—08/08/2024 Cette envie qui me dévore depuis longtemps déjà. Ce sentiment, cette impression d’être vivante dans les bras d’un homme. Je l’ai cherché, oh j’aurai pu la trouver avec n’importe qui, mais justement. Ce n’était pas ce que je voulais. Céder au premier inconnu qui passerait et qui deviendrait mon amant pour la nuit. Ce n’est pas ce que je souhaite. Je ne veux pas un inconnu. Je ne veux pas n’importe qui. Tu n’étais pas n’importe qui. Certes nous ne nous connaissions pas, nous étions à vrai dire presque des inconnus, mais c’était différent. J’ignorai pourquoi. Peut-être parce que nous avions combattu ensemble ? Peut-être parce que nous avions eu cette connexion un peu plus tôt. Mais je m’étais laissée charmer par les sirènes du maitre des arts mystiques. Intérieurement je trouvais cela tellement drôle que nous nous soyons croisés, et … imbriqués. Mystique, maitre des arts mystiques. C’était comme si la destinée l’avait voulu. Mais il fallait que j’arrête de penser et que je me concentre sur toi. Sur moi. Sur nous.
Les deux coudes posés sur tes épaules, je donnais la cadence que tu semblais suivre. Mes lèvres s’entrouvrirent pour laisser échapper un souffle chaud qui vint rapidement s’écraser contre tes lèvres.
Au gré des vagues je suivais plus ou moins le mouvement de l’océan des sons caractéristiques s’échappant d’entre mes lèvres de temps à autre. Et alors que je commençais à vraiment me laisser un peu plus aller, je te sentis te tendre.
Tu m’avais prévenu. Je n’étais pas surprise. Juste légèrement frustrée car j’aurai pu te retenir captif encore longtemps. Le cœur battant, mes cuisses se resserrent autour de toi, alors que je mordillais ma lèvre, profitant de l’instant. J’avais pris du plaisir, brièvement, mais tout de même. Je savais que j’étais du genre gourmande sur le sujet …
Mon front contre le tien, je fermais les yeux, juste pour prendre le temps de retrouver un rythme cardiaque normal alors que je glissais mes mains dans tes cheveux. Nez contre nez, front contre front, je n’osais rompre ce silence si précieux entre nous.
Ce ne fut que quelques minutes après, que j’ouvrais finalement les yeux, séparant mon visage du tient, mes yeux couleur or se posant dans tes prunelles, avec une certaine malice, alors que je desserrais finalement un peu mes cuisses autour de toi.
- Tout va bien ?
Bien évidemment la question sous-jacente étais : « Tu vas bien ? ». J’avais peur de ne pas vraiment t’avoir apporté le plaisir que tu attendais. Ce n’était pas ma première fois dans l’eau certes, loin de là…. J’affectionnais tout particulièrement le milieu aquatique. Sans trop savoir pourquoi d’ailleurs. Mais, enceinte … Avec mon petit ventre, c’était la première fois. J’avais lu sur des sombres forums que certains hommes n’osaient pas vraiment avoir de relations sexuelles lorsqu’une femme portait la vie. Ou bien qu’il se retenait. Mais je n’étais pas une brindille sur le point de rompre.
Je sous-entendais aussi, ou du moins je l’espérais que tu avais apprécié l’instant, et que même s’il fut assez court, mais bien plus long que ce à quoi tu m’avais prévenu, je n’avais pas été la seule à ressentir. Tu disais être un mauvais amant, mais tu avais quand même pris le temps de découvrir mon corps à l’aide de tes mains, et si nous avions été ailleurs, je suis sûre que cette étape ce serait allongée. Et moi aussi d’ailleurs au passage.
Et si tu avais été abstinent un long moment, ce n’était pas étonnant qu’il te faille quelques coups d’essais avant de retrouver la forme que tu pouvais avoir auparavant. Si jamais tu cherchais un cobaye pour les heures qui nous restaient j’étais plus que partante. Mais je ne pouvais le dire sans passer pour une … Une Marie couche toi là. J’entendais déjà les langues de vipère : après le maitre de la confrérie des mauvais mutants, le soldat de l’hiver, le chef des gardiens de la galaxie, voilà qu’elle se faisait le maitre des arts mystiques, le sorcier suprême, le seul et l’unique.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Je n’avais pas l’intention de partir tout de suite. De toute façon, je n’en ai probablement pas la force non plus. Tes cuisses m’enserrent. Tu as le contrôle sur ce point.
Douceur. Tu l’utilises avec douceur. Contact front à front : contact physique, contact spirituel. Contacts. Mes mains sur tes joues, tes mains dans mes cheveux, nos nez et nos fronts ensembles. Combien de temps ? Je l’ignore, là encore. Cela ne m’importe pas.
Jusqu’à ce que cela finisse.
La frustration de la fin revient à cet instant mais je l’accepte sans commentaire. Je te regarde et cela m’aide. Je te regarde me regarder. Etranges et exotiques yeux. Familière et guère étonnante malice. J’attends le commentaire de bonne grâce.
Tes cuisses se desserrent légèrement et j’hésite. J’hésite à partir complètement, ce qui est le plus sage. Ta voix m’interrompt dans ma réflexion pour m’en donner une nouvelle. Tout va bien ? Je détourne le regard un instant, pensif.
Mes paupières se plissent.
Mes lèvres se pincent.
Mes iris descendent vers toi.
Mes paupières se pincent.
Mes lèvres se plissent.
« Je ne sais pas, dis-je doucement. Cela étant, je suis mieux que je ne l’ai été depuis… longtemps. »
Je me retire du corps d’abord et des mains ensuite, m’éloignant disgracieusement afin de m’agenouiller dans les flots et de continuer à te regarder.
« Et toi, demande-je en ouvrant mon expression. Ai-je tenu mes promesses ? »
Certes, c’est un sarcasme puisque mes promesses étaient sur la déception. Néanmoins, ce n’est pas énoncé comme un sarcasme ; ni vraiment comme de l’autodérision. J’attends réellement de savoir si, considérant l’avertissement que je n’allais pas atteindre les niveaux qui doivent être moyens, j’ai comblé tes attentes diminuées.
