesuré qui s'étalait devant elle. Sans les Cuckoos et Jean, elle n'aurait probablement jamais mis les pieds dans cet endroit. Etait-ce réellement une mauvaise chose ? Elle ne le saurait qu'après cette journée.
Les Cuckoos les emmenèrent d'abord dans un fast food de Bretzels qu'elle décida d'essayer par curiosité. Un choix qu'elle regretta amèrement devant la quantité de sel présente, l'amenant à tirer une grimace déconvenue alors qu'elle se forçait à finir ledit bretzel.
L'étape suivante, Zara, l'amena à découvrir un nouveau pan des Cuckoos.
Elle choisit de suivre Mindee, peu désireuse de se retrouver seule dans ce magasin où elle pourrait croiser des humains et/ou n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle allait acheter.
Rien n'aurait pu la préparer à l'avalanche d'informations qui suivit. Surprise, elle n'arriva pas à formuler ses pensées à temps et se contenta de retenir la conversation pour pouvoir répondre plus tard. La sensation était grisante, en tout cas.
Avec un grand sourire, elle s'adressa aux sœurs en regardant Mindee.
- Désolée, mon cerveau n'est pas encore à 100% après ma courte sieste. Mais pour répondre à vos questions... J'aime bien, ça irait bien avec vos collants, en effet. Si je prends des baskets, c'est pour les détruire, donc autant les prendre vraiment pas cher. Mais la couleur est sympathique. Et je m'abstiendrais de commentaire sur les talons, je n'en ai jamais mis.
Elle s'efforcerait de faire les prochains commentaires en direct, ce qui serait plus facile une fois qu'elle s'y attendrait.
- Je n'ai pas la moindre idée de ce que je fais quand je choisis des vêtements, donc je veux bien faire des commentaires mais sachez que dans votre propre intérêt il est peut-être plus sage que vous les ignoriez.
Il n'y avait rien à rattraper chez elles, autant dans les formes que dans les couleurs. De plus, elle n'avait jamais réellement porté de vêtements considérés comme traditionnellement féminins. Enfin, si, peut-être quand elle avait quatre ans. Mais est-ce que cela comptait vraiment ?
I need relief, a failure's coming on Just breathe in deep, it's taking far too long I need relief, this weakness carries on Please be a dream, or was it all along?
« Le désir d'amitié est donc précisément un désir d'être compris, sollicité, apprécié pour nous-même. » ( Francesco Alberoni)
Kali s’endormant contre la portière, Jean penche sa tête tout en écartant ses lèvres de quelques degrés, hésitant un instant à glisser sa veste légère — mais néanmoins d’un tissu doux, entre sa joue et la vitre froide mais, craignant de la réveiller, elle s’abstient finalement. (Comment elle fait pour dormir avec cette musique ?!) Demande-t-elle aux soeurs en fronçant d’abord les sourcils, avant de réaliser que sa phrase pouvait être mal interprété. Rectifiant le tir, elle tourne son menton vers les deux soeurs à l’avant de la voiture tout en disant, d’un ton empressé : (Non pas que la musique est nulle hein, mais elle est forte.) C’est bien rattrapé…
Une fois arrivées place, l’équipage s’extirpe du vaisseau pour rejoindre l’intérieur du centre commercial : les Cuckoos, avec élégance, Kali encore dans les vapes et Jean avec le ventre qui gargouille. Heureusement, le premier arrêt de l’expédition se fait dans un fast-food de Bretzel : bienheureuse, la rousse dévore le sien en souriant, sans que le sel ne la dérange. Cependant… « C’est bon. Mais c’est mieux les cookies. » Ça faisait longtemps.
