Après s’être excuser, Malicia écouta Remy lui dit qu’il y avait plusieurs possibilités avec son pouvoir. Elle pouvait enfiler un masque et un costume moulante flashy pour sauver la veuve ou l’orphelin. La jeune femme essaya de s’imaginer dans un costume flashy et cela la fit plus rire qu’autre chose. Ce n’était pas ses couleurs, mais si elle devait le faire un jour, au moins, personne ne pourrait se douter que c’était elle sous le masque ! Remy avait rajouté quelque chose, mais elle n’avait pas écouter. Il rajouta qu’elle pouvait aussi refouler ses pouvoirs et se persuader que tout ira bien. Il lui dit alors que ce n’était pas lui qui allait décide quoi faire. Elle allait devoir réfléchir et prendre une décision. La jeune femme soupira.
« Je sais bien… Mais, est-ce que tu peux comprendre que ça me mette mal d’utiliser mon pouvoir ? Déjà pour moi, mais pour la personne qui perd sa conscience ou juste quelques souvenirs, ce n’est pas facile. Si tu veux un exemple, on peut faire un test ? »
Elle l’avait dit sur un coup de tête, mais peut-être qui pourrait mieux comprendre après avoir vécu ce qu’elle tentait de lui expliquer ? S’il acceptait, ce serait la première personne depuis longtemps à être la victime de ses pouvoirs. Elle espérait seulement qu’il allait refuser parce qu’elle ne avait pas du tout comment elle allait contrôler tout ça. Peut-être qu’il faudrait qu’elle tente d’utiliser son pouvoir plus souvent, pour éviter qu’il explose au moindre contact ? C’était une idée. Peut-être qu’elle serait moins stressé à l’idée de toucher quelqu’un… Remy lui demanda alors si elle avait un endroit ou aller et elle pensa tout de suite à son appartement. Peut-être qu’en cinq ans, quelqu’un avait défoncé la porte et avait prit sa place, dans ses affaires ? Peut-être qu’il était encore libre ? Elle ne savait pas. Elle glissa sa main dans sa poche et aussi bizarre que cela puis paraitre, sa clé y était toujours. Incroyable. Elle expliqua à Remy qu’elle avait un appartement dans le Bronx, mais qu’elle ne savait pas dans quel état il était. Il fallait aussi que ça se calme dehors… Elle prit une cacahuète avant d’écouter Remy lui dit que le calme allait sans doute tarder à venir dehors, que ça n’allait pas se régler en quelques minutes, ni quelques heures. C’était ce que redoutait Malicia. Elle soupira doucement avant que le jeune homme lui propose autre chose. Mais avant tout, il lui demanda quel était son niveau d’agilité, souplesse et peur du vide. La jeune femme le regarda en haussant les sourcils. Qu’est-ce qu’il lui proposait ?
« Niveau peur du vide, ça va, je gère. Niveau agilité et souplesse, je te rappelle que ça fait cinq ans que je n’ai pas véritablement marcher ou couru… mais avant toute cette histoire, ça allait… Pourquoi toutes ces questions ? »
Elle se doutait un peu de la réponse, mais elle voulait une confirmation. Elle espérait seulement pouvoir suivre la cadence…
Il avait vaguement réussi à la faire rire quand il avait évoqué les costumes ridicules des héros, mais cela ne dura pas longtemps. Oui, il comprenait son mal-être, il avait bien saisi les aspects désagréables de son pouvoir, pour elle-même et surtout pour les autres. Lorsqu'elle s'emporta et le provoqua en lui proposant d'essayer, il prit malgré tout quelques instants de réflexion. Ses beaux yeux clairs brillèrent de malice, sa bouche se retroussa en un sourire en coin, faisant ressortir la petite cicatrice sur sa joue qui lui faisait une charmante fossette.
« Humm… Il y a bien quelques souvenirs que j'aimerais effacer de ma mémoire… Mais je suppose que tu ne peux pas choisir… Je vais passer mon tour pour cette fois, merci ! »
De son point de vue, le sujet était clos. Il lui avait filé l'adresse d'un refuge pour mutants, il lui avait donné son point de vue plus quelques conseils, il avait même partagé sa propre expérience… Il ne pouvait pas faire grand chose de plus. Malicia était une grande fille, elle arriverait bien à se débrouiller. Même si en cet instant précis, elle avait besoin de son aide si elle espérait retrouver son appartement rapidement. Elle devait se demander où il venait en venir avec ses questions insolites… ou alors elle s'en doutait mais ne le prenait pas au sérieux.
