Après avoir refermé la porte du bureau, Charles resta près de l'entrée, en retrait, laissant Erik et Raven discuter, comme il le leur avait proposé. Si l'envie était forte d'intervenir dans la conversation, il n'avait pour le moment rien à dire. La relation entre les trois mutants avait toujours été complexe et délicate et beaucoup de choses pouvaient se jouer aujourd'hui. Leurs liens pouvaient se renforcer, comme voler en éclats. Le plus important, pour Charles, était de veiller au bien-être de Raven. C'était ce qu'il se répétait dans sa tête en écoutant l'échange entre sa sœur et son vieil ami.
Raven parvint enfin à articuler plus de deux mots à la suite, commençant par énoncer l'évidence, mais qui devait être dite : elle était enceinte. De jumeaux. Elle chercha Charles du regard, qui lui adressa un signe de tête encourageant. Elle devait avouer la vérité à Erik, à présent qu'il était là. Elle trouva le courage de le faire. Il était possiblement le père.
Une possibilité qui risquait d'alimenter une colère qu'il tâchait au mieux de contrôler. La main de Charles se serra sur l'accoudoir de son fauteuil. Pourvu qu'Erik n'oublie pas les recommandations qu'il lui avait faites… A nouveau Raven chercha le regard de son frère, et à nouveau il l'encouragea silencieusement. Elle expliqua une situation qui déplairait forcément à Erik, mais qui devait être expliquée. Elle n'était pas vraiment elle-même quand elle était venue à lui, et qu'ils avaient… fait ce qu'ils avaient fait.
A la façon dont Raven l'expliquait, leur brève relation récente n'avait pas été voulue, mais avait été orchestrée par la Sorcière Sombre. Charles hésita à nuancer cette version des faits, mais une phrase de sa sœur l'en empêcha. Erik s'en était rendu compte… Il avait remarqué que quelque chose n'allait pas, et pourtant il n'avait pas empêché Raven d'agir. Il avait profité de la situation. Comme un homme peu scrupuleux profiterait de l'ivresse d'une femme pour abuser d'elle. C'était plus complexe que cela, évidemment. Mais la jalousie que Charles avait toujours éprouvée malgré lui le conforta insidieusement dans cette vision des choses.
Erik ne pouvait pas être un bon père pour ces enfants. Il ne les considérerait jamais comme les siens, il ne pourrait jamais les aimer comme il avait aimé sa fille. Il ne pourrait pas apporter à Raven l'amour et l'équilibre dont elle avait besoin. Elle le vivrait mal, c'était certain, mais à l'Institut elle trouverait tout le soutien nécessaire. Supporterait-elle néanmoins qu'Erik la rejette complètement ? Il allait falloir trouver un juste milieu.
Il était temps d'intervenir. Charles avança son fauteuil vers eux pour reprendre enfin la parole, afin d'aider au mieux Raven - du moins le pensait-il.
« La Sorcière Sombre a manipulé l'esprit de Raven pour la retourner contre nous tous. Nous n'avons rien pu faire tant qu'elle était à Genosha, mais dès qu'elle est venue sur le continent nous sommes intervenus pour la libérer de l'envoûtement. Voilà pourquoi elle n'est pas revenue vers toi. Erik… Nous avons tous subi cette terrible situation, Raven la première. »
Erik avait le droit d'être en colère, mais il ne devait pas blâmer Raven. Elle était la première victime dans cette sombre histoire. Elle culpabilisait déjà suffisamment, et avait mis du temps avant de s'en remettre. Il ne fallait surtout pas qu'Erik la fasse sombrer de nouveau.
Erik ne disait plus rien, les dents serrées. Il avait envie de hurler, de tempêter, mais il savait que cette colère était autant contre Raven et Charles que contre lui-même pour s'être laissé berner. Elle aurait du lui en parler plus tôt ? Oui ! Le plus tôt aurait même été le mieux, mais ce n'était visiblement pas sa priorité, puisqu'elle s'était faite belle pour passer une bonne soirée sans songer une seconde à lui.
