12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Le visage couvert de sueur, les yeux dans le vide, des tremblements aux mains. Voilà ce que ressentait Emy actuellement. La nuit avait été éprouvante. Elle avait encore rêvé, plutôt cauchemardé. Elle s’était encore une fois vue tuer son frère, comme chaque fois qu’elle fermait les yeux. La scène changeait plusieurs fois par nuit et elle ne comprenait pas pourquoi. Parce qu’elle avait voulu défendre sa vie, elle avait enlevé celle de son frère... Le plus jeune de ses frères. Elle s’en voulait tellement... Pourquoi est-ce que c’était arrivé ? Pourquoi avait-elle tiré avant de demander qu’il ne pose son arme ? Pourquoi ? Les questions qui tournaient et tournaient dans sa tête ne l’aidait pas à se protéger des émotions des autres. Son pouvoir s’emballait à la moindre émotion ressentit dans le QG du S.H.I.E.L.D. Du technicien qui passait dans le couloir donnant sur sa chambre à celle du medecin qui ne savait plus quoi faire avec sa patiente, Emy ressentait tout dans un rayon de 100 mètres et c’était de pire en pire.
Lorsque la jeune femme allait bien, elle ne se posait pas la question, son cerveau se protégeait lui même des émotions et douleurs des autres. Depuis l’accident avec son frère, c’était tout l’inverse. Son cerveau semblait obsorbé la moindre contrariété, la mointre émotion, la moindre douleur. Puisqu’elle se trouvait dans une chambre de l’unité médicale, elle ressentait tout. Heureusement pour elle, ils n’étaient pas dans une période où il y avait plusieurs blessés... Elle n’arrivait pas à reprendre le contrôle de son pouvoir. Pourtant, elle se devait de le faire ! Les missions commençaient à lui manquer, mais c’était clairement la dernière chose qu’elle allait faire. Les médecins ne voulaient pas qu’elle reprenne les entrainements parce qu’elle pourrait devenir folle à cause des douleurs et des émotions des autres agents. Parfois, les gens cachaient des choses en soi et Emy les ressentait. Comme actuellement. Une infirmière se trouvait face à la porte d’Emy. Cette dernière ressentait de l’anxiété chez la femme. Peut-être se demandait-elle comment se portait leur patiente aujourd’hui ? Est-ce qu’elle n’allait pas éclater de colère ? Ou alors elle allait eclaté en sanglots ? Il était difficile pour le personnel médical de comprendre et d’anticipé les réactions de la jeune femme. Emy pouvait le comprendre... Les émotions et les sentiments des gens étaient compliqués à comprendre et encore plus lorsqu’une personne les ressentait. La seule chose qu’ils pouvaient faire, c’était de l’aider à dormir. Pour le reste, c’était quelqu’un avec un pouvoir semblable qui devait l’aider. Elle tenait à son jardin secret et surtout, elle avait besoin de trouver les ressources pour recréer son schéma mental. Elle avait besoin de quelqu’un pour l’aider. Emy avait peu d’amis proches au sein du S.H.I.E.L.D et encore moins depuis l’accident : Elle repoussait tout le monde.
Emy passa ses mains tremblantes sur son visage. L’infirmière qui était derrière la porte n’allait pas tarder à toquer pour entrer et lui faire une nouvelle prise de sang ou lui donner de nouveaux médicaments. La jeune femme se leva péniblement et alla dans la salle de bain qui se trouvait dans la chambre. Elle attrapa au passage un pantalon de survêtement puis un débardeur qu’elle enfila. Elle se passa un peu d’eau sur le visage et passa un coup de brosse dans ses cheveux. Elle se regarda dans le miroir pendant quelques secondes. Elle avait changé depuis tous ces mois dans cette chambre. Elle avait perdue un peu de poids, elle était pâle. Elle n’était même pas certaine qu’elle puisse tenir quelque chose entre ses mains tellement ces dernières tremblaient. Non, elle n’était plus elle même, mais qui pourrait résister à ce qu’elle avait traversé ? Peu de personnes sans doute. Elle soupira. Elle avait juste envie de sortir un peu de cette chambre. Voir les mêmes quatre murs blancs pendant des semaines, des mois, ce n’était pas pour elle. Ce n’était pas faute de pouvoir s’occuper : On lui avait emmené un ordinateur tout en sachant qu’elle adorait l’informatique. Il y avait aussi beacuoup de livres sur la petite table dans le coin de la pièce. Mais est-ce que vous avez déjà essayer de vous concentrer lorsque vous ressentez plusieurs émotions ou douleurs en même temps ? C’était presque mission impossible si vous ne vous protéger pas. Emy entendit l’infirmière toqué doucement à la porte et entré. Elle sortit de la salle de bain et lui fit un petit sourire malgré tout.
«Je sais que vous êtes anxieuse... Mais ne vous inquiétez pas, aujourd’hui, ça va.»
Un léger mensonge pour mettre en confiance l’infirmière. Elle avait bien l’intention de lui demander de l’accompagner dans les couloirs du département médicale. La jeune femme ne voulait pas sortir du département, juste se promener pour voir d’autres personnes. Peut-être même discuter avec d’autres malades pour se changer les idées ? Elle avait bon espoir de pouvoir le faire ce jour là. Pourtant, elle savait que ce n’était pas gagné d’avance. L’infirmière s’avança vers la table de nuit de la jeune femme pour y poser les nouveaux médicaments.
«Je suis anxieuse, c’est vrai. Mais ce n’est pas de votre faute, c’est... personnel. Je ne pensais même pas à vous en entendrant d’ailleurs. Je suis là pour vous, je ne vais pas me laisser déconcentrer par mes soucis personnels.»