La râleuse gourmande est ensuite invitée à rejoindre le premier magasin, Zara. C’est le prénom d’une fille dans sa promo mais ça, c’est un détail. À l’intérieur du magasin, Jean décide de suivre Céleste à travers les rayons, toujours un peu déconcertée de cette mode moderne, bien que certains éléments des années 80 semblent revenir au goût du jour. S’arrêtant dans un rayon pour regarder un pull à rayures, elle le jauge du regard avant de regarder l’étiquette pour zieuter le prix, espérant qu’il soit dans ses moyens ; elle est la fille adoptive d’un homme richissime mais, ne voulant nullement dépenser l’argent qui n’est pas le sien, elle ne lui demande jamais rien. (Vous pensez quoi de ce pull ?) Partageant mentalement l’image du pull qu’elle tient devant elle, Jean lève le menton lorsqu’on l’interpelle à propos de chaussures.
Des chaussures à talons.
Euh… Euh…
Non ?
Fronçant son petit nez, elle presse ses lèvres l’une contre l’autre avant de secouer son menton de gauche à droite, avouant d’un air amusé : (Je ne sais pas marcher avec ces trucs là, je passe mon tour !) La journée n’était pas encore terminée, mais s’annonçait bien drôle… Le principal étant qu’elles soient ensemble.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
Aunte Anne’s attire la curiosité d’une Kali qui tire la tronche ensuite. Chacune avec son bretzel en main et en bouche, on la regarde avec surprise puis on se regarde entre nous avec interrogation. Quant à mademoiselle Grey…
« C’est bon. Mais c’est mieux les cookies.
- Ne faut-il pas revenir à des trucs moins bons pour mieux apprécier les meilleurs, demande-t-on à trois sur idée de Mindee, avant de recommencer à picorer en discutant du fait de nous excuser. Si non, désolée. Mademoiselle Herrera, ne vous forcez pas. »
Mademoiselle Grey finira, se demande Phoebe. Le régime cookie risque de se voir sur les hanches, songe Céleste. Et il faudrait alors faire encore plus de sport, songe Mindee. Est-ce que faire de la télékinésie fait bruler des calories ? Surement : c’est de la triche. Je sais pas : faudrait demander.
La répartition des Cuckoos-radios se fait de manière suivante : Mindee et mademoiselle Herrera, Céleste et mademoiselle Grey, Phoebe et mademoiselle sa frustration. Comme prévu. Comme prévu également, le commentaire se fait à notre rythme et la discussion peine.
Mademoiselle Herrera s’excuse du fait que son cerveau ne soit "pas encore à 100% après sa courte sieste", amenant celle qui l’accompagne à la regarder et à pencher la tête sur le côté d’incompréhension pour nous trois.
On précise que nos cerveaux sont à 300% ? Comme vous voulez. Je pense pas nan, c’est vexant.
« J'aime bien, ça irait bien avec vos collants, en effet. (Mademoiselle Herrera utilise flagornerie. C’est super-efficace. Héhé !) Si je prends des baskets, c'est pour les détruire, donc autant les prendre vraiment pas cher. (C’est pragmatique. C’est pas faux. C’est donc vrai.) Mais la couleur est sympathique. (Le rouge c’est bien. Le bleu aussi. Et le vert également.)
(Vous pensez quoi de ce pull ?)
(On apprécie moyennement les rayures.)
(Disons que c’est compliqué à utiliser : horizontales elles grossissent et verticales elles grandissent. Généralement on prend des motifs vichy ou autres carreaux pour garder un équilibre.)
(Néanmoins il n’y a qu’un moyen de savoir si cela te va : tu prends et tu gardes sous le coude jusqu’aux cabines d’essayage et au défilé.)
- Et je m'abstiendrais de commentaire sur les talons, je n'en ai jamais mis.
- Jusqu’à aujourd’hui, souligne avec un sourire notre impliquée.
(+1 Mindee : aujourd’hui, vous apprenez à mettre des talons ! C’est bien, ça prévient les gens qu’on arrive.)
(Et ça nous fait de belles fesses.)
(Et ça va être drôle d’ajouter ça au défilé !)
Trois sourires simultanés. Aurait-on oublié de préciser l’un des objectifs secondaires de la journée ? Il ne nous semble pas mais c’est corrigé si c’était le cas et cela offre une occasion autre que les bretzels pour grimacer !
