12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Emy savait que son histoire n’était pas banal et pourtant... Peu de gens cherchaient vraiment à la connaitre et peu de gens voulaient apprendre à la connaitre. Pourtant, Aaron était là, à l’emmener dans les couloirs de l’héliport pour lui montrer un endroit où il aimait beaucoup aller. Cet endroit était juste parfait. Personne dans les parages, Aaron lui expliqua que c’était avec plaisir qu’elle pouvait profiter de l’endroit et surtout, c’était une salle de réunion pour les sujets une peu sensible du S.H.I.E.L.D. Il était même possible qu’il y ai une sorte de barrière anti onde. Emy n’y avait pas pensé, c’était peut-être pour cette raison qu’elle avait l’impression que les sentiments et émotions des gens étaient très loin... ou c’était le fait qu’ils se trouvaient à l’autre bout de l’héliport ? Elle ne savait pas. Il lui demanda pourquoi cela le gênerait si elle se sentait bien dans cette salle. Pour s’y sentir bien, c’était le cas, mais qu’est-ce qu’elle donnerait pour retrouver un peu l’air frais... Elle ne pouvait pas y aller parce que la plupart du temps, elle rencontrait des gens qui rentraient de mission et donc qui avaient un bagage d’émotions beaucoup trop impressionnant pour quelqu’un qui ne contrôle plus son pouvoir.
Puis, Emy se met à parler. Elle ne s’arrête pas pendant un moment. Elle sent très bien que cela affecte plus ou moins Aaron, mais ce dernier semble être doué pour contrôler ses émotions ou les cacher. C’était agréable de voir qu’il prenait soin de ne pas être trop envahissant niveau émotions pour la ménager. Elle sent le jeune homme bouger dans son dos pour venir placer son fauteuil à coté d’elle et poser une main sur ses bras croisés. Il lui dit de les oublier ces gens. Qu’elle allait avancé et ça allait la rendre plus forte. Il rajouta qu’il n’avait aucune intention de fuir. Emy le regarda du coin de l’oeil. Pourquoi ferait-il ça ? Il rajouta qu’il savait qu’il était une boule de nerfs parfois, mais que peut-être allait-il apprendre à se contenir en sa présence. Elle répondit à son sourire avant de l’entendre lui dire qu’il allait être là encore pendant un petit moment mais que dès qu’il irait mieux, il allait l’emmener dans un endroit qu’il avait découvert après le snap, quand il avait été en voyage pour faire le deuil de sa femme. Emy serra les dents parce qu’elle savait que le décès d’un être cher était toujours difficile à supporter... Mais curieusement, Aaron ne semblait pas être triste, juste un peu nostalgique. Elle se détendit lorsqu’il lui dit qu’il espérait que l’endroit allait l’apaisé autant qu’il avait été apaisant pour lui. Mais qu’avant tout, ils devaient avoir l’autorisation de sortir. La main chaude d’Aaron est toujours posé contre son bras. Elle se rend compte que tous les deux se ressemblent au fond. La jeune femme baisse légèrement sa faible barrière mentale avant de lui dire :
«Je pense que... que pour ma part, la sortie pourrait être bientôt... Enfin, je l’espère. J’espère que ce Charles Xavier va m’aider...»
Elle était loin de se douter qu’il y aurait le Docteur Rowles quelques semaines plus tard et qu’il serait l’un des premiers à faire en sorte qu’elle sorte de cet héliport. Elle avait vraiment besoin d’aide. La jeune femme soupira une nouvelle fois, ne cherchant pas à s’éloigner du contact qu’avait établi Aaron. D’ailleurs, elle n’avait pas envie de rompt le contact. Il y avait quelque chose chez lui qui l’apaisait bien malgré elle. Il était peut-être une boule de nerf comme il le disait, mais elle avait l’impression que l’un et l’autre s’aidait plus qu’ils ne le pensaient au final. Elle décroisa finalement ses bras, se défaisant de la chaleur de la main d’Aaron, pour se masser les tempes. Elle sentait sa propre colère monté en elle. Elle qui n’arrivait pas à maitriser son pouvoir, elle qui voulait que tout roule sur des roulettes, elle qui voulait reprendre les missions, elle qui voulait que sa vie reprenne un court normal...
«J’ai juste envie d’avoir une vie... normale.»
Elle se détourna du paysage et reposa ses bras de chaque coté de son corps. Elle regarda le jeune homme avant de lui demander :
«Tu as parlé... tu as parlé de ta femme... Tu.. tu veux en parler ? Je sais que tu as vécu pas mal de choses difficiles ces dernières années...»
Est-ce qu’elle devait lui dire qu’elle faisait partie de la mission pour sauver sa fille ? Cette mission n’avait pas eu lieu, mais si elle avait eu lieu, est-ce qu’elle aurait tuer son propre frère ? Tant de questions sans réponse... Un voile de tristesse passa dans les yeux d’Emy, tremblante de la tête aux pieds parce que ses émotions prenaient le dessus. Ce n’était finalement peut-être pas les émotions des autres qui allaient la faire devenir folle, mais les siennes...
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
Les voyages avaient toujours été pour moi, une source de bien-être, de détente et de reconstruction. Surtout depuis la disparition de Clara. J’avais eu besoin de voyager pour me sentir mieux, me sentir plus vivant et retrouver le goût de la vie également.
