Finalement, sa réponse était facile à deviner, et elle se rendait compte que le fait de voler pour moi n'avais plus la même magie que les gens auraient eu dans les yeux en volant comme moi, même si c'était pour défendre mon pays. Elle avait compris que la routine avait brisé un peu le charme et que désormais, même si j'aimais ce que je faisais, je n'en tirais plus les mêmes satisfactions sinon celles du travail accompli.
Je sentais dans la lassitude de sa voie malgré tout qu'elle comprenais mieux que je ne l'aurais imaginé :
- Vous comprenez ce sentiment j'en suis sûr. Ce la se ressent quand vous me répondez. Je suis sûr que comme moi, vous aimez votre boulot, mais que la routine à changé votre façon de voir votre boulot. C'est compréhensible. On change de point de vue à la longue.
Je regardais dans sa direction encore et tendant la main avec un signe de tête : " Je peux ? " pour prendre de nouveau un marron. Je tentais ensuite une question à mon tour :
- Vous avez du en voir de belles avec votre métier. Ce n'est pas facile de travailler comme infirmières, surtout dans un service d'urgence. Vous devez courir tout le temps et les gens ne sont pas tous faciles. Je me suis toujours demandé comment vous faisiez pour garder votre calme dans ces cas là, Vous devez avoir un secret ?
Peut-être cela me serait utile de le savoir pour certaines situations délicates à gérer. Même si je savais négocier, il fallait quelques fois faire preuve de plus que ça, la philosophie seule, ne fonctionnait pas. Et on peut vite se trouver démunie face à une situation difficile à gérer. Face à des enfants, dans mon cas, par exemple. Des conseils avisés de personnes côtoyant des situations difficiles, même si ce n'était pas le même contexte, pouvaient apporté des conseils judicieux.
J'avais toujours été bluffé par le sang froid donc faisait présence le personnel médical, même et surtout en période de crise. Cela ne devait vraiment pas être facile de garder un esprit sain dans ces conditions. Et même nous, soldats, n'arrivions sûrement pas à leurs chevilles vu ce qu'ils devaient voir parfois.
La routine… Oui, ça vie avait été plutôt routinière jusqu’à sa rencontre avec Helmut. Il n’y avait bien qu’à l’hôpital qu’elle était absente. Chaque situation était différente, les réactions des patients ou de leur proche était toujours différentes. Il fallait s’adapter en permanence. En prenant son service elle ne savait jamais si la journée serait relativement calme ou particulièrement intense.
Sam lui demanda l’autorisation de prendre un nouveau marron avant de lui demander comment elle faisait pour gérer la pression de sa profession.
« Mais que vous êtes gourmand Mr Wilson ! » le taquina-t-elle en lui tendant le cornet.
Elle réfléchit un instant, avec une petite moue. Comment elle gérait le stress ? Elle avait l’impression que depuis quelques mois, elle ne gérait plus grand-chose depuis que sa plus grande source de tension était sa vie privé. L’hôpital était presque devenu sa bouée de sauvetage. Au moins là-bas, elle arrivait à faire la part des choses. Elle avait l’expérience nécessaire, même si chaque situation était particulière, que les agressions verbales étaient presque quotidiennes, et les tentatives d’agression physique guère plus rare, elle s’y sentait en sécurité. Elle était en terrain connu. Mais avait-elle vraiment une technique explicable pour gérer le stress ? Pas vraiment.
« Vous savez, ça fait déjà plus d’une décennie que je fais se travail. Et j’ai connu des périodes bien plus compliquées que ce qu’on peut rencontrer au quotidien. »
Elle marqua une pause et soupira en repensant à la temps gris où les mutants n’étaient plus les bienvenus et ou elle avait exercé plus ou moins clandestinement dans un dispensaire non officiel. Elle repensa à l’attaque de New York par les aliens menés par Loki. Elle était toute jeune alors. Cette période lui avait donné l’impression qu’après avoir fait quelques brasse dans une pataugeoire on l’avait jeté à la mer. Elle avait bien cru s’y noyer. Elle avait même faillit abandonner sa vocation.
Baissant la tête, elle piocha à son tour un marron et commença à le décortiquer avec concentration.
« Je ne sais pas si je peux dire que j’ai une technique particulière. Bien sur, à l’école on nous conseille de toujours garder une certaine distance émotionnelle avec les patients, de ne pas s’attacher, on nous apprend à désamorcer les situations difficiles… Mais, en fait, sur le terrain, on fait comme on peut. La théorie s’est bien, mais quand on travaille avec des vivants, ça résiste assez mal à la pratique. » expliqua-t-elle.