L’infirmière semblait reprendre un peu du poil de la bête, mais Emy ressentait toujours cette anxiété. Elle ne posa pas de questions. Elle savait que son pouvoir pouvait mettre mal à l’aise les gens, tout comme le pouvoir de lire dans les pensées. Elle vient s’asseoir sur le rebord de son lit et posa son bras contre sa jambe.
«J’ai le droit à une autre prise de sang n’est-ce pas ?»
Emy n’avait jamais eu peur des aiguilles, mais le fait d’avoir des prises de sang tous les trois-autre jours commençaient à jouer sur ses nerfs. Est-ce qu’ils pouvaient vraiment trouvé quelque chose dans son sang ? Elle n’en était pas certaine, mais elle ne disait rien. Ils ne faisaient que leur boulot après tout. L’infirmière prépara ce qu’elle avait besoin et la piqua sans qu’elle ne ressente vraiment de douleurs. La brune attrapa sa veste de survêtement qui se trouvait sur son lit et l’enfila.
«J’ai besoin de sortir... J’ai besoin de voir autre chose que ces quatre murs... Vous pensez que c’est possible ? Je veux dire, vous pouvez m’accompagner ? Je ne vais pas y aller seule au cas où j’ai une crise, mais s’il vous plait, j’ai vraiment besoin de changer d’air. On peut rester dans le département médicale, ce n’est pas un soucis pour moi !»
L’infirmière semblait vraiment hésiter, mais peut-être que s’ils la sortaient un peu plus souvent de sa chambre, Emy pourrait travailler son schéma mental plus facilement ? Pendant qu’elle pesait le pour et le contre, l’agent du S.H.I.E.L.D regarda la jeune femme. Elle croisait les doigts pour qu’elle accepte...
«Je veux bien vous emmener... Mais vous devez me promettre que si ça ne va pas, vous me le direz et on retournera dans votre chambre d’accord ?»
Emy hocha la tête vivement et se retient de lui sauter dans les bras. Son pouvoir prenait encore beaucoup de place en elle, elle pouvait exploser à tout moment, mais elle avait bon espoir de pouvoir profiter de ces quelques minutes de balade. L’infirmière lui sourit doucement avant de l’accompagner. Elles traversèrent plusieurs couloirs, Emy saluant quelques personnels soignants qu’elle connaissait depuis longtemps maintenant. La plupart lui répondièrent, mais ils n’étaient pas certain que ce soit une bonne idée qu’elle soit en dehors de sa chambre. Pendant qu’elle marchait, la brune essayait de ne pas prêter attention aux émotions des personnes autour d’elle, mais ce n’était pas facile. Il y avait de la tristesse, de la détermination, de la joie, de la peur aussi. Mais il y avait surtout une émotion qui ressortait du lot : La colère. Une colère comme elle avait peu l’habitude de la ressentir. Une colère qui ne ressemblait pas du tout à ce qu’elle avait déjà ressentit. Emy se laissa alors guider par cette émotion, sous l’oeil curieux de l’infirmière. Elles arrivèrent devant les salles de rééducation. L’émotion était très forte de l’autre coté de la porte. Il y avait aussi de la tristesse... La jeune femme posa la main sur la poignée de la porte. Est-ce qu’elle avait le droit d’entrée ? Elle tourna la tête vers l’infirmière et cette dernière lui dit :
«Vous pouvez entrer, ce n’est pas une salle d’examen. C’est une grande salle de rééducation, il y a plusieurs personnes qui font leur rééducation en même temps.»
La brune prit une inspiration et entra. Il y avait que quelques personnes seulement donc un jeune homme aux cheveux blonds qui se trouvait au fond de la salle. Les émotions fortent venaient de lui. Si son pouvoir aurait pu lui permettre de «voir» les émotions à l’aide de couleur, elle était sure et certaine qu’il aurait été baigné de couleurs. Emy s’approcha de lui, mais pas trop. Ils ne se connaissaient pas... enfin, elle savait qui il était. Aaron Smith, mais ils ne s’étaient jamais parler. Qu’est-ce qui lui était arrivé pour se retrouver ici ?
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Une semaine… Cela faisait une semaine que j’étais réveillé. Je savais que ma convalescence n’allait pas être évidente mais je n’imaginais pas en chier à ce point. Les médecins m’avaient prévenu que mon coma avait été très profond et que même si j’en étais sorti, il allait sûrement subsister des séquelles sur le long terme. J’avais retrouvé la parole en premier et j’avais d’ailleurs pu avoir une conversation avec Barton même si parfois les mots me manquaient. Après deux jours de siestes et d’examens intensifs, j’étais sur mes deux jambes. Elles ne fonctionnaient pas encore très bien mais je pouvais me déplacer avec des béquilles ou en fauteuil. J’étais pas un grand fan de ces trucs et surtout j’aimais pas me voir si faible. C’était tellement frustrant pour moi… Déjà que je n’arrêtais pas de me prendre des tartes alors ça en plus c’était limite, la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Du coup pour la séance de rééeduc d’aujourd’hui, j’étais déjà sur les nerfs avant même de commencer. Je voulais y arriver mais visiblement mon corps n’était pas d’accord avec mon esprit et mon envie, ce qui avait le don d’encore plus me mettre en colère.
Lorsque j’arrivais dans la salle de rééducation, je saluais les autres agents avec un sourire, comme à mon habitude et puis arriva mon coach Tom. Tom était un agent du SHIELD aussi mais spécialisé dans les convalescences plus complexes. Et la mienne était assez capricieuse puisque j’avais quand même fais deux mois de coma très profond et je m’étais réveillé du jour au lendemain, sans prévenir. Vétu d’un débardeur blanc et d’un jogging noir, j’étais alors entre deux rambardes en bois et le but de l’exercice était de juste marcher sans me tenir. Rien de plus simple pour une personne lambda mais rien de plus compliqué et frustrant pour moi que de voir mon corps ne pas m’obéir à ce point. J’étais frustré, j’étais en colère contre moi-même, contre mon coach aussi un peu, contre l’homme qui m’avait mis dans cet état. J’étais en colère et je sais, je le voyais bien. Plus j’étais énervé, moins j’arrivais à des résultats probants.