« Si tu veux rentrer rapidement chez toi, la solution la plus sûre est de passer par les toits. Je fais ça souvent, je peux te guider. »
Il détailla sa proposition : si elle n'avait pas peur du vide et qu'elle s'estimait suffisamment agile d'ordinaire pour pouvoir crapahuter sur les toits, c'était déjà bon signe. Il pourrait l'aider pour les passages compliqués et d'ici une heure elle pourrait être devant sa porte… si tant est que ce soit toujours sa porte. S'il fallait prendre quelques minutes pour faire des étirements avant de se lancer histoire de la rassurer, ça ne lui posait pas de problème. Après avoir expliqué tout cela, il vida son verre de rhum et reprit :
« Ou on peut rester ici et s'enivrer jusqu'à ce que la situation se calme, c'est comme tu préfères ! »
Les deux possibilités lui convenaient. Aucune des deux n'aboutirait à ce que Malicia termine dans son lit, puisque malheureusement son pouvoir interdisait tout rapprochement physique, mais quitte à rester un long moment coincé avec une jolie fille sans pouvoir la conquérir, autant que ce soit avec du rhum gratuit. Il pensait néanmoins qu'elle choisirait l'option escapade sur les toits, vu comme elle tournait dans la salle comme une lionne en cage.
Remy avait réussi à la faire sourire. Oui, elle en avait besoin. Parce que sa vie n’avait jamais été très drôle et maintenant avec le Snap, elle allait devoir réapprendre à connaitre New-York. Puis, sur un coup de tête, elle lui proposa de tester son pouvoir s’il le voulait vraiment. Le jeune homme la regarda avec des yeux qui brillaient de malice, un petit sourire. La jeune femme fut surprise de se rendre compte qu’il avait un certain charme. Elle secoua doucement la tête avant de l’entendre lui dire qu’il avait bien quelques souvenirs qu’il aimerait voir disparaitre, mais il supposa qu’elle ne pouvait pas choisir quels souvenirs pouvaient disparaitre donc il passait son tour. La jeune femme le regarda et lui dit :
« Effectivement, je ne peux pas choisir quels souvenirs peuvent disparaitre de ta tête… Peut-être si je travaille sur mon pouvoir, je pourrais le faire, mais ce n’est pas encore le cas. Et je t’assure, tu ne rates rien de ne pas tenter mon pouvoir… Tu serais sans doute dans un état très désagréable après, même si le contact ne dure que quelques secondes. Et je crois que je n’ai pas envie de te faire subir ça… »
Un aveu à deux demi-mots sans doute. Elle était toujours debout devant Remy. Le sujet était clos, la jeune femme demanda ce qu’il entendait par ses questions bizarres… elle avait peut-être deviner avant même qu’il ne lui réponde que si elle voulait rentrer chez elle, le plus rapide était de passer par les toits. Malicia le regarda pendant un instant alors que Remy lui disait qu’ils pouvaient aussi rester là et s’enivrer jusqu’à ce que la situation se calme. Elle n’était pas très porté sur la deuxième proposition. Sa tête lui disait déjà qu’elle allait regretter le lendemain les quelques verres qu’elle venait de prendre. Ce n’était pas le moment d’en prendre d’autres. Elle croisa les bras contre son torse avant de dire à Remy :
« J’opte pour la première option. Si jamais mon appartement ne m’appartient plus, alors je penserais peut-être à me retourner la tête parce que je n’aurai plus que ça à faire ! »
Elle attrapa son verre vide et contourna le bar pour aller se chercher un verre d’eau. Ce n’était plus le moment de boire. Elle revient vers Remy et lui dit :
« Même si je ne te connais que depuis quelques minutes, je vais te faire confiance. J’ai besoin de me retrouver chez moi et je pense que tu as raison, la façon la plus rapide sera par les toits. Je vais te suivre. »
Ah, finalement il y avait bien une petite évolution dans leur relation. Elle ne voulait pas lui faire de mal. Oh, c'était mignon ! Remy songea que si un jour il devait subir son pouvoir, il faudrait que ça en vaille vraiment la peine : pour un baiser, par exemple. Il sourit de plus belle et conclut avec un clin d'œil malicieux :
« Ravi de l'entendre. »
Ce serait donc la balade sur les toits ! Lorsqu'elle précisa que la seconde option resterait envisageable si elle se retrouvait sans appartement, il acquiesça et fourra la bouteille de rhum dans son sac à dos. Ils en auraient peut-être besoin. Puis il lui fit faire quelques échauffements corporels, qu'il effectua lui aussi. Ce serait bête de se faire un étirement à cause d'un muscle mal échauffé. Avant de partir, il considéra Malicia, la mine songeuse, puis retira sa veste et la lui tendit. En effet, si la demoiselle avait des gants, elle portait un tee-shirt qui laissait donc ses bras nus, ce qui représentait une zone de danger.
