C'était pourtant un coup simple, un casse de routine, chez un particulier, rien de bien exceptionnel. Remy et deux autres Joueurs avaient repéré les lieux durant la journée, sur indication d'une connaissance qui leur avait filé l'adresse d'un type fortuné qui trempait dans des affaires pas très nettes et avait une planque dans le Bronx. L'appartement n'était pas spécialement sécurisé, situé dans un immeuble classique du Bronx, le genre logement social. Pas d'alarme, pas de vigile, pas de digicode à l'entrée… du gâteau.
Ils avaient décidé de passer par les toits, comme souvent l'accès le plus simple et le plus discret, puis avaient descendu discrètement les étages, en pleine nuit, étant ainsi quasiment certains de ne croiser personne dans les couloirs. Arrivés au onzième, ils s'étaient faufilés jusqu'à la porte de l'appartement qu'ils avaient crocheté dans le feutré, avant de s'introduire à l'intérieur. Le propriétaire n'était pas sensé être là, l'endroit n'était qu'une planque, pas un réel lieu de vie…
Et en effet, l'appartement était vide de présence humaine. Les trois voleurs purent tranquillement le fouiller, localiser le coffre-fort, l'ouvrir et empocher une belle quantité de liasses de billets. Ils laissèrent sur place les quelques armes de poing planquées dans un sac de sport dans une armoire, ainsi que les sachets de poudre blanche cachés dans la cuisine. Chacun son business. Puis ils sortirent de l'appartement… et c'est là que la situation dégénéra.
« ON NE BOUGE PLUS ! »
La voix venait d'un homme d'un âge moyen, en chemise de nuit et pantoufles, qui se tenait dans le couloir de l'étage, une carabine à la main. Il les tenait en joue et avait la tête de celui qui ne plaisante pas. Il était éclairé par la lumière venant d'un appartement ouvert à côté de lui. Les trois voleurs s'étaient immobilisés dans le couloir. L'endroit était étroit, si l'homme ouvrait le feu, il toucherait forcément l'un d'entre eux.
« SUZIE, APPELLE LES FLICS ! »
Remy profita de ce que l'homme tourna la tête un bref instant pour interpeler la dénommée Suzie à l'intérieur de l'appartement pour glisser sa main dans la poche de sa veste. Mais l'homme remarqua le mouvement et pointa sa carabine vers lui.
« HEY ! QU'EST-CE QUE TU FOUS ? »
Remy resta très calme, il osa même esquisser un léger sourire. Il sortit lentement la main de sa poche, révélant l'objet qu'il tenait entre ses doigts. Il prit alors la parole, d'une voix douce :
« Du calme… Ce n'est qu'une carte… »
Une "simple" carte à jouer, qu'il lança nonchalamment mais habilement en direction de l'homme à la carabine. Au contact du torse de l'homme, la carte produisit un souffle explosif qui envoya valser leur adversaire quelques mètres plus loin. Une balle fut tirée durant sa chute, mais elle se ficha dans le plafond. Les trois voleurs n'attendirent pas pour se précipiter vers les escaliers, ne prêtant aucune attention aux hurlements de Suzie. Une fois de nouveau sur le toit de l'immeuble, ils entendaient déjà les sirènes de police se rapprocher. Remy ajusta sur son dos les sangles du sac qui contenait leur butin de la soirée et donna ses instructions à ses deux coéquipiers.
« Vous filez chacun sur un toit adjacent, là et là, vous redescendez discrètement par les escaliers de secours et vous rentrez tranquillement par le métro. Moi je vais gambader un peu sur les toits au cas où et redescendre plus loin. On se retrouve à la planque. »
Ils se mirent aussitôt en route. Remy resta quelques instants, le temps de s'assurer que ses compagnons cheminaient sans encombre, puis il sortit de son sac son bâton télescopique qu'il déplia et se dirigea en courant vers le bord du toit. Le prochain toit était un peu plus bas que celui-ci, mais les deux immeubles étaient séparés par plus de quatre mètres de vide. Un jeu d'enfant pour le voleur acrobate, surtout avec son bâton qu'il pouvait utiliser comme une perche. Arrivé près du bord du toit, il plaqua l'extrémité de son long bâton contre le parapet et sauta. Il se réceptionna souplement sur le toit suivant, prêt à reprendre sa course… lorsque ses yeux perçants remarquèrent la présence d'une silhouette humaine qui se dessinait dans l'encadrure de la porte du bâtiment situé sur ce nouveau toit.
Dans la nuit du 28 au 29 juin Sur le toit du squat
Le quartier du Bronx. Ses dealers, ses gangs, ses mystères, ses codes. Aussi étonnant que ce soir, je ne m’y suis jamais sentie … mal à l’aise à l’intérieur, bien au contraire. Ce lieu … il me rappelle Limehouse. Sans parler de m’y sentir comme à la maison, cela ... me convient. Du moins, à défaut de mieux je dirais ?
