J'étais pas hyper fan à l'idée de laisser une pièce de technologie extraterrestre entre les mains d'un terrien, mais bon, c'était Rocket qui fixait les règles pour cette mission. Je décidais de ne lui en parler que quand on ferait le débriefing de toute cette histoire. Pour l'heure, il s'agissait de quitter les lieux dare-dare et surtout de ne pas se faire prendre par une caméra de sécurité. Bah oui, j'étais toujours en conditionnelle, officiellement, et même si je bossais techniquement avec un Avenger, ça voulait pas dire que foutre le feu à une immeuble et prendre la fuite passerait devant un juge.

Heureusement, on avait toujours aerojets, qui nous permirent de jouer les filles de l'air, cette fois sans avoir à se préoccuper des lumières ou des passants. Et on était débarrassés du poids mort. S'il survivait, ce qui était fort peu probable, je lui paierai une bière. Sur le trajet, je faisais l'inventaire des blessures. Rocket avait pris quelques coups mais il encaissait bien. Moi j'avais rien pris à part beaucoup de poussière, une odeur d'essence très forte et un mauvais goût dans la bouche. J'allais devoir laver tout ça, sinon on me repérerait à l'odeur sans peiner. Et j'avais déjà donné de ce côté-là.

Retour au bercail, direction la douche pour moi, l'infirmerie pour Rocket, en n'oubliant pas de faire un coucou à Groot qui jouait sur sa console. Après cette excursion, j'dois admettre que j'étais vanné, donc quelques heures de repos ne seraient pas du luxe. D'autant plus qu'on allait sans doute fourrer le nez dans un sacré guêpier. Mais la paie en valait la peine. Au ptit matin, j'étais déjà levé et je fouillais diverses cartes de la ville sur le net pour faire un pré-repérage de l'endroit. Je repérais vite le bâtiment en travaux. Entrer là dedans, ce serait du velours, mais une fois en dessous, les possibilités de sortie étaient limitées.

C'était donc le bon moment pour s'armer correctement. Je pouvais pas me permettre de me balader avec de l'armement trop lourd d'habitude, mais dans ce cas présent, on allait sûrement avoir besoin d'une bonne puissance de feu. Je préparais donc un grand sac avec mon lance micro-missiles, le fusil que j'avais tiré à ces mecs, des grenades à fragmentation, toujours des explosifs et mes bombes puantes et un blaster lourd en kit avec une grosse cellule d'énergie, et des poids pour pas partir en couille dès la première rafale. Pour la dernière arme, c'était pas idéal pour du combat sur le tas. Mais si j'avais le temps de l'installer, je pouvais faire de gros dégâts. Et dans le doute, j'ajoutais quelques flashbang. Et j'emportais toujours un masque à gaz et ma visière thermique. Pas question de se laisser surprendre.

Tout ça formait un gros sac qu'on devrait probablement trimbaler à deux, pas tant pour son poids que pour l'encombrement qu'il représentait. C'était pas le top discrétion, mais vu l'arsenal des trouffions, je préférais être prêt pour faire face à celui des chefs du gang. Le combat frontal, c'était pas mon truc, donc je préférais être prêt et repérable qu'être une cible facile.

Après cette préparation, à laquelle j'ajoutais encore un petit matos de piratage et un kit d'électronique, au cas où, je passais la journée à buller : ce genre d'incursion, 'faut la faire la nuit, surtout avec le gros sac. C'est donc le soir que Rocket et moi nous miment en route. Vu le matos à trimballer, utiliser les aerojets était exclu, ne serait-ce que pour le manque d'équilibre. Il fallut prendre un taxi, en baratinant ce dernier sur des histoires de super-héros pour qu'il ne pose pas trop de questions sur ce qu'on trimbalait, et aussi qu'il décarre vite une fois arrivés.

On était devant le bâtiment. It's show time !

HRP:

La crasse, les tags, les squatters, les murs décrépits et l'odeur de pisse et de fumette, voilà ce qui faisait des vrais bas-fonds de ville ! Un endroit où seuls les écoulements de la pluie lavaient grossièrement le sol. J'avais beau avoir un bon odorat, ça faisait longtemps que ce genre de lieu ne me gênait plus, 'faut dire que j'y avais passé pas mal de temps, que ce soit dans la Galaxie ou sur Terre. J'aimais ces endroits. Pas pour y vivre hein, 'faut pas déconner, mais tu pouvais y trouver des informateurs, des gangers, parfois même des flics qui croient qu'on les remarque pas. J'adore.

Bon le seul soucis, c'était que pour le moment, les "flics qui croient qu'on les remarque pas", c'était nous. Honnêtement, je me foutais royalement de me prendre une conserve sur les pieds. Si ça pouvait amuser ces pouilleux, qu'ils s'amusent. Tant qu'ils me refilaient pas leurs puces, j'en avait rien à cirer, mais Rocket avait visiblement moins l'habitude. J'imagine que quand on devient un héros, on oublie un peu à quoi ressemblent les bas-fonds. Ou du moins on n'y va pas souvent.

