[Terminé] SPACESHIP !

Mes présentations se passent encore plus mal qu’imprévu, faisant grogner "Rocket. Juste Rocket" et émerger dans mon esprit "Je m’appelle Juste Leblanc". Je prends note que "il n’y a pas de Monsieur qui tiennent" tout comme que Rocket ne s’appelle pas Juste, que "l’Arbuste" – est-ce le nom de l’espèce en notre langue ? – s’appelle Groot, que le VAISSEAU s’appelle le Milano – comme Alyssa Milano ? – et que Juste Rocket veut savoir si j’ai envie de faire pipi. Pas forcément dans cet ordre. Wait A Minute, What ?!

Le flot d’informations continue d’arriver sur les canaux de mon cerveau qui sont loin de déborder. Cependant, le fait qu’ils soient construits comme un jeu à eau pour enfant implique que le circuit ne soit pas le plus direct pour que j’imprime les choses, malgré le principe de circuit imprimé des neurones. D’ailleurs, en parlant d’impression, je n’en fais pas une si mauvaise que cela au final, même si s’eut été dur de faire pire que ce midi, et ma paire de deux est de la partie car nous sommes tous les trois invités par les deux autres ! Merci ma Chance ! Et Rocket aussi. Et l’autre s’appelle Groot, avec une légère erreur de syntaxe ainsi que mon incompréhension du fait qu’il fasse la présentation au seul d’entre nous qui le connait déjà… et lui répond sur un sujet tout autre : l'Arbuste a donc des hormones qui réagissent aux humaines. Cool. Bon, je joue pour deux autres camps, ce qui est un de plus que d’habitude si on y réfléchit, mais c’est toujours bien de savoir qu’on plait, ça ouvre beaucoup de portes !

Je ricane avec tendresse à l’embarrât volontaire dans lequel Rocket met son compagnon tandis que les deux miens, de compagnons, le remercient sans cacher l’appréciation d’une considération que je n’ai pas eue. Ensuite, je fais la gaffe imprévue citée précédemment. Et accompagnée de deux autres : Rocket sait ce que sont sanglier et cerf, même si cela me surprend que tous les cochons n’aient pas été abattus dans un parc municipal vu les ravages qu’ils causent, et me rassure sur le fait qu’ils ne sont ni végétariens – ce qui ne m’était pas venu à l’idée considérant mes études des ratons-laveurs – ni dérangés par le fait de boire des plantes – qui sont, effectivement et à la réflexion, toutes aussi différentes de Groot que nous le sommes des formes de viandes que nous consommons ; pas de cannibalisme impliqué. Normalement. Enfin bref, pas de "Il ne comprendrait pas, c’est peut-être de la famille" donc tout est bien qui commence bien pour la première fois de la journée et la seconde fois depuis que je me suis levée hier matin. Et comme hier midi, soit la rencontre avec Rocket, tout est bien qui est prometteur sur l’avancée des événements !

Je suis rassurée que mes gaffes, n’ayant d’ailleurs pas été là où je les craignais, n’engendre nul malaise et n’en fais pas un d’excitation alors qu’il est enfin question de…

SPACESHIP !

Après avoir donné le sac-cadeau, non le sac-à-dos même si j’aurais peut-être dû prendre un second en plus du premier, j’ouvre ma pochette pour en sortir l’un de mes carnets A5 à spirales dont le stylo à l’encre d’un rouge amarante attend au sein de la spirale. Cela fait, je coince la pochette sous mon aisselle gauche puis ouvre le carnet dans la main liée et prends le stylo dans l’autre, m’avançant en suite de Rocket et Groot sur la passerelle du VAISSEAU. Mon cœur s’accélère tout autant que mes yeux, mes lèvres ouvertes à l’instar de mes paupières pour que je parvienne à suivre le rythme. Stylo entre l’index et le majeur, j’apporte ma main droite à la branche de mes lunettes et appuis sur l’un des boutons qui s’y trouve.

La musique qui raisonne dans le vaisseau m’arrache un sourire. TOTALEMENT appropriée. Reste à savoir qui fait de l’œil à qui, sachant que pour moi c’est la Milano et que j’ai bien l’intention de marcher vers elle et de la regarder de plus près même si je ne suis pas d’accord qu’elle appartienne à Jose mauvais-homme : c’est Juste Rocket, pas José, et il est très bon !

De ce que je vois, le vaisseau a une soute qui sert de pièce principale, aménagée en espace de vie ici, sur laquelle la rampe donne directement. Y est lié un coin cuisine minimaliste, qui m’amène à appuyer sur la branche de ma lunette, ainsi que plusieurs chambres, qui doivent être liées aux ailes, dont seule une est ouverte et toute aussi minimaliste que précédemment. C’est d’ailleurs plus une alcôve qu’une chambre, avec le lit intégré au mur du fond, et ça me rappelle les deux colonnes de trois lits qui se trouvaient à l’origine dans le Lucky Mobile et m’ont convaincu de lui refaire totalement la moitié arrière pour qu’on ait plus qu’une simple couchette ; même si la couchette, moyennant l’absence d’intimité, est le moyen le plus efficace de dormir sans perdre trop de place. Evidemment, le décor m’en apprend plus sur son occupant et je comprends que les amis et l’équipage sont très importants pour Rocket à sa photographie de chevet. Il y a également un dessin de Rocket seul et dans une tenue officielle, sans doute fait sur le vif à la manière des artistes de rue. Je n’appuie pas sur ma lunette, cette fois-ci. C’est trop privé. Et puis mon premier haut-le-cœur vient.

Plus occupé à me dire que dessiner est une bonne idée et à entreprendre de griffonner sur mon notebook la disposition des lieux, je note néanmoins la présence du coin douche – qui doit être un enfer à nettoyer, considérant les poils que doit perdre Rocket et possiblement les… feuilles ? que doit perdre Groot – et le toilette. J’ai pas envie de faire pipi mais une petite alarme me dit que c’est important.

Quittant cet espace de vie, on doit grimper à une échelle pour accéder au cockpit qui se trouve en coque supérieure du vaisseau. Mon stylo pincé entre les lèvres et un second haut-le-cœur me secouant un peu la poitrine, je grimpe les barreaux jusqu’au poste de pilotage où l’on peut aisément se tenir debout (et assis) tous les cinq. Un nouvel appui sur mes lunettes puis Rocket nous demande de redescendre, ce qui a toujours été plus compliqué pour moi que de monter… et je ne parle pas seulement des talons ! Ou de la frustration de ne pas pouvoir accorder encore plus d’attention à cette pièce que si j’y faisais le ménage, chose qui ne m’empêche pas de m’approcher vite fait du siège de pilotage le plus proche pour encore une fois appuyer sur mes lunettes. Néanmoins, je suis le guide et redescends du mieux que je peux alors que j’ai des talons, un problème avec cette partie-là de l’utilisation des échelles, des tremblements de tous les membres et un je-ne-sais-combien-tième haut-le-cœur qui me fait réaliser leur existence. Je suis une cruche.

Mais une cruche dont la curiosité surpasse tout le reste ainsi la présentation de l’armurerie, située de l’autre côté de la pièce de vie et de la rampe d’embarquement, m’attire plus que mon besoin biologique. Autant, si Enzo était à mon niveau de fascination pour le cockpit, c’est Nathan qui cette fois regarde en hochant la tête à répétition, impressionné et appréciateur. C’est ma théorie de l’armement compensatoire.

