Étirant les coins de sa bouche vers le bas dans une mimique étonnée, à la manière d’un pantin suspicieux, le Soldat de l’Hiver n’avait pu s’empêcher de lentement lever ses yeux bleus vers le plafond blafard lorsque Raven décréta pouvoir acheter des dames sans la moindre difficulté ; faisait-elle allusion aux demoiselles de compagnie offrant leurs charmes à la nuit tombée contre quelques billets ? S’il ne considérait pas ces femmes comme honteuses ou impures, il n’avait jamais eu à quémander leurs services, et ne pensait pas avoir à le faire un jour, mais n’avait pu s’empêcher de sourire avec espièglerie aux pensées douteuses de son acolyte retrouvée. Frottant alors le coin de sa mâchoire à l’aide de sa paume gantée, il avait rapproché son visage de l’oreille de Raven pour lui répondre, d’une voix toujours aussi discrète et amusée :
« Je crois que je vais me contenter d’acheter un gâteau sur le chemin du retour… »
Mais l’expression joyeuse de la belle blonde fut largement entachée tout à coup, son visage se marrant même d’un voile obscur sans qu’il ne sache véritablement pourquoi ; était-ce le brouhaha oppressant autour d’eux ? Le fait d’être cerné par des couples amoureux alors qu’elle était accompagné d’un ami retrouvé quelques minutes auparavant ? Évidemment, le plus simple aurait été de lui demander directement mais ce n’était pas encore le moment, et rien n’assurait que Raven lui dise la vérité. Après tout, il avait manqué tant de choses dans sa vie… Mais désormais, il ne manquerait plus rien.
Finalement, elle apporta une réponse presque rassurante à toutes ces interrogations, car celle-ci sonnait étrangement fausse aux oreilles de l’ancien tueur, bien qu’il eut un instant pensé qu’elle était tout simplement gênée d’être ainsi malmenée par les demandes des sages-femmes. Essayant de la rassurer du mieux qu’il le pouvait, Bucky avait glissé sa main dans son dos pour le caresser brièvement, sans perdre une miette du discours de la demoiselle en blouse rose face à eux. Raven avait donc décidé d’accoucher de façon classique… Tant mieux parce que c’est la seule qu’il connaissait.
Mais contrairement aux autres hommes, Bucky ne perdit point de temps pour offrir ses deux mains à Raven, qu’elle vint chercher pour s’y agripper avec une anxiété presque palpable… Il était vrai que son ventre annonçait un accouchement imminent, et si c’était la première fois qu’elle donnerait la vie, peut-être redoutait-elle le moment fatidique ? Tentant de désamorcer la situation stressante en la faisant rire, le Loup Blanc lui avait murmuré ceci, d’un ton malicieux :
« La gauche, tu peux la serrer autant que tu veux… »
Faisant allusion à son bras métallique, il avait malencontreusement chatouillé sa nuque avec la barbe brune recouvrant sa mâchoire, juste avant de se reculer pour la laisser s’installer à son aise. Lorsque ce fut chose faite, il lui adressa un sourire emplit d’une tendresse évidente tandis qu’elle s’excusait (et pourquoi, d’ailleurs ?), alors qu’il s’estimait chanceux de pouvoir l’accompagner dans une aventure aussi drôle que précieuse. Elle garderait peut-être un souvenir impérissable de ce cours d’accouchement, et lui avec !
Mais pour l’heure, et d’après les remontrances de la sage-femme, il fallait encourager la future maman dans sa tâche à accomplir, et celle ci était bien loin d’être aisée. Reprenant alors son rôle très à coeur, il avait entrepris de caresser la surface de ses mains à l’aide de ses pouces gantées, tandis qu’il prenait la parole d’un ton aussi encourageant et enjoué que possible :
« C’est bien mon ange, c’est parfait ! Tu te débrouilles super bien, continue comme ça, je suis très fier de toi ! Promis j’me lèverais pour les biberons ! Enfin pas toujours ! Mais j’essayerais, promis juré je vais pas cracher c’est pas le moment ! »
S’il fallait garder son sérieux, la sage-femme ne devait point rire, elle…
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« THEY MADE YOU INTO A WEAPON AND TOLD YOU TO FIND PEACE. BUT YOU CAN’T. BECAUSE THS IS WHO YOU ARE, A PRODUCT OF WAR. CHAINS ARE BROKEN, BUT ARE YOU FREE ? »
Un petit sourire malicieux s’afficha au coin de mes lèvres quand tu me précisas que je pouvais me faire plaisir sur la main gauche. Comment pouvais-tu croire que j’avais oublié la présence de ton bras métallique ? J’avais eu le loisir de l’étudier en long en large et en travers il y a de cela 50 ans. Mais après tout, peut-être qu’avec les avancées des technologies actuelles… Tu avais peut-être pu le remplacer. Cela ne m’expliquait d’ailleurs toujours pas pourquoi et surtout comment tu faisais pour être encore en vie tant d’année après sans avoir pris une ride. Ou peut-être que si quelques-unes au coin des yeux, mais rien par rapport à l’âge que tu devrais avoir en réalité.