Mais pour voyager il fallait être valide et ce n’était clairement plus mon cas en ce moment. Si je savais que c’était temporaire, je me mettais tout de même une certaine pression dans le but d’accélérer les choses. Oui je n’avais pas encore vraiment compris que le mental ne faisait pas tout, il y avait aussi le corps à prendre en compte dans ma convalescence mais pour moi c’était plus difficile à concevoir.
Lorsqu’Emy me signala qu’elle ne devrait pas tarder à sortir je lui souris. Je n’étais pas jaloux d’elle bien au contraire, j’étais plutôt content pour elle qu’elle puisse enfin retrouver un semblant de liberté.
« Je te le souhaite de pouvoir te balader et te promener le plus rapidement possible. »
Reprenant ses distances avec la jeune femme, je l’écoutais m’avouer son souhait de retrouver une vie normale. C’était légitime et compréhensible. Je gardais mon sourire au visage en lui assurant avec aplomb :
« J’en suis convaincu, tu y arriveras Emy. »
Mais la suite fut d’un coup beaucoup moins enjoué. L’entendre me poser des questions sur Clara me fit perdre mon sourire peu à peu et mon regard qui s’emplissait de nostalgie se tourna vers l’horizon qui s’offrait à nous par la baie vitrée. Parler de Clara… Ce n’était jamais une tâche facile pour moi. J’y arrivais certes, mais en maîtrisant mes émotions, c’était déjà plus compliqué. Concernant mon regard droit devant moi, je pris le temps de me confier en gardant au maximum mes émotions enfouies pour ne pas la perturber davantage :
« Tu sais parler de Clara, je crois que cela resteras douloureux pour moi jusqu’à la fin de ma vie. Je sais maintenant qu’elle voudrait que je sois heureux et que j’avance mais j’ai encore du mal à me dire que j’ai le droit d’avancer sans elle. J’en parlais avec un ami qui me disais que je ne devais pas me prendre la tête donc j’essaie de gérer chaque chose en son temps et pour l’instant la priorité c’est ma rémission. Pour la suite, j’improviserais. »
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Emy parla du fait qu’elle allait sans doute pouvoir sortir bientôt. Elle se rendit compte alors qu’elle n’aurait sans doute pas du lui en parler. Aaron aussi était coincé sur cet héliport, sans doute pour un bon moment encore. Sa condition ne lui permettait pas de se déplacer encore aisément. Pourtant, elle ne ressentit pas de la jalousie du coté du jeune homme, il était plutôt content pour elle, ce qui se fit ressentir lorsqu’il lui dit qu’il lui souhaitait de pouvoir se balader et se promener le plus rapidement possible. La jeune femme le regarda s’éloigné doucement et elle lui sourit :
«Je me rends compte que je suis un peu égoiste en te parlant de ça... J’espère que tu pourras bientôt en faire de même.»
C’était sincère. Parce qu’elle venait de se rendre compte qu’elle avait trouvé quelqu’un à qui se confier ou quelqu’un avec qui passer du temps. Aaron était l’un des premiers après Clint et Moira à ne pas fuir lorsqu’il était avec la jeune femme. Les autres avaient juste peur de ne pas savoir comment réagir si elle faisait une sorte de crise devant eux. Pourtant, Emy avait vraiment l’impression que ce que Charles Xavier lui avait dit et ce que lui dirait Rowles quelques semaines plus tard allait vraiment l’aider à aller mieux. Et si Aaron était là pour l’aider, ce serait encore mieux... mais peut-être est-ce qu’elle s’emballait un peu trop rapidement ? Emy emit le souhait d’avoir une vie normale et Aaron était convaincu qu’elle y arrivera. La jeune femme baissa légèrement les yeux. Elle n’en était pas certaine, mais en tous les cas, elle était prête à essayer.
Puis, l’agente posa la question qu’elle n’aurait sans doute pas du poser... Elle parla de la femme d’Aaron qui avait disparue... Elle sentait déjà la décharge d’émotions qui l’envahissait et elle était sur le point de lui dire de ne pas en parler s’il ne se sentait pas prêt, mais il le fit quand même. Il lui expliqua que ce serait douleureux pour le restant de sa vie de parler de Clara, mais il savait qu’elle voudrait qu’il soit heureux et qu’il avance. Cependant il avait encore du mal à se dire qu’il le ferait, mais sans elle. Emy regarda l’agent qui était concentré sur un point devant lui pour maitriser ses émotions. Aaron rajouta qu’il en avait parler avec un ami qui lui avait dit de ne pas se prendre la tête et de ce fait, le jeune homme gérait les choses au jour le jour et que pour l’instant, c’était sa rémission. La suite, elle serait improvisée. La jeune femme croisa de nouveau ses bras contre sa poitrine.
«Je trouve que tu es déjà super fort de me parler de ta femme... Je n’aurai pas du poser la question, mais je pense que la discussion peut appaiser les esprits. Du moins, je m’en suis rendue compte lorsque je me suis retrouvée toute seule pendant des mois. Je pense... je pense qu’il est normal que tu ressentes ce que tu ressentes. Tu as vécu un moment avec elle et elle est encore en toi... Je... je ne suis... je n’ai jamais rencontré quelqu’un dans ma vie au même point que Clara et toi... mais je suis certaine que, comme tu l’as dis, elle serait contente que tu continues d’avancer...»