Parallèlement à ce calme suspens, j’ai des considérations sur l’usage de la magie pour nous débarrasser du liquide disgracieux que l’on sème en mer. Cela étant, je tâche de ne pas me concentrer sur cette considération désagréable.
Les autres vers lesquelles mon esprit s’en va, alors même que je te regarde toujours deux yeux aux lèvres, ne sont guères plus réjouissantes mais je suis en paix avec elles. Qu’avons-nous fait là et quelles en seront les conséquences ? Tant de possibles.
Est-ce que je regrette ? Non. Est-ce que des raisons essayeront de me le faire regretter ? Surement. Est-ce que je le regretterai ? C’est possible, même si je n’espère pas.
« La vérité, c’est que je ne sais pas où j’en suis. Je crains que ce soit, au moins partiellement, ton cas. »
Je fais face, stoïque, mais je suis pétri de doutes également.
« Je dirais bien que je ne suis pas le genre à coucher le premier soir et que cela ne compte pas car il n’est pas encore le soir… »
J’hausse les sourcils et les épaules : ma mauvaise foi joue sur une technicalité, délayant un saut de foi justement.
Je déglutis.
« Ça compte. Comme quoi, je ne sais pas encore. Cependant, tu es la seconde personne avec qui je suis aussi… intime… et tu en as vu plus… et je t’en ai dévoilé plus… qu’à n’importe qui. »
Non, Wong ne m’a jamais vu nu. Cela étant, s’il sait pour Christine, il ne sait pas pour la Guerre de l’Infini. Il ne sait pas pour les siècles de bataille. Il se doute pour le fait que je sois brisé… sans savoir à quel point. Je ne le sais pas moi-même. Néanmoins, tu es dans le même cas, à présent.
« Nous nous sommes dévoilés, tous les deux. Qu’en fera-t-on à présent ? »
Je prends une grande inspiration nasale avant de soupirer.
« Tu n’as pas plus d’idées que moi, n’est-ce pas, demande-je avec douceur. Ou alors tu as beaucoup d’idées… On a envoyé ton planning en l’air également ou les activités sont encore faisables ? »
Comment cela, je détourne la conversation ? C’est faux : j’ouvre la possibilité de continuer, de partir, ailleurs si tu ne veux pas t’ouvrir comme je l’ai fait. Je le comprendrais. Néanmoins, il fallait que tu saches que je me suis ouvert. Que ce n’était pas… je ne sais pas. Simple ? Sans conséquences ?
Est-ce que je regrette ? Non. Est-ce que tu le regrettes ? C’est possible, même si je n’espère pas. Est-ce que des raisons essayeront de te le faire regretter ? Surement. Est-ce que tu le regretteras ? C’est la question.
—08/08/2024 Oh, ton langage corporel ne me dit rien qui vaille. Rides qui apparaissent sur ton visage, lèvres pincées, visage fermé. Je perds soudainement mon sourire, et ma bouche s’entrouvre à peine sans laisser n’échapper aucun son. Machinalement mes dents viennent attraper ma lèvre inférieure, alors que l’angoisse m’envahit. Avais-je fais quelque chose de mal ? Personne ne s’était jamais plains mais …
Prise d’une centaine de questions se bousculant dans ma tête, et d’une certaine tension, je me détends légèrement lorsque tu précises que tu es mieux que tu ne l’as été depuis longtemps. Phrase à double tranchant cependant avec ton « Je ne sais pas » de début de phrase.
Nos corps se séparent, entièrement, et je te sens t’en aller loin de moi. Je m’enfonce alors dans l’eau jusqu’en haut de la poitrine, et me tourne dos au rivage. Je mute également les parties visibles depuis la plage de mon corps pour une apparence humaine, à savoir, mes cheveux qui redeviennent blonds, et la peau de mon dos. Puis, tout bien réfléchis, c’est le moi entier, ou presque qui redevient humain, seul mes yeux, restent jaunes or.
- Tu n’es pas le pire amant que j’ai pu connaitre détrompe toi. En plus avec la grossesse … Je … J’ai quelques pulsions.
En termes de … temps peut-être mais pas pour la performance. Je me rattrape soudain bien vite, bien trop vite pour être innocente. D’ailleurs mon regard se détourne bien vite car je n’ose pas affronter le tien. Parce que oui, tu me dirais, « Raven, donne moi un peu de temps pour que je me concentre, retrouve ma magie et nous emmène ailleurs »… Je signerai directement, les yeux fermés même.
- Non pas que j’ai connu des centaines d’hommes non plus hein …
Pas plusieurs centaines non. Enfin … Je ne tenais pas non plus un carnet avec des notes pour chacun de mes amants non plus. Ma bouche se ferme alors que j’allais rajouter quelque chose, puis je te laisse la parole, et tu sembles avoir des choses à me dire. Et si au final c’était moi le plus mauvais coup que tu avais pu avoir dans ta vie ?
Tu es pétri par le doute. Dans un sens je suis flattée et dans l’autre sens je me sens également un peu coupable. Coupable de t’avoir peut-être sauté dessus sans vraiment me préoccuper de l’après. Je n’avais pensé qu’au moment présent, qu’à ces fameuses 24h que tu avais ordonné à la déesse. Une de mes mains se glissa dans mes cheveux, alors que mes yeux, se reposaient finalement vers toi. Tu étais perdu.
Ma tête se pencha sur le côté, et je fis quelque pas vers toi, pour venir poser main, humaine sur ta joue, avec un doux sourire aux lèvres. Touchée. Je l’étais. Et légèrement étonnée par une de tes révélations. Vraiment ? La deuxième femme ? Mon dieu … Mais tu étais pourtant séduisant … Mais avec un sacré caractère qui devaient faire que tu ne devais pas laisser facilement quelqu’un s’approcher de toi. Moi qui pensais naïvement que parce que tu étais un homme de pouvoir tu en avais profité pour séduire de nombreuses conquêtes.
- Stephen …
Mon pouce caresse doucement ta joue, alors que je reprends la parole d’une voix assez calme, en contradiction avec toute la nervosité que tu laisses transparaitre de ton côté. J’espère réussir à te calmer un peu ou du moins à t’apaiser.
