Je me sentais un peu rassurée. Il semblait vouloir négocier. Le combat ne serait sûrement pas nécessaire. L'un comme l'autre, n'avions envie de voir rappliquer la cavalerie. Et nous étions donc à se faire des confidences. Il savait maintenant qui j'étais sans réaliser qu'il avait mon vrai visage en face de lui. Il semblait toutefois impressionné. C'était la première fois que je pouvait voir l'effet que je pouvais avoir sur les gens qui connaissait mes prouesses. Et j'avais travaillé trop dur pour abandonner une chance de récupérer ma part. Je les avais aidé sans même le savoir et cela pouvait nous bénéficier à tous les deux.
Ce n'est que lorsqu'il dévoilait sa carte à jouer que je comprenais que j'avais bien fait de parle et négocier plutôt que vouloir l'affronter. Je connaissais l'homme qui se trouvait en face de moi. Il avait un signature bien connue de tous dans le milieu. Et je savais qu'il ne travaillait pas seul. Le combat aurait été donc déloyal. Nous avions tous deux à gagner à nous entraider et il paraissait ouvert à cette solution. C'était une bonne chose.
Il me confiait qu'il avait un plan de retraite sûr. Et je ne voulais pas voir partir un butin pareil. Même si cela ne m'enchantait pas vraiment de me retrouver avec eux, je n'avais pas trop le choix maintenant. Le temps allait vite devenir notre ennemi et mon dispositif allaient bientôt remettre les caméras en route. Heureusement pour moi, il avait aussi un dispositif d'autodestruction qui ne le ferait pas remonter jusqu'à moi. Une mini capsule d'acide mettrait peut-être un peu le bazar, mais effacerait toute traces de mon passage. Il était donc temps de prendre une décision.
- Le célèbre Gambit. J'aurais du me douter que j'aurais à faire avec un adversaire de taille. Et bien il me semble qu'une association s'impose. Je crois que ni vous, ni moi n'avons réellement le choix, est-ce que je me trompe ? Une alerte ferait mauvais genre dans notre CV. Je suis donc d'accord. Laissez-moi rendre les capteurs inopérants. Vous prenez la toile, je pose la mienne et nous laissons nos signatures avant de nous éclipser.
Je sortais déjà la fausse toile de son étuis et la mini agrafeuse de ma poche intérieur. Je posais le patch électronique à proximité du boitier des capteurs qui s'éteignait mais en envoyant un signal à l'ordinateur central qui ne voyait que du feu. Il était temps de décrocher la toile et de la défaire de son cadre. Je positionnais ensuite la fausse toile peinte de mon logo. Ensuite je laissais notre jeune amis laisser sa marque avant de défaire le boitier de commande des capteurs. Le piège était en place. Il ne restait qu'à rouler la toile et la glisser dans le tube à l'abri. Le tube à la main, il fallait maintenant montrer ma confiance relative que j'avais en eux pour le suivre. Il fallait qu'il me montre la sienne en retour.
- Je vous confie le tube en signe de bonne volonté, mais sachez que si vous vous jouez de moi, ma vengeance sera à la hauteur.
Les choses étant ainsi clairement énumérées, le tube passait de mes mains aux siennes et j'attendais de savoir si j'avais eu raison de lui faire confiance. Le piège se refermait sur moi comme une boite et j'allais vite être fixée. Avait-il une parole comme j'osais le penser et comme on me l'avait confié ? Il semblait que je n'avais plus le choix désormais.
Everything is going around the art feat. Lady Omega
La fameuse Lady Omega avait reconnu le célèbre Gambit Prince des Voleurs. Ainsi, par un étrange concours de circonstances, deux des plus grands et réputés cambrioleurs de New York se retrouvaient en même temps sur le même coup, contraints à collaborer par la force des choses.
« Partenaires, et non adversaires. »
Cette correction apportée, il n’y avait plus qu’à espérer qu’ils aient le même commanditaire – même si celui-ci passerait un sale quart d’heure pour son manque de confiance et d’exclusivité. Gambit accepta les conditions de sa consœur, qui l’arrangeaient même puisque de son côté il n’avait pas de dispositif pour neutraliser les alarmes. Cat se chargea de décrocher le tableau puis de rouler consciencieusement la toile tandis que les deux autres apposaient fausse toile et carte à jouer.