« Et voilà, comme vous le voyez, on a vite fait le tour, nous déclare Rocket en allant chercher des sièges à mettre autour d’une table, me surprenant du fait qu’ils ne soient pas fixés avant de supposer une fixation magnétique alors que je tente de reprendre mon dessin.

- C’est impressionnant, exprime Nathan pour nous trois, n’ayant pas vraiment les mots pour dire à quel point.

- Merci beaucoup pour la visite, répète Enzo, même s’il est sur sa faim à mon instar, avant d’écouter la suite du discourt de Rocket et d’aller s’installer comme proposé.

- Alors, pas trop déçu de l'intérieur ? C'est assez rudimentaire il faut le reconnaitre, mais je peux vous emmener faire un tour tout a l'heure si vous voulez.

- Il faut économiser un maximum de place, c’est toujours ainsi dans les véhicules habitables.

- Perso j’ai fait l’armée. Ils sont persuadés que le confort est une légende urbaine et ils ne se sont jamais donné la peine d’aller vérifier si elle était vraie… »

Nathan aussi s’installe avec le sourire, alternant entre Rocket, Groot et les armes en arrière-plan. Détendu ? Pas totalement. Cependant, il est apaisé. Moi par contre, je ne suis ni l’un ni l’autre et cela devient urgent.

Je lève un index tremblant, le stylo coincé entre celui-ci et son compère, afin de m’excuser de ne pas rejoindre la tablée tout de suite. Lorsque j’ouvre la bouche, cependant, j’ai juste un haut-le-cœur pleinement visible et m’en vais donc aussi vite que possible finir à genou dans les toilettes en me tenant cheveux et lunettes. Le bruit qui s’en suit est d’un glamour de fin de soirée alcoolisée même si je suis totalement sobre.

« Dommage qu’on ait pas fait ce pari-là, entends-je derrière moi alors que Nathan semble complètement blasé.

- Si on pari tous les deux la même chose, c’est pas un pari, renchaine Enzo avec légèreté. Rocket, Groot, je vous présente Lucy Orchent quand elle est trop excitée. »

J’aimerai lever la main pour leur faire un doigt d’honneur mais je suis trop bien éduquée et j’ai les mains prises. Du coup, je ne peux même pas lever la main et le pouce pour dire que ça va. Par contre, je peux me demander si Groot utilise les toilettes et si ses déjections comptent comme du fertilisant animal ou végétal. Et op, second round !

« Je crois que le premier Rallye qu’on a fait ensemble, elle l’avait fini en repeignant l’évier de sa chambre comme ça. »

Nan mais ils vont vraiment commencer à balancer le dossier alors que je balance tout ce que j’ai ?!

« Et sinon, Rocket, Groot, vous tenez quels rôles sur ce vaisseau ? Pilotes ? Artilleurs ? »

C’est ça, concentre-toi sur les symboles phalliques et laisse-moi vomir en paix sur de joyeuses musiques des années 80 !

« Mécanos ? Ingénieurs ? »

Oui, oui, je finis et j’arrive au plus vite !

Comme j’étais sûre que cela allait, ou tout du moins je n’étais pas au courant que cela n’allait pas, c’est ce que je réponds lorsque Rocket me demande si je suis sûre que ça va :

« Yep, c’est fantastique. »

Je tiens à préciser que je suis stupide, pas ironique ni menteuse. Encore que menteuse, un peu quand même mais pas sur cette déclaration-là ! Et puis c’était pour la bonne cause : la mienne. Résultat, quelques instants plus tard…

« Ah… je sais pas comment je dois le prendre… »

Et là personne ne lui répond ?! Avocat périmé !

« Je s'appel Groot ? »

M’appelle. Je m’appelle. Et pourquoi il continue les présentations ?

« Mais non, c'est pas à cause de toi, te met pas ce genre d'idées dans la tête, ça va te pourrir la vie. »

Mince, faut que je vomisse plus vite, il se passe pleins de trucs que je comprends pas.

« Bon, je note que si on décolle, je devrais lui donner un sac au cas où. J'apprécierai de ne pas avoir à essuyer une "galette" dans mon vaisseau. »

Les mecs, au secours ? Non, personne ? Je les imagine tellement regarder Rocket avec un air amusé en se disant que j’ai encore fait forte impression à ne jamais rien faire comme tout le monde. Heureusement, Nathan change de sujet pour un qui m’intéresse, comme les autres, et me concerne, comme les autres aussi. Du coup, le heureusement vient du fait que c’est le seul qui ne parle pas directement de moi ! Si j’avais su qu’un jour je serais contente que ça ne parle pas de moi…

Pilotes, artilleurs, mécanos ou ingénieurs ? La quatre pardi ! Pour Rocket en tout cas. Il s’appelle Groot est le garde du corps. Le principe d’avoir une belle plante pour s’accompagner, Nathan comprend ! Non, je ne ferais pas cette association d’idées à l’oral, merci. Trop de polysémies qui pourraient être mal, ou bien, comprises. Et puis j’ai la bouche pleine, d’une certaine façon.

« Je sais que je me répète mais impressionnant, acquiesce Nathan.

- Est-ce vous qui avait construit le vaisseau, demande Enzo, surement en avançant le buste d’intérêt.

- Et les armes ?

- J’ai un passif d’ingénieur, même si rien de votre niveau. »

Tu as fait une école d’ingénieur et tu l’as même pas finie ! C’est pas un passif… ou alors pas dans le sens où tu l’entends !

Respirant vite et à mon grand damne par la bouche, je me recule des toilettes et fais bien attention à fermer la cuvette avant de tirer la chasse d’eau. J’ai déjà fait l’erreur de vomir dans des toilettes japonaises et de tirer la chasse alors que mon visage n’était pas assez loin. Ça m’a fait tout drôle et ça ne l’était absolument pas pour mon maquillage et mon estime de moi.

Il me faut m’appuyer contre la paroi, heureusement toute proche, pour me relever une jambe après l’autre. L’effort donne l’impression d’être conséquent mais ne l’est pas tant que cela, une fois fini, et je vérifie qu’aucune éclaboussure ne se trouve sur mes cheveux, mon carnet ou mon stylo. Impec, à un détail prêt. Le stylo retourne dans le carnet puis je récupère ma pochette pour y chercher le spray buccal, histoire que mon haleine ne sente pas le vomi, et un patch dentaire nettoyant et blanchissant, histoire que mes dents ne témoignent pas non plus. Oui, je ne suis pas ingénieure mais je pense comme tel et le problème ci-présent n’était pas inhabituel, pour moi.

Je ressors donc des toilettes avec la dignité qu’il me reste, chacun étant appréciateur de celle-ci, et regarde tout le monde installé avant de m’éclaircir la gorge.

« Euh… Succès du Monde Merveilleux : Vomir d’excitation pour faire bonne impression ! »

Ma lèvre supérieure se retrousse en un sourire enfantin, même si je suis moins contente de ma connerie que ce que je fais voir.