Chaque lieu a ses propres lois, tacites, qui ne sont écrites nul part mais su de tous. Les lois des rues, les lois des ombres. D’une ville à l’autre, elles ne changent pas vraiment. Aussi, mon “installation” ici s’est bien passé. Je ne suis d’aucune bataille, d’aucun clan. Je suis … neutre au milieu de tout cela, animée par mon propre combat, intérieur notamment. Celle contre ce masque, celle contre ses meurtriers, contre cette injustice. Alors, de ce squat miteux, transformé en refuge de fortune, je continue mes recherches. Et ce soir, je suis dessus d’ailleurs, en train de relire, relire encore et toujours les carnets. Certains noms, certains lieux, tout cela ne colle pas. Il y a des incohérences … L’un de mes murs est couvert d’annotations, de liens, de fils de toutes les couleurs, des photos anciennes, récentes, prises par moi ou trouvé ailleurs, des articles de journaux, des bouts de rapports … et sur l’un des mur, le symbole que j’avais vu dans la loge, peint sur un mur, un symbole confus, un mélange de guy fawke et de deux couteaux… Peut-être bien leur symbole mais je n’en suis pas sûre. Sans aucune explications, on pourrait me croire folle en voyant cela. Que je suis une psychotique ou pas très équilibré en tout cas.
J’étais concentrée, en train d’étudier à l’aide d’un ordinateur portable tout juste bon pour la casse, à faire des recherches quand j’ai entendu … du grabuge ? Qu’est ce qu’il se passe ? Je devrais peut-être rester là, ne pas bouger mais … je suis très nulle à ça. Et je n’aime pas subir les choses. Autant aller jeter un coup d'œil. Je monte sur un de mes meubles, saute pour chopper la poutre de métal et atteint au final la plateforme qui mène au toit. J’entends du bruit, et l’écho des sirènes de police résonne dans le lointain. J’ouvre la porte, je sens le souffle de la nuit, son odeur si particulière. C’est à l’instant où j’ouvre la porte que je le vois tomber ou plutôt atterrit face à moi sur le toit avec sa canne, à quelques mètres de distance à peine… Et une question me vient tout de suite à l’esprit … Mais qui c’est ce con ? Dans la pénombre de la nuit, de ce quartier, je le distingue que peu Par contre, ce que je vois, ce que je vois clairement aussitôt derrière lui… c’est l’éclat du métal. Il va quand même pas … non j’y crois pas ! Je m’élance, le regard fixé au-delà de l’intrus, dans ma main couverte de cuir une lueur apparaît, grossissant, devenant une orbe de la taille de mon poing. Je cours, traversant à tout allure la distance qui me sépare de l’autre crétin et avant même pu le prévenir, l'avertir ou crier quelque chose comme "À terre !”, je le bouscule alors qu’un claquement résonne au milieu de la nuit et des sirènes de police. Il est armé, il a armé son arme, il vise, il s’apprête à tirer. Le projectile brûlant décolle de ma main à toute allure à cet instant, fonçant jusqu’à l’individu sur le toit d’en face, jusqu’à son arme, cherchant à la dévisser. Trop tard. Il presse la gâchette en même temps que l’orbe touche le canon du fusil. Mon cœur loupe un battement, j’ai les yeux grand ouverts, ayant l’impression de voir au ralenti ce qu’il se passe. Le coup est légèrement dévié mais part quand même avant que l’homme ne soit assommé par sa propre arme.
D’un coup, je sens comme un coup dans mon bras gauche qui entraîne mon épaule en arrière et une partie de mon corps, me faisant reculer d’un coup. Une gerbe de sang s’échappe et celui-ci se met à dégouliner sur mon bras nu, un des plombs vient de passer à travers mon bras. Putain … merde … Si à l’impact, sous le choc, je n’ai pas réagi, la douleur de la blessure explose d’un coup dans mon corps, et je lâche un cri que je n’arrive pas à retenir, plaquant ma main sur la blessure pour … contenir la plaie, empêcher le sang de sortir. Mais ce geste me fait grincer des dents, plus encore. Putain quelle … conne.
-Aaaah, putain …
L’homme ne se relève pas de l’autre côté, il a dû être assommé. Au moins un problème de réglé, mais mon regard glisse vers l’autre que j’ai bousculé alors que ma première question le concernant passé enfin mes lèvres :
-Mais putain t’es qui et qu’est-ce que tu as foutu chez l’autre barge ?!
La loi de la rue …Sois aveugle, sourd et muet et tu survivras Mais je n’ai jamais réussi à respecter cette règle. Jamais mais la punition cette fois est sévère …
Bon sang que ce quartier était pénible… Le Bronx avait toujours eu une mauvaise réputation, même si la ville avait tenté d'en redorer le blason ces dernières années. Mais depuis l'affaire du Supgen et des guerres de gangs, tout le monde était sur les dents, et chacun se sentait libre de faire régner sa propre loi. C'est pour ça que le voleur n'aimait pas vraiment opérer dans le coin… Ca pouvait mal tourner à tout moment.
Il avait fallu qu'un voisin s'en mêle, et que comme tout crétin d'américain moyen, il sorte une pétoire. Bon Dieu ce que Remy détestait les armes à feu… Si facile, si peu classieux, si dangereux. S'ils étaient parvenus à empêcher un drame, les trois voleurs avaient tout de même attiré l'attention et étaient désormais en fuite. Les deux compagnons de Gambit avaient pu s'enfuir sans trop de soucis, c'était à lui à présent de détaler en vitesse. Mais il connaissait bien moins les toits du Bronx que ceux de Manhattan, et il ne s'était pas attendu à rencontrer quelqu'un dès le deuxième toit.
Il n'eut pas vraiment le temps de détailler les possibilités qui s'offraient à lui que la personne se mit à courir vers lui. Instinctivement, il se mit aussitôt en position de défense, empoignant fermement son bâton télescopique, prêt à se battre si nécessaire. Il fut néanmoins contraint de détourner le regard de la boule enflammée qui grandissait dans la main de la fille, tant ses yeux étaient sensibles à ce genre de lumière éblouissante.
