[Terminé]I hope you're fine

LE 19 MAI 2024 AVEC SORAYA RHANI

Encore vivaces, les souvenirs du Jour des Héros ne cessaient de tourner en boucle dans sa tête, lui faisant revivre les incidents de cette journée qui aurait dû être bercée par l’émotion et le recueillement. Sans dignité aucune, sans égard pour les hommes et les femmes rassemblés, le Mal avait sévi en semant le chaos et le trouble, engendrant des morts aussi cruelles qu’inutiles. Jean n’avait pas été d’un grand secours malgré les fortes capacités qu’elle possédait, anéantie par l’angoisse et paralysée par la peur… À quoi bon posséder une telle force si elle était incapable de s’en servir pour aider les autres ? Elle n’avait même pas été capable d’aider son amie qui, dans la bataille, avait été blessée par un sbire d’Erik, les forçant à fuir pour survivre… La violence n’était que rarement de mise dans l’esprit de la jeune mutante mais, depuis peu, elle sentait qu’une fibre de colère s’insinuait sous sa peau, lui faisant courber l’échine sous la rancoeur. Parfois, comme un vent mauvais, elle se prenait à haïr cet homme et à réclamer vengeance… Mais était-ce vraiment elle ?

Aujourd’hui était une journée spéciale. Après avoir échangé durant plusieurs jours par SMS avec Soraya, s’assurant que son amie se remettait fort bien de ses blessures, Jean avait décidé de lui faire une visite surprise au refuge où elle logeait, s’autorisant même à quitter l’Institut malgré les cours de la journée. Elle n’avait jamais fait l’école buissonnière et était une élève remarquable en bien des domaines —à ses yeux, le sport ne comptait pas vraiment, si bien qu’elle ne culpabilisait pas trop de cette minime rebellion. C’est ainsi qu’en début d’après-midi, alors que le soleil atteignait sagement sa place divine au-dessus de leurs têtes, la rouquine était descendue du bus qui desservait la 3nd Avenue, dans le Bronx. Au milieu de quelques cafés et restaurants, le Jack’s Refuge était reconnaissable entre mille, quand bien même Soraya n’avait point évoqué son apparence —Jean s’était en réalité servie de cet outil merveilleux appelé Internet. Comme quoi, tout n’était pas totalement perdu.

Armée de son courage et de son grand sac à dos aussi lourd que celui d’un militaire, la mutante s’était avancée d’un pas décidé jusqu’à l’accueil du refuge, attendant sagement qu’une personne croise son chemin pour l’interpeller, d’une voix amicale mais néanmoins pressée :

« Bonjour ! Euh… Je m’excuse de vous déranger, je cherche Soraya… Je suis une amie. »

Avait-elle précisé en fin de phrase comme pour rassurer la jeune femme qui se tenait devant elle et qui, sans grande hésitation, lui avait désigné l’espace commun, où toutes personnes vivant au refuge pouvaient se retrouver. La remerciant d’un sourire emplit de gratitude, Jean s’était dirigée vers l’endroit indiqué, ses pouces enroulés autour des lanières de son sac à dos, qui pesait grandement : la pauvre était presque courbée vers l’avant en marchant, mais rien ne pouvait défaire le sourire enjoué qu’elle portait sur ses lèvres.

Lorsqu’elle vit enfin la silhouette de Soraya à quelques mètres, Jean lui fit un léger signe de la tête pour signaler sa présence tout en plantant ses premières dents dans le coeur de sa lèvre inférieure, grandement rassurée de voir que son amie semblait en parfaite santé après les évènements récents… Au moins, Soraya n’avait aucune séquelle physique de l’affrontement qu’elles avaient enduré. Maintenant, il fallait espérer que la surprise lui plaise !
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LE 19 MAI 2024 AVEC SORAYA RHANI

Peut-être allait-elle déranger la jeune femme dans ses activités ? Peut-être aurait-elle  dû la prévenir de sa visite, bien avant son arrivée ? Un instant, Jean avait craint d’être de trop dans ce décor, de débarquer dans un endroit où elle n’était pas désirée, et où elle n’avait pas sa place. Mais en croisant le regard lumineux de Soraya, et sa mine enjouée, la rouquine avait été rassurée : son amie était bienheureuse de la voir malgré le caractère  inattendue de sa venue.
Lui adressant un sourire jovial tout en se rapprochant de la jolie brune, pour laquelle elle s’était bien souvent inquiétée depuis ces derniers jours, son coeur battant joyeusement dans sa poitrine pour distiller un sincère sentiment de joie. Même si elle se souvenait malheureusement des évènements désastreux du Jour des Héros, elle était rassurée de voir que Soraya se portait bien. Au moins, elle n’était plus blessée.

« Je suis contente moi aussi… Et surtout rassurée. La dernière fois que nous étions ensemble, tu étais en mauvais état… »

Plaisantant d’une voix complice mais également amusée, Jean avait légèrement froncé ses sourcils tout en grimaçant d’une manière enfantine, essayant de tourner la situation d’une manière plus légère, malgré la gravité évidente des évènements passés. Reprenant une expression plus sérieuse, la télépathe avait déposé son sac à dos au sol pour soulager son épaule endolorie par le poids, avant de nouer ses deux mains sur le devant de son corps.

« Je vais bien… À l’Institut ? Oh, ça va oui ! Cela a été dur pour tout le monde mais je pense que ça va mieux au fil du temps…  »

Pressant ses lèvres l’une contre l’autre tout en hochant son visage de haut en bas, Jean se retenait de dire qu’elle avait dû composer avec certaines nouvelles peu glorieuses, comme la disparition toujours inexpliquée de sa chère professeure d’histoire, qui lui manquait inévitablement. Encore fallait-il qu’elle trouve le courage d’en parler, et comme elle pensait que ce sujet n’intéresserait pas la jolie brune, elle avait gardé le silence à ce propos.

