"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
Entre le conflit interne et le déferlement de sentiments qui avait lieu dans son esprit, Wanda voulait se raccrocher à la réalité. Elle devait s’y raccrocher pour gagner la partie. Pour cela elle avait un atout de taille à ses côtés - Charles Xavier. Cet homme qui, même s’il se sentait coupable d’avoir réveiller en elle ce double sombre, serait toujours là pour l’aider, la soutenir et avoir les mots pour l’ancrer dans la réalité, dans sa réalité. Une main tendue vers lui signifiait tous les mots. Cette main tendue exprimait à la fois, le pardon, la compassion, la compréhension mais également le combat continue, on sera toujours là l’un pour l’autre. Les yeux fermés, elle sentit sa main se remplir de celle son ami. Un sentiment de soulagement se fit sentir instantanément dans son esprit.
Charles serra la main de Wanda et celle-ci rouvrit les yeux alors qu’une seconde main se positionnait sous son menton pour relever son visage. Les iris de Wanda étaient teintés d’un rouge de plus en plus intense alors que son regard absent se portait sur le télépathe. La sorcière rouge l’entendait mais sa voix était si lointaine qu’elle ressemblait presque à un murmure.
Wanda était arrivée en tête à tête face à son alter ego. Une pièce qui ressemblait étrangement à la chambre de Wanda au sein du QG des Avengers. A la particularité que la lumière extérieure était rouge sang. *Je les ferais tous périr dans le sang et la douleur, comme tu l’as fait à tous ces sokoviens. Tu as détruit ta propre patrie. tu n’es que parjure et les Avengers s’en rendront compte. Que dira Clint quand tu lui diras, il te rejettera et t’abandonnera comme ton frère et Vision l’ont fait. Ils t’ont laisser seule. Seule contre moi* Wanda ne répondit pas, elle ne voulait pas s’ancrer ici. Il fallait qu’elle revienne avec Charles. Alors elle ferma les yeux et se concentra sur son ami. “...que cette télévision valait 3500 dollars.” Wanda rouvrit les yeux et ses iris rouges reprennent peu à peu leur teinte naturellement verte. Un froncement de sourcil s’afficha aussitôt sur son visage intriguait. Mais de quoi parlait-il? Wanda n’avait pas entendu la conversation. Elle se frotta les yeux comme pour se réveiller d’un mauvais rêve.
“Charles?! Mais… tu parles de quoi?”
Sa main gauche était toujours entrelacée de celle de Charles qui serrer assez fort. Elle y posa alors sa main droite tout en remontant son regard pour plonger dans celui de Charles, inquiet.
“Je suis là… Je t’en veux pas tu sais… C’est que je voulais dire avant d’être interrompue. On as fait ce choix à deux. Je ne te reproches rien, d’accord?”
Wanda déplaça doucement sa main droite pour la remonter dans la nuque de Charles et approfondir le regard sincère qu’elle lui vouait. Elle ne lui en voulait pas le moins du monde et il fallait qu’il le saches.
Le regard de Wanda était perdu dans le vide. Elle le regardait, mais elle ne le voyait pas. Était-elle en mesure de l'entendre ? Il fallait qu'il essaie de toute façon. Elle finit par fermer les yeux, et les rouvrit avec un air d'incompréhension, tandis que ses iris reprenaient leur couleur naturelle. Lorsqu'elle lui demanda de quoi il parlait, sur le ton de quelqu'un qui vient de se réveiller, il laissa échapper un bref rire de soulagement. Ça avait marché. Elle était revenue.
Elle le rassura en confirmant qu'elle était bien là, et lui expliqua qu'elle ne lui en voulait pas. Elle avait raison, ils avaient fait ce choix ensemble, il ne lui avait pas imposé cet entraînement psychique. Le regard clair de Charles demeura triste encore quelques instants, tandis que son amie plaçait sa main dans sa nuque, dans un geste amical, sans aucune ambiguïté. Il acquiesça avec une moue un peu gênée, avant de doucement reculer son fauteuil pour se détacher d'elle.