« C’est pas vraiment comme ça que j’aurai aimé voir le Milano de plus prêt mais… c’est fait. »

Carnet et pochette dans une main, j’ai le loisir de réfugier l’autre dans la poche de mon pantalon pour dissimuler mon stress. Néanmoins, le pouce est autant planqué que les autres doigts cette fois ! Le refrain alternatif employé, j’avance avec la dignité d’une mannequin jusqu’à la table même si mon sourire se fait lèvres fermées.

« Désolée pour ça. Je pensais pas que ça arriverai juste avec la visite… mais c’est plutôt un compliment, tout disgracieux que cela puisse être. »

Je marque une pause alors que Nathan et Enzo s’échangent un regard fort désobligeant pour moi. Gna, Gna, Gna, gardez vos commentaires et comportez-vous comme des grandes personnes ! D’ailleurs, pour la peine, je reste debout en bout de table pour être tant sur le flanc de ma paire de deux que sur celui de Rocket et Groot. Voilà, la place de la cheffe ! Il me manque juste un siège, du coup… mais ça colle bien avec ma dignité ! Ce qui, après un instant de réflexion observatrice, me fait aller m’installer à côté de Rocket sans la moindre gêne. Sentiment qui accompagne mon dépôt de pochette et de carnet sur la table, le temps que je me réinstalle correctement. Ensuite, je récupère le carnet, toujours ouvert sur le début de plan du Milano dessiné à l’encre rouge-rosée, puis le stylo, qui se trouve dans les spirales, et tourne la page.

« Si vous acceptez, j’ai je-sais-pas-combien de questions pour vous. La première étant sur l’énergie utilisée pour faire fonctionner le Milano et la seconde étant l’origine de son nom. J’ai des théories pour les deux, commençant par une captation et retransformation d’une forme d’énergie noire, sachant qu’on est capables de la calculer sur Terre mais pas de l’observer, afin de bénéficier de l’omniprésence et des effets répulsifs pour alimenter le vaisseau ; avec une prévalence de l’utilisation de l’énergie du point zéro, puisqu’elle est peut-être une énergie noire et qu’elle est également présente dans les théories de téléportation-vm, qui expliquerait votre capacité à voyager entre les systèmes stellaires sans y passer l’éternité. »

Ayant une approche quantique de l’énergie du point zéro et non astrophysique, j’anticipe parfaitement que je sois perdue par l’explication de Rocket si celle-ci vient ; sachant que j’anticipe tout autant que je perde Rocket avec mon flot de paroles précédent, moins pour des questions techniques que des questions de "de-quoi-qu’elle-se-mêle-celle-là" voire "on-a-dit-visite-pas-démontage". Je démonte imaginairement, si j’avais vraiment voulu le démonter j’aurais apporté des scanners 3D… mais je préfère demander avant de faire ce genre de choses, cela ne se fait pas au premier non-rendez-vous. J’ignore quand le SHIELD c’est permis de le faire mais je suis certaine qu’il l’a fait pour tenter de comprendre le fonctionnement technologique. Personnellement, la meilleure manière d’avoir une réponse étant de poser la question, je demande !

« Et sinon, le nom "Milano" vient de l’actrice américaine, de la ville italienne, d’une autre référence à la Terre ou je suis encore plus à côté de la plaque avec cette théorie-ci qu’avec l’autre ? »

Technique du sandwich : un truc qui passe bien, un truc qui passe moins bien et un truc qui passe bien. Bon, comme mon premier truc qui passe bien est débattable, je suis peut-être sur la technique de la tartine et on sait bien que la tartine, comme l’ivrogne, retombe toujours du côté beurré. D’ailleurs, je sens mes pieds recommencer à faire patte-patte en altérant mes appuis de l’un à l’autre d’excitation et j’aimerai ne pas le refaire comme j’ai déjà baptisé les toilettes.

« Lu, m’interpelle Nathan, désapprobateur, un jour tu vas nous faire tuer à pousser ta Chance.

- Toi d’abord, tâche de plaisanter Enzo alors que j’ai relevé le nez vers eux deux et que lui se penche vers moi en joignant les doigts en révolver. Cependant, il a raison : tu abuses totalement de la gentille de Rocket. »

Une pause alors que mon avocat fait son job et se retourne vers le Gardien de la Galaxie, abaissant ses avant-bras sur la table et repliant ses index pour qu’ils ne soient plus en révolver.

« Excusez-la. Elle ne maitrise pas plus sa curiosité que son excitation et n’a pas l’habitude qu’on lui dise "non". N’hésitez pas à le faire néanmoins. »

Je pince les lèvres et baisse les yeux de déception, nullement agacée car je comprends bien ce qu’Enzo cherche à faire : tout à la fois limiter la casse que je peux causer, comme toujours, me rappeler la discussion de ce matin et ce midi ainsi que permettre une éventuelle discussion moins brusque ; comme celle qu’il devait chercher à faire.

Derrière les smartglasses, mes yeux vert d’eau se tournent vers Rocket alors que le pincement des lèvres reste.

« Désolée. »

De manière générale, il vaut mieux demander pardon que la permission pour des petits trucs sans conséquences mais je ne crois pas que l’on se trouve dans cette configuration. Néanmoins, outre la demande rhétorique de permission, j’espère que d’avoir été un peu plus franche qu’Enzo sur mes capacités de compréhension permettra de créer la curiosité de Rocket. Mon avocat et moi nous complétons bien sur ces aspects : il ne cherche pas à attirer l’attention sur lui, son métier est de défendre quelqu’un en convainquant quelques autres, tandis que je cherche à être le centre de l’attention, mon métier était de plaire et de faire des choses qui plaisent. Enzo s’adresse à la prudence et à la rationalité, même si c’est généralement plus facile de convaincre par les émotions et qu’il sait très bien le faire aussi, tandis que je m’adresse à la passion. Et Nathan, lui, il regarde son homologue garde-du-corps qui doit avoir des centres d’intérêt communs avec lui : dont un beau "rien-à-faire" de nos histoires techniques.

Rocket n’a pas construit le vaisseau, lequel appartient à Quill et me fait savoir que j’avais bien visé à défaut de toucher, mais il a effectivement construit les armes. Je pince mes lèvres un instant, même si je suis consciente qu’un super-héros a besoin d’armes pour défendre et se défendre. Pour ne pas dire que tout citoyen semble avoir ce besoin, ici. C’est fou ça : la Suisse est plus armée que la moyenne des Etats-Unis avec beaucoup moins d’accidents, ou de tueries volontaires, mais j’ai toujours de l’appréhension à inventer quelque chose qui pourrait être transformé en arme. Surement parce qu’on ne parle pas du même type d’armes. Anyway, j’ai pas envie de m’assombrir l’humeur avec cette discussion donc la suite !

Rocket n’a pas de diplôme, ayant tout appris sur le tas à l’instar de l’artillerie ; de sa capacité à utiliser les armes qu’il crée ? Ou alors on parle réellement d’une artillerie destinée à atteindre des cibles à des kilomètres ? Niveau de la Terre, je crois qu’on touche au mètre prêt à 200km maintenant, et je parle artillerie pas aviation, mais je suis pas la des plus renseignées sur la chose. Son vaisseau a-t-il les capacités de raser New York depuis l’orbite ?