Elle releva les yeux et laissa son regard se perdre sur les eaux calmes du lac et eut un petit rire avant de reprendre.
« Je suis le genre de personne qui peut, au quotidien, se noyer dans un verre d’eau, qui stresse pour un rien. Mais, curieusement, je ne suis jamais aussi bonne qu’en situation d’urgence. C’est un peu comme si dans ses moments là, je passais en mode « pilote automatique ». Comme si je me coupais de mes émotions. Dans ses moments là, souvent je me sens très calme, avec les idées très claire. Je sais ce que j’ai à faire, et je le fais. » expliqua-t-elle avant de se tourner vers lui avec un petit sourire en coin « Bon, par contre, souvent, le retour de bâton est proportionnel. » Elle marqua une pause, baissant les yeux avant de continuer, d’un ton plus bas, presque un murmure. « J’étais toute jeune lors de l’attaque de New-York. Je venais juste de commencer ma carrière professionnelle. L’hôpital était en plein cœur de la zone des combats. » Une nouvelle pause, elle déglutit pour tenter de dénouer sa gorge serré avant de conclure. « Les semaines suivantes ont été très difficile psychologiquement. J’ai même envisagé de quitter la profession et la ville pour aller élever des moutons au milieu de nulle part. » confia-t-elle.
Elle se demanda si elle serait encore capable d’un tel détachement maintenant, avec son nouveau pouvoir qui avait éclot sur le tard. Au milieu d’un tel chaos, entouré de tant de gens émettant des émotions violentes, pourrait-elle fermer son esprit ? Au quotidien, ça lui demandait déjà un effort pour éviter de ressentir les émotions des gens qu’elle croisait, pour ne pas capter leurs pensées vagabondes. Elle avait remarqué que plus les émotions des autres étaient fortes, plus elle les captait. Alors, entourée de gens terrifiés, arriverait-elle à ne pas se faire submerger ? Il ne lui restait qu’à espérer que ce genre de situation ne se produirait pas avant qu’elle ait une meilleure maîtrise de ce nouveau pouvoir.
Chacun faisait comme il pouvait. Azilys ne faisait pas exception. Elle faisait comme elle pouvait en espérant tenir. C'était une chose qu'on avait en commun, encore une fois. En période de stresse, je me mettais comme en mode auto pilote... C'était dans mes gênes, dans mon sang, les réactions se faisaient alors naturellement et mes connaissances prenaient le dessus sans même à avoir à réfléchir. J'étais comme un drone piloté par mes pensées inconscientes. Actions et réactions arrivaient comme des données dans le cerveau et étaient traitées directement par mes neurones. Comme un ordinateur répondant à une action dans la milliseconde.
- Je vois qu'on est pas si différents, vous et moi. Dans les périodes de stress, ce sont mes instincts qui se réveillent et je répond naturellement sans réfléchir comme piloter à distance. Comme si je connaissais toutes les réponses sans avoir à les consulter.
Elle faisait références aux attaques de New York. Je n'étais pas sur place à cette époque, mais je me souvenais malgré tout que je regrettais ne pas avoir été là. Je ne connaissais personne parmi le SHIELD et encore moins les Avengers fraichement réunis par Nick Fury. Donc, je n'aurais pas su ce qu'il se passait si je n'avais pas été alerté par un ami, à la base où je me trouvais à ce moment là. Nous avions alors suivi les infos en continue, complètement ahuris. Mais notre détachement n'avait pas été appelé pour aider. Peut-être aurions nous été utiles... ou peut-être pas. Mais je me souvenais avoir été scotché à l'écran, ne croyant pas ce que je voyais alors. Des aliens, passés par un portail avaient envahis New York. Par la suite, j'avais appris que Loki était la cause de tous ces tourments. Fidèle à lui-même, il croyais pouvoir nous assujettir pour s'offrir un trône. C'était mal connaître les Terriens !
