[Terminé] Deux amis, un chien et des cartons

« Un jour, peut-être que j’aurais cette chance, qui sait. » Dire que l’idée ne l’intéresse pas serait mentir, mais il n’en fait pas non plus une de ses priorités. Il ne refuserait pas si Rocket lui proposait mais, de lui-même, ce n’est pas une demande qu’il formulerait ; pour ainsi dire, il n’y a même jamais pensé avant qu’elle ne mette le sujet sur la table. « Même si j’imagine que c’est vraiment époustouflant… Un décor dont on ne se lasse pas. » Il se l’imagine dans sa tête en cet instant, un peu à la manière des films de cette époque, qu’on voit fleurir chaque mois dans les cinémas ; il ne peut s’empêcher de se demander si c’est vraiment représentatif mais, craignant de passer pour un idiot auprès d’elle, il s’abstient.

Gardant les pieds sur terre, donc, ils évoquent tous deux les pays à visiter : lui ne peut s’empêcher de nommer la Roumanie, dans une fierté presque culpabilisante liée à sa famille. « Ce sera avec plaisir. » Marquant une petite pause en plongeant dans ses souvenirs, des souvenirs à la fois précieux et douloureux, il évoque, le regard perdu vers le sol : « Je me souviens encore de mon père, qui parlait de son pays de naissance… Il n’a jamais pu y retourner mais il ne l’a jamais oublié. » Enfin, avant la Roumanie, il irait certainement à Manhattan pour visiter son appartement, et découvrir la vue dont elle parle.

Une fois Captain sorti, sous l’oeil vigilant de son maître, ce dernier revient à son amie, qui fut d’une grande aide aujourd’hui. Se retournant vers la bibliothèque, il lui tend un livre de Tolkien datant de son époque, à la couverture épaisse et illustrée, mais quelque peu entachée par le temps, il est vrai. « J’espère que ça te plaira. » C’est bien la moindre des choses après ce qu’elle a fait pour lui : lui offrir de son temps, une grande partie de la journée même, pour l’aider à s’installer.

La remerciant, donc, pour l’aide apportée, il ne peut s’empêcher de zieuter à l’extérieur pour vérifier que son brave chien est toujours dans les parages ; l’hiver est encore là et, la neige, aussi. « Je devrais peut-être lui acheter un manteau… » marmonne-t-il dans sa barbe, comme le père-poule qu’il est, avant de revenir vers la belle Carol. « C’est vrai, même si je t’avoue que, pour l’instant, j’espère surtout qu’on aura la paix. » Mais ce n’est qu’un rêve, une illusion… Il le sait. Tôt ou tard, un ennemi viendra.

Elle se rapproche finalement de lui pour observer le jardin, et il ne peut s’empêcher de sourire avec tendresse lorsqu’elle évoque le chien qui, s’amusant dans la neige sans être perturbé par celle-ci, fait le bonheur du Soldat. Il n’a jamais regretté de l’avoir adopté, c’est même sa meilleure décision. Ce qui l’amène à la question suivante, tout en regardant la principale concernée, l’épaule appuyée contre le mur : « Tu as des animaux, toi ? »

« Es-tu retourné en Roumanie. Si oui, tu as du y voir beaucoup de changement. » La question a le mérite de le faire réfléchir : depuis combien de temps n’a-t-il plus mis les pieds sur la terre de ses ancêtres ? La réponse est rapidement trouvée et, bien que peu précise, elle suffit à lui arracher un sourire emplit de tristesse : « Trop longtemps, malheureusement. » Une terrible infamie qu’il va devoir corriger dès que possible. « Ça a sûrement changé depuis la dernière fois, il y a peu près dix ans donc. » Le temps passe à une vitesse folle… Surtout pour lui, qui n’est point effleuré par les affres de ce dernier.

Loin de ces considérations bien humaine, Captain s’adonne à quelques jeux à l’extérieur, marchant dans la neige sans manifester la moindre gêne à ce sujet mais, très soucieux de son bien-être, son maître le suit des yeux en marmonnant de papa-poule, avant de regarder son invitée : est-ce qu’elle a des animaux, elle ? Visiblement pas. « Un chat te demandera moins de temps, on va dire… Pas besoin de le sortir, par exemple. » Il ne sait pas vraiment si l’emploi du temps de Carol lui permet de tenir le rythme avec un chien alors, dans le doute, il se permet de lui donner un conseil amical.

