"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
17 Janvier 2024
C’était le jour J! Wanda avait rendez-vous avec Charles pour commencer ce fameux entraînement à propos de ses cauchemars et de la non maîtrise de ses pouvoirs. Elle était à la fois soulagée d’enfin commencer ce type d'entraînement et en même temps stressée car elle ne savait pas tellement à quoi s’attendre. Le seul qui était au courant de ce rendez-vous c’était Bucky. Elle l’avait vu la veille et avait décidé de lui en parler car la jeune femme savait qu’il ne la jugerait pas quoi qu’elle fasse.
Ce matin là elle s’était levée de bonne heure, de ce fait la nuit avait été courte mais bon elle était d’ores et déjà concentrée et déterminée à se rendre à l’institut Xavier. Il était donc à peine 6h30 quand elle se leva et pris sa douche. Son style vestimentaire resta simple car elle voulait être à l’aise: jean bleu délavé et T-shirt rouge manches longues avec un gilet long gris. Un foulard noué autour du cou pour cacher l'incident de la veille. Pas d'entraînement physique ce matin, elle devait se préserver. La jeune femme prit le temps de manger un bon petit déjeuner. Elle ne croisa personne dans la cuisine ni le salon de l’étage résidentiel.
Lorsqu’elle eut terminé son petit déjeuner, la jeune femme se dirigea vers le garage et opta pour une voiture sportive: une coupé cabriolet noir mat. Elle se mit derrière le volant et conduisit jusqu’à l’institut. Une fois devant la barrière, elle se présenta pour le rendez-vous qu’elle avait fixé avec Charles. Il était 8h20. Elle avait 10 minutes d’avance.
La jeune femme se gara devant la porte du manoir et sortit tranquillement. Les cours avaient dus commencer dès 8h. Ce fut la raison pour laquelle elle ne vit pas énormément d’élèves. Alors qu’elle montait les marches pour entrer dans le manoir, un homme d’une taille immense lui ouvrit la porte. Il avait un fort accent russe mais surtout il était recouvert de métal. Wanda ne fut surprise qu’à moitié car elle savait que l’institut était habité par différents mutants donc chacun avait sa particularité. Elle mentionna le fait qu’elle avait rendez-vous avec Charles et il la conduisit jusqu’à son bureau où elle frappa délicatement en attendant la réponse de son ami.
Onze jours avaient passé depuis que Charles avait en rêve sauvé Wanda contre elle-même. Il l'avait appelée chaque jour depuis, simplement pour s'assurer qu'elle allait bien. A présent qu'elle était physiquement rétablie, ils avaient fixé un rendez-vous à l'Institut pour commencer son entraînement. Il lui avait réservé la matinée entière, et avait déjà une idée très précise de ce qu'ils allaient faire pour cette première séance.
Ce fut Piotr Rasputin qui ouvrit la porte à Wanda. Le Colosse reconnut l'Avenger et, après l'avoir fixée avec un air très étonné, lui adressa un sourire timide qui contrastait avec son apparence de mastodonte. Il la conduisit jusqu'au bureau de Charles et y pénétra à sa suite lorsque son occupant les invita à entrer.
C'était loin d'être un bureau ordinaire, comme on s'attendrait à voir un bureau de directeur. La pièce était grande, elle aurait pu aisément contenir un petit appartement. Elle comptait un coin salon avec des fauteuils, une table basse et une grande télévision, une bibliothèque qui courait sur plusieurs murs, de nombreux écrans de surveillance, et bien sûr une grande table de travail en chêne massif richement ornementé. Charles se trouvait dans la partie salon, regardant la chaîne d'informations. Comme il ne travaillait pas, il ne portait pas de costume complet, mais un pantalon de coton bleu marine et une chemise à manches longues bleu ciel au col déboutonné. Il tourna son fauteuil vers Wanda et lui adressa un grand sourire.
« Bonjour Wanda ! Je suis ravi de te voir. »
Il éteignit la télévision puis leva les yeux sur son collègue russe avec un sourire poli et un haussement de sourcils interrogatif, l'air d'attendre de savoir ce qu'il voulait. Le colosse sortit gauchement un téléphone portable et demanda d'un air gêné :
« Pourrais-je prendre une photo avec miss Maximoff ? »
Charles éclata d'un grand rire joyeux et désigna son amie.
