[Terminé] A tale of bat and cat

Considérant comment tu t’es paralysée à mon contact physique, non seulement je sais que tu n’en as pas eu depuis longtemps mais en plus je suis certaine que tu n’oseras pas me fuir : ça me va, ça limite les risques de blessures me concernant. Sachant que, pour une fois, ce n’est pas de mon égo dont on parle. Lui, à force, je l’ai nommé "paillasson". Plus important encore, et paf pour lui une fois de plus, j’arrive à te faire le câlin anticipé avec les regrets anticipés aussi. Tu étais au bord des larmes avant et elles virent, de bord comme tout court, à présent. Laisse-toi aller, Morticia.

Malgré mon visage légèrement en l’air face à tes odeurs, je sais apprécier ton gémissement pour la libération dont il témoigne.
Malgré le désagréable contact de tes cheveux face à leur crasse, je sais apprécier le bien que les caresses te font et dont les larmes témoignent.

Laisse-toi aller, Morticia. Tout ira bien.

Tu iras bien.

Moi aussi, merci ma Chance et merci à toi. Dans cet ordre. Toujours. Sorry not sorry.

Sachant que le "moi aussi" est à maintenir puisque, à travers la vision conférée par les lunettes de l’agent Lock, je perçois l’éclaboussure sanguine couler le long de nos jambes. Les Agents ont le professionnalisme de retenir leur commentaire mais je dois avouer que moi j’entre en apnée après une déglutition et avant de pâlir sérieusement. Tu ne peux pas m’avoir mordu, je l’aurais senti et je sais dans quel sens est tourné ton visage puisque j’ai une main derrière ta tête. Du coup, il n’y a qu’une seule question à poser et je m’en excuse : What The Hell ?!

J’ignore combien de temps l’on passe ainsi avant que tes larmes ne se tarissent mais j’attends ce signal pour me reculer d’un pas. Je dirais bien que je suis aussi colorée que ma combinaison mais elle gagne haut la main considérant que tu l’as repeinte… chose que je constate avec de brefs aller-retour entre mon buste sanglant et toi dont le visage et le buste ne doivent pas être mieux.

Choquée ? Oui. Au point d’en ramener mes mains pleines de ton odeur jusqu’à ma bouche et mes narines histoire de les couvrir. Comme disait Arnold Schwarzenegger dans la version française de Last Action Hero en -3 avant mon année de naissance : "MONUMETALE ERREUR". Au moins je me reprends vite, avec un pincement de visage écœuré ainsi qu’un secouage de tête à la négative mais quand même. Et pour me reprendre, je me reprends car je viens de marcher sur la mine de ta vie !

Tout ne tient plus qu’à une ou deux secondes et j’ai intérêt d’y aller à la Chance et au talent. Heureusement, comme disait mon épitaphe en me citant citer quelqu’un d’autre : "comme disait Berlioz, le compositeur par l’aristochat, "dans la vie il faut non seulement la chance d’avoir du talent mais aussi le talent d’avoir de la chance".". A moins que ce soit l’inverse ; le talent et la chance, par le compositeur et l’aristochat !

« Littère… j’suis couverte de sang et c’est mêm’pas l’mien. »

Démonstration magistrale de ce qui saute aux yeux, au figuré dans mon cas et au "propre" dans le tien ; enfin, "propre"… sale quoi. Tu m’as comprise ! Et t’as intérêt de continuer.

« Momo, dis-je avec précaution en levant les mains entre nous pour garder ton attention en espérant ne pas te faire fuir… tu sais que j’ai rarement eu de rencontre aussi marquante ? »

Si qui que ce soit a quoi que ce soit à dire sur mon humour, je vous invite cordialement à échanger de place avec moi en cet instant et à gérer cette situation ! Parce que ça fait pas dix minutes qu’on essaie de créer un lien et que là ma combinaison a la tête d’un vêtement qu’on aurait refermé après un éventrement en mode "personne le verra qu’on en a mis partout"…

« C’est pas grave hein, te dis-je rapidement, voulant dédramatiser la situation au plus vite. Je savais que le blanc c’était salissant. Puis, si on veut être optimiste, au moins les larmes de statues d’église ça fait pas vampire, ça fait vierge et saint, avec un "t". Et le rouge c’est assorti à mes cheveux. Nan parce que la morve, pas contre… »

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, ceci est ce que l’on nomme noyer le poisson. Et je vais tellement l’avoir noyé dans l’huile de friture qu’on va pouvoir en faire un poisson pané là !

