La voiture roule et je suis plus ou moins consciente. J’ai puisé dans mes dernières forces pour pouvoir me concentrer, pour pouvoir expliquer … non … montrer à la jeune femme qui tente de m’aider ce que je voulais qu’elle comprenne. Charles … Je n'ai aucune idée si ce Charles est le fameux Charles, si c’est celui dont Nathaniel m’a parlé. Si ça se trouve, je suis sur le point de me jeter dans la gueule du loup. Mais elle essaye de m’aider. Elle aurait pu m’arracher le sac et me tuer, elle aurait pu le faire mais pourtant, elle est avec moi dans ce taxi.
Je vois ses larmes qui coulent de ses yeux. Je vois son regard. Elle a vu, j’en suis sûre. Elle a vu … la mort de ma famille, de tous ceux que je n’ai pas considérés comme ma famille. Elle a vu la flèche qui a tué l’homme que j’aimais … Ma main s’accroche avec la force du désespoir sur son bras, et la sienne est posée dessus. Je sens sa présence. Elle me serre doucement les doigts, je les ressens par instant, je sens son pouls même parfois. Il est si rapide, le mien par contre me semble si lent. Je ne vois pas la teinte bleuté que ma peau prends. Je suis pâle, très pâle, c’est autour de mes lèvres que cela est le plus flagrant, elles sont dans un mélange de rouge et de violet. Je manque d’air. Je lutte pour faire une bouffée d’oxygène. Ma vue est trouble, mes forces m’abandonnent. J’ai des mini pertes de consciences. Quelques secondes à plusieurs minutes. Je repars à chaque fois conscience plus apeurée que la fois d’avant. Mes pensées sont floues. Je revois Nathaniel, les miens, la Loge. Je revois les instants passés ensemble, lorsqu’ils m'apprennaient à contrôler mes pouvoirs… L’homme du supermarché … «Je ne voulais … pas … le blesser»
Les secondes passent. Mon regard se tourne vers la fenêtre. Le décor n’est pas le même. On est loin de la jungle urbaine. Je vois des arbres, beaucoup d’arbres. Où sommes-nous … et où allons-nous ?
Je ne sais pas si elle m’a entendu. Je n’ai jamais tué quelqu’un, je sais qu’il n’est pas mort, je l’ai vu mais ce que je lui ai fais … Je m’en veux, terriblement. Cette pensée est suivie d’un instant de noirceur avant que je n’ouvre à nouveau les yeux. La voiture … elle ne me semble …. arrêtée .
« Nous y sommes, tu m'entends ? Accroche-toi, nous y sommes... Tout va bien se passer, je reste avec toi, je te le promets. Je reste avec toi. »
J’entends les mots de Jean mots mais je ne la vois plus l’instant d’après. Un bruit, je sens un courant d’air entrer dans la voiture. Je rêve de pouvoir l’aspirer à plein poumons mais cela est impossible.
« On a besoin d'aide, vite ! Venez nous aider ! »
Elle crie, la jeune femme rousse mais où elle est ? Elle n’est plus dans la voiture, plus à mes côtés. Doucement, je me laisse tomber sur le flanc, en gémissant, observant le toit de la voiture. De l’aide … c’est pour moi qu’elle appelle à l’aide … ? Je tente doucement de me tirer, avancer sur la banquette vers la porte ouverte. Je vois flou, presque sombre d’ailleurs. Je me tourne, penchant la tête de manière à voir de ce qu’il se trouve à l’extérieur. Je … où suis-je ? Une grande étendue d’herbe, des arbres et la silhouette d’une grande bâtisse. Où suis-je … cette réponse résonne en moi en boucle. Je tente de me redresser, à moitié allongée sur la blanquette. Je pousse à peine sur mes bras que ceux-ci se dérobent, me faisant retomber allongé. une nouvelle quinte de toux, je tousse, du sang vient coloré les graviers de l’allée et ma main. Je fixe ce sang avant de laisser retomber ma main, relâchant presque l’intégralité de mon corps. Mes paupières sont lourdes, j’ai du mal à rester consciente et j’ai l’impression que si je ferme les yeux, cela sera pour la dernière fois. J’ai peur … j’ai terriblement peur. Je ne veux pas mourir…
« QUI TROUVE UNE AMIE TROUVE UN TRÉSOR » PROVERBE LATIN
JEUDI 9 MAI 2024 AVEC KITTY PRYDE ET KATH H. HUNTER
Elle a vu l'horreur et la douleur par le sang versé. Les cris. La terreur. Les pleurs. La souffrance. La mort. Jean a vu ce que la jeune femme a traversé, elle l'a vu à travers ses yeux, à travers sa peau qui tremblait, à travers sa bouche qui gémissait. Elle a vu, elle a ressenti l'effroi, la colère, l'affliction et l'angoisse, de la même façon que si elle avait été victime à sa place ; si elle en avait pleuré, d'une âme aussi compatissante que sensible, la vision de cette vérité révélée n'avait fait que renforcer son désir de l'aider. Elle avait vécu un enfer innommable, et elle avait assez souffert ; elle avait besoin d'une main tendue qui l'aide à se relever.