« C'est à elle qu'il faut le demander ! »
L'homme d'acier se tourna vers Wanda, intimidé. Sous sa peau de métal, il était probablement en train de rougir.
"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
Le bureau de Charles était grandiose. Wanda ne put s’empêcher de jeter un rapide coup d’oeil sur l’ensemble de la pièce. Elle était séparée en deux parties. La première était un petit salon personnel où se trouvait une table basse et des fauteuils tout en gardant une place non négligeable pour le fauteuil de Charles. Une télévision allumée était accrochée au mur où les informations du jour étaient diffusées. Une bibliothèque assez importante était présentée. Wanda adorait lire alors elle savait qu’elle demanderai à Charles si elle pourrait prendre le temps de regarder ce qu’il avait comme ouvrages. La seconde partie était un bureau digne d’un directeur avec des ornements qui laisser penser que l’homme était féru de belles pièces comme ce meuble.
Charles se trouvait dans le salon, lorsque Wanda entra dans la pièce en compagnie du géant d’acier. Le sourire de la sorcière fut instantané tant elle était ravie de revoir son ami. Charles était devenu quelqu’un d’important pour la jeune femme. Bien qu’ils ne se voyaient pas régulièrement, ils se téléphonés quotidiennement pour prendre des nouvelles l’un de l’autre. Dernièrement c’était Wanda qui avait besoin de la présence de son ami mais l’homme savait -car la sorcière le lui avait bien assez répété- qu’elle était également là pour lui. Charles salua Wanda en éteignant la télévision.
La jeune femme répondit dans la foulée: “Bonjour Charles, moi aussi cela me fait plaisir de te revoir.” Elle ajouta un clin d’oeil à la parole. Le sorcière reste cependant perplexe devant l’homme qui les accompagnaient, Il ne semblait pas hyper à l’aise. Et pourtant, la jeune femme se trouvait en présence d’un personnage hors normes. C’était sûrement à elle de ne pas être à l’aise. Il sortit son téléphone en gardant son air gêné et s’adressa à Charles en demandant s’il pouvait faire une photo avec l’Avenger. Le rire de Charles fit écho au rire de Wanda. Il était touchant cet homme. D’apparence colossale, avec un accent russe très prononcé, c’était le genre d’homme qui était le roc de Charles. On sentait que ces deux-là se complétaient parfaitement, l’un représentant l’esprit et l’autre le corps. Charles répondit avec joie en disant que c’était à Wanda qu’il fallait demander. Le sourire de la jeune femme s’accentua son sourire lorsque l’homme de métal se tourna vers elle. Même si son visage d’acier ne laisser pas vraiment de place aux expressions, la jeune femme sentait bien qu’il était intimidé par elle. Pourtant il n’y avait pas de raisons, Wanda restait quelqu’un de simple et de naturel et cela peu importe son statut de super héroïne ou même d’Avenger. Quand l’homme lui demanda si elle voulait bien être prise en photo avec lui. Elle répondit doucement en gardant le sourire : “Bien entendu, aucun problème mais appelez-moi Wanda s’il vous plaît.”
L’homme arbora un sourire franc et se pencha vers la jeune femme afin de faire un selfie avec elle. Wanda posa naturellement à ses côtés et sourit de plus bel lorsqu’il déclencha l’appareil photo du téléphone. Une fois la photo prise, il se redressa et remercia chaleureusement la sorcière rouge "Merci Miss... euh Wanda." Puis il salua rapidement Charles et sortit du bureau les laissant tous les deux.
Wanda suivit du regard le russe et se retourna vers Charles une fois que la porte fut refermée. “Il est fort sympathique. C’est un de tes professeurs?” Wanda garda le sourire et s’avança vers Charles pour le saluer davantage. Posant doucement sa main sur l’épaule du professeur, elle ajouta: “Cela me fait vraiment plaisir de découvrir cet endroit, cette partie de toi.” Wanda regarda rapidement autour d’eux et précisa: “Ton bureau est magnifique Charles.”