Alors que j’avais presque réussi à faire deux pas sans aide, mon corps me lâche sans prévenir et je m'effondrai de tout mon poids par terre. Un coup de poing sur le sol avant d’entendre la voix de Tom :
“ Tu es trop énervé Aaron, tu n’y arriveras pas ainsi. Il faut te calmer. - Me calmer? Comment tu veux que je me calme? Non mais sérieusement, je peux pas rester comme ça."
J’utilisais alors mon pouvoir de téléportation pour me remettre droit, les mains sur les rambardes et recommencer l’exercice. Oui, j’étais énervé mais j’ai aussi très têtu parfois et je voulais réussir cet exercice. Pourtant je sentais que Tom s’éloignait légèrement, il s’était tourné pour parler à une infirmière qui était entrée avec une autre patiente. Je la connaissais de vue et de nom mais je n’avais jamais pris le temps de discuter avec elle. Emy Carthew. Je savais qu’elle était dans le département médical depuis un moment maintenant pour la perte de contrôle de ses pouvoirs mais qu’est ce qu’elle fichait ici alors? Mon regard croisa le sien et je vis dans son regard une détresse que j’avais rarement vue ailleurs. Elle me regardait avec attention comme si je lui faisais découvrir quelque chose. Je lui souris rapidement avant de me concentrer sur mon exercice… Mais à peine un pas plus tard, j’étais au sol. Et alors que je sentais une main sur mon épaule, je voulu me dégager pensant que c’était Tom une fois de plus qui m’aidait mais c’était Carthew.
Mes yeux se relevèrent sur elle et bizarrement la colère qui m’envahissait disparut dans son regard. Comme si sa simple présence à mes côtés avait le don de m’apaiser. Etrange et très satisfaisant à la fois. Je me relevais avec difficultés et lui sourit doucement en répondant avec plus de douceur dans la voix que lorsque je parlais avec Tom :
“ Merci Carthew… Emy c’est ça. Je savais que tu étais dans le département médical mais… Merci en tout cas pour le coup de pouce…”
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Emy s’était toujours laissé guider par les émotions des autres. Elle voulait aider les personnes qui en avaient besoin. Pourtant, depuis cet accident, la jeune femme n’arrivait plus à contrôler son pouvoir et parfois, elle avait l’impression d’avoir encore plus mal que les blessés de la section médicale. Sa chambre était éloignée de tout et protéger, ce qui lui permettait d’être tranquille, mais elle commençait à en avoir marre. Elle voulait réussir à se contrôler. C’est pour cela qu’elle avait demandé l’aide de son infirmière pour pouvoir sortir un peu de sa chambre. Et c’est ainsi qu’elle s’était laissé guider par les émotions d’une personne qui était très en colère et très triste.
La jeune femme se retrouva devant la salle de rééducation et elle se demandait si elle avait le droit d’entrer. Son infirmière lui dit qu’elle avait le droit d’y aller, tout le monde pouvait entrer dans la salle. Elle ouvrit doucement la porte et tout de suite, elle posa ses yeux sur Aaron Smith au fond de la salle. C’était lui qui dégageait beaucoup de colère, mais aussi de la tristesse. Leurs regards se croisèrent pendant quelques secondes et Smith sourit légèrement à la brune qui lui rendit son sourire. Elle le regarda faire son exercice, mais il se retrouva rapidement au sol. La jeune femme se rapprocha rapidement et posa une main contre son épaule pour l’aider... mais en le touchant, elle fut frapper de plein fouet par sa colère. Si elle ne bougeait pas physiquement, dans sa tête, elle avait droit à un tourbillon de rouge. Le seul fait de ne pas réussir cet excercice le mettait en colère ? Lorsque leurs regards se croisèrent de nouveau, Emy sentit tout de suite l’émotion néfaste disparaitre. Bizarre. Elle tendit une main devant lui lorsqu’elle vit qu’il avait du mal à se relever. S’il avait envie de prendre cette main tendue, il pouvait, mais il réussit à se relever en lui souriant. Il la remerçia et lui dit alors qu’il savait qu’elle était dans le département médical, mais... mais quoi ? Emy fronça doucement les sourcils et lui dit :
«Il n’y a pas de quoi.»
Elle ne savait pas trop comment réagir avec le jeune homme. Il dégageait plusieurs émotions et le cerveau d’Emy commençait à saturer. Elle ressentait aussi l’engourdissement des jambes d’Aaron et sans son avis, elle attrapa une chaise qui se trouvait à quelques pas pour lui faire comprendre qu’il avait besoin d’une pause. Elle soupira doucement avant de lui dire :
«Tu as dis que tu savais que j’étais au département médical, mais... Mais quoi ? Tu peux parler tu sais, je suis capable d’entendre toutes les choses que l’on dit sur moi.»
Elle savait que les rumeurs circulaient. Elle était devenue folle, ne se contrôlait plus. On se demandait sans doute pourquoi on la gardait dans le batiment, qu’elle était perdue...
«Je savais aussi que tu étais ici... mais...»
Non, elle n’avait pas le droit de lui demander. Peut-être qu’il n’était pas prêt pour en parler ? Et surtout, peut-être que cela ne la regardait pas après tout, ils ne se connaissaient pas.
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
Je jetai un regard à Tom qui discutait avec l’infirmière d’Emy. Visiblement ces deux-là se plaisaient bien et cela nous permettaient d’avoir une peu de répit. Je me redressais doucement après avoir remercié Carthew mais je ne repris pas l’exercice aussitôt. Clairement je n’avais pas envie de m’étaler encore une fois par terre alors je pris le temps de reculer pour m’assoir sur la chaise proposée par la jeune femme. Elle me fit comprendre que j’avais besoin d’un temps de repos et j’étais plutôt d’accord avec elle sur ce coup-là.