- Je n'étais pas non plus sur New York à cette époque. Mais j'avais suivi les infos, comme beaucoup. J'imagine que j'aurais participé à la bataille, si cela avait été le cas. Des aliens ! Qui aurait pu croire qu'un jour, on se ferais attaquer par des aliens passés par un portail ! Fou non ? Beaucoup de gens se sont retrouvés à faire des choses qu'ils n'auraient jamais fait. Cela a sûrement forgé leur future carrière, comme cela a forgée la vôtre. Vous avez décidé de rester. Vous avez décider de prendre le taureau par les cornes et de foncer alors que beaucoup ont fuit pour ne plus revenir. Normal d'y avoir songé, mais est-ce que cela aurait changé quoi que ce soit ? Peut-être que ce n'aurait pas eu lieu à New York. Cela aurait pu se passer n'importe où, concours de circonstance selon moi. Mais le vie est ainsi faite, des concours de circonstances... Et ce qui la rend si intéressante à mes yeux. On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Et cela permet de faire des rencontres. Regardez ce qui s'est passé pour nous deux aujourd'hui. Incroyable n'est-ce pas. Peut-être que si vous n'aviez pas osé et si je n'avais pas répondu à l'invitation, nous ne ferions pas connaissance et la routine reprendrais son cours... Mais faut-il vraiment rester dans sa routine ? Je ne pense pas. Si j'ai décidé de venir ici, c'est que je me suis dis que la vie était faites de circonstances que je ne voulais pas rater, je ne le souhaite plus en fait. La vie est trop courte pour se poser des questions. On peut mourir demain et on ne dois pas passer à côté du plaisir de rencontrer des gens tout ça parce qu'ils peuvent être une menace. Qu'aurais-je eu à craindre de vous, infirmière dans un hôpital ? Mais la crainte nous rend trop méfiants et on en perd jusqu'au plaisir simple de rencontrer des gens. Je ne souhaite plus ça. Et je suis finalement ravi d'avoir osé, tout comme vous.
Je demandais encore à me servir un marron en ajoutant :
- Les plaisirs de l'hiver ! On ne peut en profiter que quelques semaines alors, oui, je suis gourmands parce que cela va avec le plaisir de bavarder. Peut-être voudriez vous une autre boisson chaude si je vous l'offre ?
Nous pouvions rester là, où aller au chaud si elle préférait. Mais je voulais surtout savoir si je ne prenais pas trop de son temps. Peut-être avait-elle quelques chose d'autre de prévu :
- A moins que vous soyez pressée, vous avez peut-être prévu d'aller dormir un peu ou de faire d'autres choses ? Je ne voudrais pas m'imposer.
Elle écouta sa réponse en mâchonnant un nouveau marron. Elle l’écouta parler des hasards de la vie, des rencontres qu’on fait et qui influent sur nos choix. De la peur aussi, qui parfois, amène à se replier sur soit, à se recroquevillé dans une routine rassurante pour limiter les risques.
La fragilité de la vie humaine, elle était bien placé pour la connaître. Tous les jours, à l’hôpital, elle y était confrontée. Un instant, on était en famille, autour d’un repas, à faire des projets pour le week-end ou pour les études des enfants, et l’instant d’après, on se retrouvait étendu au milieu de la porcelaine cassé, au milieu des cris et des pleurs, parce que c’était l’heure, et qu’une défaillance corporelle avait signé la fin de la récré. Un instant on était en boite, en train de rire, de s’amuser, avec des personnes rencontrés quelques minutes plus tôt, au grès d’une soirée improvisée pour se changer les idées. L’instant d’après on se retrouvait au milieu des flammes et du sang, les poumons déchirés par un poison inconnu. Un instant on savourait la beauté saisissante de la ville la nuit, d’un haut d’une nacelle dans un parc d’attraction, l’instant d’après, on s’accrochait aux ridelles de la nacelle pour ne pas tomber par dessus bord.
Elle baissa le nez vers son gobelet de café, pour dissimuler le rictus amer plissa ses lèvres. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les deux dernières fois où elle avait décidé de se changer les idées en rencontrant du monde et en profitant de la vie n’avait pas été de franches réussites.
Azilys releva les yeux, peut-être un peu trop brusquement, lorsqu’il prit l’exemple de leur rencontre pour illustrer son propos. Il n’avait pas idée qu’elle était justement le contre exemple parfait. Oui, qui pourrait voir en elle une menace ? Elle était de ceux qui soignent, de ceux qui sauvent. Sa question rhétorique lui fit prendre conscience de sa dangerosité. Bien sur, elle n’était pas animé d’intentions belliqueuses, elle était quelqu’un de profondément gentil et bienveillant, mais elle savait aussi qu’avec ses pouvoirs, elle avait un potentiel de nuisance aussi involontaire qu’important.
Et puis, il y avait ses… fréquentations. Elle voulait croire que Zemo ne se servirait pas d’elle pour atteindre ses objectifs, mais pouvait-elle en dire autant de ses associés ? Et la question restait valable pour les Avengers avec qui elle avait été en contact. Rocket lui avait promis qu’il ne la trahirait pas, mais ne serait-il pas tenté d’utiliser la jeune femme pour atteindre Zemo ?
