May The Odds Be Ever In your Favor

Alors que je m’apprêtais à sortir les griffes pendant qu’on me tirait vers l’arrière une voix que je reconnu me fit me calmer un minimum. Je ne l’avais certes pas entendu beaucoup mais son timbre et son grain était restés dans ma mémoire immédiate. Si certes extérieurement je ne me débattais plus une force en moi me disait de hurler. De hurler et de manifester mon désaccord face à cette injustice.

Transportée par une prise ferme nous nous retrouvions un peu à l’écart du jardin alors que mes poings eux, étaient toujours fermés. Seuls signes extérieurs, pour le moment de ma fureur. J’attendais d’être sur mes deux pieds, nus pour le coup, avant de prendre la parole même si mes yeux envoyaient quelques éclairs dans ta direction. Je n’avais pas vraiment l’habitude d’être insultée de la sorte.

- Qu’il brulerait avec moi.

Cette fois ci ce n’était plus des éclairs que tu pouvais lire dans mes yeux, mais des flammes. Mon désir de vengeance n’allait pas s’arrêter là, et je ferais tout, pour que Panem s’embrase. Si jusque là je m’étais retenue ne souhaitant pas interférer avec la politique. J’allais désormais m’en mêler. Et je profiterais de chaque médiatisation pour enfoncer un peu plus le clou.

- Il … il vous punis tous pour ce que j’ai fait les derniers jeux.

Alors que Haymich et Effy s’approchaient je m’effondrais par terre sous la pression, la terreur et l’horreur de ce que j’avais fait. Combien d’innocents allaient encore mourir ? Reposant sur mes genoux, les fesses sur mes jambes repliées, les bras le long du corps je te regardais avec un air désolé et implorant. Mais peut-être n’aurais-tu pas à t’y rendre. Il y avait peut-être quelqu’un qui pourrait te remplacer. Mais … Peeta. Je devais demander à Haymich de se sacrifier et de se porter volontaire. Il le fallait. Il ne pouvait pas retourner là-bas dans cet enfer. Lui qui était si doux et gentil.

- Je ….

Présenter des excuses ne servirait à rien, je voyais dans tes yeux, à travers les miens remplis de larmes qui ne demandaient qu’à se déverser sur mes joues pour laisser échapper ma tristesse et mon désespoir face à cette situation. Tout allait recommencer. Et je t’implorais de me pardonner. Je ne te connaissais pas il y a quelques heures auparavant mais je me sentais coupable de ce qui venait de se passer.

Tu avais raison. Je n’étais pas l’unique responsable de ce malheur. Mais je l’avais provoqué. Et le président Snow n’était pas homme qui se laissait faire. Il devait marquer un grand coup et les jeux de l’Expiation avait été le prétexte parfait. Les règles des jeux de l’Expiation scellées il y a des dizaines d’années je n’y croyais pas. C’était encore un mensonge. Un mensonge de plus.

- D’accord.

Les yeux baignés de larmes, je craque enfin. Je n’étais pas du genre à pleurer facilement. Et encore moins de montrer mes failles à un inconnu mais cela avait été plus fort que moi. Je n’avais pas réussi à me contenir. Pas après cette annonce. Pas après tout ça. J’allais devoir y retourner. Mes mains se tiennent de désespoir à ta chemise que je froisse mais je suppose que tu t’en moques. Comme du fait que je sois pieds nus agenouillées dans l’herbe dans ma sublime robe de bal, mon maquillage fondant sous mes larmes.

Mes trois acolytes courent vers moi et prennent le relais mais je vois bien, à travers les larmes que Peeta et Haymitch sont sous le choc. Effy elle le traduit par une volubilité sans nom et essaie de me remettre debout mais je reste un long moment par terre à pleurer alors qu’elle éponge mes larmes en se plaignant de mon maquillage qui coule et que mes « maquilleurs allaient avoir de ses nouvelles ! ». Puis, tu disparais dans un dernier regard.

Les jours suivants furent un véritable gouffre pour moi. Je ne mangeais presque plus, je dormais peu. Et je pleurais beaucoup. Ce n’était pas mon genre de me laisser aller mais je ne le faisais que lorsque j’étais seule. Peeta lui, venait passer toutes les nuits avec moi. Me serrant dans ces bras alors que je trempais son pyjama de mes larmes jusqu’à finir par m’endormir quelques heures d’épuisement.