Ils avaient eu leur lot d'émotions fortes pour aujourd'hui, et il ne fallait pas qu'ils se laissent emporter de nouveau par leurs troubles respectifs. Etant tous deux télépathes, ils avaient une sensibilité accrue et une perception décuplée des sentiments forts. Il fallait qu'ils se sortent de là, qu'ils reviennent à des sujets plus triviaux, pour qu'ils puissent tous deux respirer et se remettre de leurs émotions. C'est pourquoi il s'était défait de son étreinte, et qu'il lui dit sur un ton plus léger :
« Bien, je pense que nous avons assez parlé de toi pour aujourd'hui ! Que dirais-tu de visiter le Manoir ? »
Ça aurait le mérite de leur changer les idées, et puis Charles était fier de ce qu'il avait fait de la demeure familiale, il avait bien envie de présenter son Institut à Wanda. Il la conduisit donc à travers le Manoir, lui montrant les salles de classe et les diverses pièces à vivre du rez-de-chaussée, expliqua, sans lui montrer, que les chambres se situaient dans les étages. Puis il l'emmena au premier sous-sol pour présenter les laboratoires, l'infirmerie, le gymnase, la piscine et le sauna.
Enfin, il l’escorta au second sous-sol, accessible uniquement par les ascenseurs, avec une clé et un code spécifiques. Il lui parla de la salle des dangers, servant aux simulations et entraînements des X-Men. Puis il s'arrêta devant une grande porte ronde, barrée d'un grand X. Il posa sa main sur la porte avec douceur, sans l'ouvrir, et expliqua :
« Ici se trouve la salle la plus précieuse de l'Institut. Le Cerebro... Une machine conçue pour décupler mes facultés psychiques. En ce lieu je peux parcourir le monde entier, en l'espace de quelques secondes, et me connecter à chaque esprit de cette planète. C'est d'ici que je t'ai rendu visite lors de notre excursion onirique nocturne... »
S'il parlait du Cerebro avec beaucoup de tendresse et de fierté, il n'en ouvrit cependant pas la porte. Il faisait confiance à Wanda, c'est pourquoi il lui en parlait. Mais il se méfiait de son alter-ego, qui pouvait potentiellement les entendre et les voir. Il était hors de question que la Sorcière Sombre voie comment accéder au Cerebro, comment il fonctionnait et comment on l'utilisait.
"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
Doucement Charles s’éloigna de Wanda. Malgré la tristesse qui demeurait dans son regard, Wanda comprit qu’il ne voulait juste pas repartir dans un tumult d’émotions. Et il avait raison. Tous les deux avaient eut suffisamment d’émotions fortes pour aujourd’hui. Il était tant de retrouver un peu de calme. Aussi lorsqu’il lui proposa de visiter le manoir, la sorcière rouge accepta aussitôt. Elle avait réussit à faire taire la voix dans sa tête même si elle se doutait que l’autre entendait et voyait tout, au moins elle ne parlait plus.
“Je te suis”
Tous les deux parcoururent le rez-de-chaussée du manoir et Charles expliqua les différentes fonctions de chaque salles mais également ce que les jeunes pouvaient faire ici. Wanda resta silencieuse en écouta avec attention les explications de son ami. Ce qu’il avait créé ici était tout simplement fascinant. Lorsqu’ils descendirent au premier sous-sol, Wanda ne put que constater qu’ils avaient le même confort qu’au QG des Avengers et tout autant d’équipements. C’était assez impressionnant car de l’extérieur rien de tout cela ne transparaissait. C’était d’ailleurs la grosse différence avec le QG qui lui était très démonstratif de tous les équipements. Le côté de Tony Stark était ressorti lorsqu’il avait créé ce lieu. Charles lui était plus discret.
“Tu peux être fier de tout ce que tu as là Charles. C’est grandiose.”
