Le message était passé et Raven, aidée par la nuée d'abeilles robotisées avait eu raison du grizzli qui s'abaissea en signe de soumission. Ouf! "Ey toi!"
Entendant l'interjection, Kurt tourna la tête vers la jeune femme qui semblait avoir le contrôle de l'essain. C'est d'ailleurs par ce dernier qu'il reçu les instructions: deux civils blessés à évacuer d'urgence.
"Comprit!"
Répondit-il simplement, avant de se téléporter vers chacun des deux malheureux pour les déposer à l'endroit indiqué, la où les secours arrivaient. Il lui fallut en tout moins d'une minute pour être de retour aux côtés de Raven, mais c'est à ce moment la qu'un grand fracas retentit, faisant sursauter le jeune mutant qui se retourna en direction du bruit ou une volière venait de s'effondrer. L'instant d'après, il grimaçait en se bouchant le nez. Qu'elle odeur nauséabonde ! Il regarda Raven quand elle s'adressa a lui pour aller au point le plus haut. Repérant une autre volière encore debout, Kurt hocha la tête et s'y téléporta avec Raven, non sans avoir invité d'un signe de tête l'autre jeune femme, celle qui dirigeait la nuée robotique, à ce joindre à eux pour la suite des événements, après avoir emmener Raven hors de l'enclos. Il n'avait pas encore réalisé que la rousse était accompagnée de ses deux amis. Cela ferait en tout quatre personnes à téléporter en même temps en plus de lui même. Possible, mais fatiguant
Du point de vue surélevé où se trouvaient désormais nos protagonistes, une scène aussi surprenante qu'odorante se trouvait sous leurs yeux : dans ce qui fut il y a peu l'enclos des flamants roses et des pandas roux gisait désormais une grande partie du grillage qui faisait le haut de cette volière, au milieu d'une immense mare verdâtre d'où semblait provenir l'odeur encore plus dévastatrice pour le nez qu'elle ne l'était peu avant.
Si le grillage c'était en partie effondré, c'était parce que ses pieds semblaient avoir presque tous fondu, ne soutenant plus la grande structure qui s'était repliée sur elle-même, détruite par sa propre masse, mais ouvrant par chance une sortie aux pauvres animaux en captivité. Plus aucun d'ailleurs n'était présent. Du moins, plus aucun de vivant.
En effet, dans la mare verte étaient visibles par dizaines des restes d'animaux qui étaient bien trop macabres pour être de simples décorations : des pandas roux en décomposition, des flamants roses qui se débattaient encore pour échapper à cette marée visiblement visqueuse tandis que leurs plumes se dissolvaient dedans, des carapaces de tortues flottaient ça et là aussi, et surtout un nombre incroyable de squelettes de petits rongeurs, probablement des rats, répandus aléatoirement dans toute cette masse.
Mais surtout, le plus impressionnant était cette mare : elle ne semblait pas obéir aux lois de la physique concernant les liquides : elle était visqueuse, translucide d'un vert presque émeraude, et si l'essentiel semblait couler vers le bas, en réalité l'essentiel de sa matière semblait concentrée dans les hauteurs, comme montant doucement sur les décors et les parois pour échapper au creux de l'enclos.
Tout ce sur quoi passait cet horrible liquide semblait soudainement se flétrir, s'user et rouiller, tandis que d'énormes bulles venaient parfois paresseusement éclater à sa surface comme s'il était composé de mazout, dégageant alors une fumée blanche à l'odeur pestilentielle et dont l'acidité semblait ronger la gorge tant elle était sensible.
À l'opposé de cette marée cauchemardesque, à l'entrée du parc, les sirènes des secours se taisaient pour marquer enfin l'arrivée des secours. Les pompiers avaient été les premiers sur place et avaient aussitôt pris en charge les blessés et les personnes choquées ou en panique pour les calmer. Les ambulanciers, seconds sur places, prirent le relais pour laisser les pompiers se risquer dans l'enceinte du parc et tâcher de maîtriser la situation. La police, enfin, arriva à peine une minute plus tard et commença à sécuriser l'entrée du parc, tant pour empêcher ce qui s'y trouvait d'en sortir que les curieux d'entrer. De là où ils se trouvaient, aucun ne pouvait voir ce qui se passait vraiment, mais il ne faudrait guère de temps pour que les pompiers arrivent près de la volière effondrée et de ce qui s'y trouvait.