Tout se déroula à merveille. Gambit se retrouva rapidement avec la toile dans une main et le tube dans l’autre. Son visage s’illumina d’un sourire malicieux en entendant la mise en garde de la Lady. Il glissa la toile dans le tube et le referma avant de dire :
« Si tu veux sortir d’ici sans heurt, il va falloir nous faire confiance… »
Il consulta sa montre : le vigile n’allait pas tarder à passer. Tenant fermement le tube d’une main, il saisit celle de Cat de l’autre. Celle-ci tendit sa main libre à l’autre voleuse, en silence. Elle n’avait pas ouvert la bouche, pas prononcé un seul mot depuis qu’ils avaient pénétré dans le musée.
« Il est temps d’y aller. Prends sa main et surtout ne la lâche pas. »
Le trio, main dans la main, se tourna vers le mur sur le côté de la salle. Cat s’avança droit dessus, et une demi-seconde avant de le percuter, activa son pouvoir. Les trois mutants sentirent comme une vague glacée parcourir leurs corps intangibles et traversèrent le mur comme s’il s’agissait d’un simple rideau. Une fois dans la rue, Cat les dirigea vers un autre bâtiment qu’ils traversèrent de la même façon. Puis ils se lâchèrent le temps de grimper pour un rapide parcours sur quelques toits, avant de passer à travers un roof top pour atterrir dans leur planque temporaire.
« Bien ! A présent qu’on est en lieu sûr, on va pouvoir causer. »
Il confia le tube à Cat qui le tint fermement entre ses deux mains, sans lâcher Lady Omega des yeux. Gambit retira enfin sa cagoule, laissant voir son visage, en signe de bonne foi. Puis il claqua des mains, avant de les ramener devant son menton, dans une posture pensive. Il fixa sa nouvelle partenaire de crime, plissa légèrement les yeux comme s’il essayait de lire en elle, puis demanda :
Le temps allait bientôt jouer contre nous. Mais il semblait que nous avions un accord. Tacite certes, mais nous en avions un. Je souhaitais juste avoir fait le bon choix. Mais pour une telle somme, même si il avait fallu partager, le coup en valait largement la chandelle. Surtout en sachant que le commanditaire, de mon côté, en offrait dix pour cent de sa valeur marchande. Peut-être avait-il joué sur plusieurs voleurs pour augmenter ses chances d'obtenir la toile, mais ce n'était pas correct. Cela aurait bien plus mal tourner si les voleurs choisis n'avait pas une certaine renommée.
La porte de sortie était toute trouver. Mais je devais faire confiance à des inconnus. Seuls le nom de l'homme qui se trouvait près de moi m'était connu. Qui n'avait pas entendu parlé de Gambit. Un voleur de génie, un mutant au multiples talents. Mais il ne travaillait par seul. Il allait falloir diviser la part en combien au juste ? Il semblait que nous n'étions que trois, mais avaient-ils d'autres alliés, qui leur auraient prêté main forte ? Il fallait leur faire confiance. Maintenant, il était trop tard pour faire demi tour.
Il était temps d'y aller en effet. Il fallait que je prenne la main de sa complice. Elle allait nous emmené dans un endroit sûr. Alors malgré ma réticence naturelle, je tendais ma main et l'offrais à Cat le cœur rempli d'amertume et d'un soupçon d'angoisse. Je leur faisais confiance et les suivais en me demandant ce qu'il se passerait ensuite...
La sensation était très étrange. Lorsque nous traversions les différentes parois, un souffle léger et frais glissait dans la totalité de mon corps, comme une vibration sourde, un frisson léger. Mais rien de désagréable, juste un peu déroutant. Nous avions du grimper aussi pour rejoindre des places plus en hauteurs afin de dissimuler notre fuite plus aisément. C'était sans doute plus prudent. Bientôt le musée sera en état d'alerte et une partie de la ville avec elle. Je suivais le groupe avec à sa tête Cat, qui portait le tube en bandoulière sur son épaule. Une dernière manœuvre et nous voilà dans un endroit un peu sombre. Sous les toits, une grande chambre de bonne ou un petit appartement semblait-il, mais je n'arrivais pas encore à voir tout. Je n'avais d'ailleurs pas le temps de m'attarder sur le lieu que Gambit semblait déjà me questionner.
