Fuir pour protéger les autres. Depuis que j’avais rejoint la Loge de Londres, les seuls personnes à qui je m’étais réellement liés n’avaient jamais été en dehors de celle-ci. S’il y avait eu des aventures ou des connaissances faites en dehors, j’avais toujours fais en sorte de rester très mystérieuse, de ne pas en apprendre trop sur moi. Qu’on puisse remonter à moi par eux et surtout qu’on ne puisse les lier à moi. Car je pensais à tort qu’au sein de la Loge, nous étions en sécurité. Je le pensais … jusqu’à ce soir là où j’ai vu les murs du Sanctuaire de la Loge couvert de rouge pourpre, du sang des miens…
Alors maintenant, je fuis. Je ne peux pas rester. Si je me retrouves au commissariat, ce sera la cascade … Je ne peux pas me le permettre ! C’est pour ça que je commence à m’enfuir, laissant derrière cette jeune femme. Enfin m’enfuir … c’est ce que je tente de faire, impossible de courir, j'avance juste aussi vite que je peux vers la sortie, en espérant en avoir encore le temps. Mon cœur bat à tout rompre, j’ai peur de m’enflammer. Depuis longtemps je contrôle mon pouvoir mais vu la situation, je sens que je pourrais déraper, il n’y a qu’à voir les étincelles qui ont failli de ma main y a quelques instants. Je ne veux pas faire du mal à quiconque mais si je dois utiliser mon pouvoir pour survivre, il le faudra …
Je sursaute violemment lorsque je sens soudain quelqu’un me prendre le bras, et me retourne pour voir le visage de la jeune femme rousse.
-Qu’est-ce ….!!
Ma main protégée par la vieille mitaine de cuir s’était levée face à la possible menace mais j'ai eu le bon réflexe de me retenir, la ramenant contre moi. Calme-toi … je me répète cela en boucle alors que mon cœur cavale au triple galop. Je lui fais signe, elle doit me laisser. Je ne peux pas l’impliquer. Je suis sur le point de tenter de la repousser. Je veux le faire, sans la blesser mais soudain, un colosse apparaît devant nous, à la manière d’un pokémon dans les hautes herbes !
Je me retourne vers lui alors que la jeune rouquine me tient toujours le bras, le fixant sous la ligne de ma capuche. Un frisson secoue mon corps, je sens ma main qui tremble et si je ne sens la chaleur à cause du bouclier thermique qui entoure mon corps, je sens que je suis à deux doigts de … du pire. Il parle, il exige une réponse, je baisse la tête … réfléchis, réfléchis. Je regarde sur le côté. Un souffle chaud pour l’expulser ? J’ai peur de ne pas réussir à maîtriser, qu’il ne prenne une flamme bien plus grosse et que cela ne le blesse. Je ne veux pas aggraver encore mon cas. Être recherché pour de la casse c’est une chose, si j’ose plus … non, je ne peux pas. Cependant, lorsque la jeune femme elle-même parle d’hopital, je me mets à trembler plus. Ma main me démange. Je commence à manquer de souffle. J’hyperventile et respirer aussi vite est en train de me faire mal, bien trop mal.
Et surtout, l’homme n’est pas convaincu … il nous observe, et commence à avancer
-On peut appeler et la police et les urgences si vous voulez mais vous bougez pas d’ici mesdemoiselles. Et c’est sans appel.
Nan nan nan …. Je vois les portes derrière lui, elles sont ouvert… Je tourne la tête vers l’arrière, y a un petit présentoir avec des livres, personne autour, rien à proximité. J’ai une chance, une. GO ! De ma main libre légèrement en arrière, une étincelle s' échappe discrètement et vole, comme un mini feu d'artifice vers le présentoir. Bingo ! Des gens sont surpris, des petits cris, des flammèches commencent à prendre, les gens s’écartent, même le vigile perd son attention sur nous et commence à faire un pas de côté. Ma chance est là ! Je serres les bras et d’un geste brusque qui m’arrache un gémissement, j’extirpe mon bras de celui de la jeune femme rousse sans lui faire mal, la prenant juste par surprise et avec la force du désespoir, je me mets à courir, vraiment. Ma capuche vole en arrière. Je suis presque à la porte. La douleur commence à être trop forte, je vais pas tenir. Il faut que je tienne, encore un instant.
Et soudain, une main attrape mon bras et me tire en arrière. Cela m’arrête net dans mon élan, et la pression qu’il met m’arrache un hurlement de douleur qui a dû s’entendre dans tout le magasin, semblable à une torture, à une souffrance que tous peuvent entendre et presque ressentir jusqu'aux plus profond d'eux-mêmes ce que je ressens, à quel point j'ai l'impression que mon corps se disloque en entier... S’il ne m’a pas cassé plus de côtes ou perforé un de mes poumons, cela a cela dit clairement aggraver mon état. Le vigile qui avait fait demi-tour pour m'avoir est surpris mais il ne me lâche pas, au contraire, il resserre son étreinte sur mon poignet et tire à nouveau. Un nouvel élan de douleur monstrueux traverse mon corps alors qu’avec sa force, mes genoux flanchent. Non pas possible, pas si près du but … Je refuse, je refuse, je refuse !!!