Lorsqu'elle le bouscula, Remy tourna par réflexe la tête vers elle, et son regard se posa malgré lui sur l'orbe flamboyante. Il poussa alors une exclamation de douleur et porta la main à ses yeux. Tout se passa ensuite très vite. Il entendit le coup de feu, identique à celui qu'il avait failli subir dans le couloir de l'immeuble voisin. Puis il sentit l'odeur caractéristique du sang tout près de lui, et entendit la fille crier.
« Qu'est-ce qui se passe encore ? »
Il tourna la tête vers l'origine du bruit du coup de feu, puis vers la voix de la fille qui poussait des jurons, mais il était incapable de discerner visuellement quoi que ce soit. Le blanc de ses yeux avait viré au noir d'encre, tandis que pupilles et iris brillaient d'un rouge vif. Ses yeux étaient humides de larmes, provoquées par la brûlure de ses rétines. Ses grognements de douleur se mêlaient à ceux de la fille, qui l'agressa avec ses questions.
« Ce type a surgi de nulle part et a tenté de me tirer dessus. Du coup je me suis enfui par les toits, je pensais pas qu'il me suivrait… Bordel ça brûle… »
S'appuyant d'une main sur son bâton, il se frotta vigoureusement les paupières avec sa main libre, mais rien n'y fit. Il était plongé dans le noir total. Il était complètement dépendant de cette inconnue pour tâcher de comprendre où en était la situation.
Dans la nuit du 28 au 29 juin Sur le toit du squat
Tout va souvent trop vite, un enchaînement. J’ai à peine le temps de voir cet étranger qui a surgi sur le toit de mon refuge que je vois l’arme, l’arme qui est pointée sur lui, qui est chargée, prête à tirer, prête à tuer. Et j’ai refusé cela. Je me suis mise à courir pour le protéger, pour l’écarter d’une possible mort imminente, menace que je tente de contrer également en déviant d’un projectile l’arme qui est pointée vers lui et dans un sens vers nous. L’homme en me voyant se met en position de défense, visiblement prêt à me combattre mais il tourne la tête face à … l’apparition du dit projectile dont j’ai besoin. Est-ce la surprise, le feu, la peur de celui-ci ?
Mais pas le temps, j’entends l’arme, il est prêt à tirer. Je pousse l’homme en même temps que le projectile est lancé, propulsé. J’entends l’homme et crois voir un moment. Je m’apprête à tourner les yeux vers lui mais le coup de feu retentit, et tout se passe au ralenti.
Je suis touchée. J’ai pris une balle ou un plomb …
« Qu'est-ce qui se passe encore ? »
J’ai reculé après avoir crié, le corps courbé, ma main se plaque sur ma blessure. Ah putain … putain … putain … Je n’ai pas entendu sa question entre le choc du coup et la douleur qui explose. Je vois qu’il tourne la tête vers moi, mais son visage … Ses yeux … J’ai un sursaut avant de me rendre compte qu’il regarde …. vers moi mais pas moi véritablement. Je fais un pas vers lui, me laissant tomber à genoux devant lui à environ un mètre, à portée de lui, la main toujours comprimée sur ma blessure. Cela n’atténue hélas pas la douleur mais bon, au moins je me vide directement de mon sang.
« Ce type a surgi de nulle part et a tenté de me tirer dessus. Du coup je me suis enfui par les toits, je pensais pas qu'il me suivrait… Bordel ça brûle… »
Et merde … Qu’est-ce qu’il se passe avec ses yeux ? Il a été touché ? Son regard est vers moi, mais il n’a pas suivi mon mouvement, plutôt ma voix lorsque je lui parle. Je me rapproche un peu, me penche en avant pour voir s’il a pris lui aussi un plomb solitaire mais ça a l’air d’aller. Mais ses yeux … Outre leur noirceur dont je suis presque sûre est nouvelle, je n’arrive pas à comprendre d’où ça vient.
-Mauvais calcul alors. Vous … ?
Je veux parler mais ses yeux ... j'avoue qu'ils ont un côté aussi terrifiant que fascinant à l'heure actuelle. Et j'essaye de comprendre ce qu'il lui arrive. La lumière peut être ? Le feu ? Ce serait ça, l’état de ses yeux et les larmes encadrent ses yeux ? Il a tourné la tête lorsque je me suis approché et maintenant passe sa main sur ses yeux, l’autre étant posé sur son bâton, comme pour avoir un appui, un repère. « Tu l'as neutralisé ? Tu es blessée où ? »
-Oui, il a pris de plein fouet son arme dans les dents et je crois qu’il est assommé et Aaah …
Doucement je desserre mes doigts de la blessure pour l’examiner. Ah c’est ressortir, j’en suis sûre maintenant. Putain je ne sais pas ce que je préfére entre les flèche et les balles mais je peux dire en tout cas que les deux font execivement mal.
-Mon bras… J’ai pris un plomb dans le bras ou un fragment, je sais pas trop, ça fait pas du bien…
Sans dec Captain Obvious. J’ai un léger soupir, entre le rire et le grognement. Je prends sur moi un instant, et, en serrant les dents, je secoue ma main en sang juste face à l’homme aux yeux qu’on pourrait presque qualifier de démoniaque face à moi. Réaction faible. Il ne voit vraiment rien ? -Et vous, vous avez été blessé ? Vos yeux … Vous y voyez quelque chose ? Pourquoi il sont aussi noirs ?
Je referme à nouveau mes doigts sur ma plaie, il me faut un bandage, arrêter le sang. Au moins la mitaine de cuir fait un peu bandage … ou pas. Est-ce que j’essaye de me rassurer ? Oui clairement. Est-ce que ça marche … pas tellement.