Carol, contemplative, observe l’attitude insouciante et innocente de Captain à travers la baie vitrée, relatant une vérité qu’il ne peut nier : il traite son chien comme un véritable enfant, pour ne pas dire un enfant trop gâté, mais les choses n’ont pas toujours ainsi pour le canidé. Regardant à l’extérieur, il prend un air plus sérieux lorsqu’il reprend la parole, sans quitter le chien des yeux : « Je l’ai adopté dans un refuge, figure-toi. Il a été placé là-bas après des signalements pour maltraitances de la part de son ancien maître mais, comme il était déjà vieux, personne n’en voulait… » Alors qu’il n’y a pas plus gentil que cette boule de poils qui se prélassent dans la neige… Est-ce qu’il pourrait vivre sans lui ? Il n’hésite pas une seule seconde. Un doux sourire se formant sur ses lèvres, il regarde Carol en disant, d’une voix emplit d’une grande tendresse pour son vieux compagnon à quatre pattes : « Pour rien au monde. Il reste avec moi. » Un léger rire emportant ses lèvres, il remarque que le ciel commence à doucement descendre, au-dehors. « Tu as faim ? On pourrait se commander à manger. » Ouvrant la baie vitrée, il siffle pour que chien revienne à l’extérieur et, sans accorder un regard aux humains, file directement dans le salon pour s’installer devant la cheminée afin de se réchauffer. Les humains feraient bien d’en faire de même !

Elle tente d’apaiser sa nostalgie de la terre de ses ancêtres, à laquelle il est attaché par un héritage peu commun, à travers des mots qui se veulent encourageants et prometteurs : elle lui assure qu’il y retournera, et qu’il sera même accompagné ; si elle pense à Captain, lui, pense à Wanda et Willow. Il serait très heureux de lui faire découvrir ses origines même si, elles, ne le pourraient pas, la Sokovie n’étant plus. « J’espère, oui. Qui sait ce que l’avenir me réserve ? » Veut-il le savoir ? Non, il préfère se laisser guider et surprendre par la vie.

Puisqu’ils évoquent Captain, il lui retourne la question, demandant si elle a des animaux ; elle lui répond par la négative, en affirmant toutefois qu’elle songe à en prendre un. Peut-être est-elle attendrie par Captain ? En tous cas, lui suggère qu’elle prenne un chat, sans nul doute plus adapté à son emploi du temps incertain, car plus indépendant.

Lui, n’échangerait son vieux chien pour rien au monde et, c’est avec un regard attendri qu’il le suit des yeux à l’extérieur, jusqu’à ce que ce dernier rentre pour aller trouver du réconfort auprès de la cheminée. Soulagé de le savoir à l’intérieur, Bucky referme la baie vitrée en adressant un sourire chaleureux à sa comparse d’un soir, tout en lui expliquant la rencontre avec Captain ; le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas eu un début de vie facile, mais qu’il est tombé dans un foyer où il est traité comme un prince. « Je le crois aussi. Il a été un grand soutien durant ces dernières semaines difficiles. » Il l’a empêché d’être seul durant son exil au Koweit, sans lui, les choses auraient été très différentes.

Le chien confortablement installé dans le salon, tout près de la cheminée pour se réchauffer les pattes, est rapidement rejoint par les deux humains qui ont achevé d’installer ce qui devait l’être. Heureusement qu’elle avait été là, aujourd’hui. « Tu aimes quoi comme pizza ? » Demande-t-il en attrapant son téléphone sur la table basse, en profitant pour s’installer dans le canapé, dans un soupir de soulagement. Une fois la réponse obtenue, il s’empresse de commander deux pizzas ainsi que deux sodas, avant d’entendre la proposition généreusement de la blonde. Lui adressant un sourire, il secoue calmement son menton en disant, emplit de gratitude : « Tu m’as déjà beaucoup aidé, il ne reste pas grand chose à l’étage. Merci beaucoup, en tous cas ! » Lui faisant signe de s’installer où elle le souhaite sur le canapé, les deux amis sont rapidement rejoins par Captain qui, ne souhaitant pas être exclu, prend place sur le fauteuil pour s’y endormir.

La soirée ne faisait que commencer, et nul doute que les deux amis avaient encore beaucoup à se dire : cette journée avait fait naitre une belle amitié entre les deux, c’est certain.