La volonté de fuite qu’exprime le médecin, d’un ton toutefois doucereux et sans accusation aucune, a l’amertume d’une sentence défavorable, glaçant l’échine de la jeune femme, qui relève lentement la tête en se rendant peut-être compte de sa méprise : plausiblement, et il faut insister sur l’éventualité de cette nuance, a-t-elle réalisé qu’aucune malignité n’est à l’oeuvre dans l’esprit de l’homme qui, face à elle, l’observe sans changer de regard malgré la déception. Pour sûr, il est contrit que les choses aient tourné ainsi, et qu’elle puisse le considérer avec un parfum de fourberie qui est indigne de sa personne mais, ne pouvait se résoudre à la condamner, il s’engage plutôt sur la voie de la compassion : il pourrait aisément s’injurier des accusations portées et des soupçons de bassesses avec lesquels on pourrait le clouer mais, il préfère songer que la jeune femme, aussi belle que forte, a dû endurer bien des malheurs pour ainsi penser au pire quand on souhaite lui offrir le meilleur.
La bulle de douceur, si charmante et suave, a éclaté comme si une aiguille invisible était venue la perforer : si elle a instauré une distance émotionnelle entre eux, il impose une distance physique, afin de la rassurer. Si elle croit sincèrement qu’il se veut être une menace pour elle, et quand bien même cela le blesse sans qu’il n’en prenne rancoeur, il préfère encore s’éloigner, afin qu’elle retrouve la quiétude qu’elle mérite mais… « Attendez ! » Le ton est autoritaire mais il ne s’en offusque pas, considérant plutôt l’effort fourni pour le retenir. Dans quel but ? Il l’ignore, songeant qu’il est curieux de vouloir retenir auprès d’elle celui qu’elle considère avec méfiance. Il arque même l’un de ses sourcils en la regardant sans oser se rapprocher d’elle, de peur d’être de nouveau la source de ses ennuis. « S'il vous plait ... attendez … » Il sent la peur et l’urgence qui englobent chacune de ses syllabes, et tandis que l’intérieur de ses sourcils se plissent vers le bas, il penche légèrement son menton sur le côté en disant, d’un ton toujours sobre et calme, de sa voix naturellement grave : « Je ne vais nulle part tant que vous ne me chassez pas. » dit-il en laissant le coin de ses lippes s’étirer en un sourire qui se veut rassurant, et peut-être un brin espiègle, dans l’espoir d’amenuire son tourment et ainsi dédramatiser une situation qui, à ses yeux, n’a pas lieu d’être.
Elle se lève à son tour, et il redresse son menton pour l’accueillir avec cette ébauche de sourire flanqué aux lèvres, auquel elle répondit d’un ton désolé, qu’il aurait aimé chasser de son si beau visage. « Vous n'y êtes pour rien, et vous ne m'avez causé aucun tort ... soyez en assuré. Je ... » Il le sait déjà et n’a pas besoin qu’elle le dise : il devine l’ennui, la solitude, le rejet et la douleur ayant encerclé son coeur et perverti ses yeux, qui craignent à présent de découvrir que la main qu’on lui tend est pour mieux la battre. Il pardonne avant qu’elle le dise, il excuse avant même qu’elle y songe.
Il pourrait interrompre le discours qu’il voit se préparer sur sa langue mais, comme il entend surtout les battements de son coeur qui martèlent encore plus, faisant pulser le sang dans les veines qui se dessinent et qu’il devine sous sa peau qui semble si douce, il ne dit rien, songeant qu’elle a sans doute besoin d’exprimer ce qui pèse si lourd sur son palpitant. « C'est moi qui suis désolée ... désolée de vous avoir soupçonné à tort ... désolée de vous avoir conduit jusqu'à cette situation ... d'avoir provoqué chez vous cet ... émoi … » Il ne dit rien pour ne pas l’interrompre, car il souhaite lui montrer que, avec lui, elle est libre de s’exprimer autant qu’elle le souhaite et qu’il peut tout accueillir, le bon comme le mauvais. Mais, tout de même soucieux de rassurer sa belle cavalière d’un soir, il hoche simplement son menton de gauche à droite dans un mouvement lent, sans perdre son sourire, espérant ainsi lui faire comprendre qu’elle n’a nullement besoin l’obligation de se faire pardonner. « Je suis détentrice de ce qui est à la fois une arme redoutable et une malédiction ... et j'ai peur pour vous ... de ce que je pourrais vous faire sans le vouloir. » Il comprend et, étrangement, les mots ont un curieux écho en son coeur… Lui aussi est détenteur d’une malédiction qui est également une arme redoutable.
Il déglutit avec difficulté en la regardant, et ses deux mains, jointes sur le devant de son corps, se séparent pour que l’une des deux remonte lentement jusqu’au menton de la belle, l’intimant de la même façon à quitter la trajectoire du banc pour revenir auprès de lui. Le geste n’a rien d’autoritaire ou de contraignant, mais il est exécuté avec tendresse d’une main douce et délicate, afin de ne pas la brusquer. « Moi, je n’ai pas peur. » dit-il simplement en lui offrant un regard caressant, admiratif et berçant, tout en éloignant sa main, par simple respect.