Je désignais une autre chaise pour lui montrer qu’elle pouvait reste »r avec moi et de toute façon je sentais bien qu’elle voulait discuter. Peut-être qu’elle ne voyait pas grand monde et personnellement hormis la visite de Clint, je n’avais pas vu grand monde non plus.
Je souris à sa remarque et à sa demande d’informations. Elle était curieuse et je trouvais cela amusant. Doucement je lui répondis :
« Dis plutôt que tu veux savoir ce qu’on raconte sur toi… Pour ma part, j’ai pas trop posé de questions, on m’a juste dis que tu ne maitrisais plus tes pouvoirs d’empathie. »
Je compris alors la raison de sa venue près de moi et je culpabilisais aussitôt à cette possibilité :
« J’imagine que t’as senti ma colère et ma frustration… Désolé. C’était pas le but mais quand le corps n’obéit plus c’est très déstabilisant. »
Je relevais les yeux sur elle. C’était comme si elle avait le don de me calmer sauf qu’à ma connaissance cela ne faisait pas partis de ses pouvoirs. Peut-être une aura naturelle alors. Bref. Je revins sur ses paroles à elle :
« Ouais on t’as dit que j’avais voulu rivaliser avec la belle aux bois dormant. »
J’avais le sourire parce que d’une part je suis ainsi, je souris facilement prenant les choses beaucoup à la rigolade et d’autre part parce qu’il fallait mieux en rire dans le fond. Le sérieux revint naturellement car finalement j’avais p’tet envie d’en parler un peu … Et p’tet que c’était plus facile avec une personne que l’on connait moins :
« Ça fait une semaine que j’suis réveillé et l’idée de ne pas retrouver la maitrise de mes jambes me fait peur tout autant que l’idée de ne pas retourner sur le terrain. »
J’avais le regard à la fois dans le vide et en même temps j’avais envie de relever les yeux vers elle mais l’appréhension de sa réaction me fit garder le regard devant moi, posé sur les barres fixes qui me servent d’appui pour marcher… pour remarcher…
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Emy était heureuse de pouvoir voir d’autres personnes que les infirmières/infirmiers, les médecins et autres personnes qui se trouvaient dans la sphère médicale. Bon, c’était une salle de rééducation, mais pour la jeune femme, c’était comme si c’était une sortie dans un centre commercial. Et puis, là, elle ressentait les émotions d’Aaron à plusieurs mètres à la ronde. Lorsqu’elle était rentrée, elle avait tout de suite sentit la colère, puis l’avait sentit disparaitre lorsque le jeune homme avait posé ses yeux sur elle. Elle n’avait pas comprit ce qui s’était passé sur le coup, mais elle n’eut pas trop le temps de comprendre. La brune demanda des explications sur le mais qu’il avait laissé en suspend. Il sourit à sa remarque en lui disant qu’elle voulait savoir ce que les autres pensaient d’elle. Elle haussa les épaules lorsqu’il lui répondit.
«Pour tout t’avouer, je m’en fiche un peu. Je sais que les gens pensent que je suis en train de devenir folle, mais je pense que je vais bientôt m’en sortir.»
Elle avait rencontrer Charles Xavier la veille et elle était presque certaine qu’il pouvait l’aider. Il avait passé du temps à lui expliquer les choses et elle se sentait d’aplomb pour reprendre le contrôle de son pouvoir. Il fallait seulement qu’elle arrête de penser qu’elle devait plaire à tout le monde tout le temps. Parfois, les gens pouvaient vous détestez pour une chose que vous n’avez pas faite et ce n’était pas de votre faute. Alors autant essayer de passer l’éponge dessus. Puis Aaron lui dit qu’elle avait du sentir sa colère et sa frustration et ce n’était pas le but. Il lui dit que son corps ne lui obéissait plus comme avant.
«J’ai senti ça... et l’engourdissement dans tes jambes. Alors, je comprends ce que tu ressens parce que je le vis avec toi... C’est bizarre dit comme ça, mais c’est l’histoire de ma vie... En temps normal, j’arrive à bloquer les sentiments des autres, mais ces derniers temps...»
Elle serra ses doigts nerveusement. Elle n’avait pas très envie de parler du décès de son frère par sa faute. C’était toujours une source d’angoisse qui finissait par la rendre tellement mal qu’elle devait prendre des cachets pour se calmer. Le regard d’Aaron trouva le sien et elle lui dit qu’elle savait aussi qu’il était là, mais elle ne finit pas sa phrase. Elle rit doucement lorsqu’il lui dit qu’on lui avait sans doute dit qu’il avait chercher à rivaliser avec la belle aux bois dormants. Le sourire d’Aaron était un peu... déstabilisant pour la jeune femme parce que quelques minutes plus tôt, elle avait sentit toute sa colère d’un coup. Est-ce qu’il avait le pouvoir de contrôler ses émotions lui aussi ? Pour autant qu’elle le sache, peu de personnes savaient le faire... Puis, doucement, il commence à se confier à elle, lui disant qu’il est réveillé depuis une semaine et que l’idée de ne plus pouvoir maitriser ses jambes lui faisaient aussi peur que de ne pas retourner en mission. Emy ne pouvait que le comprendre. Depuis qu’elle était mise de coté à cause de l’accident, elle redoutait le fait qu’on ne l’envoie plus en mission. Pour l’instant, elle était vraiment trop fragile pour y aller, mais elle espérait vraiment pouvoir y aller bientôt... La jeune femme regarda Aaron qui ne la regardait pas, mais fixait plutôt le vide.
«Je me fais pas de soucis pour toi, tu vas pouvoir remarcher correctement. Tu as une volonté sans faille, même si je ressens un peu de tristesse et de colère au fond de toi...»
