Les actions de Groot ont été réalisées après demande à Rocket
Douloureux réveil
Les places devant le bâtiment de sécurité de l’Avengers Facility ne sont pas réellement prévues pour des bus. On a un peu la moitié arrière qui dépasse. Après, tant qu’il n’y a aucun véhicule pour essayer de joindre la zone logistique qui se trouve au-delà dudit parking, ça devrait aller. Peut-être y aurait-il des places à notre taille dans cette zone, pour les camions de livraison, mais je n’ai pas l’intention de m’éterniser de toute façon. Les agents du check-in m’ont vue, sans doute préviennent-ils Rocket pour qu’il vienne me rejoindre. J’ai juste à attendre.
Ni besoin d’aller dans ce premier bâtiment, ni l’occasion de franchir la limite qu’il marque pour aller dans le reste du complexe. Côté lac, on a quatre grands bâtiments ; dont un trio, le plus proche de l’eau, qui me semble être à vivre. L’un d’eux est relié au bâtiment le plus proche, et le plus imposant et celui frappé du logo des Avengers, par un pont fermé. Enfin, la route va jusqu’aux pieds de ce duo, je dirais. De l’autre côté, partiellement caché par le bâtiment de sécurité et s’ajoutant à celui-ci et à la petite zone logistique, c’est un immense hangar qui s’extirpe de la forêt. Un Quinjet est sorti, sans doute pour les urgences, mais il doit y avoir bien d’autres véhicules et équipement. Je me demande si c’est là-bas, ou au-delà de ma vue, que se trouve le Milano. Après tout, la première fois où je me suis faite refouler ici, je n’avais pas pu voir ledit vaisseau.
Comme la dernière fois, un agent de sécurité fini par sortir du bâtiment et je lui souris comme si j’étais sincère. Je n’ai pas l’intention d’entrer, j’attends juste quelqu’un… voilà qui n’est pas autorisé non plus, puisque personne n’a signalé cela aux agents de sécurité. Du coup, on doit repartir…
« Je s’appel Groot, me fait autant sursauté que le mec de la sécurité, qui semble considérer que la première qualité de son job n’est pas l’observation mais l’intimidation.
- Oh ça va tête de bois, lui répondit-il en me faisant écarquiller les yeux d’une surprise choquée, je vais pas la manger ta copine !
- Non en effet, confirme-je avec un vrai faux sourire et une cordialité qui laisse comprendre ma déconsidération pour lui. A parler ainsi à l’un de vos supérieurs, manger risque de devenir difficile lorsque vous aurez perdu votre travail. »
Est-ce un agent du SHIELD ou un employé de Stark Industries ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est de la main d’œuvre. La main d’œuvre est remplaçable. S’il n’est pas content que ses employeurs hébergent des extraterrestres et que ceux-ci soient des super-héros, donc logiquement plus haut que le portier dans la hiérarchie, il existe probablement cent ou deux cent personnes avec les mêmes compétences que lui qui peuvent commencer demain. Cela ne vaut même pas la peine d’être dit à haute voix tant ça devrait être une évidence.
Le détail de l’histoire mit au banc de celle-ci, Groot s’en vient vers moi. Si la première chose que je remarque est qu’il a grandi depuis la dernière fois, qui date d’un mois et demi, ce sont ses expressions qui me retiennent le plus l’attention. L’impatience m’est compréhensible, l’autre difficilement. De la détente ?
« Je s’appel Groot, reprend-t-il alors que je m’apprête à lui faire un vrai vrai sourire, quoi que fatigué, et avant de me prendre moi ; par la main.
- Jeeeeee… »
Qu’arrive-t-il lorsqu’un arbuste extraterrestre d’un mètre soixante attrape par la main une starlette terrestre d’un mètre soixante-quatorze plus six qui s’apprête à la lever pour lui faire coucou et part avec précipitamment ? Je veux bien être une étoile mais je suis pas une étoile filante et je suis une lumière qui n’a pas la lumière à tous les étages. Si les américains appellent le rez-de-chaussée le "premier étage", la chaussée reste la chaussée et je la vois d’un peu trop prêt !
« Stop ! »
Un cri avant que je ne me fasse la cheville et la dignité, ainsi que le pantalon blanc. Groot s’arrête, immédiatement, me tenant toujours la main et me regardant avec un mélange de surprise, aisément reconnaissable, et d’autre chose, que je ne comprends pas.
« Je s’appel Groot, me demande-t-il alors que j’entreprends d’utiliser ma main libre pour souligner mon propos.
- Ça s’appelle un talon haut, explique-je en tâchant de ne pas être aussi sèche qu’avec le garde de sécuri-quoi ? C’est pas fait pour courir.
- Je s’appel Groot…
- Ça s’appelle un pantalon blanc. Si je tombe, il est foutu.
- Je s’appel Groot.
- Ça s’appelle un bâtiment de sécurité et un portier. On peut pas les franchir comme ça.
- Je s’appel Groot !
- Ça s’appelle une base militaire. Si je cours, ils tirent !
- Je s’appel Groot…
- Ça s’appelle la barrière de la langue… t’as rien compris de ce que j’ai dit hein ?
- Je s’appel Groot.
- Tu comprends les signes ?
- Je s’appel Groot ?
- Jo ?
- Je s’appelle Groot. »
Je monte mes mains pour les poser, en prière, sur mon nez, ma bouche et mon menton. Je suis en train d’argumenter avec une plante verte et mon garde du corps fait la plante verte. Au moins, Groot fait des signes. Il montre le gros bâtiment qu’on suppose être le QG des Avengers puisqu’il y a le logo dessus. Il le montre avec insistance.
« Vous, dis-je à l’agent de sécurité témoin de toute la scène, après avoir décroisé mes mains dont l’une le désigne désormais de l’auriculaire ; l’index et le majeur, c’est mal poli même si c’est pas l’envie qui m’en manque. Ayez l'aimable obligeance de faire votre travail. Annoncez-nous, s'il-vous-plait.
- Je suis pas portier.
- D’accord. Du coup vous faites quoi ? Vous assurez la sécurité des Avengers ?
- Euh.
- Bonne réponse. Avanti ! »
Cette fois, c’est l’index qui désigne et il montre le bâtiment. Je me suis exclamée gentillement et je l’ai fait dans une autre langue, par réflexe. Je suis un peu fatiguée pour ses bêtises. D’autant que, toutes distrayantes qu’elles puissent être, Groot veut m’emmener à l’intérieur et Rocket n’est pas venue me rejoindre ; ni me chercher. J’aime pas la configuration, là.
L’agent de sécurité de l’emploi met sa main à son oreille et son oreillette maintenant que mon petit doigt n’est plus là pour lui souffler quoi faire. Merci ma Chance, le petit doigt de quelqu’un d’autre l’enjoint vraisemblablement à remettre ses doigts à lui là où il a eu tant de mal à les sortir autrement que pour un surnom raciste et on peut passer.