« Tiens, enfile ma veste. Ce serait dommage que je me prenne un coup de jus en voulant te réceptionner après un saut. »
Remy passa devant, pour aller ouvrir la porte de service de la boîte de nuit et s'assurer que la voie était libre. Puis il se rapprocha du mur extérieur, leva le nez en l'air et s'accroupit pour ensuite sauter et attraper l'échelle escamotable qui servait de sortie de secours à l'immeuble. Il la descendit jusqu'à eux et s'écarta avant de montrer l'escalier métallique d'un geste de politesse.
« Après toi ma belle. »
Les premiers toits furent faciles à parcourir, les immeubles dans cette zone étant suffisamment rapprochés pour ne pas avoir à faire de grands sauts. Remy guidait Malicia et lui donnait de précieux conseils pour escalader, sauter correctement et surtout bien se réceptionner. Il l'aidait dans les passages plus délicats, la soutenant ou la portant lorsque c'était nécessaire. Il semblait parfaitement à l'aise et se repérait très facilement, comme si c'était pour lui aussi naturel que de marcher dans la rue.
Ils progressèrent ainsi durant une bonne demi-heure, avant que ne survienne le premier obstacle. Ils avaient atteint le Bronx, une zone que Remy maîtrisait beaucoup moins. Le prochain toit à atteindre se trouvait un peu plus bas que celui sur lequel il était, mais les deux immeubles étaient séparés par environ cinq mètres de vide. Ce n'était pas un obstacle que l'on pouvait franchir aisément, quand on considérait qu'un excellent saut pour un adulte amateur étant dans la moyenne des trois mètres. Remy avisa la distance entre les deux toits et se tourna vers Malicia, reprenant son sourire angélique et taquin.
« Bon, eh bien je crois que c'est le moment où on va voir si tu me fais vraiment confiance… »
Il retira son sac de son dos pour l'ouvrir et en sortir une sorte de tube métallique de la taille d'une matraque. D'un geste sec il le déplia, révélant un long bâton télescopique. Il indiqua alors à Malicia de bien observer ce qu'il faisait, prit de l'élan et, arrivé près du bord du toit, il plaqua l'extrémité de son long bâton contre le parapet et sauta. Il se réceptionna souplement sur le toit suivant, comme si c'était la chose la plus simple du monde. Il se retourna ensuite vers Malicia, replia le bâton qu'il lui lança avec agilité, et lui cria :
Malicia n’avait pas vraiment le choix de faire confiance à Remy. Parce qu’elle lui faisait confiance malgré le fait qu’ils ne se connaissent, malgré le fait qu’elle ne se faisait pas confiance elle-même avec son pouvoir. Oui, il fallait qu’elle se fasse confiance… Mais revenir à la vie après cinq ans d’absence, ce n’était pas facile. Elle lui dit alors qu’elle ne voulait pas lui faire du mal et avec un clin d’oeil malicieux, il lui dit qu’il était ravi de l’entendre. Elle sourit doucement en secouant la tête. Il était marrant quand même Remy… Elle pourrait presque lui donner une chance sans ce pouvoir. Mais ce n’était pas le moment d’y penser. Ils allaient se lancer dans une balade sur les toits et elle avait besoin de se préparer. Sous le regard du jeune homme, Malicia effectua les différents étirements qu’il lui fit faire. Se blesser à cause d’un mauvais échauffement, ce n’était pas le moment. Avant de partir, Remy retira sa veste et la tendit à la brune, lui disant que ce serait dommage qu’il se prenne un coup de jus en voulant la réceptionner après un saut. Il avait raison. La jeune femme passa la veste, repliant juste un peu les manches qui étaient trop grandes. La jeune femme suivit par la suite Remy qui ouvrit la porte de service pour s’assurer que la voie était libre, ce qui fut le cas. Malicia referma la porte du bar avant de regarder le jeune homme descendre l’échelle escamotable