[Terminé]I hope you're fine

Enfin, les lèvres scellées par le poids de l’angoisse se délièrent pour avouer les tristes évènements ayant conduits à leur séparation : les penchants visiblement violents de cette amie disparue n’entachait en rien les doux sentiments que Soraya lui portait, et il était là les réels présents d’une amitié sincère, qui avaient arraché quelques sourires suaves aux lèvres de la rouquine. Le récit qui lui était fait ne prêtait point à sourire, et elle perdit bien vite son rictus lorsque la brune, d’un visage aussi morne que sa voix, révéla tristement qu’elle avait giflé la dénommée Alice ; nul besoin d’être l’arbitre au milieu d’une guerre qui n’avait pas lieu d’être, c’est pourquoi la rouquine avait d’abord gardé le silence. Pressant ses lippes l’une contre l’autre, elle avait légèrement haussé ses sourcils tout inspirant lentement par le nez, analysant attentivement la situation qui se prêtait à elle. Le lien entre Soraya et Alice était, de son point de vue, entaché mais pas brisé : une amitié comme celle-ci ne pouvait décemment pas se ternir d’une querelle dépassant largement les pensées raisonnables.

« Il est probable qu’elle regrette ton geste autant que toi… Parfois, sous le coup de la colère ou d’une émotion trop grande, on perd nos moyens et on dit ou fait des choses qui ne nous ressemblent pas. »

L’empathie était sa plus grande arme et, encore en cet instant, elle témoignait d’une étonnante tolérance envers une jeune fille qu’elle ne connaissait pas. Pas encore, du moins ! Car elle était à présent bien décidée à la retrouver pour tenter d’apaiser les choses entre les deux amies fâchées.

Lui adressant un sourire aussi tendre que déterminé, Jean avait hoché son menton de haut en bas tout en glissant ses mains dans les siennes, ayant bien remarqué les lueurs humides dans ses yeux mais n’en disant rien.

« Je ne me sens pas obligée, mais j’ai envie de t’aider ! Ce n’est pas toujours facile de composer avec la mutation… Je suis sûre qu’elle a seulement besoin d’aide et de soutien, et qu’elle sera très heureuse de te revoir. »

Caressant la surface de sa main à l’aide de son pouce, Jean avait attendu quelques secondes avant de reprendre la parole, déjà dans le feu de l’action :

« Est-ce que tu as une idée ? Par où on commence nos recherches ? »
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La situation entre Soraya et Alice était bien plus complexe que Jean l’imaginait, et quand bien même elle avait compris qu’une dispute particulièrement virulente avait rompu le contact entre les deux, la rousse au tempérament foncièrement optimiste ne pouvait se résoudre à croire que leur amitié était définitivement perdue.

Pressant ses lèvres l’une contre l’autre d’un air désolé, car elle se sentait malheureusement impuissante malgré toute sa bonne volonté d’apporter du réconfort à son amie, Jean avait déposé une main amicale sur l’épaule de la brune, lui disant alors d’une voix douce :

« Peut-être qu’elle avait un problème et qu’elle n’osait pas t’en parler… Il ne faut pas la juger trop sévèrement… Tout le monde fait des erreurs. Je suis sûre que les choses peuvent s’arranger. »

Après tout, Soraya avait l’air d’être véritablement attachée à Alice alors leur amitié valait certainement qu’elle essaye de se battre pour la sauver. Bien décidée à retrouver Alice pour tenter d’arranger les choses entre les deux amies, Jean avait levé les yeux au ciel en réfléchissant à toute vitesse… Soraya n’avait pas tort. Alice était jeune, probablement perdue, terrifiée et seule dans une ville fourmillant de personnes peu scrupuleuses qui pourraient abuser d’elle d’une façon ou d’une autre, il était donc urgent de la retrouver pour l’aider et la mettre en sécurité, mais comment ? Il serait évidemment avantageux de demander à Charles d’utiliser le Cérébro pour pouvoir la localiser mais serait-il d’accord ?

