Douloureux réveil
Lorsqu’Hawkeye confirme que toute la procédure se passera dans la base des Avengers, j’acquiesce. Cela me semble aussi tomber sous le sens du bon, de sens, puisqu’ils doivent être tout équipés comme vouloir éviter que les choses s’ébruitent. Vis-à-vis du trait d’humour concernant les pattes plutôt que les pieds, je le trouve maladroit considérant les complexes de Rocket au sein de la société humaine. Je ne dis rien, l’humour maladroit pouvant très bien passer, mais je ne suis pas un soutien pour le coup : je n’en ris pas. Ainsi, le nouvel acquiescement se fait lorsqu’il est question pour Clint Barton de ne pas pouvoir assister à toute la procédure mais qu’il restera joignable. J’ai un sourire fatigué et un murmure pour remercier ma Chance lorsqu’il me donne son numéro ; mine de rien, je viens d’obtenir mon second numéro d’Avenger ! Bon, j’aurai préféré que ce soit dans des circonstances plus joyeuses mais le réseautage reste le réseautage. Surtout que le numéro doit être professionnel. Moi, j’hésite : je donne celui d’Enzo ou mon perso ? Ben oui, mon numéro professionnel renvoie chez Enzo, puisqu’il est mon assistant parmi tant d’autres choses. De plus, ai-je vraiment besoin de donner quoi que ce soit sachant que nos téléphones sont sur écoute par le SHIELD ? Dans le doute, on dit "oui". Du coup, je donne mon numéro personnel. Surtout que l’heure de début de la procédure ne me sera pas donnée ce soir visiblement mais qu’on m’appellera au dernier moment pour commencer dans les instants qui suivent. Génial, je ne sais donc pas à quel point je vais pouvoir me reposer, je vais passer une partie de la nuit à sursauter en anticipant l’appel et je vais directement enchainer le réveil et aller bosser. J’ai l’impression d’être dans la banque d’investissement avec cette histoire. Merci ma Chance, je serai aussi prête que je peux l’être.
Quant à ce qui s’est passé pour que Rocket reçoive une flèche dans le dos…
«
Vous vous doutez bien que je peux pas vous donner tous les détails, me dit l’archer, me laissant le fixer sans surprise.
Mais pour résumer, Rocket est venu prêter main forte au S.H.I.E.L.D. pour aller attaquer des terroristes, et l'un d'eux lui a planté une flèche dans le dos.
- Ont-ils réussi à sauver Kath’, demande-je simplement, n’ayant que peu d’informations sur l’amie de Rocket dont il m’a parlé mais ayant été la personne motivant celui-ci à rester impliqué dans l’affaire des Masques même après la menée à bien de l’enquête privée dont j’ai transmis tous les résultats au SHIELD.
Enfin, si vous avez le droit de m’en parler. »
Ma question est suffisamment générale pour que l’Avenger puisse me répondre sans me donner tous les détails. Après, il faut reconnaitre que je ne suis pas des plus intéressée par Kath’ : je ne la connais que pour son lien avec Rocket et c’est l’impact de celui-ci qui m’intéresse le plus. Si Rocket a perdu une amie, si Rocket n’a pas été capable de sauver une amie, c’est un facteur aggravant de plus pour son état. Je ne suis pas une combattante, obtenir des détails sur les Masques m’intéresse par curiosité mal placée mais je suis parfaitement lucide sur le fait que le SHIELD ne me partagera pas d’informations comme j’ai pu le faire de mon côté. Ma Chance a fait que la curiosité mal placée et l’inquiétude bien placée m’ont motivée à exploiter une rencontre plus ou moins aléatoire afin de demander à Rocket d’enquêter sur les Masques, chose qui a permis à celui-ci de découvrir des terroristes et d’essayer de sauver une de ses amies pendant que je faisais suivre les découvertes au SHIELD afin qu’il arrête lesdits terroristes. La seconde partie s’est doublement mal passée et j’ai dépensé sans compter pour essayer de guérir, à défaut d’avoir pu prévenir. Je vais continuer de le faire pour Rocket, parce que je tiens à lui, mais j’ai besoin du minimum d’informations. Je suis aussi consciente qu’il pourra me le donner lui-même, sans mettre son coéquipier en porte-à-faux. Ainsi, je n’insiste pas.