"Mauvais calcul" ? Sans blague… Remy ne s'était vraiment pas attendu à ce que le type le course sur les toits, alors que ce n'était même pas lui qu'il avait cambriolé. Il y avait beaucoup trop de gens qui se prenaient pour des héros dans cette foutue ville, sans doute l'effet Avengers… Ca n'arrangeait pas ses affaires. Et en plus maintenant il y avait cette fille, cette mutante pyromancienne sortie de nulle part, qui l'avait aveuglé en voulant l'aider… et il ne savait pas encore s'il pouvait se fier à elle ou pas. Mais avait-il le choix ?
Il poussa un soupir de soulagement lorsqu'elle lui annonça que le dingo à la pétoire était assommé. Au moins un problème de réglé. Mais qui en avaient provoqué d'autres assez pénibles. Elle était donc blessée au bras… bon, rien de grave en soi, mais il ne fallait pas qu'elle se vide de son sang. Remy défit d'une main habile la boucle de sa ceinture et la retira avant de la tendre vers la fille, en lui expliquant :
« Le plomb fait moins de dégâts qu'une balle, mais il faut faire attention à l'hémorragie. Tu sais faire un garrot ? Place ça à quelques centimètres au-dessus de la plaie. Serre le plus fort possible, même si ça fait mal. »
Il l'aurait bien posé lui-même, mais sans ses yeux, il ne pouvait pas faire grand chose de plus. Elle remarqua d'ailleurs sa cécité, puisqu'elle lui demanda s'il était blessé, s'il voyait quelque chose, et s'inquiéta de la noirceur de ses yeux. Evidemment, c'était peu commun.
« C'est rien… J'ai les yeux très sensibles, une lumière vive peut me rendre aveugle pendant un moment, mais ça va passer. »
Il tâchait de minimiser les choses pour ne pas paraître trop faible, mais en réalité il s'inquiétait de cette cécité. Il avait déjà été confronté au problème plusieurs fois, et s'il savait que ce n'était que temporaire, il ignorait combien de temps cela allait durer. La dernière fois il s'était pris l'éclat d'une maglite dans les yeux et avait mis plus d'une demi-heure à s'en remettre… La lueur de la boule de feu avait été encore plus forte.
Il n'allait pas pouvoir descendre de ce toit sans son aide, d'autant plus qu'il entendait les sirènes des voitures de police en contrebas. Il ne pouvait pas se faire prendre dans son état, surtout avec sur le dos un sac rempli de billets. Mais il ne pouvait pas non plus expliquer ça à cette fille, qu'il ne connaissait pas et qui pourrait tout à fait le dénoncer aux flics. Il décida donc de jouer une autre carte, se servant des évènements qui avaient récemment secoué le quartier :
« Faut pas qu'on reste là… Avec tout ce qu'il s'est passé dans le coin ces derniers mois, il ne vaut mieux pas que les flics nous trouvent, deux mutants qui ont agressé un homme, ils ne se poseront pas de questions. Tu connais un lieu sûr où on pourrait se planquer le temps que ça se tasse ? »
Si elle se trouvait sur ce toit au beau milieu de la nuit, c'était sans doute pas par hasard. Avec un peu de chance, elle vivait dans cet immeuble, ou connaîtrait un endroit non loin d'ici.
Dans la nuit du 28 au 29 juin Sur le toit du squat
En ce moment, je suis abonnée aux blessures au bras gauche. Celle d’y a une dizaine de jours déjà au couteau et maintenant celle-ci. Putain je vais finir par partir une armure sur ce côté, ça va être vite vu. Aaaie, je douille et pense des conneries… Si moi je déguste, l’autre tout en continuant d’avoir les larmes aux yeux, semble soulagé de savoir qu’on a plus que moi comme allumé de service. Bon, si ça lui enlève un poids du cœur, tant mieux … Perso moi, la seule chose que je vois c’est que pour redescendre dans le refuge, je vais bien galérer autant pour rentrer que pour sortir, joie … Et lui ? J’en fais quoi ? J’arrive pas à quitter ses yeux du regard, remarquant maintenant surtout l’iris que je distingue maintenant, ne comprenant pas pourquoi elle ne m’a pas sauté aux yeux. Fascinant … Mais je sors de ma contemplation quand je le vois commencer à défaire sa ceinture … ce qui fait apparaître dans mon esprit un gros “WTF” qui heureusement reste à l’intérieur car sinon on m’aurait entendu dans tout le quartier. « Le plomb fait moins de dégâts qu'une balle, mais il faut faire attention à l'hémorragie. Tu sais faire un garrot ? Place ça à quelques centimètres au-dessus de la plaie. Serre le plus fort possible, même si ça fait mal. »
J’ai pris une ou deux fois une balle mais pour le coup,je sais pas si je sens vraiment une différence. Tout ce que je peux dire, c’est que ça me défonce le bras et que je douille… Je crois que c’est à moi de pousser un soupir de soulagement pour le coup … Un soupir que je contiens alors je finis par lâcher ma blessure pour tendre le bras et prendre sa ceinture, commençant déjà à la tâcher. -J’ai déjà fait quelques fois … merci, j’espère que tu n’y tiens pas car je vais te la pourrir ta ceinture …
Moi vouloir détendre l’ambiance ? Si j’arrive à le faire rire, je me note un bon point. Je crois que j’ai aussi envie de rire, juste pour casser l’angoisse du moment, de cela… Je bouge ma main devant ses yeux, en tenant toujours la ceinture entre mes doigts. Il ne semble vraiment rien y voir … Putain, ça va être parfait pour le faire descendre ça…
« C'est rien… J'ai les yeux très sensibles, une lumière vive peut me rendre aveugle pendant un moment, mais ça va passer. »
Les yeux sensibles … les yeux sensibles … Mouais, visiblement. Lorsqu’il a atteri, je sais, je suis sûre que ses yeux étaient normaux. Mutant ? L’idée en tout cas reste dans mon esprit, même si clairement, c’est pas le moment DU TOUT de demander ça. Doucement, je remonte la ceinture autour de mon bras, passe le pan dans la boucle et après avoir profondément soufflé, je serres..