Se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle baissa les yeux avant de dire :
«Pardon... Mon pouvoir n’étant pas maîtriser, je ressens vraiment tout ce qui se passe ici...»
Elle se frotta les tempes avec ses doigts. Elle commençait à avoir mal à la tête. Insouciamment, elle essayait de se protéger des sentiments de tout le monde, mais ce n’était pas évidant. Et en plus, elle ressentait la douleur de certaines personnes présentes, ce qui ne l’arrangeait pas du tout.
«Parfois, je me dis que j’aurai aimé avoir un autre pouvoir que celui là... Il me rend tellement mal ces derniers temps... si tout ça n’était pas arrivé...»
Elle laissa sa phrase en suspend. Elle n’était pas certaine d’avoir envie de parler de tout ça maintenant, même si elle savait que beaucoup de personnes étaient au courant de ce qui s’était passé. Bizarrement, les informations tournaient assez rapidement lorsqu’il était question d’un drame familiale...
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Sans forcément m’en rendre compte j’avais retrouvé mon calme et mon apaisement. Juste par le fait de discuter avec une autre personne que le personnel médical. Finalement s’ouvrir un peu à d’autres personnes pourrait p’tet avoir du bon mais quand je n’étais pas en forme, j’étais pas très doué pour ça. Il n’y avait qu’en temps normal que j’arrivais à aller vers les autres. Mais cette fois-ci c’était Emy qui était venue à moi et pour cause. Le fait qu’elle ne maitrise pas ses pouvoirs et le fait que je n’maitrisais pas mes émotions l’instant d’avant faisait qu’elle était venue à moi naturellement, par bienveillance sans doute.
Alors que je me reposais avec elle à mes côtés, je regardais tantôt dans le vide, tantôt vers elle pour croiser son regard bleu tendre et inquiet envers ma personne. J’avais pas vraiment l’habitude d’avoir un tel regard sur moi. C’était plus de la pitié ou de l’inquiétude professionnelle. Emy semblait le prendre avec le cœur et en même temps c’était logique puisque pour elle j’étais clairement un livre ouvert avec sous-titres, titre en rouge avec les points d’exclamations et les encarts publicitaires lumineux indiquant tout ce que je pouvais ressentir ou éprouver. Par respect pour elle, et peut-être aussi parce que la présence de quelqu’un comme elle me faisait du bien, je faisais un effort pour me contenir et revenir à une humeur normale et supportable.
Calmement elle m’expliqua ce qu’elle avait ressenti à mon égard tout en se justifiant par rapport à ses pouvoirs. Je lui souris en retour essayant de la conforter avec mes mots :
« T’en fais pas, j’suis pas du genre à en vouloir aux gens pour ça. Disons qu’après ces derniers mois ont déjà été compliqué sans que j’y rajoute des conflits aussi anodins. »
Je réfléchissais un instant avant de reprendre rapidement avec le sourire :
« Et puis j’vais te faire confiance pour mes jambes, j’vais arrêter là pour aujourd’hui. »
J’avais par la suite partagé avec elle mes craintes par rapport à mon avenir quant à l’idée de remarcher correctement. L’idée de ne pas être autonome ou de ne pas pouvoir remonter sur ma moto tout cela à cause d’un coma prolongé et d’un connard psychopathe me terrifiait et me frustrait d’autant plus. Mais, contrairement à ce que j’aurais pu penser, Emy avait les mots pour me rebooster. Tranquillement je relevais les yeux vers elle alors qu’elle s’excusait en massant sa tête. Mine de rien, il n’y avait pas que moi qui était dans le mal dans cette pièce ni même dans le coin. Si elle n’avait aucune barrière contre les émotions, je devais trouver une solution pour qu’elle ait un moment de paix.
Sans un mot, j’attrapais rapidement mon fauteuil pour me remettre dedans. Un petit clin d’œil à Emy et je me dirigeais vers son infirmière et mon rééducateur. Je leur demandais la permission d’aller se balader un peu. Tom ne trouva rien à redire mais l’infirmière n’était pas rassurée. Je lui rappelai mes pouvoirs et qui j’étais avant qu’elle n’accepte enfin. Tout sourire et tout content de moi, je me retournais vers Emy pour lui expliquer :
« Allez viens miss, on va se balader un peu. Sortir d’ici. »
Nous étions sur l’héliporteur alors se balader c’était vite dit mais j’avais une petite idée en tête. Certes il n’y avait pas de jardins ou de parcs pour pouvoir « se mettre au vert » quelques instants. Mais j’avais envie de lui montrer un ptit coin que j’avais trouvé dans l’héliporteur et que j’avais envie de lui faire découvrir. C’était un endroit où l’évasion était possible. J’entrepris de sortir de la salle de rééducation avec Emy à mes côtés.
« Ça fait longtemps que tu es dans l’unité de soin ? Tu dois avoir envie de t’évader un peu ? Je vais te montrer un endroit qui pourra p’tet t’aider un peu. Enfin moi ça m’aide. »
Je lui jetais un p’tit regard complice. Nous étions que tous les deux. Plus de superviseurs, plus de contraintes médicales. Il n’y avait qu’elle et moi.
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Emy était contente d’avoir demander à sortir de sa chambre. La veille, elle avait rencontrée Charles Xavier et il lui avait conseiller plusieurs choses et ils avaient fait une tentative dans les couloirs du QG et elle avait réussi à prendre le dessus sur son pouvoir, même si ce n’était pas très longtemps... Elle avait été fière d’avoir réussi et ce matin, lorsqu’elle avait décidé de sortir de sa chambre avec son infirmière, elle se disait qu’elle pouvait réussir une nouvelle fois. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était la colère d’Aaron qui allait la guider vers les salles de rééducation.