Et Sam ? Elle observa son profil. Il était assis à coté d’elle, détendu, confiant. Comment réagirait-il s’il découvrait que celle qu’il venait de prendre pour exemple d’une rencontre sans risque, d’un personne dont on n’avait rien à craindre était la compagne du pire ennemie de ses amis ? Qu’elle était une mutante ? Qui plus est une mutante avec des pouvoirs important ?
Sa proposition de continuer cette conversation autour d’une nouvelle boisson chaude la pris de court. Elle aurait du refuser, dire qu’elle avait à faire, qu’elle était fatiguée, mettre fin à cette rencontre et retourner se terrer dans son terrier. Ça aurait été plus prudent, pour lui comme pour elle. Pourtant, elle n’en fit rien.
Après tout, rien ni personne ne l’attendait chez elle. Helmut s’était de nouveau évaporé, probablement occupée à quelques rencontres avec des personnes peu recommandables, a traiter des affaires qui devait l’être encore moins. Elle n’avait pas envie de se retrouver seule à ruminer ses souvenirs traumatiques et ses questions existentielles.
Le froid commençait à se faire plus mordant, un petit vent d’est glacial s’était levé. Le cornet de marron, à présent vide, ne lui réchauffait plus les mains et elle sentait le froid envahir ses doigts. Elle le froissa et le mis au fond de son sac pour le jeter dés qu’ils croiseraient une poubelle, avant de souffler sur ses doigts et de frotter ses mains l’une contre l’autre pour les réchauffer.
« Il y a un petit Diner au coin de la rue. » Proposa-t-elle, en désignant la sortie la plus proche d’eux. « J’avoue que je ne serai pas contre une nouvelle boisson chaude. »
Une brise fraîche soufflait et on sentait bien le froid maintenant. L'hiver s'était vraiment déjà installer et cela ne faisait que commencer. Les températures allaient encore descendre encore et bientôt il neigerait à gros flocon pour couvrir la ville de manteau épais et blanc. Il était temps de bouger pour se réfugier dans un endroit plus chaleureux. Ainsi Lorsque la jeune femme accepta l'invitation, non sans une petite hésitation, elle proposa un endroit proche mais douillet et plus chaud pour nous installer et boire une nouvelle boisson chaude pour vite nous réchauffer.
J'acceptais de la suivre au diner du coin, il y avait toujours des boissons chaudes à volonté et surtout quelques petites pâtisseries ou autre en cas pour accompagner tout ça. Une fois n'était pas coutume.
- Je vous suit, c'est une excellente idée. et nous quittions ensemble le banc où nous étions installés pour marcher d'un bon pas vers le diner. Il ne fallait pas beaucoup de temps, le diner était tout proche selon elle. Alors nous voilà partis pour poursuivre notre conversation tout en marchant.
- Je sais qu'on ne se connait pas encore, mais que diriez vous de se tutoyer, cela serait un début ?
En général, si la personne acceptait d'était un bon présage. C'est qu'elle acceptait un certain accord tacite pour une éventuelle amitié. Je n'étais pas du genre à refuser un nouvel ami quand j'en avais l'occasion. Et j'en avais dans tous les quartiers et surtout venus de tous horizons. Je ne jugeais personne, je laissais simplement faire les choses quand elles présentaient. Et même si des personnes étaient moins recommandables, cela ne signifiait pas qu'on ne pouvais pas devenir amis. On pouvait bien devenir ennemi avec des proches de soi, des collègues... alors l'inverse fonctionnait aussi.
Je me souvenais des accords de Sokovie qui avaient divisé les Avengers à une époque et Clint et Natacha ne faisaient pas vraiment parti du même camp, choisissant de se retrancher chacun dans un camp différent, et pourtant, ils étaient amis et l'étaient resté jusqu'au bout. Rien n'était impossible. J'espérais qu'elle pouvais penser comme moi et se laisser la chance de faire de nouvelles rencontre, peut importait le contexte.
Le froid avait vidé les allées du parc des flâneurs et des familles venue faire le plein de ce semblant de nature coincé au milieu des buildings. Il n’y restait plus que les acharnées de sports réchauffés par l’effort de leur footing, leur respiration rythmée par les petits nuages de buées qui s’échappaient de leur lèvres.
Azilys resserra autour d’elle les pans de son manteau, glissant ses mains dans ses manches pour les réchauffer. Elle devait bien reconnaître que la perspective d’un chocolat chaud et d’une pâtisserie dans l’ambiance chaleureuse du petit établissement de quartier était des plus réconfortante. Même si, elle se demandait encore si c’était une bonne idée de l’avoir proposée.