Le téléporteur n’a pas besoin de me rejoindre pour plus de renseignements avant de se téléporter pour évacuer les victimes. Bien ! Quelques secondes de gagnées. Cela se joue en secondes, surtout avec l’accroissement de panique et l’infecte odeur d’égout qui s’y ajoute. La zone est nettoyée de toutes victimes potentielles, à part nous, maintenant il faut s’assurer que la menace ne s’en échappe pas ; et ne nous écharpe pas. Je suis pas prête à cela. Me faire écharper, ça ne sera jamais le cas. S’assurer que la menace ne s’échappe pas…
Etant partie du couloir donnant sur l’enclot du grizzly pour rejoindre Nathan puis sortir dans le jardin central, je ne vois pas ce qui se passe ensuite entre le téléporteur et son animal de combat. Ce n’est pas grave, je n’ai pas besoin de me trouver sur le toit de verre du bâtiment contenant la Zone Tropicale pour voir ce qui se passe. Je peux le faire en étant presque tranquillement à regarder mon téléphone et j’ai le bonus de ne pas avoir la dense forêt pour m’obstruer la vision. Enfin, "presque". Non, je ne suis pas tranquille du tout.
Et ça ne va pas en s’arrangeant.
Je crois que je connais le type de truc qui arrive, acidifiant tout ce avec qui il entre en contact. Il ne laisse que des ruines dont je n’ai pas réellement les détails mais qui m’apprennent que je ne peux pas réellement risquer les @robeez au contact et cela me fait presque entrer en apnée. EVIDEMMENT que j’allais tomber sur l’un des rares contre à mes drones. Il faut que je commence à plancher sur la nouvelle génération. J’ai que ça à faire de ma vie. D’ailleurs, on pourrait pas avoir un super-héros ? Ils ont mieux à faire des leurs ?!
En parlant d’amélioration, le zoom n’est pas réellement une option sur les @robeez actuelles. Non contente de les faire voler dans la forêt, je suis obligée d’en sélectionner dix pour leur demander de s’approcher encore plus pour fournir une image plus nette. Si cela m’épargne l’odeur qui augmente, puisqu’on doit être à une petite centaine de mètres des ruines de l’enclot contrairement à la route qui se trouve juste derrière et qu’on tâche de bloquer avec Enzo, cela reste une idée discutable. J’ai la confirmation que c’est un Slime et qu’il est probablement bien plus grand que celle que j’ai vu ; qui était déjà à plus d’une demie-tonne ! Là, je me fais l’idée d’un petit Kaiju. Vert… de mémoire, le bleu c’est la bonne couleur pour les Slimes ; tranquillité. Vert, je ne me souviens plus. Colère ou peur, j’hésite entre les deux. Et je sais pas laquelle est la mieux. Colère, ça veut dire qu’il faut le gérer alors qu’il est agressif et capable de nous tuer en quelques secondes d’une manière particulièrement horrible s’il nous touche. Peur, ça signifie qu’il fuit peut-être lui-même quelque chose et qu’il y a donc encore pire derrière. Litière de litière pas changée depuis deux semaines !
« Jo, c’est un Slime ! »
Un Slime qui bulle. Ça expliquerait la peur. S’il est tombé sur du dessiccant ou un autre réactif qui le blesse. Maison close, elle était cool l’époque où le plus dangereux des égouts de New York c’était des crocodiles, nan ?
« Menace potentielle : Slime, répète mon garde du corps avec beaucoup plus de sang-froid. Contactez l’agent Emy Carthew. Elle est sur l’affaire. »
Les Slimes, le SHIELD et moi avons une longue histoire de "mais où qu’elle est ?!". Début aout, j’en ai rencontré une. Moment horrifique puis sympathique qui m’a valu de devoir remplacer toute l’étanchéité de ma Lucky Mobile mais pas ma culotte, mes sphincters ayant tenus le coup. Des conséquences de cela est arrivée ma rencontre avec l’agent Carthew afin d’essayer de sociabiliser la bestiole et les éventuels autres membres de son espèce. Le SHIELD devait se charger de les trouver. Résultat : zéro. Sur un mois. Et là… Au risque qu’ils croient que je les prends pour des anus, ça serait cool qu’ils se sortent les doigts de là-bas dedans à un moment. AVANT que les problèmes n’arrivent, de préférence.
« Que les renforts prennent du dessiccant ou de l’électrisant, SI on arrive pas à le raisonner.
- Tu t’approches pas, m’interdit-il immédiatement, sans doute toujours au téléphone. Contrôle la zone et reste dehors ! »
Contrôle quelle zone ? Je peux effrayer les animaux. Je peux effrayer les humains. Mais l’extraterrestre, là, je peux juste essayer !