La voilà devant l’agent qu’elle ne connait que de nom. Pourtant, là tout de suite, Emy avait l’impression de le connaitre depuis toujours. Est-ce que c’était parce qu’elle lisait en lui comme un livre ouvert ? Peut-être. Elle ressentait sa colère, l’engourdissement de ses jambes, son impuissance face à la situation sans doute. Elle était un peu inquiète de le voir dans cet état... Le regard d’Aaron était posé sur elle. Elle pouvait ressentir un léger soulagement dans ses émotions... Peut-être est-ce qu’elle était l’une des premières à ne pas faire preuve de pitié. Elle sentait qu’il essayait de contrôler toutes ces sentiments. La jeune femme lui en était reconnaissante parce que, malgré les conseils de Charles Xavier, elle commençait à sentir les premières failles dans sa protection. Il essaya de la rassurer lorsqu’elle lui parla de ses pouvoirs et du fait qu’elle ressentait ses sentiments et son inconfort... C’était la dure réalité de son pouvoir... Puis, elle l’entendit lui dire qu’il lui faisait confiance pour ses jambes, il n’allait pas forcer plus longtemps. Elle le regarda en souriant légèrement et lui dit :
«Je pense... Je pense que tu devrais te ménager, mais je pense que je n’ai pas de conseils à te donner. Tu es assez grand.»
Emy n’était pas la mieux placée pour parler de prendre soin de soi. Charles lui avait pourtant dit que dans les jours, semaines, mois, elle devait être égoiste parce qu’elle devait avant tout penser à elle. Et pourtant, la voilà face à Aaron, à parler de sentiments, de ressentis et de leurs vies. Elle se massa les tempes, signe que sa barrière mentale commençait à faiblir. Les émotions et sentiments des autres personnes présentent dans la pièce commençaient à traverser la barrière et elle avait un peu de mal à tout séparer... Elle vit Aaron prend son fauteuil pour aller vers l’infirmière et son rééducateur. Emy resta assise sur sa chaise pendant qu’elle essayait de refaire sa barrière mentale. Puis, Aaron revient vers elle et lui dit qu’ils allaient se balader. Haussa les sourcils, elle regarda son infirmière qui ne semblait pas être rassurer, mais qui lui fit un signe de tête pour lui faire comprendre qu’elle était d’accord. La jeune femme se leva et suivit Aaron dans les couloirs. Où est-ce qu’il l’emmenait ? Légèrement inquiète, Emy dit :
«Je... je ne sais pas si c’est une bonne idée Aaron...»
Mais elle décida de lui faire confiance. Et puis, elle se souvient qu’il avait le pouvoir de se déplacer. Tous les agents connaissaient les pouvoirs des autres, celui d’Aaron était vraiment utile. Alors, elle sut qu’il allait s’en servir si elle perdait pied. Elle se concentra pour avoir une pensée heureuse, positive et refaire sa barrière contre les émotions des autres, ce qui avait pour conséquences de bloquer aussi les émotions d’Aaron, mais, c’était seulement pour le trajet... Elle entendit l’agent lui demander depuis combien de temps elle était dans l’unité de soin et si elle avait envie de s’évader un peu. Puis, il ajouta qu’il allait lui montrer un endroit qui pourrait l’aider. La jeune femme marcha doucement aux cotés d’Aaron et elle sut que quelque chose se passait entre eux. S’entendre tout de suite avec une personne, prendre des dispositions pour être bien, ce n’était pas donner à tout le monde. Emy se concentra sur ses pas, pas sur les sentiments qu’il y avait autour d’eux. Une vague de tristesse la frappa de plein fouet, l’obligeant à s’arrêter. Elle s’aggrippa au mur à coté d’elle et serra les dents... Puis, elle reprit le dessus. Il le fallait. Aaron lui avait posé des questions, elle devait y répondre. Elle sentait son regard sur elle et elle lui dit :
«Ca va... Une personne dans les pièces autour a vécu quelque chose de triste... Je me suis prise sa tristesse au moment où je ne m’y attendais pas... Désolée..»
Elle reprit la marche plus doucement, restant à hauteur d’Aaron.
«Pour répondre à tes questions, je suis ici depuis... longtemps. Je ne m’en souviens pas vraiment... C’était après le snap de Thanos. J’ai... j’ai fais quelque chose qui m’a brisée... Depuis, je suis toujours restée ici. Le snap de Banner a permis de ramener la plupart des medecins du S.H.I.E.L.D alors je suis entre leurs mains depuis... Mais je dois d’avouer que j’ai besoin de prendre l’air... enfin, si j’y arrive.»
Emy sentait ses mains tremblées, mais elle tenait le coup. Elle avait envie de connaitre cet endroit qui pourait peut-être lui changer les esprits...
«J’ai rencontré quelqu’un hier sous ordre de l’agent Hill. Il est venu me voir et m’aider avec mon pouvoir... Il s’appelle Charles Xavier et je dois t’avouer que c’était bien la première fois que quelqu’un arrivait à mettre des mots sur ce que je suis... Il m’a donné quelques conseils et je dois dire que je suis contente de l’avoir rencontrer parce que je crois que si je peux sortir de ma chambre aujourd’hui, c’est grâce à lui... On doit me laisser du lest maintenant. Même si ça me fait peur.»
Emy regarda Aaron toujours dans son fauteuil, avançant dans les couloirs. Elle se concentra sur les sentiments positifs qu’il dégageait. La joie de se retrouver avec quelqu’un, même si elle ressentait encore cette colère au fond de lui, ce n’était pas la même chose... On aurait dit qu’il était plus abaissé. Elle ne comprenait pas ce qui s’était passé pour ça, loin de se douter que c’était elle provoquait ce sentiment de paix. La jeune femme continua d’avancer doucement.
«C’est encore loin ? Il faut... il faut vraiment que je m’éloigne des agents présents là...»