de l’immeuble. Il invita Malicia a monter en premier. Elle lui fit un petit sourire et commençant à grimper l’échelle. C’était facile pour l’instant, les toits des immeubles suivants étaient assez rapprochés pour que la jeune femme ne tombe pas en faisant un mauvaise geste. Le vent se mêlait à ses cheveux doucement, on pourrait presque croire à une apparition. Il y avait certains passages plus difficiles que d’autres, mais Remy était là pour l’aider. Le contact physique, même avec les vêtements, était presque rassurant. Cela lui avait presque manquer. Le temps passa rapidement. Puis, Remy s’arrêta. Le prochain obstacle semblait être plus loin que prévu. Malicia s’approcha du bord du toit et regarda les distances. Ca allait être compliquer non ? Le regard inquiet, elle se tourna vers le jeune homme qui lui disait que c’était le moment de voir si elle lui faisait vraiment confiance. D’une voix légèrement tremblante, elle lui demanda :
«Pourquoi ? Qu’est-ce que tu vas faire ? »
Elle le regarda ouvrir son sac à dos pour en sortir un tube métallique. Il le déplia d’un geste sec et Malicia pu voir que c’était un long bâton télescopique. Est-ce qu’il allait s’en servir pour passer de l’autre coté ? Elle l’observa faire son petit manège. Il prit de l’élan et lorsqu’il arriva au bord du toit, il plaqua le bout du bâton contre le parapet et sauta. Malicia lâcha un cri de surprise et se pencha vers le toit pour voir que Remy s’était bien réceptionné sur le toit d’en face. Il lui lanca le bâton replié et lui dit que c’était son tour… Ignorant le « ma belle », elle réceptionna le bâton et le déplia à son tour avant de se dire :
« Tu peux le faire, ce n’est pas difficile, tu peux y arriver. »
Elle prit une grande inspiration avant de prendre de l’élan et de faire comme Remy. Le bâton buta contre le parapet, mais elle savait déjà qu’elle n’avait pas sauter assez loin. Elle sentait le vide sous elle, puis la chute. Elle cria un coup, ne lâcha pas le bâton. Pourquoi ? Elle ne savait pas. Ses doigts de la main droite attrapèrent le parapet de l’immeuble en face. Son corps frappa le mur de l’immeuble et elle étouffa un cri de douleur. Est-ce qu’elle allait tenir le coup ? Impossible de se rattraper avec sa main gauche qui tenait toujours le bâton de Remy ? Pourquoi elle ne le lâchait pas ?
« Remy ! »
Elle n’allait pas tenir très longtemps avec seulement ses doigts qui la maintenait au rebord de l’immeuble. Tout ce qu’elle espérait, c’était que Remy arrive rapidement et surtout, qu’il n’oublie pas de toucher la veste et non sa peau… La manche de la veste était descendu, laissant la peau de son bras à l’air libre… Vraiment quelle idée elle avait eu de le suivre… Elle lui faisait confiance.
Pour une personne censée être morte depuis cinq ans, Malicia s'en sortait bien. Leur petite escapade sur les toits était fort agréable, et Remy ne vit pas les minutes s'écouler. Ils approchaient du but, ce qui l'attristait quelque peu, car il appréciait passer du temps avec elle, d'autant plus qu'il sentait qu'au fur et à mesure elle se détendait avec lui, et que le courant passait de mieux en mieux. Mais la journée n'était pas finie, qui sait ce qui allait pouvoir se passer une fois arrivés à l'appartement ?
En attendant, leur parcours se corsait quelque peu. Rien d'insurmontable du point de vue du voleur acrobate qui était rompu à ce genre de pratique. Mais pour Malicia, c'était une autre paire de manches… Si elle lui faisait confiance, il l'avait malgré tout surestimée. Lorsqu'il la vit sauter, il sut immédiatement que sa détente ne serait pas suffisante. Horrifié, il se rapprocha du bord du toit pour l'observer, visualisant déjà son joli corps écrasé quelques dizaines de mètres plus bas.