- Profitons juste de ce temps qui nous ai donné tous les deux, si tu veux bien encore de moi d’accord. Ne pense pas … Projette toi seulement pour les heures à venir. Que veux-tu faire toi ? Aller au restaurant ? Regarder les étoiles sur la plage ? Prendre un bain ? Passer la nuit avec moi ? Te promener ? Aller danser ? Boire un verre ? Visiter quelque chose ce soir ? Peut-importe, moi tout me va. Enfin … Si tu veux bien de moi à tes côtés… Je peux te laisser seul aussi si tu préfères…
Ajoutais-je alors en retirant ma main, tout de même avec le sourire pour ne pas trop en faire et que tu te sentes piéger. Ce n’était pas mon intention. Pas du tout. Je voulais juste tu te sentes homme, que tu te sentes libre, affranchis de toutes ces contraintes qui pesaient sur tes épaules.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Je te refroidis encore plus vite que je ne t’échauffais, n’est-ce pas ?
Regardant les choses se faire, je les accepte simplement. Je n’apprécie pas te voir perdre ton sourire, cela n’a pas le charme de lorsque tu te mords la lèvre… geste qui, présentement, n’a pas le charme qu’on peut lui attribuer en d’autres circonstances. Tes yeux. Ton âme. La panique. Maîtrisée. Pour l’instant.
Tu te caches. Dans l’eau, derrière l’apparence humaine. Tu te caches mais pas totalement : l’eau est transparente, l’apparence humaine partielle. Je le vois. Tu te caches des autres, pas de moi. Je souris légèrement, du coin des lèvres comme des yeux.
Merci, Raven.
Puis seuls restent tes yeux.
Je doute.
Je ne suis pas ton pire amant ? Qui dois-je plaindre, lui ou toi ? "En plus, avec la grossesse", j’acquiesce avec une fausse conviction bien marquée. Puis la fin de la phrase arrive et je suis pris d’un doute. Mon Ego se demande si, sans la grossesse et les hormones, rien de tout cela ne serait arrivé. Ça pique mais ça simplifierait tellement de choses. Ça fait mal, pas qu’à l’égo d’ailleurs, mais je suis capable de me dire que ce n’est pas le pire.
Si tout cela n’est qu’une pulsion pour toi, tu ne regarderas pas en arrière lorsque tu seras passée à autre chose.
Tu n’oses plus me fixer. J’ai un sourire aussi bref que triste. J’encaisse l’éventualité que j’imagine avec la fortitude d’une certitude : tout continuera.
Puis ta précision sur le fait que tu n’aies pas connu tant d’hommes que ça me surprend et me fait acquiescer à la négative. Je ne me moque pas de toi en confirmation d’un "non" muet ce que tu viens de me dire, je me rends simplement compte d’une incompréhension que je tairais.
Tu te tais également. Tu me laisses le temps de reprendre. Je reprends.
Partages-tu de mes doutes ou est-ce moi qui te les partage ? Après ton encouragement capillaire, charmant s’il en est, tu me fais face à nouveau.
On se fait face.
Puis tu agis. Une tête penchée sur le côté. Une avance dans l’eau. Une main sur ma joue. Un sourire sur tes lèvres. Sur les miennes aussi.
« Stephen… »
Je me retiens de répondre "Oui ?", attendant simplement que tu poursuives. Tu es calme, à ton tour. En paix.
"Profiter du temps qui nous est donné", je te fixe en cachant une certaine amertume. "Si je veux bien encore de toi", l’amertume s’en va. Ne pas penser, c’est le sarcasme qui s’en vient. Limiter les projections sur les heures à venir… je ferme les yeux.
Tes questions raisonnent, aussi proches que lointaines. Que faire ? Ou aller ? Tant de choix. Tant de possibles.
Je suis sur Titan. Dans cette atmosphère respirable prenant la poussière depuis des années. Contrairement à la Terre, elle n’est plus respirable que parce qu’il reste à respirer. Ce n’est pas la vie, la végétation, qui amène l’oxygène dans l’air. Il reste là depuis que la vie s’est éteinte et il en fera ainsi jusqu’à ce qu’il ait fini d’être consumé. Chaud. Sec. Entouré d’idiots et de condamnés. A essayer, encore et toujours.
« Peut-importe, moi tout me va. »
Je rouvre les yeux.
« Enfin… »
Je te regarde.
« Si tu veux bien de moi à tes côtés… »
Je te comprends.
« Je peux te laisser seul aussi si tu préfères… »
Tu retires ta main.
Ainsi tes doutes sont-ils ici.
Tu as peur, n’est-ce pas Raven ?
Tu n’en parleras pas et je tenterai de deviner. Cela me va. C’est prendre le risque de comprendre de travers, oui, mais ce risque restera toujours présent.
« Je veux comprendre, dis-je avec tranquillité, avant de me reprendre avec plus d’énergie. A défaut, je ne suis pas contre un bain… ni me promener, boire un verre, aller au restaurant, te voir tenter de m’inviter à danser et finir par regarder les étoiles. Dans cet ordre, cela me semble pertinent. »
Sauf s’il s’agit d’un écho de ce qui est advenu ici, chose qui me semble compliqué dans la taille d’une baignoire, ou d’un moment bien plus tendre malgré de probables érections intempestives d’un côté et montée d’hormones de l’autre, le bain est superflu. Une douche pourrait avoir le même effet pratique sans prendre autant de temps. Je considère cela car se promener, boire un verre, manger au restaurant, faire de mon mieux pour ne pas danser et ne pas y arriver si je ne parviens pas à réussir mon évitement, ainsi que finalement regarder les étoiles… cela prend du temps. Or, il est une chose à laquelle je n’ai pas répondu, implicitement ou explicitement.
Passer la nuit avec toi.
Profiter du temps qui nous est donné. Il est limité. A y penser plus précisément, je me dis que même les étoiles seront trop tard. Ce n’est pas l’envie qui me manque mais je n’agis pas fonction de mes envies. Se projeter seulement pour les heures à venir… je ne peux pas. Je ne peux plus. Par le passé, c’était difficile. Désormais, je préfère éviter. Voir plus loin. Se raccrocher à ce qui donne du sens aux heures à venir ; à ce qui adviendra après elles. Leur Endgame.
Je déglutis. Je prends une grande inspiration.