La sorcière s’assit sur un des fauteuil pour ainsi être à la hauteur de son ami. Elle n’aimait pas être plus grande que lui. Même si l’homme avait énormément de prestance tout en étant cloué dans un fauteuil, pour Wanda le respect était particulièrement important. Et du respect, elle en avait énormément pour cet homme qui était devenu très proche.
Charles observa avec un sourire amusé son collègue et son amie se prendre en photo ensemble. A l'ère du numérique, les téléphones pouvaient tout faire, remplaçant les télévisions, les ordinateurs, les appareils photo… Ces petits engins prenaient une grande place dans la vie des gens. Une fois l'homme d'acier satisfait, il les laissa seuls, et Wanda demanda à Charles s'il s'agissait d'un de ses professeurs.
« Oui, Piotr est notre professeur d'arts plastiques. L'équipe enseignante n'est pour le moment composée que de mutants. »
La jeune femme s'annonça ravie de découvrir l'Institut, cette "partie de lui" comme elle le disait. C'était on ne peut plus juste, vu que le manoir appartenait à la famille Xavier depuis des générations. Charles y avait grandi, avec sa sœur de cœur. Il avait dû faire des travaux conséquents pour aménager la bâtisse en école, mais il avait tâché de garder le charme ancien du bâtiment. C'était une école très atypique, à l'image de ses occupants.
« Merci. J'en suis très heureux. Je t'offre quelque chose à boire ? »
Il la laissa prendre place dans un des confortables fauteuils du salon, puis il se dirigea vers un meuble bas à côté de la télévision et l'ouvrit, révélant un minibar fourni. Il était peut-être trop tôt pour boire de l'alcool - quoique Wanda était slave, cela pouvait lui sembler normal - mais il avait également des jus de fruits et des sodas pour les invités. Après avoir servi les verres, il se tourna vers son amie, la fixa quelques instants, puis lui demanda :
« Alors ? Comment te sens-tu ? »
Il avait certes pris de ses nouvelles quotidiennement, mais il est difficile de se confier par téléphone, surtout lorsque l'on vit dans un bâtiment partagé avec de nombreux collègues de travail. Wanda, tout comme Charles, se devait de sauver les apparences devant ses coéquipiers. Au moins ici, dans ce bureau, ils n'étaient vraiment que tous les deux. Ils pourraient discuter sereinement, elle pourrait se confier honnêtement, sans crainte d'être jugée. Et puis il voulait également savoir dans quel état d'esprit elle était actuellement, savoir comment elle appréhendait cette première séance avec lui.
"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
Charles parla de l’homme qui venait de sortir de la pièce. Il s’agissait donc d’un professeur… d’art plastiques… Ah oui?! Il aurait plutôt la carrure d’un professeur de combat ou de self-défense mais les arts plastiques cela ne signifiait qu’une chose. Que cet homme de métal était doté d’une grande sensibilité et d’un grand cœur comme tous les artistes.
Alors que Charles se dirigeait vers un petit bar, il remercia chaleureusement Wanda et lui proposa de boire quelque chose. Wanda sourit et répondit tranquillement : “Oui je veux bien un jus de fruits merci.” Wanda garda les yeux vers Charles bien que son esprit se dissipa quelque peu. Elle repensa à la nuit précédente et ce qu’il s’était passé avec James. Fallait-il en parler à Charles? Surement mais Wanda n’était pas disposée à en parler maintenant. De toute façon, Charles à un moment donné verrait bien les marques laissées sur le cou de la jeune femme. Malgré le foulard qu’elle avait mis, elle l'enverrait bien à un moment donné. Les mots du professeur la sortir de ses pensées.
Il était à nouveau devant elle et la regardait avec bienveillance après lui avoir servi son verre. Wanda cligna plusieurs fois des yeux comme pour se reconnecter à la réalité qui était devant elle et répondit avec une hésitation non dissimulée : "Euh.. oui ça va. Je me sens en meilleure forme que la dernière fois en tout cas.”
