[Terminé] Ça fait une paye !

Il faut croire que certaines choses ne changent jamais. Rocket avait toujours été le cerveau de la bande, c’était un très bon stratège qui savait tirer parti de ses équipier. Mais l’improvisation, par contre, c’était ma spécialité. Rocket avait toujours eu du mal à percuter en situation de crise, il faut croire que cette fois-là n’avait pas échappé à la règle. Ptêt qu’il avait évité de ce rappeler. Remarquez, s’il nous croyait morts tous les deux, c’est légitime.

Le pauvre gars faisait peine à voir maintenant, il s’était tellement enfermé dans sa certitude que ça faisait beaucoup à avaler d’un coup. J’attrapais la bouteille de coca et m’en servait un verre plein, que j’avalais d’un seul coup. Oh putain j’adorais ça, cette sensation qui coule tout le long de mon corps et qui me hérisse le poil. Trop boooooooon !

Après ce petit moment de pur bonheur, je décidais de reprendre le pauvre Rocket en main. Je me collais derrière lui et l’attrapait par la tête, un de mes bras autour du coup et l’autre à frotter mon petit sur sa tête. Bon, il était un peu plus balèze que moi, mais l’effet restait le même que par le passé.

« C’est du passé, vieux ! Va pas te laisser aller pour ça, t’es un grand garçon maintenant ! » raillais-je en souriant de toutes mes dents, « J’savais que vous voudriez pas quitter le vaisseau sans moi, tu l’sais que j’suis un roi du mensonge ! Lylla est sûrement vivante quelque part, elle a la peau dure, t’inquiète pas pour elle va. »

Enfin il se déridait un peu. C’était pas de la tarte. Pour fêter ça, je décidais de me prendre un deuxième verre de coca après avoir lâché Rocket. Ça m’amusait de voir ses rapports avec l’arbuste. Visiblement, ils étaient amis. J’étais content que quelqu’un ait pris la relève, même si je dois avouer que j’étais peut-être un peu jaloux. En tout cas, c’était visiblement un bon ami, sinon Rocket n’aurait jamais montré de faiblesse devant lui. Il faudrait que je fasse connaissance avec lui à l’occasion. Par contre, il n’avait pas l’air très bavard.

Maintenant, c’était le bon moment pour raconter mon histoire. J’attendais ça, mine de rien, mais je voulais rien dire plus tôt parce que je n’aimais pas le ton d’interrogatoire qu’avait pris Rocket. Là, c’était détendu. D’ailleurs, je me servais mon troisième verre de coca avant de commencer, histoire d’avoir de la substance en bouche.

« C’t’une longue histoire, j’espère que t’as le temps. Pour être honnête, je pensais pas en réchapper à la base. Je vous avais fait filer tous les deux dans les capsules de sauvetage. Après ça, j’ai piégé le vaisseau pour en faire une bombe géante et j’ai fait foncer le vaisseau sur les pirates. Sauf que, je ne sais pas trop comment je me suis démerdé, figure-toi que l’explosion a été si violente que la capsule où je me suis planqué a été éjectée super loin, et moi avec. Je me suis retrouvé crashé sur la planète d’à côté, en sale état mais en vie.

Enfin, ça aurait pas duré longtemps si j’avais pas été récupéré par des locaux. J’avais le poil grillé, presque tous les os de fracturés et je pissais le sang comme une putain de chiasse. Je dis respect aux gars qui m’ont rafistolé, parce que c’était de l’art, d’autant qu’il fallait aussi réparer le matos que l’autre taré m’avais mis dans le corps. »

Je marquais une petite pause. J’aurais pu raconter ce qui s’était passé juste après. L’assaut des pirates, le massacre, les trahisons et les mensonges que j’ai du faire pour m’en sortir. Mais même moi, j’avais encore un goût amer à l’idée d’avoir tourné le dos à ceux qui m’avaient sauvé la vie. Okay, ils n’auraient pas pu s’en sortir de toutes façons, mais quand même, j’avais bien besoin de quelques gorgées de coca pour oublier cette amertume.

Ça va il le prenait plutôt bien. Je lui aurais bien dit que je n’avais pas donné signe de vie précisément parce que je savais qu’il tenterait de me chercher, mais je me disais qu’il en avais déjà assez sur la patate pour ne pas en rajouter. À la place, je buvais mon verre de coca, réfléchissant à comment amener la suite. J’eus même pas à réfléchir, il suffisait de suivre ses questions. Et en plus il m’offrait le gîte, j’allais pas dire non ! Bon, il me traitait vaguement de minus, mais c’était Rocket, avec lui ça faisait pas pareil.

« Merci, c’est sympa. Pour ce qui est de la raison de ma présence ici, disons que…. Mmh, il te reste du coca ? »

J’avais voulu me resservir en parlant, mais la bouteille était déjà vide. Vu que j’étais venu à l’improviste, je n’avais pas prévu ma part. ‘faut dire que je consommais pas mal déjà, je ne sais même pas si Groot en avait eu plus d’un seul verre. Et pas question de raconter une histoire d’aventures et … ouais, de mésaventures surtout, bref, pas question de causer sans quelque chose pour me rafraîchir la gorge.