J'aurais du me douter qu'il essayerait d'en savoir plus sur mon client et la valeur offerte pour voler le célèbre tableau. Il aurait été difficile de lui cacher la vérité, et je n'avais désormais plus le choix. Il fallait jouer le jeu et montrer carte sur table. J'espérais seulement que nous avions le même client, ce qui me semblait plus que probable. Mais leur avait-il offert la même sommes ? C'était l'inconnue totale. Ensuite, il conviendrait de définir les parts si la personne qui nous avait engagé était la même.
Gambit avait retiré sa cagoule sitôt arrivés. Je n'avais pas regardé si Cat l'avait fait, mais je le supposais. Il ne savait pas encore que je lui avais offert mon vrai visage. Personne n'avait su qui j'étais au juste donc le visage que je lui présentais aurait pu être celui de n'importe qui. Mais la vraie question n'était pas là. Je répondais honnêtement à mon interlocuteur.
- J'ai été engagé par un riche client du Maghreb qui m'en offrait dix millions, c'est à dire dix pour cent de sa valeur estimée.
Le tableau avait été expertisé pour cent millions. C'était le contrat de toute une vie, celui qui ne se présentait qu'une fois, et il le savait. Une telle somme n'était que rarement offerte. C'était la raison qui m'avait fait accepter sans sourciller. Mais comment était-ce possible que plusieurs voleurs aient été contacté ? C'était une chose que je ne comprenais pas et qui ne m'était jamais arrivé par le passé. Mais dans ce milieu très fermé, les voleurs de talent se faisaient plutôt rares. Mais pourquoi nous avoir engagé en même temps ?
- Je crois pouvoir dire qu'il est rare d'avoir deux personnes sur le même contrat. Cela ne m'est jamais arrivé. La compétition aurait bien plus mal tourner. Et d'ailleurs, je serais curieuse de savoir pourquoi nous avoir mis en concurrence ?
La confiance ? Le fait d'être sûr de pouvoir récupérer le tableau ? Le coup était risqué et il aurait pu capoter pour cette seule raison. Peu de commanditaires font appel à plusieurs personnes pour un vol. Pour un assassinat, encore, je pouvais comprendre, mais un vol ? Du moins, pas au même moment. Souvent quand l'un des voleurs ne parvenait pas à faire le travail, on pouvait faire appel à un autre, mais jamais deux voleurs qui ne se seraient pas concertés auraient été engagés sur le même vol. C'était une donc une question pertinente à poser.
Everything is going around the art feat. Lady Omega
Gambit n'avait pas même pensé à allumer les lampes en arrivant dans leur planque, qui n'était donc éclairée que par les lumières parvenant de l'extérieur par un petit velux. L'obscurité ne le dérangeait pas, bien au contraire, il avait une plutôt bonne vision nocturne. Mais après avoir obtenu sa réponse, qui le fit sourire de soulagement tout en l'agaçant contre cet imbécile de commanditaire, il actionna l'interrupteur d'une lampe de chevet qui diffusa une lumière douce permettant d'éclairer la petite chambre dans laquelle ils se trouvaient et qu'ils avaient loué pour l'occasion.
« Un riche client du Maghreb, hum... Al-fanāni ? »
Tel était le nom sous lequel ce lascar se faisait appeler dans le milieu de la pègre, un nom qui en arabe signifiait "l'artiste". Le mystère restait entier sur les raisons qui l'avaient poussé à engager deux voleurs en même temps, sans les en informer. C'était déloyal, stupide et dangereux. Comme Lady Omega le souligna, cela aurait pu très mal tourner.
« Je suis curieux aussi. Il a de la chance que nous soyons tous deux capables de régler nos différents autrement que par la violence. Cela dit, je ne garantis pas de ne pas en faire usage lorsque je serai face à lui… »
L'artiste leur avait joué un sale coup, mais Gambit n'avait pas dit son dernier mot. On avait tenté de le rouler, et cela, il ne pouvait l'accepter. Alors que Cat restait immobile dans le fond de la pièce, tenant toujours le tube et sans avoir retiré sa cagoule, Gambit se mit à faire les cent pas dans la pièce, pour d'une part évacuer sa frustration et d'autre part réfléchir à la suite des opérations.