Tenir le coup, coute que coute. Elle voulait tester ses limites, réussir à aller jusqu’à cet endroit... Après, elle aviserait.
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
Emy semblait appréhender mon initiative et c’était compréhensible dans le sens où elle serait plus ou moins livrée à elle-même, chose que finalement elle n’avait pas connu depuis un moment maintenant. Mais en cas de problème, je serais présent à ses côtés pour l’aider, la soutenir ou même la téléporter loin d’émotions négatives. Finalement j’ignore si c’est le regard approbateur de l’infirmière ou mon sourire qui l’ont convaincue mais elle accepta de me suivre et de me faire confiance pour aller se balader.
De toute manière, nous étions sur un héliporteur et même si j’avais le pouvoir de me téléporter, je ne compter m’en servir tout de suite avec elle. Je pensais plutôt à un coin que j’appréciais et que je voulais partager avec elle. Alors que nous marchons – enfin personnellement je roulais à ses côtés – Emy s’arrêta brusquement. Le me tournais alors vers elle le regard inquiet. Je ne dis rien attendant de voir si mon intervention était nécessaire mais finalement non. Emy reprit le dessus en quelques secondes et je lui souris avec bienveillance sur son effort qui venait de payer puisqu’elle reprit la marche en s’excusant :
« Tu n’as pas à t’excuser, c’est en y allant doucement que tu y arriveras. »
Je l’écoutais avec attention sur ses réponses à mes questions précédentes. Je ne l’interrompis pas même si je voyais bien que de parler d’elle ou de son mal-être n’était pas si évident que ça pour elle. J’imagine que finalement nous sommes tous un peu pareil, l’on aimerait que tout aille toujours bien mais hélas ce n’est pas le cas et je crains qu’avec notre métier cela soit encore pire. Puis je me tournais vers emy, j'étai’ en un sens content de pouvoir être avec quelqu’un d’autre que du personnel soignant, j’étais content d’avoir un peu de temps libre. Elle me demanda si c’était encore loin, je fis non de la tête avant de lui répondre :
« Non on va prendre l’ascenseur là et on va y arriver. Cela demande un peu de temps mais ça vaut le coup d’œil je te le garantie. »
Une fois l’ascenseur prit, nous arrivâmes sur un étage avec plusieurs salles de réunions et une salle en particulier que j’affectionnais. J’ouvrais la porte et la laissa découvrir une pièce qui même si elle était une simple salle de réunion, était une petite bulle de fraîcheur. La pièce était calme, baignée de lumière car tout à l’avant de l’Héliporteur. La pièce était arrondie et presqu’entièrement vitrée. Etant donné qu’aujourd’hui l’Heliporteur était au-dessus de l’océan, l’on voyait de l’eau sur plusieurs kilomètres et la terre ferme au loin : la ville de New-york. Le paysage était très beau à voir et finalement j’avais cru comprendre que cette salle n’était pas la plus utilisée alors finalement j’y venais régulièrement et souvent elle était vide.
Naturellement je me posais devant la baie vitrée et je pris le temps d’observer le visage d’Emy pour voir sa réaction :
« J’aurais pu t’emmener n’importe où sur le globe mais dans un premier temps autant rester ici. Alors qu’en dis-tu ? »
12 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Département médicale
Emy n’était pas certaine de pouvoir y arriver. En fait, elle se demandait si ce n’était pas trop tôt... Pourtant, la veille, avec Charles Xavier, elle avait réussi. Mais il y avait une grande différence de faire les choses avec quelqu’un qui s’y connaissait et toute seule. Enfin, la jeune femme n’était pas toute seule. Il y avait Aaron. Elle savait qu’il pouvait la ramener dans un endroit calme s’il le fallait, mais elle ne voulait pas abuser de sa gentillesse. Il venait à peine de se réveiller et devait faire face à ses propres difficultées... Lorsqu’elle s’arrêta un moment, elle se prit non seulement la tristesse d’un agent dans les parages, mais aussi l’inquiétude d’Aaron. Ce dernier s’était même retourné pour voir s’il devait intervenir, mais Emy se reprit et marcha de nouveau pour le rejoindre. Elle s’excusa et ce dernier lui dit que ce n’était pas nécessaire, que c’était en y allant doucement qu’elle allait y arriver. Elle lui sourit doucement avant de rajouter :
«C’est bien la première fois que quelqu’un me dit quelque chose comme ça. La plupart du temps, les gens partent dans la direction opposée.»
Puis, elle prit le temps de répondre aux différentes questions du jeune homme. Bizarrement, l’agente ne se sentait pas mal de lui parler de tout ce qui se passait dans sa vie actuellement, au contraire. C’était presque libérateur. Elle sentit la joie dans les sentiments du jeune homme. Est-ce qu’il avait vu quelqu’un d’autre que les medecins depuis qu’il étiat là ? Peut-être pas. Elle se concentra sur ses émotions positives, évitant de se concentrer sur la colère qui était au fond de lui. Elle lui demanda alors si c’était encore loin parce qu’elle n’était pas certaine de pouvoir tenir le coup. Emy puissait dans ses forces. Aaron lui répondit qu’ils allaient prendre l’ascenseur et qu’ils allaient arrivés à l’endroit où il voulait l’emmener. Elle hocha doucement la tête et entra dans l’ascenseur. Le métal de l’engin faisait une espèce de protection contre les sentiments des autres personnes et la jeune femme put relâcher un peu ses efforts. Elle ferma les yeux le temps de l’ascension puis suivit Aaron lorsqu’ils furent à l’étage des salles de réunions. Emy était venue que rarement dans cette partie et elle se demandait où pouvait se trouver l’endroit où l’agent l’emmenait. Il ouvrit la porte d’une salle et la laissa entrer. Emy ouvrit de grands yeux lorsqu’elle vit la vue. Elle s’avança vers la baie vitrée. C’était juste magnifique. L’océan était devant eux, sous eux et un peu plus loin New-York. Emy sentit le regard d’Aaron sur elle, observant sa réaction. Il lui dit qu’il aurait pu l’emmener n’importe où sur le globe, mais qu’en premier temps, c’était bien de rester ici. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, oubliant de maintenir la barrière mentale qu’elle essayait de garder autour d’elle. Bizarrement, elle ne ressentait rien de négatif dans la pièce... Un moment de calme.