Sauf Nathan.
Je pouffe deux fois lorsque le mec ajoute ce point.
« Quel est votre nom, demande-je avec douceur avant de sourire comme si je n’étais pas saoulée de la situation, sans tourner plus que le buste vers l’agent. Quel est votre nom ? Que je sache qui engage sa responsabilité à me mettre en retard dans mon rendez-vous avec un Avenger. »
Le secret dans ce genre de situation c’est de ne pas s’énerver. Si je suis prompte à la peur, seconde après ma joie, je ne suis pas colérique.
« C’est un ordre, me répond-t-il sans plus savoir où se placer.
- Oui, soupire-je, le déstabilisant encore plus.
- Non, je veux dire… c’est un ordre que vous soyez seule à rentrer.
- Appelez-moi votre supérieur.
- C’est un ordre d’un Avenger.
- Celui qui ne vous a pas dit que je pouvais rentrer, celui qui vous a dit que je pouvais rentrer ou un autre ?
- Lu, intervient Nathan, me faisant bouger les yeux et juste les yeux pour croiser son regard. Ça vaut pas le coup. Fais la bise à Rocket de ma part et dis-lui que j’aimerai beaucoup un pistolet laser pour mon anniversaire, okay ? »
Mes yeux, et juste mes yeux, se tournent vers un anonyme de non-sécurité qui prie pour que tout ça s’arrête et qu’il puisse retourner à son siège pour attendre que le temps passe. N’ayant pas envie de lui prendre la tête plus que cela n’ait déjà fait et ayant l’appréhension aussi grandissante que l’impatience de Groot, je baisse les épaules et me détourne d’eux.
Si j’ai l’envie de mettre les mains dans les poches après cette discussion, j’ai Groot qui me rattrape la même et recommence à se barrer avec en marche forcée. Et moi avec. Comme j’arrive à trottiner, il me force bien vite à le faire et on arrive presqu’aussi vite jusque dans le bâtiment supposé. Guère le temps de faire la touriste que c’est vers les escaliers et le premier étage que je me retrouve embarquée.
L’infirmerie.
Je pâlie et accélère, même si pas de beaucoup.
On arrive à une chambre dont la porte se fait presque défoncer par un arbre avec une force surhumaine et qui énonce la seule phrase qu’il sait dire et que je ne sais comprendre.
Ma main pendouille une fois lâchée, restant le long de mon corps alors que mes épaules s’abaissent de similaire manière à ma mâchoire alors que je te vois allongé dans le lit. Par ma Chance…
The Lucky One
Clint Barton Avenger Agent du S.H.I.E.L.D. Niveau 8
"Pas une civile" ? Bah, concrètement, si. Elle n'était pas agente mais consultante pour le S.H.I.E.L.D., dans un programme spécifique qui n'avait rien à voir avec notre affaire actuelle. Okay, elle avait engagé Rocket et son fiancé la belette as de la gâchette et grâce à leur enquête pas du tout officielle on avait eu des éléments intéressants, mais elle ne faisait pas partie de l'agence. Mais je n'allais certainement pas me prendre la tête avec le petit Gardien sur des questions de terminologie. Qu'elle vienne, s'il pensait qu'elle pouvait l'aider.
Die Hard et ses excellentes scènes et répliques cultes me font en revanche légèrement zapper de prévenir le service de sécurité du QG que miss Orchent est attendue. Je m'en rends compte lorsque, quelques minutes avant la fin du film, alors que McClane sort du Nakatomi Plaza en serrant sa femme contre lui, je reçois sur mon téléphone un appel transféré depuis le standard du QG, côté Avengers.
« Merde… T'occupe pas d'ça, regarde la fin ! »
Je me lève en maugréant contre ce coup de fil qui va me faire louper le retour surprise du deuxième méchant et l'action d'éclat émouvante du gentil flic black du film, puis je sors de la chambre pour ne pas empêcher Rocket d'y assister, lui qui voit ce chef d'œuvre pour la première fois.
« Barton. … Oui. … Je confirme, elle est attendue à l'infirmerie. … Nan elle vient seule. … Avec qui ? … Nan mais Groot ça compte pas. … Cherchez pas, laissez-la passer. Mais son garde du corps attend à l'entrée. »
Je raccroche, légèrement agacé, agacement qui s'accroit lorsque je jette un coup d'œil par la fenêtre de la chambre et que je vois le générique de fin défiler sur la télévision. Le timing est presque bon. Je me connecte aux caméras extérieures pour voir le périple de miss Orchent qui arrive au petit trot, tirée par un Groot impatient ou extatique - pas évident de savoir avec lui. J'ai un sourire amusé, puis je retourne dans la chambre pour annoncer la bonne nouvelle à Rocket.
« Elle arrive. »
Quelques instants plus tard, la porte de la chambre s'ouvre à la volée, laissant passer un Groot tout sourire qui nous sort sa réplique habituelle.
« C'est marrant, j'étais sûr qu'il allait dire ça… »
Miss Orchent n'est pas loin derrière, et au vu de la tête qu'elle tire, elle n'était pas au courant de l'état de Rocket. Je le laisse donc s'adresser à elle en premier, puisqu'après tout c'est lui qui lui a demandé de venir. Je pourrai toujours me présenter après, si tant est que ce soit nécessaire.
Une chambre, un lit, un collègue et ami et un film. Programme a première vu idéale, pour peu qu'on ne soit pas contraint a rester dans le lit en question, ce qui était le cas de Rocket. Cependant, Clint avait réussit a lui arracher un sourir en citant a haute voix une des répliques du film, quand un appel, visiblement urgent les tirèrent tout deux de leurs visionnage. Alors que Clint sortit de la chambre pour gérer l'urgence, Rocket essaya de se concentrer a nouveau sur le film et cela finit par porter ses fruit, puisqu'il ne décrocha pas jusqu'au générique de fin.
L'instant d'après, Clint était de retour dans la chambre, annoncant l'arrivée de Lucy. A ce moment la, Rocket sentit son estomac se contracter. Lorsqu'il avait contacté la jeune femme, il ne lui avait pas donné d'information sur son état, juste qu'il était prêt a prendre un temps de repos. Elle ne découvrit cette réalité qu'en apparaissant a la porte de la chambre, avec Groot, que Clint railla un peu.
"Il a dit: elle est la"
Traduisit Rocket, en croisant le regard de Lucy. Le moment des explications était venu...
"Content de te voire..."
C'était tout ce qu'il trouva a dire, pour le moment. Pourtant, il devrait en dire plus. Ce qu'il faisait dans un lit d'infirmerie et pourquoi il n'était pas venu lui même l'accueillir...
"Je vais pas y aller par quatre chemin. C'était dificile a dire par sms, mais la mission sauvetage s'est mal passé, j'ai prit une flèche dans le dos et il y a eu un foirage avec le caisson de régénération, du coup, je suis paralysé."