Emy ferma les yeux un moment avant de les ouvrir de nouveau et de regarder les nuages dehors.
«J’ai l’impression qu’on dit ça à tous ceux qui perdent quelqu’un : «Je suis certaine qu’elle/il aurait voulu que tu refasses ta vie.». Mais je pense surtout que tu dois en avoir envie. Ce n’est pas grave si tu ne peux pas être avec quelqu’un d’autre. Tu as vécue avec ta femme pendant un moment, les habitudes, les petites attentions que vous aviez l’un pour l’autre sont encore en toi... Et c’est normal. C’est comme moi... et mon frère...»
En pensant à son frère, la jeune femme se mit à trembler parce qu’elle ressentait encore ce vide, ce vide au fond d’elle à chaque fois qu’elle parlait de lui. Ce vide qui s’était créé au moment où elle s’était rendue compte qu’elle l’avait tué... La réprésentation de ce vide pouvait presque faire croire à un trou noir dans l’espace. Le pouvoir d’empathie de Emy avait toujours été un élément positif de sa personnalité. Quand elle n’était pas bien, elle pouvait lire les sentiments positifs des gens et elle se sentait déjà mieux, elle relativisait ses soucis. Depuis le décès de son frère, cet élément positif s’était transformé en élément négatif d’où le fait que parfois, elle ne contrôlait pas son pouvoir. Le fait d’avoir vu Charles Xavier la veille l’avait aidé à retrouver un peu cette positivité, mais c’était encore trop faible. Elle inspira puis expira rapidement, mais ce ne fut pas un grand succès. Elle finit par se laisser glisser contre le mur près d’elle, les mains contre ses tempes.
«C’est trop dur...ce n’est pas les sentiments des autres qui me mettent mal au final... c’est les miens...»
Le tourbillon de sentiments en elle monta à une vitesse, oubliant presque Aaron qui était juste à coté. Elle avait juste envie de crier toute sa frustration, sa colère, sa tristesse... Mais elle n’était pas seule. Il était là, à coté d’elle. Comme si on l’avait mit sur son chemin. Ce n’était pas pour rien que ce matin, Emy était entrée dans cette salle et avait discuter avec Aaron... mais à ce moment, seuls ses sentiments prenaient le dessus et elle se perdait dans une bulle de négativité qui pouvait la menacer de lui faire perdre la tête...
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
Emy était gentille avec moi et elle avait même culpabilisé du fait qu’elle se réjouissait de pouvoir sortir bientôt alors que je n’allais pas pourquoi songer à la même pensée. Je fis une moue affectueuse à la demoiselle en faisant un signe de tête négatif, signe que je ne lui en voulais pas.
« T’en fais pas, je ne vais pas rester ici des mois durant… Je vais m’en sortir… Suffit que mes jambes se décident à me répondre. »
Je lui fis un clin d’œil pour la faire sourire. Parce que oui j’étais ce genre de mecs, à prendre les choses du bon côté même quand tout était noir. Ces derniers temps j’avais du mal mais en présence de la douce Emy, je redevenais un peu moi-même. Et cela avait un côté agréable de se sentir soi-même rien qu’un instant.
La conversation pris une autre tournure lorsqu’elle me posa des questions sur Clara mais même si ce n’était pas évident pour moi, je n’avais pas envie de la repousser alors je lui ai répondu calmement et posément. Je regardais devant moi et machinalement les mots venaient tous seuls. Quand j’eus terminé, je tournais la tête pour la regarder, elle avait croisé les bras et elle se confia à son tour. Je l’écoutais avec attention, elle était gentille, compréhensive et douce avec moi. J’appréciais chacune de ses paroles en silence, la regardant avec un pincement au cœur. Et si aller de l’avant c’était justement prendre du temps pour apprendre à connaître de nouvelles personnes comme Emy ? L’idée me plaisait mais là encore que je restais silencieux à ses propos.
Elle ferma les yeux un instant et puis elle se reprit en les rouvrant. Mais elle semblait plus perdue et perturbée. Je fronçais sourcils. J’avais un mauvais pressentiment alors qu’elle parlait de ma façon et de réagir et puis elle dévia la conversation sur son frère. Je ne comprenais pas vraiment. Mais je supposais qu’elle avait dû vivre quelque chose de similaire avec son frère. Mon regard sur elle se teinta de peine parce que je ne connaissais pas sa situation et j’aurais voulu l’aider mais sans toutes les informations ce n’était pas évident.
Elle semblait avoir à nouveau une crise et je tournais peu à peu mon fauteuil vers elle pour tenter de la calmer mais je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit que sa respiration se fit plus saccadée bien qu’Emu faisait tout se maîtriser. S’éloignant doucement de moi pour s’appuyer contre le mur du bureau, elle s’effondra sous mon regard impuissant. Les mains sur les temps, elle se laisse emporter par les sentiments en folie qu’elle ressentait mais ce n’étaient pas les miens. C’était les siens. Finalement ses crises n’étaient pas toujours dues aux sentiments négatifs des autres mais également aux sentiments néfastes qu’elle pouvait avoir envers sa propre personne. Je m’avançais vers elle. J’étais certes inquiet mais j’étais également sûr qu’elle pouvait y arriver.