Elle lui tend ensuite sa veste et il jette un regard au tissu, qu’il finit par saisir mais pour reposer sur les épaules de sa belle car, lui, ne sait pas qu’elle peut résister à des températures encore moins clémentes ; il se contente de veiller sur elle, sans même s’en rendre compte. « Je vous avais dit de vous méfier de moi. » « Et si je n’en ai pas envie ? » La question n’attend pas vraiment de réponse mais il se permet d’hausser l’un de ses sourcils tout en se rapprochant d’elle, d’un pas unique, afin que les paumes de ses mains puissent venir se positionner sur la chute de ses épaules, plantant ensuite ses yeux dans les siens pour lui dire, d’une voix toujours égale : « Amora, je ne suis pas non plus celui que vous croyez. Pensez-vous que ces hommes m’aient chassé sans raison ? Ce que je suis… Ce que je suis devenu, ce que j’ai dû faire pour rester en vie, j’ai dû en payer le prix. Ma survie s’est faite au détriment d’autres vies, des vies innocentes, des gens qui n’avaient jamais fait de mal. J’ai fait un serment, vous savez… Il y a longtemps. » À ces mots, qui cachent des souvenirs lointains car il a été diplômé avant d’avoir vingt-ans, un sourire nostalgique envahit ses lèvres et il lui faut quelques secondes pour reprendre, sans la quitter des yeux. « J’ai fait le serment de protéger et de soigner, toujours. Et j’ai failli… Voilà pourquoi mes anciens collègues me traitent de monstre, et ils ont raison, sans aucun doute. J’ai échappé à la prison parce que je suis considéré comme un génie en mon domaine, rien de plus. »
Amer constat pour le docteur qui a récupéré son titre par la grâce du SHIELD, qui préfère l’avoir dans un laboratoire plutôt que derrière les barreaux. Il prend une fine inspiration en retirant finalement ses mains, les laissant retomber le long de son corps tandis qu’il achève son discours en disant, le plus simplement du monde : « Nous avons tous fauté, et nous avons tous fait des choses dont nous ne sommes pas fiers. L’important est ce que nous décidons d’être et de faire maintenant, vous ne croyez pas ? » Il attend sa réponse en penchant légèrement son menton, ses yeux toujours plantés dans les siens.
D'une voix aux notes graves et apaisantes, pure invitation au calme et au dialogue, Morgan rassura son interlocutrice, lui annonçant qu'il n'irait nulle part sans qu'elle ne le lui demande de manière explicite. Patiemment et dans un silence des plus respectueux, il laissa l'Ase se justifier. Sans l'interrompre, que ce soit au travers d'un geste ou d'une parole, il lui permit de lui présenter des excuses, ainsi qu'une ébauche d'explications. Bien peu par le passé avaient laissé à Amora cette opportunité, trop inquiets à l'idée que d'un mot chargé d'Arcane, d'un mouvement de ces mains tisseuses de charmes, elle n'ait conjuré les Arts Nobles pour s'échapper ou les soumettre à sa volonté.
Malgré les quelques révélations, il ne prit pas peur. N'avait-il pas compris ce qu'elle avait tenté de lui expliquer ? Ou bien, choisissait-il de passer outre ?
Avec douceur, il réclama son attention, guidant son visage d'une main posée tendrement sur le menton de l'Ase. Ce contact força Amora à retenir son souffle lorsque leur regard se synchronisèrent de nouveau, et qu'il lui annonçait de pas avoir peur. Lorsqu'il retira le bout de ses doigts de sa peau de porcelaine, ce fut presque un déchirement. Presque ? Non ... Cela l'était assurément.
Cette tendresse dans un contact physique ... dans un contact sincère et dépourvu du moindre intérêt ... de la moindre attente ... depuis combien de temps n'en avait-elle plus reçu ? Ce ne fut qu'alors qu'Amora respira de nouveau.
Lorsque le médecin récupéra sa veste, ce ne fut que pour la replacer sur les épaules de la jeune femme, un message de paix et d'acceptation. Une attention pleine de bienveillance. Ainsi donc, il existait encore des hommes forgés de la sorte. Sur ses épaules graciles, l'Ase pouvait sentir les mains de Morgan, enveloppe rassurante et accueillante, alors qu'il s'était rapproché d'elle, ne cessant de la fixer droit dans les yeux. Au cours de cet instant comme suspendu dans le temps, ce moment de sincérité où l'un s'ouvrait à l'autre sans fioriture ni artifice, il lui avoua avoir commis l'impensable, et ceci malgré le fait qu'il avait prêté le serment de protéger et préserver toutes vies. C'était ce qui lui avait valu le traitement reçu de la part de ces hommes dans la galerie d'art un peu plus tôt. Il n'était plus le bienvenu ... un paria qui s'était dédit ... et qui ne devait sa liberté qu'à ses talents et non à son intégrité.