« Mais la morve non plus c’est pas grave. Après, tu le prends mal si je t’appelle "ma saleté" ? »

Lucky, minette, trop loin. T’es déjà dans la sauce, au figuré voire au propre/sale comme défini précédemment, alors n’oublie pas que ton poisson noyé il a des arrêtes et fais-en de même : arrête !

Je pousse un gros soupire, légèrement contrit, avant d’amener mes mains sur mes hanches par réflexe puis de m’interrompre avant le drame.

« Bon Momo, reprends-je en désignant la sortie derrière moi, non loin de l’agent Remington et de l’autre avec le journal. Tu te sens prête à y aller ? Moi oui. »

Juste que j’ai plus faim. Je crois.

♱ A tale of bat and cat ♱

Personne à qui dire je t'aime, tout le monde sur qui cracher ma haine. - M.M

        Pleurer... Je crois que cela fait une éternité que je ne l’ai pas fait. Oh, j’ai versé des larmes, oui, que ce soit à cause de la souffrance, de l’injustice de ma condition, ou de la rage difficile à contenir. J’ai versé des larmes par culpabilité, par mépris envers moi-même. Mais je n’avais jamais réellement pleuré comme aujourd’hui après le snap, depuis que j'étais à la rue. Oui. Mes larmes n'avaient toujours été suivies que d’un douloureux silence. Les gémissements qui s’échappaient aujourd’hui de mes lèvres, étaient ceux d’une personne, ou plutôt, de cette enfant que j’avais banni dans un coin sombre de mon cœur, séquestrée ou abandonnée à une époque où sa présence m'était insupportable. Elle avait aujourd'hui refait surface aussi péniblement que la décision qu’il m’avait fallu prendre pour devenir plus forte psychologiquement, celle qui m’avait poussé à la rejeter en premier lieu. Ressurgissant, elle apportait avec elle toutes ces émotions qui triomphaient à me bouleverser.
    Avec tout ça, comme si ma crasse actuelle n’était déjà pas suffisante, voilà que je me mettais à transformer cette pauvre combinaison blanche en tableau dédié à de l’art abstrait. Je devais me calmer et me reprendre... Je ne ressemblais à rien. Et surtout, il fallait réellement que je cesse de pleurer. Si les humains pouvaient verser autant de larmes qu’ils le voulaient, ce n’était pas mon cas... C’était une forme d’hémorragie pour moi, elle provoquait beaucoup plus rapidement l’anémie. Pleurer était une petite mort dans ma situation. Mais mon corps, en l’état, fut insensible et sourd à mes suppliques rationnelles. Il ne répondait plus à ma douce raison, dévorée par le caprice d’une enfant que j’avais à légitimement repousser et qui s’agrippait, désormais, férocement à sa liberté retrouvée. Mais c’était de la faute de Lucky Lucy, elle avait provoqué l’hécatombe émotionnelle d’un cœur déjà empalé par la peine.  

       « Pwadon... *Snif* Lwucky Lwucy ! » Tentais-je de m’exprimer, voulant m’excuser face à l’intervention de la pauvre héroïne que j'avais bien dégueulassé. Je n’avais aucune justification face à ce que je faisais actuellement, pleurer ainsi dans les bras d’une femme, étrangère de surcroît. J’avais honte. J’avais envie de me cacher, tant je me sentais hideuse et coupable à la fois. Elle rajoutait qu’elle n'avait jamais eu de rencontre aussi marquante. En même temps, qui Diable prenait une héroïne pour une toile vierge ? Nul doute qu’elle n’avait jamais été repeint par qui que ce soit d’autre à part moi. Please. J’ai changé d’avis, vous pouvez désormais me tuer avant que la honte ne m'achève, je ne résisterais pas. Elle poursuit... Ce n’était pas grave selon elle, bien essayé... Mon esprit était déjà tourmenté, j’utilisais toute ma volonté pour ne pas essayer d’essuyer mes bêtises...  
       Avec mes vêtements sales, aucune chance que cette idée, soit une bonne idée. Surtout que j’avais plus de chance d’étaler la tâche, plus qu’autre chose en-tout-cas. Je tentais de m’essuyer avec mon manche, mais le sang étant ce qu’il était, il avait déjà commencé à s’assécher sur mon visage. À sa demande... Je haussais les épaules. « Toi... Appeler moi... Comme toi... Vouloir. » Elle pouvait bien me surnommer comme elle le voulait après cette bourde, vraiment... « Moi prête... Moi suivre Chance. »             

« Mais la morve non plus c’est pas grave. Après, tu le prends mal si je t’appelle "ma saleté" ? »

Lucky, minette, trop loin. T’es déjà dans la sauce, au figuré voire au propre/sale comme défini précédemment, alors n’oublie pas que ton poisson noyé il a des arrêtes et fais-en de même : arrête !