« Quand on doit se défendre seul et qu'on a pas le physique pour, on apprends à construire des armes. »

Je n’ai jamais ressenti autant d’empathie pour un raton laveur de l’espace, ou pour un raton laveur tout court – sans parler d’un extraterrestre – d’ailleurs, mais j’ai très souvent partagé la tristesse de cette constatation. J’ai presqu’aussi souvent lutté contre cette constatation par peur de ce qui arriverait une fois les armes créées. Presque.

Au moins ai-je mes questions pour me changer les idées sur quelque chose de plus osé et joyeux, quand bien même la réponse ne l’est pas. Déçue, j’en doute : on parle de choses qui pourraient faire progresser l’Humanité entière ! Vivement, je prends des notes. Je ne peux m’empêcher de sourire au fait que j’ai des idées trop écologiques pour la société galactique. D’une part, il doit être plus difficile de créer un carburant stable histoire d’éviter qu’il ne détruise l’entièreté du système stellaire en cas d’explosion du vaisseau mais tout de même capable de fournir les quantités d’énergies possiblement équivalentes à celles de plusieurs étoiles que de puiser dans l’énergie ambiante de l’univers. D’autre part, ça prouve que le capitalisme est le seul modèle capable de fonctionner à grande échelle : plutôt que d’avoir des vaisseaux indépendants, ils doivent dépendre d’une production de carburant ! Lobby powa ! Quant à ce que le carburant ait "un bien meilleur rendement énergétique" que les nôtres, c’est un joli euphémisme pour dire qu’il est probablement plus puissant que notre soleil. L’avantage du carburant, cependant, c’est que je peux en avoir un échantillon !

« Il y a des sources d'énergie plus perfectionnés, mais elle ne sont pas à notre portée, de la même manière que tout le monde n'a pas les moyen de payer une voiture électrique ou hybride sur Terre. »

Capitalisme. Il y a des gagnants et des perdants et, étonnamment, les gagnants sont ceux qui font les efforts de jouer. "Au final, les problématiques sont toujours à peu près les mêmes, y compris à l’échelle galactique" ; c’est triste et rassurant à la fois. Triste, parce que cela signifie qu’on n’est pas près de se sortir de nos galères sociales en tant qu’espèce vu que des civilisations bien plus avancées sont toujours empêtrées dedans. Rassurant, parce que cela signifie qu’on n’est pas si mauvais que cela dans nos errances et qu’on ne va pas forcément s’autodétruire puisque d’autres ont réussi à continuer sans totalement saccager leur planète. Sauf les Titans, Thanos étant un exemple de ce qui n'allait pas chez eux. Aparté mis à part, on a un avantage indéniable : les Réacteurs Arc de Stark Industries. La transition vers une énergie propre, illimitée et compacte est possible. On ne fera pas du voyage interstellaire avec cela mais quand on peut tenir dans le creux de sa main la puissance de trois réacteurs nucléaires sans les problèmes liés aux résidus de fission, on est plutôt pas mal. Sachant que cette énergie motrice pourrait être suffisante à faire voler un vaisseau, preuve en étant les Héliporteurs qui ont raté leur décollage à Washington DC il y a quelques années, et qu’il suffirait après de trouver une nouvelle technologie de propulsion – puisque les répulseurs ne peuvent marcher dans le vide spatial – possiblement récupérée sur le Milano et de l’adapter à une nouvelle source d’énergie pour contourner le problème du lobby du carburant et op, une humanité hyperspatiale. On a tous les éléments, il nous manque juste les personnes pour compléter le puzzle. Cela étant, je m’avance pas trop sur les notions d’hyperespace parce que j’aurai surtout des questions : nos théorisations de la chose, au-delà du concept science-fictionnel qu’on tente de justifier avec des bouts de relativité générale, désigne surtout un espace euclidien de dimension supérieure à trois ou un multivers ; selon les théories. Et là on entre dans de la physique plus avancée que celle que je maitrise réellement, même si l’emploi de dimensions supplémentaires implique donc plus de la téléportation exotique, par le biais d’autres dimensions, là où l’on tend d’abord à justifier le voyage interstellaire par de la téléportation via la métrique du vide, par la manipulation des propriétés du vide ou de la géométrie de l’espace-temps ; c’est ce que j’évoquais avec l’énergie du point-zéro, même si mon approche de celle-ci est quantique, et ce qui est souvent impliqué avec l’utilisation des trou-de-ver, même si je préfère l’énergie suscitée puisqu’elle a l’avantage de fournir l’énergie dont on a besoin pour effectuer le voyage plutôt que de devoir la générer par un autre biais – et possiblement avoir besoin d’épuiser l’énergie d’étoiles entière généralement plus grosses que notre soleil, qui est une étoile naine. Enfin Bref, je crois que je me suis perdue.

Nathan me rappelle à l’ordre. Enzo temporise. Rocket répond.

« Vous en faites pas, on a pas l'intention tuer qui que ce soit. Je sais qu'on a l'air bizarre, mais on est pas des sauvages !

- Je ne disais pas cela pour vous, répond immédiatement Nathan en levant les mains pour poser la situation. Désolé. Simplement que la plupart de nos rencontres avec des super-humains… disons qu’elles mettent nos vies en danger et qu’il y a une curieuse qui a du mal à savoir où s’arrêter. »

Je déglutis et baisse les yeux face au soupir fatigué de Nathan, premier à stresser dans ces situations même si je pense qu’elles diminuent nos espérances de vie à tous ; même quand on leur survit. Enzo, lui, croise les bras et reste silencieux. On attend tous deux de voir où Nathan veut en venir tandis que Rocket explore les présents qu’on a fait. C’est bien peu de chose comparé aux gentillesses dont lui fait preuve, depuis m’avoir accepté sur le vaisseau et en faire de même pour Nathan et Enzo alors qu’ils étaient pas convenus à répondre à mes questions qui n’étaient pas plus convenues et pourraient être perçues comme dangereuses puisqu’il ignore tout de ce que je peux faire des savoirs donnés… même s’il n’en donne pas beaucoup, il faut l’admettre, que j’extrapole beaucoup, je l’admets, et qu’il doit être habitué à ce genre de curiosité, je peux l’admettre.

« Rien que depuis le début du mois, on a eu le droit à… une explosion d’origine mutante… notre domicile envahie par une gelée vivante qui dissolvait la matière organique et l’eau… Luke Hunt dont il faut qu’on vous parler d’ailleurs… »

Je relève les yeux et le visage en comprenant le point de Nathan. C’est vrai que le dangereux dérangé a évoqué sa collaboration avec les Gardiens de la Galaxie pour légitimer qu’il était une bonne personne alors que littéralement tout ton passif et son comportement montraient l’inverse. Qu’est-ce qui a pu pousser Rocket Raccoon à s’allier avec quelqu’un comme ça ? L’ignorance, surement, mais je suis curieuse de savoir ; même si beaucoup moins que vis-à-vis du vaisseau, je dois avouer. Nathan est plus terre-à-terre que moi ou, comme il l’a dit, je ne sais pas m’arrêter. Quid de Rocket ?