Envisageait-il de ne plus jamais la revoir ? Oui, il y songeait sérieusement. Il était furieux. Il était blessé. Mais plus que ça, il se sentait humilié. Et ce que Charles avait à dire ne fit qu'ajouter la honte à l'opprobre. Il avait été roulé dans la farine par une arriviste, et il ne l'avait même pas remarqué. Il n'avait même pas songé à la possibilité d'une manipulation mentale, alors qu'il connaissait les pouvoirs de Charles et savait que d'autres en étaient capables.
À cet instant, il s'imaginait tordre le cou de la Sorcière Sombre de ses propres mains. Ses poings étaient si serrés qu'il blanchissaient sous la pression, ses dents grinçaient sous la pression qu'il leur faisait subir. Partout autour, on pouvait entendre des grincements tandis que les divers métaux environnant subissaient sa colère en se tordant d'une douleur qu'ils ne pouvaient ressentir. Il ne voulait pas exploser. Il ne devait pas exploser, même s'il en avait envie. Même dans sa colère, il savait que Raven était une victime. Et d'une certaine façon, il savait que Charles saurait l'arrêter si ça devait arriver. Il comptait dessus, en vérité.
Le peu de raison qui parvenait à se faire entendre par dessus la colère et l'humiliation lui dictait qu'il n'était pas en état de décider, de débattre ou même de réfléchir correctement. Il s'était laissé dépasser par ses sentiments bien trop de fois. Il se leva d'un coup, comme un automate, et desserra enfin les dents pour articuler :
"Je dois réfléchir. La salle d'entraînement fonctionne ?"
Il devait se défouler. Relâcher la pression, et pour ça, il ne voyait pas mieux que cette vieille salle d'entraînement où il pourrait se laisser aller sans craindre de ruiner ce pour quoi il était venu. Et de se faire définitivement un ennemi de son vieil ami.
Old memories, they don't go away They show up before you leave And disappear when you wish they'd stay No heart is immune, no secret is kept Yeah, they only get stronger with age Old memories, they don't go away. Alicia Keyes
La situation dérapait. Je sentais la tension émaner d’Erik. D’ailleurs je retirais vivement ma main de la sienne, car il ne voulait pas de mon contact. J’en étais blessée mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Il devait me détester, et je me détestais au moins mille fois plus que lui. Si seulement il pouvait être télépathe pour comprendre le mal-être dans lequel j’étais. Pour une fois que je priais pour qu’il soit télépathe. C’était assez .... ironique.
A nouveau, je me ratatinais dans le petit canapé que j’occupais avec Erik. J’avais fait un travail énorme sur moi-même pour ne pas disparaitre quand j’avais appris la nouvelle, et depuis, essayer de vivre avec mais j’avais l’impression que ces barricades de paille que j’avais construite autour de moi était tout simplement entrain de bruler en moi. J’avais d’ailleurs soudainement chaud. Après les frissons, la chaleur.
Mes yeux, se baissèrent à nouveau, et je fixais les mains d’Erik sans oser bouger, ayant baisser la tête, je n’arrivais même plus à regarder Charles qui pourtant faisait tout ce qu’il pouvait pour m’aider, à sa manière. Néanmoins il était nécessaire que je rétablisse quelque chose.
Ma tête hocha de bas en haut j’étais rarement dans une position aussi soumise que cela et ce n’était pas moi. On était loin de la femme forte qui se battait sans aucun sentiment de peur. Adieu la guerrière.
- Oui. Il te faudra quelqu’un pour descendre c’est … sécurisé.
Sous-entendu, Charles ou moi. Mieux valait peut-être que je ne me retrouve pas dans le même petit espace exigu qu’était l’ascenseur avec un homme qui visiblement me détestait.
- Je veux que tu saches que ce qu’il s’est passé sur Genosha. Je n’ai été … forcé à rien. Je le voulais. Ardemment. Cette partie de moi, celle qui t’aimera jusqu’à mon dernier souffle, elle n’est pas le fruit d’un quelconque maléfice. J’espère que tu le sais Erik.
