Charles marquait un point : lui en colère ne pouvait de toutes façons rien apporter de bénéfique. Cela lui rappela que la raison de sa venue ici n'était pas de confronter Charles, même s'il attendait de vraies réponses, mais avant tout de revoir Raven et de l'inviter à le suivre. Ou à le laisser. Il s'était promis en partant qu'il lui laisserait le choix et le respecterait. Oui, c'était cela qu'il voulait savoir avant tout.
"Tu as sans doute raison", dit-il en prenant doucement le verre qui lui était tendu, acceptant la paix qu'il lui offrait, "Je me suis laissé emporter, passons là-dessus."
Il but une gorgée, la savoura un instant puis l'avala. À mesure que la sensation de chaleur inhérente à l'alcool descendait dans son œsophage, il expira profondément, les yeux fermés, retrouvant son calme. Ils allaient discuter. Ils allaient se dire des choses. Certaines seraient sans doute déplaisantes, il s'y attendait. Mais il le savait. Et il devait le respecter. S'il espérait que sa présence veuille vraiment dire quelque chose.
Mais lorsque Raven entra, il eut un choc. Un choc en plusieurs phases, qui plus est. En premier lieu, Erik n'avait jamais vu Raven habillée en tenue de soirée et celle qu'elle portait lui allait à ravir. Certes, la métamorphe pouvait opter pour la tenue qu'elle souhaitait, mais dans le cas présent, ça restait assez exceptionnel. Mais cette robe contrastait énormément avec le teint presque blafard qu'elle arborait, sans compter la mine contrite et l'angoisse visible sur son visage. Charles n'avait pas exagéré : elle était mal en point.
C'est suite à ce deuxième choc que le troisième survint, beaucoup plus imposant que les précédents qui n'auraient suffi qu'à le figer d'admiration ou de peur. Son ventre. Elle le cachait avec son sac, mais ce n'était pas suffisant pour tromper son regard. Cette fois, la surprise fut telle qu'Erik perdit momentanément la pression qu'il exerçait sur son verre, et ce dernier s'échappa pour se fracasser au sol dans un éclat sonore.
Enceinte. S'il y avait bien une chose qu'Erik n'avait pas envisagée, c'était ça. Pourtant, c'eût été une suite logique étant donné la façon dont s'était déroulée leur dernière rencontre, mais pourtant, cette idée ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Elle était enceinte. De lui ? Ça ne pouvait être que de lui, non ?
Que devait-il faire ? Que devait-il dire ? Il s'était préparé à discuter, à disputer, même à s'excuser, mais ça, il n'était pas prêt. Bien entendu, il ne fallut pas longtemps pour que son esprit associe cet événement à son ancienne épouse, à sa fille. Mais la personne qu'il voyait n'était pas elles. C'était Raven. Sous une fausse apparence, du moins celle qu'elle empruntait le plus souvent. Il devait dire quelque chose. Il ne devait pas fuir. Elle non plus.
"Raven...", commença-t-il d'un ton incertain, "Tu... tu es resplendissante."
Erik tâchait de se focaliser sur les paroles de l'ami qu'il avait houspillé quelques minutes plus tôt. Elle était fragile émotionnellement. Oui, compréhensible. Il devait rester calme. Ne pas l'effrayer, ne pas la blesser. C'était étrange de penser à elle ainsi, lui qui l'avait toujours considérée comme une femme forte qui n'avait pas besoin de s'embarrasser de sa considération. Guetter sa réaction. Espérer qu'elle ne prendrait pas la fuite. Cette situation devenait même gênante dans l'optique où elle se déroulait sous le regard de son frère...
En constatant qu'Erik acceptait de reconnaître la sagesse de ses mots, Charles lui adressa un sourire soulagé et reconnaissant. Il arrivait encore à le calmer, lorsque cela s'avérait nécessaire. C'était encourageant pour la suite. Le maître du magnétisme n'était pas au bout de ses surprises…
Le télépathe ressentit la présence de sa sœur de cœur avant même de la voir apparaître dans l'encadrure de la porte. Il percevait en elle une angoisse si forte… cela lui donnait presque le tournis. La pâleur de ses traits le troubla plus qu'il n'aurait voulu le montrer, et il ne parvint pas à masquer totalement l'inquiétude qui passa dans son regard.