La dernière fois.. c’était il y a plus de 10 jours maintenant où la version Dark de Wanda était apparue dans l’esprit de la jeune femme. C'était le nom qu'elle lui avait donné car cette facette de Wanda était bel et bien réelle mais tapie dans l'ombre de son esprit. C'était une version de Wanda plus sombre et plus néfaste. Surement une version datant d'Hydra qui avait soif de vengeance et de destruction. Depuis les deux amis étaient restés en contact par téléphone mais ils ne s’étaient pas revus. Wanda retrouva le sourire et précisa: “Je n’ai plus de marques liés à cette nuit là. Mais elle me fait toujours autant peur. Heureusement qu’elle n’est pas revenue dans mon sommeil.”
Wanda dissocia son regard de celui de Charles comme par honte d’avouer ce qu’elle ressentait. Le sol du bureau était tout d’un coup bien plus sympathique à regarder... “Elle me terrifie tu sais et si elle prenait le contrôle sur moi?” confia Wanda “Je ne sais pas si je pourrais la retenir, elle est très puissante.”
Voilà c’était dit, Wanda avait peur et elle avait peur d’elle-même. Jusqu’à présent elle avait toujours contrôler cette peur d’elle-même et de ses pouvoirs mais à présent elle ne voulait pas que cette partie sombre d’elle puisse faire le moindre mal à ses proches. Même si vision n’était plus là, elle était toujours entourée et appréciée.
Le temps qu'il lui serve un verre, elle s'était perdue dans ses pensées. Charles n'alla pas y fouiller pour autant. Il respectait beaucoup Wanda, et n'irait pas chercher sans son accord. De plus, il avait déjà eu un bon aperçu de son subconscient, et il explorerait suffisamment son esprit durant leurs séances. Elle se montra hésitante dans sa réponse, mais finit par lui dire qu'elle allait mieux que la dernière fois. Le contraire aurait été étonnant. Il se garda bien de lui faire la remarque cela dit, ne souhaitant pas remuer le couteau dans la plaie.
Les marques physiques s'étaient dissipées, mais la blessure psychique était toujours là. Wanda s'estima heureuse que sa manifestation sombre ne soit pas revenue dans son sommeil. Charles eut un mince sourire, qu'il tâcha de dissimuler aussitôt. Le sommeil calme de son amie était dû en grande partie à ses interventions, mais il ne lui en avait rien dit. Il n'était pas nécessaire qu'elle le sache. Heureusement, elle ne le regardait plus.
Wanda avait baissé les yeux, honteuse de parler de ses faiblesses. Ce n'était jamais facile de se dévoiler, d'avouer ses peurs et ses doutes. Charles était heureux qu'elle puisse le faire avec lui. Elle craignait que sa part sombre prenne le contrôle, qu'elle ne puisse l'en empêcher. Des craintes parfaitement légitimes, au vu du cauchemar qu'ils avaient vécu ensemble. Mais tout problème avait une solution. Fidèle à lui-même, il lui répondit, confiant :
« Nous allons y travailler. »
Il vida son verre de jus de fruits d'une traite, avant de le poser sur la table basse et de placer son fauteuil devant celui de Wanda, lui faisant face. Ils étaient suffisamment près pour pouvoir se toucher. Il était temps d'entrer dans le vif du sujet. Ils savaient tous deux que la séance serait éprouvante, et il ne voulait pas que l'attente dure trop longtemps, afin qu'elle n'ait pas trop le temps de l'appréhender.
« Nous resterons ici ce matin. Il nous faut tout reprendre depuis le début. Pour pouvoir travailler sur le contrôle de tes pouvoirs, il nous faut d'abord travailler sur leur origine. Tu n'es pas une mutante ordinaire. Tes pouvoirs t'ont été donné de force, par une organisation qui comptait les utiliser pour faire le mal. Ils t'ont été donné pour de mauvaises raisons, il est donc normal que tu en aies peur. »
Il retroussa soigneusement les manches de sa chemise, comme s'il s'apprêtait à faire un effort physique.