Oui ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour dire cela alors que mes yeux se relevait vers le maitre du métal, alors que j’essayais de garder ma contenance. Il était mon premier amour et le resterait à jamais. Même si nous n’étions pas fait pour être ensemble tellement notre amour était … passionnel depuis toutes ces années.
(c) princessecapricieuse
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Bien qu'Erik fasse de son mieux pour contrôler sa colère, elle était si forte que même Raven devait la sentir. Les grincements sinistres et métalliques autour d'eux n'auguraient rien de bon. Charles était sur le qui-vive, prêt à intervenir pour bloquer l'esprit d'Erik à la seconde où il passerait à l'action. Mais à son grand soulagement, son vieil ami parvint à se contenir. Le sous-texte de sa déclaration était clair : il avait surtout besoin de décharger sa colère, et avait l'intelligence de ne pas le faire devant eux. Charles compléta donc la réponse de Raven en hochant à son tour la tête.
« Je t'y emmène. »
Il écouta la déclaration de Raven, faisant de son mieux pour rester impassible. Pourquoi était-ce toujours aussi douloureux à entendre pour lui, même après toutes ces années ? Charles parvenait toujours néanmoins à se convaincre que c'était parce qu'il craignait qu'Erik ne fasse encore du mal à sa sœur, volontairement ou non. Sur ce point, le télépathe faisait preuve d'une mauvaise foi parfaitement remarquable. Fidèle à lui-même, il n'intervint surtout pas dans leur échange et s'empressa plutôt de préciser, après avoir rapidement vérifié par télépathie que personne ne se trouvait dans le hall :
« La voie est libre, on peut y aller. »
Il accompagna Erik jusqu'à l'ascenseur dans le silence le plus profond, utilisa sa clé pour ouvrir le boitier et entra le code de sécurité qui permettait de descendre au second sous-sol. Il conduisit son vieil ami jusqu'à la salle des dangers, la nouvelle salle d'entraînement presque aussi vaste que le terrain du Yankee Stadium, équipée à la pointe de la technologie. Il se dirigea alors vers un ordinateur et entra quelques commandes, avant d'expliquer simplement :
« J'ai paramétré la salle pour une simulation de combat. Tu n'as qu'à mettre ce casque de réalité virtuelle. »
Une fois ces indications données, Charles remonta jusqu'au rez-de-chaussée pour retrouver Raven dans son bureau. Il resta silencieux quelques instants. Inutile de lui demander comment elle se sentait, cela se lisait sur tout son corps. Il ne voyait pas non plus quelle parole pourrait la réconforter. Conscient que leur soirée parfaite avait légèrement dérivé, il regarda alors sa montre et demanda :
« Je vais appeler le restaurant. J'annonce que nous serons en retard, ou que nous ne viendrons pas ? »
Erik ne décrocha pas un mot ni un regard à Raven, ce qu'elle disait lui passait dessus comme de l'eau glacée qui ne faisait qu'accentuer sa colère, sans pour autant qu'il en retienne la moindre phrase. Crispé, les dents serrées, il suivit Charles d'une démarche presque mécanique, tant il tentait de contenir sa colère, tant il cherchait à faire taire la tempête de sentiments qui s'entrechoquaient dans sa tête.
Il ne fit même pas attention aux chemins qu'ils prirent ni aux précautions que prenait Charles pour qu'Erik ne soit vu par personne. À ce moment, il se moquait bien de ce qu'on pensait de lui et du fait que chaque personne dans l'institut le considérait comme un criminel. Ça ne lui traversait même pas l'esprit.
Il revint toutefois quelques peu à la réalité en voyant la salle où Charles l'avait mené. Elle n'avait rien à voir avec la salle d'entraînement façon bunker qu'il avait connu. Tout était différent. Un casque de réalité virtuelle ? Pour faire quoi ? Erik le mit sans trop y réfléchir, et vit aussitôt le programme se dérouler sous ses yeux. Une fois Charles sorti, le programme d'entraînement débuta... et Erik mordit la poussière.