A le voir ainsi faire de son mieux pour être un bon hôte, je l’observe crapahuter dans un vaisseau trop grand pour lui en me disant que c’est peut-être ainsi qu’il vit sa vie : une vie trop grande pour lui. "Quand on doit se défendre seul et qu’on a pas le physique pour, on apprends à construire des armes". Quand on doit vivre dans une civilisation construite pour une normalité et qu’on n’appartient pas à celle-ci, on apprend à construire des refrains alternatifs. Faire semblant, très souvent. Fake it until you make it, comme on dit. Fake it until you become it, pour les optimistes. Je suis optimiste, j’ai eu l’entourage pour me permettre de le devenir et la réflexion philosophique pour me permettre de le rester. Même si c’est dur. Personne ne frappe aussi fort que la vie. Ce qui compte, c’est pas de réussir à rester debout. C’est de réussir à se relever. C’est bête mais je pense qu’un jour j’aimerai me faire un marathon Rocky avec Rocket. Et pas pour le jeu de mots.

« Vas-y doucement, déclare le Gardien de la Galaxie une fois réinstallé et ayant fait un service lui valant un "merci" par personne, c'est pas comme le coca ça.

- Nope, confirme-je en levant mon verre également tout en me calquant sur la hauteur de celui de Rocket pour être à sa portée. Quarante brins de génépi et quarante sucres pendant quarante jours dans un litre d’alcool à 95. Ensuite, on dilue avec de l’eau pour diminuer le degré. Celle-là est vers les cinquante, si j’ai bien dosé. »

Ouais, l’alcool artisanal c’est comme la cuisine : vient un moment où les doses sont approximatives. Après, elles sont arrondies à l’inférieur chez moi, c’est toujours plus facile de rajouter que de retirer. Ici, on parle d’eau, évidemment.

« Aux fabrications artisanales et à leurs utilisations inoffensives. »

"La curiosité est un vilain défaut", c’est un proverbe que je n’apprécie pas même s’il n’est pas totalement faux ; pas plus que totalement vrai. Sans la curiosité, on n’aurait jamais maitrisé le feu. Sans le feu, on serait toujours aussi avancés que les animaux. La curiosité, l’envie de découvrir et de comprendre, est la plus grande force de l’Humanité et de toute civilisation avancée ne se reposant pas sur la technologie d’autrui pour exister. Oui, elle peut amener à des erreurs mais celui qui n’est plus curieux n’évolue plus aussi vite voire prend le risque de décrépir.

"Il vaut mieux pour tout le monde que certaines choses ne se sachent pas", c’est encore plus complexe. Fritz Haber. Le "père de l’arme chimique", prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la synthèse de l’ammoniac qui ont permis de fabriquer des explosifs mais aussi des engrais. Le mec a inventé le gaz moutarde et contribué au Zyklon B, utilisé sur les Juifs dans les chambres à gaz, et est donc responsable de millions de morts mais sa synthèse de l’ammoniac est la fondation de ce qui permet de nourrir aujourd’hui prêt de deux milliards de personnes. Je pourrais aussi prendre l’exemple de la création de la bombe nucléaire dans le cheminement ayant mené aux centrales nucléaires. Chaque chose est neutre, c’est l’utilisation que l’on en fait qui importe. Néanmoins, malgré mon beau raisonnement, je m’heurte à un problème. La peur. La peur qu’on détourne ce que je fais moi pour nuire à autrui. Une peur qui motive la déclaration de Rocket et qu’il partage puis me partage.

Je lui souris avec une grande tristesse et lui tend mon carnet comme les quelques mots qui s’y trouvent, informatiquement hiérarchisés. Je ne réponds pas de suite car Nathan mène la danse avec des dangers plus récents. Des dangers qui le motive à me pousser à ne pas m’en remettre à d’autres, lui inclus, pour me protéger alors que je peux créer des armes pour nous protéger tous les trois. J’inspire par la bouche alors qu’ils discutent.






"Quand on doit se défendre seul et qu’on n’a pas le physique pour, on apprend à construire des armes".
Pourrait-on construire la moindre arme sans la curiosité de comment celles qui existent déjà fonctionnent ou la curiosité d’en tester de nouvelles ?
Ne vaudrait-il pas mieux pour tout le monde que personne ne le fasse ?

Je me gratte l’arrière de la tête puis descend mes doigts dans mes cheveux pour me frotter la nuque. Je ne suis pas mal à l’aise d’avoir données mes notes, elles sont maigres, mais je le suis de trop penser à ce qui se dit ici et ce qui se joue sans se dire.

« Luke Hunt ? On est partis du mauvais pied, commence à expliquer Rocket, m’amenant à un pouffement malaisé face à ce que je suppose être un euphémisme tandis que Nathan se penche en avant avec intérêt et qu’Enzo lève les sourcils de curiosité critique,  mais ensuite, on a fait un peu la fête ensemble et on est restés amis. »

Enzo semble perplexe mais s’abstient du moindre commentaire tandis que Nathan se redresse, impressionné et amusé. Moi, je suis dubitative ; pas que je n’imagine pas qu’on puisse se lier d’amitié à un être comme Luke Hunt, cependant je trouve qu’une fête n’est pas suffisant. L’amitié se construit sur des décennies. Le reste, c’est des potes. Rocket confierait-il sa vie à Luke Hunt ? Celles de ses proches ?

« Aux dernières nouvelles, il a cessé ses activités de hors-la-loi pour se racheter une conduite, mais des tas de gens font ça.

- Il nous a fallu une lecture de son CV pour comprendre qu’il était habitué à tuer, torturer et mutiler, expose calmement Nathan en ouvrant les mains sur la table, paumes vers le ciel comme s’il s’excusait, et dix minutes de recherche internet pour comprendre qu’il avait amassé une fortune colossale en blanchissant de l’argent. Il voulait un post de garde du corps, Lucky a accepté de le rencontrer. »

Les derniers mots comme le regard qui les accompagnent sont un reproche assumé et partagé par Enzo, lequel croise les doigts et se renfrogne à cette histoire.

« Et il a fallu une dizaine de minutes de bon et méchant flic pour qu’il nous déballe, dans le désordre, être un meurtrier multirécidiviste avec un fantasme de justice, considérer qu’être payé par une personne moins riche que lui est héroïque lorsque ladite personne dit qu’il est suffisamment riche pour faire du bien à la communauté de façon désintéressée, être issu d’expériences tzaristes qui l’ont rendu immortel en plus de ses pouvoirs d’hybridation je-sais-plus-quoi, le tout en prouvant à chaque instant qu’il est psychologiquement instable au point, non seulement de terrifier la personne qu’il est censé protéger, mais aussi de manquer d’arracher la main d’Enzo lorsque celui-ci lui a donné une bouteille d’eau pour l’aider à se détendre. »