« Je veux que tu m'emmènes à l'époque où tu as obtenu tes pouvoirs. Je veux voir comment ils s'y sont pris, comment ils ont modifié ton code génétique, comment tes pouvoirs se sont manifestés pour la première fois, et comment ils t'ont appris à les utiliser. »
Pour pouvoir voir tout cela, il allait devoir entrer en communion psychique avec elle. Cela ne serait pas difficile, vu qu'ils étaient tous deux télépathes. Mais il ne plaça pas immédiatement ses mains sur les tempes de Wanda. Il était persuadé qu'elle n'allait pas du tout aimer cette idée, et voulait d'abord la laisser exprimer ses craintes, voire son rejet.
"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
Wanda se sentait libre d’exprimer tout ce qu’elle ressentait. C’était la particularité de sa relation avec Charles. Il n’y avait aucun sujet tabou et aucun non-dits. Et c’était ce qu’elle appréciait le plus dans cette relation basée sur la vérité et une totale confiance en l’autre. Même si elle était honteuse d’avoir à nouveau peur de ses pouvoirs, elle savait qu’en présence de Charles elle ne serait pas jugée sur ses sentiments.
De fait la voix de Charles, comme une force tranquille, ne prononça que quelques mots qui eurent pour effet de redonner confiance à la sorcière. Ils allaient y travailler. Alors que Charles vida son verre, Wanda but une gorgée et le posa à côté du sien. Charles se positionna pour faire face à Wanda et celle-ci enleva sa veste pour être plus à l’aise alors qu’il lui expliquait qu’ils allaient rester dans ce salon. Cependant la suite fut plus dur à entendre. Certes Hydra lui avait donné ses pouvoirs dans le but qu’ils soient néfastes et elle en avait fait des dons bienveillants mais la jeune femme déchanta pour la suite. Wanda comprenait rapidement où Charles voulait en venir mais la sorcière n’était peut-être pas prête ou pas convaincue que cela soit la bonne solution.
Alors qu’il retroussait ses manches en expliquant qu’il voulait revenir près de 10 ans en arrière, quand Wanda a obtenu ses pouvoirs. Wanda pensa aux expériences qu’elle a vécu avec son frère. dans cette forteresse en Sokovie. La torture, les manipulations génétiques. Certes ils s’étaient engagés volontairement mais ils étaient devenus des cobayes enfermés dans des cellules avec des pouvoirs qu’ils ne comprenaient pas. Rien que de repenser à cette époque, Wanda sentit une bouffée de chaleur et de stress en elle. Une boule se forma dans sa gorge et son premier réflexe fut d’enlever ce foulard qu’elle portait autour de son cou. Ne se rendant pas compte de ce qu’elle venait de faire, elle dévoila doucement les bleus que James lui avait fait la veille.La marque des cinq doigts mécaniques était bien visible sur la gorge de la sorcière. La douleur n’était plus aussi intense mais Wanda marquait très vite donc les bleus quant à eux étaient fortement visibles.
Wanda posa son foulard sur sa veste tout en répondant : “Je ne suis pas certaine que cela soit une bonne idée. Tu n’aimerais pas la personne que j’étais avant. J’ai fait des choses horribles et outre le fait que je ne veux pas revivre ça, je n’ai pas envie de que ton image de moi change.”
Wanda reporta alors son attention sur Charles et s’interrompit dans son élan. Voyant le regard surpris de son ami, elle comprit ce qu’il venait de voir. Souriant doucement avant qu’il ne réplique, elle affirma: “Ce n’est rien Charles.” En vérité, ce n’était pas rien mais Wanda n’avait pas encore définit les termes de tout ce qu’il s’était passé la veille. Tout était allé tellement vite et ses sentiments étaient tellement confus qu’elle voulait gérer un problème à la fois. Ce matin elle était concentrée sur ses pouvoirs et non sur ses sentiments amoureux. Wanda s’exprima à nouveau : “Bon d’accord ça à l’air préoccupant là comme ça, mais je n’ai pas mal et puis je voudrais me concentrer sur une chose à la fois donc pour l’instant ce n’est pas important.” Comme pour affirmer d'autant plus ce qu'elle disait le posa sa main sur l'avant-bras de Charles et précisa en le regardant dans les yeux : "Tu sais que je te dis tout, je ne te cacherais jamais quoi que ce soit."