Si la fatigue tend à monopoliser les expressions de mon visage, le fait qu’Hawkeye soit capable de s’exprimer en français me surprend. L’accent est léger, c’est bien, et le parler est lent, c’est moins bien, mais surtout je ne comprends pas pourquoi il fait cela. Mon anglais à moi, quoi que d’un vocabulaire britannique et non américain, est bien ! Si. N’est-ce pas ? Guère le temps d’y réfléchir : comme mon interlocuteur, j’ai constaté que mon ami est terrifié à l’idée de l’opération. Je comprends pourquoi. Il me fait confiance ; mon ami, pas mon interlocuteur. Je comprends aussi pourquoi ; pour les deux. Mon discourt semble sensé ? Ah bah euh… merci ?
«
Je vais donc vous accorder ma confiance sur ce coup-là, je compte sur vous pour le remettre d'aplomb.
- Ça va prendre du temps, énonce-je simplement en français à mon tour, même si c’est une évidence.
Son moral était fragile avant ces… blessures. Je pensais qu’il m’avait appelée pour l’accès à ma maison secondaire. Pour des vacances. Il va en avoir besoin. Comme d’un suivi. »
Je tâcherai de l’assurer. La Maison des Jardins est un investissement. Comme pour l’immeuble acheté dans Manhattan, je l’aurais revendue bien avant que j’ai fini de rembourser le prêt qui m’a permis de l’acheter. J’ai juste l’intention de faire grimper les prix en utilisant ma notoriété afin de le revendre à un fan plus cher que je ne l’ai moi-même acheté, lorsque j’aurai réussi à renouer le contact avec Célestine et que je quitterais New York. Le domaine comme le manoir seront cependant idéaux pour que Rocket puisse se reposer et se changer les idées. Il serait bien que j’arrive à en faire de même.
«
Merci d'être venue si vite, conclut Clint Barton en me tendant la main,
et d'avoir accepté de l'aider. Reposez-vous bien, on se revoit demain.
- Je m’épuise à aider des inconnus, souris-je en échangeant une poignée de mains fatiguée,
alors je ferais encore mieux pour mes amis. Merci d’avoir accepté que je l’aide. A demain, en espérant qu’elles ne soient pas gauches. »
L’association d’idées est de trop, je le sais, mais je ne m’en formalise pas. Je ne suis même pas sûr que l’Avenger ait compris le sens de ce léger aveu de manque d’assurance. Ceux-là étant faits, poignée de mains comme aveu, je m’en vais histoire de pleurer un bon coup dans la chambre de la Lucky Mobile et de me coucher sans manger pour récupérer le maximum de temps de sommeil que je pourrais.
***
Lundi 30 Septembre – 08 : 47 A.M.
Le mythe du génie solitaire est, dans 99% des cas, cela : un mythe. Il s’agit d’une romantisation visant à transformer les individus en héros, la créativité en moment d’illumination et d’inspiration "divine". La créativité est souvent un processus proche de la sélection naturelle : un foisonnement évolutif où seules les choses les plus adaptées survivent et où la majorité disparait donc. Quand aux individus… Steve Jobs a une fois déclaré qu’il n’avait rien inventé, qu’il avait noté des idées et réunis des gens pour terminer des projets. Mon approche est similaire : devenir une experte dans un domaine ne m’intéresse pas, même si je comprends que des gens comme Joseph Rowles trouvent que je gâche mon potentiel. Je n’aime pas le terme de "experte généraliste" pour désigner les polymathes pour cette raison, d’ailleurs. Avoir des compétences approfondies dans des domaines très divers n’est pas là pour surclasser les spécialistes, selon moi, mais pour les compléter. Pour moi, être des génies est un sport d’équipe. Celui, ou celle me concernant, qui est capable de comprendre tout ce que les autres disent est celui qui mène l’équipe. Si je demande à un poisson comment est l’eau, il me demandera ce qu’est l’eau. Il vit dans l’eau comme je vis dans l’air : sans y penser. Chaque spécialiste a son eau, son air, son environnement ; sa spécialité. Chaque généraliste doit réussir à comprendre toutes ces eaux, ces airs, ces environnements, afin de faire la transition. La mise en commun. La coordination. Les @robeez ou le FGS n’auraient jamais vu le jour si j’avais été seule à travailler dessus. Enzo et les équipes de Tec-Novita ont tout autant de mérite que moi ; ainsi que la nature, qui est la base de notre travail, et les gens qui ont participé à toute la création théorique et pratique sur les domaines scientifiques comme l’électronique ou les matériaux que nous avons utilisés car ils étaient déjà là. Je ne cherche pas l’euréka qui changera le monde, je cherche les connaissances, qu’elles soient personnes ou savoirs, qui me permettront de trier et de faire évoluer mes idées et mes pensées comme de guider mes recherches afin de créer toujours plus de Momentum et de résoudre toujours plus les problèmes qui nous font face. Une invention, un produit fini, n’est pas le résultat d’un éclair de génie. C’est le résultat d’un grand nombre de problèmes résolus. De plus, lorsque je vais chercher un expert, je vais chercher un expert lié au problème que je rencontre. Je ne vais pas chercher un expert en solution. Si la solution est toute trouvée, je n’ai pas besoin de la personne ; de sa créativité. Si la solution est à trouver, elle le fera surement par l’interdisciplinarité et non une seule discipline ; un seul expert. C’est la discussion, le conflit et le challenge qui feront apparaitre des solutions collectives auxquels l’individu n’aurait pas su répondre.