A partir du moment où je posais descendais du train pour retourner quelques jours dans mon cher district 12 mes larmes s’arrêtèrent. Je ne pouvais pleurer en présence de mes proches, de ma famille et de ceux qui croyaient en moi. A notre arrivée, une foule nous attendait, les visages étaient lourds, à l’image du poids sur mon cœur.

Puis… Après peu de temps, la moisson encore une fois. Sans surprise, mon nom fut tiré. Le bocal désespérément rempli d’un seul et unique papier. Diffusé à la télévision j’étais restée digne, mon regard plus froid que la glace lorsque mon nom avait été tiré.  Pour l’occasion Effy avait choisi une coiffure ornée d’une couronne de plume en signe discret de rébellion. Des dizaines de plumes se perdaient dans ma natte également.

Et enfin ce fut au tribu mâle d’être sélectionné. Haymitch fut sélectionné mais ce fut Peeta qui se porta volontaire à sa place. Dévastée je ne pouvais le montrer au public, et surtout pas au Capitole. Je savais pertinemment que Snow me regardait. Ce fut donc un baiser sur les lèvres que j’envoyais vers les cieux. Et c’est ce que fit d’ailleurs tout le district 12.

Pas de case aurevoir à nos proches, adieu petite sœur, adieu mère, adieu Gale, adieu district 12. Je ne vous reverrais plus jamais furent les mots que j’avais en tête alors que le train filait vers le Capitole nous rapprochant de plus en plus de l’abattoir.

Les entrainements commencèrent dès le lendemain. La grande présentation au public prévues pour la soirée même. Dans le déni j’avais refusé de savoir qui étaient les autres tribus sélectionnés. Je fus donc surprise de tomber nez à nez sur toi dans les vestiaires mixtes qu’ils nous avaient réservés alors que je finissais d’enfiler ma combinaison d’entrainement.

- Ryam ?

La voix de l’homme que j’avais face à moi ne me disait rien qui vaille et donnait tout de suite l’ambiance de son état d’esprit. Comment te blâmer ? J’étais exactement pareil. Désespérée et prisonnière à la fois. Notre destin avait été décidé par des plus puissants que nous. Je savais bien qu’Effy avait dit à Peeta et moi de nous faire des amis pour survivre le plus longtemps possible mais cela voudrait dire à un moment tuer ses propres amis. J’avais refusé net.

- Je suppose qu’une partie de notre vie va se décider dans les prochains jours. Même si nous savons comment elle va se terminer.

Hauts les cœurs Katniss. Qu’est ce que tu es joyeuse ce matin dit donc. Cela réchauffe le cœur de voir cela. A quoi faire semblant que de me retrouver ici, encore, me terrorise ? Tu avais vu mon état lors de l’annonce fatale. Un petit coup de main et je remontais la combinaison au niveau de ma poitrine alors que je poussais un profond soupire.

- Tu étais la seule possibilité dans ton district ?

Demandais-je par curiosité alors que j’attachais un lacet de bottes puis l’autre très rapidement, donnant un petit coup de tête vers la salle d’entrainement alors qu’une personne du Capitole venait nous dire d’une façon absolument déplorable.

- Pas le temps de bavasser. Vous réserverez ça pour les caméras ce soir.

Je lançais un regard froid sur cet homme qui venait de nous interrompre tout en ne pouvant m’empêcher de répliquer un :

- Et bien soyez heureux qu’elles ne soient là ces caméras pour ne pas voir comment deux vainqueurs des Hunger Games vous botte vos jolies fesses bien roses. En tout cas elles ne le sont certainement pas à cause de votre amabilité.

Katniss +1. Marionnette du Capitole 0.

- Allons nous entrainer et satisfaire notre public.

Ajutais-je simplement alors que Peeta faisait son apparition dans mon champ de vision éloigné il se demandait ce que je faisais… Il était vrai que je ne l’avais pas habitué à faire … ami-ami ou parlotte avec qui que ce soit.