Puis vint la réaction d'Erik. Le fracas du verre brisé. Une observation muette, ébahie. Puis une remarque qui rappela fortement à Charles les premiers mots qu'il avait adressés à Lynda lorsqu'ils s'étaient croisés par hasard après plusieurs semaines de silence. Des mots qui pouvaient, comme ceux prononcés pour Lynda, amorcer le début d'une réconciliation. Charles s'en sentait à la fois soulagé et inquiet.
Il ne prononça pas un mot. Qu'aurait-il pu dire ? Il se sentait de trop, en cet instant - étonnante sensation qu'il n'était pas habitué à éprouver - mais il avait promis à Raven qu'il serait là et qu'il la soutiendrait dans cette épreuve. Il activa le mode lévitation de son fauteuil pour le soulever à quelques centimètres au-dessus du sol, afin d'éviter de rouler dans les débris de verre, cala son propre verre entre ses cuisses afin de prendre en main le dernier verre empli, qu'il tendit à Erik avec un léger sourire d'encouragement. Charles ne pouvait comprendre ni savoir ce que son vieil ami ressentait actuellement, mais il avait probablement grandement besoin de soutien, lui aussi.
Old memories, they don't go away They show up before you leave And disappear when you wish they'd stay No heart is immune, no secret is kept Yeah, they only get stronger with age Old memories, they don't go away. Alicia Keyes
Chaud. Froid. Chaud. Froid. Je passais par toutes les températures en très peu de temps, faisant le yoyo tout comme mon cœur qui tambourinait dans ma poitrine. Mes mains se crisperent sur mon sac à main. Il avait vu. Erik avait vu mon ventre. En même temps il était ... C'était impossible de le cacher. J'en étais à environ 4 mois et demi ... Enfin a quinze jours près j'ignorai ... Peut importait. Un seul enfant à ce stade ce voyait déjà sur les femmes lambdas alors une grossesse gémellaires... Erik devait penser que j'en étais à beaucoup plus... Et que potentiellement lorsque j'avais passé ces quelques semaines sur Genosha j'étais déjà enceinte ? Non ? Je me posais mille questions. Et visiblement je n'étais pas là seule du tout.
Le verre s'écrasant au sol me fit sursauter. Le choc. Je pouvais le comprendre. Rapidement j'essayais d'avaler ma salive mais j'avais mal à la gorge. Ma main vint nerveusement gratter ma peau au niveau de ma gorge. Comme si encore j'avais cette sensation d'étouffer. J'appuyais tellement fort que j'en laissais une marque sur ma peau.
Mon regard n'osait pas affronter celui du premier homme qui avait fait de moi une femme. Cela ne servait plus a rien de tenter de le cacher. Je decalais ma pochette ne cachant plus ma silhouette.
- Erik.
Ma voix derailla sous le coup de l'émotion, et vint mourir a la fin de mon mot. Je n'arrivais pas cependant à bouger. Ma poitrine se soulevait rapidement mais j'étais toujours incapable de franchir les portes du bureau de mon frère. J'allais avoir besoin d'aide.
Petrificus Totalus !
C'était comme si on m'avait jeté ce sortilège de la célèbre saga littéraire Harry Potter alors que mentalement j'appelais mon frère à l'aide. Je n'allais pas réussir à le faire seule. Mon coeur et ma tête me disait de fuir ou de me jeter dans les bras de l'homme que j'aimerai toujours peut importe ses erreurs et les miennes. On n'oubliait jamais un premier amour. Mais j'ignorai lequel je devais écouter. Charles. Aide moi.
Oui la situation était particulièrement gênante. Surtout en présence de Charles. Mais il représentait un tel soutien moral pour moi.
L'un des deux allait-il comprendre que je ne pouvais avancer vers eux sans aide ? La pâleur de mon visage, ma voix tremblante, mes gestes nerveux. Le message était assez clair. Du moins de mon point de vue.
(c) princessecapricieuse
Undisclosed
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"Have you ever looked at a tiger and thought you ought to cover it up? You are an exquisite creature, Raven. All your life the world has tried to tame you. It’s time for you to be free."
Elle ne bougeait pas. Où à peine. Ce fut tout juste si elle fut capable de prononcer son nom. Qu'est-ce que c'était. De la gêne ? De la honte ? Autre chose ? C'est presque machinalement qu'Erik prit le verre qui lui était tendu, ignorant le précédent dont les fragments baignaient dans le reste d'alcool dont les vapeurs se faisaient déjà sentir.