Charles l’emmena au second sous-sol et là ce fut la surprise. Wanda savait que Charles avait créé une équipe qui ressemblait aux Avengers mais composés uniquement de mutants et qui s’appelaient les X-men. Mais découvrir leurs installations cela n’avait rien à voir. Les locaux étaient très modernes et particulièrement bien penser. Lorsqu’ils arrivèrent devant une immense porte, Charles s’arrêta et expliqua ce qu’il y avait à l’intérieur : le Cerebro. C’était grâce à cette pièce ou machine que Charles pouvait être en connexion avec tous les esprit de la planète. Il semblait en être particulièrement fier et à juste titre. Mais Wanda en avait vu assez et elle savait que dans son esprit, la sorcière sombre n’avait rien manqué.
“Heureusement qu’elle existe alors cette pièce. Mais si le Cerebro est si puissant, je ne veux pas le voir, je ne me fais pas confiance. Enfin, je suis sur que tu vois ce que je veux dire.”*Personnellement je veux bien la voir*
L’intervention de l’ater-ego fit instantanément grimacer Wanda. Elle ferma les yeux un instant se répondant à elle-même par la pensée *même pas en rêve et il n’est pas stupide, il sait bien que tu écoutes* Puis elle s'adressa calmement à Charles en rouvrant les yeux :
“Et j’ai raison, il ne faut pas que je la voie. Pas pour l’instant.”
Reprenant le chemin pour retrouver le rez-de chaussée, elle se tourna vers Charles avec le sourire et affirma :
“En tout cas, ce lieu est vraiment captivant. Et je ne peux m’empêcher de penser qu’un jour prochain je devrais te présenter à mes collègues Avengers.”
Elle songea également au fait que si la Sorcière Sombre reprenait le dessus, il faudrait surement les deux équipes pour en arriver à bout. Dans le sens où les Avengers seraient trop impliqués émotionnellement vis-à-vis de Wanda.
Oui, Charles était fier de son école, et il était ravi que la visite plaise à son amie. Il avait passé des années à investir dans ce manoir pour le transformer en école pour mutants, avec tous les équipements nécessaires. Tous ceux qui visitaient les lieux pour la première fois avaient la même réaction de fascination, ce qui le ravissait à chaque fois. La demeure en elle-même avait déjà beaucoup de charme et de cachet, mais les aménagements des sous-sols, modernes et insolites, ajoutaient une part de fantastique qui tenait presque de la science-fiction. Hank y était pour beaucoup.
Il aurait tellement aimé pouvoir lui montrer le Cerebro... Malheureusement, la prudence l'incitait à ne pas la faire entrer dans cette salle, et elle lui affirma elle-même que ce n'était pas une bonne idée. Lorsqu'elle confirma ses doutes, après un bref dialogue intérieur, Charles lui répondit par un sourire complice et lui dit simplement d'une voix douce :
« Nous sommes d'accord. »
Il était temps de remonter dans le bureau de Charles. Ou peut-être de faire un tour dans l'immense parc qui entourait le manoir. Alors qu'ils reprenaient l'ascenseur, Wanda lui renouvela sa fascination pour son école, et évoqua la possibilité de présenter Charles aux Avengers. Il haussa un sourcil, étonné par ces mots. Ils n'avaient jamais abordé le sujet ensemble. Pour sa part, il estimait que leur relation était hors de leurs fonctions respectives, et que leurs organisations n'avaient pas à interférer là-dedans.
L'idée d'un tel rapprochement lui était déjà venue à l'esprit, bien entendu. Il avait même pris contact avec Tony Stark, en 2018, lorsqu'il avait découvert l'existence d'un groupe officiel de super-héros. Mais cela n'avait pas donné grand chose - notamment à cause du fait qu'il était tombé en poussière par les agissements de Thanos. Et à présent, s'il suivait comme tout le monde les actions des Avengers par le biais médiatique, il était moins convaincu par les bénéfices que les X-Men tireraient d'un rapprochement avec eux.