Mon instinct me crier de réagir et vite. Je me laissais alors tomber de mon fauteuil pour me mettre à genoux devant elle. J’oubliais la douleur dans mes jambes, il n’y avait qu’Emy qui comptait là maintenant.
« Emy ? Je suis là. Ça va aller. Tout va très bien se passer… »
Avec douceur, je posais mes mains sur les siennes et je baissais la tête pour que ses yeux rencontrent les miens.
« Concentres-toi sur ma voix. Je suis là et tout ira bien. Je te le promets. »
Je ne voulais pas la brusquer mais alors doucement d’une main je prie une des siennes pour la poser contre mon propre torse :
« Concentres toi sur moi. Je suis confiant, je sais que tu peux reprendre le dessus. Il n’y a pas de peur envers toi en moi. Je sais que tu es quelqu’un de bien, que tu es une femme forte. Tu peux y arriver. Emy. Concentres toi sur moi »
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Cette rencontre avec Aaron avait quelque chose d’apaisant pour Emy malgré tout. Parce qu’elle pouvait discuter sans vraiment se préoccuper de ses émotions parce qu’il arrivait à les contrôler. Il était rare de voir quelqu’un avoir le controle de ses sentiments et émotions, mais après tout, il était un agent du S.H.I.E.L.D. Elle s’excusa pour son enthousiame à pouvoir sortir de cet endroit. Il la rassura en lui disant qu’il n’allait pas rester des mois, qu’il allait s’en sortir. Il attendait seulement que ses jambes le décident. La jeune femme lui fit une petite tête triste parce qu’elle l’était réellement pour lui. Elle espérait qu’il puisse vraiment s’en sortir.
Puis, ils parlèrent de la femme d’Aaron et indirectement le sujet dévia sur le frère d’Emy et tout s’enchaina... Elle n’aurait pas du en parler parce que c’était un enfer à chaque fois. Cette fois, elle n’avait pas anticipé le fait qu’elle puisse en parler alors elle ne s’était pas préparée à controler ses propres émotions. La tempête monta en elle avant même qu’elle ne puisse s’en rendre compte. Et le pire dans tous ça, c’est qu’elle n’avait même pas expliqué à Aaron pourquoi elle s’était retrouvé dans cet état. Son frère... Le plus jeune, celui qui faisait toujours tout pour que son frère et sa soeur sourient. Celui qui avait toujours de bonnes idées. Celui qui avait suivi son frère pour survivre pendant le snap de Thanos... Celui qui était mort aux mains de sa soeur... Emy recula sous l’assault de ses émotions, ses mains contre ses tempes, son dos contre le mur avant de se laisser glisser contre ce dernier.
«J’ai... j’ai tué mon frère... c’est à cause...»
Elle n’arrivait pas à formuler une phrase complète, elle oublia presque Aaron qui venait de se jeter à genoux devant elle. Elle ressentit la douleur de ses jambes, mais ce sentiment passa au second plan. La tristesse, la colère, le regret, la culpabilité d’Emy étaient trop forts pour résister. Elle n’avait qu’une envie, c’était de hurler. Hurler jusqu’à ce que tout s’arrête, hurler jusqu’à ce que son corps ou son esprit lâche... Mais il y avait quelqu’un devant elle. Aaron. Sa voix lui parvenait doucement à ses oreilles, lui disant que tout allait aller, que tout allait très bien se passer. Elle sentit ses mains contre les siennes, chaudes, réconfortantes. Ses yeux rencontrent les siens et elle s’y accroche comme si sa vie en dépendait. Il continue de lui dire qu’il est là et que tout ira bien... Il souffre... Il lui prend doucement une main pour venir la poser contre son torse, Emy résiste un peu, mais se laisse finalement faire. Il lui fait confiance. Il sait qu’elle peut s’en sortir... Mais est-ce que c’est vrai ? Est-ce qu’elle est capable de s’en sortir malgré tout ? Le gouffre sans fond qui se trouve en elle est tellement énorme... Elle sent son coeur s’emballer par toutes ses émotions. Elle perd légèrement contact avec la réalité, se sentant presque partir sous la pression des sentiments... mais elle s’accroche. S’accroche a cette main tendue par le jeune homme. Ces mains posées sur les siennes... Confiance. Il a confiance en elle alors qu’elle même ne se fait pas vraiment confiance... Douleur. Ce n’est pas la sienne, mais celle d’Aaron. Ses jambes. Emy lève brusquement les yeux vers ceux de l’agent en face d’elle.
«Aaron... tes jambes...»
Il souffre à cause d’elle, elle doit reprendre le dessus... Mais affaiblie par le peu de sommeil et les différentes émotions vécus depuis la veille, elle a du mal. Elle serre les dents, grogne presque. Reprendre le dessus, reprendre le dessus. Alors, elle se concentre sur les émotions positives qui se dégagent d’Aaron même s’il a mal. Il a confiance en elle, il est là, il n’a pas peur. Il est un pilier au milieu de cette tempête. Elle ferme les yeux un instant, puisant dans cette positivité. Doucement, mais surement, les tremblements se calment, les sentiments négatifs commencent à se faire oublier et une sorte de paix envahie Emy... Elle sait que cela ne va pas durer, mais pour l’instant, elle ne peut que faire cela... Affaiblie par tout ça, sa main se détache doucement du torse du jeune homme, presque au ralenti et elle s’affaisse contre le mur derrière elle... Elle n’était même pas certaine de pouvoir revenir dans sa chambre sans devoir s’arrêter tous les cent mètres...