«Je ne voulais … pas … le blesser»
Dit-elle d'une voix éparse, qui s'étiole presque dans un murmure tant elle demeure dans un état fragile, bien trop critique pour pouvoir se déplacer d'elle-même. Mais Jean ne peut pas non plus la transporter toute seule jusqu'à l'infirmerie, elle est bien trop chétive pour cela et malgré toute sa bonne volonté, elle risquerait d'aggraver les choses en tombant avec la malheureuse blessée, qui ne survivrait sans doute pas à une nouvelle chute... Elle a besoin d'aide c'est indéniable mais, pour l'heure, l'urgence est de rassurer Kath, et c'est en se penchant au-dessus d'elle et en effleurant sa joue d'une douce caresse aérienne que Jean lui murmure, d'une voix presque maternelle :
« Chut... Je sais, je sais... Il va bien... Ne parle pas, économise tes forces, ça va aller... Accroche-toi surtout... »
Apposant un index contre sa propre tempe, Jean plisse légèrement les yeux tout en fixant le visage bleui de celle qui oscille entre la pleine conscience et l'inconscience, mais dont l'esprit est encore éveillé ; rassurée de sentir cette présence psychique autour d'elle, Jean s'autorise à faire quelques pas pour s'éloigner de la voiture tout en hurlant à qui veut l'entendre qu'elle a besoin d'aide, s'époumonant devant le grillage de l'Institut dans l'espoir que quelqu'un l'entende. Et l'inverse ne peut être vrai, il y a forcément quelqu'un qui traîne dans le parc ou qui a sa fenêtre ouverte, et qui va répondre à son appel... N'est-ce pas ? Il le faut...
« On a besoin d'aide, vite ! Venez nous aider ! »
Ne voulant pas laisser Kath trop longtemps toute seule, de peur que celle-ci pense qu'elle a été abandonnée, Jean lance régulièrement des regards en arrière comme pour s'assurer que la voiture — et son occupante, sont toujours là, bien qu'elle ne peut se résoudre à faire demi-tour avant d'avoir aperçu la silhouette d'une âme charitable qui viendrait enfin les aider. Il faut qu'elle réagisse et vite. Il faut qu'elle trouve une solution pour l'aider. Mais ses jambes et ses mains tremblent sans qu'elle ne puisse les empêcher, son corps tout entier est secoué de spasmes nerveux tandis qu'elle fait les cent pas devant l'Institut en suppliant pour qu'on vienne l'aider, car elle sait que le temps est compté pour Kath, et il est absolument hors de question qu'un autre malheur ne vienne frapper son coeur. Mais ses pensées s'emmêlent et s'entremêlent, formant un brouillon irrésolu qui l'empêche de réfléchir convenablement... Il faut vraiment qu'elle apprenne à gérer son stress mais, chez elle, c'est presque comme un poison paralysant.
Alors que des larmes viennent envahir ses yeux, Jean entend des pas rapides qui se rapprochent du portail... Kitty ! C'est presque miraculeux de la voir ici, et un instant, Jean a même envie de lui sauter dans les bras tant elle est heureuse de croiser son visage, mais elle n'a pas le temps. Essuyant rapidement ses longs cils perlés de colère et de tristesse, Jean était retourné près de la voiture en faisant signe à son amie de la suivre jusqu'à la banquette arrière, où était allongée la jeune blessée. Celle-ci avait recraché du sang depuis, signe pour Jean que son état ne faisait qu'empirer...
« Il faut qu'on l'emmène à l'infirmerie et vite ! » .
CODAGE PAR AMANTIS ET PERSONNALISATION PAR AIWENORE
The Phoenix
Watch me. I will go to my own sun and if I am burned by its fire I will fly on scorched wings and I'll rise !