Il était évident que cette proposition ne lui plairait pas. Il voulait lui tendre un miroir où elle pourrait voir jusqu'au plus profond d'elle-même, où elle affronterait cette image d'elle qui la terrifiait tant. Il lui demandait de revivre une période traumatisante de sa vie. Sans avoir besoin de lire dans ses pensées, il voyait bien que l'idée ne l'enchantait pas du tout. Les traits de la sorcière se tendirent, sa peau rougit sous l'effet de la chaleur provoquée par le stress.
Au-delà de la confrontation avec sa propre image, Wanda craignait de dévoiler cette image à Charles. Une fois de plus, elle avait peur du regard des autres. En faisant ce choix, terrible et extrêmement courageux, de changer de camp quelques années plus tôt, elle s'était condamnée à subir ce jugement permanent de ceux qui l'entouraient. Il s'apprêtait à la rassurer sur ce point lorsqu'il remarqua les marques sur son cou.
Des marques de doigt, fortement incrustées, la marque d'une main qui avait tenté de l'étrangler. D'abord surpris, le regard de Charles se fit rapidement inquiet. Que s'était-il passé ? Ne lui avait-il pourtant pas dit de se ménager ? Elle lui coupa l'herbe sous le pied en expliquant bien vite que ce n'était rien, ce à quoi il répondit d'un haussement de sourcils incrédule. Devinant qu'il ne pourrait se contenter de cela, elle ajouta que ce n'était pas important pour le moment. Bien. Il respecterait son choix de ne pas en parler pour l'instant.
Elle lui affirma également qu'elle ne lui cacherait jamais rien. Voilà qui était parfait, voilà qui ajoutait de l'eau à son moulin. Il lui adressa un sourire malicieux et lui rétorqua :
« En ce cas, pourquoi vouloir me cacher ton passé ? »
Penchant légèrement en avant le haut de son corps, il posa à son tour sa main libre sur l'avant-bras de Wanda qui était resté posé sur le siège.
« Wanda... Je conçois tout à fait que tu n'aies pas envie de revivre ça. Mais je suis intimement convaincu que cette part sombre de toi a été façonnée par Hydra. Pour pouvoir l'affronter, il nous faut la comprendre. Pour combattre ses peurs, il faut en comprendre les origines. Et si tu penses que mon avis sur toi changera après avoir vu ça, c'est que tu me connais très mal. »
Il avait dit cette dernière phrase avec son léger sourire rassurant que Wanda commençait à connaître. Charles était un philanthrope, qui savait déceler le meilleur en chacun, et qui ne jugeait pas les gens sur leurs pires actes.
"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
Charles avait compris que Wanda ne voulait gérer qu’un problème à la fois et il ne s’attarda pas plus longtemps sur les marques bleutées sur la gorge de Wanda. en revanche il était déterminé à vivre les débuts de la sorcière rouge. Pour cela, il se servit de ce que Wanda venait juste de lui dire comme quoi elle voulait rien lui cacher et l’utilisa contre elle en affirmant que si elle ne voulait rien lui cacher, elle ne devait pas lui cacher cela non plus. Un point pour Charles, ce qui fit sourire la jeune femme. Un léger sourire rassuré d’être si bien accompagnée. Wanda savait qu’avec son ami à ses côtés il ne pouvait rien lui arriver.
Charles s’approcha doucement et lui affirma avec compassion - qu’il accentua d’un geste anodin mais sincère - qu’il savait que cela ne serait un moment des plus agréables mais il avait besoin de ça pour comprendre l’origine de ses pouvoirs. Les derniers mots du télépathe firent sourire Wanda. Dans le fond, elle savait que Charles n’était le genre de personne à juger les autres sur leurs actes passés mais plutôt sur leurs actes futurs. Charles ne lui en tiendrait pas rigueur car il connaissait la Wanda d’aujourd’hui - douce, attentionnée et altruiste - et non la Wanda d’hier - froide, sans coeur et emplie de colère.