«Je suis désolée...»
Sa voix est faible, fatiguée. Elle ouvre doucement les yeux pour regarder Aaron donc le visage est beaucoup plus inquiet qu’elle ne le pensait. Pourquoi ? Ils ne se connaissent que depuis quelques minutes ? Heures ? Elle ne sait même pas combien de temps ils ont passé ensemble... Elle lui doit cependant une explication... Elle enfoui doucement ses sentiments négatifs en elle avant de reprendre la parole..
«Je dois t’expliquer... pourquoi penser à mon... à mon frère me fait sentir comme ça... Lors d’une mission pendant le snap... j’ai...je devais aider les citoyens car il y avait beaucoup de pillages... un soir, j’étais en mission avec deux autres agents... ça a mal tourné... J’ai tiré... je... il faisait sombre... et lorsque j’ai vérifié si je devais appeler les secours... j’ai vu son visage... Mon plus jeune frère... Aaron, quelle soeur suis-je pour avoir tuer mon frère ?»
Les larmes coulèrent sur son visage parce qu’elle ne pouvait faire autrement...c’était mieux les larmes que ces crises...
«J’ai complètement... j’ai complètement perdu pied depuis ce jour... et je n’y arrive pas... je ne sais plus quoi faire... Charles Xavier m’a dit que l’on pourrait trouver une solution... mais j’en viens à penser que je suis condamnée à rester dans cet héliport... Personne ne peut prendre en charge une folle comme moi...»
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
Voir la douce Emy en pleine crise d’angoisse me faisait mal mais je me retenais du mieux que je pouvais pour ne pas qu’elle soit submergé par mes propres émotions en plus des siennes. Je la regardais impuissant en train de se rattraper au mur derrière elle tout en me balançant une information telle une bombe atomique. Elle avait tué son frère. Je compris aussitôt que toute sa souffrance, toutes ses peines, tout ce manque de contrôle et ce déferlement de pouvoir, tout cela était due au décès de son frère qu’elle considéré comme sa faute.
Je n’avais pas toutes les informations, certes, mais du peu que je la connaissais, elle n’était pas le genre à faire du mal aux autres sans raison. Quoi qu’elle ait pu faire, cela ne devait pas être volontaire. Et cela j’en étais persuadé. Finalement je me suis rapidement retrouvé à genoux pour la consoler. Oubliant momentanément ma douleur, je me concentrais uniquement sur Emy qui souffrait atrocement mais elle était en réalité torturée par ses propres sentiments. Je lui parle calmement et je tente de la rassurer. Si au début je n’y parviens pas vraiment, au fur et à mesure que les secondes passent, je sens qu’elle s’accroche à ma main comme si sa vie en dépendait.
Finalement elle rouvre les yeux pour me voir en face d’elle, elle doit ressentir ma douleur dans mes jambes. Sa voix est crispée, presque brisée. Je lui réponds avec assurance :
« Ne t’en fais pas, je vais très bien. Calmes-toi Emy, tout va s’arranger. Je suis là. »
Je sens qu’elle arrive peu à peu à retrouver un souffle à peu près normal, qu’elle doit se concentrer sur ma voix ou sur ce que j’essaie de lui envoyer de positif en moi. Finalement elle s’écroule contre le mur, détache sa main de la mienne doucement. Elle retrouve lentement une respiration à peu près normale. Je me sens soulagé que ma méthode est fonctionné. Je me laisse à mon tour tomber en arrière pour me retrouver sur mes fesses.
Lentement je me glisse avec l’aide de mes mains, pour me coller au mur à ses côtés. Je la regarde. Mes yeux ne la lâche plus. Je veux qu’elle se sente bien, qu’elle se sente entourée, protégée et rassurée. Mais je reste inquiet pour elle. Non pas qu’elle me fasse peur, mais je voudrais tellement qu’elle aille mieux et ce genre de crise prouve clairement qu’elle a encore plusieurs étapes à franchir avant de s’en sortir totalement.
« Ne t’excuses pas, ce n’est pas ta faute… Je suis là et je compte bien rester à tes côtés. »
Je prends le temps de lui proposer ma main, libre à elle de la prendre ou non mais je reste près d’elle. J’ai l’impression qu’elle en a besoin. Elle doit tellement se sentir seule depuis tout ce temps à ruminer ses doutes et sa culpabilité que je ne me vois pas la laisser ainsi. Elle a besoin de quelqu’un auprès d’elle et cette personne, cela sera moi, si elle le veut bien.
Emy reprend la parole alors que je reste muet, je l’écoute avec bienveillance et sans le moindre jugement. Elle m’explique ce qu’il est arrivé avec son frère et tout le contexte de son décès. Elle lui a tiré dessus alors qu’elle ne savait pas que c’était son frère. J’avais raison, ce n’était pas volontaire. Elle se met à pleurer en disant qu’elle n’était pas une bonne sœur. Je ne peux me résoudre à la laisser ainsi. J’approche mon bras de ses épaules et l’approche de moi pour la prendre dans mes bras.