« Et toi, ici, au refuge ? Tout va bien pour tout le monde ? Aucun de tes amis n'a été blessé ? »
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LE 19 MAI 2024 AVEC SORAYA RHANI

Visiblement, la blessure de Soraya était moins importante que ce qu’elle avait pu imaginer… Fort heureusement d’ailleurs ! Bien que la rouquine avait été rassurée de son état par des échanges de sms au cours des derniers jours, la télépathe pouvait à présent  observer son amie dans toute son entièreté, et ne pouvait que se réjouir de la voir debout et en pleine fort : sans véritablement savoir pourquoi, Jean était persuadée que Soraya n’était pas une personne banale qui passerait dans sa vie de manière provisoire.

« Tant mieux, je suis rassurée… Ça aurait pu être plus grave… Dans notre malheur, nous avons eu de la chance. Surtout toi. »

Son bras brûlé par un sbire de Magnéo ne portait presque plus aucune marque, bien qu’il lui arrivait encore d’en éprouver quelques picotements bien désagréables, signe, d’après l’infirmière de l’Institut, que la blessure était en train de guérir. Ainsi, la douleur n’est pas toujours mauvaise.

« Mes amis vont bien… Plus de peur que de mal, comme on dit. »

Sauf pour Raven… Mais ce n’était pas le sujet. Inutile d’alourdir l’ambiance avec les tourments qu’elle portait dans son coeur : elle était venue pour rendre visite à son amie, et une idée aussi tendre que malicieuse l’avait accompagnée dans ses valises. Même si, en écoutant les paroles de Soraya, Jean avait réalisé que les évènements du Jour des Héros avaient engendré bien des malheurs, au-delà de cette célébration interrompue par le chaos. Des morts. Des familles en deuil. Des blessés. Des vies changées à jamais.

Un instant, un mirage de tristesse et de compassion passant dans son regard bleuté, Jean avait retrouvé son expression joviale lorsque son amie avait désigné le sac qu’elle avait déposé entre ses pieds, et qui devait pesé, effectivement, bien plus lourd qu’elle ! Un léger rire amusé passant la barrière de ses lèvres, Jean avait haussé ses épaules d’un air volontairement mystérieux, telle une enfant cachant un secret mielleux. Du moins, elle espérait que cette attention toute particulière plaise à Soraya…

« J’ai… Disons que c’est une surprise ! Est-ce que tu as une chambre, ici ? Ou un endroit où on pourrait se poser toi et moi ? »
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LE 19 MAI 2024 AVEC SORAYA RHANI

La vérité était morose, mais néanmoins salvatrice : elles avaient survécu et avaient fait de leur mieux pour aider les autres, bien qu’elles avaient été interrompues dans cette tâche par les sbires venus de Genosha. Peut-être auraient-elles pu faire davantage de rescapés, épargnant le deuil à certaines familles… Comment le savoir, présent ? Tout comme  pour Soraya, la culpabilité était venue la quérir sur cette question mais Jean essayait d’accepter l’innommable : elles allaient devoir vivre avec cette interrogation tenace, sans savoir si elles auraient pu être plus utiles qu’elles ne l’avaient été.

« Tu as raison, oui… Je crois que personne n’a été dans ce cas de figure à l’Institut, mais certains sont encore très marqués par ce qu’il s’est passé, alors qu’ils n’étaient pas présents physiquement là-bas… Je suis désolée pour tes amis. J’espère que ça ira pour eux… »

Compatissante, la rouquine avait pressé ses lèvres dans un sourire sincèrement désolée, avant que la véritable raison de sa venue soit évoquée : le secret était encore bien gardé dans le sac à dos posé à ses pieds, mais ce dernier avait déjà capturé la curiosité de Soraya… Un bon point !

« Oh, non ! Il est lourd ! »

En vain, Jena avait essayé de récupérer son sac à dos pesant une tonne, sans que la brune ne cède à sa demande. Elle était presque aussi têtue que sa comparse !  Et quand bien même Soraya était apparue comme embarrassée de présenter sa chambre à son amie, Jean n’avait point été offusqué de découvrir l’endroit où elle vivait : à ses yeux, une chambre était une chambre, il n’y avait rien de plus ni de moins à attendre qu’un lit, une fenêtre pour voir l’extérieur et de quoi disposer ses affaires.

« Je la trouve très bien, moi ! »

Ne perdant point son sourire —bien qu’elle s’était demandée qui dormait dans l’autre lit de la pièce, curieuse qu’elle était, la rouquine avait enfin récupéré son sac à dos en mimant un air mystérieux, avant de l’ouvrir enfin. Et on comprenait à présent pourquoi il pesait si lourd : un ordinateur portable, des DVD Disney, un paquet de pop-corn salé et des canettes de soda en tous genre, voilà ce qu’elle avait transporté depuis l’Institut Xavier.
Disposant le tout sur le lit de Soraya, Jean s’était retournée vers elle en affichant un sourire radieux, ses sourcils clairsemés se haussant légèrement tandis qu’elle attendait sa réaction, espérant lui faire plaisir et lui remonter le moral avec cette surprise.
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« IL Y A DES AMITIÉS FOUDROYANTES QUI FONDENT LES ÂMES D’UN SEUL ÉCLAIR. » ALPHONSE DE LAMARTINE

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HOPE YOU'RE FINE