« Pars devant, te demande-je avec une certaine gravité, laquelle se transforme en pointe de gène et espoir d’amusement. Je crains avoir oublié la position exact de mon maillot de bain. Accepterais-tu d’aller me le chercher ? »
Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Je t’ai déjà trompée pour que tu prennes confiance en toi. Je pourrais recommencer. Quel intérêt de faire cela ? Que ton sourire persiste ? Que tu puisses te moquer ? Que je sache que ton prochain maillot de bain est une imitation et que je puisse en jouer ?
Tu n’es pas la seule qui puisse avoir de la malice dans son regard, Raven. Il y en a dans le mien.
—08/08/2024 Ton sourire, il va, il vient, passant de tes lèvres, à tes yeux, les deux à la fois, et même disparaissant complétement à certains moments. Et ce sont ces moments qui me font douter. Qui me font douter de ce que nous venions de vivre et des quelques heures que tu voulais potentiellement bien m’accorder. Car oui, même si je ne l’avouerai jamais, toutes mes fuites, si nombreuses au cours de ma vie viennent de la peur d’être abandonnée. Alors pour ne pas l’être, je préfère fuir, et faire en sorte d’être la personne qui abandonne et non l’inverse. Oh, oui je sais il faudrait que je passe de nombreuses heures, allongée, sur le canapé inconfortable d’un psychologue pour en parler, mais ce n’était absolument pas dans mes plans, qu’ils soient à court, moyen, ou long terme.
Mes doutes cependant se confirment. Comment peux-tu répondre à tout, et me donner de l’espoir, et approuvant toutes mes propositions, sauf une. Mais peut-importait. Tu avais cette façon de souffler le chaud et le froid que je n’arrivais pas à cerner.
Mes sourcils se froncèrent l’espace d’un instant alors que j’observais tes réactions en silence me contentant d’hocher la tête lentement, comme si je n’osais pas dire quelques choses de plus bien que certaines répliques me brulent les lèvres. Mais pas tout de suite. Pas maintenant …
Quoi que …
Partir devant ? Et aller chercher ton maillot de bain ? Un éclat passe dans mon regard alors que je plisse les yeux lentement, un sourire amusé au bout des lèvres. Je croise les bras sur ma poitrine, un moment, comme je l’avais fait lorsque nous étions tout à l’heure dans les toilettes, sauf que cette fois ci je n’ai absolument rien pour cacher mon buste.
Je fais mine de réfléchir un moment, mordillant ma lèvre comme si j’hésitais vraiment puis un fin sourire vient s’étirer sur mes lèvres. Oh … Tu veux jouer ? On va jouer. Même si la perspective de te voir sortir de l’eau entièrement nu n’est pas pour me déplaire, mais je me doute que … vu ton image de marque … Tu ne le ferais pas. Et en même temps, je ne peux pas t’en blâmer. Se retrouver avec son visage partout affiché dans le monde entier dans les années 80 c’était déjà quelque chose, mais alors … Nu, dans le monde actuel… C’était une autre histoire.
- Alors comme ça le grand sorcier n’arrive toujours pas à se servir de la magie … C’est vraiment surfait en fait !
Je t’adresse un petit clin d’œil, bien qu’au fond de moi, ta demande a semé le doute. Était-ce une technique pour m’envoyer ailleurs et te débarrasser ainsi de moi ? Peut-être … Mais je prenais le risque. Au moins tu avais eu la décence de le faire en jouant.
- Je vais vous chercher ça O grand sorcier suprême !
Ajoutais-je en riant, alors que je décroisais les bras pour faire apparaitre une copie conforme de mon maillot de bain rouge que tu avais envoyé balader si facilement d’un tour de main tout à l’heure. Ma mutation n’était pas aussi rapide que d’habitude, mais c’était pour que tu puisses l’observer, du moins en partie, même si l’eau complètement transparente ne cachait absolument rien.
Une fois ma nudité totalement dissimulée, je te fis dos, me levant et m’extrayant de l’eau. En une petite trentaine de seconde j’étais totalement sortie de l’eau, sous forme humaine, avec juste mes yeux jaunes, comme vestiges du vrai moi. Avant de contourner les rochers à pieds, je m’arrêtais, hésitant à me retourner, le cœur battant légèrement plus vite. Allais-tu avoir déjà disparu ? Ma tête amorça un pivotement que j’arrêtais en cours de route. Je ne préférais pas le savoir.
Quelques minutes plus tard, j’arrivais devant nos transats où se trouvait mes affaires, nos maillots de bain, et la cape.
- Allez vient ma belle. On retourne dans la chambre.
Mes mains l’attrapèrent en dernier, avec délicatesse, me demandant si elle allait me laisser faire. Etant donné qu’elle avait son petit caractère je n’en étais pas vraiment sure. Vu la façon dont elle nous avait fait tomber par terre tout à l’heure. Mais elle n’avait pas le choix.
- C’est Stephen qui m’envoie te chercher, ne panique pas. Il est un peu plus loin mais … Il ne peut pas se déplacer lui-même. Ne t’inquiète pas il n’est pas blessé.
Je devais avoir l’air d’une folle à parler à un bout de tissu, mais je m’en moquais royalement. Une fois toutes mes affaires sous le bras, je repartais dans ta direction. Une fois les rochers franchis, je n’osais toujours pas regarder vers toi. Ce n’est qu’une fois toutes nos affaires posées sur le sable, ton maillot de bain excepté que je tenais dans la main, que j’osais enfin regarder la mer, espérant te voir.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Pour la Cape, faire la carpette est un concept. Elle est néanmoins restée là à surveiller l’Œil d’Agamotto, lequel repose sur la table à son côté avec le reste. Le reste lui indiffère d’autant plus qu’il est mouillé. La Cape n’aime pas le mouillé.
Lorsqu’une mouillée s’approche d’elle, la Cape la perçoit sans faire le moindre mouvement. Néanmoins, lorsque la mouillée lui parle à elle, la Cape entreprend de léviter en évitant de son mieux les gouttes d’eau présentes sur la table. Elle ne renverse rien mais subtilise quelque chose, aussi discrètement qu’elle le peut. Puis, comme les mains humaines s’en vont vers elle, elle se décale avec sa prise. Puis les mains la poursuivent.
Les mains mouillées. Les éviter est facile, surtout sans un poids mort à porter.