« Cchhuuutt, calmes-toi Emy. Ce n’est pas ta faute. Tu n’avais pas vu son visage. Tu es une femme forte et compatissante. Ce n’est pas ta faute. Tu vas surmonter tout ça. J’en suis certain. Et je serais là pour t’épauler si tu veux. Tu n’es pas toute seule. »
Lentement ma main plonge dans ses cheveux pour lui caresser le sommet de la tête en parlant doucement. Je l’écoute me parler nouveau de l’homme qui voulait l’aider mais elle craint de ne pas réussir. Mon autre main, l’enserre en se posant sur son épaule.
« Tu n’es pas folle. Notre métier n’est pas facile. Tu as fait ce que tu pensais être juste sur l’instant. Le fait que c’était ton frère est une horrible coïncidence. Mais tu n’es pas folle et même si je n’ai pas les compétences pour t’aider à reprendre le contrôle, je serais là. Je resterai à tes côtés, jusqu’à ce que tu ailles mieux. D’accord ? »
Je maintenais une certaine pression sur son épaule. Non pas que je voulais l’obliger à rester dans mes bras mais je voulais surtout qu’elle comprenne que je resterais auprès d’elle. Que je n’allais pas fuir comme d’autre l’on fait visiblement avant pour qu’elle doute de ses capacités à ce point. Je terminais par lui chuchoter :
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
L’angoisse monte, elle ne peut pas la calmer, du moins, pas tout de suite. Elle n’y arrive pas et elle n’arrive même pas à se rappeler qu’elle n’est pas toute seule. Aaron est là et quand Emy lui dit qu’elle a tué son frère, il ne part pas en courant comme tous les autres. Et pourtant, il est là. Aaron venait de se jeter sur ses genoux alors qu’il avait mal. Il souffrait, elle le ressentit comme si c’était elle qui avait mal aux jambes. La main contre le torse du jeune homme, elle sent son coeur battre sous ses doigts. Il est là, il essaye de la rassurer. Finalement, elle reprend légèrement pied lorsqu’elle se rend compte qu’il a mal. Mais il essaye de la rassurer en lui disant que tout allait bien, qu’elle devait se calmer, tout allait s’arranger. Il était là. La jeune femme essaye de se concentrer sur ça pour finalement relâcher cette pression et s’appuyer contre le mur derrière elle, lâchant au passage la main du jeune homme. Sa respiration s’est de nouveau calmer, doucement. Puis, Emy regarde Aaron venir à ses cotés après s’être laisser tomber sur les fesses pour soulager légèrement ses jambes. La brune s’excuse, mais il lui dit que ce n’est pas de sa faute et il serait là à ses cotés. Qu’il comptait y rester. Elle le voit lui tendre la main et après une légère hésitation, y glisse la sienne doucement. Tout ce qui comptait maintenant, c’était qu’elle ne soit pas seule et elle se rendait compte que ce n’était plus le cas. Bien qu’ils ne se connaissaient pas vraiment, Emy lui raconte ce qui s’était passé cette soirée là, qu’elle avait tué son frère et les explications... Les larmes coulent doucement sur ses joues, mais ce n’était pas grave. De toute façon, elle s’en fichait un peu de comment Aaron la voyait. Il fallait que ça sorte, c’est tout. Mais il ne juge pas, au contraire. Il passe son bras autour de ses épaules pour venir la serrer contre lui. Emy se laisse faire et pose sa tête contre son épaule, les larmes coulant sur ses joues, l’écoutant lui dire que ce n’était pas de sa faute, qu’elle n’avait pas vu son visage. Il la complimenta, la rassurant en lui disant qu’elle allait réussir à surmonter tous ça. Il rajouta qu’il serait là si elle le veux.
«Tu n’as... tu n’as pas idée de combien ta présence pourrait m’aider... même si on ne connait pas beaucoup...»
Emy sent les doigts d’Aaron dans ses cheveux et elle parvient à se calmer un peu plus. La jeune femme continue de parler et de parler. Ses paroles se déversent comme si on avait laissé le robinet ouvert. Il l’écoute, jouant avec ses cheveux, continuant de la serrer contre lui en même temps. Il lui dit qu’elle n’est pas folle, qu’ils n’avaient pas un métier facile. Ce qu’elle avait fait, c’était parce qu’elle pensait que c’était juste sur le moment. Bien sûr, le fait que ce soit son frère en face n’avait été qu’une coincidence pur et simple. Il lui dit qu’elle n’était pas folle et que même s’il n’avait pas les mêmes compétences que ceux qui s’occupaient d’elle, il serait là, il resterait à ses cotés jusqu’à ce qu’elle aille mieux. Elle avait peur qu’il finisse par partir comme tout le monde, mais elle avait envie de lui faire confiance. Elle hocha doucement la tête pour lui faire comprendre qu’elle avait compris. S’il restait à ses cotés, peut-être qu’elle y arriverait. Il n’allait pas fuir, elle le savait. Elle le ressentait en lui. Il était plus posé que lorsqu’elle était arrivée dans la salle de rééducation. Est-ce qu’il arrivait vraiment à controler ses sentiments ? Parce que c’était beaucoup plus agréable que de ressentir les émotions des autres. Il lui murmura alors qu’elle n’était pas seule. Elle s’appuya d’une main sur l’épaule de l’agent du S.H.I.E.L.D pour se redresser un peu.