« Lu, y’a les s’cours qu’arrivent à l’entrée, m’avertit Enzo, toujours à la situation. Ils entrent. »
Je me détourne de mon écran pour regarder le bâtiment de l’Arsenal, qui donne sur la Ve Avenue, ainsi qu’au sud de celui-ci, où il y a l’entrée du bâtiment de visite du Zoo. Okay, un peu de tout-terrain et on peut établir le contact. On dira qu’on a fini la visite en accéléré.
« On bouge ! »
Merci ma Chance, aujourd’hui j’ai des bottes montantes sans talons ! Pour courir, c’est mieux. Pour grimper sur l’herbe et passer entre les arbres qui délimitent le zoo, aussi. Est-ce que j’ai pas prévu la barrière ? "Nom de Dieu de putain de bordel de merde de fils de pute d’enculé de sa mère", ce qui ne compte pas comme des gros-mots mais comme une citation filmique !
Les sirènes de police nous apprennent que cette dernière est arrivée et on reprend le sprint, téléphone en main, pour essayer de coordonner tout ça.
« EY ! »
Je n’ai pas de main pour accompagner mon cri, l’une sur mon téléphone et l’autre tenant mon sac passé à mon épaule, mais ça devrait suffire à attirer l’attention des soldats du feu. Aller ma Chance, colle-moi le Lieutenant Frasier au milieu qu’on puisse faire jouer le réseautage pour plus de simplicité. Oui, je sais que c’est mort il est pas dans la caserne la plus proche mais je fais ce que je peux ! Tant que les mecs me voient à travers la porte du bâtiment et l’ouvrent pour qu’on puisse parler, ça me va. Sinon, j’ai bien un Nathan pour continuer à servir de portier malgré sa main en moins ?
« Evacuation des civiles complète, normalement, halète-je vivement. Menace identifiée et SHIELD prévenu, poursuis-je en montrant mon téléphone et la surveillance rapprochée du Slime destructeur. Un téléporteur et un téléporté encore déployés sur le terrain. »
C’est une bonne idée de préciser qu’il s’agit d’un ours ? J’en ai aucune, d’idée, de mon côté.
« Faut qu’on garde la zone… isolée. »
Fille de mauvaise vie, je vais pas leur expliquer comment faire de la gestion de crise impliquant des surhumains, ils doivent être formés depuis le temps ! D’autant que ça a l’air d’être l’objectif des bleus, à défaut de celui des rouges, tandis que les blancs sont très occupés avec les multicolores évacués. Bon, à part la gestion du Slime, on est plutôt pas mal nan ?
Pourquoi je sens que j’aurai pas dû me poser la question ? Murphy, fait pas ta loi okay ?!
La situation depuis notre observatoire était … complexe. Et l’odeur, à m’en soulever le cœur. Heureusement je réussis à retenir un vomissement. Mon odorat était plus sensible depuis que j’étais enceinte, mais là même quelqu’un souffrant d’anosmie aurait eut les idées remises en place avec une telle puanteur. Et elle se était due notamment aux dizaines de cadavres qui se trouvaient coincés dans cette espèce de matière visqueuse et gluante qui semblait se mouvoir. Un mutant ? Une invasion extraterrestre venant des égouts ? Je l’ignorai et Diablo et moi ne pouvions pas vraiment faire grand-chose pour contenir cette invasion. Nous n’avions pas spécialement les pouvoirs les plus adéquats à la situation. Au moins nous pouvions fuir si la situation devenait véritablement trop dangereuse. Mais comment stopper cette grosse masse gélatineuse ? Est-ce qu’au moins cela avait une conscience ? Comment … Trop de questions et pas assez de réponses. Seul un :
- Mais qu’est ce que c’est que ce truc ?
S’échappa d’entre mes lèvres alors que je tentais d’analyser la situation la plus rapidement possible mais j’avais bien du mal à comprendre ce que nous pouvions faire nous à notre modeste niveau. Les abeilles robotiques ne nous aideront pas …
Les sourcils froncés, gardant un équilibre parfait sur la grande volière, mon cerveau allait à vive allure alors que des sirènes retentissaient. Les humains ne pourraient rien y faire non plus… Et cette chose semblait progresser, aussi bien en termes de volume que de distance, comme si elle se dirigeait vers quelque chose ou quelqu’un … ?
- Tu as une idée de comment arrêter ce truc ? A part un fort coup de jus … Je ne vois pas…
Je secouais la tête négativement … J’avais l’habitude de battre des ennemis plus gros et plus forts que moi, mais … ils avaient toujours ne apparence plus ou moins humaine. Alors que là … Je naviguais dans l’inconnu.