Il se tut par la suite. Le fait de formuler cette réalité a haute voix ne la rendait que plus crue et injuste a ses yeux. Rocket baissa la tête, laissant un silence pesant s'installer, avant de reprendre la parole, semblant chercher ses mots:
"Vu que je n'ai plus rien a faire chez les héros dans cet état, je me suis dit que c'était le moment de prendre le large..."
Il soupira suite a cette annonce. "je n'ai plus rien a faire chez les héros"
Il y a tout juste une semaine ou deux, Rocket avait formulé cette pensée parce qu'il ne se sentait plus a la hauteur des attentes du publique, parce qu'il n'était pas "super". Pas de "super" pouvoir, ni de "super" force rien qui ne soit surhumain, justifiant le qualificatif de "super". Aujourd'hui, cela prenait un tout autre sens: a ses yeux il n'avait plus rien a offrir, ni aux Avengers, ni aux Gardien de la Galaxie. Cette idée le fit entrer dans un long mutisme, marqué par un regard sombre, blasé, mais aussi triste.
"Je te présente Clint Barton"
Finit-il par dire, afin de faire les présentation entre ses deux amis. En d'autres circonstance, Rocket aurait pu se réjouir de cette rencontre et proposer de boire un verre ensemble pour briser la glace, mais a cet instant, le cœur n'y était pas.
Ma main pendouille une fois lâchée, restant le long de mon corps alors que mes épaules s’abaissent de similaire manière à ma mâchoire alors que je te vois allongé dans le lit. Par ma Chance…
Il semble encore plus petit dans ce lit qui n’est pas à sa taille. C’est une parfaite illustration du sentiment exprimé par Rocket lors du paiement de l’enquête, en milieu de mois, avec l’inconfort supplémentaire des draps blanc dissimulant ses blessures. J’ai passé beaucoup trop de temps, depuis les attentats, dans similaire situation. Aucune visite de chambre n’avait été personnelle jusqu’ici. Sans culpabiliser pour des choses qui ne sont pas de mon fait, je regrette de ne pas avoir pu faire plus. La protection. On en avait parlé pourtant. "Notre invulnérabilité dépend de nous, la vulnérabilité de l’ennemi de lui" ; Sun Tzu, L’Art de la Guerre. "Pas le temps de se procurer de quoi créer une complémentarité avec le champ environnemental"…
« Content de te voir, qu’il me dit l’autre, m’amenant à légèrement trembler. Je vais pas y aller par quatre chemin. C'était difficile à dire par sms, mais la mission sauvetage s'est mal passée, j'ai pris une flèche dans le dos et il y a eu un foirage avec le caisson de régénération, du coup, je suis paralysé. »
Mon rire nerveux s’extirpe de mon buste comme un haut-le-cœur ; le mouvement est identique, avec la contraction et le mouvement de tête. J’amène à nouveau les plats de mes mains sur mon menton, ma bouche et mon nez, alors que je tâche d’encaisser toutes les informations.
La mission de sauvetage, de Kath’ Hunter je suppose, s’est mal passée ; pour Rocket au minimum, pour les autres je n’en sais rien. Mal passé égal flèche dans le dos, avec supplémente "foirage" du "caisson de régénération" ; s’il y a déjà eu une telle technologie, largement supérieure à ce que je tente de produire, mon FGS ne va servir à rien. Rocket paralysé. Flèche dans le dos + paralysie = colonne vertébrale touchée. Une balle aurait été suffisante, alors une flèche… Bazar de maison close, pourquoi une flèche ?
Je ferme les yeux et laisse glisser mes mains le long de mon visage, se joignant en une prière silencieuse devant celui-ci. Je tremble et je sens les larmes monter mais je tâche de ne pas céder. Pas maintenant. Pas encore.
Les silences ont été aussi rares que récurrent aujourd’hui, qui inclut hier, et ils ont toujours été des sortes d’œil du cyclone. Le vent souffle fort dans cette pièce, métaphoriquement.
"Vu que Rocket n’a plus rien à faire chez les héros dans cet état"… je rouvre les yeux. "Il s’est dit que c’était le moment de prendre le large"… je soupire et baisse les épaules.
Rocket me présente Clint Barton. Même si c’est dit comme un abandon et pour faire taire un silence, cela me laisse sans mots. Il me faut une seconde pour rabaisser mes mains et regarder l’inconnu connu, me rappelant ce que je sais de lui : Hawkeye, l’archer des Avengers. Archer. Flèche dans le dos… nan, me dites pas que…
Je suis blême.
Un souvenir incongru me vient en tête. Celui de la découverte des Avengers originaux, telle que racontée dans mon spectacle autobiographique. "Avec ma sœur, nous avons eu une réaction tout à fait compréhensible face à la nouvelle : CQCB ? C’est Quoi Ce Bazar ? Ironman, on l’avait on était fan. Captain America, on l’avait on était fan. Black Widow, je voulais bien postuler pour les secondes noces. Hawkeye, on l’avait et on a pas mal bidouillé des flèches piégées ensuite". Ne jamais rencontrer ses héros. Ni assumer trop vite comprendre.
Epaules basses, tristesse et fatigue se disputant mon visage, je regarde le super-héros sans trop savoir quoi dire.
Il me faut de longues secondes pour formuler quelque chose, auquel tous ont déjà dû penser, mais je le dis tout de même à Rocket.
« C’est pas possible de te faire un nouvel implant pour restaurer la fonctionnalité de ta colonne ? »
Il me semble que cela a été fait pour le Colonel Rhodes, même si j’ai pas tous les détails. C’est moche à dire mais Rocket n’est pas à un implant de plus ou de moins. De plus, on est chez les Avengers : les mecs pourraient parfaitement aller dans le passé pour empêcher les attentats, même s’ils ne feraient que créer une timeline divergente de la nôtre, donc fabriquer une prothèse qu’ils ont déjà mis au point par le passé ne devrait pas être trop difficile ; même s’il faut l’adapter à l’anatomie alien de Rocket.
A force de presser les uns contre les autres, les doigts de mes mains finissent par se croiser. Celles-ci restent devant mes cuisses, ne pouvant guère descendre plus bas malgré le concours de mes épaules.
Même s’il a été blessé, Rocket est en vie. Partant de là, à défaut d’avoir pu prévenir, il faut guérir. C’est "juste" une question de trouver comment.
The Lucky One
Clint Barton Avenger Agent du S.H.I.E.L.D. Niveau 8
Pour des gens qui étaient "contents de se voir", ils tiraient quand même de sacrées tronches d'enterrement. A l'évidence miss Orchent n'était pas habituée à voir des gens amochés, ou alors c'était moi qui étais trop blindé, à force. Les paroles de Rocket, qu'on pouvait qualifier de pessimistes même si c'était un euphémisme, ne devaient pas l'aider à encaisser le coup.