Aider son amie à emmener une jeune femme dans un état inquiétant à l’infirmerie… Ce n’était clairement pas ce que Kitty s’attendait à faire aujourd’hui. La journée avait bien commencé, après tout… Une journée banale de cours, plutôt intéressante d’ailleurs, surtout le cours de philosophie, le préféré de la jeune femme. Elle s’était même motivée à avancer une dissertation à rendre. Bon, certes, elle aurait dû avancer depuis plusieurs semaines, mais… Elle n’a pas arrêté de repousser, se consacrant à l’écriture des prochaines aventures des joueurs de son jeu de rôle, en tant que maître du jeu. Maintenant que cette tâche était terminée, elle avait décidé de rattraper son retard et elle avait bien réussi maintenant. Après plusieurs heures à travailler, la jeune femme était sortie dans le jardin pour prendre l’air un peu. C’est là qu’elle avait entendu la voix de Jean. Et même sans les mots qu’elle avait prononcés, Kitty aurait pu deviner la gravité de la situation rien qu’à la voix paniquée de son amie. Elle avait aussitôt couru en direction du portail pour voir ce qu’il se passait. Un taxi était garé devant le portail, la portière ouverte permettant de voir la forme d’une jeune femme allongée sur la banquette arrière. Jean était en larmes. La brune fronça les sourcils en s’approchant à son tour de la voiture. Il y avait du sang. C’était très grave, plus grave que ce qu’elle imaginait. Sans hésiter, elle aida Jean à porter l’inconnue. Concentrée, elle visualisait dans sa tête le moyen le plus rapide d’arriver à l’infirmerie. Tous les chemins qu’elle imaginait nécessitaint de trop gros détours, Kitty n’était pas sûre que la femme qu’elle portait tiendrait jusque là. Mais il y avait une solution.
“Le chemin sera plus court si je vous fais phaser à travers les murs.”
Ce n’est pas souvent qu’elle phasait avec autant de personnes. Mais pour être sûre que l’inconnue survive, elle devait essayer. Et surtout, elle devait réussir. Montant les escaliers de l’Institut, elle commença son avancée dans l’Institut, portant la jeune femme. Elle avait des milliers de questions, mais ce n’était absolument pas le moment pour les poser. D’abord la secourir, puis demander des explications à Jean.
“Bon, allez, j’essaye. Tiens-toi bien, Jean.”
Se concentrant, Kitty utilise son pouvoir, faisant bien attention à ne lâcher ni l’inconnue ni son amie durant le processus. Elle avance et toutes les trois traversent un mur, puis deux… Franchement ? Kitty est plus que soulagée. Elles ont, en plus de ça, gagné beaucoup de temps. Il faut continuer jusqu’à l’infirmerie, maintenant.
Malgré la peur et la douleur, je tente de dire quelques mots à celle qui tente l’impossible pour me sauver. Je la distingue à travers le voile qui passe par instant devant mes yeux. Je sens à peine sa main contre ma peau. Je tente de la fixer dans les yeux alors qu’elle parle mais j’ai du mal à l’entendre, à la comprendre. Un geste, mes doigts se crispent sur le cuir de la blanquette. Un geste symbolique, une manière de m’accrocher à la conscience … un moyen désespéré de garder espoir…?
Un nouveau voile noir un instant je rouvre les yeux pour voir qu’elle n’est plus là, plus à côté de moi. Très difficilement, j’arrive à pouvoir me tourner pour observer ce qu’il y a autour de moi … et ce que je vois … crois voir … Je ne sais même pas en fait, vraiment, ce que je vois. Est-ce que je délire ou pas … J’ai l’impression que oui, j’ai l’impression de ne déjà plus savoir si ce que je vois est la réalité ou non. Car elle est sombre, tâchée de noir et de pourpre… D’ailleurs, dans l’allée où est garée la voiture, les graviers se teintent de rouge là où je crache du sang. Mes forces me quittent, je les sens diminuer au point où ma main retombe. J’ai peur. Je ne trembles plus, j’ai même plus la force de cela…
Je ne veux pas mourir Pas aujourd’hui, pas si prêt … «Nathaniel … je suis … désolé … »
Cette pensée me traverse l’esprit quand soudain, j’émerge. Jean est de retour … et elle n’est pas seule. Une personne en plus ? Je ne la distingue même pas. Je tente d’essuyer le sang qui goute de ma bouche mais je l’étale plus qu’autre chose sur ma peau. Je les vois s’approcher. Je les vois tendre les mains vers moi …
-Qu’e…
Je n’ai même pas le temps de prendre, que je sens leur mains sur moi et je dois me mordre littéralement la lèvres pour contenir un premier cri mais lorsqu’elles me remettent debout, c’est un hurlement qui m’échappe. C’est tout mon corps qui hurle sa souffrance à probablement leur percer les oreilles. Mes côtés me tuent, je n’ai plus de souffle …. de l’air … je manque terriblement d’air … J’ai l’impression de me noyer alors que pourtant, pas la moindre trace d’eau … La seule chose qui me rassure un peu, c’est de sentir ma sacoche contre moi, son poid sur mon épaule et contre mon flanc. Elle me fait mal, elle aussi mais pour rien au monde, je ne veux la voir partir Je crache à nouveau, je tente de les aider mais mon corps ne m’obéit plus, il n’est plus qu’un pantin désarticulé qu’elle porte. Si l’un ou l’autre me lâche, je m’effondre au sol et probablement tombe inconsciente dans la foulée … La seule chose que j’arrive encore à faire, c’est lutter pour rester consciente. le fait de souffrir le martyre aide peut-être un peu … juste un peu. Je grogne, des gémissements m’échappent encore mais à vrai dire, même cela est un supplice. On s’approche de la bâtisse … un château ? Je tente de la fixer mais même ça, concentrer mon regard est dur. Je les entends parler. Enfin non … j’entends la deuxième personne. Elle parle d’un chemin ? De quoi …?