Raven & Co ; N-Y City.
(c) ANAPHORE
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Du haut de ses dix-huit ans, Kurt avait bien vu des choses qu'un jeune de cet âge n'aurait pas du voire. Des situations peu réjouissante aussi. On pouvait dire qu'il avait plutôt le cœur bien accroché, mais a cet instant, la vision de cadavres d'animaux en décomposition au milieu de la marée visqueuse et verdâtre a l'odeur fétide qui s'exposait devant lui et Raven eu raison de la résistance du jeune mutant.
Soudain prit de nausée, il vacilla pour finir a quatre patte, tendit que son dernier repas s'échouait inévitablement sur la verrière. Slime:1. Estomac:0. Il fallut quelques instant avant que le malaise ne se dissipe, sans que Kurt ne se sente pour autant capable de se redresser. C'est donc en gardant sa position accroupie, appuyé sur ses mains qu'il répondit a Raven:
"J'en sais rien... je sais même pas ce que c'est que ce truc, a part que j'ai pas envie de m'en approcher!"
Au moment ou il se sentit enfin suffisamment d'aplomb pour étudier la situation, son regard se porta sur les camions de pompier visible vers l'enceinte du zoo. Face a la substance non-identifiée, ils ne pouvaient rien faire, en revanche, ils pouvaient se rendre en lieu sure avant que la marée nauséabonde ne colonise tout le secteur:
"Les pompiers sont la bas, on devrais les rejoindre. Ils aurons plus de moyen que nous. Accroche toi!"
Sans plus de cérémonie, le duo disparut du toit de la verrière pour apparaitre au niveau du groupe de pompier, rejoignant Lucy; Nathan et Enzo auprès de ces derniers
Les pompiers virent sans mal Lucy qui les interpelait et vinrent aussitôt à sa rencontre pour la prendre en charge. Ils ouvrirent la porte et, tout en écoutant ce qu'elle leur disait avec attention, la menèrent en direction des ambulanciers qui avaient déjà sorti les brancards pour les blessés graves et administraient les premiers secours. Un des policiers, probablement un inspecteur à en croire ses traits durcis par l'âge et l'expérience et par son insigne accroché négligemment à sa ceinture, s'approcha aussi de Lucy pour écouter.
"Calmez-vous madame, vous avez fait ce qu'il fallait. Venez vous asseoir et expli-"
Il fut coupé par la soudaine apparition de deux autres personnes, dont une très bleue, qui suffit à alerter ses hommes. Ces derniers sortirent aussitôt leurs armes et les pointèrent vers la menace potentielle, avant que leur chef ne beugle un bon coup pour les calmer :
"Baissez-moi ça les bleus ! Vous avez jamais vu de mutant ou quoi ? J'vous jure, 'faut tout leur dire.
Vous quatre !" ordonna-t-il en pointant les quatre plus proches de lui, "Vous sécurisez l'entrée et vous vous assurez que nos soldats du feu soient en sécurité. Les autres, vous bouclez le périmètre ! Personne n'entre, personne sort. Et si des journalistes se pointent, faites-moi plaisir et leur dites rien. Ça évitera d'avoir encore des conneries dans le journal ! Et qu'ça saute !"
Ses hommes sursautèrent à sa dernière exclamation et exécutèrent aussitôt les ordres qui avaient été donnés. L'inspecteur soupira puis fit signe aux deux nouveaux arrivants de s'approcher, tandis que les ambulanciers qui n'étaient pas occupés par les blessés graves venaient vers eux avec des couvertures.
"Reprenons, vous tous, vous venez de l'intérieur. Racontez-moi ce que vous avez vu, histoire qu'on sache ce qui se passe."
Pourquoi est-ce que, quand les pompiers se positionnent pour me prendre en charge, la première pensée qui me vient c’est qu’ils ne sont pas psychiatres ? J’ai un grain et plutôt deux fois qu’une. Enfin Bref, l’un des policiers vient se positionner comme interlocuteur et me dit de me calmer. Ça, on me le dit souvent. J’ai fait ce qu’il fallait ? Ça, on me le dit rarement. Après, je suis totalement d’accord ! Quant à m’assoir, oui, s’eut été une bonne idée. Parce que la suite me laisse sur le popotin.
Est-ce que je sursaute quand le téléporteur se téléporte ? Evidemment. Est-ce que je me retourne vers le téléporteur téléporté et son téléporté téléporté ? Evidemment. Est-ce que je reconnais la téléportée téléportée ? MAIS QU’EST-CE QU’ELLE FOUT LA ELLE ?!