« Humm... Je serais ravi de les rencontrer, surtout le docteur Banner... Néanmoins, je ne pense pas qu'un rapprochement entre Avengers et X-Men serait une bonne chose. Les mutants sont moins acceptés que les Super-Héros, et cette école peut exister parce que sa véritable nature est gardée secrète. L'anonymat nous protège. De plus, les Avengers sont régis par le S.H.I.E.L.D., tandis que les X-Men ne dépendent d'aucun parti politique ou organisation militaire. »
Si le projet X-Men avait été lancé en grande partie grâce à la CIA, Charles et Erik avaient très rapidement pris leur indépendance, refusant de devoir rendre des comptes à un quelconque gouvernement. Il était hors de question que les X-Men soient soumis à des règles comme les Accords de Sokovie. Pour le moment, l'Institut se développait tranquillement, sans attirer l'attention, et Charles tenait à ce que cela dure.
"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
Charles avait parfaitement compris le message. Il savait que désormais Wanda ne serait plus seule. Bien que Wanda s’en sentit un peu peinée de ne plus pouvoir profiter pleinement de cette complicité, elle savait que c’était également pour le bien de tous. Même si cela déplaisait fortement à son double.
Alors qu’ils avançaient côte à côte, Wanda évoqua la possibilité d’un rapprochement entre Avengers et X-Men. Charles sembla étonné de la proposition. Il était vrai qu'hormis le combat pour défendre le monde, les deux équipes avaient des fonctionnements assez différents. Les Avengers semblaient bien moins bien coordonnées que les X-mens. Charles ne s’opposa pas cependant à l'idée de les rencontrer en revanche il émettait plus de réticence pour collaborer avec eux. Wanda émit un léger sourire en revanche lorsque Charles parla du fait que les Avengers dépendent du S.H.I.E.L.D. :
“Les Avengers ne sont pas coordonnés pareil. Surtout depuis que la plupart des premiers membres ne sont plus là. Avec la disparition de Tony et Natasha ainsi que la retraite de Steve. Nous avons beaucoup à faire pour redevenir une équipe coordonnée…”
Wanda marqua une légère pause. Elle songea au fait que si elle devenait la sorcière sombre - enfin si l’autre prenait sa place - cela n'aiderait en aucun cas à la cohésion de l’équipe. La sorcière rouge reprit doucement d’un ton plus songeur:
“J'espère juste qu’ils arriveront à bout de la sorcière sombre si je n’y parviens pas.”
Loin d’être défaitiste, il fallait tout de même être réaliste. La sorcière sombre était particulièrement puissante et Wanda avait toujours combattu au sein d’une équipe. Le fait de se retrouver seule à seule dans son esprit compliqué ardemment la tâche. Wanda secoua vivement la tête pour chasser ses idées pessimistes et noires et retrouva le sourire en croisant à nouveau de regard de Charles:
“Enfin on verras après tout rien n’est écrit.”
Alors que l’ascenseur s’ouvrait sur le rez-de-chaussée, plusieurs élèves passèrent devant eux. Wanda chercha une horloge du regard. Il était déjà midi. Les élèves allaient sans doute manger maintenant mais une petite fille s’approcha d’eux timide. Elle regarda Wanda en demandant timidement si c’était elle Scarlet Witch. Wanda eut un sourire, touchée par la petite fille. Elle s’accroupit pour être à sa hauteur, ayant un bref regard pour Charles au passage. La petite fille était visiblement “fan” de la sorcière rouge et elle lui un gros câlin et disant qu’elle voulait être comme elle quand elle serait grande. Elle voulait être une héroïne… Wanda garda le sourire mais ne répondit rien. Lorsque la petite mutante s’éloigna, Wanda se releva tout en la regardant partir. Puis elle se tourna vers Charles plus déterminée que jamais:
“Si je veux être une héroïne, va falloir que j’assure. Je ferais mon possible pour mettre à mal cet alter-ego.”
Cette petite fille ne le savait pas mais elle avait eut le don de rebooster la sorcière rouge.