Tout ce qui sort de ta bouche est véridique. Le nouveau bain de sang. La non-surprise d’être moissonné. Je ne peux qu’hocher et approuver tes paroles bien qu’elles me brisent le cœur. Et c’est dans un profond soupire que nous rejoignons la salle d’entrainement. Accompagnée de Peter, j’observe la salle et décide de faire un tour, arc sur le dos pour analyser le comportement de tous les participants. Les tribus de carrière, sans surprise s’entrainent sur des cibles vivantes ou au combat au corps à corps. Je crois même voir qu’une d’entre elle a les dents taillées en pointe. Je partagerai cette réflexion plus tard avec mon mentor.

Après avoir fait mon petit tour, je laisse Peeta aller soulever un peu de fonte alors que je me dirige vers toi et Mags, un petit sourire aux lèvres.

- Bonjour, je suis Katniss. Pour faire du feu vous devez plus pencher votre bout de bois. Mais le mieux reste les pierres mais il n’y en pas toujours … Je peux vous montrer ?

Le fait de savoir que cette vieille dame s’était portée volontaire tout comme moi pour ma sœur me touchait particulièrement. Elle savait que ces jours étaient comptés mais elle n’avait pas hésité une seule seconde.

- Tu peux aller t’entrainer Ryam. Je veille sur elle.

Mes yeux se levèrent vers toi alors que je m’étais accroupie près de Mags avec du petit bois dans les mains et un peu de mousse sèche installant tout ce qu’il fallait pour produire du feu. En tant que fille du district 12 celui du charbon j’en connaissais un rayon… J’ignorai si tu allais me faire confiance pour laisser Mags, peut-être que tu ne devrais pas d’ailleurs mais même si tu l’ignorais mes intentions étaient pures avec elle. J’hochais la tête indiquant Peeta de la tête qui suait à pousser de la fonte. Je ne comprenais pas bien pourquoi faire cela mais c’était ce qui lui semblait le plus approprié. Peut-être pour séduire un peu plus les supporters et les personnes susceptibles de lui procurer des sponsors. « Soit belle et tais toi. » Me revenait en tête. Intérieurement et extérieurement je soupirais sans m’en rendre compte alors que je replaçais correctement mais avec délicatesse les mains handicapés d’arthrose de Mags. Si Ryam ne la protégeait pas. Elle mourait rapidement. Les autres ne feraient qu’une bouchée d’elle.

La fille du feu come l’on me surnommait. C’était donc une évidence pour moi de montrer à cette vieille femme qui avait connu le même destin que moi, se porter volontaire pour sauver quelqu’un qu’elle aimait de lui montrer mes techniques. Cela ne la sauverait pas. Je m’en doutais. Elle était âgée, fragile et surement peut-être aussi un peu sénile. Comment vieillissait-on après avoir connu les jeux ? Le soir venu je me renseignerai sur cette femme auprès de Haymitch pour connaitre son histoire.

Un petit mouvement de tête dans ta direction me fit sourire et je répondis : «  Non bien sur que non, mais tu peux profiter de ce temps pour t’entrainer … ». Puis, je perdis mon sourire en jetant un ocup d’œil à Peeta qui lui ne perdait pas une miette de notre scène qui se déroulait loin de ses yeux et heureusement trop loin de ses oreilles pour qu’ils puissent nous entendre.

- Il … Ce n’est pas mon petit-ami.

Je l’avais murmuré sous le ton de la confidence alors que Mags avait relevé la tête vers moi pour me regarder un peu surprise face à cette révélation. J’hochais la tête à tes dires, positivement en passant une main sur ma tresse pour la remettre correctement.

- Certains ne vivent que pour cela. Tuer. Cela fait de nous le bas de la chaine alimentaire, et eux le sommet.

Un profond soupire s’échappa d’entre mes lèvres alors que Mags eut un geste d’affection pour toi, nous délaissant un moment. Tu t’approchas de moi et je sentis Peeta se tendre même à distance. Il était prêt à tout pour me protéger… Je lui fis un petit signe de la main pour lui dire de se détendre et que je ne risquais rien mais il fronça les sourcils, arrêtant le mouvement qu’il avait entreprit pour nous rejoindre. Mes se posèrent alors dans les tiens alors que je m’y perdais l’espace d’un instant sans m’en rendre compte puis hochant la tête lentement en posant la main sur mon cœur. J’étais très sensible à son histoire et je n’étais pas comme la plupart des personnes ici présentes. J’étais humaine, j’étais altruiste, alors la réponse qui franchit mes lèvres fut un : « Oui. » Franc, sincère, honnête sans une seule once d’hésitation.