Miles Morales - Spiderboy

Miles est né à Brooklyn, fils unique de Rio Morales, infirmière portoricaine dans un grand hôpital du quartier, et de Jefferson, policier. Les revenus de la famille sont modestes, mais suffisants, et Miles connaît d’abord une enfance heureuse et relativement confortable, entre les cultures hispaniques et afro-américaines. Il se passionne très tôt pour la musique et le dessin, joue avec les autres enfants du quartier et ne connaît pas de difficultés majeures.

Tout bascule lorsqu’il a sept ans et que son père est abattu après avoir tenté d’intervenir dans le braquage d’un convoyeur de fonds. Le petit Miles est bouleversé par cet événement qui transforme son existence de plus d’une fois : sa mère décide de changer de quartier, s’installe à Harlem pour se rapprocher de sa famille et prend la résolution de lutter contre la criminalité en s’engageant en politique. Si son affection pour son fils ne décroît pas, elle est beaucoup moins présente dans son quotidien et Miles est davantage entouré par son oncle, Aaron, ses tantes et ses grands-parents.

Miles se passionne de plus en plus pour les héros, qu’il voit comme des remparts nécessaires contre la criminalité aveugle qui gangrène la ville et le monde. Il se réfugie dans les histoires où le bien finit toujours par triompher du mal et commence à créer de petits comics avec ses propres personnages. S’il les montre fièrement à sa famille au début, ses créations deviennent son jardin secret quand il entre dans l’adolescence et qu’il commence à y explorer ses questionnements les plus intimes : son identité à la fois hispanique et afro-américaine, sa peur de ne pas trouver sa place dans la société, son goût naissant pour les garçons.

À l’école, la scolarité de Miles se passe plutôt bien, malgré plusieurs crises de panique à la veille de gros contrôles, quand la pression est trop forte pour lui. En tout cas, le garçon se fait facilement des amis. Son seul problème, ce sont les enfants dont les parents ont des opinions politiques différentes de celles de sa mère. Rio Morales s’est fait élire au conseil municipal et s’engage sur un agenda ambigu, à la fois progressiste socialement et de plus en plus sécuritaire.

Le snap est un nouveau traumatisme : son oncle Aaron disparaît et sa mère, face au regain de criminalité, adopte une posture politique encore plus dure. Miles y perd aussi une partie de ses amis. Plus d’une fois, il fond en larmes dans son lit, torturé par le sentiment d’injustice et d’impuissance, et persuadé que la vie consiste à perdre, encore et toujours, les êtres qui lui sont chers.

Lorsqu’il a treize ans, Miles visite Oscorp Industries avec sa classe. Tandis que la professeure de sciences interroge les scientifiques d’un laboratoire, Miles se passionne pour des araignées hors du commun qui font des acrobaties dans leur sorte de gros aquarium. Ni lui ni les scientifiques ne remarquent que le vivarium est mal fermé et que l’une des araignées camouflées est en train de grimper sur la main de l’adolescent. Miles se fait mordre au poignet. La douleur est vive, mais il n’aperçoit pas l’animal et rentre chez lui sans se poser de questions.

Il faut plusieurs jours pour que les changements commencent à se manifester, plusieurs jours de fièvre, de sueurs froides, de convulsions et de cauchemars. Les médecins s’avouent impuissants. Plusieurs évoquent une grave maladie neuropathique, mais les plus grands spécialistes ont disparu pendant le snap.

Et puis, brusquement, Miles est rétabli, sans que rien n’y paraisse. C’est un petit mystère médical mais, dans le monde dépeuplé, personne n’a le temps de vraiment s’y pencher. Le lendemain, Miles, en cours de sport, s’illustre sur le terrain de basketball, lui qui n’avait jamais été un grand athlète. Il se sent mieux dans sa peau. Plus rapide. Plus agile. Plus fort ? Après deux semaines, il est forcé de se rendre à l’évidence : ses nouvelles aptitudes ne sont pas l’un de ces brusques progrès de l’adolescence. Quelque chose de peu naturel est à l’oeuvre.

Miles décide d’expérimenter sur les terrains vagues. Il lance des objets de plus en plus lourds et de plus en plus loin. Est responsable de la dégradation de plusieurs lampadaires. Découvre qu’il peut accomplir des bonds prodigieux. Qu'il se fond dans le paysage quand il croise un joli garçon. Est-ce que c’est un signe de Dieu — sa mère parle de plus en plus de Dieu — ou bien une mutation ? En tout cas, Miles décide de faire comme dans les films et les séries : il s’entraîne.

Faute de vidéo YouTube consacrée à sa situation singulière, l’adolescent adopte une méthode éclectique et un peu chaotique, mais qui porte plus ou moins ses fruits et, à l’âge de quatorze ans, vêtu d’un costume de Spider-Man trop grand pour lui acheté dans un magasin d’Halloween, il décide d’intervenir dans les rues du Bronx et de reprendre le flambeau de son père.

