Erik poussa la porte et entra dans la pièce. La scène qu'il y vit ne suscita aucune émotion chez lui, probablement supplantée par son état mental actuel. Bien sûr, Raven trouvait du réconfort auprès de Charles, c'était naturel, et il lui offrait ce réconfort de bon cœur. Ignorant la pointe de jalousie qui le piquait, Erik se dirigea sans un mot vers le bar et se servit un autre verre, qu'il commença à boire doucement, évitant de croiser le regard de l'un ou de l'autre, encore indécis sur ce qu'il allait dire.
Après quelques gorgées, il reposa son verre et, sans les regarder, se décida à parler :
"Je ne sais pas quoi penser. Je ne sais pas ce que tu attends de moi, Raven."
C'était la pure vérité. Bien qu'étant manipulateur, Erik préférait la vérité et la franchise. Et dans cette situation, même si ça devait admettre une faiblesse chez lui, il préférait être franc : il ne savait vraiment pas quoi penser. Devait-il reconnaître ces enfants ? Il aurait des doutes toutes sa vie quant à sa paternité. Il ne pensait pas non plus qu'imposer un test de paternité était une bonne chose, ne serait-ce que parce qu'il ne faisait pas confiance aux humains pour tester ce genre de chose sur une mutante. Sans compter qu'il ne pouvait pas vraiment circuler librement à New York en ce moment.
Il ne les regardait toujours pas. Il attendait une réponse. En l'état, il ne pouvait pas les regarder dans les yeux, craignant de voir sa colère ressurgir s'il le faisait. Mais il avait besoin de cette réponse. Pour réfléchir.
Old memories, they don't go away They show up before you leave And disappear when you wish they'd stay No heart is immune, no secret is kept Yeah, they only get stronger with age Old memories, they don't go away. Alicia Keyes
A nouveau mon cœur battait fort dans ma poitrine alors que j’avais la confirmation que c’était Erik derrière cette maudite porte. Immédiatement Charles vint près de moi me prendre la main, et je tentais de ne pas trop serrer la sienne face à mon stress visible et manifeste.
Mon regard se posa sur l’homme qui maitrisait le métal, alors que j’étais complétement angoissée. Ma main serra un peu plus celle de mon frère. Sans un mot, Erik parti se servir un verre mais jamais ces yeux ne se posaient sur nous.
Je devais bien évidement le dégouter. Et je n’étais pas surprise du tout vu que c’était aussi ce que je ressentais. Il prit enfin la parole, et je restais de longues secondes, muette. J’avais anticipé cette question, j’avais réfléchi mille et une fois à la réponse, mais aucune ne me paraissait juste. L’estomac noué, j’entrouvris la bouche.
Ne vomis pas encore Raven, ne vomis pas encore Raven, ne vomis pas encore Raven. Ces mots tournaient en boucle dans ma tête. J’essayais de me donner du courage comme je le pouvais. Et, de mon côté aussi je n’aurai pas été contre un petit verre.
- Je sais que tu n’as jamais voulu cette situation. Je … je ne veux t’obliger à rien si tu n’en as pas envie. Je sais qu’il faut que je fasse un test de paternité. Mais … Je n’ai pas confiance … Je … J’ai peur.
Peur du monde médical en général. Peur des dérives que peuvent avoir les scientifiques. Peur de l’utilisation de mon sang. Peur de demander de l’aide. Peur de laisser quelqu’un m’approcher de la sorte. Peur de me sentir sans défense. Peur de laisser des inconnus planter une immense aiguille dans mon ventre pour prélever je ne sais quoi. Peur d’avoir des complications pour la grossesse suite à cela. Peur de les perdre tout simplement. Peur d'être abandonnée. Peur du résultat. Mais pouvais-je le dire à voix haute sans passer pour une femme égoïste, égocentrique et paranoïaque ?
Au fur et à mesure que mon cerveau égrainait mes peurs ma main serrait de plus en plus fort celle de Charles sans que je ne m’en rende compte.
(c) princessecapricieuse
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Erik avait trouvé le courage de revenir dans le bureau. Il n'était pas parti comme un voleur, et c'était une bonne chose : Raven en aurait été encore plus bouleversée. A présent, qu'allait-il lui dire ? Il ne parla pas, ne les regarda pas dans les yeux. Il se dirigea vers le mini-bar qui heureusement était toujours bien fourni, notamment en whisky de haute qualité que Charles et Erik affectionnaient tant. Le télépathe attendit en silence, serrant la main de sa soeur. Il ne fallait surtout pas brusquer les choses.
L'ancien amant de Raven finit par prendre la parole, même s'il ne parvenait toujours pas à se tourner vers elle. Ses mots ne surprirent pas Charles : il était bien trop tôt pour prendre une quelconque décision, il était encore trop guidé par ses émotions pour avoir l'esprit clair. Quant à Raven, il était plus que probable qu'elle ne sache pas non plus ce qu'elle attendait de lui. Elle aussi mit du temps à répondre, et le silence devenait pesant. Lorsqu'enfin elle s'exprima, elle pensa avant tout aux sentiments et à la volonté d'Erik, avant d'avouer ses peurs.