Wanda respira un bon coup, ferma les yeux et pris une des mains de Charles dans la sienne pour se donner un repère dans l’espace. Elle savait que physiquement elle resterait dans ce fauteuil mais mentalement c’était un retour en Sokovie qui allait s’opérer. Sentant l’appui de la seconde main de Charles sur sa tempe pour se connecter à elle, la sorcière rouge inspira et commença à plonger dans ses souvenirs. “Retour en Sokovie en 2014” déclara la jeune femme à son ami.
--- Sokovie (2014)
Cela faisait maintenant plusieurs années que Pietro et Wanda avait rejoint les rangs d’Hydra. Cependant les choses ne s’étaient pas vraiment passés comme prévu. Wanda se retrouvait dans une cellule d’à peine 6m². Allongée sur le sol, elle se réveilla avec difficultés et se rendit compte qu’elle était seule dans sa cellule maussade. Le sol et une partie des murs recouvert d’un carrelage froid et humide de couleur jaune. Ces murs glauques qui donnaient l’impression d’avoir atterri dans un asile de fous. Les seuls “meubles” de la pièce étaient un lit de fortune et un évier rouillé. dans un coin se trouvait un wc tout aussi sale. La particularité de cette cellule était que l’un des murs était vitré vers un laboratoire. L’ambiance cobaye était très présente et la noirceur de cet endroit donnait la chair de poule. Wanda regarda autour d’elle. Les scientifiques s’affairaient sur le corps inconscient de son frère jumeau. Il était attaché sur une plate forme oblique qui l’obligeait à être debout. Wanda s’approcha de la vitre et frappa contre celle-ci en hurlant : “Laissez-le… Vous lui faites quoi encore….” Les pleurs de la jeune femme étaient désespérés car elle savait très bien que personne ne l’écoutait, ni même ne l’entendait - la cellule était insonorisée. Frappant encore et encore sur cette vitre jusqu’à ce que ses mains soient en sang. Mais qu’importait la douleur car elle ressentait la peur de son frère. Elle ressentait la détermination des scientifiques et les noirceur de ce lieu. Soudain, les yeux de son frère s’ouvrirent et alors qu’il commença se débattre, les laborantins restèrent de marbre. Bâillonné, il ne pouvait pas parler mais il hurlait. Croisant le regard de sa sœur, une larme coula sur sa joue. Qu’avaient-ils fait en rejoignant les rangs de cette organisation? Leur détermination était grande à l’époque mais maintenant c’est une autre histoire. D’un coup, le corps tout entier de Pietro se raidit, ils étaient en train de l’électrocuter. C’est à cet instant que Wanda vit le Baron Strucker arriver devant Pietro. Il tenait une sorte de sceptre. Sur la partie haute, un cristal brillant de couleur bleue. Wanda l’avait déjà vu. Strucker l’avait utilisé sur beaucoup de ses cobayes depuis qu’il l’avait obtenu. Mais quasiment tous les cobayes étaient morts. Ils avaient succombés. Wanda posa sa main à plat sur la vitre et songea à Pietro : “Ne meurs pas je t’en prie…”. D’un coup les tests se stoppèrent et le corps de Pietro fut détaché et remis dans la cellule adjacente à celle de Wanda.
Les scientifiques se dirigèrent alors vers la cellule de la jeune femme… qui par réflexe recula et se réfugia le plus loin possible de la porte. Ce fut peine perdue car elle fut emmenée et attachée à l’endroit même on se trouvait son frère quelques instants plus tôt. Se débattant de tout son être, elle jeta un regard noir et emplie de colère contre Strucker et les autres. “Pourquoi nous torturer? C’est quoi le but?” Strucker répondit doucement en ajustant son monocle “Pour l’avenir.” Wanda fut bâillonnée à son tour, les mains et les pieds liés. Elle serra les poings en continuant de se débattre mais là aussi c’était peine perdue.