« Tu as raison… On doit la retrouver le plus vite possible, il n’y a pas une minute à perdre ! »

Serrant de nouveau les mains de Soraya dans les siennes pour tenter de la rassurer, Jean avait légèrement plissé ses paupières tout en lui souriant avec tendresse, avant de lui répondre :

« Je pense plutôt qu’elle essayerait de trouver des endroits pour des personnes comme elle… Des squats, des hébergements clandestins ou des endroits qui accueillent des personnes sans domicile… Est-ce que vous connaissez toutes les deux un endroit comme ça ? Même si elle n’y est plus, on retrouvera peu à peu sa trace…. »
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D’une nature sincèrement affable, Soraya ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la culpabilité quant à la façon dont les événements s’étaient déroulés entre elle et Soraya, preuve —s’il en fallait encore, que cette jeune femme était dotée d’une sensibilité étonnante, d’une pureté de cœur et d’âme qui était aussi précieuse qu’un trésor. Attendrie, Jean avait légèrement pressé ses lèvres l’une contre l’autre avant de reprendre, d’une voix toujours aussi douce :

« Peut-être pourrais-tu avoir la même tolérance et compassion, que tu as pour Alice, envers toi-même… »

Mutine, elle avait haussé l’un de ses sourcils avant de lui sourire avec tendresse, leurs mains toujours liées. L’enjeu était de taille, et la tâche ne s’annonçait pas vraiment facile : il fallait retrouver une jeune adolescente dans une ville immensément grande, sans aucune aide ni indice… L’idée de faire intervenir Charles trottait toujours dans un coin de sa tête, si bien qu’elle eût fini par la formuler à voix haute :

« Tu sais… Charles peut localiser n’importe quel mutant à travers le monde alors peut-être qu’on peut lui demander de nous aider… Je suis sûre qu’il acceptera. »

Haussant vaguement ses épaules après sa proposition, la jeune télépathe avait libéré l’une de ses mains pour glisser celle-ci dans son épaisse chevelure, repoussant ses cheveux en arrière avant de reprendre la main de son amie, ayant bien senti que ce contact l’apaisait au milieu du tumulte de ces confidences douloureuses pour elle.
Malheureusement, Jean n’était pas plus avancée que Soraya sur les lieux pouvant correspondre à leurs recherches… Comme la brune, le Phoenix n’avait jamais eu à vivre dans la rue ou dans la marginalité, et elle se rendait compte de sa chance en cet instant.

« Malheureusement non… Mais peut-être que Lynda, oui ?! »

Après tout, Lynda était peut-être plus informée à ce sujet… Du moins, il fallait l’espérer. Mais ce n’était pas la seule question qui se posait, et la possibilité de prévenir les autorités soulevait quelques questions supplémentaires, auxquelles Jean n’était nullement préparée.

« Hm, je ne sais pas trop… Il parait que la police n’est pas tendre avec les mutants… Alors on pourrait lui attirer encore plus d’ennuis qu’elle n’en a déjà… »
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Les paroles de Jean, qui appelaient à la compassion et à la tolérance, firent éclore une expression de réflexion sur le visage de son amie, sans toutefois parvenir à la convaincre de la justesse de ses mots : si elle avait donné l’impression de concéder à une confirmation, Soraya n’apparaissait nullement convaincue et la rouquine n’avait point valu insister, pensant que le moment était très mal choisi pour lui insuffler un débat sur la confiance en soi. Pour l’heure, le plus important était de trouver une solution concernant Alice.

Charles pouvait être d’une aide particulièrement avantageuse parce qu’il disposait du Cérébro, mais Soraya s’était offusquée de déranger un homme particulièrement occupé comme lui, pour une histoire qu’elle jugeait visiblement risible ; si Jean ne pouvait nier le fait que son mentor n’avait pas une seconde pour s’ennuyer, la télépathe était persuadée qu’il trouverait le temps de les aider dans leur quête.

Hochant lentement son visage de gauche à droite, Jean avait tenu à la rassurer d’un sourire tandis qu’elle la regardait avec douceur :

« Charles est très occupé c’est vrai, mais il sera ravi de nous aider, j’en suis sûr… Il est le premier à dire qu’il faut s’entraider, et que les amis sont importants, alors on ne le dérangera pas, je t’assure. »

L’idée d’en parler à Lynda avait provoqué un léger hochement de tête à Jean, qui avait secoué son menton de haut en bas avant se redresser sur ses jambes pour faire quelques pas dans la pièce, l’air pensive.

« Oui, tu as raison… Toutes les aides seront les bienvenues. Pour ma part, je vais en parler à Charles et je te dirai… Mais je suis confiante. »

Pressant ses lèvres l’une contre l’autre dans un demi-sourire, Jean était revenue près de Soraya pour prendre de nouveau ses mains dans les siennes, lui disant alors d’une voix tendre :

« On va la retrouver, je te le promets. »
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