Vu le sourire sur ton visage en tout cas tu n’avais que faire de mes excuses et tu semblais même ne pas comprendre la raison pour laquelle je m’excusais. Tu avais l’air d’être parfaitement dans ton élément entouré de ces femmes aux hormones aussi changeantes que le temps en montagne. Et aussi imprévisible que le vent. Serrant alors tes mains, levant le regard vers la sage-femme, je me mis à imiter la respiration qu’elle donnait en modèle tout en prenant un air ravi puis mécontente face à tes paroles. C’était comme si connaissais ce milieu. Peut-être étais-tu papa après tout ? J’étais persuadée que tu avais trouvé une femme, parfaite à tes yeux.
-Tu.as.plutôt.
Pause respiration intense.
-Intérêt. Et. Les. Couches.
Respiration rapide et saccadée. On dirait un chien. Vraiment je n’étais pas du tout prête à mettre au monde un enfant. Alors deux n’en parlons pas ! Et encore moins depuis que j’avais eu le loisir d’examiner le fameux poster en salle d’attente. Comment un corps humain pouvait se distendre de la sorte pour expulser un si gros objet de cet endroit-là ?! Certes je m’y connaissais en déformation en tout genre mais je n’avais jamais eu l’idée de ce point de vue là.
-Ca. Sera. Pour.toi. Et elles….. Seront lavables.
Mes mains serrèrent un peu plus les tiennes, sentant bien que nos voisins étaient attentifs à notre conversation, j’allais enchainer sur autre chose quand un petit cri retenti derrière nous. Tournant alors la tête rapidement mais bloquée par ce corps que j’avais, et surtout ce ventre proéminant, la sage-femme s’approcha en courant vers la femme qui venait de pousser ce cri.
-Calmez vous Messieurs, Dames, …. Ce n’est rien ! Shioban vient juste de perdre les eaux !
Mes yeux s’écartèrent alors que relâchant une de tes mains, je pivotais sur mes fesses, curieuse de voir à quoi cela ressemblait. Le lire sur internet, en entendre parler et le voir en direct n’était pas la même chose. Le papa accompagnateur, lui était livide. En voilà un qui était mal barré. Notre chère sage-femme rassura les futurs parents et nous par la même occasion.
-Les contractions ne sont pas automatiques après la rupture de la poche des eaux, nous pouvons continuer notre cours. Je vais juste demander à ce que quelqu’un vienne nettoyer un peu.
Un peu choquée par sa réaction, elle fit le tour de l’assistance en voyant que visiblement je n’étais pas la seule. Après tout nous étions toutes des mères ultra angoissées à l’idée de pondre un enfant. Non. Pas pondre. Donner la vie. J’avais encore du mal avec les termes…
-Revenons à la respiration vous voulez… Nous allons abandonner les positions d’accouchement pour le moment et nous concentrer sur l’aspect relaxation qui peut accélérer l’ouverture du col de l’utérus et surtout diminuer la douleur si vous ne voulez pas de péridurale.
Merde. Encore un terme que je connaissais mais sur lequel j’allais devoir me renseigner un peu plus, et je ne serais pas déçue en voyant la longueur de l’aiguille. M’allongeant sur le tapis pour suivre les consignes, elle demanda par la suite aux non-enceintes, de venir placer leur jambe sous notre tête pour venir nous masser le crâne.
-Ca … Je te laisse le faire aussi mon lapin. Ne te prive pas. Tu sais que j’adore cela… Tes petits massages… Tes mains sont si ... expertes...
Je laissais volontairement trainer ma voix pleine de sous-entendues pour les oreilles indiscrètes.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Devant le ton presque robotique de Raven, qui reprenait bruyamment sa respiration entre chaque mot, Bucky avait été contraint de faire des efforts monstres pour ne pas rire ; la sage-femme, qui le toisait déjà d’un oeil suspect depuis qu’il s’était étonné d’avoir prochainement des jumeaux, l’aurait probablement foutu dehors. Le futur père indigne, viré de la salle de cours pour épargner sa pauvre femme enceinte jusqu’au cou ! Il voyait très bien le tableau. Il y avait fort à parier que Raven aurait éclaté de rire en même temps que lui, mais elle était déjà très occupée à gérer sa respiration saccadée, alors gérer son époux indiscipliné… Mordillant le coin de sa lèvre tout en acquiesçant à chaque mot de la belle blonde, même quand elle lui promettait que les couches lavables seraient pour lui (ce fut la première fois qu’il plaignait intérieurement le père des jumeaux), il avait offert des sourires de circonstance à la jeune femme qui se tenait devant eux, tout en répondant à la sienne d’une ton espiègle, qu’elle seule pouvait comprendre de la sorte :
« Bien sûr mon ange, des couches lavables… C’est important l’écologie, préserver la planète, tout ça tout ça quoi… »
Lui laissant tout le loisir de serrer ses mains dans les siennes, il avait presque sursauté en entendant le hurlement plaintif que la femme, non loin d’eux, avait poussé… Qu’est-ce qui se passait ? Elle n’allait quand même pas accoucher dans la pièce maintenant ?! La bouche entrouverte, les sourcils froncés et l’oeil soucieux, il avait suivi l’agitation sans en perdre une miette. Mais, visiblement, il était le seul à s’inquiéter pour cette pauvre femme ! Avec un calme aussi olympien qu’étonnant, la sage-femme avait annoncé qu’ils pouvaient poursuivre le cours sans se presser… Quoi ?!