Instabilité, émotions fortes, conflits intérieurs, c'était autant de faiblesses qui venaient de le mettre à terre aussi sûrement la tige de métal qui était venue s'écraser sur ses côtes, déguisée en une épée par la réalité virtuelle. Les pouvoirs d'Erik, non, de Magneto, étaient affaiblis, incapable qu'il était de concentrer sa puissance dans un objectif précis. Chaque fois que le programme se relançait, Erik se retrouvait à terre en un rien de temps, pouvant à peine se défendre.
C'était ça, l'entraînement des élèves de Charles ? C'était effrayant. Mais aussi excitant. Et défouloir par dessus le marché. La douleur de ses défaites eut ce formidable effet de remettre ses idées en ordre, et sa fierté sur les bons rails. Cet entraînement était pour des élèves, non ? Il n'y avait donc aucune raison qu'il ne puisse pas le réussir.
Old memories, they don't go away They show up before you leave And disappear when you wish they'd stay No heart is immune, no secret is kept Yeah, they only get stronger with age Old memories, they don't go away. Alicia Keyes
Rien. Il ne disait rien. Erik ne me parlait pas. Il ne m’adressait même pas le moindre regard. La bile monta dans ma gorge. Je devais me retenir. Au moins le temps qu’ils partent. Je n’avais pas vomi depuis au moins un bon mois voir deux, mais je sentais que ce chiffre allait bientôt s’actualiser. Je n’avais pas la nausée à cause de ma grosesse, mais bel et bien à cause de mes sentiments, et plutôt de mon dégout que j’avais pour moi-même.
A peine les deux hommes de ma vie quittèrent la pièce dans le plus grand silence, je courus en direction des toilettes les plus proches, juste à côté du bureau de mon frère, derrière un pan de mur que peu de personnes connaissait.
Redressant mon visage de la cuvette, j’essuyais ma bouche avec du papier, puis un regard rapide vers le miroir, ne fit qu’accentuer la monstruosité de mon reflet. Mes yeux passèrent aux jaunes l’espace d’un instant. Mais je ne pu affronter mon propre regard. Des larmes perlant à mes cils, je rinçais ma bouche avant de revenir en tremblant dans le bureau de mon frère.
La gorge sèche, le corps tendu, crispé, je me rassis sur le canapé comme si de rien n’était, comme si je n’avais pas bougé, et je fixais la porte avec une rare intensité du désespoir. Elles s’ouvrirent à nouveau, mon cœur fit un raté.
Charles.
Qu’avais-pu lui dire ? Avaient-ils parlé ? Vu l’état de Magneto j’en doutais. Je ne le connaissais que trop bien, même si son caractère sanguin me surprenait encore à certains moments. Mes yeux se fermèrent un instant face à la question de Charles, puis je secouais la tête.
- Tu peux annuler …
Je n’étais absolument pas en état. Et je refusais de laisser Erik et les élèves ici sans surveillance. J’avais tant attendu ce moment entre mon frère et moi, et encore une fois de plus j’avais tout gâché.
- Je suis désolée Charles.
Je détestais les gens qui se disaient désolés et je faisais exactement tout ce que je haïssais, j’étais une personne détestable, je ne méritais pas que l’on prenne soin de moi et que l’on m’aime.
(c) princessecapricieuse
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Charles ne parla pas à Erik. Qu'aurait-il pu lui dire ? Aucune parole, en cet instant, n'aurait pu atténuer sa colère. Si la déclaration d'amour de Raven n'avait pas pu lui faire desserrer les dents, ce n'était pas Charles qui y parviendrait. Erik n'était pas en état d'écouter le moindre discours, fut-il le plus sensé. La simulation de combat lui ferait du bien. Le professeur avait réglé la difficulté assez haut, pour lui permettre d'avoir de quoi se défouler, décharger sa colère, transpirer un bon coup. Une fois les idées plus claires, il reviendrait vers eux.