Tout en marchant, elle regardait Sam du coin de l’œil en ce disant que le hasard était quand même moqueur. Des années qu’elle vivait à New-York, elle n’avait jamais eu l’occasion de croiser un de ses protecteurs. Et maintenant que ce genre de fréquentation pouvait devenir potentiellement problématique pour tout le monde, elle tombait dessus au coin de la rue.
Elle eu un petit sourire en repensant à sa rencontre avec Rocket, se demandant s’il s’était remis de sa gueule de bois. Elle se dit qu’elle lui enverrait un sms pour prendre de ses nouvelles, avant de renoncer. Il devait avoir d’autre chats à fouetter, et pas forcément l’envie d’avoir des nouvelles d’une proche de son pire ennemies, même si elle devinait qu’il ne lui tenait pas rancune de cette soirée animée. Vu que son appartement n’avait pas été pris d’assaut au petit matin, elle devinait qu’il avait tenu sa promesse.
Le silence s’était installé entre les deux marcheurs. Lys avait plongé son nez glacé dans les plis de son col. Ce fut Sam qui le brisa en premier, proposant de passer une nouvelle étape en se tutoyant. Elle tourna la tête vers lui en souriant.
« Oui, pourquoi pas. » accepta-t-elle simplement alors qu’ils arrivaient en vu de leur destination.
Elle le précéda dans la petite salle, saluant les habitués et la serveuse, avant de se diriger vers la table qu’elle prenait habituellement quand elle venait prendre une collation entre deux services. Puis, se rappelant qu’elle était accompagné, elle se tourna vers Sam, qui n’était pas vraiment passé inaperçu, si elle croyait les regards plus ou moins discrets que certaines posaient sur lui. Elle se demanda si cet intérêt était lié à sa célébrité ou simplement à son charme. Concernant la serveuse, elle penchait plutôt pour la seconde option. Elle le regardait comme un chat guettant un canaris, visiblement impatiente de les voir s’installer pour venir prendre leur commande.
« Ici ? Ça te conviens ? » lui demanda-t-elle.
Sam n’ayant pas pas trouver à redire à son choix, ils s’installèrent sur les banquettes, derrière la baie vitrée donnant sur la rue. Azilys baissa le nez et se mordilla la lèvre pour ne pas rire en voyant la serveuse se précipiter vers eux sans leur avoir laissé le temps d’ouvrir les menus.
« Salut Lys ! Comme d’habitude ? » embraya-t-elle avant de se désintéresser de son habituée pour s'occuper de sa cible du jour. « Vous avez fait votre choix ? » demanda-t-elle à Sam d’un ton ronronnant, tout en minaudant sous le regard amusé de l'infirmière.
Elle croisa le regard de Sam, et en profita pour tenter d'exercer un peu ses nouveau talents. « On dirait que tu as une touche » glissa-t-elle sans un mot. Sam allait probablement se demander d'où lui venait cette pensé. Après tout, il ne savait pas que sa nouvelle amie avait certains dons.
Il n'y avait pas à dire, il faisait maintenant vraiment froid. Je regrettais de ne pas avoir pris une paire de gants. Mais l'idée était appréciée. Et une bonne boisson chaude ne serait pas de refus. Une place fermée, avec le chauffage de surcroit. Nous pourrions nous réchauffer les mains devenues glacées. Je voyais bien Azilys le cacher dans ses manches après avoir resserré son manteau. Mon écharpe me permettait de ne pas avoir trop froid, mais maintenant, mes doigts s'engourdissaient. Il n'y avait visiblement pas beaucoup de monde assis, seuls les plus courageux, bien couverts avait stagné autour du lac un moment avant de partir. Seuls les joggeurs semblaient faire de la résistance. Rien n'aurait su arrêter les New Yorkais de courir en tout occasion et par tous les temps.
Nous marchions en silence côte à côte. Azilys connaissait sûrement mieux le quartier que moi, je me laissais donc guider. Nous n'allions pas loin, une belle devanture avec des lettres dorées. Un endroit simple et chaleureux. Je lui suivait de près et nous nous installions près de la baie vitrée, près de la grille de chauffage, sur une banquette moelleuse. A peine étions nous installée qu'une serveuse marchait d'un pas vers nous. Elle connaissait la nouvelle venue qui semblait avoir ses habitude ici : " Salut Lys, comme d'habitude ? " Puis elle se tournait vers moi les yeux brillants et poursuivait sans même attendre la réponse de Lys : " Vous avez fait votre choix ? "
Elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Cela l'amusait au plus haut point. Il fallait dire que la serveuse semblait mielleuse comme un chat, me faisant les yeux doux et adoptant un ton roucoulant. Et j'entendais soudain comme une de mes pensées, mais avec une voix féminine que j'aurais dit être celle de Lys : " On dirait que tu as une touche ". Cela me perturbait un peu. D'ordinaire mes pensées ne tintaient pas comme une voix dans ma tête. Mais il fallait que je réponde à cette fille pour essayer de la voir s'éloigner pour préparer la commande afin de pouvoir parler librement à Lys.