« Voici ce que je te propose. Dès demain, je lui rendrai une petite visite. J'ai des moyens extrêmement rapides de me rendre sur place. Je lui expliquerai ce qui s'est passé. Comme il a promis dix millions à chacun de nous, il devra donc nous les verser en échange de la toile. Tu agis en solo, mais pour ma part j'ai une guilde à faire tourner, et je compte bien partager le butin avec tous mes Joueurs. Il est absolument hors de question que cet escroc s'en tire à bon compte, je compte bien lui faire cracher les vingt millions, dix pour toi et dix pour moi. Qu'est-ce que tu en penses ? »
Gambit n'avait peur de montrer son visage en présence de personnes de son milieu. Je faisais partie du même cercle après tout. Nous avions tous deux des sacrés coups à notre actif. Le respect demeurait donc en sachant cela. Si cela avait été une autre personne sur le coup, l'issue aurait été sûrement bien différente.
Les négociations allaient commencer. Non celles avec Gambit, celui-ci n'allait pas laisser dix millions partir comme ça ! Il n'allait pas laisser le commanditaire négocier à son tour. Nous avions été choisi pour nos talents, mais pas question de marchander, un deal restait un deal. Et même si nous devions nous associer, le prix ne devait pas changer et chacun de nous méritait cette somme.
En parlant de cet ingrat, Gambit voulait évidemment avoir confirmation que nous travaillions pour la même personne. Et lorsqu'il prononçait son nom, c'était une évidence qu'il avait jouer double jeu. Je comprenais sa colère et sa frustration puisque je ressentais la même. Jamais on ne m'avait confronté à une telle situation. C'était un manque de confiance total et une décision complètement délirante. Nous avions tous deux une expérience des cambriolages. Nous étions connu pour nos succès, pour ne pas faire les choses n'importe comment. Alors était-ce un jeu pour lui, je me posais la question. Peut-être avait-il joué ce sale tour pour nous défier aussi. Mais le job était fait et il fallait maintenant passer à la caisse.
- C'est effectivement d'Al-fanāni qu'il s'agit. Et cet infame scélérat va devoir s'expliquer.
Gambit comptait bien demander la somme convenue. Et je n'allais pas lâcher l'affaire non plus. Il avait voulu jouer, et bien il devait payer ! Il avait sûrement pensé à cette situation. Mais qu'avait-il en tête si nous arrivions à collaborer ? La somme promise devait être payée, donc les dix millions promis à chacun de nous devraient être versés. Cela le forçait à payer vingt millions, mais j'avais entendu dire qu'il avait largement les moyens de le faire.
Il était vrai que je travaillais seule, donc, je n'avais pas de frais exorbitant. Mais la préparation me forçait aussi à fermer boutique dans ces cas là ou à opérer hors des horaires de celle-ci. Je n'avais pas autant de contrainte cela dit que mon associé improvisé. Il était connu pour avoir une guilde et il se devait de faire en sorte qu'elle continue à tourner en effet. Donc nous étions d'accord sur le fait que si dix millions avait été promis à chacun, nous aurions nos dix millions.
- Je ne compte pas le laisser marchander. Je n'ai effectivement pas de guilde, j'opère seule, mais un deal est un deal et je suis certaine qu'il a du pensé à l'éventualité qu'on collabore. Ou c'est un idiot fini. Mais quoi qu'il en soit, il devra payé la somme convenu à chacun de nous.
Il fallait maintenant savoir si le bougre allait tenir parole. Mais si un seul d'entre nous allait lui remettre la toile, je voyais le deal prendre une autre forme. Comment prouver que j'avais effectivement participé au casse ? Je ne voulais pas laisser le temps passé à préparer le vol me coûter une modique somme. J'avais fait ma part, je voulais être payé.
- Et qui est sensé lui remettre la toile ? En ce qui me concerne, je devais la remettre à un de ses intermédiaires qui devait faire le transfert sur un des compte off-shore. Et pour vous, qu'en était-il ? Je ne voudrais pas être lésée. Que suggères-tu qu'on fasse dans ce cas ?
La solution était qu'on fasse l'échange ensemble, mais fallait-il encore contacter Al-fanāni pour lui faire savoir nos exigence en vue de la nouvelle situation. Pas question de lui remettre la toile sans avoir une garantie d'être payés. Nous avions de plus une étique, une réputation qu'il nous fallait défendre. Nous n'étions pas des débutants. Il fallait trouver le moyen de recevoir notre argent, et pas de partage possible sur ce coup. Nous avions un deal de dix millions, nous aurions nos dix millions. Sinon le gars allait s'exposer à des représailles dont il n'avait pas idée.