« C’est Stephen qui m’envoie te chercher, ne panique pas, négocie la mouillée sans obtenir de réelle réaction d’une Cape qui n’a pas l’intention de l’être ; mouillée. Il est un peu plus loin mais… Il ne peut pas se déplacer lui-même. Ne t’inquiète pas il n’est pas blessé. »
Le haut col de la Cape se penche légèrement en avant en un acquiescement fantomatique, avant même qu’il soit question du fait que son humain n’ait pas été blessé. Il ne sait pas se déplacer lui-même, la Relique approuve. Cela étant, ce n’est pas une raison pour être mouillée ! S’il avait été blessé, elle aurait fait l’effort, mais là… En plus, il l’avait laissée là ! Avec l’Œil d’Agamotto. Et pour faire quoi ?
La Cape sait. Grâce à la connexion mentale qu’elle a avec son humain, elle le surveille. Si elle était capable de signifier à la mouillée qu’elle les juge tous les deux, la Cape le ferait. A défaut, elle s’épargne le contact mouillé. Suivre, pourquoi pas, mais à distance respectable !
Rempliée dans un coin sur l’Œil d’Agamotto, la Cape lévite jusqu’à son humain en compagnie de la mouillée. Comme il est mouillé aussi, elle reste loin mais conserve une ferme intention.
***
J’obtiens tes silences et tes accords, jusqu’à ma question. Doute. Là où je m’attendais à de la méfiance, c’est de l’amusement qui s’en vient à ton visage. Rien à redire, c’est mieux ainsi. Après les reflets de l’eau, je ne suis pas certain de si tu croises les bras sur ou sous ta poitrine, détail changeant le geste, mais je ne cherche pas à savoir. Je vois ta réflexion. J’attends son résultat.
Tu mordilles ta lèvre et cela m’amène à un petit sourire, bref mais sincère. Tu souris à ton tour. Ce n’est pas bref mais c’est tout aussi sincère.
« Alors comme ça le grand sorcier n’arrive toujours pas à se servir de la magie, savoures-tu avec une expression me faisant hésiter entre la malice et l’espièglerie. C’est vraiment surfait en fait !
- J’avais quelques problèmes de concentration. »
Joue-je contre mon camp, avec cette autodérision, ou joue-je pour le tien ? Dans tous les cas, elle est faite avec cette malice. Je ne vais pas jusqu’à répondre à ton clin d’œil, cependant, même s’il fait plaisir.
« Je vais vous chercher ça O grand sorcier suprême ! »
Si la première réponse qui me vient est un "Docteur ira très bien", j’ai l’instinct de me taire. Tu ris, tu te métamorphose pour avoir le même maillot de bain que précédemment, tu me laisses voir tout cela. Je regarde avec un sourire avant d’en revenir à tes yeux.
Je t’observe à nouveau lorsque tu t’en vas. Puis ce sont mes yeux qui se ferment, lorsque tu es partie au-delà de cette crypte qui nous a caché aux regards du monde. Si mon visage reste clos, mes épaules s’abaissent et mon dos se courbe. Mains sur les cuisses et assis sur mes talons, je cherche la paix avec tout ce qui m’entoure, dans l’espace comme dans le temps, et m’accorde un instant de faiblesse.
Ça va passer. C’est juste l’affaire de secondes. Peut-être une trentaine, peut-être un peu plus.
Rester calme.
Les plusieurs minutes de calme, car il me semble que cela dur plusieurs minutes, font du bien. Moins que la déprime post-coïtale, il s’agit surtout d’être en équilibre. Je le retrouve.
Je rouvre les yeux lorsque je l’ai retrouvé et j’observe un décor auquel je n’ai guère fait attention. La première éventuelle témoin que je cherche est la Kupua, même si elle ne me semble pas présente. Ensuite vient le fait que c’est beau d’avoir une crypte de rochers mais, outre que ceux-ci s’escalades facilement je le crains, ça laisse quand même une bonne moitié d’ouverte sur l’océan. Cela, je ne le crains pas : je le constate.
Stephen, tu me fatigues. Heureusement, je peux évacuer cette fatigue d’un souffle si fort d’agacement qu’il en soulève les mèches de cheveux qui me tombent sur le front. Toujours assis à l’asiatique afin de dissimuler ma nudité, j’attends en me disant qu’il est trop tard pour convoquer mon maillot de bain ; il ne doit plus se trouver à sa place. Je me dis aussi que je risque de le salir, du fait du sperme, puis je me rappelle qu’il s’agit d’un cadeau de Dominique pour se foutre de moi et cela devient moins problématique.
Lorsque Mystique revient, j’hésite à téléporter ou non mon maillot de bain ; cella la mouillera, puisqu’il prendra la place d’eau de mer. Puis j’aperçois la Cape qui lévite à une distance de sécurité d’elle, ce qui est très discret… Ensuite, c’est le fait que la première n’ose pas regarder dans ma direction qui m’interpelle, alors même que la seconde lévite au-dessus des flots pour me rejoindre… tout en gardant sa distance de sécurité.
« Raven ? »
Je parle d’une voix claire, pour qu’elle m’entende, en me disant que la dénomination va être complexe à partir de maintenant ; réflexion interrompue alors que je me reçois je-ne-sais-quoi sur le sommet du crâne, chose rapidement suivie d’un bruit d’éclaboussure. Si mon premier réflexe est de regarder la Cape, qui lévite à un mètre au moins au-dessus de ma tête, le second s’en va sous l’eau… où repose l’Œil d’Agamotto.
Je tends ma main baguée pour le récupérer puis me relève finalement. Je fais face à Mystique nu, chose qui ne me dérange pas réellement et ne devrait pas la déranger non plus, puis je récupère et déplace magiquement le maillot de bain phénix afin d’être à peu près présentable.
« Appartement, propose-je simplement alors que je repasse l’Œil d’Agamotto autour de mon cou, où tu as encore quelque chose à faire ici ? »
En suis-je à imaginer que la Kupua nous attend là-bas avec un téléphone ayant filmé nos ébats ? Non, pas réellement. J’aurai mieux fait.