- Heu... Et bien, je vais prendre un latte avec un muffin s'il vous plaît.
Je sentais l'amusement de Lys qui me voyait bafouiller un peu, mais la ruse fonctionnait, Lys avait acquiescé, et la serveuse s'éloignait enfin.
- J'ai bien cru qu'elle allait me dévorer tout cru !
Je le sentais pouffer, et je riais en me cachant et en évitant de faire trop de bruit. Mais j'en revenais à cette sensation étrange et je lui posais la question, quitte à passer pour un dingue. Mais je savais qu'il existait des gens capables de choses étonnantes, pour cause j'avais assisté à la conférence du Professeur Xavier sur les mutants et j'avouais être un peu larguer sur le sujet. Mais je me demandais...
- Je vais te confier un truc, mais tu me promets de ne pas te foutre de moi. Quand la serveuse m'a fait son discours mielleux, je me suis surpris entendre une voix dans ma tête, mais qui n'était pas la mienne me disant que j'avais une touche... Je crois que la conférence que j'ai suivi sur les mutants dois avoir un effet bizarre sur moi.
Un peu d'humour pour faire croire que c'était moi qui me faisait des films, mais il n'empêche que la pensée s'était bien infiltrée dans mon esprit. J'aurais pensé exactement la même chose mais en y ajoutant "mon vieux". C'était intriguant, mais c'était pourtant ça, elle me faisait du gringue, je l'avais pas rêvé.
- Je crois qu'elle m'a reconnu. J'espère seulement qu'elle va pas essayer de me refiler son numéro ou encore me demander un selfie.
Je clôturais avec un rire étouffé qui faisait bien rire Lys. C'était la rançon du succès, sauf, que des fois, je m'en passerais bien. Difficile de rester incognito. Je voulais maintenant que Lys me donne son avis sur ces pensées étranges qui m'avaient envahis à ce moment là et que j'avais du mal à occulter. Il n'y avait pas grand monde autour de nous. Peut-être y avait il un témoin de la scène, un mutant qui aurait pensé assez fort pour que je l'entende. Rien n'était si impossible que ça.
Lys suivit des yeux la serveuses qui s’éloignait presque à regret de leur table, tout en jetant des coups d’œil qui se voulait discret par dessus son épaule. Sans qu’elles ne soit amis, Lys la connaissait bien. Le petit diner n’était pas ce qu’on pouvait trouver de plus proche de l’hôpital, ce qui évitait qu’il ne soit pris d’assaut par les familles des patients ou par le personnel soignant. Et parfois, l’infirmière avait besoin de prendre un peu de distance pendant ses poses. Et elle avait trouvé cet endroit qui était parfaitement adapté. Au fil du temps, elle avait eu le temps d’observer la faune qu’on y trouvait, habitués et personnel.
La jeune serveuse lui était sympathique. Elle tombait amoureuse environ cinq ou six fois par jours. Elle s’était douté que Sam, avec son physique avantageux, son visage avenant et son regard de braise ne pouvait que lui taper dans l’oeil. Elle ne s’était pas trompée. Tout à son amusement, elle s’était permise une petite facétie. Mais lorsque Sam lui parla de la petite voix dans sa tête, qui n’était pas la sienne, elle réalisa le risque que ça représentait. Elle apprit au passage qu’il existait des formations sur le phénomène mutant. Même si elle n’en était pas particulièrement surprise, cette idée la dérangeait un peu. Il fallait qu’elle se montre plus prudente.
« Vraiment ? Ils font des conférences sur les mutants ? C’était intéressant ? Tu as appris des choses intéressante ? » demanda-t-elle d’un air curieux.
Du coin de l’oeil, elle voyait la serveuse, s’agitait derrière son comptoir pour préparer aussi rapidement que possible leur commande et avoir ainsi une excuse pour revenir faire les yeux doux à Sam.