-... Les … Char...Les ….
Dans mon esprit, même ma question est floue. Jean m’a promis que je pourrais le trouver, qu’il serait là mais à cet instant, les mots de Nathaniel tournent dans mon esprit. Sa demande, ses derniers mots …. Pardon Nathaniel … Je vais échouer. Pourtant elles ont encore l’espoir, les deux personnes qui me portent, elles avancent. Elles avancent même droit devant elle. Ma vision se fait plus sombre, plus sombre … plus sombre. On va droit dans le … mur ? Un instant de noirceur et je revois la lumière … enfin non je perçois une certaine clarté. On est … passé au travers…
-...
Je n’arrive même plus à parler, à prononcer un syllabe. D’ailleurs, je ne sais si c’est d’avoir … passé à travers une paroi ou que mes poumons se remplissent de sang mais à nouveau je me crispe, tousse à nouveau, me cambre presque et crache du sang en plus sur le carrelage. Sur mon visage en partie couvert de sang, les larmes coulent dans les sillons déjà présents. Je suis … terrifiée. J’ai si froid … Je n’ai jamais eu froid ou presque de ma vie et là, j’ai la sensation que mes os eux-mêmes se transforment en glace. Un dernier effort pour tenter de relever la tête et malgré tous mes efforts, toute ma volonté, je n’arrive pas à tenir et la peur au ventre, mes yeux se ferment, pour quelques instants.
« QUI TROUVE UNE AMIE TROUVE UN TRÉSOR » PROVERBE LATIN
JEUDI 9 MAI 2024 AVEC KITTY PRYDE ET KATH H. HUNTER
Confuse et affolée, ne parvenant guère à choisir dans quel camp son esprit était désireux de se placer, Jean oscillât longuement entre la blessée et son amie venue leur porter secours, qu’elle accueillit en donnant l’impression d’avoir attendue des heures devant le grand portail de l’Institut et d’être au bord du désespoir ; car elle sentait que la jeune femme, dans son dos, agonisait depuis bien trop longtemps. Ses forces n’allaient pas tarder à l’abandonner, et elle savait qu’elle ne pouvait rien faire de plus pour l’aider. C’était horriblement frustrant, cette impuissance cruelle qui la clouait au sol en lui donnant seulement des gestes de douceur et des mots dérisoires à lui offrir comme pansements pour son âme, mais son corps, meurtri, ensanglanté, pétri de douleur, ne pouvait-elle pas le soulager ? Ô combien elle aurait aimé lui épargner ces minutes affreuses, les dernières d’un long cauchemar…
De ses mains tremblantes, Jean avait saisi Kitty par les épaules en s’agrippant presque à elle, ses yeux exorbités d’angoisse la fixant alors qu’elle lui disait, d’une voix étranglée par les émotions :
« Kitty ! J’ai cru que personne ne viendrait ! Vite, elle a besoin d’aide ! »
Suppliant presque pour qu’on emmène l’inconnue en piteux état à l’infirmerie, Jean avait suivi les gestes de Kitty en essayant de calmer les spasmes de ses mains. Malgré toute sa bonne volonté pour se concentrer sur la situation (qui exigeait toutes ses facultés), la rouquine ne cessait de lancer des regards inquiets en direction de Kath, qui était presque un poids mort sur leurs épaules : incapable de se mouvoir par elle-même tant la douleur était atroce, la jeune femme était à présent d’une blancheur bleutée qui n’indiquait rien de bon. L’angoisse monta davantage dans le coeur de la télépathe, qui s’accrochait à la présence psychique qu’elle percevait encore dans son corps… Elle était toujours là. Elle était encore là. C’était tout ce qui comptait.
Mais il fallait agir, et vite.