« Euh… »
Fut la seule chose qui s’extirpa de ses lèvres, tandis que ses yeux ne cessaient de revenir entre la demoiselle prête à accoucher et la sage-femme bien trop décontractée. Est-ce qu’elle avait bien compris la situation ? Ou est-ce qu’il avait mal entendu ? Lançant une oeillade étonnée à Raven, il avait légèrement grimacé tout en pensant qu’elle ferait mieux d’aller accoucher ailleurs… Ils prenaient les choses beaucoup trop à la légère selon lui. Secouant légèrement la tête sans pouvoir s’empêcher de jeter des regards compatissants à la future mère qui sanglotait d’inquiétude (et il pouvait la comprendre), il n’avait presque pas entendu les paroles de sa douce. Pourquoi elle parlait de lapin ? Elle avait faim ou elle le voulait en peluche ?
« Hein ? »
C’est en voyant les autres s’activer autour d’eux qu’il réalisa la tâche qui était demandée, et il s’empressa de répondre aux attentes de la sage-femme : à l’aide de ses mains gantées, il avait entrepris de délicatement masser le crâne de Raven, tandis que les sanglots étouffés de la future mère dans son dos ne cessaient de le déconcentrer. Voyant bien que la sage-femme zieutait sur ses gants (peut-être voulait-elle lui demande de les retirer pour cet exercice), il lui avait adressé un sourire poli avant de légèrement se pencher au-dessus de Raven, lui demandant alors d’une voix discrète :
« T’es sûre de vouloir accoucher ici ? Ils n’ont pas l’air sérieux… »
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C’était vraiment difficile de ne pas regarder derrière moi pour voir ce qu’il se passait. Je sentais la tension monter en flèche dans la salle et même si tu me massais le crâne et que j’adorais cela, je n’arrivais vraiment pas à me détendre. Comment pouvais-je rester zen alors qu’une femme à côté de moi venait de perdre les eaux et allait donner la vie ? Oui certes je savais bien que ce n’était pas pour tout de suite mais tout de même. J’étais presque sûre que tes fesses étaient à peine à un mètre de la poche des eaux percée. Nerveusement je serrais les points puis les desserrais en essayant d’avoir l’air détendue mais impossible.
Les yeux à nouveau grands ouverts à tes paroles, j’eus à peine le temps de dire : « Peut être qu… » que je fus coupée par la sage-femme qui te regardait sévèrement, son regard étant porté sur tes gants.
-Votre femme n’est pas une chose que l’on touche avec des gants. Retirez-moi cela et laissa profiter de la chaleur de votre peau plutôt que du cuir de vos gants. Nous sommes à un cours de préparation à l’accouchement, pas dans un donjon BDSM mon cher Monsieur.
Choquée par ses paroles, je m’étais redressée, désormais assise sur les fesses, toujours devant toi, alors que je prenais tes mains gantées dans les miennes. Certes c’était inhabituel mais il y avait d’autres façons de le demander. Et la remarque sur le donjon sexuel ?! Mais pour qui se prenait-elle ? Ce n’était pas parce qu’elle avait discuté une petite minute à peine avec moi qu’elle pouvait se permettre ce genre de remarque.
-Mon mari me touche comme il le veut. S’il veut garder ces gants il les garde. Qui vous dit qu’il n’a pas les mains abimées, brulées parce que lors d’une intervention, pour sauver une mère et ses deux enfants il a préfère plonger dans les flammes de l’enfer au péril de sa vie ? Que lors d’une mission en Irak il n'a pas eu les mains rongées par des jets d’acide lancés par des combattants armés ennemis ?
Des petits « oh ! » de surprise s’entendirent dans la salle alors que même la femme qui venait de perdre les eaux, tentait de se relever tout en ayant encore de grosses larmes qui roulaient sur son visage terrorisé par l’idée de donner la vie. Je tentais de me maitriser mais ma voix était sèche et froide comme la mort, alors que je décidais de poursuivre ma comédie, laissant moi aussi des larmes rouler sur mes joues.
-Et que ce n’est que le fait de savoir qu’il allait être père qui lui a permis de se relever, et de continuer de se battre, de croire en la vie et au cadeau qu’il nous a fait. Aux deux cadeaux qu’ils nous ont fait.
Posant tes mains sur mon ventre plus que rebondi, les miennes sur les tiennes je faisais en sorte que nous caressions mon ventre tous les deux comme si les petits à l’intérieur était un vrai cadeau du ciel.
-Je … Je ne savais pas tout cela Madame … J’aurai du m’exprimer autrement je…
Elle était très mal à l’aise. C’était parfaitement ce que je voulais, histoire qu’elle culpabilise un peu. C’était méchant, je le savais mais je n’avais pas apprécié sa façon de faire.