Charles écouta les explications de Wanda, cependant peu convaincu par le bénéfice d'un rapprochement entre les deux équipes, pour le moment du moins. Sur le long terme, et selon comment les mentalités évolueraient vis à vis des mutants, il pourrait y resonger. Mais sa priorité était de former ses élèves à s'intégrer à la société humaine, et non d'en faire des soldats. Les X-Men existaient pour lutter contre les menaces s'il le fallait, mais grâce à l’avènement des super-héros, Charles espérait pouvoir évoluer vers un monde en paix, où ses élèves et amis seraient à l'abri des conflits.
Il leva un regard songeur vers son amie lorsqu'elle annonça espérer que ses coéquipiers pourraient vaincre son alter-ego si elle n'y parvenait pas. Il serait là pour elle également, et elle le savait sans doute. Mais il ne voulait pas l'exprimer à voix haute, de peur d'être entendu par la sorcière sombre, qui n'apprécierait sans doute pas le soutien du télépathe. Il se contenta donc de répondre au sourire de Wanda par un hochement de tête encourageant.
Lorsqu'ils arrivèrent au rez-de-chaussée, ils se retrouvèrent au milieu des élèves qui se rendaient au réfectoire. La matinée était passée si vite... Lizzie, 10 ans, l'une des plus jeunes élèves de Charles, s'approcha d'eux, des étoiles dans les yeux, et serra Wanda dans ses bras, lui annonçant qu'elle voulait être comme elle plus tard. Le professeur posa sur elle un regard attendri. Cette petite était d'ordinaire si timide, très rêveuse, elle s'ouvrait peu aux autres... C'était mignon comme tout. Ce genre de scènes lui rappelait pourquoi il faisait ce métier. Il souhaita bon appétit aux élèves qui passaient près d'eux, et remonta le courant des jeunes mutants pour se diriger avec Wanda vers l'aile ouest.
« Tu dois être affamée... Viens. »
Il la mena jusqu'à la cuisine, pièce d'origine du manoir, qui était suffisamment grande pour servir de salle à manger. Il ne voulait pas imposer à Wanda la présence de ses collègues et des enfants au réfectoire, et surtout, il voulait profiter d'un peu de calme pour partager un moment de vie simple avec son amie. Il l'invita à prendre place à la grande table, et commença à farfouiller dans le congélateur.
« Je ne te promets pas de la haute gastronomie, je ne suis pas un grand cuisinier... »
C'était un euphémisme. Lorsqu'il était enfant, il avait une bonne pour faire la cuisine. Il n'avait pas touché une poêle avant l'âge adulte et il ne s'était jamais bien entendu avec, s'étant toujours débrouillé pour se faire livrer, ou pour que l'on cuisine pour lui. A bientôt quarante-six ans, il avait les bases qu'ont la plupart des ados qui commencent à s'intéresser à l'idée de faire à manger par eux-mêmes. Il finit par trouver ce qu'il cherchait, et sortit deux boîtes du congélateur avec un sourire triomphant.
« Dieu bénisse l'Amérique et les pizzas surgelées ! »
"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
Charles proposa à Wanda d’aller manger. En même temps, avec l’expérience psychique qu’ils avaient fait durant la matinée, il était normal que l’appétit se fasse sentir. Wanda ne dit rien mais elle remercia intérieurement Charles de la conduire à l’écart des autres. Non pas qu’elle n’aimait pas la compagnie des enfants mais ils avaient besoin de calme tous les deux et elle voulait passer du temps avec lui.
Docilement, elle obéit à Charles et s’assit sur une des chaises qui entourait l’immense table en bois, mais du coin de l’oeil, elle observa la cuisine. La pièce était grande et assez ancienne, mais l’équipement était en parfait état. La sorcière songea à l'idée qui cuisiner ici devait être très plaisant. Le sourire revint aux lèvres de Wanda lorsque Charles évoqua le fait que lui ne savait pas cuisiner. Elle se laissa aller à la plaisanterie amicale avec lui:
“Sérieusement Charles, tu ne sais pas cuisiner? Il va falloir que je t’apprenne alors.”
