[Terminé] Whoever you are, don't follow The Light

Gabriela ne pouvait pas me faire plus plaisir.
Sans le savoir, elle m'avait fait un merveilleux cadeau.

Savourant mon repas, je me dis que j'ai finalement bien fait de m'être évadé. Ce plat avait le gout de la liberté, de l'espoir. Cette spécialité de mon pays avait aussi des saveurs du passé, des moments heureux, des sourires et des rires qui s'effacent peu à peu. Gabriela sourit de me voir aussi heureux, et le repas se passe bien. Dans un silence complice, nous savourons cette impression que nous sommes en réalité une famille. Une famille étrange certes, avec cette mamie hispanique, ce criminel Sokovien et cette jeune médecin au cœur d'or... Sans oublier les deux chats. Luna s'approcha de moi et, quand je lui tends mon doigt recouvert de sauce, elle accepte le cadeau, avant de s'enfuir en pestant à cause des épices. J'en ris, me sentant à ma place auprès de Gabriela. Mis à part les regards en coin de la vieille femme, tout se passe bien.

Le repas se termine, et Mama Rosa prends congé. Gabriela refais soigneusement mes bandages. Pendant qu'elle travaille, elle me demande de lui raconter ce qu'il s'est passé. Après un instant d'hésitation, je lui explique et elle m'écoute en silence. Elle finit par me dire que je suis en sécurité ici, et que j'étais hors de danger. Elle me dit que, si je prenais soin de mes blessures, d'ici quelques semaines, tout sera guéri. Je souris, en guise de remerciement, et elle me laissa me rhabiller. Elle revint avec des médicaments et une tasse de thé. J'écoute ses recommandations avec attention et hoche la tête quand elle me dit de prendre un comprimé toutes les 4 heures. Elle me tendit ensuite la tasse de thé et je lui dis, en souriant : Merci beaucoup.

Elle disparu dans sa chambre pour la préparer, me laissant savourer le thé et prendre un médicament. Elle revint pour m'annoncer qu'elle partirait tôt le matin venu, et qu'elle me laisse sa chambre, afin que je ne sois pas dérangé. Je bredouille ces quelques mots : Tu es sure ? Tu as besoin de repos ! Tu serais mieux... Mais elle me coupa la parole et continua, me disant qu'il y aurait son numéro de téléphone sur le frigo, ainsi que celui de Mama Rosa qui sera dans le quartier. J'hoche la tête, ne sachant que dire. C'est tellement gentil de sa part de me laisser sa chambre, alors qu'elle est si fatiguée... Je m'en veux presque de devoir la laisser sur le canapé, mais je doute que lui proposer de rester à mes côtés cette nuit encore soit... acceptable. Je me tus donc, mais la remercie encore une fois. Elle me dit de me reposer, et que je devais l'appeler si jamais j'avais besoin de son aide. Je souris et lui réponds : Je te le promets... Merci Gabriela. Elle me proposa ensuite son aide pour aller me coucher et j'accepte bien volontiers. J'ai beau me sentir beaucoup mieux, je suis encore faible, et je doute de pouvoir marcher, surtout en boitant, sans finir par tombe. Je prends donc sa main et la laisse me guider jusqu'à sa chambre.

La pièce est à l'image de la jeune fille : à la fois simple mais extravagant. Je souris, me disant qu'elle avait bien choisi sa décoration. Elle me salua et prit congé à son tour, me laissant me coucher dans son grand lit. Je m'endors avant même que ma tête s'écrase dans l'oreiller, tant je suis fatigué. J'ai pourtant passé la journée à dormir, mais mon corps n'en avait pas fini avec le sommeil. Je ne me réveille que tard dans la matinée, le lendemain, avec une Luna sauvage étendue de tout son long entre mes jambes, la tête posée sur ma cuisse. La chatte me salue avec un ronronnement sonore, et pousse ma main du museau, réclamant des caresses. Je lui en donne donc, grattant l'arrière de ses oreilles. Après une bonne vingtaine de minutes, je finis par me lever et entre dans le salon, boitant mais me sentant apte à marcher. Je suis seul, comme prévu. Je prends un médicament et me fais une tasse de thé, et, tout en le sirotant, je m'assoie sur le canapé et feuillette distraitement un petit carnet, sur la table basse. Je souris en voyant les dessins qu'elle a fait, et me sens presque comme un voyeur de les observer ainsi. Mais je ne peux m'en empêcher. Un visage familier manque de me faire recracher mon thé. James Barnes, j'en mettrais ma main à couper. Elle connait le Soldat de l'Hiver ! Mais comment ? Pourquoi ? Je serre les dents et referme doucement le carnet, essayant de me dire que Gabriela ne sait sans doute rien de ma "relation" avec Bucky.

Pour me calmer, j'observe la rue par la fenêtre. Je me fige alors lorsque je reconnais le visage d'un des hommes d'Hydra, qui parcourt la rue, en faisant mine de chercher quelque chose. Ils me cherchent moi. Je lance un regard à Luna, inquiet. J'attends de voir l'homme disparaitre au détour d'une ruelle avant de bouger. Je n'ai pas de temps à perdre. Je m'habille en vitesse, grimaçant lorsque les sutures tirent sur mes blessures, et attrape un morceau de papier pour y inscrire ces quelques mots :

J'attrape mon portefeuille et, après l'avoir ouvert pour vérifier que j'ai tout, je souris en voyant qu'une bonne âme y a rajouté une clé. Après l'avoir essayé sur la porte d'entrée, je me dis que Gabriela tenait vraiment à me fournir un refuge en cas de besoin. Je sors donc de l'appartement, après avoir veillé à ce que tout soit en ordre. Le lit a été fait, la salle de bain et la cuisine sont rangées et propre. Je peux m'en aller. Je ferme la porte derrière moi et soupire en pensant à la réaction de la jeune fille en trouvant l'appartement vide. Mais je n'ai pas le choix. Grimaçant de douleur, j'emprunte l'escalier et sors de l'immeuble. Je me montre très prudent dans la rue, évitant de croiser le regard des passants et, après un moment qui me sembla interminable, je parviens à monter dans un bus et m'éloigne de Brooklyn. Alors que je regarde les immeubles s'éloigner, je soupire. Merci encore, Gabriela, sans toi, le Baron Zemo ne serait plus de ce monde. Tu t'es fait un ami, et tu ne le regrettera pas.

EPSILON