De longues secondes s'égrenèrent, durant lesquelles d'autres pensées lui vinrent. Ce ventre rebondi maintenant bien visible était gros. Ça ne collait pas. Ce n'était pas lui ? Qui était-ce ? Il sentait la jalousie s'emparer de lui. Un autre ? Possible. Après tout, ils se croyaient mutuellement hors d'atteinte. Avait-elle refait sa vie ? Mais dans ce cas, pourquoi être revenue ? Pour repartir ensuite ?
Il la fixait, cherchant une explication dans son regard. Elle était pâle. Elle pinçait ses lèvres. Tremblait-elle ? On aurait dit une statue de cire sur le point de s'effondrer. Le cœur d'Erik sembla se remettre soudainement en route, entraînant l'analyse et la pensée factuelle à laquelle il était habituée. Elle semblait sur le point de s'évanouir !
Posant précipitamment son verre sur la table, Erik s'approcha vivement de Raven et la saisit fermement par les épaules, peut-être trop fermement, pour l'empêcher de tomber.
"Eh, Raven ! Reste avec nous ! Ça ne va pas ? C'est normal je crois, tu devrais t'asseoir."
"C'est normal je crois". Erik n'en revenait pas d'avoir dit quelque chose d'aussi stupide. Bien sûr que non ce n'était pas normal d'être au bord du malaise en se tenant simplement debout. Mais en l'état, il avait du mal à réfléchir normalement. Trop d'un coup. Trop à gérer après tant de temps à tergiverser.
Charles avait beau se contenir pour ne pas lire les pensées superficielles de son vieil ami et de sa sœur, ces deux-là bouillonnaient tellement d'émotions intenses qu'il ne pouvait pas ne pas les percevoir. Raven était paniquée. Partagée entre une envie de fuir à toutes jambes et une pulsion de se jeter au cou de son premier amour. Elle était complètement perdue, incapable en cet instant de prendre une décision. Quant à Erik, s'il maîtrisait mieux ses émotions, il émanait de lui une forte inquiétude, ainsi que de la jalousie.
Charles avait envie d'intervenir, d'expliquer la situation. De dire à Erik qu'il y avait de grandes chances pour que les bébés, car oui ils étaient deux, étaient de lui. Mais ce n'était pas à lui de formuler tout cela à voix haute. Raven risquait de lui en vouloir s'il disait des choses qu'elle ne voulait peut-être pas révéler. Erik risquait de lui reprocher d'encore une fois surprotéger Raven, qui en avait pourtant bien besoin actuellement.
Il s'installa donc un moment de flottement assez pénible, jusqu'à ce qu'enfin Erik se décide à bouger pour aller empoigner Raven par les épaules, formulant des paroles maladroites qui reflétaient son trouble, lui proposant finalement de s'asseoir. Charles sortit alors de son mutisme pour rebondir sur les mots d'Erik, de son habituelle voix calme et apaisante :
« Je pense que vous devriez tous les deux vous asseoir, respirer un bon coup et prendre le temps de discuter calmement de tout cela. »
Il laissa Erik aider Raven à faire quelques pas dans la pièce et l'accompagner pour qu'elle prenne place dans l'un des fauteuils. Se dirigeant à nouveau vers le minibar, il servit cette fois un grand verre d'eau fraîche qu'il posa sur la table basse devant Raven. L'alcool était bien évidemment proscrit dans son état.
Puis il se dirigea vers l'entrée de son bureau, non pas pour en sortir, mais pour refermer la porte et s'assurer que personne ne viendrait les déranger.
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Je faisais peine à voir. Non pire, je me faisais pitié. Je n’étais pas le genre de femme à être pétrifiée devant un homme. Et encore moins devant Erik. Mais c’était la situation dans laquelle je me trouvais depuis tous ces mois qui avait dicté ma conduite. J’aurai du informer Erik de ma grossesse et de la possibilité qu’il soit le père, plutôt que de partir en vacances et préparer la rentrée. Je me dégoutais. A nouveau la nausée souleva mon cœur. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vomi à cause des bébés. Certes, ils n’étaient pas la cause première de mon état mais ils en étaient la conséquence.
Mes poings se fermèrent légèrement mais d’une vitesse anormalement lente pour ma condition physique remarquable, c’était un peu comme si je naviguais à vu dans un brouillard épais. Et mon phare, étaient les deux hommes qui me faisaient face et qui me guidaient dans l’obscurité depuis toutes ces années.