Charles ne parla presque pas à Raven. Elle était toujours assise dans le canapé de son bureau. Elle n'avait pas bougé depuis qu'Erik était descendu – c'était du moins l'impression qu'elle donnait. Son beau maquillage avait coulé. Elle avait pleuré, évidemment, et ne cherchait pas à le cacher. Charles aurait dû trouver quelque chose de réconfortant à lui dire. Il ne parvint qu'à parler de choses concrètes et pragmatiques, s'injuriant lui-même en silence d'évoquer le restaurant alors qu'il y avait sans doute plus important à dire. Mais il n'y arrivait pas.
Annuler la réservation... leur sortie pour l'anniversaire de Raven... Il hocha la tête et s'en occupa immédiatement, passant un rapide coup de téléphone pour annoncer la nouvelle au restaurant, sans donner de détails sur les raisons de l'annulation. Ils iraient une autre fois. Ils trouveraient bien une autre occasion. De toute façon, elle n'aurait sans doute pas eu le cœur à la fête. Comme Raven annonçait qu'elle était désolée, Charles esquissa une moue signifiant que ce n'était pas grave.
« Ce n'est que partie remise. »
Leur dîner en tête à tête devait probablement être le cadet de ses soucis. Que ressentait-elle pour Erik en cet instant ? Après qu'il ait réagi par tant de colère, que sa déclaration l'ait laissé de marbre ? Une partie d'elle l'aimerait toujours. Une autre était peut-être en colère également. Mais la connaissant, Charles supposait qu'elle s'en voulait surtout à elle-même. Il la fixa quelques instants, pensif, se retenant de lire dans ses pensées. Puis il approcha son fauteuil du canapé, suffisamment pour pouvoir s'y glisser à l'aide de ses bras, afin de s'asseoir sur la banquette à côté de sa sœur. Doucement, il lui murmura :
« Viens là... »
Il passa son bras derrière elle pour l'enlacer et qu'elle puisse poser sa tête sur son épaule. Son autre main caressa doucement ses cheveux. Elle avait bien besoin d'un câlin. Si elle voulait encore pleurer, elle pouvait pleurer. Il n'avait peut-être pas les mots pour la réconforter, mais il était là pour elle, il tâchait de l'être toujours. Il la serra donc contre lui, tout en gardant un regard télépathique sur la salle des dangers, attendant avec elle le retour d'Erik...
Il fallut bien une heure d'efforts acharnés pour que la frustration et la colère qui l'animaient se transforment enfin en quelque chose de contrôlable et de puissant. Petit à petit, il retrouva le contrôle de son pouvoir, manipulant le métal de tout ce qui venait à lui pour les faire éclater de toute part, puis recommencer avec le suivant. Puis, alors qu'il reprenait le dessus sur ses sentiments, il commença à façonner, utiliser le métal comme il savait si bien le faire. Il détruisait plus qu'il ne créait, certes, mais ça avait le mérite de le défouler pour de bon.
Au final, il parvint à "gagner" la partie plusieurs fois d'affilée, ou du moins il devenait difficile au système de lui offrir d'autres choses à détruire. La simulation prit finalement fin lorsque les manipulations d'Erik finirent par détruire le casque de réalité virtuelle qu'il portait. Ce n'est qu'à ce brusque retour à la réalité qu'il réalisa combien il s'était dépensé. Il s'écroula sur le sol, face contre terre, puis roula sur le dos.
Étendant ses bras et ses jambes, il se mit à rire bruyamment. De la situation. De lui. De sa propre bêtise. Puis le rire laissa place au chagrin, inattendu, qui le fit pleurer malgré lui sans pouvoir le contenir. C'était comme si tous les moments pénibles de sa vie avaient décidé de s'inviter en même temps dans sa tête, sans avoir été conviés ni désirés. La mort, évidemment, était au cœur de ces errances et accentuaient le chagrin. Maintenant que la colère était partie, il ne lui restait que ce sentiment misérable auquel il ne s'était que trop peu souvent laissé aller. Parce qu'il détestait cette faiblesse. Il ne voulait pas s'attendrir. C'était bien trop douloureux.