« Toi... Appeler moi... Comme toi... Vouloir. »

Oh chatonne, je suis désolée. Que tu le vives comme ça, même si ça fait depuis qu’on s’est séparées et que j’ai découvert le pot-aux-rouges-sanguins que tu tâches de t’excuser autant que tu nous as tâchées toutes les deux, et que tu découvres ma capacité à mettre les pieds dans le plat pour le transformer en planche de surf à ce moment.

Je rattrape la situation comme je peux et je tâche que tu ne partes pas comme je peux aussi, sachant que la première partie est beaucoup plus efficace que la seconde considérant nos attributs. Tu es prête à me suivre. Tu es prête à suivre ta Chance et celle que nous t’avons offerte, c’est un soulagement. Mes épaules s’abaissent et mon visage aussi, se parant d’un sourire alors que je te regarde.

Ensuite, je fais un pas vers toi pour me placer à ton côté et te poser une main sur chaque épaule. Cela me permet de te guider avec douceur, t’accompagnant à chaque pas. Mon visage s’alterne entre la destination, les agents du SHIELD comme ceux d’assurance Lucky.

« Momo, je te présente l’agent Remington, dis-je alors que le monsieur qui a gagné un sandwich à moitié mangé se lève pour te regarder avec un sourire soulagé. Derrière nous, la madame que j’ai oublié de te présenter c’est l’agent Lock. »

Et l’agent au journal ? C’est l’agent Oublié. Jay Oublié. Après je vais pas le dire comme ça, j’ai assez joué à la marelle dans un champ de mines pour ce soir.

« Et les abeilles, c’est Queenie, continue-je alors qu’on s’approche de la partie de l’essaim destinée à m’accompagner. Elle a une petite sœur, Maya, à qui j’ai appris à danser pour Noël. »

Pourquoi je raconte ça ? Parce que ça a pour but de rendre les @robeez moins intimidants. Ce qui est mieux sachant qu’on passe à leur côté afin de sortir des quais et qu’elles vont nous accompagner, me suivant, jusqu’à la sortie. Comme les agents du SHIELD d’ailleurs, lesquels vont faire plus loin encore. Après, sortir du quai et sortir de la station de métro sont deux choses différentes.

Les agents de la MTA, pour Metropolitan Transportation Authority, et de son exploitant NYCTA, pour New York City Transit Authority, ont bloqué les bornes et fait le tampon avec les passagers en transit dont notre histoire comme l’intervention de l’autorité du transit a dû faciliter le transit… Après, lorsque l’on s’approche et que l’on nous ouvre l’une des grilles d’intervention pour les secours tout en tâchant de nous faire un passage, les gens arrêtent de se plaindre pour s’étonner et certains vont même jusqu’à filmer les choses.

Face à cette foule, je te serre un peu plus contre moi et je te regarde pour te sourire un peu plus. Oui, j’ai l’envie de me tourner vers eux et de leur sourire mais je tâche de te prioriser. Les relations publiques se feront plus tard. On est dans de la relation personnelle ici.

Les escaliers sont faciles à atteindre et la Chevrolet du SHIELD toute aussi facile à remarquer. Je te le désigne de la main : le gros SUV noir avec la discrétion d’un Nick Fury dans une parade de la police. Derrière lui, le SUV pas le Fury, se trouve une Lotus Evora 400 grise. Autour de tout cela, de nouveau curieux.

L’agent Remington nous ouvre la voiture puis la portière, laissant apercevoir que les sièges arrières avaient été baissés pour laisser plus de place dans le coffre. En quelques gestes, la banquette se redresse et dissimule ce qui devait être les points d’attache pour une civière ; probablement accompagnée d’un mécanisme de contention, je n’en sais rien et je suis contente de ne pas l’avoir découvert ce soir. Toujours est-il que je remarque la grille séparant les places avant de l’arrière et que je me résous donc, sans un mot comme si cela avait été prévu, à monter en première.

Après avoir traversé la banquette, je me penche pour te tendre une main et t’aider à monter. Je te laisse t’installer mais je t’attache, avec la ceinture évidemment, avant d’en faire de même pour moi. A ma surprise, l’agent Remington monte également à l’arrière. Ça sera utile pour la traduction.

Car il va falloir qu’on t’explique comment les choses vont se passer. Mais avant cela, j’ouvre la fenêtre puis te regarde avec un sourire.