Ma tête se redressa enfin alors que j'avais fini ma petite expédition depuis quelques dizaines de secondes et que je me dirige vers toi. Si j'entends ta voix cela veut dire que tu étais là. Tu n'avais pas fuis. Tu ne m'avais pas abandonné. Un léger petit soupir de soulagement m'échappa d'ailleurs malgré moi. Le sourire aux lèvres, nos affaires, enfin du moins celles qui acceptaient de se laisser porter contre mon corps sec. Mais rapidement la cape se dirigea vers toi, peut-être voulait-elle simplement vérifier mes dires de tout à l'heure. Que tu allais bien. Que tu n'étais pas blessé. Oui, c'était surement cela. Par contre je ne m'attendais pas à ce qu'elle te frappe. T'en voulait-elle par rapport à ce que tu avais fait avec moi ? Mes lèvres se pincèrent alors que ton sublime maillot de bain Phenix s'échappait de mes mains pour venir se retrouver sur tes fesses. Mais ... Seulement après que tu te sois levé.
Mon regard se perdit l’espace d’un instant dans la contemplation de ton corps nu. Cela m’étonna vraiment que tu te montres, dans ton plus simple appareil alors que peut-être d’autres yeux pouvaient trainer, ici ou là. Avec les métamorphes on ne savait jamais … Surtout si tout comme moi elle avait la capacité de se transformer en animal. Un oiseau, c’était facile, et très discret, si discret qu’on n’y prêtait jamais ou presque attention.
C’était peut-être une de mes transformations favorites. Celle a laquelle j’avais le plus souvent recourt, pour le moment. J’avais hâte de tester des animaux différents mais avec les deux petits loups dans mon ventre, je n’osais pas faire des choses trop extrêmes. Mais je pourrais tenter les grands félins. Je ne prendrais pas de risques tant que je ne touchais pas à la structure interne de mon ventre … Il fallait que j’y réfléchisse. Mais ce n’était pas vraiment le moment de me poser ce genre de question.
La vision que tu m’offres disparait rapidement de mon champ de vision, et je redresse le regard lentement jusqu’à ton visage. Je ne me cache pas, je t’observe. Je n’ai rien à cacher, et visiblement toi non plus. Généralement une certaine proximité s’installait entre deux personnes après qu’ils aient partagé un moment comme celui que nous avions vécu il y a peu encore, ici même.
Les bras chargés, j’avais avancé jusqu’à toi, jusqu’à avoir de l’eau au niveau des genoux. Cela ne me dérangeait pas d’être mouillée. J’avais toujours apprécié passer du temps dans l’eau, douche, source chaude, lac, baignoire, mer, océan … J’avais fait trempette dans de nombreux lieux aquatiques.
- Appartement alors. Tu nous emmènes ou … ?
Je serai bien restée à nager un peu et tenter une transformation en sirène mais … Je reviendrais seule. Je ne voulais pas perdre le précieux temps que tu voulais bien m’accorder. A nouveau quelques pas de plus vers toi, pour venir jouer légèrement avec l’œil d’Agamotto qui pendait autour de ton cou.
- Il … n’y a plus la pierre si j’ai bien compris … Mais la relique à quand même des pouvoirs alors ?
Je caressais l’œil du bout des doigts un peu comme si je la considérais comme quelque chose de précieux mais également de dangereux. Ce que c’était surement. Peter m’avait expliqué ce qu’il c’était passé et comment tout ceux qui avait été effacé avait pu revenir à la vie. Il y avait une histoire de temporalité où je n’avais pas vraiment tout compris, mais le plus important c’était le résultat. Et les conséquences bien sures, qui … Dans son intégralité étaient plutôt … positives, mais pas pour tout le monde malheureusement.
Après avoir exploré la surface du précieux bijoux, je les laissais courir sur ton torse puis jusqu’à ta main, celle qui ne portait pas la bague pour venir saisir tes doigts avec délicatesse, entrelaçant ma main avec la tienne. Puis, dans un mouvement secondaire, lever nos bras pour déposer un petit baiser sur chacun de tes doigts.
- A moins que ta concentration soit de .. nouveau en berne ?
J’essayais d’être attentionnée et non pas allumeuse, même s’il y avait ce brin de malice dans ma voix. C’était compliqué pour moi depuis toujours de distinguer mes sentiments. Et là pour une fois, je ne me posais pas trop de questions comme récemment. Tu nous avais donné une date … Un délai. Alors autant en profiter au maximum sans se soucier de toutes ces pensées parasites.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
J’entends ton soupire, Raven. Je vois ton soupire, Raven. Je l’écoute. Je le regarde. Tout est dit, de ton côté.
Il y a également une entente, une vision, une écoute et un regard au fait que je me lève face à toi. Une manière de dire en silence.
« Appartement ou tu as encore quelque chose à faire ici ?
- Appartement alors. Tu nous emmènes ou… »
Tu laisses ta voix mourir avant d’avoir énoncé la seconde possibilité et, peut-être un peu naïvement, j’attends que tu le fasses. Lorsque tu réavances un peu plus, malgré tes bras chargés, je me dis que la réponse va venir.
Une main vient. Elle touche le symbole de ma charge, disparu avec moi durant les Années Sombres. Quant à ce qu’il dissimulait, c’est disparu pour toujours. C’est mieux ainsi.
« Il s’agit de l’emblème de mon office, explique-je en me retenant de croiser les bras, les laissant donc le long de mon corps en attendant. Sans doute n’a-t-il pas révélé tous ses secrets mais il ne contient plus le Temps, non. »
Etudier l’Œil d’Agamotto est une activité secondaire comparé aux investigations, planifications, interventions et autres recherches que je peux mener quotidiennement. Sans savoir à quel point il peut redevenir un atout, je suis certain qu’il n’est pas un danger ; contrairement à beaucoup d’autres choses. De plus, il restera toujours le doute si je ne trouve rien dans mon examen : est-ce juste mon manque de connaissances ou n’y a-t-il simplement rien à trouver ? Dissimuler une Pierre d’Infinité aux possibilités de détection et de vol, c’est déjà un grand office. Peut-être n’est-il pas utile d’en rajouter encore plus avec d’autres capacités. Sait-on jamais, peut-être pourrais-je y cacher autre chose. Je ne suis pas à un sacrilège de plus aux yeux de mon ordre…
Ce qui s’est passée ici n’en est pas un. D’autant que, hormis ma remise en place de la Kupua, rien de cette affaire ne concerne vraiment les Maîtres des Arts Mystiques. Cela s’applique également à des doigts étrangers sur l’Œil. Ils n’y restent pas de toute façon. Je lève les sourcils, toujours en attente d’une seconde proposition.