Une vague de courant passa à travers tout son corps et la douleur fut telle qu’elle se colla au siège en sentant la totalité de ses muscles se contracter. Ouvrant les yeux comme pour défier Strucker, elle vit une lumière bleue jaillirent devant ses yeux. Une force puissante entra en elle. La jeune femme ressentait toute la douleur mais il y avait autre chose. Wanda s'entendit hurler mais le son était lointain. Son corps se souleva de la table. Une énergie puissante, bien plus puissante que tout ce qu'elle avait connu. Cette énergie fusionna avec elle et Wanda pouvait alors la sentir dans toutes les cellules de son corps. Une sensation étrange de rage et de force s’immisça en elle. La lumière bleue devint rouge flamboyante et plus rien. La black-out total….
Charles avait su trouver les bons arguments pour convaincre Wanda, retournant malicieusement ses propres mots contre elle. Elle était rassurée, et prête à lui partager ses souvenirs. Elle serra sa main dans la sienne, il plaça l'index et le majeur de sa deuxième main contre la tempe de son amie, prêt à établir la connexion psychique.
Ce n'était pas la première fois qu'il se livrait à ce genre d'exercice, bien au contraire. Il savait à quoi s'attendre, il savait que ce serait très désagréable pour lui, car il allait tout ressentir, en plus de voir les horreurs qu'elle s'apprêtait à lui montrer. Mais à aucun moment il ne fit part de tout cela à Wanda. L'initiative venait de lui, il le faisait en parfaite connaissance de cause. Il ne voulait pas qu'elle s'inquiète pour lui. Elle avait besoin de son courage, et de sa concentration.
Sokovie, 2014...
Wanda est telle une souris de laboratoire, enfermée dans une cellule digne des prisons du moyen-orient, le côté expérience scientifique en plus. Tout est fait pour réduire à néant le moindre espoir de liberté ou de vie agréable. Elle voit son frère, son jumeau, sa moitié, en train de se faire torturer. Elle sait ce qu'ils s'apprêtent à lui faire, elle sait aussi que tous ceux qui ont subi les mêmes expériences n'y ont pas survécu...
Charles a déjà vu ce genre de procédé. Ils utilisent la souffrance physique et psychologique, l'adrénaline comme catalyseur pour un sérum sensé modifier leur code génétique et les transformer en mutants de synthèse - ou optimisés, comme ils les appellent. Sauf qu'ici ils n'utilisent pas un produit chimique, mais directement le pouvoir d'une pierre d'infinité... Ils jouent avec des forces puissantes et chaotiques qu'ils ne maîtrisent pas.
C'est au tour de Wanda. L'amour qu'elle porte à son frère la déchire en même temps qu'il la fait tenir. Elle garde espoir qu'il soit encore en vie, et l'espoir de survivre aussi, pour rester près de lui. Elle continue à résister. Après la souffrance psychologique vient la torture physique, à base d'électrochocs. Mais Wanda trouve encore la force d'ouvrir les yeux pour défier son tortionnaire. Elle puise son courage dans la colère qu'elle éprouve contre lui.
La pierre d'infinité entre en résonance avec elle. Sa puissance s'immisce dans chaque cellule de son corps, modifiant son être en profondeur. Sa rage sert de catalyseur, et le pouvoir de la pierre s'ancre sur cette émotion. En témoigne cette lumière qui vire au rouge, comme le deviendront les manifestations matérielles des pouvoirs de celle que l'on nommera bientôt la Sorcière Rouge. La nouvelle mutante s'évanouit.
Institut Xavier, 2024.
Charles reste figé durant de longues secondes. Sa main tremble légèrement, sa respiration est profonde, ses paupières ne clignent pas. Ses yeux clairs sont plongés dans ceux de Wanda mais il ne semble pas la voir. Son regard est lointain, et exprime de nombreuses émotions, échos de toutes les sensations qu'il a perçues lors de cette connexion psychique.
Il ferme enfin les yeux, et une larme coule le long de sa joue. Il baisse lentement sa main, la repose sur l'accoudoir de son fauteuil. Son autre main resserre son étreinte sur celle de son amie. Il ne bouge pas. Ne parle pas. Garde les yeux fermés. Se concentre sur sa respiration tremblante. Il ferme son esprit, empêchant Wanda de percevoir ses pensées. Il finit par déglutir, et trouve la force de lever sa main libre pour rassurer son amie, dans un geste signifiant que tout va bien. Mais tout ne va pas bien...
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