Finalement, les larmes se tarirent. La tête lui tournait tandis qu'il se redressait, assis sur le sol. Il se sentait vide, soudainement. Mais il avait les idées plus claires. Petit à petit, il revint à la réalité. Il se remémorait ce que sa colère avait occulté. Une partie d'elle l'aimait et l'aimerait toujours. C'était quelque part surprenant sachant qu'il avait déjà tenté de la tuer, mais ça avait quelque chose de réconfortant.
Ce qui le faisait douter, c'était l'autre partie. Cette partie qui avait sans doute décidé de ne pas s'accrocher à cette vieille histoire sans avenir. Et il y avait les enfants. Le doute, encore, de la paternité. Peut-être était-il le père. Peut-être que non. Quelle était la meilleure option ? Voulait-il à nouveau essayer de s'attacher, ou devait-il définitivement se débarrasser de telles pensées qui pourraient mettre ses projets à mal ? C'était sans doute trop tôt, trop soudain, pour qu'il puisse se décider là dessus.
Erik remit ses vêtements correctement, époussetant son manteau et son pantalon des deux mains. Il entreprit aussi de rassembler tous les débris qu'il avait répandus dans un seul endroit, ce qui était assez facile avec ses pouvoirs, même s'il était loin de faire un véritable ménage. Après s'être assuré dans un reflet de métal que ses yeux n'étaient plus rouges, il décida qu'il était temps de quitter cette pièce. Ce qui s'était produit à l'intérieur, il n'en dirait pas un mot à quiconque.
À présent, il était plus calme, fatigué, mais calme. Il respirait profondément tandis qu'il se rendait dans le bureau, avec la présence d'esprit d'éviter de croiser quiconque dans les couloirs. Il n'avait pas les pouvoirs de Charles, mais il savait se faire discret lorsque c'était nécessaire. Inutile de créer de conflits dans un lieu où il n'était le bienvenu que parce que c'était son ami qui le dirigeait.
Lorsqu'il arriva devant la porte du bureau, il se figea alors qu'il s'apprêtait à frapper. Il se demandait ce qu'il allait dire. Beaucoup de temps s'était écoulé depuis qu'il était descendu. Étaient-ils encore là ? Erik eut l'idée de coller son oreille contre la porte mais, à la réflexion, il jugea que Charles avait sans doute déjà décelé sa présence, s'il l'avait ne serait-ce que quitté des "yeux". Finalement, il soupira et frappa doucement à la porte, se disant qu'y réfléchir trop longtemps n'apporterait rien de bon.
Old memories, they don't go away They show up before you leave And disappear when you wish they'd stay No heart is immune, no secret is kept Yeah, they only get stronger with age Old memories, they don't go away. Alicia Keyes
Le visage de Charles et son expression m’indiqua qu’il était déçu d’annuler sa réservation. Moi aussi j’attendais ce moment avec impatience depuis l’instant où j’avais su que nous serions seul, en tête à tête pour fêter mon anniversaire. Il m’avait acheté une robe. Nous étions tous les deux magnifiques dans nos tenues, et … tout était tombé à l’eau.
Alors que le regard de mon frère se posa sur moi de longues secondes, je me doutais qu’il hésitait à lire dans mes pensées. Mais il valait mieux que tu évites si tu ne voulais pas broyer du noir, car actuellement c’était tout ce qu’il y avait dans la tête, de la noirceur, de la tristesse mais également de la colère qui sommeillait en moi.
Peut-importait. Je n’avais rien à lui cacher. Ou du moins presque rien dirons nous. Mais le sujet Erik avait toujours était complexe à aborder entre nous deux. Surement car nos avis divergeaient et que malgré toutes les atrocités que pouvaient comettre le maitre du métal, je cherchais toujours à le sauver de lui-même. Qu’il veuille me tuer ou non. Remarque, cela serait peut-etre plus simple de rejouer la scène des accords de Paris. Hank ne serait pas là pour me protéger, et la balle, elle devait atteindre mon cœur pour être sûre de m’abattre une bonne fois pour toute. Je ne chercherais pas à protéger mon cœur, il était déjà bien trop abimé.