Hochant son menton de haut en bas pour signifier à Kitty qu’elle avait bien compris ses instructions, Jean avait rapidement murmuré quelques mots de réconfort à Kath, lui intimant de s’accrocher et lui promettant que son calvaire était bientôt terminé, juste avant qu’elles ne franchissent les premiers murs de la grande bâtisse pour se retrouver à l’intérieur. Si elles avaient fait la moitié du chemin, la route semblait encore bien longue jusqu’à l’infirmerie, interminable même, mais Jean se montra, à l’inverse, rassurante en s’adressant à Kath d’une voix infiniment douce, pour ne pas l’accabler davantage :
« Ça va aller, on y est presque… L’infirmerie est au premier sous-sol, on y est, accroche toi s’il te paît… »
Il fallait lui donner la force de continuer à s’accrocher, mais peut-être que la rouquine cherchait également à s’encourager, car elle craignait que Kath s’éteigne avant d’avoir atteint l’infirmerie ; en voyant les yeux de Kath se fermer et son menton rouler sur le côté dans un mouvement inconscient, Jean avait entrouvert ses lèvres en fronçant ses sourcils, une expression terriblement affligeante se dessinant alors sur ses traits pour les crisper d’effroi :
« Non ! Réveille-toi ! Kath, ouvre les yeux s’il te plaît ! »
Tapotant frénétiquement sa joue de sa main libre en espérant ainsi la réveiller, Jean avait levé un regard embrumé de larmes vers Kitty, avant de continuer à avancer malgré la sensation horriblement douloureuse qui lui tordait l’estomac. Sans perdre davantage de temps, et malgré le fait que Kath avait les yeux fermés depuis quelques secondes déjà, Jean avait entraîné Kitty vers l’ascenseur le plus proche afin de rejoindre le premier sous-sol, où se trouvait l’infirmerie. La peur, couplée par l’angoisse de voir la jeune femme dans cet état, lui insuffla une force et une détermination terribles et c’est au prix d’un effort considérable (autant physique qu’émotionnel), que les trois jeunes femmes arrivèrent devant l’infirmerie, toutes tâchées du sang de celle qui ne tenait même plus debout.
Tremblante et sanglotante alors qu’elles passaient enfin les portes de l’infirmerie, Jean avait légèrement reniflé par le nez avant de lancer, d’une voix incertaine mais néanmoins suffisamment forte pour qu’on l’entende :
« Vite, elle a besoin d’aide ! Dépêchez-vous ! » .
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The Phoenix
Watch me. I will go to my own sun and if I am burned by its fire I will fly on scorched wings and I'll rise !
L’état de son amie alarma d’autant plus Kitty. Son air angoissé et paniqué, son regard embué de larmes, ses mains crispées sur ses épaules, en quête d’un soutien… Jean avait cruellement besoin de quelqu’un auprès d’elle dans cette épreuve. La jeune femme aurait simplement voulu être là bien avant, pour pouvoir l’aider à gérer tout ça. Mais il n’y avait pas le temps pour se morfondre sur le passé. Une femme était en danger. Kitty posa à son tour ses mains sur les épaules de Jean, mais contrairement à elle, c’était une prise douce et rassurante. Elle frotta quelques secondes ses pouces sur les épaules de la rousse, dans le but de la calmer un peu. Elle savait que ce ne serait pas suffisant, mais c’était déjà ça.
“Je suis là, Jean. Ne t’en fais pas.”
Elle ne prend pas plus de temps pour discuter et, avec Jean, soulève la jeune femme. Le hurlement qu’elle poussa soulève l’estomac de Kitty et lui déchire le coeur. Elle doit absolument l’emmener à l’infirmerie à temps. Et c’est pour ça qu’elle n’hésita pas longtemps à utiliser ses pouvoirs afin de l’emmener plus vite. Elle aurait pu même phaser à travers le sol pour aller plus vite, mais ça voulait dire être capable de réatterrir sur ses pieds et la jeune femme n’était clairement pas en état pour ça. Trop concentrée sur le chemin le plus rapide pour atteindre l’infirmerie, elle n’avait pas pensé à rassurer la blessée. Heureusement, Jean s’en est occupé. Kitty essayait de ne pas trop faire attention à l’état de la jeune femme… Tout simplement parce que voir son état se dégrader la ferait paniquer. Alors, elle préférait calculer le chemin mentalement, prendre des raccourcis pour arriver à l’infirmerie le plus vite humainement possible. Cependant, elle ne put pas ignorer longtemps… Puisque Jean se mit à crier, à paniquer en voyant la blessée fermer les yeux et sa tête pencher dangereusement.
“Jean ! Jean, doucement, ça va aller. Ça va aller, d’accord ? On arrive… Elle va être soignée. Ça va aller Jean, je te promets.”
