[Terminé] 'va falloir régler tout ça !

C'était toujours quand il était trop tard que vous réalisiez que vous étiez allés trop loin. Ben voilà ! J'avais gagné. Je sentais mes pieds se soulever surpris et je partais en avant. Juste le temps de voir le regard noir de Greasy et j'entendais le crépitement des bottes augmenter. Je partais tantôt à droite, tantôt à gauche. Je comprenais que si je luttais vraiment, j'y laisserais des plumes. Et les liens commençaient à se resserrer sur moi, me retrouvant emmêlé et la tête furieuse de Greasy qui me faisait face et déversait sa colère.

- Écoute-moi bien, Starloose. J'dois à Rocket plus de vies qu'n'en ont des chats siamois schizophrènes, et j'lui ai sauvé l'cul plus de fois qu'tu peux juste l'imaginer dans ta p'tite caboche. Lui et moi, c'est pas d'la confiance, c'est d'la certitude. Si j'vous tolère toi et ta bande de macaques, c'est parce qu'il a trouvé du réconfort chez vous et qu'j'préfère crever que d'lui enl'ver ça. J'peux supporter vos mielleries tant qu'tu veux, j'dirais même que vous m'faites souvent marrer.

Il marquait un courte pause en me regardant toujours droit dans les yeux. Je pouvais lire sa fureur et la rage de ses mots. Il pensait chacun d'eux. Je restais alors silencieux et il terminait.

Mais si jamais vous laissez quoi qu'ce soit arriver à Rocket, j'peux t'jurer qu'y aura aucun endroit dans la Galaxie où vous pourrez poser vot' cul sans chopper la vérole, j'f'rais d'vot vie un tel enfer qu'vous r'grett'rez pas êt' morts, bien raides et à l'abri, paske y aura que ça qui vous protég'ra d'moi.

Et il fermait boutique, me laissant dans les liens emmêlés. La lumière baisse et laisse place à des genres de veilleuses et des genres de mitrailleuses sortent des coins pour me tenir en respect. Je déglutis avec difficulté pensant : "Je suis mort !" Mais celle-ci rentrent presque aussitôt. Je réalise alors que je n'aurais sûrement pas du le provoquer. "Peter qu'est-ce qui t'as pris ?"

Je ne tente même pas de me défaire des liens au risque de faire pire que mieux. Mais j'espère au fond de moi qu'il ne m'abandonnera pas là trop longtemps. J'avais vraiment découvert une personnalité que je n'aurais pas suspecté chez lui. Autant j'aurais pensé qu'il était bourru et asocial, mais là... je découvrais le vrai visage de celui qui nous acceptait seulement parce qu'il appréciait Rocket. En bref, nous n'étions pas pas ses amis, pas sa famille, nous n'étions rien. Ma vision changeait vraiment et je comprenais que je ne devais surtout pas essayer de lui faire comprendre ce qu'il ne comprenait pas.  Ce qu'il ne voulait même pas essayer de comprendre. C'était une terrible désillusion pour moi qui ne voulait que lui offrir mon amitié.

Je restais ainsi un long moment avec moi-même à réaliser que j'avais découvert le démon qui sommeillait et qui n'avait jamais montré son visage jusqu'à présent. Alors pourquoi ? Je ne comprenais pas pourquoi me faire un cadeau ? Pourquoi nous accepter sous son toit ? Je me sentais comme un cobaye à présent qui devait garder le silence pour éviter de réveil le dragon. Peut-être que j'y avais été un peu fort, mais avais-je mérité un tel déchainement ? Je n'étais pas le plus intelligent, je n'étais pas le mec parfait, mais je ne méritais pas une telle colère. Je comprenais enfin qui il était et je savais que désormais, je ne lui ferais plus l'honneur de se venger de la sorte. Il était certain que lorsque nous serions de nouveau dans la même pièce, mon attitude serait tout autre.

Je ne savais pas combien de temps j'avais passé ainsi emmailloté, mais l'atelier s'éclairait de nouveau et je craignais de voir revenir mon tortionnaire. J'étais encore sous le choc et restait totalement silencieux. Je n'avais même pas essayé de me défaire du tout des liens. Je n'avais fait que revoir cette scène en boucle, me demandant s'il fallait aller jusqu'au bout de ce projet. J'attendais juste de savoir si j'étais digne d'être libéré et encore s'il allait continuer ou me laisser seulement partir - ce que j'aurais volontiers fait là, maintenant, tout de suite !