Mes yeux clignèrent, rapidement eux, alors que l’une de ces lumières me saisit fermement par les épaules, m’aidant à trouver mon chemin jusqu’à un des fauteuils dans lequel je me laissais tomber sans ménagement. Je n’avais toujours pas dit un mot, je me contentais de hocher la tête aux paroles de ces deux hommes alors que j’essayais de reprendre un petit peu foi en ma propre personne.
Je ne pouvais pas rester cette femme faible et fragile. Ce n’était pas moi. Malgré tous mes efforts mon cœur battait toujours aussi vite, et alors que les portes se fermaient sur nous trois, je pris enfin la parole.
- Je suis enceinte Erik.
Bravo Raven. Ultra pertinent. Tu as le ventre d’une femme enceinte de jumeaux, qui est particulièrement mis en avant dans la robe que ton frère à choisi pour toi. Ça c’est de l’intelligence.
- Des jumeaux.
Vas-y enfonce toi encore un peu, mais peut-être qu’une fois que la bombe sera larguée je me sentirais mieux non ? J’abandonne de cacher mon ventre, laissant glisser la pochette qui ne me camouflait nullement sur le côté du canapé. Mon regard passe du verre d’eau, où je me noie longuement, avant de passer à Charles, dans les yeux de qui je cherche du réconfort et de la force, puis dans ceux d’Erik alors que je murmure à peine.
- Il est possible que tu sois le père …
BOUM. Explosion en plein vol.
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S'asseoir n'était pas une mauvaise idée en soi, Erik en ressentait le besoin, mais il était trop fier pour admettre cette faiblesse, même si elle transparaissait sans peine dans le cas présent. Après s'être assuré que Raven était bien assise, il envisagea de reculer un peu pour retrouver son verre, mais fut stoppé par les faibles paroles de Raven. Des jumeaux. Donc ça restait possible qu'il soit… ? Au final, il s'assit à côté d'elle, abandonnant sa fierté pour poser ses pensées.
Pendant un instant, il crut que la porte de sa jalousie mal placée allait se refermer. Mais elle resta entrouverte, laissant passer sa lumière pervertie à l'écoute d'une chose : "possible". Était-ce une formulation ? Ou un doute réel ? Une fois encore, il ne put s'empêcher de songer qu'il pouvait ne pas être le père. Un amant ? Une conquête ? Il ne savait quoi penser. Serait-il en colère s'il n'était pas le père ? Oui. Pour autant, il n'était pas certain que l'idée d'être père lui soit confortable. Trop de souvenirs. Trop de drames. Trop de peur.
"Je...", commença-t-il en cherchant bien ce qu'il allait pouvoir dire face à cette approximation, "Je ne sais pas quoi dire. Possible ? Je veux dire... Il y a quelqu'un d'autre ?"
C'était dit. Erik était assis en étant courbé en avant, les mains serrées posées sur ses genoux, attendant le couperet qui ne tarderait pas à tomber. Il était jaloux. Il le savait. Il n'était pas certain de vouloir être le père à cause de ses erreurs passées, mais pour autant il n'acceptait pas l'idée qu'elle ait pu avoir une autre aventure que lui dans une période si courte. Il était jaloux. Mais il n'exploserait pas de colère. Elle méritait mieux que ça.
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La bombe avait été larguée. Mais bizarrement, ou du moins pour le moment je ne me sentais pas mieux du tout. C’était peut-être même pire. Car je savais pertinemment à quoi il pouvait penser à ce moment-là. Et pas besoin d’être télépathe pour le savoir. Oui j’avais utilisé le mot possible. Il était possible qu’il soit le père, parce que Raven tu n’es qu’une grosse trainée qui enchaine les mecs depuis toujours ou presque. Et là depuis mars tu as couché avec trois hommes différents, presque quatre. Même si Rocket ne comptait pas à 100% comme un homme il avait une humanité pour moi. Et encore la possibilité se jouait entre deux seulement. Du moins ce dont je me souvenais. Il était fort probable que j’ai fait des choses qui me soient encore cachées lorsque j’étais sous l’emprise de la sorcière sombre.
Mes yeux se fermèrent un instant alors que mes mains se crispèrent sur le tissu de ma magnifique robe de soirée, mais pour le moment je n’avais pas spécialement en tête de ne pas la froisser. Si c’était la visite d’Erik ma surprise d’anniversaire … On pourrait dire que je me souviendrais longtemps de mes 41 ans.
- J’étais … En couple plus ou moins quand Wanda s’en est prise à moi ….
J’essaye de garder de la contenance, j’essaye de ne pas tomber mais ma voix me trahie, elle tremble comme mes mains elles aussi alors que je triture un peu plus le tissu de ma robe.