Malice
HRP:
N'hésite pas à continuer de me contacter si quelque chose te dérange
Everything is going around the art feat. Lady Omega
Que se serait-il passé si les deux voleurs n’avaient pas eu l’intelligence de collaborer ? Ils se seraient affrontés, auraient pu terminer en prison, ou s’entretuer. Quel intérêt pour le collectionneur maghrébin ? Eliminer la concurrence ? Pas tellement, puisque les voleurs travaillaient pour lui, et non contre lui. Défier le Prince des Voleurs et la Lady Omega pour voir lequel s’en sortirait le mieux, dans l’optique d’un autre coup plus risqué ? C’était l’explication la plus plausible, mais cela restait un coup bas et une manœuvre stupide : Gambit ne s’avancerait pas pour sa collègue, mais pour sa part il ne voudrait plus travailler avec Al-fanāni après ça.
« Je pencherais bien pour la thèse de l’idiot… »
Remy ne pensait pas que leur commanditaire ait pu imaginer qu’ils allaient collaborer. Il ne s’attendrait certainement pas non plus à devoir aligner vingt millions au lieu de dix. Mais la Lady comme le Prince ne comptaient pas se faire rouler une seconde fois, et « l’artiste » devrait aligner l’argent. Gambit était déterminé à se rendre directement chez leur commanditaire pour le confronter à sa stupidité et lui arracher les dix millions.
« Contacte ton intermédiaire, dis-lui que tu as la toile et arrange un rendez-vous pour dans deux jours. Quand tu t’y rendras, j’irai au même moment chez Al-fanāni pour demander des comptes. »
Ce n’était bien évidemment pas la procédure prévue, Gambit était lui aussi censé passer par un intermédiaire, mais il préférait avoir l’effet de surprise en débarquant directement chez leur commanditaire sans prévenir. Si Al-fanāni apprenait que ses deux pions avaient collaboré, il risquait de prendre la fuite ou de trouver une autre entourloupe. Alors que pris au dépourvu, il n’aurait pas d’autre choix que de répondre aux exigences des deux voleurs… surtout s’il tenait à obtenir son précieux tableau.
« Une fois qu’il aura fait les deux versements, je lui ferai parvenir la toile. »
Allait-elle accepter qu’il garde la toile en attendant l’échange ? Il allait bien falloir que l’un d’eux la conserve en lieu sûr, de toute façon. Ce n’était pas le genre de butin que l’on pouvait diviser, contrairement à la récompense promise en échange. Mais il était légitime qu’elle ne lui fasse pas entièrement confiance – l’inverse aurait même été surprenant.
« Prenons une photo de toi et moi devant la toile. Ainsi tu auras une preuve de notre collaboration à montrer à ton contact. »
Cette situation était des plus déplaisante pour chacun d'entre nous. Nous avions tous deux des méthodes différentes et cette confrontation était plus déplaisante qu'autre chose, mais le choix, nous ne l'avions plus vraiment maintenant. Il nous fallait collaborer. Heureusement que nous n'avions pas décidé de nous entretuer ou de nous affronter simplement. Notre intelligence avait fait la différence fort heureusement. Mais nous faire rouler de cette manière n'était pas anodin et il faudrait rendre des comptes. Gambit semblait avoir un plan d'action. Mais cela me forçait à lui faire confiance. Et quelles garanties j'en tirais à ce moment là. Il garderait la toile et nous allions jouer la surprise chez un commanditaire plus qu'idiot selon moi. Pourquoi vouloir confronter les deux meilleurs voleurs de la planète très certainement, c'était un mystère qui m'échappait.
- Je n'ai rien contre ton plan, mais je dois avoir des garanties. Qui me dit que tu ne voudras pas me rouler, si tu garde la toile ?
J'étais d'accord avec lui sur le déroulé du plan. J'aurais moi même songé à faire la même chose, mais quant à conserver la toile, j'étais bien plus réticente.
- Ton plan me convient parfaitement, je n'ai rien à redire à ça, mais pas question que je lâche un œil de cette toile sans avoir une garantie solide. Prenons cette photo si tu le souhaites, mais vous allez devoir me supporter jusqu'à ce que la transaction soit terminée. Il me faudra juste un ordinateur.