Elle accéléra le pas. Presque… Presque ! Dans l’ascenseur, elle en profita pour essayer de rassurer un maximum Jean, tout en essayant de maintenir la dénommée “Kath” éveillée. Ce fut les minutes les plus longues de sa vie. Les plus éprouvantes. Une fois dans l’infirmerie, Jean interpella aussitôt le personnel, toujours aussi paniquée. Au moins, cela avait eu pour effet de mobiliser le personnel. Ils prirent Kath en charge, demandant aux deux jeunes femmes de sortir de la pièce. Aussitôt, Kitty prit la main de son amie, l’entraînant doucement hors de la pièce pour s’asseoir sur un banc juste à côté. Il fallait maintenant attendre… Et calmer la rousse qui était dans un état atroce.
Si sombre … On parle de la mort parfois comme d’un soulagement, d’un laisser aller vers la paix. Mais là, c’est une lutte, un combat acharné que je mène. Moi contre la faucheuse. Je ne peux pas partir. Je ne peux pas abandonner. Ils sont tous morts, tous, et Nathaniel a permis que je puisse m’enfuir, que je puisse tenter de protéger les nôtres… Je ne peux pas abandonner… Elle me parle… Jean me parle. Un sous-sol ? Où on est vraiment ? La grande bâtisse, le hall que j’ai souillé de sang… On pourrait nous suivre à la trace. J’ai l’impression de me noyer … Dans mon sang ? Je ne sais pas. Mes poumons refusent de se remplir d’air. Je ne vois plus à quelques mètres et là encore c’est flou. Je ne suis même pas sûre qu’on croise d’autres personnes…. et peut-être tant mieux. Le teint presque d’un cadavre, les lèvres de plus en plus bleutés, les cheveux collés entre le sang et la sueur, le souffle rauque. Une vraie apparition des enfers.
Mais je ferme les yeux, n’arrivant plus à tenir. Je n'en peux plus. J’ai trop mal, je n’ai plus d’air, je ne peux plus. Pardon …
Je sens un contact sur mon visage. C’est chaud, presque brûlant. Le contact se répète. On me frappe je crois oui... Je perçois la voix de Jean, de l’autre aussi … Kitty. Je rouvre les yeux, difficilement, reprenant conscience. Une nouvelle fois, je tousse, crachant à nouveau du sang sur le sol du Manoir. On avance toujours, on avance même vers … une boîte ? L'apesanteur change. On descend. Un ascenseur … Putain je suis tellement ailleurs, déjà si loin. J’ai l’impression d’être ...droguée, si fatiguée. Je lutte encore. On est si proche du but … je ne peux pas, je ne peux rendre les armes. Pas maintenant … encore un effort … je peux le faire … je dois le faire ...
J’ai un gros, jusqu’à ce qu’on arrive à un endroit. Lorsqu’on s’arrête, une fois une nouvelle porte passée, à nouveau la voix de Jean retentit. Je tente de redresser la tête mais j’y arrive à peine. Je vois de la lumière, une lampe. Des silhouettes de meubles face à nous et … Et des silhouettes de personnes je crois. Je ne sais plus. Je sens qu’on s’approche de moi, qu’on me soutient encore. Un hurlement m’échappe à nouveau, et je me tourne vers Jean qui s’éloigne, emmenée par Kitty. Avec difficulté, je lève mon bras vers elle, souhaitant qu’elle ne s’éloigne pas. “Ne pars pas … s’il te plait …”
Je ne peux pas dire ses mots mais ils résonnent dans mon esprit. Ma main est accrochée avec la force du désespoir à la sangle de mon sac. La personne qui me porte a l’air d’avoir plus de force. Elle me soulève, je serre les dents, encore. J’ai mal, à chaque instant. Et chaque mouvement me tue un peu plus. J’ai la tête qui tourne, ma vision est de plus en plus trouble. Je ne vois que des formes, des tâches de couleurs, ne perçois que des sons étouffés. Un nouveau cri déchirant lorsqu’on m’allonge sur une table ou je ne sais quoi, un cri mêlée de douleur, de peur et de détresse, je sens que je vais encore partir. Je n’y arrive plus. Un nom m’échappe dans un murmure, plus ou moins incompréhensible :
« Et le 6 juin 1944 ? … Non, ce n'est pas la fin de la guerre Jimmy, tu as presque un an d'avance… Il te manque quelques étapes. Oui Tanya ? Le débarquement de Pearl Harbor ? Presque… »
Ces cours de soutien en histoire n'étaient pas simples à mener. C'était habituellement Raven qui les assurait, mais la Sorcière Sombre l'avait emmenée hors de l'Institut trois jours plus tôt. Officiellement, la professeure d'histoire était partie en voyage, et les autres enseignants se répartissaient ses cours… Comme Charles ne pouvait pas vraiment assurer les entraînements d'arts martiaux, il avait récupéré le rattrapage en histoire… Et c'était fastidieux !