Cette fois-ci, ce fut Amora qui resta silencieuse, respectant ce temps de confidence auquel se livrait le docteur. De ses iris d'émeraude, elle sonda l'âme de Morgan, devinant que ses paroles étaient authentiques. Il ne lui mentait pas.
Retirant ses mains des épaules de l'Ase, le médecin confirma ce qu'Amora avait déjà deviné. Ils avaient bien plus en commun que ce qu'il n'y paraissait de prime abord. Chacun portait avec lui son fardeau, ses fautes, ainsi que la culpabilité qui allait avec. Mais pour Morgan, le plus important n'était pas les actes passés, mais bel et bien ceux qui se déroulaient dans le présent.
Ne le quittant pas du regard, Amora laissa un sourire revenir au coin de ses lèvres. D'une certaine façon, elle était d'accord avec lui. Mais une part d'elle avait également conscience que tout le monde n'avait pas ce mode de pensée. Elle en tenait pour preuve ces hommes qui se trouvaient encore dans la galerie. Pour eux, les actes passés de Morgan ne pouvaient être ni oubliés, ni pardonnés, qu'importait ce qu'il faisait de sa vie aujourd'hui ... qu'importait ce qu'il pouvait apporter à ce monde. Et d'une certaine façon, Amora savait que ce mode de réflexion était commun à celui de la majorité des membre de son peuple.
"Vous êtes un être exceptionnel, Morgan., releva-t-elle avec une affection évidente dans la voix, alors qu'elle venait en même temps poser une main sur la joue de ce dernier avec douceur, lui offrant une tendre caresse. Et je ne dis pas cela à cause de votre capacité à déceler les particularités du sang ou bien à cause de votre génie. Non ... je peux voir votre bonté. La sentir. Ne laissez personne vous convaincre du contraire."
Délicatement, du bout du pouce, l'Ase prodigua une nouvelle caresse dans la barbe parfaitement entretenue du midgardien. Son sourire ne s'était pas fadé. C'était même tout le contraire, Amora lui souriait un peu plus, son regard pétillant d'une forme évidente de tendresse et de reconnaissance à l'égard de Morgan.
"J'aime à penser comme vous, à me dire que le plus important se trouve dans le présent ... cela a quelque chose de ... rassurant."
Elle se sait écoutée, peut-être même comprise et accueillie sans fausseté, dans le sens le plus pur du terme : il n’a nullement la prétention et la folie d’attendre quelque chose d’elle, et se contente de ce qu’elle veut bien lui donner, sans jugement et sans procès. Il l’écoute, réagissant passivement à ses paroles à travers ses sourcils qui se haussent ou se froncent, ou alors par son menton qui s’incline sur le côté mais, jamais, il ne tente d’empêcher son élocution, ne voulant pas qu’elle se sente brimée. L’a-t-elle déjà ressenti ? Il devine que oui, tout comme il devine qu’elle a dû connaître des jours bien sombres pour être ainsi méfiante.
Puis, lui allouant toujours la même bienveillance et lui faisant également confiance pour accueillir, à son tour, les paroles qui se bousculent déjà à la porte de sa langue, il conjugue les confidences au pluriel en faisant le récit d’une vérité qui n’est en rien glorieuse, mais qui est pourtant la sienne : il n’a pas été chassé de la galerie sans raison, et il serait fort injuste de blâmer ceux qui ont été les assaillants car ils ont toutes les raisons du monde de le tenir en coupable ; coupable, il l’est. La question de la responsabilité, cependant, peut être discuté. Il a tué pour survivre, mais il ne cherche pas à nier l’horreur de sa condition ou à amoindrir ses fautes, ni à les justifier d’ailleurs ; ce serait vain.
Pourtant, dans le regard verdoyant de la belle, il ne discerne ni épouvante ni dégoût, seulement un fleuve béryl dans lequel il plongerait volontiers ; que découvrirait-il, derrière ses longs cils, derrière la couleur de ses yeux, derrière ses paupières ? Le fleuve est paisible, calme, pétillant, et il semble incapable de détacher ses yeux des siens.
Enfin, elle sourit de nouveau, d’un étirement aussi sincère qu’adorable qui le fait également sourire par ricochet ; lorsqu’elle sourit de la sorte, avec l’émoi d’un coeur qui palpite d’une émotion qui ne l’effraye point, le coin de ses paupières se plissent et rendent ses yeux encore plus enchanteurs, et il ne peut que se suspendre à ce paysage verdoyant, à cette expresionde gaité qui l’embellit, alors qu’il ne pensait point que cela puisse être possible. « Vous êtes un être exceptionnel, Morgan. » Les lèvres de l’homme s’espacent alors qu’il s’apprête à nier, non pas en considérant qu’elle ment car il la sait sincère, mais songeant plutôt qu’elle manque d’objectivité, lorsque sa main à la paume douce et tiède vient se déposer contre sa joue brunie… Le geste est tendre, l’enveloppant totalement dans une caresse qui fait trépigner son coeur d’une émotion curieuse, qu’il n’identifie pas tout à fait ; il aime la sensation de sa peau contre la sienne, il aime qu’elle soit suffisamment proche pour que son parfum féminin vienne titiller ses narines, et il aime qu’elle se montre ainsi avec lui : entière, sans parade et sans masque. « Et je ne dis pas cela à cause de votre capacité à déceler les particularités du sang ou bien à cause de votre génie. Non ... je peux voir votre bonté. La sentir. Ne laissez personne vous convaincre du contraire. » Les mots le touchent en plein coeur, et cela se voit dans la forme de ses sourcils qui se plissent au-dessus de ses yeux brillants d’une émotion certaine.
