[Terminé] I dont't recognize you anymore

Leurs échanges se dirigent vers de complices confidences, mais ces confidences ne voient jamais le jour. Interrompus par des idiots fraîchement débarqués sur le parking, qui sortent de leur van rouillé en titubant sous les effets de l’alcool, les anciens amants sont coupés dans leur conversation par des vomissements d’insultes et de dénigrements auxquels, malheureusement, les deux mutants sont habitués. C’est presque pour une constance, en ce moment, pour la rouquine ; combien de fois a-t-elle essuyé des remarques désobligeantes concernant sa mutation, ce mois-ci ? Trop de fois, si bien qu’elle a arrêté de compter.

Mais, elle prend sur elle, comme toujours, songeant que l’ignorance ne se combat point par la violence physique ; elle pourrait, ce serait d’une facilité déconcertante pour elle, que ce soit par sa télépathie pour sa télékinésie mais… Charles l’a suffisamment bien élevée pour qu’elle puisse garder son calme, et tente de l’appliquer à son comparse. « Les temps ne nous ont jamais été favorables. Ça a toujours été comme ça, peu importe quand, ils nous ont toujours détestés. » Certes, c’est peut-être la raison pour laquelle ils sont restés cachés aussi longtemps. Elle penche légèrement son menton sur le côté en le regardant, ne se laissant tout de même pas happée par la possibilité de les corriger. « Ça me rend fou Jean, pourquoi nous ? Pourquoi est-ce qu’on applaudit les Avengers lorsqu’ils sauvent le monde et que nous, lorsqu’on fait la même chose, on nous crache dessus ? » « Non, pas toujours. Regarde Wanda… » La pauvre croupie toujours au Raft, et il y a fort à parier qu’elle ne pourra jamais reprendre son rôle au sein du groupe de super-héros ; mais la remarque de Scott n’est pas totalement dénuée de sens, puisque le passé de tueur redoutable du Soldat de l’Hiver n’est un secret pour personne, et cela ne l’empêche pas d’être l’une de leurs figures. On pardonne les travers de l’un, sans pouvoir excuser les travers de l’autre… Pourquoi ? Parce que Wanda Maximoff est une mutante ?

Tentant de ne rien laisser paraître de la notion d’injustice qui passe dans ses pensées, elle déclare, d’une voix qui ne laisse envisager aucune négociations : « Viens, on s’en va. » Et c’est ce qu’ils font : ils s’en vont, reprenant leurs places respectives dans la voiture pour déguerpir, sous les insultes et les dénigrements des ivrognes qui, d’un coup d’un seul, voit le moteur de leur vieux van s’enflammer. « Vraiment, Jean ? »  Elle feint l’ignorance, levant même légèrement le menton en effectuant une manoeuvre pour sortir du parking, les deux mains rapprochées sur le haut du volant tandis que la voiture file sur la route de campagne, à une allure plus mesurée que plus tôt dans la journée. « Ben quoi ? » Demande-t-elle sans le regarder, essayant vainement de contenir un petit sourire victorieux qui menace de déborder. « Je prends sur moi, je me retiens de leur rentrer dedans et toi tu…sérieux ! J’avoues, c’était cool mais, la prochaine fois, préviens-moi, on travaillera en équipe. Tu fais exploser le moteur, j’envoie le van dans le lac. » La proposition est tentante puisqu’elle agrandit le sourire discret qui orne ses lèvres, mais elle hausse ses sourcils en affirmant, menteuse pour la bonne cause : « Je ne vois pas de quoi tu parles, je n’ai rien fait… » Elle tourne enfin son menton vers lui pour le regarder, hochant son menton de gauche à droite en rajoutant, presque pour justifier ce qui vient de se passer : « Tu as vu l’état de leur van ? À mon avis, le moteur a lâché, tout simplement. » Qui va oser la contredire ? Le van semblait daté d’avant leur naissance à tous les deux, alors, il n’y a rien de surprenant à ce qu’il finisse de la sorte.

« De toute façon, personne ne va te croire. » Le taquine-t-elle en tournant son menton sur le côté pour le regarder avec malice, tout en gardant un oeil sur la route — quand même, il faut qu’elle fasse honneur à sa réputation de pilote. Redressant sa nuque pour avoir une posture plus sérieuse derrière le volant, elle sent que la main de Scott vient se déposer sur la sienne, et elle lui adresse alors un sourire quiet, heureuse qu’il se sente désormais suffisamment en confiance avec elle pour se confier sur ses tourments. « Ça me fait du bien de passer du temps avec toi Jean, ça m’avait manqué. » Oui, elle aussi ; quand bien même s’était-elle habituée à son absence, pour son propre bien. « tu m’as manqué. Je ne dis pas ça pour te forcer la main ou te mettre mal à l’aise mais…mais je crois que t’avoir avec moi, c’est probablement la seule thérapie dont j’ai besoin. » Ce n’est pas ce qu’elle croit, puisqu’elle n’a pas la prétention de se considérer plus salvatrice qu’une thérapie avec un professionnel, mais les mots qu’il prononce la touche irrémédiablement, la flatte et lui redonne quelques couleurs chaleureuses. « Tu vois si tu n'avais pas été là, j'aurais mal réagi, j'aurais fait des...des trucs regrettables. Ça ne change rien au fait oui, tu as raison, j'irais certainement voir un professionnel et oui, peut-être que ça me fera du bien et tout mais...mais avec toi, c'est différent. » Elle presse ses lèvres dans un sourire suave en le considérant du regard quelques secondes, avant de lui répondre. « Je serai là pour toi, Scott. Je te le promets. » Oui, mais en tenant quel rôle ? Elle-même l’ignore en cet instant. « Je… Je ne sais pas encore si on pourra recommencer, tous les deux. J’ai avancé depuis notre rupture, j’ai fait le deuil de notre histoire, là… Il faut que je fasse tout en sens inverse, que je déconstruise ce que je croyais être vrai pour rebâtir la vérité, ta vérité. Alors, je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais je peux t’assurer que tu pourras toujours compter sur moi. Toujours. » Pour preuve, elle prend sa main dans la sienne et la serre avec tendresse, en ayant le coeur et l’esprit apaisés ; la guerre est peut-être définitivement terminée. Place à la paix.