Je restais silencieux, attendant de voir s'il donnait plus d'informations, ou si elle réagissait d'une quelconque manière. Je fronçai quand même les sourcils quand il annonça qu'il n'avait plus rien à faire chez les héros. A croire que mon petit speech pour lui dire qu'il n'était pas une expérience de laboratoire pour nous, que ses actes le rendaient héroïques et qu'on n'allait pas le laisser tomber, ça avait servi à que dalle. Inutile d'insister pour le moment, vu la tronche qu'il tirait, je risquais juste de me faire virer de la chambre si je tentais t'en remettre une couche.
Quant à son invitée, elle réagit par un rire nerveux avant de placer ses mains devant le bas de son visage. Est-ce qu'elle allait se mettre à pleurer ? Pitié, pas ça… Elle ferma les yeux, se mit à trembler. Oh non, te mets pas à chialer, c'est pas ça qui va l'aider… Mon nom cité par Rocket eut le mérite de la distraire, puisqu'elle tourna le regard vers moi. Mais elle était quand même très pâle, même pour une rouquine. Comme elle restait bouche bée, j'esquissai une mimique désolée et me contentai d'un bref lever de main pour la saluer silencieusement. Lorsqu'elle réussit enfin à ouvrir la bouche, je fus soulagé de constater que c'était pour poser une question intelligente.
« C'est un peu pour ça que vous êtes là. On pense que ses implants ont été endommagés, puisque le caisson a soigné le reste. Y'a des chances que votre Facteur Guérisseur Synthétique ne marche pas plus que le caisson, par contre vos talents en ingénierie pourraient être utiles autrement. »
Ouais, j'avais fait mes devoirs. Je m'étais renseigné sur elle après qu'Emy m'en ait parlé, et que j'apprenne que cette civile était mêlée à l'enquête sur les héritiers. Cette fille revenait trop souvent dans les dossiers du S.H.I.E.L.D. ces derniers temps, et en plus c'était la frangine de Célestine Orchent. Forcément, j'avais épluché son dossier, et ce qu'on y trouvait était pour le moins intrigant.
« On a bien des gars ici qui pourraient s'en charger, mais Rocket tient à c'que ce soit vous. »
J'espérais donc qu'elle allait se remettre du choc de voir la petite boule de poils alitée. Si elle était aussi douée que l'annonçait son dossier, elle devrait pouvoir faire quelque chose pour aider Rocket. Sinon, on trouverait une autre solution.
Même si Clint ne disait rien, sans doute pour éviter de se faire rembarrer, Rocket devinait bien a son expression que l'Avenger n'approuvait pas son discoure quand a sa place dans l'équipe des héros. Pour se justifier, le gardien le regarda:
"Bah quoi? J'ai bien percuté ton petit speech sur l'amitié et tout ca, c'est pas ca le problème, j'ai juste pas envie d'être un boulet!"
Et quand il annonça la nouvelle a Lucy, son malaise s'intensifia quand il vit la réaction de celle ci. Un rictus nerveux, le début d'un rire... jaune? Puis, l'expression du choc, alors que Lucy porta ses mains a son visage. Allait-elle en plus se mettre a pleurer? S'imaginait-elle aussi qu'il était bon pour la retraite avant l'heure? Non, mais elle tremblait. Et lui? Il n'en savait rien. Actuellement, il avait l'impression de ne plus ressentir la moindre émotion, hormis la résignation. « C’est pas possible de te faire un nouvel implant pour restaurer la fonctionnalité de ta colonne ? » C'était pour ca qu'elle était la. Pourquoi elle d'ailleurs? L'instinct sans doute, ou l'impression qu'elle semblait maitriser le sujet lorsqu'ils en avaient parler... Ou le fait qu'elle soit une des seul ingénieure en qui il avait confiance, hormis Banner, qui était toujours très occupé. Il y avait a la limite le petit Parker, mais c'était un gamin... aussi sympathique et brillant soit-il, Rocket n'était pas prêt a laisser sa colonne vertébrale entre les mains d'un adolescent tout juste sortit de l'école.
Ce fut Clint qui répondit a la sugestion de la jeune femme et Rocket n'avait rien a ajouter, son ami avait tout dit. A présent, une question subsistait et pas des moindre, puisqu'il s'agissait de ce qui pouvait l'angoisser le plus en dehors de risque de se retrouver infirme pour le reste de son existence:
"Et comment on fait chez vous pour remplacer un machin dans le dos qui n'est pas sensé exister a l'origine ?"
Bien qu'il n'était pas sure de vouloir savoir tout dans les détails, il espérait que les méthode terrienne ne ressemblaient pas a celles des Kree en matière de chirurgie...
C’est bien, on est deux en soutien de Rocket et on sait tous les deux pas quoi dire. C’est du travail d’équipe ! D’ailleurs, la réponse à ma question me signifie ma place dans ladite équipe : implants endommagés, d’où l’inefficacité du caisson U-GIN et de mon Facteur Guérisseur parce que le super-héros sait pour son existence, donc besoin d’ingénieurs.
« On a bien des gars ici qui pourraient s'en charger, mais Rocket tient à c'que ce soit vous. »
Bonjour, vous êtes bien sur le numéro de Lucky Orchent. Je vous proposerai bien de laisser un message ou de rappeler plus tard mais le répondeur est actuellement saturé. A toute.
Ma gorge se serre, rejoignant mes épaules basses et mes mains jointes au niveau de mon entrejambes. J’inspire par le nez et souffle par la bouche. J’ai l’impression d’être à la masse mais je ne peux pas me le permettre.
« Et comment on fait chez vous pour remplacer un machin dans le dos qui n'est pas sensé exister a l'origine ? »
Je déglutis afin de rompre l’étreinte sur ma gorge. Je libère mes mains afin de me remettre en mouvement. Je m’en vais jusqu’au lit et m’assieds sur le matelas, à côté de Rocket.
« Toi, tu vas dormir, tâche-je de lui sourire à travers la fatigue, tendant mes mains pour prendre la sienne dans l’une et la couvrir de l’autre, tout en le fixant dans les yeux avec douceur. Nous… je vais avoir besoin de l’aide de techniciens et de chirurgiens. Promis, je vais tout diriger. »
Au risque d’être cynique, Joseph peut m’être témoin que je n’ai aucun souci à donner des ordres aux gens qui bossent pas pour moi. L’ouragan des attentats a néanmoins soufflé toute négociation de mon côté : je suis bien moins intéressée par me faire de l’argent via la propriété intellectuelle des échantillons de Luke Hunt que la possibilité de guérir par les travaux qu’ils permettent. Il y a urgence et, comme pour l’absence de création associative, je laisse les relations publiques liées à ma philanthropie au second plan de celle-ci.