S’il n’y a pas grande difficulté à laisser ta main glisser sur mon torse, il y a une appréhension lorsqu’elle le quitte pour la mienne. La droite. Malgré cela, il n’y a pas de tremblement puisque je ne demande rien : je me laisse faire. La sensation du contact est étrange, même si j’y suis habitué, et l’entrelacement est intimidant, même si cela passera. Il suffirait d’un geste pour me faire très mal, cependant tu préfères la douceur de tes lèvres sur chaque droit.
« A moins que ta concentration soit de, déclare-tu alors que je te fixe, commençant à me dire que l’autre proposition est peut-être relativement simple même si je ne suis pas certain de correctement interpréter ton comportement, nouveau en berne ?
- Donne-moi le temps, demande-je doucement, sans être certain que ce soit une question ou une invitation. Néanmoins, est-ce vraiment incompatible ? »
Que j’use de l’art mystique Eldritch et que je sois déconcentré ? Si, c’est incompatible selon le niveau de déconcentration. Néanmoins, je parlais de rentrer à l’appartement. Qu’importe ce que tu comprends, je me permets d’user de nos mains entrelacées. Certes, il me faut les désentrelacer mais je récupère la tienne avant de passer mon bras au-dessus, pour te faire tourner comme une ballerine et t’amener dos contre mon ventre. Ainsi regarde-t-on dans la même direction.
Mon bras gauche se tend devant nous, mon bras droit se plie à côté de toi. Le premier a l’Anneau, le second le geste circulaire. Les étincelles s’écartent devant toi, suivant le geste, et le portail de téléportation s’ouvre sur la plage ; il s’agirait de ne pas trop inonder la chambre d’hôtel. De notre point de vue, la salle de bain est en face. Aller simple ou simple allé ?
« Après toi, t’encourage-je pour que tu avances, sachant que je suivrais sans difficulté. Attention à ne pas toucher les étincelles. »
Après l’avoir dit, j’ai l’impression que la phrase est bateau au possible. Sans m’en embarrasser plus que cela, je t’accompagne de l’autre côté d’un portail que la Cape franchit toute aussi vite, tâchant de rester à bonne distance de nous.
D’une simple pensée, je referme le cercle de lumière et sursaute face au pouffement qui provient de derrière nous.
« Vous voilà, constate une jeune femme aux cheveux de feu, figurativement, et au teint halé allongée sur ton lit avec une courte et ample robe verte. Merci d’avoir été brefs ! »
Après avoir délaissé du regard son téléphone, elle se redresse pour nous regarder. Ses yeux sont de lave ; littéralement cette fois.
« Je me disais, maintenant qu’on a tous… plus ou moins évacué… qu’on pourrait en finir, déclare-t-elle en se levant avec grâce. Afin que vous puissiez donner chasse aux voleurs, je vous accorde audience. »
Ma mâchoire, ma gorge et mes poings se serrent par anticipation du dernier mot qu’elle ajoute avec un sourire.
—08/08/2024 Un emblème donc. Une relique qui réserve encore quelques secrets. Je ne préfère pas m’attarder sur la chose. Si certes je suis curieuse je ne préfère pas non plus utiliser le peu de temps qu’il nous ait accordé ensemble pour parler bibelot. J’hoche donc juste la tête, notant tes dires en moi, puis un petit sourire s’affiche sur mes lèvres lorsque tu comprends la malice dont je peux faire preuve en évoquant ton … incapacité temporaire de tout à l’heure. Dans un petit mouvement de danse, je me retrouve dos contre toi, un léger rire franchissant la barrière de mes lèvres.
- Je vois que tu as vraiment hâte de m’amener danser !
Mon regard est cependant bien vite capturé par le portail que tu ouvres devant nous. Et même si tu m’indiques clairement que je ne dois pas toucher les étincelles, c’est bel et bien vers elles que mon regard est attiré. J’y aurai certainement sans doute touché si tu ne m’avais pas prévenue.
- Bien Capitaine Strange.
Ajoutais-je avec amusement alors que pour une fois le qualificatif qui allait avec ton nom de famille n’était pas docteur mais Capitaine. Rien d’étonnant, après tout nous étions dans l’océan …
D’un coup d’œil en direction du portail que tu venais d’ouvrir, je reconnaissais l’intérieure de mon bungalow de luxe sur la plage. Pendant un instant j’avais pensé que tu m’aurais emmené chez toi, mais c’était surement bien trop risqué de me faire pénétrer le sanctuaire par un portail magique.
Je remarque que Cape reste à une certaine distance de nous, et je me demande bien pourquoi. Savait-elle ce que nous avions fait ? Cela la dégoutait-elle ? Difficile de comprendre les sentiments et les envies humaines pour une cape après tout… Je ne pouvais pas lui en vouloir, cependant le fil de mes pensées fut interrompu par un rire venant de derrière nous.
Mes yeux repassèrent aux bleus avant que … D’un mouvement relativement beaucoup trop vif pour un humain lambda, je me retournais et je tombais sur la déesse allongée sur mon propre lit. Mes yeux se plissèrent et sans muter pour ne pas lui révéler mon pouvoir même si la situation me criait de devenir bleue pour être plus efficace si la situation tournait mal. Mais de quoi se mêlait-elle ?! Nous avait-elle observé ? Sa remarque sur … la brièveté de notre rencontre. La suite des ces paroles ne laissait absolument aucun doute sur ce qu’elle avait dû voir. Quelle perverse !!!
Mes poings se serrèrent par reflexe, et s’il le fallait je m’apprêtais à fondre sur elle pour me battre au corps à corps, la lave et le feu ne me faisait nullement peur. Mes pieds, nus, assurant bien leur appui, je tournais la tête vers toi, attendant que tu me donnes un signe, un signal, car si cela ne tenait qu’à moi, je lui aurais bien sorti une réplique bien sentie… Mais je savais que tu voulais cette entrevue avec elle. Or, si elle accédait à ta requête maintenant cela voulait dire que tu n’aurais plus rien à faire sur cette île dans l’heure qui suivrait…
- Stephen …
Ma voix était claire, et j’attendais clairement que tu me dises comment agir pour que je ne commette pas d’impairs.