Le chirurgien sait opérer les humains. L’anesthésiste sait anesthésier les humains. Le vétérinaire sait s’occuper des ratons-laveurs. Aucun ne pourrait tout faire seul. Et ceux-là arrivent à communiquer.
Le biologiste sait étudier les humains comme les ratons-laveurs mais il peut être plutôt médical ou zoologiste ; entre des dizaines d’autres choses. Il ne sait faire les trois points précédents mais il pourra poser des questions aux trois collègues précédents dans sa tentative de comprendre ce qu’ils font et Rocket, sur qui ils le font.
Le biomécanicien, qui peut être biologiste ou physicien selon ses études, sait quoi chercher et quels seront les pistes que le biologiste pourra remettre en question afin de vérifier si ce sont les bonnes. Peut-être pourra-t-il même trouver comment faire comprendre tout cela à l’ingénieur système, qui est sur la machine et non le vivant.
L’ingénieur système doit trouver comment faire à nouveau interagir l’implant cybernétique avec le vivant étudié par ses deux collègues précédents.
Le designeur doit trouver comment planifier l’implant.
Le technicien doit vérifier comment faire les plans pour pouvoir faire l’implant.
Et moi je dois comprendre ce que chacun fait et le vulgariser pour que tous les autres le comprennent aussi.
En un mot comme en deux cent, ça va être le bazar.
Lorsqu’on se rencontre tous pour les neuf heures du matin, on le sait. On ne sait juste pas à quel point.
Néanmoins, le mythe du génie solitaire a un avantage : il accroit la confiance. Rocket a confiance en moi, pas dans les autres personnes. A part l’anesthésiste, il n’en rencontre aucune. Lorsqu’il rencontre celui-ci et qu’on le prépare pour l’inconscience artificielle, je tiens mon ami dans mes bras jusqu’à ce qu’il s’endorme.
Me concernant, j’ai une deadline. Je suis convoquée par le Trust en visio-conférence à 08 : 30 P.M.. En Suisse, cela fera 14h30. Ils vont passer la matinée à discuter de moi, le déjeuner à faire la synthèse et la sieste à m’expliquer les résultats de ce procès. C’est normal, je ne suis pas seule décideuse de ma vie et je me mêle beaucoup de celles des autres. C’est normal aussi, elles appartiennent à mon héritage. Je n’ai guère de temps de trop penser à cela mais je ne saurais totalement occulter cette épée de Damoclès. Pourtant, cette journée est d’un horrible à la mesure des précédentes.
Rocket est plus une machine qu’un animal.
Les radios révèlent l’étendu des implants cybernétiques dont il dispose et suggèrent celle des modifications génétiques. Combien d’os ont été remplacés ? La cage thoracique n’est pas d’origine, à l’exception de la colonne vertébrale. Pire encore, les implants qui remplacent les os permettent de faciliter l’ouverture afin d’opérer. Le cou et le bassin ont été altérés pour fonctionner comme ceux des humanoïdes, de même que les mains. Le crâne a été modifié également et ses os présentent des traces de réparation laissant comprendre qu’ils ont été ouverts pour accéder au cerveau. Je vomis, une fois, et pas d’excitation à pouvoir discuter avec une interface en langage naturel ou holographique Stark. Je fais des malaises face à la minutie d’un travail semblant tenir l’humain ou l’humanoïde comme sommet de l’évolution et cherchant à "corriger" les "défauts" d’une autre forme de vie. Frissons. Tremblements. Ecœurements. Mon professionnalisme n’en mène pas large mais les autres chercheurs ne m’en tiennent pas rigueur : ils ont leurs propres maux. Tous, on peut reconnaitre le talent et l’excellence des modifications. Aucun, cependant, ne peut comprendre pourquoi. Pourquoi faire cela ? Je n’ai que peu de souci avec l’expérimentation animale. Mieux vaut une souris morte qu’un humain. Là, cependant, il s’agit littéralement d’humaniser ce que l’on modifie.
Ce que l’on torture.