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Cette histoire avec cette dame prête à mettre bas dans cette pièce inadaptée, dans l’indifférence la plus totale des infirmières et sages-femmes qui continuent leurs gestuels comme si de rien n’était, le mettait particulièrement mal à l’aise : non pas qu’il en éprouvait un quelconque dégout et répulsion à l’idée de voir un accouchement de ses propres yeux, mais il était plutôt inquiet du sort de la future mère et de l’enfant à naître. Ne devrait-elle pas être transportée d’urgence dans la maternité de l’hôpital ? Ne devrait-elle pas se sentir en sécurité et convenablement prise en charge ? S’il était à la place de son mari, il serait en train de secouer le personnel médical pour les réveiller… Par extension, il pensait surtout à Raven. À la façon dont elle serait traitée si elle venait accoucher dans cet endroit, et aux soins qu’ils apporteraient à ses deux merveilles. Neo pensait-il pas comme un père bienveillant ? Mais pour l’heure, il était déjà le faux-époux de Raven, qui semblait être dans le même état que lui. Lui partageant un sourire complice afin de la rassurer, car il ne voulait surtout pas que l’angoisse la gagne dans son état, il avait à peine eu le temps d’entendre sa voix dans un murmure discret, qui fut rapidement surpassé par la voix beuglante de la sage-femme en furie…
Comme il l’avait deviné, elle lorgnait sévèrement sur ses gants sombres. Le sourire poli ne l’avait donc pas apaisée, pensa-t-il en haussant légèrement ses sourcils, assez surpris de cette réaction particulièrement virulente. Un donjon BDSM ? Mais où allait-elle chercher toutes ces idées grotesques ? C’était bien la première fois qu’il subissait un tel traitement dénigrant par rapport à ses gants ! D’ordinaire, on se contentait de lui demander s’il avait les mains brûlées ou s’il lui manquait des phalanges… Elle ne manquait pas de culot, celle-là. La bouche entrouverte, ne sachant pas tellement où se mettre mais n’étant pas non plus prêt à se laisser traiter de la sorte, il avait entrelacé ses doigts à ceux de Raven tout en se redressant, prêt à bondir pour lui répondre, mais son amie l’avait devancée. Raven sortait les griffes pour le défendre —ce qui était plutôt flatteur, mais il était davantage admiratif de son talent d’improvisation… C’est qu’elle mentait plutôt bien, elle arrivait même à pleurer ! Est-ce qu’elle avait suivi des cours de théâtres ? Ne pas sourire, ne pas sourire. Rentrant dans son jeu avec grand plaisir, il avait fermé les yeux quelques secondes en faisant mine d’être gravement atteint par les attaques perfides de la sage-femme, mais prenant soin de caresser le ventre de la belle blonde pour cajoler ses futurs-enfants… Du moins, le pensait-on.
Soutenu par l’assemblée de futures-mères et futurs-parents, Bucky s’était levé en hochant son visage de gauche à droite. Malgré les excuses —qu’il devinait sincères, de la sage-femme prise en faute, il fallait profiter de cet incident pour sortir comme de véritables artistes et marquer les esprits. Pour sûr, personne dans la salle n’oublierait cette histoire de sitôt ! La plupart fusillaient la sage-femme du regard, et exprimaient plutôt des sourires compatissant au soldat valeureux qu’il était… Bon, c’était un demi-mensonge. Il avait bien été dans l’armée américaine…
« Viens mon amour, allons-nous en. Je ne veux pas que cette femme te touche ou s’occupe de nos enfants. »
S’agenouillant auprès de Raven pour remettre ses chaussures à ses pieds et même nouer ses lacets, il l’avait par la suite aidée à se hisser sur ses jambes en lui tenant les deux mains, avec une attention qui n’était point surdouée. La belle blonde était enceinte, il fallait donc agir à son contact avec grande précaution : l’aidant même à enfiler son manteau, il lui avait tendu la main pour l’entraîner au-dehors, attendant d’être suffisamment éloigné de la salle pour éclater de rire, enfin ! Raven était toujours aussi incroyable, et cela faisait un bien fou de la retrouver.
« Je crois que tu viens de la traumatiser, elle ne va pas en dormir ce soir ! Bon dieu, c’était génial ! »
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-Je suis entièrement d’accord mon cœur. Allons-nous-en.
Toisant avec froideur la sage-femme, un des maris commença à applaudir, mais fut interrompu par sa femme qui ne voulait pas que l’attention se porte sur eux. Sous le regard silencieux des autres participants, et de la sage-femme qui ne savait pas où se mettre et se confondait en excuses, tu me rechaussas, m’aidas à me lever comme l’aurait fait un mari épanoui, heureux et amoureux, et fermis même mon manteau sur mon énorme ventre. Jetant un dernier regard dédaigneux mais de femme blessée à la fois, nous sortîmes de la salle ensemble, main dans la main.
Notre jeu avait été brillant. Digne d’être oscarisé ! Nous étions visiblement tous les deux des acteurs hors pairs, et avions loupé notre vocation pour devenir comédien. Au lieu de cela nous avions préféré super-héros et … Et à vrai dire je ne savais pas vraiment quel était ton métier mais cela importait peu.