- Je n’étais pas moi-même … Tu t’en es rendu compte d’ailleurs et … fin mai quand …
Mon regard quitta enfin mes genoux pour chercher celui de mon frère, comme si j’avais besoin de m’assurer qu’il était près de moi.
- Je suis redevenue plus ou moins moi-même j’ai retrouvé cet homme … Nous nous sommes séparés et … J’ai découvert que … J’étais enceinte…
Pendant mon petit discours j’avais rapidement baissé la tête, beaucoup trop honteuse pour oser regarder qui que ce soit, et surtout pas vous deux. J’étais mortifiée, j’avais l’impression de n’être qu’un déchet bon à jeter. Mais je ne pleurais pas. Pas encore.
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La pilule était de plus en plus difficile à avaler. Elle était en couple. La Sorcière Rouge s'en était prise à elle. Elle n'était pas elle-même. Oui, il s'en était rendu compte ce jour-là. Il y avait quelque chose de différent chez elle. Plus d'initiative avec lui. Plus audacieuse. Évidemment, ça lui avait plu, il ne s'était pas posé plus de questions que ça. Puis après quelques temps, elle avait disparu à nouveau.
Erik serra les dents et les poings. Il se sentait idiot. Idiot de s'être laissé emporter ce jour-là. Idiot d'avoir cru qu'elle était revenue pour lui. Idiot de s'être laissé submerger par l'émotion. Idiot de croire qu'il représentait encore quelque chose pour elle. Même s'il était le père de ses enfants, c'était un "accident". Ils n'étaient pas le fruit d'un quelconque amour, c'était simplement le fruit du hasard et de l'imprudence.
Il se sentait comme un lion blessé. Blessé dans son orgueil bien plus que dans sa chair. La douleur qui lui serrait la poitrine n'était que trop familière. Trahison. Il n'avait été qu'une passade, un défouloir. Lui, un simple passe-temps. La colère montait en lui, son visage s'était durci et sa mâchoire était bien trop serrée pour qu'il puisse articuler le moindre mot.
Que penser de tout ça ? Qu'il avait perdu son temps. Et la tête, probablement. À songer à la façon dont cette histoire avait altéré sa capacité de réflexion, il y avait de quoi rire. Stupide qu'il était. Elle ne lui avait donné aucune nouvelle, ne l'avait jamais recontacté, n'était jamais réapparue. À quoi s'attendait-il exactement ? À ce qu'elle lui tombe dans les bras ? Foutaises...
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Le pire dans la situation ? C'est que je savais pertinemment la manière dont Erik pouvait se sentir. Nous nous connaissions depuis trop longtemps. Nous avions tellement vécu. Tellement partagé. Intense. Passionnelle. C'était bien les mots qui résumaient le plus notre histoire personnelle. Je me degoutais profondément. Je n'avais pas eu le courage de revenir d'affronter sur Genosha. Et te donner des explications. J'étais impardonnable. Et je le savais. Je ne te demanderai pas pardon car je savais que c'était en vain. De toute manière je ne me le pardonnais pas.
Des larmes silencieuses roulèrent sur mes joues alors qu'à travers les larmes je voyais ton visage se crisper, tes poings se serrer.
Hésitant un très court instant même si je m'attendais à une réaction de rejet de ta part, je pivotais légèrement vers toi pour venir prendre tes mains dans les miennes. De mon côté elles étaient glacées tellement j'étais pétrifiée.
- J'aurai du venir te voir plus tôt. Je le sais Erik.
J'arrivais à parler sans trop sangloter bien que des larmes s'ecrasaient lentement sur mes joues. Mon maquillage n'allait pas résister bien longtemps a ce rythme mais c'était bel et bien le dernier de mes soucis.
- J'aurai du t'en parler.
Pause.
- Je ... Tu as le droit de me détester. Je ... Comprendrais que tu ne veuilles plus jamais me revoir ...
Ce n'était pas ce que j'espérais. Mais j'avais bel et bien cette peur que tu te laisses guider par tes émotions et que tu me rayes complètement de ta vie. Et jusqu'à là je n'avais pas du tout réalisé que c'était une éventualité.
Toujours. J'avais toujours été là pour toi. Je t'avais toujours soutenue même dans tes moments les plus sombres. Même lorsque tu avais voulu me tuer ... J'étais toujours revenue vers toi par amour. Peut importe les risques, peut importe les naufrages et les tempêtes.
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