[Terminé] You should be scared of me

30 MAI 2024 AVEC ROCKET RACCOON

Si elle possédait une affinité particulière avec les émotions, si bien qu’elle savait presque toujours ce qu’autrui ressentait, cette fois, elle n’avait point eu besoin de sa mutation pour appréhender ce que Rocket éprouvait ; il était indéniablement touché par ses paroles, et par le regard tout à fait affectueux qu’elle posait sur lui, si bien que ses yeux scintillassent d’un sentiment qu’il essayait de cacher. Il n’était pas de ceux qui se dévoilent facilement —tout comme Charles d’ailleurs, mais Jean préférait les actes aux mots : Rocket lui avait prouvé qu’elle pouvait lui faire confiance et qu’il tenait à elle, et ses gestes valaient tous les grands discours du monde.

« Nous faisons tous des erreurs… C’est humain, dirons-nous. Le plus important est de faire de son mieux pour ne pas répéter le schéma, et de démontrer toujours de la bienveillance et de la tolérance envers les autres, même quand ils fautent… »

Inévitablement, ses pensées dérivèrent un instant vers Wanda, qu’elle ne connaissait nullement mais pour laquelle elle éprouvait une profonde compassion malgré les agissements de celle-ci, ou de son double maléfique plutôt. Quant à Rocket, entendre les crimes qu’il avait pu commettre autrefois ne l’intéressait pas : elle l’écouterait s’il éprouvait l’envie de se confier à ce sujet, mais rien de ce qu’il pourrait dire ne saurait changer ce qu’elle pensait de lui. Quelqu’un d’honnête, digne de confiance et incroyablement courageux, voilà qui il était pour elle.

Alors qu’elle l’avait enlacé dans une pulsion irréfléchie, ayant besoin de lui témoigner physiquement tout l’attachement qu’elle éprouvait envers lui, la rouquine avait presque été surprise de sentir qu’il ne la repoussait pas ; soulagée, réconfortée par sa présence, elle avait laissé ses lèvres prendre la forme d’un doux sourire, qu’il n’avait pu admirer. Lorsqu’elle revint face à lui, le visage grave et la bouche inquiète, ce fut seulement pour lui demander de l’accompagner lorsqu’elle trouverait le courage de parler à Charles… Ce dont elle ne se sentait nullement capable pour l’instant. Triturant ses mains avec nervosité, elle avait rajouté d’une toute petite voix :

« Mais pas pour l’instant, hein… Je sens que ce n’est pas le moment. Il a déjà tellement à faire avec… Le reste. »

Nul besoin de s’étendre sur les détails pour que Rocket comprenne de quoi elle parlait. Haussant alors ses épaules comme pour clore cette discussion, la rouquine avait rapidement balayé la chambre du vaisseau d’un regard curieux, sa bouche s’animant alors d’un accent plus joyeux.

« C’est ta chambre, c’est ça ? Je m’en souviens quand j’ai visité le Milano, l’autre fois. Est-ce qu’il y a d’autres personnes à bord, avec toi ? Et ma présence ne va  pas être problème ? Je ne veux pas t’attirer d’ennuis… »

Elle ne savait pas encore s’il accepterait de l’accueillir pour la nuit —elle comprendrait qu’il lui demande de partir faute de place, mais pour l’instant qu’elle était encore assise au bord du lit, Jean prenait tout son temps pour se calmer, retrouvant une respiration plus sereine et une sérénité d’esprit qu’elle avait cru perdue.
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30 MAI 2024 AVEC ROCKET RACCOON

Cette étreinte, qui n’avait duré pourtant qu’un infime instant, avait été d’un grand réconfort pour les deux ; l’un comme l’autre avait pu sentir un apaisement soudain qui retombait sur eux, telle une caresse aérienne venue calmer le feu de leurs tourments. Ils pouvaient tout se dire, tout entendre, sans se juger ni se détourner avec déception, de la même façon que s’ils avaient été un refuge l’un pour l’autre. Et c’était peut-être ce qu’ils allaient devenir ? Le dernier rempart avant la chute, l’ultime main tendue qui n’abandonne jamais, qui reste un soutien indéfectible dans la nuit noire.