Une fois hors de vue des participants qui avaient assisté à notre chef d’œuvre digne des plus grands acteurs d’Hollywood. Je portais une main sur mon énorme ventre en me penchant un peu vers l’avant pour rire, enfin. Et cette fois-ci, je pleurais, non pas des larmes de crocodiles pour émouvoir mon public, mais bien de rire. Et cela faisait tellement de bien. Rire, et non pas repenser sans cesse aux mêmes choses déprimantes.
Me redressant en posant mes deux mains sur mes hanches, par-dessus mon manteau je redressais la tête avec un grand sourire au bout des lèvres, glissant une main dans mes cheveux blonds coupés au carré pour aujourd’hui.
-Arrête ! Et encore j’ai été gentille là ! Tu fais un mari formidable Ja..
Une courte seconde je perdis mon sourire avant de le revoir fleurir à mes lèvres, il était moins une pour que je ne prononce ton ancien prénom, celui par lequel je t’avais connu : James. Mais tu m’avais bien fait comprendre qu’il appartenait au passé maintenant.
-Bucky. Ta prestation était tout simplement grandiose ! A croire que tu avais déjà fait ça ..
Un petit clin d’œil dans ta direction, je vins prendre ta main gantée qui ne me posais pas de soucis, pour nouer mes doigts avec les tiens et te trainer en dehors de cet hôpital sordide dans lequel je ne remettrais plus les pieds. J’allais devoir en trouver un autre loin de tout contact avec Lynda, mais cela ne serait pas bien compliqué.
-Allons nous chercher à manger, je meurs de faim pas toi ? Tu connais le quartier ?
Gardant ta main dans la mienne, je te tirais dans le couloir, en direction de la sortie. Nous n’étions pas bien loin de la sortie et il était hors de question que je me nourrisse avec le semblant de nourriture qu’il servait à la cafétéria. Je voulais du sucré, et du salé aussi. Déjà qu’avant d’être enceinte j’avais un bon coup de fourchette mais depuis c’était pire. A moins que ce ne soit juste une excuse que j’avais trouvé pour faire passer la quantité de nourriture que je pouvais avaler.
Une fois dehors à l’air frais, je fermis les yeux, m’arrêtant quelques secondes pour respirer l’air. Certes il était vicié car nous étions en ville et non pas en pleine campagne mais c’était toujours mieux que l’hôpital.
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Quand bien même la jeune femme avait témoigné d’une fureur peu commune à l’égard du prétendu mari aux mains gantées, sans nul doute, ne s’était-elle pas attendue à une réaction aussi virulente de la part de son épouse : il n’avait eu guère besoin de prendre la parole pour défendre son honneur —ici remise en cause par des accusations tout bonnement horrifiantes, car Raven avait bondi de son tapis pour établir un scénario aussi émouvant que mensonger, qui faisait de lui un véritable héros de guerre. Heureusement, elle était suffisamment bonne actrice pour convaincre les couples et même le personnel médical, et ils laissèrent derrière eux une assemblée stupéfaite et compatissante, qui toisaient la sage-femme mise en faute avec colère. Une chose était sûre : pour la première fois de sa vie, Bucky s’estimait chanceux d’être dans son propre corps, et surtout, de ne pas être à sa place. Mais il aurait aimé être une petite souris pour observer la suite des évènements… Elle allait probablement passer une très mauvaise journée après cela, et il ne pouvait pas l’en plaindre : elle l’avait bien cherché !
« Elle n’est pas prête d’oublier cette séance ! »
Lança-t-il de bon coeur en poussant une porte de sa main libre, afin d’ouvrir le passage devant le ventre proéminent de Raven, à laquelle il tenait encore les doigts. Main dans la main, comme deux enfants venant d’accomplir les prouesses d’une bêtise interdite et fuyant devant les retombées, ils se dirigeaient vers la sortie en attirant tous les regards vers eux : ils avaient l’air de deux amants ignorant tout du monde, du malheur et de la tristesse. C’était donc cela, le bonheur de retrouver une amie après toutes ces années ?
« Et pourtant ! C’est la première fois que je m’essaie au jeu d’acteur de cette façon… Je me suis peut-être découvre un talent caché, là. »
Mimant une expression de fierté, il avait légèrement haussé ses épaules avant de rire avec joie, avant de répondre, d’une voix plus sérieuse :
« Enfin, pas de ton niveau bien entendu… Tu as été formidable ! Même les larmes mais… Comment tu fais ça ?! Est-ce que tu fais du théâtre ? »
Se posant vraisemblablement la question avec sincérité, il avait légèrement froncé ses sourcils tout en fixant la belle blonde durant quelques secondes, avant qu’ils ne passent enfin les portes automatiques de l’hôpital, pour rejoindre la sortie. L’air frais de cette journée estivale vint gentiment chatouiller ses joues brunies, bien que la chaleur de l’été commençait doucement à se faire ressentir... Le moment de l’année le moins agréable pour porter des gants, donc, mais il n’avait pas vraiment le choix. Il ne pouvait décemment pas se balader avec un bras robotique en plein jour, dans New-York… Fort heureusement, Raven lui fit rapidement oublier les désagréments liés à la météo brûlante, en évoquant son appétit vorace… Qui ne semblait pas avoir changé. Esquissant un sourire presque tendre, il n’avait pu s’empêcher de repenser à leur escapade illégitime dans les cuisines du wagon restaurant, et des frigos qu’ils avaient dévalisé. Lasagnes, mousse au chocolat et fromages puants, voilà leur dernier repas partagé : cette fois, ils allaient manger de la vraie nourriture. Américaine, donc.