Ma tête se cala contre l’épaule de Charles, le nez dans le cou de mon frère, je respirais son odeur lentement comme si elle avait le pouvoir de me calmer. Je me serrais contre lui un peu par desespoir. Je n’osais pas parler. Je ne savais de toute façon pas quoi dire. Je me contentais juste de verser mes larmes, en silence.
Le temps passa. Chaque seconde me paraissait durer une éternité. Au bout d’un moment, je finis par me redresser un peu, interrogeant Charles du regard.
- Il est toujours là ?
Que pouvais-je faire de plus ? A quoi cela me servait de l’attendre. Il n’avait pas réagi… Erik … Il s’était laissé emporter par sa colère contre moi. Cela ne servait à rien que je l’attende. Il ne voulait certainement plus entendre parler de moi.
Des plateaux repas arrivèrent au bout d’un certain temps, je m’étais alors décalée de Charles pour qu’il puisse manger à sa faim. De mon côté, je ne touchais à rien, même si tout avait l’air très bon. Je me contentais de … De rien à vrai dire.
Puis, mon corps se figea, lorsqu'un toquement (?) se fit entendre à la porte. Mon regard ne se tourna non pas vers la porte mais vers Charles, et semblait demander dans un langage muet "Est-ce lui ?"
(c) princessecapricieuse
Undisclosed
desires
"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Charles n'en voulait pas à Raven pour l'annulation du restaurant. A vrai dire, il ne lui en voulait pas non plus d'éprouver toujours de l'amour pour Erik. Il était inquiet pour elle, jaloux - même s'il ne l'admettait pas - mais il ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, lui-même n'avait-il pas pardonné à Erik ses écarts, alors qu'il avait pourtant failli détruire le monde ? Lui-même le considérait toujours comme un ami, même s'il avait pensé le haïr durant une période. Il estimait qu'il y avait toujours du bon en lui, que même s'il s'égarait, il valait la peine d'être sauvé. Charles ne pouvait donc pas reprocher à Raven d'avoir toujours de l'espoir et de l'amour pour Erik.
Elle se blottit contre lui et pleura en silence, un long moment. Il finit par avoir le bras engourdi et l'épaule douloureuse, mais il ne la repoussa pas, bien au contraire. Par son étreinte, il fit de son mieux pour apaiser sa peine, tout en sachant malheureusement que cela ne serait pas suffisant. Lorsqu'enfin elle releva la tête pour demander si Erik était toujours là, Charles hocha la tête, tristement. Erik souffrait, encore plus qu'elle. Tant de colère et de peine accumulées durant toutes ces années, refoulées au plus profond de lui par crainte de perdre le contrôle… Faire sortir ces émotions était douloureux.
« Il va avoir besoin de temps… »
Tout ne se résoudrait pas miraculeusement par une heure de défoulement, si intensif soit-il. Même lorsqu'il aurait réussi à se calmer, Erik ne serait probablement pas en état de prendre une quelconque décision. L'attente serait difficile à supporter pour Raven, mais elle n'aurait malheureusement pas le choix.
« Je te préviendrai lorsqu'il partira. »
Pour patienter, Charles contacta par télépathie le chef de cuisine pour qu'il leur apporte deux plateaux repas. Il était probable que Raven ne souhaite pas manger, mais elle était enceinte et pouvait donc avoir faim. Elle ne toucha pas à la nourriture. Quant au professeur, il grignota sans conviction, plus pour passer le temps que par réelle envie de manger. Puis il observa avec attention la remontée d'Erik. Allait-il partir sans se retourner, sans leur dire au revoir ? Ou allait-il trouver le courage de revenir les voir ? Quand il frappa à la porte du bureau, Charles se rapprocha à nouveau de Raven sur le canapé pour prendre en douceur sa main dans la sienne, avant de dire d'une voix haute et claire :
Accueil