Je pouvais accéder à mes identifiants et mes contacts depuis n'importe quel ordinateur. Je pouvais aisément sécuriser celui-ci. Mais accepterait-il de me faire confiance en retour et de surtout rester en ma compagnie jusqu'à ce qu'on récupère le butin ? Pas si sûr. Il n'avait pas le choix. Nous allions devoir tout faire ensemble pour nous assurer que personne ne garde la toile et la précieuse récompense pour lui seul.
- Alors qu'en pensez-vous ?
Ma confiance avait toujours été très limitée. L'expérience me disait que lorsqu'il était question d'argent, il ne fallait faire confiance à personne ! Je prenais donc mes précautions. Je ne quitterais le groupe que lorsque j'aurais récupérer mon argent. C'était à prendre ou à laisser.
Everything is going around the art feat. Lady Omega
Le plan convenait à la voleuse, à un détail près, et de taille : elle refusait que le groupe se sépare et surtout qu’elle soit séparée de la toile. Or pour Gambit il n’était pas non plus question de la lui remettre. D’autant plus qu’elle était métamorphe et pouvait bien plus facilement que lui disparaître dans la nature avec le tableau et ne jamais être retrouvée. Lui demander de lui faire confiance était illusoire, puisque lui-même ne lui accordait pas la sienne. Sur ce plan-là, ils étaient dans une impasse.
Remy haussa un sourcil pensif lorsqu’elle annonça qu’ils allaient devoir la « supporter » jusqu’à ce que la transaction soit terminée. C’était tentant, d’un côté, la demoiselle était plutôt jolie. Mais d’un autre côté, cela compliquait la logistique : ils ne pourraient pas à la fois rester ensemble et se séparer pour aller l’un chez Al-fanāni et l’autre chez un intermédiaire à New York. Et il ne voyait pas quelle « garantie » il pourrait lui donner pour qu’elle accepte de lui laisser la garde de la toile. Le Prince prit quelques instants pour réfléchir, avant de finir par dire :
« Laissons tomber l’intermédiaire dans ce cas. Nous ne pouvons pas nous faire confiance mutuellement. Je propose donc que nous nous rendions tous les deux, ensemble, chez Al-fanāni. »
Ainsi ils n’auraient pas à se séparer, et pourraient garder chacun un œil sur la toile puisqu’ils la rapporteraient ensemble. Le seul souci était qu’en y allant tous les deux, Remy ne pourrait pas passer par Ezekiel : le téléporteur ne pouvait emmener avec lui qu’une seule personne. Il allait falloir user de moyens plus traditionnels. Remy sortit donc son téléphone pour regarder les vols proposés au départ de New York. Le voyage aller-retour leur prendrait deux jours au lieu de quelques secondes, mais au moins ils pourraient s’y rendre tous les deux.
« Tiens, il y a justement un avion pour Marrakech demain matin à 6h ! On se fait un petit voyage au Maroc en amoureux ? »
Remy entendit distinctement son acolyte Cat qui soupirait derrière lui, mais il fit mine de ne rien avoir entendu et adressa à la lady un grand sourire charmeur. Cela leur laissait quelques heures d’attente devant eux, et comme ni l’un ni l’autre ne baisserait sa garde et n’accepterait probablement de dormir par crainte que l’autre ne prenne la poudre d’escampette pendant son sommeil, il allait bien falloir qu’ils occupent le temps autrement…
Ils auraient tous se douter que je ne voudrais pas leur faire confiance. Entre voleurs, il était difficile de faire confiance. Aurait-il confiance en moi dans le même cas ? Sûrement pas ! Alors il ne pouvait pas me blâmer de ne pas vouloir les quitter même quelques heures pour vendre la toile. J'avais un don qui me permettait de les duper et ils auraient pu me doubler également. Autant faire durer le "plaisir" de partager du temps ensemble le temps de trouver une solution. Et il semblait que notre ami Remy avait des options, des cordes à son arc. Il semblait qu'il avait de la suite dans les idées et surtout un humour bien à lui. Il fallait donc trouver le moyen de faire un compromis équitable pour chacun de nous.
- Laissons tomber l’intermédiaire dans ce cas. Nous ne pouvons pas nous faire confiance mutuellement. Je propose donc que nous nous rendions tous les deux, ensemble, chez Al-fanāni.