-Aaaaaah…
Je serre les dents, manquant de me mordre avec violence la lèvre alors que je finis de serrer la ceinture au-dessus de la blessure. Je n’arrive pas à retenir un léger gémissement de douleur. Mais je préfère serrer suffisamment pour éviter les soucis. J’ai pas envie de me vider de mon sang ici, pas maintenant, clairement pas maintenant. Je me recroqueville sur moi-même, ma respiration se fait plus longue, pour faire passer la douleur. Ma main se pose sur le sol, laissant une marque pourpre sur le toit. Certains inaugurent leur maison au champagne, voilà que je fais ça avec quelque chose de plus intime…
La douleur commence à se tasser et je relève les yeux vers lui, toujours appuyé sur sa canne et avec un sac. Un gros sac … Mais je n’ai pas le temps de l’observer plus que l’homme aveugle me parle, me faisant penser à autre chose :
« Faut pas qu'on reste là… Avec tout ce qu'il s'est passé dans le coin ces derniers mois, il ne vaut mieux pas que les flics nous trouvent, deux mutants qui ont agressé un homme, ils ne se poseront pas de questions. Tu connais un lieu sûr où on pourrait se planquer le temps que ça se tasse ? »
Avec tout ce qui s’est passé … Je baisse les yeux vers le sol, vers la marque sombre dans la poussière. Oh j’avais lu dans les journaux ce qu’il se passait, et vécu plus d’un truc déjà. Bronx … tu n’as rien à envier à ton grand frère de Londres… Je tourne la tête vers la porte. On peut passer par là mais
-Putain … c’est pas possible …
J’ai presque envie de pleurer de rire. Comment je vais lui expliquer que pour rejoindre mon refuge, il va falloir qu’il fasse de l’acrobatie de haut niveau. Je l’ai vu sauter, il pourrait s’en sortir mais là, avec ses yeux…
-Une manchote et un aveugle sur un toit … on dirait le début d’une mauvaise blague…
Voilà, je me me marre durant un court instant, j’ai un éclat de rire nerveux alors que j’entends bien qu’on doit bouger. Doucement, je me redresse. Il faut se dépêcher. Je plaque mon bras contre le bras, pour éviter de trop le bouger et j’allais tendre ma main pour prendre celle de mon compagnon d’infortune quand je m’arrête en plein mouvement. Ma mitaine est poisseuse de sang. Merde. Le sang ou la cicatrice … tant pis, on va se débrouiller avec le liquide poisseux. Je m’approche, prends sa main doucement pour prévenir d’un geste malencontreux en lui disant : -Je connais un endroit, mais il va falloir que tu me fasses confiance, et que tu aies la foi …
Et fasse un saut de la foi aussi. Mais je garde l’info pour plus tard.
Il était très rare que Remy défasse sa ceinture en présence d'une jolie fille sans enlever le pantalon ensuite, mais pour le coup il n'y avait même pas pensé une seconde. En ce moment, il ne pensait qu'à sa survie et à sa liberté, qui dépendaient d'elle, il fallait donc qu'elle soit opérationnelle. Il sentit qu'elle avait attrapé la ceinture, il la lâcha donc en acquiesçant à ses propos. Elle avait déjà posé quelques garrots… soit elle était secouriste, soit elle avait déjà connu quelques galères. Instinctivement, il pencha pour la deuxième option. Lorsqu'elle lui demanda, plaisantant à moitié, s'il ne tenait pas trop à sa ceinture, il eut une moue embarrassée et répondit :
« Mon père me l'a offerte, c'est la seule chose qui me reste de lui… »
Il resta silencieux quelques instants, avant qu'un sourire mutin ne naisse sur ses lèvres et qu'il ajoute :
« Je plaisante. Ce n'est qu'une lanière de cuir. »
Lui aussi cherchait à détendre l'atmosphère, pour minimiser l'ampleur de la situation et pour la mettre un peu en confiance. Son sourire s'effaça néanmoins lorsqu'il entendit les râles de douleur de la mutante, et son gémissement lorsqu'elle serra le garrot. Pourvu qu'elle ne s'évanouisse pas… il serait mal barré. Inquiet pour elle, mais avant tout pour lui, il demanda :
« Ca va aller ? »
Nerveux, il attendit qu'elle reprenne son souffle, suspendu à sa décision quant à leur planque à venir. Allait-elle accepter de l'emmener avec elle ? L'interrogation se lisait dans ses yeux démoniaques lorsqu'elle jura et commenta que ce n'était pas possible… puis il trouva la force de sourire à nouveau lorsqu'elle fit un nouveau trait d'humour, bien que son sourire soit un brin plus amer.