Posant ses coudes sur la table, Nathan joint les mains devant son visage en un soupir agacé. Son regard me fixe à nouveau. Dès la fin de la recherche internet, il avait diagnostiqué Luke Hunt comme une bombe à retardement et l’avait énoncé comme tel ; propos qu’il a assumé face au dangereux dérangé, d’ailleurs. Nathan n’a pas de pouvoir mais il a la capacité de regarder la réalité en face et de l’accepter telle qu’elle est sans rechigner comme avec une bravoure qui peut tendre à l’insolence. Dans un monde de dieux et de monstres, il fait face armé de ce qu’il a sous la main, de son intelligence et d’une paire de parties que peu possèdent. C’est pas le meilleur et il le sait. Cela ne l’empêchera pas de tout donner pour ceux qu’il aime. Il veut nous défendre mais il n’a pas les pouvoirs pour, pas plus qu’il n’a les compétences pour créer des armes… néanmoins, à rencontrer Rocket, je comprends mieux pourquoi Nathan est aussi insistant pour que je lui fabrique de quoi nous défendre. Oui, peut-être cela sera utilisé pour faire du mal aux autres, à terme. Cependant, on l’utilisera pour que les autres ne nous fassent pas mal, immédiatement. Je ne veux pas faire du mal, je veux faire du bien, mais lorsqu’il est question qu’on me fasse du mal, le bien ne suffira pas. Evidemment, Nathan approche les choses avec une politique de la dissuasion nucléaire : avoir la capacité de s’autodétruire mutuellement permet d’éviter d’engager le combat. Je comprends la pensée, sans l’approuver. Cependant, je ne suis pas certaine de pouvoir créer quelque chose comme ça. En revanche, créer quelque chose qui me permettrait de vaincre les soldats et autres surhumains physiques comme Luke Hunt, je le peux. Et je ne parle pas d’utiliser le système contre lui, divulguant l’enregistrement que Nathan a fait durant notre conversation en guise de levier si jamais on doit utiliser le SHIELD pour l’arrêter. Non, je parle de ce que j’ai fait par amour pour les abeilles et par acceptation du fait que mon animal préféré allait disparaitre avant que je ne disparaisse moi tout en ayant le fol espoir de pouvoir, en plus de garder son souvenir, palier à son rôle écologique. Puis j’ai réalisé que cela pouvait être transformé en arme. Une arme que les capacités de combat classique n’affectent pas réellement car elle exploite le fonctionnement de la réalité. La science. Les gens qui ont des pouvoirs participent au jeu des supers sans avoir besoin de comprendre comment il marche. Les gens qui n’en ont pas doivent comprendre les règles et les exploiter. Même si c’est plus dur, cela permet de mieux agir.

« Aux fabrications artisanales et à leurs utilisations inoffensives. »

La déclaration est aussi sincère que son ironie est puissante. Un mutant est une arme biologique artisanale, unique ou peu s’en faut et d’une puissance destructrice parfois mondiale (comme l’a prouvé Magneto dans les années 80) mais généralement à l’échelle individuelle. Une invention, comme l’armure Ironman, peut être une arme à l’échelle industrielle, fabriquée en série et d’une puissance destructrice moindre mais suffisante. Hammer Industries avait tenté de faire cela, avant les Avengers, et Anthony Stark lui-même avait créé l’Iron Legion, avant Ultron. Ils ont abandonné les projets. Pourtant, l’Iron Legion aurait pu arrêter Thanos, je pense. Elle aurait pu éviter le sacrifice d’Ironman et celui de Black Widow. Les armées les plus avancées du monde limitent les soldats qu’elles utilisent. Elles préfèrent les drones. Les drones sont plus chers que les vies humaines, en argent, mais ils sont plus efficaces, tant à préserver les vies humaines qu’à les endommager. Je ne dirais pas que la vie humaine n’a pas de valeur ; si c’était le cas, personne n’aurait de salaire. Cependant, j’évalue la vie de Nathan et d’Enzo au même titre que la mienne, c’est pour cela qu’ils sont mes associés et non mes employés. J’évalue aussi que je serais prête à payer beaucoup plus pour qu’on les épargne. Probablement tout. Les @robeez ne coûtent pas aussi cher et sont surement plus efficaces. Ce sont des drones. Non. Ce sont l’idée de drones.

Je vide le verre cul sec, tout comme Nathan et Enzo, puis ferme les yeux et le visage en attendant que la sensation de brûlure sucrée passe. Je préfère le génépi à la vodka pour le goût car le parfum de génépi reste dans la bouche même après que l’alcool se soit écoulé dans la gorge. Les vapeurs sont sympathiques, également. Lorsque je rouvre les yeux, je constate que Rocket fait particulièrement attention à Groot qui fait particulièrement content. Je ne peux m’empêcher de lui sourire tristement.

Poussant sur la table, je me relève et je marche lentement vers le râtelier d’armes. Pour l’atteindre, je dois contourner la rampe qui forme actuellement une trappe dont la symbolique ne m’échappe pas bien au contraire. Mes affaires sont sur la table ainsi puis-je mettre les deux mains dans les poches.

« Pourquoi des armes de poing et d’épaule, demande-je sans  réellement attendre de réponse. Pourquoi toujours se mettre à la portée du danger ? »

L’évolution des armes est fascinante mais peut se résumer en une notion : avoir plus de portée que l’ennemi. Un couteau. Une lance. Une fronde. Un javelot. Un javelot avec propulseur. Un arc. Une arbalète. Un arc à poulie. Une arme à feu. Un canon. Une artillerie. Un avion. Un missile. C’est très résumé mais l’idée est toujours là. Qu’est-ce qui est mieux qu’un truc qui coupe et qui plante ? Un truc qui coupe et qui plante au bout d’un bâton pour que le mec d’en face ne puisse pas nous couper ou nous planter.

« Vous voulez savoir ce que je ferais si je découvre comment changer le monde avec votre technologie, demande en me retournant vers Rocket, cette fois, avant d’en revenir à ses armes. Au début, j’imaginerai tout le positif que cela pourrait créer. Les avancées. La joie. Le bien. Je rêverais. Puis je découvrirais que cela peut être transformé en arme. Alors, j’abandonnerai mes rêves. »

J’ai créé les @robeez parce que je voulais qu’il reste quelque chose des abeilles, consciente que l’Humanité ne les sauverait pas. Puis je me suis rendue compte qu’on pouvait les utiliser pour blesser des gens. L’injecteur destiné à arroser les plantes pouvait être utilisé sur des organismes. Abandonner la fonction et changer l’abdomen pour se limiter à la pollinisation n’aurait rien changé au problème : si j’y ai pensé, quelqu’un d’autre le fera. L’arme existera.

J’ai créé le Simulacre parce que je voulais pouvoir faire des actions surhumaines dans mes spectacles, dans ces rêves éveillés que je veux partager avec les autres pour que, durant quelques dizaines de minutes, ils n’aient plus à se souvenir de leurs soucis du quotidien et qu’ils puissent simplement s’émerveiller. Puis je me suis rendue compte qu’il pouvait être utilisé pour employer la violence physique sans prendre de risque et avec plus d’efficacité qu’un humain normal, même si probablement moins que la plupart des surhumains. Cette fois, le prototype était déjà engagé et j’ai donc saboté mon propre projet, consciente qu’on pourrait le reproduire et misant alors sur l’installation de technologies hors de ma portée pour qu’il ne soit jamais vraiment terminé. Les modifications seront lourdes si on lui cherche une nouvelle source d’énergie, même si ça n’est pas impossible à modifier. Je serais capable de le faire mais je connais ce prototype puisque je l’ai fait.