« On va te faire un CAT-scan. Ça va nous permettre de faire une modélisation 3D de ta structure anatomique. On pourra alors voir les implants. »
Je marque une pause afin de ne pas aller trop vite, pour lui comme pour moi. Même si les événements l’amènent à être plus réactifs, je me doute que Rocket est aussi fatigué. De plus, il est effrayé et a replongé dans les tourments sur lesquels on a discuté, il y a une quinzaine de jours.
« En comparant avec ton dossier médical avant le caisson, on saurait lequel est défectueux. Soit la technologie d’ici est suffisamment avancée pour qu’on puisse analyser aussi l’implant à travers toi, soit… »
Une inspiration. Un soupir. Désolé.
« Il faudra qu’on rouvre. Qu’on l’enlève. »
Je suppose que les super-héros ont considéré le caisson de régénération U-GIN comme une boite magique, genre on met les popcorns au micro-onde et on attend. Je ne suis pas familière de la technologie au-delà de ce que j’ai pu en lire sur les publications d’Helen Cho. Cependant, j’en sais suffisamment pour savoir que la technologie est incapable d’affecter des matériaux inorganiques. Certes, il y a le cas de Vision ; pour moi, il demeure un mystère. Je ne suis pas là pour ça.
« Je sais que tu as peur de ça, Roro, dis-je en lui serrant la main des deux miennes ; pas pour lui faire mal, sous réserve que j’ai la force de le faire, mais pour lui montrer mon soutien. Tu dormiras durant tout le processus. Et puis tu sais qu’on fait ça pour ton bien, hein ? »
Est-ce que j’aurai mieux fait de me la fermer et de ne pas parler de ça devant lui ; de crainte qu’il soit agité et ne refuse la procédure ? Peut-être. Je n’y ai pas pensé avant. Après, il faut aussi voir que je suis sincère. Okay, je ne l’ai pas toujours été. Encore après, je le suis quand il faut.
« Ey, baisse pas le visage, dis-je en me penchant en avant pour que ma seconde main passe de la sienne à son menton histoire de lui relever celui-ci. Certes, ça serait pas la première fois que tu te retrouves face à face avec mon décolleté mais aujourd’hui y’a un témoin. Faudrait pas qu’il te prenne pour un pervers. »
Voilà, tu n’as pas le droit de baisser le visage de tristesse sinon tu vas rougir à cette idée ! Ne me remercie pas, c’était gratuit. Dans les deux sens du terme.
« Tu te souviens le dessin de toi que j’ai fait, demande-je avant de me demander si je le lui ai montré. J’ai appris à dessiner avec la biologie. Je m’y connais un peu. Je surveillerais, promis. »
Si Hawkeye a étudié mon dossier, il doit savoir que je suis une consultante en ingénierie pédagogique pour le SHIELD ; aka un hors sujet de niveau olympique. Niveau ingénierie, je ne suis pas à côté de la planque : je suis à côté de plusieurs, de plaques. Et j’ai pas le titre d’ingénieure, par absence de diplôme. Cependant, tous les ingénieurs, techniciens, médecins et chirurgiens des Avengers manquent de quelque chose que j’ai : la confiance de Rocket. Il va falloir qu’on s’y colle tous pour arriver à faire quelque chose.
« Je vais tellement leur coller aux fesses qu’ils vont me prendre pour du papier abrasif ! »
Arrive-je à te faire rire, Rocket ? Même si c’est bien plus moyen que d’habitude, je fais de mon mieux. Le long silence qui s’en suit témoigne néanmoins du temps nécessaire à ce que je retrouve ma pensée et mes mots.
« Après, qu’ils m’aient pris pour du papier abrasif et qu’on ait pu scanner l’implant, on va pouvoir l’analyser via logiciel. Pour les parties intactes, ça va être facile. Pour les parties endommagées… »
Ben ça va pas être aussi facile, logique. Quand tout sera terminé, il faut vraiment que je fasse un tour de cadrant dans mon bus. Nathan et Enzo auront qu’à dormir à l’auberge, personne ne devra déranger la marmotte avant qu’elle ait fini. Sinon, ça sera considérer comme un crime de l’aise majesté. Voilà.
« Merci ma Chance, j’ai une approche biomimétique des choses. Je me base sur la nature pour inspirer mon ingénierie. Du coup, ça devrait être facile de restaurer les fonctions motrices normales. »
Certes, Rocket parlait à l’instant d’un machin qui n’est pas sensé exister à l’origine. Maintenant, s’il a effectivement une structure anatomique proche du raton-laveur et modifié pour devenir plus proche de celle d’un humain… ben ça tombe bien, je suis très familière de celle des humains et je saurais trouver les informations dont j’ai besoin pour celle des raton-laveurs. Je sais vers quoi on doit aller, sachant que c’est ce de quoi on part aussi avec les implants. Mais je vais peut-être apprendre de mon erreur précédente et ne pas en parler ainsi.
« Tu aurais surement besoin de béquilles durant le temps de ta rééducation… mais tu finiras par marcher à nouveau. Surtout que War Machine a eu le problème aussi, donc on pourra s’inspirer de son implant aussi. »
Note à moi-même : arrêter de faire des associations d’idées à rebours, les gens ne me suivent plus après. Or, actuellement, c’est important qu’ils me suivent. Au moins un. Surtout que l’autre ne sait pas que trouver une idée dans ma tête c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, moyennant l’usage d’un aimant. Ça arrive plus ou moins vite et ça s’accompagne toujours d’autres choses !
« J’ai pas besoin de te le promettre, tu sais comment ça marche. Sauf erreur, je ne me trompe jamais. »
Mon humour, est-ce que tu peux venir là s’il te plait ? Mais non, je vais pas t’engueuler. Par contre, si je peux te donner des points pour l’effort, peut-être sous conseil de la mauvaise foi, je suis pas certaine pour que tu sois parti pour avoir la moyenne là. Dans le match qui t’oppose à la fatigue, t’es un peu un bleu russe face à un tigre de Sibérie actuellement.
« Ceci étant dit, les fabricateurs Stark Indrustries nous permettront de synthétiser le nouvel implant dès qu’il sera conçu. Je devrais te remercier : en plus de m’avoir fait monter dans un vaisseau spatial, tu me permets de toucher à ça. »
On va pas se mentir, même si j’aurai aimé que ça soit dans d’autres conditions, avoir accès au top des technologies Stark c’est quand même une expérience que tout geek et nerf aimerait ; surtout que le Fabricateur, basé sur la technologie U-GIN mais à des fins mécaniques et non biologique, permet de construire ou d’assembler pratiquement n’importe quoi si on lui donne les plans. C’est littéralement une usine automatisée qui tient dans un véhicule ce truc-là !