Lui, condamné à une maladie qui le rendait infirme, n’a jamais connu de caresses ainsi suavement déposées sur sa peau alors, il découvre ce contact si doucereux, si fragile, auquel on s’habitue peut-être trop vite. Lentement, sa main masculine vient croiser celle qui est déposée sur sa joue pour l’apporter à ses lèvres et, après avoir déposé un chaste baiser sur les doigts courbés de la belle, il lui dit, d’une voix toujours calme et grave : « Je vous en fais la promesse. » Il libère sa main, toujours respectueux et soucieux du moindre geste, ne voulant pas risquer de l’ébranler sans le vouloir. « J'aime à penser comme vous, à me dire que le plus important se trouve dans le présent ... cela a quelque chose de ... rassurant. » Il hoche son menton pour acquiescer ce qu’elle avance, un sourire ornant toujours ses lèvres. « Cela veut dire que vous êtes la seule à décider de qui vous êtes : peu importe ce que les autres disent. » Marquant une légère pause pour l’observer, il plisse légèrement ses paupières en disant, d’une voix complice : « J’espère que votre présent, ainsi que votre avenir, vous apportera tout le bonheur et la sérénité que vous méritez. »
Devant l'attitude complice et rassurée que l'Ase affichait à nouveau, Morgan se fendit à son tour d'un sourire chaleureux ... et tout simplement heureux. Ces deux-là étaient finalement parvenus à s'accorder, à dissiper le malentendu qui avait tenté d'entacher cette relation naissante. Faisant fi de leurs craintes réciproques envers le monde extérieur, ils avaient réussi à trouver une forme de réconfort en la présence de l'autre ... à se faire mutuellement confiance. Dans le regard du médecin, Amora pouvait deviner que sa caresse, sa proximité avec lui, avaient provoqué quelque chose de nouveau chez le midgardien. Une expérience qu'il ne semblait jamais avoir connue par le passé. L'éclat dans ses yeux cristallins pouvait en témoigner. Ici, il n'y avait pas la lubricité ou le désir de possession qu'elle pouvait lire habituellement dans le regard de ceux qui finissaient par suffisamment l'approcher et échanger avec elle. Il n'y avait pas non plus le mépris ou le dédain de ceux qui finissaient tôt ou tard par l'envier et la jalouser, voire par la haïr. Non, ce qu'elle percevait, c'était un profond respect, ainsi que la volonté de bien faire les choses.
Avec délicatesse, le médecin saisit alors la fine main qui reposait sur sa joue, la portant à ses lèvres pour y déposer un simple baiser, avant de lui faire la promesse de ne jamais laisser autrui le faire douter de sa bonté comme elle venait de le lui demander. Alors, il relâcha sa douce étreinte, libérant ainsi la main d'Amora. Pas un seul moment il ne l'avait quittée du regard, la jeune femme comprenant toute l'importance que son interlocuteur avait placée dans ce serment.
L'Ase apprécia l'interprétation que le midgardien donna à ses paroles, qu'elle seule était maîtresse de son destin. Inclinant légèrement le visage sur le côté, elle se fit un peu plus souriante, son regard se parant de l'éclat de la satisfaction et de l'espoir restauré. Ainsi, d'après Morgan, elle n'était pas soumise au dictat des Nornes et de leurs prophéties. Une ligne de conduite qu'elle s'était évertuée à suivre depuis plus d'un siècle, bien que cela lui en eut coûté.
"Je vous le souhaite également", lui retourna-t-elle lorsqu'il lui souhaita le meilleur pour les temps à venir.
Un silence s'invita alors entre eux deux. Sans que son sourire ne s'étiole, Amora continua de plonger son regard dans celui de son interlocuteur, profitant de ce moment de légèreté qui lui était accordé. Au cours de sa vie, elle ne pouvait pas dire qu'elle en avait connus beaucoup, si bien que chacun d'eux étaient précieux. Se reprenant, l'Ase prit une légère inspiration, détournant légèrement son regard l'espace d'une seconde, pour ensuite le reporter sur Morgan.
"Il doit se faire tard, fit-elle remarquer. Je suis convaincue qu'un homme tel que vous doit avoir des obligations. Et je m'en voudrais de vous en détourner."