« Un peu. Je connais un très bon restaurant à quelques rues d’ici, et on pourra discuter tranquillement là-bas. Il y a des choses qu’une femme enceinte ne peut pas manger ? »
Demanda-t-il d’une voix attentive en commençant à marcher à ses côtés, sans lâcher sa main jusqu’à la devanture du restaurant aux tables isolées et à l’ambiance feutrée : c’était un endroit calme et cosy, où se jouait parfois du jazz pour accompagner les repas. Au moins, ils pourraient évoquer le passé, parler du futur et du présent, tout en mangeant des Hamburgers dignes de ce nom. Et sans fromage puant, bien sûr.
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-Je pense qu’on aurait largement notre place dans une grosse production américaine. Des talents comme cela .. !
Un rire mutin franchit la barrière de mes lèvres alors que nous marchions mains dans la main dans la rue qui bordait l’hôpital à la recherche d’un endroit vendant quelque chose à nous mettre sous la dent. Je ne connaissais pas le quartier mais nous devrions arriver à trouver quelque chose, je ne me faisais absolument aucun souci là-dessus.
-As-tu oublié la nature de ma mutation ? Je suis l’espionne parfaite, jouer des rôles c’est dans ma nature.
Effectivement cela faisait partie de moi, c’était à la fois rassurant et effrayant, mais tu pouvais être sûre qu’avec toi je ne jouais à aucun rôle, pas de comédie, pas de faux semblant. L’honnêteté était pour moi, et depuis longtemps un des éléments fondamentaux d’une amitié. Et vu notre complicité évidente même si nous n’avions partagé que quelques jours ensemble, tu ne pouvais que partager cette vision du monde.
Une petite grimace déforma mon visage quand tu posas la question des mets interdits pour les femmes enceintes. L’alcool j’avais bien compris, mais la nourriture dans le détail je n’avais pas de liste exhaustive.
-Hum …. Tout ce qui est cru, y compris le fromage enfin certains rassure toi, je ne vais pas te trainer de force dans une fromagerie.
Ma langue sortit quelques secondes pour te narguer alors que nous arrivions devant le fameux restaurant recommandé par tes soins en à peine quelques minutes de marches agréables dans les rues de la grosse pomme même si je commençais à avoir beaucoup trop chaud avec mon manteau. Un manteau, pour le mois de juin, j’avais décidément la tête ailleurs pour penser que c’était quelque chose de censé.
-Tu habites dans le coin ?
Demandais-je en levant la tête vers la devanture du magasin, observant de loin la carte, voyant déjà plusieurs choses qui me conviendrait parfaitement. Du sucré, du salé, et même des doubles voir triple burger. Avec de la viande, bien bleue, du bleu, en guise de fromage, et des frites bien grasses.
Et non. Loupé. Viande cuite, et pas de fromage qui sente fort pour te faire plaisir et ne pas t’importuner avec mes odeurs qui, autrefois, t’avaient presque donné la nausée.
-Si ca te dit on pourrait commander à emporter et, oui je suis entrain de m’inviter chez toi, je sais… mais promis, c’est en tout bien tout honneur.
Un léger sourire désolé au visage, je battais des cils, rapidement de la même façon que je t’avais demandé tout à l’heure de retirer mes chaussures devant ce par terre de femmes enceintes jusqu’au cou.
-Mon lapin … ?
Ajoutais-je, n’arrivant pas à rester sérieuse, alors qu’un homme, trop concentré sur son téléphone me rentrait violemment dedans. Le choc fut assez sourd, et il lâcha un petit juron en massant son épaule tout en relavant le regard vers moi, s’excusant poliment, mais encore plus platement quand son regard, ébahi fut attiré par la taille de mon ventre.
-Hum …
Grimaçant, je fis rouler mon épaule et je me mis à bouger le bras, ce n’était pas vraiment le genre de chose qui me faisait mal, mais je me devais de donner le change. Une femme enceinte, se devait d’avoir mal. Te lançant un petit regard espérant que tu comprennes que je n’avais rien, je rassurais le pauvre homme qui s’excusait toujours.
-Je vais bien ne vous inquiétez pas Monsieur …
Il jeta un regard sur mon ventre, et je posais machinalement ma main libre sur cette protubérance.
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Le rire mutin de Raven était venu ricoché contre les parois de ses oreilles, ravivant quelques doux souvenirs qu’il croyait enfouis. C’était à la fois euphorisant et terriblement perturbant de la retrouver après toutes ces années et, au fond, quand bien même il ne croyait que trop peu aux chances du destin ou aux rendez-vous programmés par une volonté divine, il ne pouvait s’empêcher de se dire que ces retrouvailles étaient peut-être un cadeau du hasard, après la longue période sombre qu’il venait de traverser. Son histoire avec Wanda, bien sûr, mais aussi les nouvelles concernant HYDRA, qui était toujours à ses trousses et qui prévoyait, une fois de plus, de l’exécuter… D’ailleurs, HYDRA. Est-ce qu’ils le suivaient en cet instant ? Est-ce Raven et ses enfants étaient en danger ? Sans lâcher sa main, il avait rapidement parcouru le décor autour d’eux, avant de reposer un regard plus doux et moins méfiant sur la blonde qui se marchait à ses côtés.