«C’est magnifique... Je suis contente que tu m’y es emmené parce que je pense que ce sera mon nouveau endroit préféré... Mine de rien, ma chambre, je l’aime bien, mais cet endroit est encore mieux !»
Elle se tourna vers lui et passa une main dans ses propres cheveux avant de rajouter :
«Enfin... si tu veux bien... Je ne voudrais pas m’imposer ici...»
Après tout, c’était son endroit à lui. Il lui avait montré pour qu’elle se sente bien, mais elle ne voulait pas s’imposer. C’était un endroit magnifique, mais peut-être que c’était un endroit secret pour lui... Emy regarda de nouveau le paysage, posant doucement une main contre la baie vitrée puis elle soupira.
«J’en viendrais presque à oublier ce que c’est l’air pure dehors...»
L’orage menaçait dans l’esprit de la jeune femme. Elle se sentait mélancolique, triste. Elle croisa les bras contre sa poitrine, se recroquivillant sur elle-même.
«Tu n’as pas idée de comment ça me fait du bien de voir que tu n’as pas encore prit la poudre d’escampette face à moi... Il y a longtemps que je n’ai pas eu une discussion face à face avec quelqu’un d’autre qu’un membre du personnel médical... J’ai perdu contact avec tous ceux qui comptaient plus ou moins pour moi, je me suis retrouvée toute seule et je sais que la plupart des agents pensent que je suis folle...Peut-être qu’ils n’ont pas tord.»
Elle décroise ses bras et se masse doucement les tempes. Si Aaron semblait être neutre sur ses sentiments pour le moment, elle ressent une colère montée en elle. Ce n’est pas la colère d’Aaron, mais sa propre colère, contre elle-même, contre les gens. Un jour, elle allait tout faire pour retrouver sa réputation, elle s’en faisait la promesse...
"Les plus belles rencontres sont toujours inattendues." Simon Lafage
La réponse d’Emy quand je lui confirmai qu’elle n’avait pas à s’excuser de sa légère perte de contrôle, me surpris. Comment ça, les gens partaient en courant. Purée certains sont vraiment trop débiles. Ce n’est pas en l’isolant qu’elle se sentira mieux. Je me contentai de lui sourire avant de reprendre le chemin avec elle à mes côtés.
Quelques instants plus tard, nous étions dans la salle de réunion que je voulais lui faire découvrir. Je l’observais avec attention, guettant la moindre réaction de sa part. Si visiblement la vue était convaincante, j’étais encore plus ravi de voir un sourire se dessiner sur ses lèvres. Son visage s’adoucit peu à peu. Emy semblait apaisée. Et j’en eus la confirmation rapidement. Elle aimait l’endroit et ajouta même qu’elle songeait à revenir pour profiter du calme de l’endroit. Quand elle me demanda ce qui ressemblait à une permission de ma part sur ses actions à elle quant à cet endroit j’eus un petit rire.
« Bien sûr que non ça ne me dérange pas. Au contraire, ça me fait plaisir. Il me semble que cette salle de réunion est pour les sujet un peu sensible du S.H.I.E.L.D. du coup ça m’étonnerait pas qu’il y ait une sorte de barrière anti-ondes télépathique. Cela bloque peut-être tes pouvoirs ici. J’en sais rien mais si tu peux être un peu mieux quelque part sur cet héliporteur alors pourquoi cela me gênerait ? »
Emy regarda à nouveau l’extérieur avant de soupirer sur l’air pur. Purée elle n’était pas sortie de ce truc en métal depuis combien de temps ? Je fronçais un sourcil, m’apprêtant à lui poser directement la question alors qu’elle reprit avant que je puisse dire quoi que ce soit. Se protégeant d’une force invisible, elle se renferma sur elle-même avant de se confier à nouveau me racontant le calvaire qu’elle endure et surtout le regard et le jugement de ceux qui étaient autrefois ses amis. Je fronçais à nouveau les sourcils mais me contint sur la potentielle colère que je pouvais ressentir envers ses débiles. Je ne voulais pas la perturber davantage. A la place, j’approchais mon fauteuil d’elle, plongeant mon regard dans le sien en posant une main sur un de ses bras croisés.
« Oublies-les. Tu avances et ça va te rendre plus forte. Et comptes pas sur moi pour fuir. Mais je peux comprendre que je suis une boule de nerfs parfois… P’tet que j’arriverais à me contenir avec toi qui sait. »
Je lui souris doucement en ajoutant, mon regard toujours dans le sien :
« Tu sais j’suis là encore pour un moment mais dès que j’irais un peu mieux, je t’emmènerai dans un endroit que j’ai découvert à mon retour du snap, quand j’ai fait mon voyage de deuil de ma femme. C’est un autre coin de paradis et j’espère qu’il te plaira et qu’il t’apaisera autant qu’il l’a fait avec moi. Mais pour ça faut qu’on ait tous les deux l’autorisation de sortir d’ici…. »
J’avais envie de lui faire cette promesse d’un avenir plus radieux et plus apaisé que ce qu’elle semblait voir. Le sourire toujours sur les lèvres, je compris alors en cet instant que je venais de parler de Clara sans une once de tristesse, mais plutôt avec nostalgie, une nostalgie apaisante et doucement acceptée. Peut-être que j’allais enfin y arriver… Peut-être que j’allais recommencer à me projeter et profiter des moments que la vie mettait sur ma route…
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