Le professionnel il a dit de se calmer donc, forcément, je le fais de manière créative. Un peu d’apnée lors d’un bug ne fait de mal à personne. Ainsi donc fixe-je Raven avec des yeux de biche ; celle-là même qui est hypnotisée par les phares de la voiture qui lui fonce dessus.
« Baissez-moi ça les bleus, hurle le chef, me faisant tourner les yeux vers lui et plisser les paupières. Vous avez jamais vu de mutant ou quoi ? J'vous jure, 'faut tout leur dire. »
Je prends une inspiration nasale alors que je calcule enfin que les policiers ont eu le réflexe de policier américain. Dans un pays où tout le monde est potentiellement armé, il faut dégainer et être prêt à tirer le premier pour augmenter ses chances de survie. Quant à la ville qui regroupe le plus de superhumains au monde… même raisonnement, en fait. Merci ma Chance, j’avais prévenu qu’il y avait un ou deux supers encore déployés de notre côté ; ça évite les malentendus. Pendant que le chef crie suffisamment fort pour dissiper tout malentendant, j’en reviens à Raven et à son camarade téléporteur. Je ne sais pas quoi dire et cela se voit. En revanche, je sais que ce n’est pas le moment de dire quoi que ce soit. A la limite, un "vous seriez apparue sous forme bleue, vous auriez conservée votre identité secrète comme telle" mais on verra plus tard. D’autant qu’entre les policiers et le téléporteur, y’a déjà pas mal de bleu dans notre environnement ; mais pas assez, faudrait que le Slime le soit aussi. Avec mon trench-coat, je me dis que c’est la couleur du jour. La bleusaille évite les bleus avec les bleus !
ENFIN BREF.
Les policiers sécurisent l’entrée et s’assurent que les pompiers soient en sécurité en plus de boucler le périmètre. Bien, ça nous laisse une marge de manœuvre même s’il faut garder un œil si jamais ils ont besoin d’un coup de main. Quant au fait d’éviter les conneries dans le journal, je prends note que je vais devoir ne pas y être. C’est tellement mort…
« Nous avons fait deux barrages sur la route, de l’autre côté du point d’apparition du Slime, intervins-je après qu’il ait donné les ordres. Si vous pouvez envoyer au moins un agent là-bas, ça évitera aux civils de rester sur place à prendre des vidéos de mes drones plutôt que de fuir. »
Certes, il y aurait beaucoup à expliquer vis-à-vis de la déclaration mais on n’a pas le temps. Principe militaire : cherche pas à comprendre, fais ce qu’on te dit. Chercher à comprendre c’est un boulot à part entière et, dans le doute, c’est pas le tien. Réfléchir, c’est commencer à désobéir.
Ni moi ni mes deux deux n’acceptons les couvertures que les ambulanciers apportent. Aucun de nous n’est assis d’ailleurs. Ma main libre, désormais qu’elle n’a plus à tenir mon sac accroché à mon épaule, remercie les secours avant d’en revenir à mon téléphone. Mon regard, dissimulé sous mes lunettes de soleil, s’en revient à celui qui nous dit de reprendre.
« Regardez cela, dis-je en tournant puis tendant mon téléphone, dont l’écran affiche l’avancée du Slime au niveau du territoire tempéré et de l’enclos des singes. C’est un Slime. Le SHIELD et moi-même en avons identifié deux par le passé. Aucun de cette taille, cependant. »
Pour les demandes d’explications supplémentaires, cf. le point précédent.
« En l’état actuel de nos connaissances, il a provoqué la panique et la fuite des animaux… dont beaucoup ont été sédatés par mes drones… »
Oupsie ? Nan, franchement, je ne culpabiliserai pas pour ça. D’autant que les lions de mer sont encore loin de la gélatine. A la différence de quelques singes surement mais on sauve d’abord les humains et on voit le reste ensuite. Après, on est actuellement au "ensuite" suscité.
« Mes études à leur sujet, reprends-je car, oui, j’ose appeler ma mésaventure dans mon bus des études, elles ont montré qu’il s’agit d’une gelée digestive douée d’une conscience et d’une forme de cognition. Ainsi que de capacités métamorphiques. »
J’évite de rentrer dans les détails pour deux raisons principales : d’une je ne suis pas certaine qu’ils comprendraient tout et de deux je ne les ai pas tous. Montrons ce qu’on sait et non ce qu’on ignore, pour le moral des troupes.