« D’ailleurs, je me permettrais de mettre ma griffe dessus : ça te fera une sorte de talisman porte-bonheur. Et je pourrais dire que j’ai mon nom marqué sur toi sans avoir à t’offrir de gourmette. »
Je me redresse avant de faire un petit acquiescement satisfait. Je prends bien le temps de remonter le moral, ou d’essayer, car il n’y a pas le feu à entamer la procédure. D’une certaine manière, même s’il n’y avait pas le traumatisme des expériences menées sur lui, Rocket resterait tant composé par ses organes que par ses implants. Il faut donc non seulement dédramatiser la procédure mais également le changement d’implant, sinon il va grimper à la barricade et on va se retrouver face à un mur.
Doucement, je ramène ma main à la sienne. Avec douceur, je lui souris. Un sourire cordial, au sens premier du terme. Un sourire qui atteste de la sincérité et de la vivacité, même si elles sont teintées de fatigue aujourd’hui.
« En parlant de mon nom sur les choses, tu pourras toujours venir te reposer à ma petite hutte en dehors de New York, quand tout ça sera passé. »
C’était pour cela que l’on était venu, au départ. L’emmener à la Maison des Jardins. Nathan et Enzo doivent toujours s’attendre à cela. Je devrais appeler Enzo pour lui dire d’aller dormir. Et à passer à une pharmacie parce que je pense qu’on va en avoir un bloc de médocs pour Rocket, quand tout sera fini. Mais ne mettons pas le traîneau avant les chiens, ça glisse moins bien.
« Parce que tout va se passer et bien se passer, même si c’est un mauvais moment. Rappelle-toi : tout vient à point à qui sait m'attendre. Et je suis là. »
J’attends encore un moment pour essayer d’avoir un sourire de ta part, Rocket, sachant que je me contenterai du plus maigre qui soit.
« Je te laisse réfléchir, tu me dis quand tu es prêt, okay ? »
Lorsque j’obtiens l’accord, ou le désaccord mais du coup cela délai plus qu’autre chose, je me relève. Quelques pas me sont nécessaires à contourner le lit et à faire face à Hawkeye, envers qui je n’ai pas du tout le bon comportement depuis le début.
« Vous avez lu mon dossier, dis-je sobrement, consciente que sans cela il ne saurait pour le FGS. Vous savez donc qu’un génie sommeille en moi… mais malheureusement il dort tout le temps. Je vais le réveiller pour Rocket. Vous pourrez me donner l’équipe et l’équipement nécessaire ? »
Bras le long du corps et dos aussi droit que la fatigue me le permet, je regarde gravement le super-héros en me contentant de chercher à savoir ce qu’il peut faire plutôt que ce qu’il a fait. Joseph n’a pas apprécié que j’utilise ses installations dans l’urgence et, si j’aurais su me défendre devant la justice même si j’avais été attaquable parce que le SHIELD m’avait lâché, je vais essayer de ne pas faire la même ici. Nous sommes chez les Avengers et c’est Stark Industries qui les finance. J’ai donc besoin de l’autorité d’un Avenger ou d’un cadre de Stark Industries pour étayer la mienne. S’il m’est possible de passer un coup de fil à Virginia Potts, je préfère miser sur ceux qui ont accepté de m’appeler.
The Lucky One
Clint Barton Avenger Agent du S.H.I.E.L.D. Niveau 8
Que Rocket n'ait pas envie d'être un boulet, je pouvais tout à fait le comprendre. Moi-même je m'entraînais dur chaque jour pour être à la hauteur, et si j'avais été à sa place, je l'aurais très mal vécu aussi. Mais tout espoir n'était pas perdu. On finissait toujours par trouver une solution. Et la solution du jour était une ingénieure suisse à talons hauts. Espérons seulement qu'elle puisse répondre à ses questions, et surtout à ses craintes, sans l'inquiéter davantage.
Elle se mit enfin en mouvement, venant s'asseoir à côté de Rocket pour lui tenir la patte, puis prit la parole après avoir dégluti, sans doute pour se donner du courage et s'éclaircir les idées. Elle expliqua alors la procédure qu'elle comptait "diriger" - le mot ne me plaisait pas, mais je comprenais qu'elle l'annonce ainsi pour le rassurer.
Le surnom de Rocket me fit lever un sourcil mais je restai silencieux. J'allais d'ailleurs m'asseoir à mon tour, sur la chaise que j'avais apportée pour qu'on regarde le film. A présent qu'elle était lancée, la suisse semblait ne plus pouvoir cesser de parler. Elle fit d'ailleurs quelques tentatives d'humour assez maladroites, mais elle semblait bourrée de bonnes intentions. Elle reprit les explications, que je trouvais étonnamment claires. Ou peut-être était-ce parce que j'avais trop fréquenté des gens comme Tony Stark et Bruce Banner, qui une fois embarqués dans des explications techniques avaient aussi du mal à s'arrêter.
L'évocation des problèmes de War Machine me surprit un peu. Elle avait planché sur le sujet des Avengers, à priori. Ce n'était pourtant pas un épisode dont on était fiers et on ne s'en était pas vraiment vantés. Mais elle avait raison, si Rhodes avait pu remarcher grâce aux technologies Stark, ça pouvait aussi fonctionner pour Rocket… même si Rhodes était un humain, ce que le petit Gardien pourrait avancer comme contre-argument. Mais miss Orchent avait l'air de maîtriser son sujet, et les différentes étapes d'analyses nécessaires pour résoudre ce cas bien spécifique.
En attendant, si elle avait mis du temps à démarrer, la machine était maintenant lancée à pleine vitesse. Elle nous noyait sous un flot de paroles, et son humour ne s'améliorait pas. Je l'écoutais avec un mélange de perplexité et d'admiration. Tous les génies avaient un brin de folie, après tout. Elle avait aussi cette petite touche d'orgueil qui me rappelait Stark.
Elle finit par annoncer à Rocket qu'elle le laissait réfléchir, bien que tout son discours sous-entendait tout de même qu'elle ne prendrait pas un non pour une réponse, puis elle se releva et se tourna vers moi, m'adressant enfin la parole. Elle avait habilement procédé, en détaillant tout ce qu'elle pouvait faire avant de me demander l'autorisation pour le faire. Ainsi, si je refusais, je passerais pour un beau salaud. Ce n'était de toute façon pas dans mon intérêt, ni dans celui de Rocket, mais je notai silencieusement les talents de manipulation de l'artiste.
« Je vais mobiliser du personnel médical et des techniciens de Stark Industries avec qui vous collaborerez. »
Ma réponse était laconique mais efficace. J'avais choisi mes mots avec soin : nos hommes travailleraient avec elle, et non pas pour elle. C'était tout de même une nuance importante, même si en soi elle allait mener le projet. Je consultai rapidement ma montre, pour constater qu'il était un peu tard pour entamer des démarches administratives.