« Pour ce qui est de Maddy, je ne jurerai pas qu’elle t’ai reconnue. » dit-elle en changeant de sujet. « Je dirais même qu’elle ne t’as certainement pas reconnue. Si tel était le cas, elle serait devenue timide avant de te demander si tu pouvais lui signer un autographe. C’est juste que tu est tout à fait le genre d’homme qui lui plaît. » Elle sourit en voyant la jeune femme revenir vers eux avec son plateau chargé de leur commande. Lys n’avait même pas besoin de son pouvoir pour voir les question qui s’agitait sous les boucles de la brunette. Elle se demandait clairement qui était le compagnon de l’infirmière. Collègue ? Connaissance ? Ami ? Plus que ça ? Serait-il mal venu de tenter sa chance avec ce beau black aux yeux de velours ?
Le téléphone de Lys tinta. Lui donnant une excuse pour détourner le regard. Même s’il ne s’agissait que d’une alerte pour une pub, elle fit mine de se passionner pour le message, tout surveillant le cours des évènements du coin de l’œil. Elle aimait bien observer les gens, elle trouvait que leur langage corporel était beaucoup plus authentique et révélateur que leurs mots.
Parlant des mutants, je n'y connaissais pas grand chose mais grâce au Professeur Xavier, j'avais pu avoir des infos intéressantes. Je devais ça au fait que j'étais un Avengers, sinon, je n'aurais pas eu ce privilège. Mais cela m'avait du coup permis d'en apprendre assez pour avoir plus confiance.
- Je me suis surtout aperçu que j'y connaissais fichtrement rien. Mais j'ai eu la chance de pouvoir parler avec Charles Xavier - petit privilège d'Avengers on va dire - et j'ai pu en apprendre assez pour ne pas en avoir peur. C'est toujours bien de savoir, mais je me dis qu'il ne vaut mieux pas tout savoir. Il y a tout de même des mutants très puissants ! Mais s'ils savent utiliser leurs pouvoirs correctement, c'est rassurant. Et je sais que la plupart d'entre eux le font.
Je n'avais pas réellement peur des différences, mais plus du fait que leurs pouvoirs pouvaient faire aussi du mal, beaucoup de mal s'ils étaient mal utilisés. Je n'avais aucun mutant dans mon entourage direct, mais j'en connaissais quelques uns tout de même et je n'avais jamais eu à me méfier d'eux. Il n'y avait pas de raisons que cela change.
- As-tu des mutants dans ton entourage ? Moi aucun. Mais j'aime bien en savoir un minimum. C'est bon de savoir qu'il y en a et qu'ils contrôlent leur pouvoir pour la plupart, si ce n'est pas dire tous. Et ils sont plutôt bien encadrés. C'est une bonne chose. Cela doit être inquiétant de découvrir qu'on a des pouvoirs sans savoir quoi en faire...
C'était le premier sentiment qui me serait venu à l'esprit si cela avait été le cas. Je me mettais volontiers à leur place. Il fallait dans ce cas les comprendre.
Mais pour en revenir à la serveuse, Azilys la connaissait et l'appelait par son prénom. Alors comme ça, Maddy - c'était son prénom - Aimait mon genre d'hommes. Voilà qui rendaient les choses plus délicates. C'était juste parce que je lui plaisait. J'avais été bien maladroit. Je n'étais pas vraiment habitué en fait. Faute de temps sûrement. Je sentais pourtant une certaine gène et je comprenais que cela n'avait rien à avoir avec Maddy et ma maladresse. Alors s'agissait-il des pensées parasites dans ma tête ? Sûrement. Mais si elle évitait le sujet, je n'allais pas la forcer à en parler. Elle ne savait peut-être pas de quoi je voulais parler. Mais cela me trottinait gentiment dans la tête jusqu'à penser : " Imaginons qu'elle puisse lire mes pensées, elle me trouverais vraiment maladroit et un peu bizarre... à moins que... " Et si elle en savait plus qu'elle ne le laissait dire. Mais je préférais ne pas la mettre plus mal à l'aise. Le sujet ne serait plus évoqué si elle ne souhaitait pas, mais si elle voulait en parler, j'étais la personne qui savait écouter et surtout qui savait rester discrète.
Mais Maddy revenait déjà avec notre commande. Je la remerciais, au moins, elle ne dirait ainsi pas que j'avais été un peu hautain et que je l'évitais. Elle était si avenante, cela aurait été dommage. Et un sourire en prime lui ferait plaisir et ça ne coûtait rien.