-Noooon !!!!!
De ma main qu’il refusait de lâcher, de cette main couverte d’une mitaine de cuir, une explosion semble se produire. Une sphère de flamme irradiant de chaleur, étincelante en naît et grandit pour se précipiter sur le garde, le touchant en pleine poitrine. Le souffle de ce projectile lui fait enfin lâcher mon poignet et je le vois voler à quelques mètres de moi et s’écraser au sol dans des volutes de fumées. Son uniforme est brulé, on voit la peau rougie à vive au niveau du torse. Je tombe au sol, à genoux, tremblante comme une feuille, la main toujours tendu en avant, l’autre me tenant difficilement le buste. Merde … merde … qu’est-ce que j’ai fais … Je voulais pas …je voulais … C’en était fini de moi…
« On rencontre parfois la bonté au beau milieu de l'enfer. » Charles Bukowski
La réponse de la montagne de muscles sans cervelle l'avait cruellement décontenancée, si bien qu'elle eût abaissé ses épaules tout en fronçant l'un de ses sourcils, ayant sérieusement l'air de se questionner sur ce qu'il venait de lui dire avec un aplomb étonnant. Est-ce qu'il avait bien entendu ce qu'elle venait de dire ? Il avait l'air d'avoir bien plus de masse que de neurones, peut-être fallait-il simplement qu'elle insiste un peu pour qu'il cède ? Tapotant nerveusement la pulpe de ses doigts contre sa cuisse, elle avait jeté une œillade désespérée sur le côté, espérant sans nul doute croiser les visages familiers de ses camarades mutants... Ostensiblement, ils étaient déjà partis sans elle, et ne pourraient donc pas l'aider à s'extirper de cette situation périlleuse. Décidant qu'il ne lui restait que cette carte à jouer, Jean avait dressé le menton avec insolence, braquant ses yeux azurés sur l'homme qui se tenait devant elle. Tandis qu'elle commençait à lui parler, essayant de négocier d'une voix tout à fait affable qu'il daigne à les laisser sortir... Alors qu'elle avait à peine investi l'esprit de l'inconnu, dans le but d'investiguer ses propres volontés à ce dernier, la jeune femme blessée avait pris la fuite aussi rapidement que son état lui permettait, entraînant Jean dans son mouvement brusque : sans le vouloir, celle-ci avait tourné le visage vers la fuyante, brisant l'emprise mentale qu'elle avait commencé à tisser dans l'esprit du vigile.
« Qu'est-ce que... »
Sans qu'elle ne puisse le retenir, tant la situation l'avait désarmée, le vigile avait rattrapé la malheureuse en quelques enjambées seulement, agrippant le bras de la blessée dans un déchirement douloureux, qui avait traversé jusqu'aux murs épais. N'étant point insensible, la rouquine avait froncé ses sourcils d'un air contrit tout en faisant un pas vers elle en étant toujours désireuse de l'aider, mais avant qu'elle n'ait le temps de faire ou de dire quoi que ce soit, le garde fut projeté de l'autre côté du rayon, propulsé par la force d'une flamme qui était né de sa main tremblante. Une mutante. C'était une mutante.
Restant à bonne mesure pour ne pas l'effrayant davantage, Jean l'avait regardé quelques secondes tout en papillonnant longuement des cils, le souffle court. Qu'est-ce qu'elle devait faire ? La situation était complexe. La jeune fille venait de blesser un civil, mais difficile de le défendre tant il avait été virulent, tout en sachant qu'elle était blessée. Après quelques secondes d'hésitation, Jean avait décidé de lui adresser quelques mots, des mots qu'elle fut la seule à entendre, et qui résonnèrent dans l'esprit de Kath comme un écho qui se voulait rassurant. « Calme-toi... Je vais t'aider à sortir, mais tu dois me faire confiance... » Si elle n'avait pas explicitement révélé sa nature, Kath ne pouvait plus en douter : la jeune femme qui essayait vainement de l'aider était comme elle.
Remarquant brièvement qu'un colosse barrait la route à deux agents, Jean avait juste eu le temps de voir deux autres employés rappliquer, sans nul doute ameutés par le saccage de leur magasin et les cris lancés à l'intérieur de celui-ci. S'interposant entre la jeune blessée et les deux employés, Jean avait lentement ouvert ses paumes tendues vers le bas, et sitôt que ses doigts eurent été raides, les étagères avaient mystérieusement commencé à trembler, de même sorte que si des mains dissimulées dans le sol s'étaient amusées à les secouer vigoureusement.
« Demi-tour. »
Tremblants comme des feuilles ballottées par le vent de l'hiver, les deux employés avaient écarquillé les yeux tout en reculant avec précaution, jusqu'à disparaître derrière une allée. Sage décision. D'autres, en revanche, l'étaient beaucoup moins... Peut-être révolté par la violence qui venait d'avoir lieu, un client avait discrètement sorti son téléphone de sa poche, tapotant sur son clavier pour contacter, ce qu'elle supposait être, les autorités. Ah, vraiment ? Tournant son menton vers lui, elle avait tendu son bras en sa direction pour lui arracher mentalement le téléphone des mains, celui-ci volant jusqu'à sa propre paume avant d'être négligemment balancé contre un mur.