« Il y en a un Là-haut qui a un sens de l'humour douteux… »
Vu la situation plus que bancale, il pouvait se permettre un petit blasphème. Heureusement pour lui, la fille finit par accepter, annonçant qu'elle connaissait un endroit… mais qu'il allait devoir lui faire confiance. Il se retint de rétorquer que de toute façon, il n'avait pas vraiment le choix. Il sentit sa main poisseuse de sang prendre la sienne, et il repositionna son bâton télescopique comme une canne d'aveugle dans son autre main, tout en se redressant en poussant un soupir pour se donner du courage.
« Eh bien c'est parti. »
Quel que soit le plan foireux dans lequel elle voulait l'embarquer, ce serait de toute façon moins pire que de rester ici, à découvert et vulnérable, à quelques mètres au-dessus des voitures de flics…
Dans la nuit du 28 au 29 juin En chute libre dans le Squat
« Mon père me l'a offerte, c'est la seule chose qui me reste de lui… »
Je me fige, mes doigts ensanglantés commencent déjà à gorger le cuir. Ma tête se décompose… putain fail… Je me manque de la lâcher, cherchant mentalement une autre option quand je vois ses lèvres bouger, se relever. Oh, il a pas osé … « Je plaisante. Ce n'est qu'une lanière de cuir. »
Un certain nombre d’insultes me viennent à l’esprit mais j’arrive à les garder pour moi, lâchant juste un “crétin” qui, vu ce que j’avais à l'esprit, passe presque pour un surnom affectueux. Mais là, outre son trait d’humour un peu tombé à l’eau, c’est le moment complexe, que j’appréhende. En me préparant, je passe la ceinture autour de mon bras et sans plus réfléchir, je place le garrot, le serrant au plus fort que je puisse, réfrénant un cri qui m’échappe à demi. Je ne vois pas son expression changé, je ne vois pas son visage devenir inquiet.
« Ca va aller ? »
-Va bien falloir … je finis par grogner entre mes dents.
Ce n’est pas contre lui que je suis en colère, enfin pas totalement. J’essaye de faire passer la douleur mais elle reste, lancinante. L’idée de cautériser la plaie commence vraiment à me tourner à l'esprit… Et je finis par avoir un humour aussi douteux que le sien. Nerveux, il attendit qu'elle reprenne son souffle, suspendu à sa décision quant à leur planque à venir. Allait-elle accepter de l'emmener avec elle ? L'interrogation se lisait dans ses yeux démoniaques lorsqu'elle jura et commenta que ce n'était pas possible… puis il trouva la force de sourire à nouveau lorsqu'elle fit un nouveau trait d'humour, bien que son sourire soit un brin plus amer.
« Il y en a un Là-haut qui a un sens de l'humour douteux… »
-S’il y a vraiment un Là-haut, et bien qu’il ai…
Je ne finis pas ma phrase, ce n’est pas le moment. Je n’ai pas envie ni de parler de cela, ni de jurer encore… Il faut que j’arrive à me concentrer. Nous n’avons pas beaucoup de temps, très peu même. Alors je me redresse, et lui tends la main, qu’il attrape comme il peut. Ma main glisse pour se refermer sur son poignet, assurant sa prise sur lui. Il se redresse sur sa canne, je l’aide.
« Eh bien c'est parti. »
Putain si tu savais ce qu’il t’attends… Je le traîne derrière moi, lentement pour que je n’ai pas à le ramasser par terre. J’ouvre la porte, et le fait passer à l’intérieur, le faisant avancer de seulement un pas pour être à l’intérieur mais l’arrête à un pas de la fin de la plateforme brisée : -N’avance pas plus ! Sinon tu y restes…
Je referme la porte derrière nous, nous enfermant dans la pénombre et à l’abri des regards et soupire profondément avant de lui expliquer, qu’il ne panique pas, pas trop en tout cas…
-C’est un vieux bâtiment. La plateforme du toit est brisée. Sous toi, il y a environ … 3-4 mètres, peut être 5 mètres grand max avant d’atteindre l’étage du dessous, de l’abri. Normalement on descend par une poutre qui est à environ 2 mètres plus bas et ensuite soit en chute, soit par les meubles. Mais toi …
Je réfléchis, je peux ramener un matelas, et peut-être un deuxième à moitié défoncé. S’il se réceptionne bien, ça devrait le faire. Sinon …
-Je vais descendre la première, je vais installer de quoi te réceptionner. Il faudra que tu sautes, quand je te le dis, pas avant. D’accord ?
J’attends qu’il me confirme cela, qu’il me promette de faire attention. Je lui conseille de s'asseoir et attends qu’il soit stable avant de me redresser. Je dois respirer. Je peux tenter de réceptionner à une main mais ça va être dur. Mon cœur bat fort, ma respiration est presque retenue avant qu’au final,après avoir retiré ma mitaine de cuir que je glisse ma poche arrière, et essuyé mes mains sur mon pantalon, je m’élance.
Mes doigts agrippent le rebord en métal mais pas assez solidement, ma prise est bancale. Merde …. mince. Dans un geste réflexe, je lance mon autre bras, me rattrapant de peu en retenant un juron et un cri lorsque je sens la tension qui relance violemment ma blessure. Putain … ça fait mal…
Je reste suspendue pendant quelques secondes, respirant profondément alors que j’analyse. Je suis un peu loin des meubles et je n’arriverai probablement que difficilement à descendre dessus, donc l’autre option, chute avec réception… Je relève les yeux vers lui. Il est aveugle, il est vulnérable, et au bord du vide… Je ne peux pas me foirer. Je me mords la lèvre, ça va faire mal. Je prends de l’élan, la douleur me lance. Putain idée de merde, de merde, de merde Je saute. Et je finis en roulade sur le sol … en partie sur mon bras blessée
-Aaah putain !!
