Il avait dit ce qu'il avait à dire. Ou plutôt, ce qu'il se devait de dire, bien à contrecœur. Ça ne lui faisait pas plaisir. Il avait tout à fait conscience de se comporter comme un salaud. En un sens, cela valait mieux ainsi : si elle partait avec une image négative de lui, elle l'oublierait plus facilement, il serait moins tenté de retourner la voir.
Les mots de Malicia lui firent du mal. Elle avait pensé qu'il pourrait être différent des autres... qu'elle pourrait vraiment compter sur lui. Et il la laissait tomber. Il serra les dents et baissa les yeux de nouveau, ne voulant pas affronter son regard déçu. Lorsqu'elle se leva, il se leva également et fourra les mains dans ses poches, afin de cacher qu'il serrait les poings à s'en faire mal aux doigts. Il ne devait pas répliquer. Il ne devait pas la démentir. Il devait la laisser partir.
Lui aussi aurait aimé que les choses puissent se passer autrement. Il aurait aimé pouvoir avoir le courage d'approfondir cette étrange relation impossible, qui aurait pu devenir quelque chose de magnifique. Mais il s'était juré de ne plus jamais subir de déception amoureuse, de ne plus jamais s'attacher au point de souffrir. Et voilà qu'il souffrait à nouveau à cause d'une femme, lui qui refusait catégoriquement de s'engager dans la moindre relation sérieuse. Il était parfaitement satisfait de sa vie sentimentale... du moins jusqu'à l'avoir rencontrée. Il ne voulait pas revivre ça. Il ne voulait pas avoir de nouveau le cœur brisé, il n'en avait pas la force.
Du coin de l’œil, il l'observa se diriger vers la sortie, partagé entre la peine de ne plus jamais la revoir et l'envie masochiste de la rattraper pour s'excuser et changer d'avis. Ses remerciements lui firent encore plus mal que le reste de ses paroles. Il tenta de se raisonner en se disant qu'il l'oublierait, comme il avait oublié toutes les autres, mais il n'arrivait pas à faire taire la petite voix qui dans un coin de sa tête s'obstinait à lui dire qu'elle n'était pas comme toutes les autres...
La porte se ferma. Remy resta un long moment immobile et silencieux, ruminant de bien tristes pensées. Puis il finit par relever la tête, posa un regard désolé sur la porte, comme s'il pouvait encore percevoir la présence de Malicia alors qu'elle était probablement déjà loin, et murmura :
« Adieu Malicia... »
Puis il quitta précipitamment les lieux, sans même laisser un mot à son ami médecin. Il marcha de longues heures dans la ville, sous la neige qui semblait vouloir tout engloutir. Puis il rentra chez lui, exténué, et s'effondra dans son lit pour quelques heures de sommeil. Lorsqu'il s'éveilla dans la soirée, il se mit en quête d'une jolie fille à attirer entre ses bras, et lorsqu'il lui fit l'amour, il ferma les yeux et imagina le visage de Malicia...
Merci à toi également, c'était très chouette ! Je suis d'accord avec toi, ils font un très beau couple, mais leur histoire n'est pas finie, ces amants maudits se recroiseront