Et c'était sans compter que de son côté, Amora n'était pas encore certaine de l'endroit où elle pourrait passer la nuit. Si en première intention elle avait espéré rouler l'un des riches invités de la soirée, force était d'admettre qu'elle avait été détournée de ses objectifs. Toutefois, il n'était jamais trop tard pour retourner l'esprit d'un réceptionniste ou d'un maître d'hôtel, afin de se voir accorder une chambre luxueuse gratuitement. Et si tout s'avérait complet, alors, elle devrait se rabattre sur l'un des clients, afin d'user de ses charmes sur le malheureux.
Le souhait, formulé avec tendresse après des échanges qui le furent tout autant, lui est retourné en produisant un sourire doucereux à ses lèvres, sans que l’étonnement ne traverse ses traits. Peut-être dit-elle vrai en affirmant qu’il devrait se méfier d’elle mais, lui, ne considère pas qu’elle est une quelconque menace pour lui ; elle a souffert plus que de raison, expérimenté le rejet bien trop souvent, et a été piégée avec cruauté, devenant aussi méfiante que la raison l’exige.
La rencontre est douce, belle, pleine de promesses qui mourront sûrement avant l’aube parce que cet instant, privilégié, pourtant exposé au monde entier, n’appartient qu’à eux. Mais l’homme n’est pas naïf, et bien qu’il se sache privilégié de vivre ce moment avec elle, il sait que la fin de cette collision de leurs destins est sur le point de rompre : le silence s’installe, annonçant la rupture, peut-être, de cette bulle ô combien agréable et enveloppante.
Les deux ne se détachent pas, grippés l’un à l’autre sans pouvoir se quitter, comme si le paysage de leurs iris ne cessaient de se renouveler, de distiller des messages tant attendus, tant espérés : la belle blonde est la première à rompre le contact, un infime instant, quelques secondes durant lesquelles il se met à chercher son contact, presque jaloux de ce qui a pu l’en détourner. « Il doit se faire tard, » dit-elle en reposant toute son attention sur lui, amorçant ce qu’il croit être une demande de séparation. « Je suis convaincue qu'un homme tel que vous doit avoir des obligations. Et je m'en voudrais de vous en détourner. » « Non » rétorque-t-il d’une voix empressée, comme s’il avait eu à coeur de rétablir la vérité avec urgence, sans la quitter des yeux et sans s’éloigner d’elle. Comment le pourrait-il ? C’est magnétique. « Je vis seul. » Il mordille l’intérieur de sa lèvre, songeant que, peut-être, c’est elle qui est attendue ailleurs mais qu’elle n’a pas osé le formuler ainsi. « Je peux vous raccompagner, si vous voulez… » dit-il avec une fluette hésitation dans la voix, n’étant pas tout à fait sûr de la manière avec laquelle sa proposition va être reçue : il ne veut commettre aucune faute impardonnable, car il est armé des meilleurs intentions : il veut seulement passer encore quelques minutes en sa compagnie et si, pour cela il doit traverser la ville, alors, croyez-bien qu’il le fera, et sans déplaisir.
Cette intervention de la part de Morgan, ce 'non' lâché avec précipitation et toute la force du désespoir afin de dissuader Amora qu'elle était en train de lui faire perdre son temps, ce cri du cœur en disait bien plus sur les pensées du médecin que ce simple mot n'aurait dû le faire. Il avait été formulé avec urgence, dans le fol espoir d'empêcher une séparation qui manifestement était redoutée par le midgardien. Légèrement surprise, mais également flattée par une telle réaction, Amora esquissa un sourire en coin, regardant le jeune homme avec tendresse. Morgan n'avait pas besoin d'en dire davantage. La jeune femme avait bien compris que son interlocuteur ferait tout son possible pour étirer cette instant, pour prolonger cette rencontre à la saveur si particulière.
Et déjà, Morgan apportait une nouvelle précision. Une précision qui n'était pas nécessaire, et que pourtant, dans son élan et sa nervosité, il avait ajoutée. Il vivait seul. Autrement, ce soir, il n'avait pas envie de l'être. Ce soir, il était disponible pour rester aux côtés l'asgardienne. Réalisant sans doute la maladresse de ses paroles, tout autant que l'aspect désespéré qu'elle impliquait, il sembla regretter quelque peu d'avoir laisser sa langue en révéler un peu trop, se mordant subtilement la lèvre inférieure. Puis, d'une voix feutrée, étouffée par la timidité, il proposa une nouvelle fois à l'Ase de la raccompagner.
Cette fois-ci, ce fut à Amora de se sentir légèrement inconfortable, une respiration retenue et quelques battements de cœur se précipitant sous l'effet de ce que cette proposition impliquait, et surtout, ne manquerait pas de révéler. Cet inconfort, le médecin n'en était nullement responsable. Non, c'était Amora seule qui en était la cause ... ou plutôt, sa situation ... sa propension au mensonge ... une habitude qui avait fini par la rattraper.