Fort heureusement, elle parvint à se raccrocher au bord du toit, avec une seule main. Son autre main pendait dans le vide, bêtement crispée sur le bâton télescopique. Les réflexes du corps, parfois, ne nous aident pas vraiment… En entendant son cri de détresse, qui ne le laissa évidemment pas insensible, Remy lui cria à son tour :
« Tiens bon ! »
Calant bien ses pieds contre le parapet pour être certain de ne pas basculer vers l'avant, il se pencha vers elle et la saisit par le poignet, pour la hisser vers lui. Ce n'est qu'après l'avoir attrapée qu'il se rappela qu'il ne fallait pas toucher sa peau… Tant pis. Durant quelques instants, il ne se passa rien. Soulagé, il songea qu'elle avait peut-être un peu exagéré les effets de son pouvoir, ou bien que sa protection télépathique le préservait également de son don. Il la tira vers elle, se servit de son autre main pour l'attraper sous le bras, et la ramena sur le toit.
Ce ne fut que lorsqu'elle fut en sécurité qu'apparurent les premiers symptômes. Cela commença par un frisson glacé qui envahit tout son corps, comme s'il venait de plonger dans l'océan arctique. Puis il sentit une vive douleur dans sa poitrine, et eut le souffle coupé. Enfin, il fut pris d'une violente faiblesse musculaire, comme si toute force l'avait subitement abandonné. Il recula en chancelant de quelques pas avant de s'effondrer au sol, le corps secoué de spasmes. Son teint était livide et ses yeux avaient repris leur aspect naturel, rouge vif entouré de noir d'encre. Il n'avait pas sombré dans l'inconscience, mais il n'était clairement pas au mieux de sa forme.
Désolée pour le délai, semaine chargée et enrhumée. J'espère ne pas être trop à côté de la plaque pour la description des effets du pouvoir de Malicia, sinon n'hésite pas à m'envoyer un mp. Pour les souvenirs que tu récupères, tu peux te référer à ma fiche et inventer ce qui te plaît, si jamais ça ne va pas je te le dirai.
Pourquoi est-ce qu’elle avait accepté de passer par les toits déjà ? Parce qu’en bas, c’était le bazar depuis le retour des disparus. Malicia devait retourner chez elle, elle le devait pour voir si elle avait encore un chez elle et surtout, pour savoir ce qu’elle allait faire par la suite si son appartement ne lui appartenait plus… Alors, elle accepta de passer par les toits. Et pourtant… Si les chose s’étaient bien passé jusqu’à présent, maintenant, c’était plus difficile et elle s’était clairement mise dans une position délicate. Encore plus délicate maintenant qu’elle était suspendu dans le vide… Elle commençait à paniquer. Remy devait absolument l’aider, mais faire attention parce qu’elle avait son poignet qui n’était plus du tout couvert par la veste du jeune homme. Ce dernier était maintenant au dessus d’elle et avant que Malicia ne lui dise de faire attention, il avait déjà poser sa main.
« Non… »
Malicia commençait déjà à ressentir les effets du transfert, mais pas Remy, pas encore. Il semblait… résister ? La jeune femme fronce les sourcils, mais n’y pensa pas jusqu’à ce qu’il la remonte sur le toit. C’est alors que l’un des souvenirs de Remy remonta en elle. Une jeune femme blonde se trouvait devant lui, une amoureuse ? une petite amie ? Sa femme ? Malicia ressentait le bonheur de ce mariage qui semblait avoir été arranger, mais les sentiments que ressentaient Remy pour la jeune femme en face de lui étaient sincère. Malicia entendit Remy tomber au sol.
« Oh non… non »
Elle se précipite vers lui, vérifiant qu’elle avait bien ses gants et que la veste de Remy couvrait de nouveau ses bras. Le jeune homme semblait être secoué de spasmes… Il avait perdu des couleurs et ses yeux avaient repris leurs couleurs d’origine. Il n’était pas bien, elle le voyait. Elle ne pouvait rien faire. Elle posa doucement une main gantée contre l’une de celles de Remy. Malicia sentit les larmes lui monter aux yeux.