Les mutants avaient toujours été un sujet de conversation délicat pour elle. Mais, sans même s’en rendre compte Sam venait de lui faire prendre conscience que c'était devenue un terrain glissant et carrément casse-gueule depuis qu'un nouveau pouvoir lui avait poussé. Un pouvoir bien encombrant, dont elle ne savait trop que faire, déjà qu’elle s’embarrassait parfois avec sa télékinésie. La remarque de Sam l’utilisation correcte que la plupart des mutants faisait de leur pouvoir provoqua chez elle deux réactions opposés. Un éclat de rire réprimé qu’elle noya dans une gorgé de sa boisson, et une bouffée d’angoisse qui rendit l’exercice douloureusement désagréable et provoqua une fausse route qui la fit tousser.
Que penserait-il s'il savait que la jeune femme vaguement gaffeuse et maladroite qu'il avait en face de lui possédait de puissants pouvoirs et qu'en plus, contrairement aux protégés du Professeur Xavier, elle avait dû apprendre sur le tas, à une période où il ne faisait pas bon être différent ? Serait-il toujours aussi rassuré ou prendrait-il ses jambes à son cou ?
Elle se dit que décidément, elle ne survivrait pas à cette conversation lorsqu’il enfonça le clou en se disant rassuré de savoir les mutants bien encadrées et dut faire un gros effort pour se retenir de monter sur ses grands chevaux. L’encadrement des mutants était un mauvais souvenir pour elle. Souvenir d’une période sombre où « encadrement » signifiait plus « enfermement ». Elle se demanda dans quel camps se trouvait le jeune Sam à ce moment-là, et sentit un flambée de colère et de rancœur irradier dans sa poitrine. Dans le dos de Sam, les verres, tasses et assiettes abandonnées sur une table que venait de quitter un petit groupe d’étudiant rencontrèrent le carrelage dans un grand fracas de faïence brisée au moment où Maddy passait à coté après avoir déposé leurs commande.
Elle se calma en se rappelant qu’il parlait de l’encadrement que le Professeur Xavier offrait aux élèves de son institut.
Elle ne connaissait pas l’homme, mais elle savait tout ce qu’il avait fait pour aider et protéger les jeunes mutants à une période où la mutation était encore considérée comme une maladie dangereuse et où certains avait sérieusement envisagé des méthodes définitives pour éradiquer l'épidémie. Elle savait aussi le rôle qu’il avait joué lors des années de plombs et que si les mentalités avaient suffisamment évoluées aujourd’hui pour que les mutants puissent s’afficher au grand jour, il y avait beaucoup contribué.
Au moins Sam n’était-il pas ouvertement hostiles. Sa poussée de colère ayant aussi boosté sa télépathie, elle percevait quelques bribes de pensées vagabondes autour d’elle. Celle de Maddy, qui se demandait comment elle pourrait s’y prendre pour arracher son 06 à ce black tout à fait à son goût, mais surtout celles de Sam qui s’inquiétait d’avoir été maladroit. Elle s’en voulu aussitôt d’avoir réagit aussi violemment, même si, finalement, les seules victimes avait été quelques pièces de vaisselle.
Il se posait des questions, il était curieux d’un phénomène qu’il ne comprenait pas faute de le vivre lui-même. Comment pouvait-elle lui tenir rigueur d’avoir quelques défiances face aux pouvoirs des mutants alors que son propre compagnon faisait parti de ceux qui estimait qu’on devrait tous les éradiquer. Un début de migraine pointa son nez sous son crâne.
« Non, il n’y a pas de mutants dans mon entourage. » répondit-elle en essuyant ses yeux larmoyants et ses lèvres avec une serviette en papier.
Après tout, ce n’était pas vraiment un mensonge. Elle même ne faisait pas partie de son propre entourage. Et à sa connaissance, il n’y avait pas de mutants parmi ses amis et sa famille. Encore que, la question pouvait se poser pour son squatter mental. Strange, Loki, Cape et Rocket, tout aussi bizarre qu'ils puissent être n'étaient pas des mutants au sens strict du terme, et elle ne les aurait de toute façon pas qualifié de "proches".
« Mais, j’en ai croisé à l’occasion, que ce soit dans mon travail, ou en soirées. » Elle baissa le nez vers son mug. Elle n’avait pas envisagé de parler de la soirée « Carnage » au Rabbit Hole. Mais après tout pourquoi pas. Elle n’avait plus évoqué le sujet avec Helmut après l’horrible dispute qui avait faillit les séparer pour de bon. Bien sur elle avait bénéficié du suivi psychologique mit en place, mais même si ça faisait du bien de parler, un psy avait un devoir de réserve qui avait quelque chose de frustrant.
« C’est horrible ce qui s’est passé il y a quelques mois. Cet attentat contre les mutants au Rabbit Hole. » Dit-elle dans un murmure sans préciser qu’elle même avait fait parti des victimes.
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