Il semblait plus apaisé et je me demandais si je devais parler ou rester muet. Des excuses ? Pour quoi faire ? Je sentais que l'ambiance était tendue et je ne voulais pas risquer de voir encore de quoi il était capable. Il devait lire la stupeur encore inscrite sur mon visage. La crainte surement aussi. Comment ne pas avoir peur d'un être capable d'une telle rage... tout ça parce qu'il détestait les sentiments. Mais que lui avait-on fait, qu'avait-il vécu pour être aussi fermé à ce point ? Je n'avais pourtant jamais rien fait de mal après tout. Mais j'imaginais qu'il avait souffert au point qu'il ne voulait plus prendre de risque avec personne. J'espérais seulement qu'il m'aide tout de même à me libérer et qu'il me laisse partir.

Impressionnant le revirement. Il semblait encore un peu sur les nerfs, mais parlait normalement. Mais en ce qui me concernait, je faisais profil bas et préférais attendre de voir. Le rembobinage était moins chaotique en effet que la version originale d'emmaillotage façon Greasy. Le "roti" était libre. Mais je gardais ma bouche bien close au risque de revoir le méchant diablotin. Y avait pas à dire, ça m'avait bien refroidi.

Alors pour ce qui était de me faire dessus, ça risquait pas, j'étais bien trop sous le choc pour ça. Comment me remettre d'un truc pareil. Je ne l'aurais sûrement pas imaginé aussi impulsif et violent. Et j'étais persuadé qu'il ne regrettait pas. Pourtant, quand Rocket saurait, parce qu'il saurait, il s'en rendrait sûrement compte par mon changement d'attitude, il verrait qu'il y avait un truc qui clochait. Je n'aurais rien à dire. D'ailleurs, je préférais même oublier ce qui venait de se passer.

Il me tendait un cocktail. Un truc qui devait m'empêcher de souffrir trop après cet épisode de gym improvisé et surtout involontaire. Je savais qu'il ne m'empoisonnerait pas, même si l'envie ne manquait pas. Rocket lui aurait jamais pardonné. Alors je tendais la main et acceptais le breuvage en le remerciant timidement. Je regardais un instant le contenu avant de me résigner et le boire d'une traite.

Il en profitait pour inspecter les bottes. Elles n'avaient rien en apparence. Mais est-ce que je devais continuer ? Et faire comme si de rien n'était en fermant soigneusement mon clapet ? Où devait-on laisser tomber ? Je pensais à Rocket. Il finirait par se douter de quelque chose. Alors je prenais sur moi et je restais immobile, le verre vide à la main. L'effet était pratiquement immédiat. Je ne savais pas ce que c'était, mais les sensations désagréables disparaissaient au niveau des muscles. Par contre la blessure émotionnelle n'était pas prête de disparaitre.

Il fallait trouver les bons mots si je devais parler. Ne pas risquer de voir encore sa fureur se déchainer. Essayer de donner le change sans le chercher. Mais par où commencer ? Pourtant il y avait un sujet sur lequel on pouvait être d'accord, c'était Rocket. Je n'accepterais jamais que personne ne lui fasse de mal. Et je pourrais réserver le même sort à celui qui oserait s'en prendre à lui.

- Merci, dis-je seulement en posant le verre sur une partie de l'établi vide. Je croyais vraiment que cela s'arrêterait là. Mais je devais avouer que les bottes, maintenant que j'avais vu la puissance dont elles étaient capable étaient un bijou de technologie. Plus puissantes que les miennes. C'était un chouette cadeau, quoi qu'on en pense.

- On fait quoi maintenant ?

Il valait mieux lui donner encore le choix. Il n'avait peut-être pas envie de poursuivre après tout. Mais je devais au moins poser la question. Non pas que j'avais vraiment envie de rester en sachant qu'au moindre mot de travers, ça pouvait déraper, mais on devait terminer le job, pour éviter le moins possible les soupçons là-haut. Même si je me doutais qu'il se rendrait compte à un moment donner du changement d'attitude face à Greasy, mais pour le moment, je prenais sur moi comme je pensais qu'il le faisait pour donner le change, lui aussi.