Elle se tourna sur sa chaise et l’observa sortir des pizzas congelées fier comme d’Artagnan. La blague fut facile de la part de Charles mais elle eut le mérite de faire rire Wanda de bon coeur. Reprenant doucement ses esprits, elle s’amusait à cet instant:
“Le jour où tu retrouveras quelqu’un, il faudra que tu lui fasse à manger tu sais. Je viendrais t’apprendre à cuisiner ici-même. C’est inadmissible d’avoir une si belle cuisine et de ne pas s’en servir.”
Le ton était devenu plus léger et cela leur ferait du bien de rire un peu. Même si Wanda savait que que dans le fond Charles ne songeait pas à sa vie personnelle, il avait tort car il gagnait à être connu de la gente féminine. Et elle allait lui prouver cela.
Il parut un peu surpris lorsque Wanda le charria sur le fait qu'il ne savait pas cuisiner. Quoi de plus normal après tout ? Et pourquoi aurait-il pris le temps d'apprendre à cuisiner, lorsqu'il avait tant de choses plus importantes à faire ? S'il appréciait la bonne gastronomie, il n'était pas non plus féru de cuisine, et ne voyait pas l'intérêt de passer des heures à préparer ce qui serait avalé en quelques minutes. La nourriture était un peu secondaire pour lui.
« Eh bien, je suis un homme, et j'ai grandi dans une famille riche, je n'ai jamais eu besoin d'apprendre... »
Il avait conscience que la remarque pouvait paraître misogyne à un siècle où les femmes luttaient avec acharnement pour l'égalité des sexes et le partage des tâches, mais il venait d'une autre époque, autre temps, autres mœurs. Il sortit les pizzas de leurs emballages et les plaça dans le four. D'ici une dizaine de minutes, ils pourraient savourer un bon repas bien chaud et bien gras.
Lorsqu'elle évoqua la possibilité qu'il se trouve quelqu'un, il fit une grimace montrant qu'il trouvait l'idée incongrue. Évoquer des sujets plus légers et frivoles leur faisait du bien à tous les deux, mais il ne s'était pas du tout attendu à ce qu'elle parle de ça. Avec un sourire un peu gêné, il balaya l'idée d'un geste désinvolte de la main.
« Ça ne fait pas partie de mes projets. »
Il avait été, par le passé, un homme appréciant la compagnie des belles femmes. Mais cette époque était révolue depuis longtemps. Aujourd'hui il n'y pensait même plus, et quand bien même une occasion se présenterait, il n'était pas certain qu'il la saisirait, préférant se consacrer à son école.
"La peur a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créé." Paul Morand
La conversation avait vite dérapé sur des sujets plus légers et cela leur faisait du bien à tous les deux. Les visages étaient plus détendus. Même si Charles fut visiblement surpris de la remarque de Wanda sur son rapport à la cuisine. Et sa réponse rappela à la sorcière que Charles ne venait pas de la même époque. Certes comme il le disait lui-même il n’avait jamais eu besoin d’apprendre. Wanda acquiesça sans rétorquer mais elle lui en reparlerai sans faute. Une prochaine fois.
Le sujet des relations amoureuses de Charles arriva sur le tapis. Wanda n’était pas une grande romantique dans l’âme. Avec Vision cela avait été la plus belle expérience de sa vie, elle savait qu’elle ne retrouverais pas quelque chose d’aussi beau et magique tout en restant simple avant un moment. Même si elle s'était rapprochée de Bucky, la veille, Wanda ressentait quelque chose qui la retenait avec lui. elle n’aurait pas su dire quoi mais pour l’heure c’était ainsi. La sorcière se recentra sur Charles et répondit à sa remarque sur de tels projets:
“Ce n’est pas parce que cela ne fait pas partie de tes projets que cela ne peut pas te tomber dessus comme ça sans prévenir… On ne sait jamais ce que prévoir l’avenir.”