«Pourquoi ?»
C’était le premier mot qui était sorti de sa bouche. Personne jusqu’à présent ne lui avait tendu la main et maintenant, il y avait Charles Xavier puis Aaron et quelques semaines plus tard Rowles. Est-ce qu’on prenait enfin en compte qu’elle n’allait pas s’en sortir toute seule ?
«Non pas que je ne suis pas contente que tu sois là... Au contraire, tu n’as pas idée à quel point je suis certaine que je vais mieux m’en sortir... Mais pourquoi ? On m’a toujours fait sentir à part depuis... l’accident... On m’a toujours fait sentir... exclu...»
Ses yeux embrouillés de larmes regardent Aaron. Leurs visages sont très proches, elle peut y voir tous les détails. Elle est toujours appuyée sur son épaule, se rendant compte que peut-être, il a mal... Elle arrive à ressentir sa douleur, mais c’est surtout au niveau des jambes.
«Je ressens ta douleur... et pas seulement physique...»
Elle ressentait cette colère qu’il avait en lui qui, malgré tout, il n’arrivait pas à totalement cacher... La jeune femme remonta sa main au niveau du visage de l’agent, ses doigts effleurants doucement la joue du jeune homme. Elle murmura :
«Cette colère ne devrait pas être en toi...»
Elle ne rajouta rien, s’éloignant légèrement pour laisser respirer Aaron. S’il était à ses cotés, s’il restait vraiment avec elle, alors elle se dit que peut-être, elle pouvait l’aider aussi.
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
Est-ce que dans le fond, j’avais une explication claire à donner à Emy quant à ma présence à ses côtés ? Pas vraiment. Je ne me voyais pas la laisser seule et livrée à elle-même dans un moment d’angoisse et de panique pareil. Non ce n’était clairement pas mon genre. Tout comme ce n’était pas mon genre de faire des effusions de sentiments alors je m’étais adossé à côté d’elle contre le mur et j’avais repris une position normale, assise, et plus ou moins confortable. Je mentirais si je disais que je n’avais pas mal aux jambes mais de toute manière depuis mon réveil, c’était la partie de mon corps qui me faisait le plus souffrir avec mon esprit peut-être par moment mais ça c’était autre chose.
Finalement je lui avais soufflé qu’elle n’était pas seule et son reflexe de réponse m’avait surpris. Elle m’avait demandé pourquoi… J’eus un léger haussement de sourcils alors qu’elle se redressait doucement. Je n’avais pas de réponses toute faite à part « parce que c’est comme ça que je suis. » Mais à la place je ne dis rien, la regardant doucement, attendant qu’elle développe sa question. Et finalement je comprends mieux petit à petit. Elle s’est retrouvée exclue, seule et avec un sentiment d’abandon et je peux comprendre que dans ce cas-là, lorsqu’enfin une personne vous porte de l’intérêt, on ne comprend pas forcément. Je la regarde du coin de l’œil alors qu’elle est toujours appuyée sur mon épaule et je prononce des mots que j’ai d’ores et déjà ressentis par le passé :
« Parce que les autres sont des cons. Parce qu’ils ont eu peut-être peur que tu lises en eux sans le vouloir, parce qu’ils ne te comprennent pas… Je ne dis pas que je suis apte à te comprendre en tout cas pas pour tes pouvoirs mais… pour ton deuil, je pense que je peux comprendre ce que tu vis… »
Ce n’était pas la même perte mais dans le fond c’était du pareil au même. Lorsqu’on perd un proche, lorsque l’on perd un pilier de son existence, l’on perd au passage un morceau de soi-même. C’était p’tet un peu pompeux de penser ainsi mais c’était la putain de vérité.
La main d’Emy me ramena doucement à la réalité. J’étais surpris et finalement je sursautais légèrement à son contact. Alors qu’elle me regardait avec douceur, je sentais un moment d’apaisement. Comme si une bulle se formait autour de nous. Une petite bulle qui vous fait vous sentir que désormais vous n’êtes plus seul dans votre combat. Les mots d’Emy m’atteignirent en plein cœur mais je n’arrivai pas forcément à lui répondre hormis par un faible sourire…
Finalement elle me demanda ce qu’elle devait faire pour m’aider… Et la réponse me vint assez naturellement à l’esprit. Je plongeais alors mon regard dans le sien en lui répondant :
« Je suis un peu comme toi, ta présence m’aide bien. J’sais pas, p’tet que dans le fond on pourrait plus facilement se sortir de tout ça tous les deux… ensemble. »
Un brin de malice arriva dans mon regard alors que je montrais mes jambes du menton en ajoutant avec le sourire :
« Mais pour ça, il faudrait que j’arrive à me relever et ça, ça va demander un chouia plus de force… tu te sens de m’aider ? »
Ben oui, nous n’allions pas rester le cul par terre durant encore des heures, surtout qu’à un moment donné, les infirmières et les docteurs allaient se poser des questions…
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
La seule présence d’Aaron aidait déjà Emy a garder les pieds sur terre, à ne pas se mettre au fond d’elle-même et ses propres sentiments. Parce que depuis l’accident, il y avait très peu de gens qui restaient à ses cotés. La plupart des personnes avaient désertés, pensant qu’elle était complètement folle, qu’elle avait peut-être reconnu son frère au final et l’avait tué quand même... Enfin, les théories les plus folles avaient circulés les premières semaines même si Emy n’y avait pas prêté attention sur le coup, la plupart était revenue à ses oreilles sans qu’elle ne le comprenne vraiment... Alors, elle se demandait vraiment pourquoi il serait là... Aaron lui expliqua que les autres étaient con et qu’ils ne la comprenaient tout simplement pas. Elle s’était retrouvée toute seule parce qu’elle était différente tout simplement. Et puis, il la comprenait, pas au niveau de ses pouvoirs, mais surtout au niveau du deuil. Sauf que lui n’avait pas tué sa femme...