« Tu me fais confiance, ou pas ? »
Avait-elle dit à l'intention de Kath, lui tendant de nouveau sa main comme un symbole. Jean avait à coeur de l'aider, mais elle n'insisterait pas indéfiniment, malgré tout le bon caractère qui était le sien.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
Je souriais voyant la tournure que prenait l'événement, un simple mutant ayant juste besoin d'aide était pris à partie par des agents de sécurité pour simplement avoir cassé quelques bouteilles. Jean venait d'user de ses pouvoirs pour casser un téléphone, qu'un client avait sorti de sa poche, ils l'auraient sans doute utilisé pour filmer la scène et nous faire passer pour des monstres, alors que la mutante, elle venait d'user des siens pour envoyé valser l'un des agents..."Intéressant, très intéressant..." Avais-je dit à voix basses.
Voyant que les deux mutantes étaient en train de perdre le contrôle de la situation et que de plus en plus d'agents venaient s'ajouter à la petite fête, il me fallait agir, d'autres arrivaient derrière moi... Je plissais alors les yeux et tous les caddies présent dans le rayon se mettaient à rouler dans la même direction et venaient s'entasser pour bloquer le passage derrière moi, sauf ceux que j'avais préalablement remplit de bouteille d'eau, empêchant quiconque de s'approcher des mutantes, certains patient furent même trainés par leurs caddies. Le magnétisme était tellement fort que personne arriveraient a débloquer le passage. La ou était Blob, d'autres agents s'approchaient, Frederick se prenaient de plus en plus d'attaques verbales et d'insultes, ce qui a eu l'effet que je redoutais, il attrapait une bonbonne d'eau de trente litres et la lançait sur l'un des agents comme si c'était une balle de dodge ball, l'agent le prenait de plein fouet dans le buste et fut projeter à quelques mètres en arrière. Le mal était fait et Fred avait maintenant envie d'en découdre.
Des mutants qui s'attaquait à des humains dans un centre commercial... Je sentais qu'on venait encore de nous dessiner une cible sur le dos. Les caméras filmaient la scène et dans le pc de sécurité, les agents ne mettraient pas longtemps à appeler les flics. Il fallait donc qu'on calme le jeu et qu'on quitte les lieux avant leurs arrivés.
Cette question résonne en moi alors que je suis à genoux, le corps tremblant, au sol face à cette personne. Ma main couverte de la vieille mitaine de cuir fume encore un peu, tremble, alors que j’observe la scène un peu figé autour de nous. L’homme est à terre, visiblement inconscient, enveloppé de volutes blanches et grises qui s’envolent …
Mon corps comme à l’arrêt prends enfin une très profonde respiration … et je blêmis alors que la douleur imprègne chaque fibre de mon corps. Je me mets à tousser violemment, couvrant tout juste ma bouche d’une main. Main qui se retrouve couverte de pourpre. ça ne va pas …
La tête me tourne. J’ai peu d’énergie et ce que je viens d’utiliser vient déjà de creuser mes réserves. La tête me tourne … Ma respiration est plus difficile que jamais, et chaque léger souffle me semble être obtenu après une longue lutte. Il a aggravé mes blessures, j’en suis sûre. C’est mauvais signe, très mauvais signe.
Une voix résonne à ce moment-là dans mon esprit. Une voix … sa voix. Je tourne les yeux difficilement vers l’autre jeune femme qui avait continué à me suivre, qi est non loin de moi. Alors elle aussi ? Je la fixe, comme confuse, perdue. “Tu vas te mettre en danger, sauves-toi tant que tu le peux.”
Mes mots dans mon esprit sont beaucoup moins sûrs que les siens. Je ne sais même pas si elle les a entendues mais je ne veux pas qu’elle se retrouve elle aussi en danger. J’ai à peine le temps d'agripper d’une main la sangle de ma sacoche qu’elle se place entre moi et des nouveaux gardes. Non, il faut qu’elle partes. J’ai fais une erreur, ça ne doit pas lui retomber dessus … Ma tête tourne et je commence à ressentir que ma vision se trouble. J’ai l’impression que tout ce qui se passe autour de moi semble … irréel.
Ma deuxième main se pose sur le sol et difficilement je me mets sur un genoux, en position pour me redresser mais mon souffle. J’ai l’impression de m’étouffer, de ne pas réussir malgré mes profondes inspirations à obtenir de l’air. Je m’étouffe, je lutte plus encore que jamais pour respirer. Qu’est-ce qu’il se passe … qu’est-ce qu’il m’a fait ? Je tremble de plus belle. J’ai... peur.