« C’est vrai… Je me demande même comment tu as fait pour échapper au S.H.I.E.L.D durant toutes ces années. Je pense qu’ils rêveraient d’avoir un agent comme toi dans leur institution, tu imagines ! Tu es l’élément idéal. »
S’il l’avait dit avec amusement, du moins le pensait-il un peu, même beaucoup. La mutation de Raven serait une véritable bénédiction pour le S.H.I.E.L.D, mais il n’était pas là pour prêcher en leur honneur : il ne ferait point de rabattage auprès de ses amis, quand bien même il éprouvait un grand respect pour eux… Enfin, il n’avait jamais réfléchi, et ce n’était pas le moment d’y penser. Pour l’heure, il voulait seulement profiter de la présence de Raven, et du bonheur de la retrouver.
Vient le moment où il la questionna concernant les interdits alimentaires d’une femme enceinte, car il n’était point éduqué à ce sujet : tout ce qui est cru et le fromage. Était-ce vraiment un drame pour ce dernier ? Évidemment pas. Raven se souvint d’ailleurs de sa répulsion absolue pour cet aliment abject, et il lui lança un regard complice tout en lui offrant un sourire amusé. Pas de viande ni de poisson cru, et pas de fromage. Fort heureusement, il était presque sûr qu’elle trouverait son bonheur dans le restaurant où ils arrivaient à peine, et devant lequel il y avait déjà une petite file d’attente, preuve que l’établissement était plutôt réputé dans le quartier.
Glissant sa main libre dans la poche arrière de son jean, il avait lancé une brève oeillade à la pancarte à côté de la porte d’entrée, qui annonçaient des lasagnes en plat du jour (énième signe faisant écho à leur histoire), avant de tourner la tête vers Raven pour répondre à sa question :
« Depuis peu, oui. J’ai un appartement à quelques rues d’ici. Et toi, tu vis aussi dans ce quartier ? »
Quelque part, cela faisait presque sens ; si elle était venue dans ce petit hôpital, c’est qu’elle habitait forcément le coin. Avançant de quelques pas après le départ de quelques impatients, Bucky avait haussé ses sourcils d’un air ravi, les bonnes odeurs qui parvenaient à ses narines lui ouvrant davantage l’appétit… Il avait vraiment hâte de dévorer son hamburger, et la proposition de Raven le fit sourire davantage. Au moins, ils seraient plus à l’aise et… plus en sécurité. Mais ça, il se garderait bien le dire à son amie, pour ne pas qu’elle se sente en danger ou stressée car, dans son état, ce n’était vraiment pas conseillé.
« C’est une bonne idée ! On va faire comme ça, alors. Tu sais déjà ce que tu vas prendre ? Moi, j’hésite entre un hamburger, ce que je prends toujours, et les pâtes bolonaises. »
Absorbé par ses réflexions intenses, il n’avait point entendu le premier appel de Raven, car il avait fixé la carte des menus affichée dehors comme si la réponse à son dilemme se trouvait quelque part entre ces lignes. Ce n’est que lorsque le choc de leurs épaules s’entrechoquant produisit un bruit suffisamment fort pour l’interpeller qu’il se tourna vers le fautif, qu’il fusilla alors du regard en fronçant durement ses sourcils. Idiot. Toujours le nez sur leur écran ceux-là, pensa-t-il alors. Raven n’était nullement blessée, il l’avait compris par le regard complice qu’elle lui avait lancé mais, tout de même ! Il aurait pu lui faire vraiment mal. Peut-être accablé par le fait qu’elle était enceinte, il s’était excusé en ayant l’air véritablement affligé, et il avait de quoi. Ne jouant nullement la comédie cette fois, car il était véritablement soucieux du bien-être de son amie, Bucky avait fait un pas pour se rapprocher de l’homme étourdi, lui disant alors d’une voix froide sans le quitter des yeux :
« Regardez devant vous quand vous marchez, non ? »
Ce n’était pas une question mais plutôt un ordre déguisé. Pas vraiment déguisé, en fait. Juste un ordre. Et l’homme, penaud, avait hoché son visage de haut en bas tout en s’excusant vivement avant de s’éloigner, en rangeant son téléphone dans la poche de sa veste. Bucky avait alors lancé un sourire suave à Raven, alors que c’était à leur tour de commander. Enfin !
Oubliant l’histoire de l’hôpital et l’homme maladroit qui venait de bousculer sa camarade, Bucky s’était tourné vers la serveuse en levant machinalement ses yeux sur les pancartes affichant les boissons, les desserts, et les plats proposés.