« Officier… vous et les vôtres devez continuer à garder le périmètre et nous laisser la marge de manœuvre. »
J’attends un acquiescement de sa part, même si c’est déjà ce qu’il a lui-même ordonné donc continuer à le faire dans le temps ne devrait pas poser problème. A l’inverse de laisser faire des "civils" mais j’espère bien qu’on donne l’impression d’être des super-héros.
« N’entrez pas en contact physique avec lui. Sinon c’est la digestion. Les munitions solides sont inutiles. Les PIE auront peut-être un effet mais cela risque de l’agiter ; et on ne veut pas ça. »
D’autant qu’il semble déjà l’être ; le vert, les bulles… mais chut. Moral des troupes, tout ça.
« T, reprends-je en me tournant vers le téléporteur et en tâchant de dissimuler qu’il m’est inconnu… va falloir me servir de garde du corps car je vais essayer de lui parler. Vous m’emmenez à courte distance et, en cas d’agression, nous ramenez tous les deux hors de portée. »
Nathan se tend comme un arc, ce qui est étrange comme expression puisque la corde tendue fait un triangle, mais a la bonne idée de se taire malgré la tentation de répondre. Il a la main sur le combiné mais ne sape pas l’aura de professionnalisme que j’essaie d’avoir.
« El, continue-je vers Raven avant le suspens habituel pour être sur d’avoir son attention et réalisant à ce moment-là que c’était peut-être elle l’ourse kodiak donc qu’il y aura encore plus à faire mumuse avec ses pouvoirs quand on sera sortis de cette galère… vos yeux et votre expérience. T vous dépose au point d’observation des singes et si on se fait contourner vous criez. »
En somme, la surveillance situationnelle à mi-distance. Normalement, la téléportation évitera de se retrouver encerclé mais c’est pas plus mal d’avoir un avertissement si cela arrive. Je suis sure que le téléporteur et moi auront d’autres raisons de stresser vis-à-vis de la proximité du Slime.
« Zo… surveillance et contrôle du terrain. Et prends mon sac, merci. »
A devoir gérer plusieurs points de vue différents, Enzo n’aura pas forcément la réactivité de Raven en cas de danger. Restant ici avec les secours, il peut par contre parfaitement me servir de porte-sac-à-main. Ça me dégagera l’un des deux bras, sachant que les poches intérieures du trench suffiront pour le smartphone.
« Jo… lien avec le SHIELD. S’ils peuvent te mettre en communication avec le chef d’équipe de l’intervention pour qu’on se coordonne, c’est bien. S’ils peuvent nous laisser faire notre ambassade pour essayer de régler ça sans violence, c’est mieux. »
La violence est souvent une bonne réponse mais, dans le doute, essayons la réponse mondaine d’abord.
« Tout le monde a compris et personne n’a de questions ? C’est parfait. »
Mon cœur bat vite et mon souffle est court. Je suis obligée de respirer par la bouche tout en étant pleinement consciente que ça ne me permettra pas d’échapper à l’odeur ; chose plutôt réussie jusqu’ici. Après avoir rangé mon téléphone dans sa poche intérieure, je récupère la ceinture de mon trench-coat pour la plier grossièrement et m’en faire un mouchoir. C’est pas grand-chose mais c’est mieux que rien.
« Vous feriez bien d’avoir un truc du genre, dis-je au téléporteur. Pas attaché s’il faut l’enlever pour vomir mais tout de même. »
Je lui laisse quelques instants pour se préparer. J’en profite pour me masser l’arrière de l’oreille avec ma main droite.
« I’m the Lucky One, murmure-je à moi-même avant de mentir au visage du téléporteur et de Raven. Prête quand vous l’êtes. De préférence, maintenant. »
Je ne serais jamais prête à me mettre en danger. Après, c’est comme avec l’impression de danger lors de mes spectacles : je n’attends donc pas de me sentir prête.
Première téléportation pour placer Raven en vigie au niveau du bâtiment. Seconde téléportation pour que le téléporteur et moi-même nous retrouvions à découvert en bordure de l’enclos des singes et à proximité suffisante pour que j’interpelle le Slime. Raven surveille et nous dit de nous casser si ça devient trop dangereux. Le téléporteur nous permet de nous casser. Moi je fais la discussion. Heureusement que je suis trop occupée pour mourir parce que sinon j’aurai sacrément les chocotes de le faire. Ah bah l’horaire change rien, en fait. Je suis terrifiée et c’est pas parti pour s’améliorer dans le bon sens… I’m the Lucky One.