Le cours fut perturbé lorsque le télépathe ressentit une douleur caractéristique à la tempe droite, et qu'il entendit quelqu'un l'appeler dans son esprit. Une étudiante en détresse balbutiait son nom, mais il ne reconnaissait pas la voix… Il projeta son esprit jusqu'à l'origine de cet appel à l'aide, et écarquilla les yeux. Mais il dut revenir bien vite à la réalité lorsque la petite Tanya, douze ans, originaire de Russie et qui mélangeait un peu tout, lui demanda si sa réponse était si mauvaise que ça…
« Hum ? Non, je… excuse-moi, j'étais ailleurs. Nous allons nous arrêter là pour aujourd'hui, mais je veux que vous me prépariez pour la semaine prochaine un exposé écrit de deux pages sur le débarquement de Normandie. Bonne fin de journée à tous. »
Les élèves ravis d'être libérés plus tôt commencèrent à ranger leurs affaires, mais le professeur n'attendit pas qu'ils aient terminé pour quitter la salle de classe. Jean avait parlé de l'infirmerie, avec Kitty elles étaient en train d'y amener une autre jeune fille, que Charles ne connaissait pas, mais qui était gravement blessée. Il prit donc le chemin du premier sous-sol et y retrouva ses deux élèves, assises sur un banc dans le couloir, tachées de sang et bouleversées.
« Qu'est-ce qui se passe ? »
Il jeta un bref coup d'œil dans l'infirmerie par la porte vitrée, et constata que le médecin scolaire - qui par chance était présent aujourd'hui - et l'infirmière de l'Institut s'affairaient déjà autour du corps de cette jeune femme inconnue, plongée dans l'inconscience et en partie couverte de sang. Puis il reporta son attention sur Jean et Kitty, le regard inquiet.
« QUI TROUVE UNE AMIE TROUVE UN TRÉSOR » PROVERBE LATIN
JEUDI 9 MAI 2024 AVEC KITTY PRYDE, KATH H. HUNTER & CHARLES XAVIER
Elles avaient réussi. Elles avaient réussi mais cette pensée n’éveillait aucune gaité en son coeur. Elles étaient parvenues à l’infirmerie, certes, mais n’était-il pas déjà trop tard ? Kath allait-elle survivre à ses blessures ? Elle avait perdu du sang, beaucoup trop de sang… Tellement que leur chemin périlleux avait été tracé par celui-ci, formant une trainée irrégulière et rougeâtre sur le sol et dans l’ascenseur. Jean regardait tout ceci sans véritablement savoir où ses yeux devaient se poser, tant l’horreur lui sautait inévitablement au visage partout où elle allait : le sang, les larmes, les cris, la douleur, son corps meurtri… Appliquant une main contre sa bouche tout en laissant quelques larmes lui échapper, la télépathe avait rapidement été entraînée en-dehors de l’infirmerie par Kitty sous la demande du personne médical, alors que Kath lui demandait intérieurement de rester auprès d’elle en relevant légèrement son bras, comme pour la retenir… La scène déchirante eut creusé davantage son ventre en tordant son coeur, et elle avait senti un élan désobéissant envahir ses membres lorsqu’elle s’était retournée vers Kath, désireuse de la rejoindre, de rester avec elle, de ne pas la lâcher, elle lui avait promis, il fallait qu’elle tienne sa promesse, ils ne pouvaient pas comprendre…
« Non ! Elle veut que je reste ! »
Elle n’était pas tout à fait capable de l’entendre, mais le médecin et l’infirmière avaient besoin de tout l’espace libéré pour secourir la jeune femme qui était étendue sur leur table, et qui se trouvait dans un état critique : elle aurait été un fardeau autour d’eux, et peut-être aurait-elle même empêché les médecins de la sauver. Forcée de se plier aux exigences, elle avait envoyé un regard vers la jeune blessée, la voyant perdre de nouveau connaissance sans pouvoir intervenir… Mais que pouvait-elle faire ?