Je finis sur un genoux, me tenant mon bras, serrant ma blessure. Putain, la terre est basse et le sol terriblement dur. J’ai …envie de hurler mais je me mords à nouveau la lèvre, manquant de fendre la lèvre. Bon, allez, respire, tu peux pas flancher, pas maintenant, l’autre en haut, il a besoin de toi, sinon il va passer un moment au-dessus du vide…
Il me faut quelques instants avant que je ne lui lance - "Je vais bien" - avant de me relever. Il faut que j'y arrive. Cela prends plusieurs minutes, le temps que je tire péniblement mes deux matelas... Déjà qu'ils sont lourd, mais là avec le bras blessé, c'est du délire. J'ai presque envie de le laisser là-haut mais je persévère, finissant, par les empiler. Ils sont vieux, ils sont à moitié défoncés mais sans cela, Remy n'a aucune chance. Je m'écroule à côté, reprenant mon souffle. J'ai besoin d'eau, et de respirer, ça commence à faire sombre ... J'ai pas touché aux lampes ... Merde.
-Les matelas sont sous toi ! Il faut que tu sautes !
J'essaye de lui indiquer au mieux la position, attendant qu'il se lance. C'est un saut de foi que je lui demande, je le sais bien mais on a pas le choix. Aaaah, dire que ce mec, ce sera le premier à entrer ici. je ne sais rien de lui et même pas son nom. Et il est aveugle. C'est peut être un bon plan, vu le décor de serial killer actuel de mon squat, ça va peut être lui éviter une crise de panique. Tant mieux, j'ai pas envie de gérer ça en plus. Pas tout de suite.
La pyromancienne était plus ou moins réceptive à son humour. Il espérait lui avoir au moins arraché un minuscule sourire, mais il n'en était même pas sûr. Elle avait l'air d'avoir un sale caractère ! En même temps, il ne pouvait pas l'en blâmer, elle venait tout de même de se prendre un plomb dans le bras… Aussi resta-t-il silencieux lorsqu'elle manqua d'insulter le Seigneur. Elle n'était visiblement pas croyante, bien qu'elle ait parlé d'avoir la foi.
Il se laissa guider, constatant qu'ils ne changèrent pas de toit, ce qui confirma sa théorie : elle habitait bien dans cet immeuble, probablement sous les combles, et il l'avait bien vue sortir de chez elle lorsqu'il était atterri sur son toit. Il entendit le bruit d'une porte qu'on ouvre, attendit sagement qu'elle le fasse rentrer, puis se raidit lorsqu'elle le stoppa vivement. Comment ça, il risquait d'y rester ? Il écouta ses explications en écarquillant un peu ses yeux aveugles, avant d'acquiescer en commentant :
« Tu sais, les hommes ont mis au point des inventions géniales, comme les escaliers, ou les échelles… »
Mais qui était donc cette fille, pour vivre dans un endroit pareil ? A la façon dont il fallait y accéder, on se serait cru dans une antre de génie du mal. Il comprenait mieux le sens de ses propos à présent : il allait devoir faire le saut de la foi… En temps normal, ça n'aurait été qu'une formalité pour lui. Mais là, sans pouvoir apprécier les distances… C'était un coup à se péter une cheville, ou pire, à se rompre le cou. Mais il se résolut à lui faire confiance, et s'assit en attendant qu'elle mette tout en place.
Tandis qu'elle entamait sa périlleuse descente, Remy jaugea la distance avec la poutre grâce à son bâton télescopique, dont la pointe touchait juste le dessus. Il aurait pu tenter une descente en deux étapes, mais s'il manquait la poutre, c'était foutu. Mieux valait s'en tenir au premier plan, et espérer tomber sur les matelas qu'elle allait installer. Il attendit donc, attentif aux bruits de chute et aux grognements de douleur de la fille. Son nouveau juron lui indiqua qu'elle avait atteint le sol.
Il hocha la tête et se releva lorsqu'elle lui annonça qu'elle allait bien. Il replia son bâton et le lança devant lui, mais il ne se sépara pas de son sac à dos, dont il resserra simplement les sangles pour qu'il ne glisse pas durant le saut. Il écouta les indications de son hôte et se positionna selon ce qu'il estimait être le bon angle, jusqu'à ce qu'elle lui confirme qu'il pouvait sauter. Il serra alors les jambes, rentra sa tête dans son cou et sauta à pieds joints. Comme il ne voyait rien, le sol arriva beaucoup plus vite que prévu, et même s'il atterrit sur les matelas, il perdit l'équilibre et se vautra laborieusement sur le côté, tombant sur la mutante qui avait eu la mauvaise idée de rester étalée beaucoup trop près…
« Oh merde, désolé ! Je comptais pas te sauter dessus dès mon entrée dans ton repère… »
Un nouveau sourire mutin naquit sur ses lèvres tandis qu'il roulait dans l'autre sens pour se repositionner sur les matelas, avant de se relever d'un mouvement souple, comme si de rien n'était. Il sentait sa tête lui tourner légèrement et se doutait que ses jambes lui reprocheraient ce saut le lendemain, mais en dehors de ça il allait bien. Il était entier, et en sécurité. Enfin, ça… ça dépendait de la fille.
Dans la nuit du 28 au 29 juin En chute libre dans le Squat
Bon au moins si les yeux sont hors service, il entends par contre très bien, s’arrêtant avant le vide.