Mes yeux tombent sur mes doigts au sol, qui dépassent de la mitaine. Je … ils me semblent pâles, commençant à tirer vers le bleu. Est-ce que je délire ? Je tousse une nouvelle fois et projette du sang sur le sol. Merde … ça commence à sérieusement pas être rassurant.
Je ne le vois pas, mais ma peau devient très pâle et mes lèvres également commencent à doucement prendre une teinte bleutée, instant par instant. Non, ce que je finis par voir quand je relève les yeux, c’est les gardes faire demi-tours aux ordres de la jeune femme et un portable volé dans sa main avant d’être balancé contre un mur. Devant elle, je vois aussi les caddies qui commencent à se rassembler, formant un barrage. Mais qu’est-ce qu’il se passe ? C’est elle ça aussi ?
En parlant d’elle, elle est à nouveau face à moi, la main tendue, et me parle. Lui faire confiance …
Mon cœur dans ma poitrine bat si fort. J’ai peur. Je n’arrive plus à respirer, je me sens de plus en plus faible mais je ne veux pas mourir. Je n’ai pas le droit, je dois à tous ceux que j’ai perdu de retrouver l’Homme masqué. Alors, avec la force du désespoir, ma main au sol vient saisir la sienne. Je tente de me redresser mais je n’y arrive pas. -Je … Ma …
Je n’arrive même plus à parler, mon souffle est si court que je n’arrive qu’à dire une syllabe. J’ai peur. Je tremble de peur. Je tente de me concentrer, la regardant dans les yeux alors que je répètes en boucle dans mes pensées : “Je n’arrives plus à respirer.”
Ma voix dans mon esprit est teintée d’angoisse, de souffrance et de terreur. Je ne sais pas ce qu’elle peut faire. Si je veux me relever, je devrais m'agripper à elle, je n’y arriverais pas seule. Si elle veut m’aider, elle va se mettre en danger...
« On rencontre parfois la bonté au beau milieu de l'enfer. » Charles Bukowski
La situation lui échappait irrémédiablement, mais elle agissait par instinct et non pas par prudence, songeant peut-être naïvement que quelques dégâts matériels ne pouvaient prévaloir sur le sort d'un individu en danger. Si seulement les choses n'avaient pas dégénérées ! Elles avaient voulu quitter l'épicerie sans faire d'esclandre, ils avaient provoqué tout ça, ce n'était pas leur faute.... N'est-ce pas ? Dans son dos, l'inconnue semblait être de plus en plus mal en point, respirant avec douleur et peinant même à se maintenir éveillée... Qu'est-ce qu'elle devait faire, à présent ? Il lui fallait sortir de cet endroit avec la jeune blessée, mais celle-ci lui ne semblait plus être en état de se déplacer. Tandis qu'elle lui tendait sa main pour l'aider à se relever, espérant qu'elle puisse au moins faire quelques pas pour qu'elles puissent rejoindre l'extérieur sans trop de difficulté, Jean avait entendu sa voix tremblante qui lui murmurait de s'en aller pour ne pas risquer de se mettre en danger. Malgré l'urgence de la situation, Jean n'avait pu s'empêcher de poser un regard attendri sur la jeune femme qui était au sol, considérant combien il fallait avoir une bonne âme pour penser aux autres avant soi, alors qu'on est dans une situation hautement précaire : vulnérable, blessée, en souffrance, comment trouvait-elle encore la bonté de penser à autrui sinon à elle-même ? « Tout va bien se passer, j'en suis sûre. Fais-moi confiance. » Ne lui avait-elle pas suffisamment prouvé qu'elle en était méritante et qu'elle ne lui voulait aucun mal ? Et puisque son état ne faisait qu'empirer, la jeune fille aux cheveux rouges n'avait pas vraiment le choix...
« Je suis là, je vais t'aid... »
Alors qu'elle était concentrée sur la jeune femme qui était sa priorité, un bruit de grincement, derrière elle, avait attiré son attention. Se retournant lentement, elle avait à peine eu le temps de voir les caddies qui s'alignaient dans un seul mouvement pour bloquer le passage, comme s'ils avaient été maniés par une volonté aussi invisible que surprenante. Presque aussitôt, ses sourcils clairsemés se froncèrent d'une méfiance absolue, car elle était certaine de ne pas être à l'origine de ce barrage de fer. Ce ne pouvait pas non plus être la jeune fille derrière elle, car celle-ci était bien trop malmenée par ses blessures pour être capable d'une telle prouesse, et cela ne semblait pas être dans ses facultés... Mais si ce n'était pas Jean, ni l'inconnue derrière elle, alors qui ?
