[Terminé][Mission] Délivrance et Destruction

Qu’attendait-il de sa prise de parole ? Une prise de conscience ? Une révélation ? Défaire la toile d’araignée tissée par HYDRA est une tâche ardue, que lui-même a dû entreprendre des années auparavant alors il est bien placé pour savoir que ce n’est pas ainsi qu’il fera revenir June à la raison, néanmoins, il ne peut toujours pas admettre la violence envers celle qu’il considère comme sa petite soeur. Alors, pendant qu’il tient encore sa main en suspens grâce à la sienne métallique, il continue de parler d’une fois essoufflée, sans la quitter des yeux, comme s’il espérait qu’un éclat du passé surgisse dans les siens : « June, tu es plus forte que ça, tu es plus forte qu’eux… Tu ne veux pas faire ça, toi et moi on est am… » Elle ne l’écoutait pas. Un coup de coude dans la mâchoire l’interrompt dans son élocution et il pousse un léger gémissement de douleur tout en levant machinalement le menton vers le haut, faisant quelques pas en arrière mais parvenant tout de même à maintenir son équilibre. Bon, visiblement, la discussion, ça ne fonctionne pas.

La plaie sur son arcade fait couler du sang sur son oeil et il est plusieurs fois obligé d’essuyer le liquide vermeille avec sa manche, tout en gardant son ‘’adversaire’’ à portée de vue ; elle semble être obnubilée quelques secondes par Rocket mais, elle revient rapidement vers lui, sans qu’il n’ait véritablement le temps de réfléchir à un plan.
Il a vécu une situation similaire avec Steve, mais les choses avaient été différentes puisqu’il avait été déjà confronté à lui avant d’avoir une première prise de conscience… Avec June, il n’a pas ça. C’est la première fois qu’ils se retrouvent dans une telle situation. Celle qu’il avait tant redouté. S’il la tue, il s’en voudra toute sa vie. Mais peut-il se laisser abattre pour autant ?

Il est sa mission. Ces mots sonnent d’une façon bien trop familière dans sa bouche, et il sait par qui ils ont été donnés. HYDRA. Une colère vivace monte dans sa gorge et il pince ses lèvres en serrant les mâchoires, alors qu’elle revient à l’assaut comme un diable en furie ; les coups pleuvent une nouvelle fois tandis qu’il essaye de les esquiver du mieux qu’il peut, et de la repousser sans lui occasionner de blessures, même si elle se les provoque toute seule : il entend très distinctement le craquement de ses doigts qui cognent sur sa peau mais sait pertinemment que cela ne l’arrêtera pas. La douleur physique, il l’encaisse. Principalement parce qu’il ne la connait que trop bien, mais également parce que c’est la colère qui prend le dessus : « JE NE SUIS PAS TA MISSION, JE SUIS TON AMI ! JE T’AI SAUVÉE AUTREFOIS, TU T’EN SOUVIENS, TU DOIS T’EN SOUVENIR » Apposant sa main robotique dans son dos, il déploie une légère charge électrique depuis sa paume pour l’immobiliser quelques secondes : le but n’est pas de la tuer ou de la rendre inconsciente mais de l’engourdir suffisamment pour qu’elle ne puisse plus bouger. Là, saisissant sa chance, il la force à se mettre à genoux et bloque ses mains dans son dos, en se maintenant derrière elle pour qu’elle soit forcée de l’écouter : « Tu ne voulais plus faire ça, tu me l’as dit… Tu comptais partir, parce que tu n’es pas comme eux, tu vaux mieux… Écoute-moi, essaie de te souvenir… On est amis… » Avec tout ça, il n’a pas le loisir de veiller sur Rocket, car il sait que la brune mettra tout en oeuvre pour le tuer. Pour l’heure, ils allaient devoir survivre chacun de leur côté…

L’instant est en suspens, comme d’un moment de flottement décisif dans la vie de l’un et de l’autre : Bucky a parlé pour essayer de lui faire entendre raison, de lui rappeler toute la vérité d’un présent qu’on a gommé de sa mémoire mais, ces paroles seront-ils suffisantes pour la ramener auprès d’eux pour de bon, pour l’extraire des tortures mentales qu’on lui avait imposé ? Il ne peut que l’espérer, pour l’instant.

Alors qu’il attendait une réaction de la part de celle qu’il considérait comme sa petite soeur, il entendit la voix de Rocket, parvenu à s’échapper de son propre combat contre l’agent masqué : l’encourageant d’un regard complice et d’un léger hochement de tête, Bucky le laissa parler, écoutant attentivement ses paroles, découvrant leur histoire par son récit sans le juger mais s’émouvant secrètement de la façon tendre dont Rocket la considère, en espérant qu’elle soit aussi touchée que possible, et que l’amour qu’il lui porte puisse dissiper la brume épaisse occultant aussi bien sa propre volonté que ses souvenirs.