- Oh mais regardez comme c’est mignon. Maintenant vous vous appelez par vos prénoms. Bravo Mademoiselle pour avoir réussi à décoincer ce magicien. En si peu de temps. Je vous félicite. J’ai apprécié le spectacle, bien qu’il fut relativement court… N’est-ce pas ? Mais maintenant fini de faire mumuse, nous avons à parler.
Et en plus cette pétasse me provoquait. Elle ignorait donc que moi aussi je pouvais avoir un tempérament de feu ? Cela ne lui était pas exclusivement réservé.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Ai-je vraiment hâte de t’emmener danser ? Non, puisque cela impliquerait d’essayer de danser moi-même. Outre les pas classiques, c’est une activité obscure à mes yeux et je n’ai guère envie d’y être éclairé. Histoire de ne rien gâcher actuellement, je tais cela néanmoins. Le portail détourne ton regard et ton "Capitaine Strange" amène le mien au ciel.
Puis tout s’accélère.
Te concernant, c’est littéral : ton mouvement ne laisse qu’un flou à mes yeux et mes propres réflexes, aiguisés par les Arts Mystiques, sont d’une lenteur ridicule en comparaison. Chacun son domaine, chacun ses capacités physiques. Toujours est-il que cela continue de m’assurer que je ne souhaite pas t’affronter au corps-à-corps.
Point partagé avec la Kupua, de part sa nature élémentaire. Si Raven parvient à se retenir, attendant une indication, l’autre renchaine des répliques qui accentuent la pression. Je la regarde et soupire.
« C’est donc cela votre seuil d’évacuation, demande-je en un sarcasme rhétorique. Si j’aurais été tenté de vous accorder le bénéfice du doute précédemment, ce n’est plus le cas. »
Notant que la Cape brave sa dépréciation de l’eau pour s’en venir sur mes épaules, je tâche de me dire que je ne fais pas trop superman avec le drapé rouge et le caleçon… néanmoins, mes mains s’en viennent à mes hanches.
« Ce sont vos enfants qui ont été invoqués et tués. »
Une pause, pour évaluer sa réaction. Une pause durant laquelle je baisse le visage comme les mains.
« Que cet événement ne soit pas apte à vous intéresser plus qu’une distraction temporaire est une chose. Que vous soyez incapable d’être sérieuse lorsque vous tentez de rendre la discussion ainsi en est une autre. »
J’aimerai beaucoup pouvoir intervertir le maillot de bain Phoenix et mes robes de Sorcier Suprême pour tenir cette discussion mais elles sont beaucoup trop loin pour moi alors je vais devoir faire avec. Ou plutôt sans. Menacer une divinité en maillot de bain, quelle vie…
« Récupérer l’artéfact est une chose. Découvrir le rituel est une autre. Le premier, j’ai des explications et l’assurance qu’il ne nuira plus. Le second, en revanche… »
Un pas me permet de me placer entre Raven, même si je me doute qu’elle n’en a pas besoin, et la Kupua, lui présentant mon flanc droit alors que mon visage se tourne vers la mutante. Mon regard est las et désolé. Puis il se détourne et je continue ma phrase.
Si je ne doute pas que Raven puisse me neutraliser à cette distance, même de face, je n’ai pas envie de voir le résultat de chairs exposées au contact de la lave. Qu’elle s’occupe des mutants et des mortels, les extraterrestres et les divinités sont mon rayon.
« La plupart du temps, les usages "magiques" proviennent originellement des enseignements d’entités les ayant déjà maitrisés. Ils ne sont pas découverts par hasard. »
J’avance au travers de la pièce, vers la déesse qui se redresse, et lui tend la main droite.
« Je dois découvrir qui, sans quoi similaires drames pourraient se reproduire. »
Dès qu’elle est assez proche, je propulse ma main gauche en avant, contre son buste, tout en ramenant la droite contre moi. Si le mouvement peut rapeler un coup de poing de karaté, ma paume est ouverte. C’est ainsi que la forme astrale est détachée du corps physique, laissant se dernier s’effondrer sans conscience tandis que celle-ci flotte dans la basse couche du plan astral ; invisible aux yeux de Mystique mais pas aux miens.
« La principale chose dont je puis être sûr avec un métamorphe, dis-je à l’esprit qui ne l’est pas et semblant surement parler tout seul, c’est que vous êtes les seuls à savoir qui vous êtes réellement. Cependant… »
Je m’interromps, moins pour le suspens ou pour agacer une Kupua qui l’est déjà bien assez face à sa deuxième défaite de la journée parce qu’elle m’a gonflé.
« Cependant, vous ne contrôlez pas vos esprits… et établissez certains comportements. Madame Pélé, par exemple, est réputée pour être une déesse du feu, des éclairs, de la danse, des volcans et de la violence. Le volcan, c’est bon. »
Sous-entendu, le reste non. Reprenant une pause plus tranquille, je continue à parler au-dessus du corps inconscient étendu sur le lit.
« Traditionnellement, également, les formes humaines qu’elle adopte sont en deux catégories. La vieille femme laide, souvent accompagnée d’un chien blanc, qui sert à mettre à l’épreuve le cœur des gens. La jeune femme d’une grande beauté, qui sert alors à signifier l’intérêt "festif" ou sexualisé. »
Inutile d’expliquer les sous-entendus cette fois.
« Vous n’êtes pas Pélé, n’est-ce pas ? Considérant que vous partagez néanmoins son domaine et êtes tant concentrée sur le jeu, j’hasarderai que vous êtes la Kupua, ou le Kupua pour la différence que cela fait, qui prend l’apparence du chien blanc. »
Un silence, alors que j’écoute la réponse.
« Deux possibilités. Ou je vous ramène dans votre corps et vous obtenez la rencontre avec votre maîtresse pour le coucher du soleil. Ou je vous laisse flotter dans l’Astral et expédie votre physique sur le volcan pour attirer son attention. »
Un nouveau silence.
« Je vous laisse cinq minutes pour réellement vous calmer, lui dis-je en me détournant vers Raven. Je me préparerai après toi pour le restaurant. Profite que je finisse mon boulot pour prendre de l’avance. »
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