Lentement, ses yeux azurés dérivèrent sur l'homme qu'elle avait cru reconnaître un peu plus tôt, sans pouvoir le nommer encore. À présent, elle n'avait plus aucun doute sur l'identité du vieil homme qui chargeait des litres d'eau dans son cadis : Erik. Quelles avaient été les probabilités pour que trois mutants se retrouvent piégés dans une supérette de quartier ? Trop infimes. Mais elle était forcée de l'admettre : si elle ne partageait pas ses idéaux, ni ses méthodes largement discutables, Jean ne pouvait nier le fait qu'il essayait de les aider depuis tout à l'heure, mettant en péril sa propre couverture. « Merci, Erik. » Avait-elle murmuré dans l'esprit de Magnéto pour que personne d'autre ne puisse l'entendre, avant de se retourner vers la jeune blessée pour l'aider à se relever, en faisant bien attention à ne lui occasionner aucune douleur par un quelconque geste brusque. Bien qu'elle n'était pas lourde à proprement parler, Jean était aussi mince qu'elle, voir plus, et avait ainsi de grandes difficultés à la soutenir tout en marchant, mais elle s'était évertuée à le faire, se dirigeant tout droit vers la sortie en profitant des accès bloqués par les cadis d'Erik. Maintenant mentalement les deux portes automatiques ouvertes, Jean et l'inconnue étaient parvenues à sortir de l'épicerie sans encombre, et il fallait que ça continue : à présent qu'elles étaient dehors, Jean lança un regard en arrière afin de refermer les portes d'un coup sec, essayant tant bien que mal de maintenir son emprise sur ces dernières pour que personne ne puisse les rattraper. Mais elle ne tiendrait pas indéfiniment dans cette situation, il fallait qu'elle trouve un moyen de transport et vite.
« Ça va aller ! Accroche-toi, je vais t'aider, je te le promets ! »
Le taxi qu'elle avait hélé d'un geste de la main était passé devant elles sans s'arrêter ; oh, c'était mal la connaître. Grognant d'un agacement somme toute légitime, Jean avait concentré toutes ses pensées sur la voiture jaune qui s'était éloignée, mais qui à présent reculait sans que le chauffeur ne puisse l'empêcher. Le crissement des pneus sur le bitume provoquait un bruit épouvantable, et quand même bien l'homme au volant appuyait sur le frein, rien n'y faisait : en quelques secondes, il était de nouveau au niveau des jeunes filles, dont l'une commençait déjà à vaciller.
« Reste avec moi s'il te plait ! »
Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, elle avait l'impression qu'elle allait exploser en mille morceaux tant l'angoisse était vivace. N'écoutant même pas les protestations du chauffeur, qui faisait des grands gestes à l'avant de la voiture, Jean avait ouvert la portière arrière et avait aidé sa complice à s'y installer à sa guise, pour qu'elle trouve une position des plus confortable. Une fois que ce fut chose faîte, et après avoir délivré les portes battantes de son emprise, la rousse avait contourné le coffre du taxi afin de s'installer à l'arrière, de l'autre côté, apposant presque aussitôt ses deux mains sur les tempes du chauffeur : aussitôt, ce dernier s'était tu, comme privé de sa voix. Lui intimidant silencieusement de faire le trajet jusqu'à l'Institut, l'homme s'était alors comporté comme un robot qu'on aurait programmé : les yeux vitreux et le geste mou, il avait redémarré la voiture sans un mot, suivant le trajet que l'altération mentale avait imposé à son esprit. Il ne savait sans doute même pas pourquoi il conduisait dans cette direction, et il n'avait pas besoin de le savoir. De toute façon, Jean l'avait rapidement délaissé pour revenir auprès de la jeune blessée, ne sachant pas réellement comment la soulager sinon en lui parlant pour la maintenir éveillée, n'osant pas encore la toucher.
« On sera bientôt à l'Institut, Charles va s'occuper de toi, fais-moi confiance, il va t'aider ! »
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De part, mes actions Jean Grey venait de griller ma couverture, je l'entendis me remercier télépathiquement, pour l'aide que je leur fournissais. La pauvre s'empressait d'aider l'autre mutante, qui n'était clairement plus en état de faire quoi que ce soit. " Ça suffit..." Disais-je à haute voix, sans rien prononcer de plus, Fred se tournait vers moi, alors que je le fixais, je vis dans son regard que cela ne lui plaisais pas, de devoir arrêter de combattre, mais il obéissait. Il cessa toute forme d'attaque physique ou d'agression verbale, alors que l'homme à qui il avait envoyé une bonbonne d'eau se relevait péniblement, tremper de la tête au pied. Il fallait dire que tout ça, avait calmé les autres.
Ma couverture avait certes volé en éclats aux yeux de Jean, mais pas aux yeux des autres clients. Peut-être qu'avec les caméras de sécurités, les agents verraient une certaine coïncidence entre mes mouvements et ceux des chariots, mais, rien ne leur indiquerais, qui se cache réellement sous l'apparence du vieil homme. La ce qui me préoccupais surtout, était la santé de la jeune mutante et celle de Jean qui faisait tout pour lui porter secours. Alors, je me mis à parler dans ma tête, pour que, avec un peu de chances, Jean capte le message. "Jean, c'est de soin don, elle a besoin. Charles ne pourra rien y faire..." Et honnêtement, moi non plus. Même si je l'emmenais sur Genosha, aucun de nous avait le pouvoir de guérir " Mac Taggert, trouve Lynda Mac Taggert" en plus d'être une bonne amie, Lynda avait le pouvoir de soigner les gens. Elle seule pouvait venir en aide à cette mutante.