La raccompagner, oui, elle n'aurait rien eu contre ... si seulement il y avait eu un endroit où se rendre. Mais pour l'heure, ce n'était pas vraiment le cas. L'Ase aurait très bien pu mentir, se faire raccompagner dans le hall d'un grand hôtel, sans que Morgan ne devine un seul instant qu'aucune chambre n'y attendait la jeune femme. Toutefois, elle ne se sentait pas vraiment de lui raconter un autre mensonge ... de se montrer malhonnête avec lui. Elle ne se souvenait que trop bien ce qu'elle avait ressenti, lorsqu'un peu plus tôt, elle l'avait déçu. Et il était hors de question qu'elle éprouve de nouveau cette sensation.
"Ce serait avec plaisir, mais ..."
D'un rire nerveux provoqué par l'inconfort, l'Ase s'interrompit. Une nouvelle fois, elle détourna le regard un instant, laissant ses iris émeraudes dériver sur la chaussée et la circulation de New York, avant de ramener son attention sur Morgan.
"A dire vrai, je n'ai pas encore déterminé où j'allais passer la nuit, finit-elle par avouer. Il me faut encore trouver une chambre d'hôtel."
La gêne n’est pas partagée mais s’alterne, quittant l’un pour aussitôt rejoindre l’autre : si le vampire s’enlise pitoyablement dans des phrases qui ne sont en rien ce qu’il veut dire, collectionnant des sous-entendus qu’il ne veut pas provoquer et révélant bien plus que ce qu’il voudrait dire, cela ne semble pas réellement troubler la jeune femme, qui le considère avec une tendresse qui paraît indéfectible.
Elle ne s’offusque pas non plus lorsqu’il annonce vivre seul : la phrase est innocente, du moins dans son esprit d’homme maladroit ne s’étant jamais essayé à la séduction — et ce n’est pas la démarche qui l’accompagne en cet instant, mais la nature de ses propos voudrait qu’on s’interroge de manière légitime. Désireux, donc, de rectifier le malentendu, car ne voulant point prétendre au rôle d’homme désespéré en mal de compagnie, il propose à la belle blonde de la raccompagner jusqu’à son domicile, preuve, il l’espère, qu’il n’attend rien d’autre que le prolongement de sa compagnie, sans aucune arrière-pensée douteuse.
Mais l’asgardienne affiche une mine tout à coup déconfite, comme si la demande de son interlocuteur lui provoquait un profond malaise ; devant le paysage contrarié de sa figure féminine, il fronce alors ses sourcils en laissant son sourire s’étioler sur ses lèvres car, s’il comprend l’expression silence de son visage, il espère ne pas être la cause de cet embarras. « Ce serait avec plaisir, mais … » Il devine que le mais est annonciateur du refus : il s’attend alors à ce qu’elle lui annonce qu’un homme ou une femme l’attend quelque part, ou qu’elle doive quitter New-York avant l’aube mais, comme son rire nerveux résonne à ses oreilles, il n’ose pas anticiper verbalement son propos, se sentant déjà suffisamment honteux d’être ainsi répudié.
Elle détourne le regard, fuyant les yeux qui l’observent en essayant déceler la parcelle de réponse qu’il attend, et qui surgit en même temps que son regard revient sur lui. « A dire vrai, je n'ai pas encore déterminé où j'allais passer la nuit. » L’incompréhension lui fait froncer les sourcils tandis qu’il maintient cette expression durant quelques secondes, les lèvres pincées. « Il me faut encore trouver une chambre d'hôtel. » Il ne comprend pas tellement comment et pourquoi une Asgardienne est laissée au ban de la société, mais il imagine que le sujet est trop douloureux pour être ainsi abordé en ces lieux. « Je vois… » dit-il de prime en battant des cils, sans véritablement oser laisser germer l’idée qui enveloppe tout à coup son esprit. Est-ce déplacé ? Il l’ignore, mais ne peut se résoudre à rester silencieux ou indifférent, alors qu’il a la possibilité d’apporter une solution, aussi temporaire soit-elle, à celle qu’il vient de rencontrer.
Il lui faut quelques secondes d’intense réflexion intérieure pour oser franchir le pas, essayant néanmoins de conduire sa formule de le plus clairement possible, pour ne pas laisser planer un quelconque malentendu qui serait douteux : « Eh bien, comme je viens de vous le dire, Amora, je vis seul. Je vous le propose sans arrière-pensée, sachez-le, mais si vous le souhaitez, je peux vous accueillir. » Réalisant tout à coup qu’une autre option existe, et qu’elle l’engage moins sur le plan de la peur, puisqu’il reste un illustre inconnu à ses yeux, il reprend, d’une voix toujours aussi calme et affable : « Ou je peux vous payer une chambre d’hôtel… Ce n’est pas grand chose, et cela me fera plaisir. » Puisqu’il vient d’acquérir une peinture pour une somme tout à fait astronomique, oui, on peut considérer qu’il a largement les moyens.