Charles haussa brièvement un sourcil surpris. C'était bien inhabituel de la part de Raven. Mais il songea que sa peur allait bien au-delà de la crainte des médecins : le test de paternité aurait tout à fait pu être fait par Hank ou Lynda, et lui-même serait en mesure de déterminer l'ascendance des bébés à leur naissance. Non, elle avait surtout peur de ce que cela impliquerait, craignait probablement autant la possibilité qu'Erik soit le père qu'il ne le soit pas. Elle avait également peur d'être mère, d'élever ces enfants seule, même si Charles avait fait au mieux pour la rassurer sur ce point – ce qu'Erik n'était pas en état de faire actuellement. Comme elle serrait sa main de plus en plus fort, au point de lui faire mal, Charles posa sa seconde main sur celle de Raven et appuya légèrement dessus pour lui faire réaliser qu'elle avait un peu trop de poigne, avant de s'exprimer à son tour :
« Beaucoup de choses ont été dites ce soir, et vous êtes tous deux bien trop bouleversés pour pouvoir prendre une quelconque décision. Prenez le temps d'assimiler tout cela. Vous en reparlerez à tête reposée. »
Il ne donna aucun avis personnel et tâcha de ne rien dire ou montrer qui pourrait les influencer d'une quelconque manière. Il ne pouvait prendre ici que le rôle de médiateur. Pour la suite, lorsque Raven et Erik se reverraient, Charles se montrerait disponible s'ils le demandaient, ou les laisserait régler cela seuls s'ils le préféraient. Ce n'était de toute façon en aucun cas à lui de décider quoi que ce soit pour eux.
Au final, elle était aussi incertaine que lui. Il n'avait pas eu de réponse concrète, juste des mots hésitants. Pourtant, elle avait eu tout le temps d'y réfléchir, elle. Lui venait seulement de l'apprendre, mais elle devait le savoir depuis un moment, vu son état. Elle ne s'était pas posé la question ? Aaaah, Raven, se dit-il en silence, quand avait disparu cette femme volontaire ? Au final, Erik n'eut pour toute réponse qu'un soupir, avant de se reprendre.
"Je suis de l'avis de Charles, ça ne sert à rien d'en parler maintenant. Je vais retourner m'occuper de mes affaires."
Sans leur porter un seul regard, Erik s'empara d'une feuille de papier et commença à griffonner un numéro de téléphone portable dessus. Il reposa ensuite le stylo d'un geste sec et tourna enfin la tête vers eux, même si ses traits s'étaient lourdement durcis. Il prit soin cependant de ne croiser aucun regard, comme s'il regardait plutôt le mur qui se trouvait entre eux deux.
"J'ai mis mon numéro de téléphone. Je n'ai pas une bonne couverture réseau mais je peux recevoir les messages quand je suis à New York. J'imagine que je peux vous faire confiance pour qu'il ne tombe pas entre de mauvaises mains."
À vrai dire, Erik savait que, même avec les différents qui les opposait, la probabilité pour que Charles le livre à la police était infinitésimale. Mais c'était encore sa colère qui parlait pour lui. Ce qu'il voulait surtout, c'était qu'il n'y ait plus d'excuse pour qu'ils ne puissent pas se contacter. Il espérait ainsi laisser une porte ouverte, qu'il choisirait librement de fermer si la situation l'exigeait. Après quoi, il enfila sa veste et remit son chapeau, prêt à partir.
Old memories, they don't go away They show up before you leave And disappear when you wish they'd stay No heart is immune, no secret is kept Yeah, they only get stronger with age Old memories, they don't go away. Alicia Keyes
La main de Charles sur la mienne me sorti de l’état presque létal dans lequel je me trouvais. Je ne me rendais pas compte de ma force et je serais trop fort sa main. Immédiatement, ma main n’exerça plus aucune pression sur la sienne. Je refusais de lui casser sous prétexte que j’étais chamboulée.
Bonne route ? Rentre bien ? Non. Je ne pouvais pas décemment dire cela à Erik. Pas comme si ne rien n’était pas après ce que je venais de lui apprendre. Cela serait faire preuve de lâcheté et de fausseté et je détenais déjà la palme d’or pour ce soir. J’hochais la tête mollement, de toute façon il n’y avait rien d’autres à dire ce soir. Vous aviez été assez clairs tous les deux sur le sujet.
- Oui … bien sur….
Même si je me doute que j’ai trahi ta confiance et que je ne suis pas sure que tu veuilles un jour me reparler. Mais au moins, si tu me laisses on numéro de téléphone c’est bien que tu souhaites me revoir pour discuter du sujet non ? Angoissée, je lâche la main de Charles pour le laisser raccompagner Erik. Mieux vaut qu’il ne reste pas seul trop longtemps dans l’Institut. Et de toute façon je ne suis bonne à rien à part pleurer. Je me lève alors, dans ma sublime robe de soirée. Je souris comme je peux à Charles. Cela ne sert à rien pour Erik, il ne me regarde pas depuis qu’il est entré ici. Depuis même qu’il a appris qu’il pouvait être le père des enfants que je portais.
Je laisse les deux hommes quitter la pièce et se diriger vers la sortie. Je transmets un message télépathique à Charles « Je vais me coucher. Bonne nuit Charles ... ». Incapable d’en dire plus, je quitte la pièce, je marche comme un robot jusqu’à ma chambre.
Une fois arrivée je me dirige vers ma table de nuit, sur lequel j’avais déposé le présent que Jean m’avait offert : une bougie en forme de muffins (sans doute parce qu’en ce moment dès qu’elle me voyait j’en avais toujours un à la main), surmonté d’une bougie. Farfouillant dans le tiroir de ma table de nuit, chose non évidente dans le noir, j’en débusquais un briquet.
Pouce sur la roulette, la flamme éclaira faiblement la pièce, je la dirigeai vers la bougie qui s’alluma, d’un geste j’envoyais le briquet voler quelque part dans ma chambre. Mon regard resta longtemps fixé sur la flamme orangée. Puis, je me mis à chanter : « Joyeux …. a...nni...ver...saire ….. Raven. » des larmes roulant sur mes joues.
Un souffle, puis ... l’obscurité.
(c) princessecapricieuse
Undisclosed
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"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
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