« Ce sera à emporter… Alors pour moi ce sera un triple hamburgers sans fromage, des onion-rings, une grosse portion de frites, un coca et une glace à la vanille en pot. Et toi, Raven ? Tu as fait ton choix ? »
(c) DΛNDELION
✯ FALCON & WINTER SOLDIER
« THEY MADE YOU INTO A WEAPON AND TOLD YOU TO FIND PEACE. BUT YOU CAN’T. BECAUSE THS IS WHO YOU ARE, A PRODUCT OF WAR. CHAINS ARE BROKEN, BUT ARE YOU FREE ? »
Annonçais-je en poussant un petit soupire. J’avais en tête la mission conjointement réalisée entre les X-Men et le S.H.I.E.L.D… Et il était clair et net que je préférais diriger mes X-Men plutôt que cette espèce d’unité d’élite confectionnée aux petits oignons. Je redoutais le moment où ils me demanderaient de faire des « extra » pour eux. Car … Effectivement j’étais bel et bien un atout de taille dans leur manche. Ils connaissaient la nature exacte de mes pouvoirs… Ils ignoraient que j’avais infiltré leur base une fois pour récupérer des données, mais cela… Je le garderai pour moi.
Négativement je secouais la tête pour te répondre quand à ma présence ici.
-Hum … Non du tout c’est un peu plus compliqué que cela …
Comment te dire que je ne peux aller dans l’hôpital proche de chez moi car j’ai peur que l’on me reconnaisse ? Oui certes je pourrais prendre l’apparence de quelqu’un d’autre… Mais je voulais vivre cela en tant que moi, la Raven que tout le monde connaissait si bien, et celle a qui j’aurai ressemblé si je n’avais viré bleue lorsque j’étais enfant. Mais cela … tu ne le savais pas. Je ne t’avais pas montré ma véritable forme si l’on pouvait parler de la sorte…
Alors que tu semblais comme happé par la carte le choc eu lieu entre moi et cet illustre inconnu. Que tu regardas et assasinas d’un commentaire bienvenue. L’homme s’éloigna la tête basse alors que machinalement je frottais mon ventre. J’avais vu des femmes le faire mais ce geste m’étaient venus aussi machinalement, presque naturellement. Comme si j’avais cet instinct que l’on disait « maternel ». Je n’osais imaginer ce que cela serait quand les fœtus qui grandissaient en moi seraient aussi gros que des bébés à naitre… Pour le moment je ne savais pas vraiment à quoi ils ressemblaient … Pépin de raisin ? Ou raisin en lui-même ? Une petite voix raisonna dans ma tête : « Ca dépend peut-être de qui est le père ! ». Secouant la tête comme pour chasser ces mauvaises pensées, j’avais écouté ta commande avec attention.
-La même chose que monsieur avec en plus une part de lasagne et à la place du coca une eau gazeuse. Et ah oui ! Rajoutez-moi aussi une soupe froide de petits pois.
Petit pois ? Ils pouvaient avoir la taille d’un petit pois aussi non ? Une main plongée dans la poche de mon manteau j’en ressortais une carte bancaire noire sous les petits yeux de la serveuse qui ne devaient pas en voir passer tous les jours des comme cela.
-J’offre le repas comme tu offres l’asile. Enfin le cadre je veux dire.
Je ne te laissais aucune négociation possible, comme cette fameuse nuit où tu avais voulu dormir par terre alors que j’avais un grand lit qui n’attendait que nous. Et même si j’avais eu un lit simple, j’aurais pu le partager avec toi. La serveuse hocha la tête en encaissa notre commande, et fila en cuisine pour aller faire préparer la montagne de nourriture. Et à peine cinq minutes plus tard elle revint avec trois sacs en papier contenant notre commande. Je la remerciais poliment en te laissant prendre les sacs, sachant très bien que tu n’allais pas vouloir que je les porte.
-Je t’expliquerais un peu plus en détails quand nous serons chez toi d’accord ? J’espère que tu n’as pas les sous-vêtements de toutes tes conquêtes qui trainent un peu partout …
Ajoutais-je avec malice en venant te donner un petit coup d’épaule au niveau de ton bras encore fait de chair et d’os. Je me tentais d’ailleurs de te demander.
-Ils te l’ont changé non ? Ton bras métallique ? Sans le voir j’ai eu l’impression que les mouvements de tes doigts étaient différents … Je ne sais pas trop comment expliqué …
Car oui, bon, je me souvenais bien d’un petit massage que tu m’avais fait quand nous étions dans ce train, mais après tout, une sensation, après tant d’années pouvaient avoir été erronée dans mon esprit.
Nous marchions tranquillement en direction de ton appartement, alors que mon ventre commençait à crier famine. A partir du moment où j’avais senti l’odeur des frites il en avait été fini.
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
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![[Terminé] La future mère et l'imposteur - Page 2 0m7m](https://zupimages.net/up/23/48/0m7m.png)
Faisant allusion à son bras métallique, il avait malencontreusement chatouillé sa nuque avec la barbe brune recouvrant sa mâchoire, juste avant de se reculer pour la laisser s’installer à son aise. Lorsque ce fut chose faite, il lui adressa un sourire emplit d’une tendresse évidente tandis qu’elle s’excusait (et pourquoi, d’ailleurs ?), alors qu’il s’estimait chanceux de pouvoir l’accompagner dans une aventure aussi drôle que précieuse. Elle garderait peut-être un souvenir impérissable de ce cours d’accouchement, et lui avec !