Je marchais donc, les caddies remplit d'eau et commençais à quitter les lieux. Je m'arrêtais juste avant près de Jean et la regardais, pour lui glisser discrètement, mais assez fort pour que les deux mutantes entendent," passer me voir sur Genosha, si le cœur vous en dit. Les mutants sont toujours les bienvenues " Puis je lui fis un clin d'œil, avant de reprendre ma route, suivis du colosse. Si, je pouvais recruter d'autres mutants utiles, je n'allais pas m'en priver. J'espérais qu'elles entendent toutes deux le message, bien que l'autre femme, soit en piteux états. Mais qui ne tente rien n'a rien. Les agents de sécurités face à nous, nous laissais passer, ils n'avaient sans doute pas envies, de s'en prendre d'avantage à Blob, moi, je pense, qu'ils me prenaient toujours pour un vieillard, frêle.
Blob, attrapait au passage, deux énormes bonbonnes de flottes, les plus lourdes et en portait une sur chaque épaule, comme si ce n'était rien. Je payais le tout et sortais du supermarché. Je maintenais tout de même assez longtemps, les caddies qui faisaient encore barrage aux autres agents de sécurités, jusqu'à ce que la distance ne le puisse plus. Ce qui permettait de laisser le temps à Jean et à l'autre mutante de fuir. J'espérais néanmoins qu'elles en auraient le temps. Sinon un coup de télépathie de Jean, nous feraient revenir sur nos pas. Car là, il fallait dire, qu'on ne pouvait rien faire de plus, pour les aider. Il ne me restait plus qu'à m'envoler avec les caddies, jusqu'à Génosha, sauf si Jean avait encore besoin d'assistance, Blob lui, pouvait très bien marcher.
Est-ce que je lui fais confiance ? J’en doute mais je ne veux pas mourir, pas ici … Alors je saisis sa main et serre les dents, mords mes lèvres, j’en fends presque une en me retenant de crier alors qu’elle m’aide à me relever. Elle a beau faire attention, rien n’y fait, cela est une épreuve de me remettre debout. Je suis faible, je tiens à peine sur mes jambes. Si elle me lâche, je m’écroule au sol et sombre dans le néant. Je lutte contre moi-même, contre tout ce que mon corps m'envoie comme information. Le sac est lourd sur mon épaule mais je préfère encore mourir que de le laisser là. Je m’accroche à elle et à la sangle. Je ne peux pas imaginer le lâcher.
On avance, je tente de suivre sa cadence. Je me contiens, la douleur m’arrive par vague à quelques mouvements. Marcher sans arriver à respirer proprement revient presque à une torture. Ma vision déjà un peu incertaine continue à se troubler. Nous sortons de la, enfin. Je sens l’air frais sur son visage et le vent. Je distingues des formes, je vois le monde autour de nous. Visiblement, l’esclandre a un peu attiré la foule non loin du monde, une foule encore interrogative, incertaine, curieuse. Je tente de garder conscience mais j’ai des tremblements, des vacillements. Il faut que je reste éveillée, il faut que je lutte. Si je tombe, je la condamnes aussi … Elle me promets que ça va aller. J’ai envie de lui promettre mais je n’y arrives pas. Quelques mots arrivent dans mon esprit, des mots que je lui destines si elle les entends, si elle les écoutes :
« J’essayes … Mais ne meurs pas pour moi … toi aussi … »
Un homme arrive à notre hauteur, j’arrive à peine à relever les yeux et l’écouter. Je ne vois qu’à peine son visage ... un visage marqué par le temps. Lui … je l’ai pas vu un peu plus tôt…
" Passez me voir sur Genosha, si le cœur vous en dit. Les mutants sont toujours les bienvenues "
Hein … Dans les ténèbres qui commence à naitre dans mon esprit, un mot de sa phrase semble résonner. Je connais ce nom, je le connais … Je l’ai lu … dans le carnet de Nathaniel. Genosha … il en parlait, de ce refuge. Un refuge créer par …
-E…
« Erik … »
Si je n’arrivais pas à dire son nom, celui-ci tourne dans mon esprit. Au moins quelques instants avant que face à nous, un taxi ne se gare, et que la jeune femme qui m’aide ne me demande de rester avec elle.