« Je n'ai pas la moindre idée de ce que je fais quand je choisis des vêtements, (Je vous avais dit que c’était de la flagornerie ! Ah mais on t’a cru. C’était évident.) donc je veux bien faire des commentaires (Si c’est juste flagorner, cela ira. C’est pas très constructif mais ça fait plaisir. Pauvre mademoiselle Herrera.) mais sachez que dans votre propre intérêt il est peut-être plus sage que vous les ignoriez. »
(Je ne sais pas marcher avec ces trucs-là, je passe mon tour !)
Céleste, fait ta moi ! D’accord ! Convainquant sur 20 !
Face à mademoiselle Grey, notre impliquée se retourne et croise les bras en la fixant.
(On ne peut pas te forcer mais pourquoi tu ne veux pas ?)
(L’idée c’est justement d’apprendre.)
(Puis vous êtes toutes deux télékinésistes : si vous galérez, vous trichez.)
Combien de minutes avant que l’on ne se retrouve au point de rendez-vous que sont les cabines d’essayage ? On ne sait pas. Combien d’articles chacune porte ? On sait. Trois. Car il faut bien avouer que pour nous, qui ne pratiquons le shopping que depuis notre majorité, la prévisualisation de ce que donneront nos tenues une fois sur nous est assez lacunaire. Comme la capacité à choisir avant d’avoir porté. Du fait, on prend autant que l’on peut puis l’on redistribue afin que chacune ait une paire de chaussure, un bas et un haut. Cela permet de voir si les tenues imaginées sont aussi bien qu’on les avait imaginées sachant qu’on imagine mademoiselle Herrera répondre "oui" et penser "surement" tandis que mademoiselle Grey risque de s’habiller comme ce que l’on imagine être une mère de famille essayant de faire jeune ; ce qui est cohérent avec le décalage temporel mais pas avec l’évolution globale.
(Comment préférez-vous vous y prendre, mesdemoiselles ?)
(D’ordinaire, nous on se met chacune dans une cabine et on essaie avant de se regarder dans le miroir à travers les sens des autres)
(Mais on peut sortir des cabines si vous voulez, c’est même mieux pour le défilé !)
Sachant que si défilé il y a, il faudra revoir toute la méthodologie : la toute seule, à non pardon celle accompagnée de sa frustration, ira dans la cabine pour se changer tandis que les deux autres chercheront des assises puis les proposeront aux demoiselles qui nous accompagnent. Lorsque tout sera prêt, le relai commencera : la personne sort de la cabine, demande aux autres ce qu’elles en pensent et celles-ci tirent à boulets rouges. Remarquez, les boulets rouges seront aussi pensés si l’on est chacune dans sa cabine. Et il faudra essayer de pas être trop franches envers mesdemoiselles, sinon on risque de les vexer.
Le commentaire des Cuckoos en amena un autre de Kali, concernant son Bretzel.
- Non mais c'est... une bonne... première expérience...
Avait-elle dit en toute honnêteté, bien que son visage exprimait le contraire. Pour elle, si manger quelque chose de nouveau l'amenait à savoir qu'elle n'appréciait pas forcément ce genre d'aliments, ce n'était que du positif.
Elle s'abstint cependant de faire un autre commentaire lorsqu'elles parlèrent de leur façon de choisir un pull à rayures. Cela lui semblait beaucoup de paramètres à prendre en compte juste pour un vêtement. Mais elle savait également que les Cuckoos avaient un univers de différence avec elle lorsqu'il s'agissait de bien s'habiller. Elle ne dit donc rien, se contentant de pencher un peu la tête sur le côté quand elles firent mention d'un "défilé".
Oh non. Défilé, talons. Kali put deviner ce qu'allaient dire les Cuckoos avant qu'elles ne le prononcent à voix haute. Elle s'abstint là aussi de toute remarque sur leurs fesses, puisqu'elle ne savait pas quel critère était utilisé pour mesurer la beauté d'un derrière et aussi parce qu'elle n'avait pas besoin de s'attarder sur une partie de leur corps pour penser qu'elles étaient belles.