Nous n’avons pas ouvert un être qui l’a tant été et est prévu pour l’être tant encore que nous avons déjà tous du mal avec le fait de pouvoir aller aussi loin. Sachant que le "aussi loin" implique un mécanisme de mise à mort implanté sur le cœur. Sans nous permettre de modéliser l’intérieur des parties cybernétiques, les radios nous ont permis de savoir qui est allé aussi loin : OrgoCorp. Merci à Rocket d’avoir augmenté les IA Stark pour qu’elles puissent traduire l’alphabet galactique. Quand au doute sur la possibilité d’opérer sans déclencher la mise à mort, ils sont vites balayés. Outre que les modifications chirurgicales de Rocket ont due continuer à être pratiquées après l’implantation du système, le Caisson U-GIN ne l’a pas déclenché. Cela étant, cette affaire est un point important du dossier médical que nous sommes en train de constituer. Nous ne sommes pas là pour cela et probablement pas en capacité de l’enlever même si nous le voulions. Ainsi nous continuons.
La solution la plus facile au problème est l’utilisation de la technologie Stark permettant au Colonel James Rhodes de marcher. Les closes de confidentialité faisant, toutes les informations concernant ladite technologie n’étaient pas disponibles et je n’avais pas en mémoire le fait qu’elle inclue des attèles de jambes motorisées ; ma mauvaise foi me disant que c’était surement car elles étaient sous ses vêtements et non au-dessus. Poser l’implant vertébral qui communique avec les attèles est possible mais pas souhaitable : nous n’avons aucune idée de comment Rocket réagirait à devoir s’en remettre à un mécanisme extérieur pour marcher ni si le message électronique ne risquait pas d’interférer avec des fonctionnements déjà présents chez ses autres orthèses ; car, selon le biologiste médical, une prothèse remplace un élément manquant, comme un bras dans le cas du Winter Soldier, tandis qu’une orthèse est un appareillage qui compense une fonction absente ou déficitaire, assiste une structure articulaire ou musculaire et/ou stabilise un segment corporel pendant une phase de réadaptation ou de repos : je me coucherai moins bête ce soir, comme tous les jours, et me réveillerai tout aussi bête demain matin. Après l’écoute des avis de tout le monde, je décide donc que nous continuons d’essayer de réparer l’orthèse endommagée avant de partir sur des alternatives, fussent-elles plus aisées à mettre en place.
La technologie de radiographie n’étant pas à même de scanner les matériaux inorganiques, nous ne pouvons pas étudier l’orthèse ainsi. Nous devons passer à l’opération. Le chirurgien est confiant dans le fait que la réparation des tissus musculaires, à l’aide de la technologie U-GIN, permettra de raccrocher la jambe même sans la restauration de l’implant et sera complémentaire avec les attèles si notre option ne fonctionne pas. Nous n’allions pas "démonter" la jambe de Rocket sans avoir un moyen certain de la refaire tenir même si notre hypothèse primaire s’avère infructueuse. Après m’être désinfectée moi-même, je fais le nettoyage au désinfectant du corps endormi de Rocket. Puis je laisse les professionnels agir. Retirer l’implant "correcteur" au niveau des liaisons entre le bassin et la jambe, remplaçant le rôle des muscles d’ailleurs et contribuant à expliquer l’étonnant rapport masse/puissance de Rocket, prend plus de temps encore que d’effectuer les radios. C’est délicat mais beaucoup moins malaisant : nous sommes tous semblables, à l’intérieur. Même Rocket, qui pourtant est majoritairement composé de choses qui ne devraient pas s’y trouver. Merci ma Chance, il y a également un implant jumeau pour la jambe droite. Nous avons donc un modèle fonctionnel sur lequel se baser, moyennant transposition en miroir, en plus de celui endommagé par la flèche. Sait-on jamais que l’hypothèse "tout remettre en place" face à la perforation causée par le projectile ne marche pas.