« Je fais au mieux … mais ça va être complexe … »
Avec son aide, je monte à bord d’une voiture, du taxi visiblement. L’opération est très complexe et durant celle-ci, je pousse un cri de douleur que je suis incapable de retenir lorsqu’un faux mouvement provoque un ricochet de douleur qui manque de me paralyser. Je suis à bout de souffle. Le chauffeur lui proteste, je l’entends à peine. Je me laisse faire, je laisse la jeune femme m’emmener, sans protester. De toute façon même si j’essaye, je ne sais que je ne peux pas m’échapper. Je suis dans une position … on va dire la plus confortable possible vu mon état. Ma main est toujours accrochée à ma sacoche, la seconde se trouve le long de mon corps, sans force. Je suis à peine consciente alors que la jeune s’approche du conducteur. Je ne regarde pas, je sais juste qu’elle est proche de lui. Elle lui parle ? Je ne sais pas. en tout cas, il se calme, et conduit. Mais très vite, elle revient vers moi, perdue, ne sachant pas visiblement quoi faire pour m’aider. Cependant, je doute qu’elle puisse faire quoique ce soit …
« On sera bientôt à l'Institut, Charles va s'occuper de toi, fais-moi confiance, il va t'aider ! »
-Char...les …
Dans mon esprit, ce nom résonne comme une sorte … de lueur d’espoir. Cela peut être n’importe qui et peut être pas lui. Mais elle est une mutante, elle aussi. Peut être que c’est bien ce Charles… Il le faut. Il le faut absolument.
Ma main se pose ou plutôt tombe sur le bras de la jeune femme. Je veux qu’elle écoute, je veux qu’elle observe mon esprit. je ne peux pas parler mais malgré mon état, pour l’instant, je peux encore réfléchir même si cela est une épreuve, une lutte de chaque instant.
«Charles … je dois le trouver … Il »
Je me concentre, et dans mon esprit, une scène apparaît, une scène est revécu dans mon esprit. C’est en partie flou, étrange, une vision comme à travers le goulot d’une bouteille. Elle voit à travers mes yeux, elle voit ce que j’ai vu. Elle voit mon arrivée dans notre refuge et le rouge pourpre qui recouvre le sol et les murs. Elle voit les corps morts, mutilés, blessés, elle ressent la peine et la peur, la tristesse qui commence à me gagner.
J’essaye de me concentrer, de lui montrer l’essentiel mais tout me revient.
Elle voit un homme, un homme traversé d’une lame qui le cloue dans un pilier. L’homme semble mourant. La vision devient plus trouble. Des larmes …. Elle sent mon coeur qui Elle voit que je tombe à genoux devant lui, un nom est hurlé “Nathaniel” Des mots s’échangent, il me dit de partir, de fuir, trop tard. Elle voit à travers mes yeux mon corps partir en avant, ma main être transpercé par cette flèche, la douleur qui parcourt mon corps. Elle voit mon feu brûler la flèche, la douleur de celui-ci qui me brûle pour l’une des premières fois. Elle voit l’homme derrière nous, l’archer au masque de Guy Fawkes : le Masqué. Elle ressent toute ma rage mêlé de tristesse, de peur et de douleur. Elle voit le combat, elle voit le feu voler autour de nous et embraser mon bras, et surtout le désespoir. Elle ressent que je combats pour protéger la personne la plus chère à mon cœur et que je suis prête à tout pour lui. Elle voit le Masqué me faire voler, et d’un coup, la douleur qui me paralyse. La tête, les côtés, la rencontre avec le mur un peu trop brutale. Elle voit le sang … ressent ma peur grandissante, ma peur de mourir mais surtout de le perdre. Elle voit ma main couverte de poupre attrapée celle de Nathaniel, s’y accrocher. Elle ressent à quel point j’ai mal mais surtout ma terreur. Elle entends ses mots, des mots doux au milieu de ce chaos :
«Kat’ … Fais-moi confiance … trouves Charles … Mes carnets … Pardonne moi … Trouve Charles, il te protègera …»
Elle entends le Masqué, il se moque, il joue. Mais elle ne voit que le visage de l’homme blessé. Le sourire qu’il a et ses derniers mots
«Pardonne-moi …»
Elle voit qu’elle, que je suis repoussée, qu’elle est aspiré, repoussé en arrière. Le mur a disparu. Elle voit que je tombe. Elle ressent la pluie et la flasque autour de moi. Elle voit le portail par lequel l’homme vient de me faire passer. Elle entend mes cris, ces cris déchirés de désespoir. Elle voit encore l’homme, il murmure quelque chose, bouge juste ses lèvres et dans mon esprit, des mots résonnent, comme si je le déchiffre en temps réel.
« Je t’aime Petite Flamme »
Et l’instant d’après, une flèche fuse et se fiche dans sa poitrine … Et le portail se referme sur un mur.
Dans le silence de la voiture, durant toute la durée de la vision, je suis silencieuse. une profonde inspiration, semblable à un râle d’outre-tombe, se fit entendre. Je sortis de mes pensées, la tête me faisant mal, les larmes coulant de mes yeux sans que j’arrive à les arrêter. Je n’ai plus de force … Ma main continue à s’accrocher à son bras. J’ai peur de la lâcher. J’ai peur de mourir… Je ferme les yeux … et me sens sombrer. Je tente de lutter mais par instant, je perds conscience. Mon corps est trop faible. Cependant, jamais, au grand jamais, je ne lâche son bras, même dans les moments d'inconscience. Car elle est ma dernière ancre.