« Vous aurez accès à tout l'équipement nécessaire au sein de ce complexe. Il vous faudra bien sûr signer un bon p'tit paquet de formulaires et de clauses de confidentialité. Vous aurez tout ça demain matin. A condition, bien sûr, que Rocket accepte le lancement de cette procédure. »
Vu que c'était lui qui avait fait venir miss Orchent, j'estimais qu'il y avait peu de risques qu'il refuse sa proposition, mais je préférais ne pas m'avancer avant d'avoir sa confirmation claire et nette.
Lucy lui répondit, d'une manière aussi claire que possible comment allait se dérouler la procédure. A première vue, cela n'avait pas l'air si terrible... même si il fallait croire que les choses n'étaient pas si différente sur terre et sur Halfworld: On endort, on opère, on réveille, on observe. Une différence ici cela dit: il ne s'agissait pas de faire un nouvel essais de bidouillage et de voire comment il était supporté, mais bien de remplacer une partit défectueuse. En somme, de la médecine, pas une expérience, même si la procédure serait ici expérimental. Faire de la chirurgie sur un être génétiquement modifié et en partie cybernétique devait être une première, même dans l'unité médicale des Avengers.
A chaque phrase d'explication, Rocket répondait d'un petit hochement de tête plus ou moins assuré, essayant de ne pas montrer le fait que son estomac se tordait un peu plus au fur et a mesure que la description avançait. Lucy pouvait malgré tout sentir la petite main du gardien se crisper entre les sienne. «Soit la technologie d’ici est suffisamment avancée pour qu’on puisse analyser aussi l’implant à travers toi, soit… Il faudra qu’on rouvre. Qu’on l’enlève. » Un spasme, semblable a une nausée, et une légère sensation de vertige. Comme si il n'était pas suffisamment diminué comme ca, il fallait en plus qu'il commence a faire un malaise! Au moment ou Rocket commença a s'affaisser dans son lit, Lucy lui releva la tête vers elle d'une main. « Ey, baisse pas le visage, Certes, ça serait pas la première fois que tu te retrouves face à face avec mon décolleté mais aujourd’hui y’a un témoin. Faudrait pas qu’il te prenne pour un pervers.» Si son visage n'était pas entièrement recouvert de fourrure, Clint et Lucy l'auraient vu a cet instant passer du blême au rouge pivoine en une fraction de seconde
"Hey mais je... J'suis pas comme ca!"
Dit-il précipitamment et affreusement gêné. Cela avait eu au moins le mérite de lui faire reprendre ses esprits, même si ce n'était pas non plus la grande forme. Tournant son regard encore vitreux vers Clint, Rocket supplia silencieusement ce dernier de confirmer ses dires quand au fait qu'il n'avait jamais eu d'intention perverse envers qui que ce soit. Son esprit embrumé eu un sursaut d'activité quand Lucy lui parla d'un dessin de lui qu'elle avait fait, mais il ne parvenait pas a s'en rappeler
"Un dessin ? La comme ca, ca me rappel rien"
La jeune femme promis ensuite de rester a surveiller la moindre étape de la procédure, assurant même pouvoir « tellement leur coller aux fesses qu’ils vont me prendre pour du papier abrasif ! ». Cette affirmation eu le mérite de faire ricaner faiblement Rocket. C'était toujours ca de gagner vu les circonstances. L'explication se poursuivit et même si il avait un peu de mal a suivre par moment, il comprit l'essentiel. ils feraient tout leurs possible pour qu'il puisse marcher a nouveau, mais il devrais utiliser des béquilles. Fort heureusement, cela serait temporaire. Son regard se dirigea presque instinctivement sur la mini paire de béquilles qui lui étaient destinée, mais il ne dit rien. «Je devrais te remercier : en plus de m’avoir fait monter dans un vaisseau spatial, tu me permets de toucher à ça. »
"Ca", c'était la technologie Stark. Sans doute un rêve éveillé pour quelqu'un comme Lucy. Clint assura qu'il allait lui donner les accès et de mobiliser le personnel nécessaire. Pour cela, Rocket n'avait qu'un mot a dire. Un simple oui. Si la procédure en elle même l'effrayait au plus haut point, ca ne serait sans doute pas pire que de passer le restant de ses jours avec une jambe infirme. C'était tout réfléchit pour lui, il ne s'opposa même pas au faite que Lucy mette sa griffe sur son implant. Si il n'y avait que ca pour lui plaire, qu'elle se fasse plaisir:
"C'est bon pour moi, faites ce qu'il faut. Tout ce que je demande, c'est de ne pas finir dans je ne sais quel hôpital, ou pire, chez l'un de vos vétérinaires."
Il finit par dire, en regardant tour a tour Lucy et Clint, bien décider a leurs accorder une confiance fragile mais sincère
"le plus tôt sera le mieux"
Les dés étaient jetés et un retour en arrière n'était pas dans son intérêt, malgré toutes les angoisses et les mauvais souvenirs que pouvaient lui rappeler la procédure « Je vais tellement leur coller aux fesses qu’ils vont me prendre pour du papier abrasif ! » « Je vais mobiliser du personnel médical et des techniciens de Stark Industries avec qui vous collaborerez. » Sous la supervision de Clint et Lucy, Rocket savait qu'aucune bavure ne serait possible. C'est donc en toute connaissance de cause qu'il donnait son accord
Un acquiescement et un acquiescement ainsi prends-je tous ceux que Rocket peut me donner, indifféremment de la qualité. Je vois la peur. Cela m’amène à appréhender qu’il n’y ait pas le courage mais c’est de Rocket dont on parle. Il sera courageux. Est courageux celui qui affronte ses peurs, non celui qui n’en a aucune. Je soutiens sa main, qu’importe combien elle se crispe entre les miennes, et je soutiens son regard, qu’importe les maux apportés par mes mots. Spasme. Malaise. Déconcentration. Décolleté. Et voilà !
« Hey mais je… J'suis pas comme ça ! »
Non, sinon ma diversion n’aurait pas marché. Elle l’a fait. Parfait. Bon, il faut trouver le soutien visuel d’Hawkeye mais je sais jouer en équipe. Si. Faut juste que je donne les ordres. Je suis un chat : quand je parle de mon équipe, c’est un possessif et non d’appartenance !
Que Rocket ne se rappelle pas du dessin me fait hausser une épaule. Tant pis, il a compris. Il rit même à la suite, ce qui me fait sourire plus sincèrement. Je m’en sors bien, malgré les difficultés. Lorsque je me tourne vers l’Avenger, je le retrouve assis sur une chaise que je n’avais même pas remarquée. Sa réponse est concise et j’y acquiesce simplement. Il n’y a pas vraiment de remerciements, même si j’hésite à en faire après ce constat. C’est surtout la fatigue qui me prend actuellement. Je ne comprends pas pourquoi il regarde sa montre jusqu’à ce qu’il m’explique.
Accès à tous l’équipement nécessaire, matériel et humain, au sein du complexe. Peu étonnant, puisqu’ils auraient pu gérer cela sans moi s’ils avaient eu quelqu’un d’autre pour avoir la confiance de Rocket au niveau médical.