Je crée des rêves, je m’investis dedans de toute mon âme et je les regarde mourir dans ma peur ou dans l’indifférence d’autrui. Mon numéro chance, après chaque spectacle, me permet de savoir que je ne l’ai pas fait pour rien. J’aime à me dire qu’il m’aide à m’améliorer par écoute, par curiosité de ce qu’une personne aléatoire en a pensé, mais toutes n’ont pas d’avis constructif alors que la majorité ont des avis positifs. Il n’y a rien de pire pour moi que l’indifférence. A part, peut-être, abandonner ses rêves. J’abandonne une partie de moi à chaque fois que je le fais et, lorsque l’innocence me permet de mener le projet à bien, je crains que je ne l’ai fait pour rien. Pour personne. Que personne n'en ait rien à faire.

Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres.

Je suis triste quand je pense à tout cela, oui. Cependant, je suis en paix avec cette tristesse. Je suis en paix avec les renoncements que la vie m’imposera et, plus que tout, je sais que je me relèverai à chaque coup qu’elle me donnera. Personne ne frappe plus fort que la vie, l’important n’est pas de tenir debout lorsqu’elle le fait. L’important c’est de se relever après. Je me relèverai toujours, tant que j’en aurais l’occasion.

C’est le problème.

Depuis mon arrivée à New York, et quelques fois auparavant, ma vie a été en danger de mort. Les vies de Nathan et d’Enzo ont été en danger de mort. Depuis le début de ce mois, ce n’est pas seulement arrivé trop de fois puisqu’une fois, c’est déjà trop pour moi. Depuis le début de ce mois, c’est arrivé trois ou quatre fois.

J’entrouvre ma bouche dans un claquement de langue.

Je ne sais pas quoi dire.

Je clos mes lèvres.

Est-ce une question de blesser ou être blessé ?

Je me retourne face à la tablée, où Nathan et Enzo sont encore assis à me regarder sans dire mot. Le premier a les coudes sur la table et les mains jointes en des poings, se penchant légèrement en avant. Le second a les bras croisés et le dos droit, se penchant légèrement en arrière. Ce n’est cependant pas à eux que je poserai la question, connaissant déjà leurs avis et les expériences qui les ont forgés. C’est à celui qui provient d’une civilisation plus avancée et dont ces problématiques auraient dû trouver réponse… mais qu’elles ne l’aient pas fait est une réponse en soi.

J’avance jusqu’au bord de la rampe, celui duquel elle s’est détachée, et apprécie l’image que cela fait. Je suis au borde du précipice. Les armes sont derrière moi. Qu’on me pardonne la théâtralité mais j’aime à parler sans les mots, que cela soit avec les sons ou avec le décor.

« Rocket, dites-moi… est-ce une question de blesser ou d’être blessé ? »

"Les mots ont le pouvoir de détruire et de soigner, s’ils sont juste et généreux ils peuvent changer le monde" Bouddha.
"On obtient plus facilement en demandant poliment avec une arme à la main qu’en demandant juste poliment" Al Capone.
"Quand on doit se défendre seul et qu’on n’a pas le physique pour, on apprend à construire des armes" Rocket Raccoon.
"Litière" Lucy Orchent.

« Et vous pensez que je suis différent simplement parce que je suis nommé en tant que héro dans l'opinion publique, demande Rocket Raccoon à Nathan, amenant celui-ci à sourire. Sur Terre, je suis un héros parce que j'ai sauvé plus de personnes que j'en ait blessées, mais ça n'a pas toujours été le cas. »

Nathan et Enzo conservent leurs positions, mains jointes et coudes sur la table pour le premier, bras croisés et dos droit pour le second, tout en accordant leur pleine attention à l’histoire racontée. L’épopée d’un criminel et d’un mercenaire, d’un assassin et d’un tueur à gages. D’une repentance. D’une personne qui ne s’estime pas différente de Luke Hunt.

« Vous êtes psychologiquement stable, répond avec franchise Nathan. Vous n’avez pas cru, durant vos années criminelles, faire le Bien. Vous n’êtes pas une bombe a retardement capable de blesser ceux que vous prétendez protéger. Ou alors vous le cachez bien. »

Ce n’est pas diplomate mais c’est sincère et dit avec une certaine douceur. Nathan exprime sa pensée sur Rocket, l’estimant bien plus que Luke Hunt, puis laisse les choses se continuer car il ne semble avoir aucun souci à ce qu’ils soient en désaccord. Semble. Sans doute considère-t-il désormais Rocket comme une menace et cherche-t-il une contremesure pour nous en protéger. Nathan a battu Luke Hunt par l’intelligence, pas par la violence, ainsi peut-il surement présenter une menace également à Rocket Raccoon si celui-ci s’en vient à risquer, volontairement ou non, d’attenter à nos vies. Là-encore, néanmoins, Rocket est plus apte que Luke Hunt : on est sur son territoire et il a la protection de son image de marque pour jouer en sa faveur. S’il nous fait du mal, personne ne le saura ; contrairement à Luke Hunt.

C’est cependant amer de se dire que c’est à un ancien criminel et tueur à gages que je demande son avis concernant le fait de produire des armes, là où je n’écoute pas ceux d’amis dont l’un a dédié sa vie au service de sa patrie et à la protection de ses concitoyens. C’est tout aussi amer de se dire que, en effet, malgré les différences que j’attribue à Rocket Raccoon il a un besoin de voir les dégâts qu’il fait et de risquer sa vie lors des missions. Je ne comprends pas ce besoin. Ces besoins. En revanche, je comprends parfaitement son analogie avec le fer à souder. L’outil. L’usage. Je sais déjà tout cela. J’aime néanmoins l’ajout : il nous est impossible de nous en passer. J’aime le fait que, malgré l’arme, il reste l’outil. Entretenir. Réparer. Améliorer.

Une question de survie.

C’est à cette déclaration que je baisse les épaules et les yeux. A mes pieds, le précipice de la rampe. Dans mon dos, des armes qui ne peuvent être utilisée que comme tel. A l’autre bout de la rampe, après qu’elle se soit de nouveau élevée, non seulement il y a mes proches et des personnes qui pourraient en devenir mais l’une d’elle tient un outil et une arme. Me montre les deux faces de l’objet. Complémentarité ou opposition, je n’en sais rien. Ce que je sais, ce que je comprends, c’est qu’il y a plusieurs utilisations. Qu’à crainte qu’on détourne, qu’on vole, j’en viens à sacrifier ce pour quoi je le faisais à la base. Parce que cela ne me semble pas valoir la peine. Le bien que cela est prévu pour faire me semble inférieur au mal que cela pourrait être amené à faire. Avec ce raisonnement, Fritz Haber n’aurait rien fait. Ni Albert Einstein. Le monde serait très différent. Cependant, il ne l’est pas.

« Blessé ou être blessé, hein ? »

Je relève les yeux, mais pas le visage ou les épaules, vers Rocket.

« Imaginez : quelqu'un vous attaque. »

Je pince les lèvres, n’ayant aucune difficulté à l’imaginer de différentes façons tant c’est passé proche les jours précédents.

« Que faites-vous ? »

Je me mords les lèvres.

« Vous encaissez en attendant qu'il se calme, quitte à y laisser la vie, ou vous le frappez en retour pour assurer votre sécurité ? »

Je rebaisse les yeux, consciente de ce que j’aurai fait jusqu’ici.