Je me tends néanmoins lorsque les policiers braquent leur arme sur eux, et je prends une posture de défense me plaçant devant Diablo. Mais heureusement pour nous, le chef de cette brigade est un homme censé. Heureusement que je ne suis pas sous ma forme bleue. Sinon ils auraient fait une attaque. Mon regard se porte alors autour de nous, et je hausse les sourcils …
Mais c’est qu’elle serait toujours fourrée dans mes pattes cette Lucy ! A moins que cela ne soit le destin qui fait en sorte que nous nous croisions toujours. Je ne jouerai pas trop avec la Destinée et je ne préfère pas trop y penser. D’autant que nous avons autre chose à faire. Mon visage reste neutre lorsque je vois la rousse à nos côtés juste après que Kurt nous ai téléporté près des forces d’interventions de la ville. Surement en attendant des renforts, d’une nature que j’ignore. Aérien, terrestre ? Mutants, héros, aliens ? Les possibilités sont bien vastes et pour le moment celles qui s’offrent à eux sont passablement restreintes. Le pouvoir de Kurt peut être d’un grand secours, mais le mien ne sert pas à grand-chose. Je ne vais pas aller me jeter dans l’espèce de gelée si c’est pour finir à moitié rongée et décomposée comme les différents cadavres d’animaux que j’ai pu apercevoir.
Je reste muette, j’écoute, j’observe, j’analyse. Et alors que je m’apprête à prendre la parole, nous faisons face à une Lucy qui ne peut s’arrêter de parler, elle expose, impose, explose ? Non pas encore. Mais pas loin. Je sens qu’elle est tendue et que ces gorilles aussi le sont. J’adresse d’ailleurs un petit signe de la main entendu à celui que j’avais croisé hier, lui aussi à du me reconnaitre.
Elle annonce son plan. Je n’y vois pas d’objections. Elle semble avoir beaucoup plus d’informations que je ne peux en avoir sur cette créature. Je lance un regard à Diablo en hochant la tête comme pour lui signifier que je suis d’accord avec le plan, puis, je me retrouve téléportée sur le bâtiment en hauteur me permettant d’avoir une meilleure vision d’ensemble. Mon regard trouve rapidement les deux personnes qui viennent d’atterrir non loin du Slime. Elle prend des risques. Je ne la pensais pas si courageuse que cela. Folle oui, mais pas courageuse. Mais c’était peut-être tout bonnement simplement de la folie.
Raven & Co ; N-Y City.
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"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
La réaction ne se fit pas attendre: a l'instant même ou Kurt apparut au milieu des policiers avec Raven, il comprit que ce n'était pas une si bonne idée. En effet, tout les agents présents braquèrent leurs armes sur eux, prêt a les abattre au moindre faux mouvement. Réalisant seulement a l'instant la situation, le jeune mutant eu un léger moment de panique et recula de quelques pas vers Raven, les mains en l'air en signe de paix et de soumission. Heureusement, un supérieur ordonna a ses subordonnés de baisser leurs armes, tout en les réprimandant au passage sur leurs manque de discernement. Il les envoya ensuite vaquer a des occupations plus constructives et invita les deux mutant a s'approcher. Croisant le regard de Raven comme si il attendait l'approbation de celle ci, Kurt finit par s'exécuter avec une certaine prudence, assez mal a l'aise de la situation
"Hummm..."
ce fut tout ce qu'il trouva a répondre suite a la question du policier, tortillant nerveusement ses épais doigts bleutées. Qu'avaient ils vu exactement a l'intérieur du zoo ? Hormis une serre qui s'effondrait et une marée nauséabonde parsemé de cadavre en décomposition, ils n'avaient pas vu grand chose, enfin, Raven peut être, puisque lui était plutôt occupé a rendre son déjeuné. Heureusement, ce fut la jeune femme rousse qui prit la parole, faisant limite la conversation pour cinq, puisque les deux hommes qui l'accompagnaient restaient aussi muet qu'il ne l'était lui même jusqu'a présent. La "chose" qui semait le chaos avait donc un nom: Slime. Pour Kurt, le "slime" était tout simplement un genre de pâte visqueuse et colorée plutôt satisfaisante a manipuler, et non un être vivant. Elle disait les étudier. Il en existait donc plusieurs ? Etant donné la quantité de dégâts provoquées par un seul, le jeune mutant n'osait pas imaginer le résultat si plusieurs d'entre eux se réunissaient au même endroit. Un frisson désagréable lui parcouru l'échine, et ce, malgré la couverture dans laquelle il s'était laissé docilement enveloppé. "il s’agit d’une gelée digestive douée d’une conscience et d’une forme de cognition. Ainsi que de capacités métamorphiques. "La, on était plus du tout dans le domaine de l'antistress par la manipulation de substance gélatineuse, car ce "Slime" la était un être vivant. Doué de conscience? au vu du résultat dans le zoo, Kurt avait de gros doute sur ce dernier point. Ou alors, c'était une mauvaise conscience.