« Comme beaucoup de monde va t’appeler Momo et que je suis un chat, dis-je alors que les @robeez s’envolent dans le ciel nocturne plutôt que de continuer à me suivre, si je dois t’appeler autrement ça sera "ma ch’tite chal’té". Voilà. »

J’ai hésité avec Chattée mais ça n’aurait pas voulu signifier la même chose, malgré que tu ais de la "chatte", pour parler vulgairement, en plus de m’avoir moi ; et d’en avoir une si on reste dans le vulgaire. ENFIN BREF, restons aussi professionnelle que ton odeur et ton sang, sauf s’il est pas à toi non plus, me permettent de l’être.

Cela nous permettra de conclure cette partie du conte de notre rencontre. Un conte de chauve-souris et de chat. A tale of bat and cat.

♱ A tale of bat and cat ♱

Personne à qui dire je t'aime, tout le monde sur qui cracher ma haine. - M.M

        La situation n’était pas si mal, oui... Les choses auraient pu être pires, dramatiquement parlant. La rencontre avec Mike Matt hier, avait déjà apporté une forme de reconditionnement involontaire chez moi de sa part. Il a été le contact humain qui m’a permis de renouer, même un peu, avec ce qu’il y avait, ou plutôt, ce qui me restait de civilité. Le fait est que je puisse être en mesure d'écouter, malgré tout, ce qu’elle avait à dire, que je repousse mes peurs et mes instincts, c’était dû au fait que je l’avais fait quelques heures auparavant avec El Diablo. Ce qui me poussait à me demander, qu’est-ce qui se serait passé si je ne l’avais pas rencontré au préalable, si je n’avais pas renoué avec la communication, humainement parlant ? Assurément, les conditions qu’avait permis l'échange avec Mike Matt, avait joué en sa faveur. J’étais sous l’effet d’une drogue, j’étais dans mon élément, il était seul et surtout, j’étais confuse... Et donc, paradoxalement plus apte contenir la peur potentielle...
      Présentement, l’insécurité avait été grande, il y avait quatre personnes en plus de cet essaim de robots qui, de toute évidence, avait bloqué les issus de secours. La pire possibilité qui aurait pu être envisagée, était que je réagisse comme un animal, à l’instinct plus qu’à la raison. Que j’attaque pour fuir... Fermant mon cœur à tout résonnement humain que j’aurais pu tenter de formuler, ne serait-ce que mentalement. Les choses n’étaient pas si mal. Oui. Elle me présenta la fameuse équipe, du moins presque tout le monde. Le traducteur et la femme au téléphone, délaissant l’homme au journal pour passer directement à ses robots. L’essaim semble porter le nom de Queenie, elle fallait donc le voir comme une sorte d’entité unique ? Je ne comprenais pas trop, ça m’avait l’air compliqué à comprendre. Elle poursuivit en présentant le fait que ces dernières aient une petite sœur, une certaine Maya. Je comprenais encore moins.

      Les robots, pouvaient-ils vraiment avoir des frères et des sœurs ? Ça me semblait curieux... Mais en soit, je n’ai jamais demandé à Cataleya comme j’étais née moi-même... J’ai bien dû comprendre plus tard, en voyant accidentellement des choses depuis quelques toits d’immeuble, que cela avait un rapport les trucs que faisaient entre les adultes. Mais les robots faisaient du coup aussi des choses entre eux ? Est-ce que c’était ce qu’on apprenait à l’école ? Je ne répondis rien, préférant essuyer comme je le pouvais mes dernières larmes tant que le tout était tout de même encore un peu humide. Mais j’avais l’impression que ma peau s’imprégnait déjà de sa couleur sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. L’on passait à côté de ses derniers, je restais vigilante à leur mouvement malgré tout. Nous quittions les quais, sans aucun doute, pour prendre la direction de la sortie et quitter la station.
     En haut, une foule... Trop de monde. Trop de regards subitement tourné dans notre direction. Je n’avais pas de mal à marcher parmi la foule, tant que je restais invisible et que cela ne durait qu’un temps. Là, ça faisait un sacré paquet de monde dont l’attention était rivée sur nous. C’était pire que les nombres de gens que j’avais effrayé dans cette épicerie. Oui, il y en avait, très largement, beaucoup moins. Je sentis toutefois une pression et une semi-étreinte qui avait réussi à me faire porter de nouveau une attention sur Lucky Lucy. Elle arrivait à me tenir encore de la sorte, malgré que je ne fusse pas très propre et que je ne sentais pas très bon. La suivant en silence, je mentirais si je disais qu’une forme de respect ne s’était pas développé pour elle en une petite graine prête à germer au sein de mon cœur. Une belle façon de changer de vie... Du moins, c’était ce que je voulais croire.