« Je suis une vraie malédiction… Je ressens tes souvenirs en moi, ton pouvoir… Essaye de tenir le coup s’il te plait, ça va passer… Dans quelques heures sans doute, je vais rester avec toi… Tu es un mutant, tu devrais remonter la pente plus vite que les autres… Et moi, je vais te ressentir en moi pendant un petit moment… »
Dis comme ça, ça pouvait faire rêver, mais les souvenirs de Remy se mélangeaient avec les siens. C’était la femme blonde qui revenait souvent. Il y avait quelques scènes d’amour entre eux, c’était beau, Malicia pourrait presque en être jalouse…
De l'air… Il avait besoin d'air… Pourquoi est-ce qu'il n'arrivait pas à respirer ? Il avait beau essayer, c'était comme si une force invisible bloquait sa trachée ou comprimait sa gorge. Sa vue commençait à se troubler, sa tête tournait, sa poitrine lui faisait atrocement mal… Lorsqu'il parvint enfin à reprendre son souffle, ce fut dans un râle agonisant, suivi de respirations saccadées, bruyantes, courtes et très rapides.
Il avait vaguement conscience d'être allongé sur le sol. Il sentait surtout ses muscles se contracter, tout son corps être pris de convulsions. Il n'avait aucune maîtrise sur ces spasmes. La voix de Malicia lui parvenait de très loin, et il n'arrivait pas à se concentrer pour comprendre ce qu'elle lui disait. Dommage, il aurait eu matière à plaisanter. Mais il n'était pas en état.
En réalité, cet état de choc quasi-épileptique ne dura que quelques minutes. En ressenti, il eut l'impression que ça avait été beaucoup plus long. Lorsqu'enfin son corps cessa de convulser, lorsqu'enfin il put reprendre un rythme respiratoire à peu près normal, il se sentit extrêmement faible. C'était comme si tout son corps était engourdi. Il n'arrivait absolument pas à bouger, il ne parvint qu'à tourner les yeux vers Malicia, au moment où elle lui parlait de la beauté d'une femme, et de la chance qu'elle avait. Allons bon…
Il tenta d'ouvrir la bouche pour lui répondre, mais il la sentait tellement pâteuse qu'il abandonna vite l'idée. Et ce mal de crâne… et cette fatigue… Bon sang ce qu'il avait envie de dormir, de se laisser sombrer dans l'inconscience… Non, il ne fallait pas. Il sentait le contact de la main de Malicia sur la sienne. Il se raccrochait à cette sensation, au toucher du tissu contre sa peau. Il ne voulait pas s'endormir, par peur de ne pas se réveiller. Il rouvrit la bouche et au prix d'un grand effort parvint à mollement articuler d'une voix faible :
« Tu avais raison… Ca fait pas du bien… »
C'était un bel euphémisme. A présent il comprenait aisément qu'elle puisse tuer des gens avec ce pouvoir. S'il l'avait tenue ne serait-ce que quelques instants de plus… Il valait mieux ne pas y penser. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il s'était rarement senti aussi mal.
C’était un cauchemar, ce n’était pas possible. Malicia venait tout juste de revenir de son snap et voilà qu’elle causait déjà du mal à quelqu’un. Remy avait été très gentil avec elle et voilà comment elle le remerciait ? Le pauvre n’était pas dans un état très bon. La jeune femme ne savait pas quoi faire. De toute façon, il n’y avait pas grand chose à faire. Malicia sentait le pouvoir de Remy en elle, mais elle essayait de ne pas y penser. La jeune femme parla à Remy, essaya de faire en sorte qu’il sorte de cette semi inconscience dans lequel il était tombé. Les convulsions étaient intenses à voir, mais Malicia en avait malheureusement l’habitude. Puis, la crise diminua, mais elle savait déjà qu’il n’était pas dans un bon état. Elle avait vu l’un des souvenirs de Remy, celui de son mariage parce que c’était clairement le sien. Une jolie femme blonde qu’il avait épousé. Etait-elle toujours dans sa vie ? Sans doute. Est-ce qu’elle ne devrait pas essayer de la retrouver pour lui expliquer ce qui s’était passé ? Ce n’était peut-être pas une bonne idée…
Malicia continua de parler à Remy, lui éviter de tomber dans l’inconscience. Elle lui tenait la main, heureusement gantée. Faiblement, il lui dit qu’elle avait raison, que cela ne faisait pas du bien. La jeune femme baissa les yeux sur leurs deux mains. Elle aurait aimer pouvoir faire plus que ça, le tenir contre elle sans le tuer, lui dire que ça allait aller… Ça allait aller, mais il allait sans doute se sentir faible pendant quelques minutes, voir quelques heures encore. Ils n’allaient pas pouvoir bouger. Au moins, ils étaient à l’abri sur ce toit.