La main d’Emy trouva doucement le chemin de la joue du jeune homme qui en fut surprit et sursauta, ce qui eu pour effet de faire aussi sursauter Emy qui se décala assez rapidement pour ne pas mettre de malaise entre eux. L’agente lui dit seulement que la colère ne devrait pas être en elle et qu’elle resssentait sa douleur autant physique que psychologique. Alors elle lui demande comment elle peut l’aider. Il lui répond que sa présence lui fait du bien et peut-être qu’au fond, tous les deux pourraient s’en sortir facilement s’ils étaient tous les deux là l’un pou l’autre. C’était logique. Elle lui sourit doucement avant de le voir lui montrer ses jambes et lui dire que pour tout ça, il faudrait déjà qu’il arrive à se lever et que ça allait demander de la force. Emy sursauta légèrement. Bien sur la position n’était pas du tout confortable pour lui.
«Oh pardon ! Oui, je peux t’aider... je crois.»
Elle venait quand même de faire une espèce d’attaque de panique, elle se sentait un peu fabile, mais elle devrait pouvoir aider Aaron. Elle se reposerait plus tard. Elle se leva sur ses pieds, rapprocha un peu le fauteuil roulant avant de tendre ses deux mains à Aaron.
«Bon, c’est quand tu veux... mais on va faire vite, je ne suis pas certaine d’avoir retrovuer toute la force nécessaire...»
Elle espérait vraiment pouvoir l’aider à se diriger vers ce fauteuil parce qu’elle perdait toujours un peu ses forces lorsqu’elle faisait ce genre de crises... Imaginez un instant la catastrophe si elle venait à lâcher Aaron...
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
Finalement la fin de l’entrainement m’avait permis de profiter de quelques minutes de paix en compagnie de la jeune femme qu’était Emy. Si elle avait eu une crise de panique, je trouvais qu’elle ne s’en sortait pas si mal étant donné le traumatisme vécu. A titre personnel, je me sentais responsable du décès de ma femme parce que j’étais absent et que je n’avais pas pu la protéger mais elle avait appuyé sur la gâchette de son arme à feu, provoquant la mort de son propre frère. C’était une telle culpabilité qui la rongeait que rien que d’en reparler ou même y penser la torturait et c’était normal et tout à fait compréhensible en soit.
Nous avons malgré les aléas de ce petit moment tous les deux, j’avais l’impression qu’elle se sentait mieux et accompagnée comme je l’étais également. Comme si le fait d’avoir passé du temps ensemble nous avaient fait nous sentir mieux. C’était peut-être qu’une impression mais j’en ai eu le cœur net lorsqu’elle m’annonça que ma présence était un soutien pour elle alors il était normal que je lui retourne l’attention parce que ces quelques minutes à ses côtés m’ont permis de souffler légèrement d’un quotidien très médicalisé et sombre.
Avec humour et également dans le but de lui rendre le sourire ou du moins de lui faire penser à autre chose, je désigne mes jambes et lui fait comprendre que je préfèrerais le confort de mon fauteuil à ce sol froid sur lequel nous sommes. Elle s’excusa en se levant alors que je riais doucement :
« T’en fais pas, je suis plus costaud que j’en ai l’air. »
J’avais envie de repartir sur un peu d’humour et de légèreté pour repartir avec le sourire et conserver les bons moments de ce petit interlude.
« Et puis assis, on voit moins bien la vue tu ne trouves pas ? »
Je ris doucement alors que j’attrape une main d’Emy et pose l’autre au sol pour prendre appui. Après une légère pirouette et une quelques grimaces, je parviens à reposer mes fesses sur le fauteuil et regarde aussitôt Emy qui semble épuisée.
« Je t’aurais bien laissé la place mais je risque d’avoir du mal à te suivre après. »
Son visage pâle m’inquiète tout de même et naturellement je resserre ma main sur la sienne en ajoutant :
« Ça va aller Emy ? »
Je pose ma main encore libre sur sa joue en murmurant :
« Je te raccompagne à ta chambre, tu as besoin de te reposer… »
J’ai alors l’idée de la téléporter avec moi plus près de sa chambre. Cela lui permettra de ne pas s’épuiser davantage et pour ma part, je me sentirais plus utile et plus rassuré de la savoir en sécurité.
« Ta chambre est bien dans le couloir Est de l’unité médicale ? Si tu veux je nous emmène directement cela te permettra de ne pas trop forcer sur la marche et puis cela fait un bail que j’ai pas utilisé mes pouvoirs. »
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