« Il vous faudra bien sûr signer un bon p'tit paquet de formulaires et de clauses de confidentialité, enchaine-t-il en me faisant sourire avec connivence, avant de me surprendre. Vous aurez tout ça demain matin. »
Que Rocket accepte le lancement de la procédure est une condition sine qua non. Que la procédure ne commence que demain me surprend mais, d’un autre côté, est logique. Le temps de rassembler l’équipe et les instruments. Merci ma Chance, cela me donnera aussi le temps de dormir. Tant pis pour mon tour de cadrant, je ferais sans.
« C'est bon pour moi, faites ce qu'il faut, confirme Rocket, m’amenant une nouvelle fois à acquiescer sobrement. Tout ce que je demande, c'est de ne pas finir dans je ne sais quel hôpital, ou pire, chez l'un de vos vétérinaires.
- Tu ne bougeras pas de la base, promis, réponds-je simplement, puisqu’Hawkeye m’a déjà confirmé qu’il y aurait tout ce qu’il faut ici.
- Le plus tôt sera le mieux. »
Je lui souris. Le plus tôt semble être demain matin mais le matin peut commencer très tôt ; peut-être même trop tôt, pour moi. Cela doit déjà lui sembler bien loin, pour lui.
« J’ai la Lucky Mobile sur le parking, donnez-moi un horaire et j’y serais. »
Je suis suisse. Je suis à l’heure. Question d’éducation. De cliché, aussi, mais il a une base de vrai ! Bon, je ne demande pas vraiment la permission de l’y laisser là mais si je me fais virer j’irai dormir plus loin. On est dans un parc national, les aires ne doivent pas manquer ; pas plus que les endroits pour du camping sauvage.
« Repose-toi bien Roro, conclus-je avec sourire et signe de tête comme de main, avant de me retourner vers monsieur Barton. Puis-je vous prendre quelques instants, afin de définir l’équipe ? »
Non, il ne peut pas vraiment dire "non". Du coup je commence d’ores et déjà à sortir de la chambre. Parler de cela dans le couloir et en marchant me semble pertinent. J’ignore si l’agent de sécurité de Stark Industries continue de m’attendre ou est déjà reparti. La seule importance que cela a est qu’il aura peut-être de quoi noter. C’est l’une des deux raisons pour lesquelles j’attends d’avoir franchi le seuil et refermée la porte pour parler.
« On va avoir besoin d’une équipe de chirurgie, avec anesthésiste. Si possible, j’aimerai coupler ce dernier avec un vétérinaire. La morphologie de Rocket semble hybride entre l’humain et le raton-laveur ; j’aimerai donc quelqu’un qui connaisse cette dernière. »
Etant un nuisible en Amérique du Nord, le raton laveur ne doit pas être considéré comme un animal exotique ; ni comme un NAC.
« J’ai conscience que les ressemblances morphologiques n’impliquent pas des similarités physiologiques mais généralement elles se répercutent sur l’anatomie. Même si Rocket fonctionne comme un mammifère, l’avis d’un spécialiste familier du non-humain sera un plus. »
Au risque d’être raciste, je ne comprends pas comment Rocket ou Groot peuvent être attirés par des êtres humains. Physiquement parlant. Peut-être est-ce une question d’espèce sentiente et d’absence d’autre choix. Après, ça n’empêche pas que la barrière spéciste me pose problème ; surtout avec des différences morphologiques aussi grande. Qu’un Asgardien ou autre individu pouvant passer pour humain, et inversement percevoir un humain comme un membre de son espèce, ait l’attirance ou attire ne m’étonne pas. Mais pour des espèces morphologiquement éloignées… après, je ne comprends pas la zoophilie et il y a tout un pan culturel qui m’est étranger : les couples interraciaux sont peut-être parfaitement normaux et acceptés dans la société galactique d’où vient Rocket. Ça serait même rassurant pour l’égalité entre les peuples, à défaut que la nature permette toutes les hybridations. Je suis fatiguée et je me perds…
« Au niveau des autres spécialistes, il va falloir un biologiste, un ingénieur système, un designer et un biomécanicien. Si on peut avoir un technicien dans la phase de conception, c’est encore mieux. »
Techniciens et ingénieurs ont tendance à ne pas s’aimer. L’ingénieur se préoccupe de comment le produit doit être fait, le technicien de comment faire le produit. Un ingénieur ne s’intéresse pas forcément sur la difficulté de création des pièces demandées pour les techniciens. Un technicien n’ayant aucune idée des attentes réelles des ingénieurs il devra faire et refaire les pièces jusqu’à ce qu’elles soient parfaites. Et c’est ainsi qu’un technicien peut passer 12h de travail sur la réalisation d’un objet au dixième de millimètre près que l’ingénieur qui l’a commandé utilisera en porte-gobelet. Cette anecdote n’est pas du tout véridique mais, heureusement, c’était pas moi l’ingénieure ! D’où le temps gagné d’avoir un technicien dans l’équipe de design : il pourra donner des conseils sur comment faire les pièces demandées le plus simplement possible. Okay, la technologie d’impression 3D simplifie beaucoup la tâche aux techniciens mais si l’ingénieur demande un truc qui fonctionne sur son logiciel de design mais qui ne peut pas être matériellement créé… le problème est le même, juste que le technicien doit comprendre ce qui ne fonctionne pas sur la machine. Et je ne parle même pas de quand les ingénieurs n'utilisent pas les chartes standards, chose obligeant les techniciens à commander de nouvelles pièces pour les machines alors qu’ils ne les réutiliseront probablement jamais. Je me souviens de ma sœur demandant à un technicien de Tec-Novita de lui faire une pièce avec une épaisseur de 0,3mm. Sur son logiciel de calcul, sa pièce aussi épaisse qu’une feuille de papier faisait parfaitement sens ! Par contre le mec sur sa machine a dû recommencer pendant des plombes parce que le matériau pétait pour cause de surchauffe durant son affinement. Et oui, je parle toujours du porte-gobelet. Qui aurait parfaitement être plus épais, d’ailleurs. J’ai une liste de cinq points pour qu’ingénieurs et techniciens s’entendent mais ça commence à faire un moment que je me suis encore perdue à marcher en regardant mes pieds et suivant le rythme…
Enfin Bref.
« Je superviserai et essaierai que tout le monde parle la même langue, si nécessaire. »
Est-ce que j’aurai pu essayer de tout faire toute seule ? Oui. Cependant, comme je le disais à Joseph, je conçois ma posture de généraliste comme complémentaire à celles des spécialistes. Je dois être capable de comprendre ce que chacun dit afin de le rendre compréhensibles pour les autres. Pas besoin d’être une spécialiste moi-même pour ce faire.
« Je suppose aussi que le matériel me sera expliqué demain, conclus-je doucement. Juste, j’ai une question… comment est-ce arrivé ? »
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