Une fois encore, Morgan s'avéra être dans une attitude d'écoute bienveillante à l'encontre de l'asgardienne, lui laissant la possibilité d'accepter ou non sa proposition de la raccompagner. Toutefois, lorsqu'il comprit qu'il était sur le point d'essuyer un refus, Amora put lire dans le regard cristallin de son interlocuteur tout le désespoir de voir cette entrevue approcher de sa fin. Pourtant, l'expression sur son visage ne tarda pas à changer lorsque la blonde lui expliqua qu'elle n'avait pas encore de point de chute pour la soirée. Ses sourcils s'étaient légèrement froncés, comme forgés par une forme d'incompréhension presque révoltée. Sans doute n'imaginait-il pas qu'une créature telle que l'Ase puisse ne pas avoir la certitude d'avoir un toit chaque soir. Et pourtant, les choses étaient encore précaires pour la jeune femme. Les solutions existaient, certaines plus discutables que d'autres, mais rien n'était véritablement acquis, tout du moins, pas sur le long terme.
Soudain, comme poussé par les ailes invisibles d'un courage jusqu'alors insoupçonné, Morgan se décida à prendre une initiative des plus inattendues dans cette rencontre, proposant alors à l'asgardienne de l'héberger. Face à cette offre, l'un des sourcils d'Amora se rehaussa subtilement sous l'effet d'une légère surprise, mais également devant la perspective d'une telle opportunité. Une part d'elle était satisfaite de cette proposition. Après tout, un toit était un toit, d'autant qu'après l'achat que Morgan venait de faire un peu plus tôt dans la soirée, il était évident qu'il ne devait pas vivre dans un trou miteux. Mais à côté de cela, une autre part de la jeune femme la poussait à l'inquiétude. N'était-ce pas un pas de plus vers la damnation pour ce malheureux ? Sans s'en rendre compte, n'étaient-ils pas en train d'emprunter un chemin dont l'issue était justement celle que s'efforçait d'éviter depuis un moment la magicienne ? Et tandis que le doute semait le chaos dans l'esprit de la blonde, Morgan proposa également de financer une chambre d'hôtel si jamais l'idée de se rendre chez lui la dérangeait. D'un mouvement négatif du menton, Amora déclina cette dernière offre. Non, elle n'avait pas besoin d'être soutenue financièrement. L'argent n'était pas un problème pour elle. A dire vrai, elle pouvait facilement obtenir tout ce qu'elle désirait, sans avoir à débourser le moindre sous. Elle avait tous les outils nécessaires pour savoir se rendre irrésistible et ainsi, se faire offrir tout et n'importe quoi. La preuve, sans même avoir cherché à le faire, c'était exactement ce qu'il était en train de se passer avec Morgan. Cette conclusion poussa une nouvelle fois l'Ase à laisser s'échapper un discret rire gêné.
"Je n'en doute pas, mais ... l'argent n'est pas un souci. Non ..."
Un nouveau moment de silence s'installa, laissant la phrase de la blonde en suspend, attendant une fin qui ne viendrait jamais, tandis que son regard s'était une nouvelle fois évadé vers une destination sans but précis. Se reprenant, l'asgardienne se redressa légèrement, chassant ces doutes qui l'accablaient lorsqu'elle les laissait l'assaillir. Aussitôt, elle regagna son sourire convivial, tout en replongeant son regard dans celui de Morgan.
"En revanche, je dois bien vous l'avouer, votre compagnie me fait le plus grand bien."
L’idée d’avoir dépassé les bornes vient aisément corrompre son esprit qui, bien qu’ayant avancé la proposition d’hébergement sans arrière pensée, se flagelle mentalement d’avoir osé formuler une telle chose ; la première solution revient à suivre un parfait inconnu chez lui pour y passer la nuit, et la deuxième impose d’être redevable à ce même inconnu, qui s’implique financièrement pour son confort… Rien de sécurisant ou de rassurant, et peut-être même que cela met la jeune femme dans un état de malaise tout à fait légitime, qu’il aurait dû anticiper. Il n’aurait pas dû dire ça, voilà les mots qui cognent contre son esprit tandis qu’il mordille le coin de sa lèvre sans oser reprendre la parole puisque, de toute évidence, même quand il est détaché de toute malignité il ne perd pas sa maladresse évidente.
Elle décline la compensation financière d’un mouvement de la tête, et il hoche la sienne de haut en bas sans rien ajouter, ne paraissant point déçu ou contrarié ; cela le peine grandement de savoir qu’elle est ainsi incertaine sur le toit qui sera sur sa tête la nuit venue, mais que peut-il faire de plus ? « Je n'en doute pas, mais ... l'argent n'est pas un souci. Non … » dit-elle avec un petit rire qui n’a rien de réjouissant, mais qui traduit plutôt la gêne que cette situation, ou cet aveu, lui procure : inconsciemment, il recule d’un pas tout en faisant persévérer un sourire amical sur ses lèvres, afin de ne pas l’importuner davantage. Il n’est pas trop près, là, ça va ? Ne pas envahir son espace, ne plus la toucher et ne plus lui faire de propositions indécentes, quand bien même ne le sont-elles pas à l’origine.