Jean émit alors une protestation, ce à quoi elle ne s'attendit pas. Il lui avait semblé que la vraie rousse serait du genre à porter des talons, la jeune mutante lui prêtant une élégance peut être un peu exagérée.
Avec un petit rire intérieur, elle ne put qu'approuver les propos des Cuckoos, en y mettant un bémol :
- Je suis sûre que tu te débrouilleras très bien, Jean. Mais je vais par contre plutôt compter sur ma souplesse pour ne pas me casser une cheville, parce que je suis bien incapable de me soulever plus de quelques secondes avec ma télékinésie.
Kali suivit le mouvement, allant se chercher une tenue tout en proposant mentalement de faire un vrai défilé. Elle ne désirait pas se donner en spectacle, mais si c'était pour Jean et elles, cela l'indifférait. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver trois tenues à enfiler.
La première était d'une simplicité presque insultante, puisqu'il s'agissait d'un short, d'un débardeur et de simples tennis. Il fallait bien commencer quelque part. Et acheter quelque chose.
Pour la deuxième, Kali troqua un peu de son pragmatisme habituel pour une tenue simple mais qui changeait sur elle. Un jean slim, des baskets de ville et une chemise blanche légèrement transparente qui révélait peut-être un peu plus d'elle qu'elle ne l'aurait voulu.
Avant de sortir de la cabine pour sa troisième tenue, Kali poussa un soupir audible devant le miroir. Ce n'était pas une réussite.
Elle sortit donc de la cabine avec un air blasé, ses jambes tremblotantes peinant à supporter l'étrange inclinaison que ses escarpins apportaient. Vêtue d'une longue robe noire à encolure américaine, Kali avait l'air aussi confortable qu'un chat à qui on aurait enfilé son premier costume.
- J'ai l'air d'un enfant qui vient de voler la robe de soirée et les talons de sa mère...
Et pour cause, l'absence de formes et la posture incertaine de la jeune mutante la faisait paraitre plus jeune qu'elle ne l'était, tandis que ses cicatrices très visibles à la lumière crue des néons ajoutait un petit côté absurde à la chose.
Le reste de la journée se passa tout aussi bien pour Kali qui, décidant de faire plaisir au reste de la troupe, acheta uniquement la deuxième tenue. Elle prit un malin plaisir à critiquer les tenues de chacun, en restant néanmoins toujours bienveillante (et flagorneuse malgré elle dans le cas des Cuckoos). Quand sa joue refit contact avec la portière sur le chemin du retour, un sourire ornait ses lèvres, que même l'inconscience d'une sieste ne sut lui ôter.
I need relief, a failure's coming on Just breathe in deep, it's taking far too long I need relief, this weakness carries on Please be a dream, or was it all along?
« Le désir d'amitié est donc précisément un désir d'être compris, sollicité, apprécié pour nous-même. » ( Francesco Alberoni)
Après les Bretzels moins bons que les cookies, les voici dans le magasin emplit de vêtements soigneusement exposés sur des cintres, parfaitement rangés selon des codes vestimentaires qu’elle reconnait : un côté bohème (les franges et les fleurs), un côté rock’n’roll (elle espère que c’est du faux cuir), quelques portant soutenant des robes de soirées (ou de cocktail, même si elle ne saisit pas bien la différence) et, enfin, un univers plus sportswear, qui semble être davantage confortable que les autres.