« Tu sais, les hommes ont mis au point des inventions géniales, comme les escaliers, ou les échelles… »
-Oui mais s’il y avait tout le confort, ce lieu serait probablement habité et je ne pourrais plus le squatter. Et puis, ce sont les petits défauts qui font le charme d’un foyer..
Cela me fait cela dit légèrement sourire. Dans une autre situation, il serait probablement fun de le rencontrer. Mais là, il y a urgence. Tant bien que mal, je descends. Mouais, faut que je trouve une nouvelle option pour entrer par le toit. Une corde ou autre ? Non, faut pas que ça soit trop simple… Je descends, tant bien que mal. Si j'ai un cri de douleur, je m'oblige à me relever bien vite pour pouvoir faire en sorte qu'il ne joue pas indéfiniment à chat perché. Mais une fois ma tâche faite, je me laisse tomber, m'écroulant au sol pour respirer un instant, juste un petit instant. J'inspire profondément, gonflant mes poumons d'air. Je commence à voir pendant quelques secondes flou, trouble, peut être légèrement sombre. Ah, c’est pas le moment, pas le moment du tout. Respire, ça va aller. Les matelas sont posés, il n’a plus qu’à sauter, aussi dangereux que reste cela. Je suis allongée à côté, respirant profondément pour faire passer le vertige quand après le signal, je le vois sauter. Et merde … Je n’ai pas le temps de me pousser que je le vois atterrir dans le matelas … et surtout rebondir :
-Aaah ... !
Il vient de me tomber dessus ce con ?! J'ai le souffle coupé, littéralement. Il pèse en plus l'animal !
« Oh merde, désolé ! Je comptais pas te sauter dessus dès mon entrée dans ton repère… »
Je vois son sourire sur son visage qui semble tout vouloir dire sauf qu’il est désolé. Pour le coup, c'est le mien de visage qui, sans que je le sache, s’empourpre un peu et avant que je n’ai eu le temps de le repousser, il revient d’une roulade sur le matelas. Tant mieux, je l'aurais balancé sinon je crois. . Je me redresse un peu précipitamment sur le côté, faisant deux pas de côté pour être un peu plus loin… Il se redresse avec souplesse pour un aveugle.
-Si tu peux éviter de me briser des côtés en plus, ce serait appréciable ….
Je me redresse plus difficilement que lui sur le coup. Mais déjà, je vois en deux inspirations que si j’ai mal, je n’ai rien de cassé. Je ne peux pas oublier cette douleur, impossible mais visiblement, il m’a rien cassé. Ouf… Bon on est à l’abri, déjà, ça c’est bien. J’avance jusqu’à mes divers interrupteurs, baissant un certains nombres pour ne garder que quelques lumières, que ce qui me permet de voir et ce qui m’assurera que la police ne pourra pas deviner que le bâtiment est habité. Reste à espérer qu’ils ne fassent pas de zèle. -Un pas à droite et ensuite cinq pas devant toi, tu as une table et des chaises, assis-toi.
Ce n’est pas un ordre, mais une demande. Moi-même, je m’installe, ma boite de premier soins se trouvant déjà dessus, ouverte. C’est assez … régulier en ce moment les blessures. Putain d’ailleurs, ça douille vraiment cette blessure… Je commence à sortir le matériel, attendant que l’autre s’installe. Bande, compresse, je commence à tout étaler dans un plateau en métal que j’avais nettoyé hier, la veille encore ? Bref. Je m’apprête à retirer le garrot quand je me tourne vers lui … vers ses yeux toujours aussi … bon je ne peux pas dire le contraire, ils me fascinent dans un sens. Mais ce n'est pas le moment. Je prends quelques mouchoirs que je lui mets dans la main, pour qu’il puisse essuyer ses yeux. -T’es pas blessé, t’es sûr ? Profite-en pendant que je joue les infirmières.
Vu qu’il est aveugle, pas la peine de lui demander son aide pour les soins, va falloir que je me débrouille. Je prends une grande gorgé d’une bouteille d’eau à côté puis je lui tends, en lui demandant : -Est-ce que je peux te demander ce que tu faisais dans le coin ? Tu te promenais pas juste sur les toits ? T’as tellement pas une dégaine de traceur même si tu as l'air de te débrouiller et il est un peu tard pour une balade digestive non ?
Bon la faiblesse de tout à l’heure a l’air de passer. Peut être l’effort de la descente ou le choc de la blessure. Mais il faut que je retire le garrot, je ne peux pas le garder indéfiniment, c’est même dangereux. Bon attendons de voir si la personne face à moi me répond, que je sache qui est la première personne qui foule mon “repère” comme il avait dit. Et encore, sa réaction face à la déco, je l’attends encore… Même si la plupart des lumières sont éteintes, on distingue encore plutôt bien l’ensemble et notamment les murs couverts de papiers, de fils, un vrai crime board à l’ancienne, mais le tableau en question allait jusqu’au plafond…
Accueil
![[Terminé] Cat on a Hot Tin Roof R2fp](https://zupimages.net/up/21/47/r2fp.jpg)
![[Terminé] Cat on a Hot Tin Roof 21eg](https://zupimages.net/up/21/47/21eg.jpg)
![[Terminé] Cat on a Hot Tin Roof P0k2](https://zupimages.net/up/21/47/p0k2.jpg)
A-Lice
![[Terminé] Cat on a Hot Tin Roof E1a09ebf05f76a1bb7417bc584ef89bb](https://i.pinimg.com/564x/e1/a0/9e/e1a09ebf05f76a1bb7417bc584ef89bb.jpg)