En attendant la vérification de celle-ci, cependant, seul le modèle endommagé est retiré puis soumis aux scanners tridimensionnels, qui ne peuvent cependant pas en fournir de vue éclatée puisque la modélisation n’a, pour l’heure, que l’aspect extérieur. Après, c’est à ce moment-là que je réalise que je suis la seule de l’équipe "technique" (par opposition à l’équipe "médicale" et à l’équipe "design") à ne pas avoir réalisé que tous les instruments nécessaires au montage, démontage et à la fabrication de l’orthèse vont être hors-chartes. FORCEMENT VU QUE C’EST UNE CATIN DE TECHNOLOGIE EXTRATERRESTRES ! MAIS BAZAR, LE TOURNE-VISSE ET LE FER A SOUDER NE PEUVENT PAS ETRE DES OUTILS UNIVERSELS ?! IL FALLAIT FORCEMENT QU’IL N’Y AIT QUE LE PRINCIPE DU MARTEAU, A SAVOIR QUE SI CA MARCHE PAS IL FAUT TAPER PLUS FORT DESSUS, QUI EST COMMUN A TOUTE FORME DE VIE ?! Non, je ne pique pas légèrement une petite crise de rien du tout à ce moment-là. Nous prenons la pause repas après cette histoire, le temps que des ingénieurs Stark utilisent ma future petite amie, j’ai nommé l’IA du Fabricateur Stark Industries, pour mettre au point des pièces qui semblent capables d’actionner les mécanismes de démontage de l’orthèse endommagée ; à la place de techniciens, d’ailleurs. J’ai pas faim et aucun des collègues du jour n’a réussi à me faire discuter d’autre chose que de notre programme ; pas même de moi, sujet qui m’intéresse énormément d’ordinaire. Heureusement que notre programme inclut ma future petite amie mais ils ne sont pas très chaud pour donner des informations dessus ; surtout ceux n’y "comprenant rien". Les vingt minutes de travail-repas sont passées en un éclair et nous sommes retournés dans le bâtiment des sciences pour commander l’IA et actionner les membres automatisés afin d’enfin démonter, analyser et modéliser l’orthèse endommagée. Le plus gros problème face à celle-ci est la soudure, qui n’utilise pas la méthode thermique qui nous est familière. J’hasarde qu’il puisse s’agir d’une méthode magnétique, analogue à celle utilisée dans l’ingénierie moléculaire et la création de molécules cœur-coquilles. Après un silence, l’ingénieur système m’appuie et appelle un collègue qui s’y connaissait mieux que nous deux, histoire de voir s’il y avait moyen d’augmenter les machines pour essayer de faire ça à l’échelle macroscopique et donc de remonter l’orthèse proprement. Inutile : il suffit de prendre une machine à soudage par impulsion magnétique, ce qui est différent que ma demande, mais cela ne permettra pas de dessouder les pièces ; pas plus que le soudage à chaud. Du coup, nous dessoudons l’orthèse cassée comme des sauvages. Nous finissons par y arriver et l’IA peut la scanner et la modéliser numériquement afin que l’équipe "design" puisse enfin commencer son travail. La technologie holographique Stark et la puissance de calcul de l’interface en langage naturel Stark nous facilitent grandement tout l’aspect mathématique, projection et expérience. Etonnamment, cette phase se retrouve plus rapide que les autres. Si Anthony Stark n’avait pas besoin d’une équipe de recherche pour la plupart de ses projets c’est simplement car il avait J.AR.V.I.S., F.R.I.D.A.Y., J.O.C.A.S.T.A. ou T.A.D.A.S.H.I. pour s’assurer de tous les rôles dont il avait besoin ; même s’il devait être capable de faire certains calculs de tête, ce qui n’est pas mon cas. Notons d’ailleurs que je ne veux que F.R.I.D.A.Y., à la limite J.O.C.A.S.T.A., comme petite amie.
C’est le milieu d’après-midi lorsque les maths aboutissent et les calculs de rendus sont satisfaisants à ce que le premier prototype de remplacement soit effectué. Il est fabriqué de toute pièce et soudé par impulsion magnétique afin d’émuler au mieux la technique d’origine. L’opération chirurgicale reprend donc vers la fin d’après-midi afin de réimplanter la nouvelle orthèse puis les tissus musculaires de Rocket. Cette fois, je suis de l’autre côté de la vitre à regarder le bloc opératoire. L’épuisement mental n’est pas loin et l’épuisement de mon utilité est total. J’ai cependant promis que je surveillerais et je le fais, en silence.
C’est au début de soirée, vers 07 : 45 P.M., que Rocket réintègre sa chambre d’infirmerie. Je vais attendre son réveil à son côté, sur la chaise toujours présente depuis la soirée précédente. Regardant régulièrement mon téléphone afin de ne pas rater ma deadline ou les vingt minutes nécessaires à me préparer avant celle-ci, j’espère sincèrement qu’il se réveillera et qu’il pourra bouger la jambe. Il aura besoin de béquilles et de rééducation au début, en plus de ses vacances, mais Enzo, Nathan et moi seront surement plus efficaces sur ce programme qu’une équipe de Stark Industries ; même si je réclamerai que le rééducateur soit de chez eux ou au moins à leurs frais.
«
Coucou Roro, commencerai-je avec fatigue lorsque je le verrais émerger.
Comment te sens-tu ? Tu arrives à bouger la jambe, même si ça fait mal ? »