'fin bon, quelques minutes plus tard, on était vite arrivé au bâtiment, puis à l'escalier qui menait au sous-sol. Même si Rocket avait été très approximatifs sur "l'emplacement des trucs louches", j'étais clairement d'accord : les étages étaient bien trop occupés pour faire une planque correcte. Et puis on savait que les types étaient dans une station de métro abandonnée, donc, en dessous.

Descendre l'escalier n'était pas une mince affaire avec notre barda, nécessaire mais encombrant, et quand on atteint finalement les rails, je décidais de prendre le relais. Je tirais Rocket en arrière avant qu'il n'avance vers les rails. Je me doutais qu'il serait prudent, mais se balader à découvert était tout sauf une bonne idée. Je lui indiquais d'un doigt sur mon museau de se taire. On était en territoire ennemi. On ne savait pas combien ils étaient, ni quelles étaient leurs capacités ou leur technologie. Bon, côté tech, j'avais pas trop d'attente, ce serait sûrement primitif, mais même les primitifs pouvaient avoir des détecteurs de mouvement ou des mines.

Sans un mot, j'indiquais à Rocket de rester près du mur de l'escalier et scrutait les alentours. Le faible éclairage était suffisant pour y voir clair. Ce que je cherchais ? Le système de ventilation. Vous trouvez peut-être ça classique, mais vous imaginez pas combien personne ne pense à vérifier ça. Dans un métro, y a toujours des conduites de ventilation, sinon les gens crèveraient dedans. Même si la zone était désaffectée, il était fort probable qu'elle soit dégagée et fonctionnelle, sans quoi les types qui se cachaient là auraient tôt fait de crever d'asphyxie.

Je finissais par trouver une entrée valable. Comme prévu, ces ventilations n'étaient pas assez grandes pour laisser passer un humain, mais pour nous, on pouvait même faire passer le sac. Je sortais un tournevis que je calais entre mes dents et escaladai pour atteindre la grille. Là, je dévissais tranquillement la grille et la laissait tomber pour que Rocket la récupère en douceur. Après ça, je descendais, rangeai le tournevis et sortait mon petit matos d'électronique de poche. Ça servirait quand on croiserait les ventilateurs qui, à en croire le mouvement d'air dans la conduite, fonctionnaient.

Il ne nous restait plus qu'à nous glisser dans les conduites. Grâce aux différentes grilles qu'il y aurait sur le trajet, on pourrait facilement observer sans être vus. Pour ma part, je pouvais me promener à quatre pattes dans le conduit sans problèmes, mais je dus mettre des gants pour éviter que mes griffes ne cognent sur le métal de la conduite. Rocket était un peu plus grand que moi, mais à quatre pattes, ça passait crème. Quant au sac bien rempli, son rembourrage était suffisant pour amortir son bruit quand on le traînait, mais nous imposait de progresser doucement. D'un autre côté, on n'était pas spécialement pressés, si ?

Grillés, c'était surtout nous qui l'étions. Je m'étais pas attendu à la chute, trop l'habitude de me promener sans gros matériel dans ce genre de conduit. Déjà, on avait de la chance que rien n'ait pété vu l'atterrissage désastreux qu'on venait de faire. Bon, je m'en sortais sans trop de casse, les chutes, j'avais l'habitude, le problème avait surtout été la quantité de poussière que j'avais avalé sous l'effet de la surprise et qui me brûlait les poumons.

Mais notre plus gros problème c'était surtout de se retrouver au milieu d'une quasi-dizaine de gugusses armés jusqu'aux dents qui n'allaient sûrement pas prendre la chose à la rigolade. Si Rocket en était aux coups de semonce, moi j'avais pas l'intention de les laisser tirer en premier.

"J't'en foutrais des "on va faire un truc bien" moi" râlai-je en collant mon masque à gaz sur le museau.

Ce combat, on n'avait aucune chance de le gagner. Même si ces types étaient du même niveau que ceux dans l'appartement d'Ernesto, ce coup-ci on n'avait aucun avantage tactique pour s'en sortir. J'avais pas l'intention de prendre une balle pour "la bonne cause". J'suis pas un héros moi. Et j'allais le prouver.

Sans même prévenir Rocket, qui de toutes façons comprendrait rapidement, je prenais une bombe puante dans chaque main et les éclatais toutes deux par terre. Pourquoi ne pas les lancer ? Bon, déjà, j'étais en colère. Ensuite, je comptais bien que tout mon corps, y compris les petites griffes que j'avais au bout des mains, soient imprégnés de cette odeur pestilentielle qu'elles contenaient. Ce truc renforcé piquait la peau, sans déconner, mais c'était pas cher payé pour foutre en l'air la vue de tout le monde dans cette pièces. En plus, avec ce qui s'était imprégné sur moi, je préfère vous dire que ces guignols auraient beaucoup de mal à supporter mon approche.

Pas question de leur laisser le temps de comprendre : je ne prenais même pas le temps de prendre autre chose dans le sac et quittait immédiatement la zone "je suis une cible facile" pour tenter de me faufiler entre les jambes de l'ennemi. Je pouvais pas mordre avec mon masque, mais je pouvais être assez chiant pour laisser à Rocket le champ libre pour les allumer.