« Ce n'est pas une question de morale, c'est une question de survie. »

Tout est dit.

Les phrases suivantes me dépassent. Je n’ai pas l’habitude de raisonner à une telle échelle. J’ai juste mal au cœur.

« L'univers n'est pas prêt pour le pacifisme, rien que sur Terre, cette notion est déjà utopique. »

J’étais une enfant du rêve, voulant en partager. J’ai appris à y renoncer par crainte du cauchemar. Maintenant, cependant, les autres peuvent m’apporter leurs cauchemars. Ce n’est pas une question morale. J’ai toujours abordé la chose ainsi et jamais Nathan n’a contre-argumenté sur ce point. Pourtant, sans doute aborde-t-il également les choses d’un point de vue de survie. Non moral. Lorsque Rocket l’énonce ainsi, je comprends. Je renonce à mon rêve.

Hagarde, je relève les yeux vers Nathan et Enzo.

Nathan serre les doigts de ses mains jointent mais acquiesce tout de même, confirmant son accord comme sa compréhension du mal que ça me fait.
Enzo pince les lèvres et détourne les yeux, confirmant qu’il n’aura aucun argument pour me faire me sentir mieux.

Groot est le seul ici qui semble s’enjailler, sachant que je ne suis pas certaine qu’il comprenne la langue et qu’il ne la parle manifestement pas.

Et Rocket.

Rocket a tout dit.

Non contente de fixer leurs présences et leur présent, je tourne mon regard vers leurs passés. Les fils de nos vies sont très intriqués avec Nathan et Enzo mais, plus que les souvenirs que je partage, je considère ce qu’ils ont vécu alors que je n’étais pas là. Cinq ans. Entre un cinquième et un sixième de leurs vies. Plus me concernant. Groot, je n’en ai pas la moindre idée au-delà de ce que Rocket nous en a raconté et Rocket lui-même a dépeint quelque chose de moche ; la personne qu’il était et la vie qu’il menait jusqu’à sa repentance. C’est une autre différence avec Luke Hunt : la repentance. Cela désigne une volonté personnelle et sincère d'assumer de manière responsable les conséquences d'actes considérés comme moralement condamnables commis le passé et de s'engager à ne pas les perpétuer. Luke Hunt a-t-il réellement cela ? Je ne pense pas puisqu’il escompte échapper à la justice qu’il considère décider et n’utilise pas les fruits de ses méfaits passés pour essayer d’améliorer le présent d’autrui. Rocket Raccoon, si. Ses armes servent à protéger les autres au péril de sa vie, désormais. Le passé l’a prouvé. Luke n’est que mots avec des actions qui le contredisent. Rocket non.

Et moi, dans tout cela ?

Une gamine rêveuse.

Une enfant qui fait son possible pour rester sur une île placide d’ignorance, admirant ce que le monde au-delà lui montre alors qu’elle devrait le craindre.

Une enfant qui fait son possible pour acquérir des connaissances éparses sans pour autant les relier, craignant que la coordination de ses savoirs ne lui ouvre des perspectives terrifiantes sur la réalité et l’effroyable position qu’elle y occupe.

Une enfant qui est enfin prête à choisir entre la paix et la sécurité de son obscurantisme ou la guerre et le danger de son monde.

"That is not dead which can eternal lie", voilà la première moitié de la citation la plus célèbre d’HP Lovecraft dans l’Appel de Cthulhu. Je n’ai jamais compris pourquoi toutes les traductions n’exploitent que le sens "N’est pas mort ce qui à jamais dort", utilisant "lie" dans le sent "reposer", "être étendu". La phrase pourrait toute aussi bien vouloir dire "N’est pas mort ce qui à jamais ment". On perd la rime mais on garde le double-sens et il devient plus sinistre que celui qu’on lui connaissait.

Je suis une rêveuse.
Je suis une menteuse.

Je partage mes rêves.
Je m’enferme dans mes mensonges.

Il est temps de se libérer des uns et des autres.

That is not dead which can eternal lie,
And with strange aeons even Death may die.

Il faut juste trouver comment.

HP Lovecraft était persuadé qu’avec suffisamment de connaissances, on trouverait suffisamment d’horreurs pour décider de retourner à l’obscurantisme. Était-ce optimiste ? N’arriverait-on pas, justement, à faire pire que les horreurs découvertes à vouloir s’en prémunir ? Je crains cela. J’anticipe cela. Je n’ai qu’un seul moyen de le savoir.

Arpenter ce chemin.

Mes yeux cessent d’être perdus lorsque je me retourne de biais face au râtelier d’armes jusqu’ici dans mon dos. Mes épaules se redressent le temps d’un soupir nasal, s’affaissant immédiatement alors que je considère avec tristesse des gadgets qui sont technologiquement plus avancés que les miens mais culturellement plus arriérés. L’envie de l’aventure, je ne l’ai pas. L’envie de l’efficacité, en revanche.

Vais-je devenir un monstre ?

Même si j’adopte la passivité réactive des héros attendant que la situation ne les appelle pour intervenir, je continue de craindre les détournements de ce que je pourrais faire. Ultron en est un exemple : détournement de ce que feu Tony Stark espérait faire et qui l’a amené à ne pas refaire la même bêtise… ou pas, d’ailleurs, puisqu’il me semble que le vilain Mysterio utilisait des drones volés à Stark Industries pour simuler les Élémentaires et se faire passer pour un héros. A vérifier.

Dans tous les cas, et la polysémie de cette considération est bien plus abyssale que l’ouverture de la rampe à mon côté, je commence à longer le rectangle qui pourrait mener mes proches et les deux Gardiens de la Galaxie jusqu’à la Terre. Symbolique, toujours.

Lorsque j’arrive à côté de Rocket, je lui fais un faible sourire. Je ne sais pas si je dois le remercier ou non et dans quel sens le faire si tel est le cas. Ce que je sais, c’est que j’ai une amère gratitude envers lui pour ce qu’il a eu la franchise de me dire.

Revenue à ma place, je m’assieds et m’empare de mon carnet de notes dont je tourne deux pages. Silencieusement, je commence à écrire dessus.




« Bon, soupire Enzo en écartant les bras et haussant les épaules. Je m’excuse de casser le silence, déprimant, mais on m’a vendu du rêve avec un vaisseau spatial. »

Je relève les yeux vers mon avocat qui se lève de table en s’appuyant sur celle-ci avant de se tourner vers Groot puis Rocket, les mains toujours en appui.

« Puis-je proposer une démonstration de commencer cela se pilote ? »

Nathan et moi échangeons un regard d’abord circonspect puis amusé. On suit ensuite le regard d’Enzo jusqu’à Rocket, m’amenant à me retourner tout en gardant mon carnet dans une main et mon stylo dans l’autre.

« Je réfléchissais à proposer un concours d’alcool entre garde du corps mais, quitte à, je préfère attendre qu’on ait réattérit pour pas faire une Lucky en plein ciel, surenchérit Nathan avec amusement, tâchant de faire partager. Remarquez, vomir en apesanteur, pas grand monde peut s’en vanter. Mais, pour faire le ménage chez la vomi-tôt et considérant votre gentillesse, je préfère vous épargner ça. »