Lui adressant un sourire emplit de gratitude, Jean l’avait silencieusement remercié pour toute la bienveillance et la générosité qu’il lui accordait, alors même qu’elle était tout bonnement incapable de contrôler ses pouvoirs et qu’elle représentait une potentielle menace pour lui… Elle avait sciemment éludé la question concernant les agissements de cette nuit, et la façon dont elle avait pu se débarrasser d’un terroriste —elle ne se savait pas aussi puissante, ni aussi maîtresse de ses capacités, car les réponses l’effrayaient. Finalement, elle n’avait pas envie de savoir. Puisqu’elle n’en gardait aucun souvenir, il était préférable d’oublier également que cet incident avait eu lieu. Tout ce qui comptait était que Rocket était encore en vie.

Voyant l’ombre de tristesse qui passait sur le visage de ce dernier, Jean avait plissé ses sourcils d’un air affligé, déposant une main amicale sur son bras comme pour tenter de le réconforter. Il n’avait pas tort, les blessures de l’âme prennent plus de temps à guérir que celles du corps, et elles sont plus insidieuses : elles ne laissent aucune trace. Les coups, ça se constate. Pas le heurt des mots.

« C’est plus lent à guérir, c’est vrai… Mais avec un peu de temps, elles finissent par cicatriser. »

Du moins, elle l’espérait. Après avoir fini la tasse de café gentiment offerte par Rocket, Jean avait abandonné celle-ci sur le petit meuble à côté du lit, se sentant rassurée de savoir qu’elle pouvait rester quelques jours avec lui pour se reposer, avant de retrouver l’Institut… Cela lui laisserait l’opportunité de chercher une bonne explication à lui fournir, faute d’être capable d’avouer la vérité. Pas encore. Elle sentait que ce n’était pas le moment. Ou peut-être le Phoenix lui murmurait ceci, distillant un sentiment réfractaire pour ne pas affronter le puissant télépathe et créateur… Pas encore, du moins.

« Je veux bien rester quelques jours ici, si tu es d’accord… J’ai besoin de souffler, je crois. »

Lorsqu’il évoqua Magneto, les mains de Jean se crispèrent sur ses genoux alors qu’elle fronçait les sourcils, une expression de colère s’installant sur son visage.

« Il a blessé mon amie lors du Jour des Héros… Enfin, l’un de ses sbires. Mais c’était sous ses ordres. Crois-moi que si je le vois, il va regretter de s’être mis sur mon chemin. »

Ces mots ne lui ressemblaient pas, elle qui était si douce et qui n’avait pas une once belliqueuse en son âme mais, peut-être parlait-elle sous le coup de l’émotion et la fatigue ? Quoi de plus normal pour une jeune fille de son âge…

Mais ils oublièrent bien vite le Maître du Magnétisme, et Jean parcourut de nouveau la petite chambre du regard, qui paraissait bien confortable et chaleureuse malgré l’étroitesse de ses murs. Déjà soulagée à l’idée de ne pas être à la rue pour les jours à venir, et surtout en compagnie d’un ami aussi agréable que Rocket, Jean était à présent impatiente de découvrir le reste de l’équipage, ce qui anima sa bouche d’un sourire grandement jovial.

« Mantis et Groot ? Oh, j’ai hâte de les rencontrer alors ! Est-ce que vous venez tous de la même planète ? Tu sais beaucoup de choses sur moi mais, moi, je ne sais pas grand chose au final… »
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30 MAI 2024 AVEC ROCKET RACCOON

Ignorant les histoires troubles qui avaient animé la relation de Raven et de Rocket, qu’elle pensait être de simples amis sans ambiguïté, Jean ne soupçonnait nullement les douleurs fragmentées par le secret, que le petit Gardien taisait : plutôt que d’avouer les ruminations de colère qui le liait à Magnéto —ruminations qu’elle partageait sans rougir, Jean pensait que le fruit de sa colère était sa présence destructrice lors du Jour des Héros. Quand bien même il aurait pu les aider, sauver des innocents en usant de ses pouvoirs immensément puissants, il avait préféré suivre le chemin de la haine et de la dévastation. Dire, qu’à une époque, elle avait pu éprouver une forme de compassion pour lui, essayant de comprendre pourquoi il était porteur d’une telle haine et d’une telle méfiance envers les humains, lui trouvant des excuses et amenuisant ses méfaits auprès des autres… Il s’était repenti lors du combat contre Apocalypse, mais maintenant qu’il avait osé blesser Soraya, Jean ne lui accorderait aucune clémence : pour la première fois de sa vie, elle se sentait férocement rancunière. Mais était-ce vraiment elle ?