« On rencontre parfois la bonté au beau milieu de l'enfer. » Charles Bukowski
Mac Taggert, trouve Lynda Mac Taggert. Avait-il dit, comme si c'était aussi simple... La blessée qu'elle portait à bout de bras lui paraissait mourante, si bien que Jean ne pensait pas avoir le temps de trouver cette fameuse Lynda avant que son état empire, la condamnant à une mort presque certaine. Jean lui avait fait la promesse de l'aider, alors elle allait tout mettre en œuvre pour tenir parole. Elle aurait volontiers opté pour l'hôpital, option la plus instinctive et simple, mais la jeune femme ne semblait pas réellement encline à cette idée, si bien que la rousse y eût renoncé : Charles s'était alors imposé comme la meilleure solution. Il saurait bien évidemment quoi faire pour aider la jeune blessée, Jean n'en doutait pas un seul instant. Mais alors qu'elles étaient en-dehors du magasin, obligeant le fameux taxi récalcitrant à revenir vers leur position, le visage d'Erik s'était glissé dans son champ de vision en leur murmurant que Génosha aurait toujours ses portes ouvertes pour les mutants comme elles : ses yeux, soufflant d'ordinaire une douceur tout à fait délicieuse, s'étaient à présent mués en des flammes réprobatrices qui lançaient des reproches silencieux, contrairement à sa bouche :
« J'arrive pas à le croire... Tu crois vraiment que c'est le moment ? »
Pour Jean, il ne se montrait nullement accueillant mais essayait plutôt de les ramener dans son camp alors qu'il y avait bien plus important à faire, surtout dans un moment aussi tragique que celui-ci. La malheureuse souffrait le martyr et Jean peinait grandement à la soutenir de ses bras frêles, si bien qu'elle n'avait pu s'empêcher de souffler avec soulagement lorsqu'elles furent enfin assises à l'arrière du véhicule qui filait à vive allure vers l'Institut. Ayant jeté un regard en arrière pour s'assurer que personne n'avait réussi à les suivre —et surtout pas une quelconque patrouille de police qui pourrait les ralentir, Jean avait reporté toute son attention sur la jeune femme assise à ses côtés, qui lui tenait le bras avec autant de vigueur que si sa vie en dépendait, lui murmurant le prénom de Charles... Elle ne semblait pas être effrayée en prononçant son nom, le connaissait-elle déjà ? Posant sa main libre sur la sienne posée sur son bras pour tenter de la rassurer, lui intimant alors d'une manière symbolique qu'elle ne la laisserait pas toute seule, elle s'était rendue compte que sa peau prenait une teinte bleutée qui n'avait rien de rassurant, mais cette pensée d'inquiétude fut rapidement entravée par des souvenirs dans lesquels elle fut plongée, et qui ne lui appartenaient pas.
C'était comme se retrouver tout d'abord dans un monde de brumes et d'ombres, témoin unique d'une scène passée qu'on ne peut changer : les silhouettes se dessinent petit à petit, immobiles, dont la chair défaite laisse entrevoir le sang d'une bataille cruelle, et puis les cris, la peur, la douleur. Tout ce capharnaüm se mélange pour former les souvenirs imprécis mais néanmoins chargés d'une émotion dense qui la submerge à son tour, si bien que, même encore plongée dans les souvenirs tortueux de Kath, quelques larmes roulent sur la joue de Jean ; dans sa tête, la voix de l'inconnue hurle un prénom masculin, Nathaniel. Elle l'entend aussi distinctement que si sa propre voix l'avait hurlé. Il est vivant mais blessé, elle le voit, elle le sent, mais elle ne peut pas bouger, elle ne peut pas intervenir, elle est cloîtrée dans des yeux qui ne sont pas les siens. L'homme devant elle lui ordonne de fuir et de survivre, en lui disant de trouver Charles... Charles. C'est pour cela qu'elle murmurait son nom comme ça. Qui est l'homme en face d'elle, elle ne l'a jamais vu et pourtant elle a grandi aux côtés de Charles... Un instant, lorsque la flèche traverse subitement le corps du brun, Jean est saisie d'un effroi perceptible jusque dans ses yeux, qui s'écarquillent tandis qu'elle retient son souffle. Est-il mort ? Elle l'ignore, mais l'issue des souvenirs dévoilés par Kath ne laisse présager qu'une issue fatale.
Essuyant rapidement les larmes ayant déferlé sur ses joues, Jean avait posé un regard infiniment doux sur celle qui venait de lui confier ses lourds secrets. Elle comprenait mieux sa méfiance, ses blessures, sa peur et sa douleur... Qui avait bien pu faire ça, et pourquoi ? Le temps des questions viendrait plus tard, pour l'heure, il fallait la soigner. Alors que le grand portail de l'Institut se dessinait enfin au loin, Jean avait posé sa main libre sur celle de Kath, la serrant légèrement comme pour lui signifier que son cauchemar allait connaître une preuve : elles étaient presque arrivées.
« Nous y sommes, tu m'entends ? Accroche-toi, nous y sommes... Tout va bien se passer, je reste avec toi, je te le promets. Je reste avec toi. »
Ouvrant la portière d'un main tremblante, elle était sortie de la voiture en criant à plein poumons, comme un appel de détresse lancé à quiconque pouvait l'entendre :
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
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