C’est la nuit de sa première confrontation qu’il manque de tuer quelqu’un. La force de son coup de poing est mal calculée et l’homme, qui avait coincé une jeune fille dans une ruelle, vole contre le mur et le percute avec des craquements de mauvais augure. Miles, paniqué, appelle une ambulance avant de disparaître. L’homme survit à ses blessures, mais seulement après plusieurs jours d’hospitalisation et plusieurs mois de rééducation.

Miles s’efforce de redoubler de rigueur dans ses entraînements. Ce projet l’absorbe presque exclusivement : ses amis le voient moins, ses résultats scolaires commencent à souffrir et il se referme sur lui-même. D’une certaine façon, c’est aussi une manière de mettre de côté les autres changements qu’il éprouve dans sa vie et sa personne : sa mère, qu’il trouve de plus en plus radicale, sa sexualité, dont il comprend confusément qu’elle ne rentrera peut-être pas dans la norme, ses angoisses face aux études et au futur professionnel.

Les interventions de Miles deviennent plus mesurées et plus maîtrisées et il finit par attirer l’attention du SHIELD. Il est interpellé un jour à la sortie du collège et entraîné dans un bâtiment aseptisé où on l’interroge pendant quelques minutes avant que, sous le coup du stress, il ne passe aux aveux. Le SHIELD réalise des tests et détermine que l’incident à Oscorp Industries est probablement à l’origine de ses pouvoirs.

Miles parvient à les convaincre de le laisser continuer à opérer et, malgré la réticence de plusieurs agents expérimentés qui voient dans l’adolescent un danger pour lui-même et pour le public, le SHIELD lui fournit un costume, des lanceurs de toiles et un suivi minimal. Miles est libéré dans les rues de Harlem et, bientôt, Spiderboy s’impose comme un super-héros local.

C’est une forme de reconnaissance qui aide Miles à prendre confiance en lui, sur le terrain comme dans sa vie personnelle. Le SHIELD exerce assez de contrôle sur lui, à l’époque, pour l’empêcher de se lancer dans des combats perdus d’avance et de déborder de ce qui constitue sa juridiction de facto : Harlem. Bon an mal an, Miles accepte de s’en tenir aux braqueurs, aux cambrioleurs et aux agresseurs, et de ne pas tenter de démêler des affaires trop complexes.

Son naturel sociable et pétillant refait surface, et tout le monde autour de lui attribue le passage à vide à une brève crise d’adolescence. Miles conserve son secret, d’autant plus que sa mère l’incite désormais à aller à l’Eglise tous les dimanches, où le prêtre portoricain tient des sermons peu engageants sur les mtéahumains. De plus en plus proche des groupes religieux conservateurs, Rio Morales, perçue comme une figure montante et populaire de la politique new-yorkaise, commence à penser à un mandat plus national.

Et puis, en 2023, alors que Miles a seize ans, un événement colossal se produit qui bouleverse la face du monde.

Il embrasse un garçon.

(Accessoirement, tous les gens disparus dans le Snap reviennent à la vie.)

Donc, il embrasse un garçon. C’est à une fête, le garçon s’appelle Gabriel et c’est le cousin de l’une de ses amies, en visite depuis le Wisconsin pendant une semaine. Ils parlent toute la soirée, et à un moment, Gabriel se penche vers lui, lui sourit, dépose un baiser sur sa joue, un baiser au coin de ses lèvres et un baiser sur ses lèvres. La première idée de Miles, c’est de s’enfuir au sautant par la fenêtre, mais heureusement pour son identité secrète, la seconde, c’est de l’embrasser aussi.

Gabriel repart quelques jours plus tard sans que rien ne se soit concrétisé entre eux, mais Miles est sur un petit nuage. Un petit nuage qu’il garde pour lui, sans rien avouer à personne. Quelques mois plus tard, il embrassera un deuxième garçon, un dimanche, derrière l’église, mais l’autre s’enfuira en courant après avoir prétendu que c’était une erreur et que lui n’était pas contre-nature. Deux semaines plus tard, Miles publie en ligne son premier comics amateur : en une dizaine de pages, il raconte la rencontre entre un ado afro-hispanique et un garçon issu d’une famille d’évangélistes intégristes, qui tombent amoureux malgré la pression de leurs cultures respectives.

Mais il y a plus urgent : les héros, les vrais, sont revenus, et Miles ne tarde pas à localiser Spiderman, le vrai, l’original. Il lui raconte son histoire et les deux héros s’entendent pour veiller sur leurs quartiers.

Mais la mission se corse. La guerre des gangs mutants et les attentats contre les mutants sèment le trouble à New York. Miles n’a plus affaire à des criminels ordinaires : désormais, beaucoup de gens auxquels il est confronté ont des super-pouvoirs. Spiderboy se sent dépassé par les événements. Son entraînement est imparfait, ses compétences martiales largement improvisées et sa capacité à anticiper les pouvoirs dont ses adversaires pourraient disposer trop limitée. Partagé entre l’anxiété et le besoin de prouver sa valeur, Miles Morales est déterminé à se montrer à la hauteur de la situation.