Soupirant, elle avait légèrement haussé ses épaules en secouant son visage de gauche à droite comme pour chasser ces idées noires de son esprit, ne voulant pas davantage l’encombrer avec des élans de fureur vengeresse. Celle-ci viendrait bien assez tôt, elle le sentait presque dans sa chair… Un frisson désagréable courant le long de son échine, elle avait machinalement tourné son menton sur le côté dans une crispation incontrôlée, comme un pantin dont on aurait trop rapidement tiré les fils pour le manipuler. Mais se reprenant vite, elle avait brièvement frotté son front du bout de ses doigts avant de répondre, d’une voix sincèrement troublée.

« Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il a fait ça… N’est-il pas pour les mutants ? C’est incompréhensible… Je pensais qu’il nous aiderait dans un moment pareil. J’ai eu tort de penser qu’il n’était pas si mauvais que ça. »

Ses mots n’allaient pas aider Rocket à se défaire de sa colère tournée vers Magneto mais, fort heureusement pour les deux, la conversation tourna bien rapidement vers les autres membres de l’équipage, que la rouquine désirait promptement rencontrer. Curieuse à leurs égards, elle posa bien des questions à leur sujet, et Rocket lui donna les réponses qu’elle attendait tant… Ainsi donc, ils venaient tous de planètes différentes, ce qui signifiait peut-être qu’ils avaient tous des physiques variés, et même si cette interrogation relevait d’une curiosité tout à fait saine, elle s’empêcha de poser la question, se disant qu’elle le découvrirait bien rapidement par elle-même.

Hochant son visage de haut en bas, Jean avait pressé ses lèvres l’une contre l’autre avant de lui adresser un sourire jovial, trouvant que l’histoire de leur famille était particulièrement touchante… Elle lui rappelait la trame de certains mutants de l’Institut Xavier, qui s’étaient retrouvés esseulés et perdus avant de trouver refuge au manoir, où ils formaient une sorte de famille recomposée, différente mais néanmoins unie.

« Comment était ta planète, à toi ? Est-ce qu’elle ressemble à la Terre ? Est-ce qu'elle est loin d'ici ? »

Il n’avait pas fini d’entendre ses questions, curieuse qu’elle était…
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30 MAI 2024 AVEC ROCKET RACCOON

La jeune femme ayant baladé son regard sur la petite chambre de Rocket, elle avait effleuré le mur à de multiples reprises sans véritablement remarquer l’affiche de la statue de Magneto, suspendue par un unique clou planté dans son oeil droit, jusqu’à ce que ses yeux azurés ne s’y attardent, attirés par les couleurs mordorés… Quelques secondes furent nécessaires à la mutante pour qu’elle comprenne véritablement de quoi il s’agissait, et lorsque ce fut le cas, un rire incontrôlable emporta ses lèvres, aussi virulent et communicatif qu’une quinte de toux. Elle riait sans pouvoir s’en empêcher, sans pouvoir contenir les élans amusés de son coeur, qui secouaient son buste féminin de quelques soubresauts joyeux. Des larmes emplissant ses yeux, elle avait appliqué ses deux mains contre sa bouche avant d’essuyer machinalement ses joues, où des perles de gaieté avaient roulé ; les vestiges d’une expression amusée restant sur son visage, elle avait enfin posé son regard aux accents enjoués sur Rocket, reprenant la parole d’une voix soudainement bien vive :

« Est-ce qu’on peut s’entraîner aux flechettes sur ce dessin ? »

Lançant un léger coup de menton en direction de l’affiche destinée à Erik, Jean avait par la suite secoué son visage de gauche à droite tout en passant la pointe de sa langue sur ses lèvres, essayant de reprendre un semblant de calme, car la situation l’exigeait, même si cette parenthèse euphorique lui avait fait grand bien.