« Ouais ouais t’inquiète, la prochaine fois j’apporte les munitions ! » dis-je en me servant un nouveau verre bien plein.

Pour sûr qu’il roulait pas sur l’or le Rocket ! Rien d’étonnant, héros ça rapporte en gloire mais pas trop en fric. Moi, c’était plutôt l’inverse. La gloire, c’était pas trop ça. Notez que je ne courais pas spécialement après, pas très envie de me faire trouer la peau. N’allez pas croire que n’aimais les héros, ça non ! Surtout Rocket ! Nan, les héros, ‘faut du courage moi j’dis. Pas de salaire, une reconnaissance aussi variable que les cours de la bourse, et la possibilité de se faire dézinguer à chaque carrefour, y faut en avoir pour être un héros.

Rocket c’était le héros, moi, j’étais la fripouille. D’ailleurs, techniquement, j’étais un genre de « vilain », j’aurai du être de l’autre côté de la barrière, mais ça on s’en foutait. Et pis, au moins, je pourrais lui rapporter le fric qu’il ne pouvait pas avoir. Acheter du coca, j’avais toujours un stock. Pis j’étais pas non plus du genre à tout garder pour moi. Les meilleures choses, c’est celles qu’on partage avec des amis. Bon, des amis j’en avais pas vraiment des masses, mais raison de plus.

« Du coup, je disais quoi ? » repris-je en sirotant mon verre, « ah ouais, ben pour faire simple, je te cherche depuis l’épisode de Xandar. T’as fait beaucoup parler de toi avec tes copains. Du coup je me suis dit que ça pouvait être l’occasion de renouer avec le passé, tu vois. Bon, sauf que les Cohortes de Nova ont pas trop aimé ma façon d’investiguer, j’ai dû prendre la poudre d’escampette.

J’te passe le détail, mais ça n’a pas été de la tarte de suivre ta trace et celle de tes copains. Je sais pas comment vous faites, mais plus on entend parler de vous et moins on sait où vous êtes. Alors forcément, j’suis tombé dans de sacrés trous à rats et ça a été compliqué de s’évader, sans compté la fois où des espèces de tarés, les Souverains je crois, m’ont pris pour toi et ont voulu me torturer pour savoir où étaient les autres.

‘fin bon, quand j’ai appris que Thanos faisait des siennes sur Terre, j’ai rappliqué. J’suis arrivé après la bataille, un peu tard quoi. Sauf que j’me suis fait descendre mon Dart, donc je me suis retrouvé coincé ici. Remarque, c’était une chance quelque part, sinon je t’aurais encore cherché aux quatre coins de la galaxie. Bon, j’ai fait deux ou trois conneries donc euh, disons que je viens de sortir de prison. Officiellement hein, j’me suis pas évadé, juré ! »

« T’inquièèèète, pour une fois que le problème vient pas de moi. N’empêche qu’ils sont tenaces, mais j’ai fini par leur échapper. »

Je vidai mon verre de coca, mais vu que j’avais déjà pris une remontée de bretelles, je décidai d’attendre un peu avant de le remplir à nouveau. De toutes façons, j’avais du stock à la planque. J’aimais bien quand Rocket parlait de s’évader de prison. C’était pas trop mon truc à moi, les passages en force, mais ça restait marrant quand tu jouais le rôle de l’informateur. Mais si, l’informateur, vous savez ce mec qu’on trouve dans toutes les prisons, qui connait les lieux comme sa poche, les patrouilles, qui est corrompu et qui ne l’est pas, bref, le mec que tout le monde vient voir quand il a besoin d’un truc. J’étais fort à ce jeu-là. Eh, en cinq ans, j’ai eu du temps dans la prison terrienne pour jouer à ça aussi.

Bon par contre la suite était moins joyeuse. Rocket commençait à parler du ptit fiasco du Jour des Héros. Ouais c’était moche, mine de rien, ce qui s’était passé. Rien d’étonnant à ce que ça lui plombe le moral. Je pourrais dire que ça m’aurait fait pareil mais, eh, j’étais pas un héros.

« Bah » répondis-je en feignant l’indifférence, « j’ai vu la redif, c’était surtout du sensationnalisme journalistique tout ça. Le pire feuilleton que j’ai jamais vu, et je sais de quoi je parle ! Pis d’un classiiiiiiiique. Les méchants se pointent, font un pitch tout naze sur les gentils qui sont pas gentils, pis y cassent tout. Bon déjà, crédibilité zéro, hein, pis eh, ils ont été bien reçus aussi ! »

J’accompagnais ma conclusion d’une bonne tape dans le dos, histoire de lui remettre les neurones en place. Oh pas que je risquais de lui faire mal, c’était un solide à côté de moi, mais je savais qu’un peu de camaraderie lui ferait du bien.