Un dernier sanglot étouffant le fond de sa gorge nouée, et elle avait déversé quelques larmes sans pouvoir s’en empêcher, tout en se laissant conduire jusqu’au petit banc par Kitty. Là, sans retenue et sans honte, elle glissa son front contre l’épaule de son amie en se cajolant dans ses bras, l’enlaçant même tout en pleurant à chaudes larmes contre elle. Peut-être était-ce un mélange d’angoisse, de tristesse et de culpabilité qui courait dans ses veines, car elle se maudissait à présent d’avoir perdu autant de temps dans l’épicerie du centre-ville… Si elle avait su. Si elle avait compris plus tôt la gravité de la situation…
« J’ai… Elle… Elle va s’en sortir, hein… »
S’agissait-il d’une question ou d’une affirmation de sa part ? Elle-même n’en savait trop rien, mais elle préférait ardemment la deuxième option et s’y accrochait de toutes ses forces et de tous ses espoirs. Un hoquet larmoyant ayant achevé sa phrase, elle avait essuyé le coin de ses yeux humides tout en se redressant lorsque Charles se présenta à elles, sans que Jean ne quitte Kitty pour autant. Elle avait plus que jamais besoin de son soutien et de sa présence, comme en témoignait ses bras qui ne la lâchaient toujours pas.
La présence de Charles fut également d’un grand réconfort, mais elle n’eut cependant pas la force de lui accorder un sourire ou de lui répondre… Il voulait savoir ce qui s’était passé et c’était bien légitime, mais sa voix était bien trop étranglée pour qu’elle puisse se permettre de l’utiliser et, son esprit, confus et encore sous le choc, était tout bonnement incapable d’organiser ses pensées pour former des phrases cohérentes. Prenant quelques secondes pour se calmer, Jean avait fermé les yeux en reniflant légèrement avant de se lancer dans une explication quelque peu décousue et tremblante, car sa voix vibrait d’une émotion encore vive :
« Je l’ai trouvée… Elle… Elle est blessée… Gravement blessée… C’est… C’est une mutante et je… Je savais pas quoi faire ! J’ai essayé de l’aider, je… Elle… Kitty m’a aidée et… Oh, j’espère qu’elle va s’en sortir… »
Blafarde et tremblante, elle baissa machinalement les yeux vers ses vêtements tachés de sang et s'en sentit durement pâlir davantage ; non pas qu'elle craignait particulièrement sa vue, mais ceci lui évoquait brutalement la réalité. Kath n'allait peut-être pas survivre. Et elle ne savait pas comment composer avec cette possibilité abjecte. .
CODAGE PAR AMANTIS ET PERSONNALISATION PAR AIWENORE
The Phoenix
Watch me. I will go to my own sun and if I am burned by its fire I will fly on scorched wings and I'll rise !
Kitty ne soufflait pas vraiment, malgré le fait qu’elles aient réussi à amener la jeune femme jusqu’à l’infirmerie… Parce qu’elle n’était pas sortie d’affaire. Et parce que Jean était dans un état effroyable. Il avait été incroyablement compliqué de convaincre son amie de sortir de la pièce, surtout après que la jeune femme ait visiblement demandé, sans un mot, à ce qu’elle reste. Mais premièrement, les professionnels avaient besoin qu’elle sorte. Deuxièmement, Kitty doutait que cela soit bon psychologiquement pour Jean d’assister aux soins, surtout dans son état actuel. Alors avec douceur, Kitty l’avait entraîné hors de la pièce en prenant sa main, jusqu’à un banc. Et lorsque son amie avait laissé éclater ses émotions, la brune la serra avec tendresse dans ses bras, caressant même légèrement ses cheveux dans un geste rassurant. La question qui traversa les lèvres de Jean la fit légèrement se crisper. Mais elle n’hésita pas un instant dans sa réponse :
“Bien sûr qu’elle va s’en sortir…”
Elle la serra un peu plus fort, posant sa tête contre la sienne, continuant de la consoler et la rassurer. Tout comme Jean, la brune se redressa en voyant Charles. Elle ne put empêcher cette lueur de soulagement d’illuminer ses yeux. Oui, elle était rassurée que le professeur soit là. Evidemment, l’inquiétude se fit rapidement sentir et il leur demanda donc des explications sur ce qu’il s’était passé. C’était une question à laquelle Kitty ne pouvait que partiellement répondre : elle était elle-même dans le flou sur tout ça. Mais elle avait considéré que ce n’était pas le bon moment pour faire un interrogatoire à son amie. La jeune femme brune tourna son regard vers Jean, ses bras toujours autour d’elle. Alors que celle-ci cherchait à se calmer, Kitty la serra doucement pour l’y aider et frotta doucement son dos, alors qu’elle écoutait ses explications… Qui éclairait un peu la situation. Cependant, elle ne s’y attarda pas trop : Jean avait toujours besoin de soutien. Elle serra un peu plus Jean en frottant son dos.
“Elle va s’en sortir, Jean… Elle va s’en sortir…”
Alors qu’elle serrait son amie, son regard se leva vers Charles, cherchant inconsciemment son aide. Elle était clairement dépassée par les évènements.
“On… On nous a demandé de sortir. Pour qu’ils puissent s’occuper d’elle…”
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