Concernant Charles, elle aimerait qu’il puisse trouver quelqu’un qui le comprenne et qui le soutient comme il se doit. Posément, elle regarda ses mains croisées sur la table en disant:
“Avec ta fonction de directeur, la pression que tu subis, il faut que tu puisse te confier à quelqu’un, autre que moi… quelqu’un qui te comprend, qui sera là pour toi et avec qui tu pourras partager ou échanger sur d’autres sujets.”
Le ton était plutôt léger et Wanda savait que Charles se confier à elle. Mais elle était prévoyante tout de même. Si la sorcière sombre prenait le dessus, elle ne serait plus là pour lui… Songeant rapidement au cauchemar qu’elle avait eu en déjà d’année, une question lui vint aussitôt en tête. La sorcière retrouva le sourire et entreprit de la poser:
“ Tiens d’ailleurs, ça me fait penser à une question que j’aurais te poser plus tôt mais bon… quand tu es venu avec le Cerebro dans mon rêve, tu avais une tout autre apparence… D’où te vient cette perte de pilosité?”
Wanda sentit en la posant que sa question était un peu triviale mais bon c’était dit alors même si elle se sentit un peu gênée, elle regarda Charles alors que le minuteur du four sonna. Wanda fit signe à Charles qu'elle s'en chargeait en se levant. Elle entreprit de sortir les pizzas, les couper avant de les servir.
La réponse désinvolte de Charles ne suffit pas à Wanda pour clore le sujet. Bien au contraire, elle rétorqua en somme que c'était le genre de choses qui vous tombait dessus sans qu'on l'aie prévu. Bien, il allait jouer le jeu, et continuer sur ce sujet insolite, et pourtant si simple et si humain, si ça lui faisait plaisir.
Il l'écouta argumenter que cela lui ferait du bien d'avoir quelqu'un dans sa vie, pour l'écouter, pour être à ses côtés et lui faire supporter la pression. Il ne ressentait néanmoins pas son travail comme une pression, bien au contraire. Il s'y consacrait à cent pour cent, et chaque jour passé à voir évoluer ses protégés était une victoire de plus.
« Je te l'accorde, on ne sait jamais ce qui peut arriver... Néanmoins je ne cherche pas activement une compagne. Je suis loin d'être seul ici, j'ai ma sœur, j'ai des amis... J'ai tous mes élèves... Et je t'ai, toi. Et au-delà de ça, l'école est ma grande oeuvre, j'y consacre toute mon attention. Je n'ai pas vraiment le temps pour les frivolités. »
La vie de célibataire ne le dérangeait pas le moins du monde. Oh, bien sûr, il aurait aimé que Moira soit là, mais elle ne l'était pas, et il ne pouvait rien y changer. Wanda enchaîna sur une question qu'elle posa avec un sourire légèrement gêné. D'abord surpris, il rit de sa curiosité, et expliqua, tandis qu'elle s'occupait de couper les pizzas :
« Ce n'est ni une calvitie précoce ni un choix esthétique, malheureusement... En 1983 - cela te paraît sans doute lointain mais pour moi c'était il y a à peine un an - nous avons affronté le premier des Mutants. Il était extrêmement puissant, il avait accumulé des pouvoirs au fil des siècles, en passant d'un corps de mutant à un autre. Il projetait de transférer son esprit dans mon corps, pour acquérir le pouvoir de contrôle des esprits qui lui manquait. Il a bien failli y parvenir, et bien que mes amis aient pu me sauver in extremis, j'y ai perdu mes cheveux... »
Il se passa la main sur son crâne lisse, avec un petit sourire nostalgique.
« Je les aimais bien... Et j'ai encore du mal à m'habituer à cette tête chauve... C'est sans doute pour cela que je garde de moi l'image d'avant, et que j'apparais ainsi dans mes projections télépathiques. Un écho du passé... »
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