Alors que Rocket achève son suave discours auprès de June, les yeux du Soldat s’élèvent pour croiser le visage, révélé par les affres du combat, du Soldat de l’Hydre : l’agent Master. C’est un flash presque douloureux, trop lointain pour être précis mais il garde un souvenir encore vivace de ce motel sinistre au creux de cette nuit d’hiver, un souvenir réveillé par l’adrénaline malgré la confusion de son esprit et de son corps quelque peu endolori : il relâche lentement son étreinte autour de June tout en fronçant ses sourcils, sans quitter Master des yeux. « Rocket… » Souffle-t-il à l’intention de son ami, pour prévenir celui-ci de la menace qui se présente à eux, sans lâcher l’affaire. Il somme June de le tuer, mais celle-ci a déjà reconnu Rocket, annonçant peut-être son éveil : Bucky ne s’en réjouit pas pour ne pas informer Master, mais il ne peut s’empêcher de lancer de nouveau un regard complice vers Rocket. Ils sont maintenant à trois contre Master. Ils ont l’avantage, même si le combat n’est nullement gagné par avance…

June est la première à s’élancer dans l’affrontement, comme d’une vengeance pour tout ce qu’il lui a fait enduré, même si Bucky le considère, lui aussi, comme une victime. Soucieux, il lance un regard inquiet à la montre digitale de son poignet, surveillant l’heure… Son allié secret ne devrait plus tarder maintenant. Il leur faut survivre encore quelques minutes et ils seront téléportés ailleurs, dans un endroit sûr.

S’éloignant en même temps que Rocket pour éviter de justesse l’arme volante lancée en la direction du Gardien, Bucky lance un dernier regard à son ami blessé avant de s’élancer, à son tour, contre le Master, soutenant ainsi June dans le combat pour sa libération : ce dernier hurle comme un forcené mais pas suffisamment pour effrayer le Soldat qui, le considérant d’un regard imperturbable, arrive à sa hauteur sans piper un seul mot. Il a l’air complètement déphasé, en proie à une folie grandissante qui fait pulser les veines dans son cou et sur son front, et qui ne le rend que plus dangereux encore ; mais il n’ose pas encore s’interposer, ne voulant pas spoiler la jeune femme du combat qui semble être le sien. Elle veut gagner sa liberté, et venger toutes ces années de supplices endurées. Mais ce n’est pas elle, la cible du forcené aux yeux injectés de sang. C’est lui.

« Protège là. » dit-il à Rocket en voyant le Master venir près de lui en blessant June au passage, se confondant dans l’affrontement auquel il doit faire face pour le distraire de sa petite soeur : le Master est redoutable au combat, mais Bucky parvient à esquiver la plupart de ses coups sans trop de difficulté. S’il reconnaît sans mal les techniques de combat du Wakanda, ce n’est pas pour avoir affronté T’Challa  par le passé mais pour y avoir été initié du temps où il se trouvait en son royaume : il ne faudrait pas oublier que c’est grâce au roi du Wakanda qu’il a ce bras cybernétique, pur joyau de technologie. Après que les griffes de son adversaire se soient rompues sur son bras métallique, il lance : « Tu ne lui arrives même pas à la cheville. » Se montrant volontairement insolent et insultant envers le Master pour l’énerver, Bucky lui assène un virulent coup de poing de sa main robotique, libérant également une décharge électrique depuis sa paume pour neutraliser, s’il est possible, le Master durant quelques secondes. Le temps de se redresser et de se reculer de quelques pas, le temps d’une maigre et triste réflexion…

Il se souvient de lui. De son visage. De son air incertain, bancal, pressé et presque enfantin. Que lui ont-ils fait, toutes ces années, pour qu’il se retrouve ainsi ? Bucky est incapable de le tuer, il voudrait l’emmener avec lui, l’aider à s’extirper de leurs griffes, lui montrer ce que la liberté peut lui offrir mais… Il sait que ce n’est pas possible. Du moins, pas pour l’instant.

À contre-coeur, Bucky considère le Master durant quelques secondes avant de lui asséner quelques coups dans le ventre et au niveau du thorax pour perturber sa respiration, profitant de cet instant pour attraper son bras et le bloquer dans son dos, en faisant de même avec l’autre pour tenter de l’empêcher de bouger : mais pour combien de temps ? N’aurait-il pas sous-estimé le Master ?