Mais s’il veut bien faire, et qu’il s’emploie à être le plus respectueux possible, il ne peut s’empêcher de se questionner : si l’argent n’est pas un problème, comment ce fait-il qu’elle soit sans domicile pour accueillir ses nuits ? La question s’impose d’elle-même mais, songeant que la jeune femme est suffisamment gênée, il ne la formule pas à voix haute.
Alors, le silence succède à cet échange qui n’en est pas vraiment un, et le jeune homme glisse machinalement ses mains dans les poches de son jean sans oser même l’observer, son regard doucereux déviant sur la gauche et la droite à la recherche de quelque chose d’intéressant à observer mais, en finalité, il revient bien promptement sur la belle qui se tient devant lui, et qui a retrouvé la splendeur d’un sourire jovial. Pas lui. « En revanche, je dois bien vous l'avouer, votre compagnie me fait le plus grand bien. » La phrase aurait pu le faire sourire si, à ses oreilles, elle n’avait pas sonné comme un refus absolu : elle ne veut pas de son aide et use d’une phrase somme toute élogieuse pour adoucir la négation, c’est ainsi qu’il comprend les choses. « Ça me touche beaucoup, Amora. » dit-il dans un premier temps, le bout de son pied chaussé frottant légèrement le bitume quand il reprend, calmement : « C’est totalement réciproque. » Il est sincère, si bien qu’un sourire commence enfin à se former sur ses lèvres quand il sent, dans la poche arrière de son pantalon, son portable vibrer ; il s’emploie alors à récupérer rapidement le téléphone pour lire le SMS reçu de la part de sa coéquipière, Charlie.
Le message n’est pas bien long et ne semble pas le contrarié, mais il va falloir qu’il rentre chez lui : demain, une longue journée l’attend. Il pourrait s’en morfondre s’il n’était pas si heureux de retrouver le chemin des laboratoires. « Il va falloir que je rentre… » annonce-t-il calmement et simplement en relevant son menton vers elle, incertain de l’issue de cette soirée. Quoiqu’il arrive, c’était une belle parenthèse enchantée.
Peu à peu, le visage de Morgan se fermait, son sourire s'évaporant pour ne laisser qu'une mine rongée par la morosité. Ses traits, si agréables à regarder jusqu'à maintenant, semblaient soudainement plus tirés, comme accablés par un poids invisible. Celui de la déception, à n'en pas douter. Bientôt, il effectua un pas en arrière, introduisant une distance entre l'Ase et lui, sans doute une façon pour lui de se préserver. Et c'était sans doute mieux ainsi s'était surprise à penser Amora. Son regard devint alors fuyant l'espace d'un instant. Cherchait-il à s'éloigner un peu plus d'elle en l'écartant de champ visuel, ou bien tentait-il de l'empêcher de deviner le message que ses iris d'acier hurlaient ? Peut-être un peu des deux.
Lorsque ses mains se glissèrent dans les poches de son pantalon, Amora y perçut un peu plus un désir de rompre le contact, la proximité. De cette façon, Morgan ne serait plus tenté de lui tendre une main, ou un bras, d'avoir un contact avec elle. Ses mains occupées, il les empêchait d'agir contre sa volonté, notamment en répondant à un besoin intangible que provoquait chez lui l'asgardienne. Une sage décision. Malgré tout, à la façon dont il frotta le bitume du trottoir de la pointe de sa chaussure, la blonde devina aisément l'inconfort que tous ces choix le condamnaient à ressentir. Sans doute aurait-il souhaité qu'il n'en soit pas ainsi.
Quelques paroles de réconforts prononcées par l'Ase parvinrent à rendre un discret sourire au médecin, mais non sans une certaine forme de difficulté, l'amenant même à indiquer à Amora qu'il éprouvait également cette même sympathie pour elle.
Ce fut à ce moment là qu'un message sur le cellulaire du médecin le pressa à mettre un terme à cette rencontre. Il était attendu ailleurs. D'une certaine façon, il avait été sauvé par le gong auraient dit certains. D'un délicat hochement de tête, Amora lui indiqua qu'elle comprenait parfaitement cet impératif qui l'amenait à devoir partir.
"Je comprends tout à fait, Morgan", le rassura-t-elle avec douceur.
Puis, s'approchant de lui, Amora retira la veste qu'il avait déposée sur les délicates épaules de l'Ase, afin de la lui rendre avant qu'il ne parte.
"Merci pour cette soirée et cette belle rencontre. Au plaisir de vous revoir, Morgan."
Franchissant le dernier espace les séparant, l'Ase vint déposer avec une tendresse presque surréaliste un baiser sur l'une des joues du médecin, y distillant une douceur chaleur réconfortante, avant de s'écarter de nouveau de lui, lui souriant largement. Relevant son étole sur ses épaules, et après un dernier regard, elle finit par lui tourner le dos, s'éloignant en remontant l'avenue d'un pas léger.
Hors RP:
Pas de panique. L'enchantement tissé sur les lèvres d'Amora ne fonctionne que lorsqu'elles touchent les lèvres de l'autre personne. Morgan reste donc totalement maître de sa volonté.
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