Il n'y avait visiblement pas beaucoup d'autres options. Il faudrait traité directement et ensemble avec le commanditaire. Niveau voyage, je ne savais ce que cela donnerait, mais visiblement il avait trouvé une solution là encore. Peut-être à contre cœur. Mais nous n'avions pas beaucoup d'autre choix.
- Tiens, il y a justement un avion pour Marrakech demain matin à 6h ! On se fait un petit voyage au Maroc en amoureux ?
Très bien ! C'était un compromis un peu gênant, mais cela nous obligeait à rallonger et à nous supporter encore quelques heures... On sentait d'ailleurs dans son humour qu'il se serait bien passé de ce détail. Il n'y avait qu'à regardé la réaction de son acolyte près de lui. Je sentais la gène que ma décision engendrait, mais j'étais certaine qu'ils comprenaient tous.
- Et bien réservons le vol dans ce cas. On pourras faire connaissance.
Nous avions un deal et cela nous forçait aussi à limiter nos heures de sommeil. C'est à dire à garder un œil les uns sur les autres. Mais nous avions besoin de nous mettre d'accord sur qui dirait quoi. Mais nous allions nous présenter ensemble devant un client qui ne se doutait pas de ce qui allait lui arriver. Et il fallait que je garde ma couverture. Pas question qu'une personne de plus voit mon vrai visage. J'avais encore les barres énergétiques avec moi, elle m'accompagneraient donc durant le voyage pour que je puisse maintenir l'illusion une fois sur place.
- Il va falloir faire des aménagements pour notre visite. Tu comprendras que je dois garder mon identité secrète. Pas question de me montrer à d'autres sous mon vrai visage. Je ne sais pas pour toi, mais libre à toi de faire comme tu l'entends.
Nous avions toute la nuit pour parler et nous mettre d'accord sur la manière d'agir.
Everything is going around the art feat. Lady Omega
En quelques clics sur son téléphone, les billets d'avion pour Marrakech furent réservés. Le Prince des Voleurs disposait de quelques alias, avec faux papiers d'identité à l'appui, utilisables pour ce genre de situation. Ils seraient donc pour ce vol James et Brenda Rollins, un couple partant en vacances en amoureux. Ils n'auraient même pas besoin de changer la photo sur le passeport de "Brenda" puisque la mutante pouvait changer d'apparence et se calquer sur l'identité fictive qu'elle allait endosser ! Remy s'assura quand même que ce serait possible en expliquant le plan et en demandant :
« Pour tes métamorphoses, une simple photo suffit ? »
Après avoir eu confirmation, il réserva les billets et confia le passeport de Brenda Rollins à sa collègue. La logistique du voyage était donc réglée et il lui offrait le billet d'avion en signe de bonne volonté. Pour la rencontre avec leur commanditaire, et afin de conserver l'effet de surprise, Gambit proposa qu'il l'arrange en son nom avec Al-fanāni et que l'arrivée de Lady Omega soit le petit bonus surprise, qui ne lui ferait certainement pas plaisir mais lui montrerait qu'il s'était fait avoir à son propre jeu.
« Al-fanāni me connaît, je peux m'exposer sans trop de souci. De ton côté, libre à toi de prendre l'apparence de ton choix. Maintenant si tu le permets, j'aurais besoin de discuter quelques minutes avec ma camarade... »
Camarade qui n'avait pas bougé de sa position depuis l'arrivée dans la petite chambre et qui n'avait pas ouvert la bouche. Remy la conduisit à l'écart, dans la salle de bains, pour une conversation discrète sur l'organisation des heures et jours à venir, ainsi que des précautions à prendre au cas où les choses tourneraient mal. Une fois leur échange terminé, ils revinrent dans la pièce principale et Cat prit congé, toujours sans parler et en passant simplement à travers le plancher pour partir, mais en laissant bien évidemment la toile aux deux voleurs.
Gambit s'assit alors sur le bord du lit pour retirer ses chaussures puis il se releva pour enlever sa veste qu'il plia soigneusement pour la poser sur le dossier d'une chaise. Il s'étira, faisant craquer son cou, puis se tourna vers la lady en reprenant son doux sourire charmeur.
« Bien ! Nous voilà seuls ! Nous avons quelques heures devant nous… Tu as des envies particulières ? »
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