« Officier… vous et les vôtres devez continuer à garder le périmètre et nous laisser la marge de manœuvre. »Nous?! Un regard craintif vers Raven et le trio montra clairement que Kurt n'approuvait pas l'idée, quand bien même il n'avait plus rien a vomir dans l'estomac. C'était pourtant bien a lui que la jeune femme s'adressait et on pu voire a son expression que si il avait été humain, son visage serait passé par toutes les couleurs possible et imaginable. La jeune femme continua de donner ses ordre, ne lui laissant pas le choix. A contre cœur, il se dirigea vers celle ci, prêt a suivre les indications... sans parvenir a cacher son rictus de dégout. Il n'osa cependant pas refuser et se contenta d'un petit hochement de tête hésitant lorsqu'elle demanda si tout le monde avait comprit.
C'est avec une attitude d'automate que Kurt suivit les instructions, téléportant d'abord Raven a l'endroit indiqué, puis la jeune femme. Dans quoi s'embarquait-il ? Il ne tarderait pas a le savoir...
L'inspecteur écouta attentivement ce que la jeune femme rousse avait à raconter, son visage exprimant diverses émotions : l'étonnement quand elle parla du barrage, le questionnement quand elle aborda des "drones qui avaient sédaté des animaux", le dégoût quand elle décrivit la menace qui sévissait et enfin l'agacement quand elle commença à lui dire ce qu'il devait faire avec ses hommes. Cet agacement n'était d'ailleurs pas dirigé spécifiquement contre elle, mais contre le SHIELD et ce qui pouvait y être associé. Encore une occasion de prouver que la police ne sert à rien, se disait-il intérieurement, ce qui était depuis plusieurs années déjà une sévère frustration le concernant.
Cependant, il n'était pas devenu inspecteur pour se laisser guider par son orgueil blessé. Il devait accepter que les "supers" étaient plus capables de gérer une situation de ce genre et que la présence de ses hommes, d'après ce qu'elle décrivait et lui montrait, avait plus de chances d'être une gêne qu'une aide. À contrecœur donc, il relaya à ses hommes les instructions données par la jeune femme pour leur donner le champ libre.
"Je vous laisse agir parce que je n'ai pas le choix. Si vous êtes en danger, vous rappliquez illico et on tâchera de contenir la menace en attendant le SHIELD. Je ne veux pas avoir vos vies sur la conscience, c'est bien compris ?"
Les trois supers étaient très jeunes à ses yeux, il n'aurait pas accepté qu'ils courent à leur perte. Heureusement, ils semblaient en avoir conscience, juste à en voir leur nervosité. Jeunes et inexpérimentés. L'inspecteur se demandait s'il avait bien fait d'accepter, mais il s'évaporèrent soudainement, le laissant "gérer" ce qui pouvait l'être de leur côté.
Sur son perchoir en compagnies de singes paniqués qui continuaient de hurler tout ce qu'ils pouvaient, Raven avait une vue sur la place principale du zoo, suffisamment pour voir tout intrus qui se fraierait un chemin sur les chemins désormais vides, mais pas assez pour avoir une vue sur la masse verte qui sévissait dans les enclos plus à l'est.
Kurt et Lucy, en revanche, avaient une vu imprenable sur cette immense flaque, vue lourdement gâchée par l'odeur pestilentielle qu'elle dégageait, si forte qu'elle en irritait les yeux. D'ailleurs, la flaque sembla réagir à leur présence car, sur sa surface la plus proche d'eux, elle commença à gonfler. Dans le même temps, le reste de sa surface se mit à glisser vers ce point de rassemblement, apportant une information qui avait de quoi, au moins partiellement, soulager : la gélatine "glissait" sur l'eau, flottant à sa surface comme de l'huile au lieu de remplir l'étang, si bien que son volume réel était, finalement, bien moins important qu'estimé initialement. Ceci étant, ça n'empêchait pas que le Slime serait sans doute nettement plus imposant que lorsque Lucy avait fait sa connaissance, car il avait ingurgité bien plus d'eau que cette nuit-là.
Si ce processus de rassemblement paraissait bien lent, ce qui survint fut, pour sa part, terriblement rapidement. Alors qu'elle avait déjà la taille d'un ballon de plage, la boule de gelée s'étendit avec la vitesse d'un serpent, fendant l'air pour attraper ce qu'il avait identifié comme une proie, une humaine, avec une projection aussi gluante qu'acide...
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