« Il avait l’air d’avoir des comptes à régler avec les Avengers, oui… Et il a tout rayé sur son passage. Même des mutants, ceux qu’il prétend vouloir protéger… C’est un hypocrite. Rien de plus. »

Plutôt sèche dans ses dernières paroles, Jean s’était finalement levée du lit en glissant ses paumes auprès de ses coudes, ses bras étant croisés contre sa poitrine, tandis qu’elle faisait les cent pas face au petit gardien. La mine attristée de celui-ci ne lui ayant pas échappé, Jean avait soudainement regretté d’avoir posé la question, car lui causer du tort était le dernier de ses désirs. Revenant auprès de lui, la rouquine s’était installée à ses côtés en lui adressant un sourire complice, qui témoignant sans fausseté de toute l’affection qu’elle lui portait. Elle était loin de soupçonner toutes les atrocités qu’il avait pu subir (et qui lui rappelaient malheureusement des horreurs également commise sur Terre dans les années 40), si bien qu'une grande tristesse avait envahi son coeur à cette idée.

« C’est atroce… Tu n’es pas numéro, ni une bête de laboratoire, personne ne devrait être traité ainsi. »

Imposant quelques secondes de silence, elle avait finalement rajouté, après une courte hésitation :

« Tu es très courageux, Rocket. Et tu es devenu quelqu’un de bien. »
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30 MAI 2024 AVEC ROCKET RACCOON

Lorsque le rire incontrôlable eut fini de secouer son corps de quelques spasmes hilares, la jeune femme avait essuyé ses paupières humides en soufflant légèrement par la bouche, comme pour essayer de se calmer. Si elle s’était attendue à une telle chose, surtout dans la chambre du petit Gardien !

« C’est génial… »

Avait-elle murmuré en lançant un bref regard à l’affiche de la statue meurtrie, avant de reporter toute son attention sur son ami, qui l’autorisait à s’acharner sur l’image tant détestée… Seulement pour ses agissements largement discutables lors du Jour des Héros ? Une phrase de Rocket, évoquant Raven à ses côtés, avait inévitablement intrigué la jeune femme, qui avait haussé l’un de ses sourcils en le regardant avec un sourire dubitatif. Jaloux ? Il était jaloux d’Erik parce que celui-ci était avec Raven ? Vraiment ? Pressant ses lèvres l’une contre l’autre avec hésitation, Jean avait machinalement glissé sa main dans ses cheveux en se remémorant leur rencontre, lorsqu’il était venu rendre visite à sa professeure d’histoire… Si elle avait établi qu’il n’y avait qu’une belle amitié entre les deux, peut-être que Rocket nourrissait des sentiments bien plus amoureux à son égard ? Mordant le coin de sa lèvre, Jean n’osait pas poster la question et, pourtant, celle-ci lui brûlait la langue…

« Raven et toi, vous… Vous êtes amis depuis longtemps ? »

Ne sachant pas réellement comment formuler son interrogation, Jean avait commencé par s’engouffrer dans la brèche en espérant que Rocket délie sa langue pour révéler la vérité, impatiente de connaître les vrais sentiments de celui-ci pour Raven ; non pas par pur intérêt moqueur ou curieuse, mais par réel intérêt pour l’état de son ami. S’il était vraiment amoureux de Raven, il devait souffrir de la savoir avec un autre… En particulier avec un homme aussi peu recommandable. Il avait déjà beaucoup souffert par le passé.

Un sourire plus tendre se dessinant sur sa bouche, Jean avait légèrement penché son visage sur le côté tout en reprenant la parole, soucieuse de bien faire sur un sujet aussi sensible que celui-ci :

« Mais il a fallu du courage pour faire tout ce chemin depuis… Tu aurais pu sombrer dans la colère et, au lieu de ça, tu te bats pour aider les autres. Tu as une famille, des amis, une vie… Des gens qui t’aiment pour ce que tu es. Tu es courageux, personne ne peut le nier, surtout pas toi. »
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