L’idée d’un défilé lui parait tout d’abord insurmontable, principalement parce qu’elle n’a aucune affinité avec le monde de la mode même si, elle fait des progrès de ce point de vue là ; aussi, lorsque les Cuckoos demandent pourquoi elle s’y refuse, elle ne cherche pas bien longtemps la réponse : (Parce que je vais me ridiculiser ?) La triche est une bonne solution de replie, mais elle l’utilise déjà pour les sessions de marathon : il ne faut peut-être pas abuser des bonnes choses. Malgré l’encouragement de Kali, de prime, elle secoue de nouveau son visage de gauche à droite en riant légèrement, néanmoins surprise d’entendre que son amie, d’ordinaire grandement réservée, va se prêter au jeu du défilé…
Ayant ramassé quelques vêtements à son goût, elle les garde sur le bras en rejoignant les cabines en compagnie de ses amis mais, plutôt que de rentrer dans l’une d’elles, Jean s’installe sur l’un des petits tabourets accolés au grand miroir permettant de se regarder sous toutes les coutures. « Je fais la critique ! » Dit-elle en déposant les vêtements récoltés à côté d’elle, et se retournant en même temps vers le miroir pour contempler son reflet : pas de bouton, c’est formidable.
Lorsque Kali ressort de la cabine, Jean reprend sa position en affichant un grand sourire à la fois encourageant et tendre, car cette première tenue lui paraît être ordinaire sur le corps de son amie ; c’est une tenue qu’elle pourrait porter, assurément. « Il fera bientôt trop froid pour mettre un short mais, j’approuve. » La deuxième tenue est davantage innovante, mais bien plus élégante : la chemise, surtout, fait grande sensation. « Wouah ! Cette tenue te va vraiment bien. » Hochant son menton de haut en bas pour mettre une emphase sur ses paroles, Jean tapote ses genoux tout en lançant un regard complice en direction des blondes, avant d’être surprise par le choix de la dernière tenue… C’est un rideau ? Penchant légèrement son menton sur le côté, elle fronce légèrement son petit nez tout en essayant de ne pas rire, sans moquerie aucune, n’étant juste pas du tout habituée à voir la rousse ainsi vêtue, et aussi mal-à-l’aise dans ses vêtements. « Tiens-toi droite pour voir ? » Bon, visiblement, les épaules redressées ne changent pas grand chose…
« À moi ! » Décrète-t-elle en se redressant d’un élan vif, se décidant à entrer dans une cabine pour entamer son propre défilé… Qui sait, elle allait peut-être se découvrir un projet de carrière.
Le rideau reste fermé pendant une poussière de minutes tandis qu’on l’entend s’activer derrière et, lorsqu’elle apparaît enfin, c’est vêtue d’une première tenue tout en douceur : une jupe courte beige zippée sur le devant, dans lequel elle avait rentré un pull de la même couleur. Les fameux escarpins noirs aux pieds, la rousse s’avance de quelques degrés en mettant ses mains devant elle pour prévenir la chute mais, finalement, ce n’est pas si compliqué. C’est inconfortable. Très inconfortable. Mais pas si compliqué, et promis… (Je ne triche pas, si jamais vous vous posez la question !) Prudence à celle qui osera dire le contraire ! « Vous en pensez quoi ? » Demande-t-elle d’un ton joyeux en se regardant dans le miroir, se trouvant presque jolie et développant, peut-être, un peu d’amour propre.
Après les avis de ses amies, la rousse retourne en cabine pour la deuxième tenue, qui est dans un tout autre registre : un pantalon à carreaux noirs et blancs avec une bande noire sur chaque côté, ainsi qu’un pull fin transparent laissant entrevoir le soutien-gorge qu’elle porte — détail dont elle n’a pas conscience, pour l’instant. Ce n’est qu’en voyant son reflet dans le grand miroir qu’elle perd son sourire aussi rapidement qu’une ampoule qui grille, et elle fronce alors son petit nez en disant « Zut. J’aimais bien. »
Finalement, contrairement a Kali qui achète seulement la deuxième tenue — la meilleure, selon Jean qui est devenue experte en mode grâce à un essayage, celle-ci achète les deux tenues. Elle n’a pas un budget illimité mais, comme elle dépense peu, elle a décidé de se faire plaisir pour cette journée entre amies qui, du début à la fin, a été superbe : le moment d’apothéose étant, bien sûr, le défilé des belles blondes.
HRP:
Fin pour moi, merci pour ce rp
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
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