« Tu comprends maintenant pourquoi c’est une malédiction ? Je ne peux même pas être sauver sans que la personne qui ne le fasse soit toucher… »
Elle était en colère contre ses parents biologiques qui lui avaient sans doute transmis le gène. Elle était en colère contre elle parce qu’elle n’avait pas trouvé de moyen de se défaire de ce pouvoir ou du moins de faire en sorte qu’il ne blesse plus autant les gens. Elle était loin de se douter que un an plus tard, elle allait remettre ça avec un être anthropomorphique. Pour l’heure, elle regarda Remy qui n’était pas bien du tout. Elle décida de lui parler de ce souvenir pour le tenir éveiller.
« Tu te souviens que je t’ai dis que je pouvais aussi récupérer quelques souvenirs… Je pense que c’est une sorte de copie de souvenirs parce qu’autant que je le sache, les gens ont toujours ces souvenirs par la suite… Cette jolie femme blonde, tu es marié à elle ? Si c’est le cas, alors elle a vraiment de la chance… »
Plus il essayait de bouger, et plus il avait l'impression que ses forces l'abandonnaient totalement. C'était extrêmement désagréable, surtout pour un homme qui détestait être entravé, ne pas être en mesure de se défendre contre quoi que ce soit. Heureusement, une jolie fille veillait sur lui… Une jolie fille qu'il ne pourrait jamais toucher. On ne l'y reprendrait pas de sitôt.
Il ne pouvait pas la démentir lorsqu'elle parlait de malédiction. N'avoir jamais le moindre contact physique… Ne pas pouvoir embrasser qui que ce soit, ni faire l'amour… Horrible destin. Cela dit, si mal qu'il se sente, il ne pouvait pas lui en vouloir. Ce n'était pas de sa faute si elle ne contrôlait pas son pouvoir, et c'était lui qui l'avait poussée à faire le grand saut qui avait failli la tuer. Alors ses lèvres s'étirèrent en un sourire en coin et il répondit :
« Je te ferais bien un câlin pour te consoler, mais quelque chose me dit que c'est pas une bonne idée… »
Sa voix était lente et faible, Malicia devait se pencher vers lui pour correctement entendre ce qu'il lui disait. Il avait l'impression d'être un malade en phase terminale à qui l'on vient tenir compagnie sur ses derniers instants de vie. Erk, quelle idée sordide. Il chassa bien vite cette pensée de son esprit, et préféra rebondir sur un autre sujet. Elle avait absorbé ses pouvoirs, dont un pouvoir explosif, un pouvoir qu'elle ne devait probablement pas contrôler. Mieux valait être prévenant.
« Fais-moi plaisir, si les objets que tu touches se mettent à briller d'une lueur rosée, surtout jette-les au loin. »
Son mince sourire s'effaça lorsqu'elle lui parla de ses souvenirs. Venait-elle de démasquer le Prince des Voleurs ? Ou de le voir partager la couche d'une femme, d'un homme, voire de plusieurs ? Non, c'était bien pire que cela. Bella Donna… Celle qu'il essayait tant d'oublier, et qui hantait toujours ses pensées. Il n'avait pas vraiment envie d'en parler. En dehors de la Nouvelle-Orléans, une seule personne savait que Remy avait été marié. Mais il était inutile de mentir à Malicia : elle avait ses souvenirs en elle, il ne pouvait pas les trafiquer.
« Nous étions mariés. Nous étions destinés à vivre ensemble jusqu'à la mort. Mais la cruelle volonté des hommes contrarie souvent la bonne volonté du destin. Nous avons été forcés de nous séparer. Oublie ce que tu as pu voir. Ca appartient au passé. »
Il avait tenté de réagir comme si cela ne l'affectait pas. Il avait essayé d'avoir un ton nonchalant, comme si cela n'avait pas d'importance. Mais il y avait bien une raison pour qu'il ne parle jamais de sa femme. Il était incapable de l'évoquer sans ressentir une vive amertume, qui se reflétait dans sa voix et sur son visage.
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