Son expression commençait à changer pour se radoucir, avec un timbre habituel et un visage plus habituel aussi. On aurait presque même dit qu'il était compatissant. Mais avec l'épisode passé, ça changeait un peu la perception des choses. C'était le jour et la nuit. Mais bon, que faire ? Le laisser faire comme si de rien n'était. Mais j'allais maintenant choisir mes gestes et mes paroles avec soin.

Les explications étaient claires : Je l'avais cherché. Oui, je devais avouer que je l'avais provoqué. Et oui la réponse était arrivée. Mais la réponse était un peu disproportionnée. Cependant, il avait l'air de vouloir laisser ça derrière lui. Pas de souci, mais il devait bien se dire que les choses changeraient entre nous. Il ne voulait pas de guimauve, il n'en aurait plus. J'avais bien appris la leçon. Mais si les choses devaient un jour se gâter pour lui, il comprendrait tout de même que je serais là, mais pas parce que je l'appréciais, mais parce qu'il était de la famille ! Qu'il le veuille ou non, je protégeais ma famille comme un loup alpha protégeait sa meute.

Je devais avouer que j'avais une petite soif. Pas d'alcool ? Pas de problème, même si pour encaisser, j'aurais bu quelque chose fort ! Mais je comprenais que quand il bossait, il ne buvait pas. Le tension redescendait doucement. Mais la confiance elle, était brisée et elle mettrait du temps à revenir. La main tendue n'existait plus et n'était pas prête de revenir. C'est lui qui désormais avait les cartes en mains, mais il jouait seul.

La bonne nouvelle ? J'avais servi de crash test vivant. Peu lui importait si j'allais morfler ou pas à ce moment là. La colère, chez lui, pouvait être dangereuse. Je n'y ferais plus prendre. Mais la bonne nouvelle, donc, était que les bottes avaient réussi le test improvisé et répondait à ses normes. J'aurais des bottes incroyablement efficaces, testées et approuvées.

J'étais pas contre une pause. J'avais la gorge terriblement sèche, même si je n'avais prononcé que quelques mots. La peur et la surprise sans doute... Alors je me détachais, avec l'aide de Greasy et j'allais au frigo qui m'étais plus facilement accessible que lui. Je lui proposais tout de même une coca.

- Tu en veux un peut-être ?

Je reprenais une voix plus sobre et un ton plus ou moins normal. Je me sentais pas plus à l'aise, mais je prenais sur moi et je savais que tant que je ne lui parlais pas sentiment, famille... je ne risquais rien. Et une fois ma canette vide, je pouvais me laisser reharnacher pour poursuivre les tests. J'avais évidemment renfilé les bottes.

Je ne pouvais pas exactement expliquer ce qu'était ce "truc" qu'avait Greasy avec le coca, mais cela faisait son petit effet. Pas d'alcool, donc pas d'effet du type de perte d'inhibition. Mais c'était comme l'effet immédiat d'une drogue peut-être. Difficile de savoir, mais en tout cas, il était euphorique quand il en buvais et on pouvait voir ses moustaches frétiller sous l'effet de la boisson gazeuse lorsqu'il buvait. En d'autre circonstances, j'aurais pu le charrier, mais après le cirque qu'il avait fait alors que je lui parlais simplement de devenir amis... je craignais le pire. Alors je rengainais ma réplique pour rester plutôt soft en posant simplement la question :

- Mais ça te fait quoi au juste ?

Curiosité mal placée, peut-être, mais là, au moins, je risquais pas de me faire saucissonner avec des bottes hightech aux pieds au risque de me faire étrangler. D'ailleurs en y repensant, je savais pas par quel miracle je ne l'avais pas été... Mais bon, passons. Je savais maintenant qu'il fallait choisir soigneusement mes paroles pour ne pas parler "sentiments" avec le grincheux de Blanche Neige version belette !

Y avait du boulot, c'était clair. Ma physiologie et mon anatomie étant bien différentes de la plupart des humains, j'avais aussi des reflexes autres et une façon de penser bien à moi. Au combat cela donnait des choses qu'il fallait évidemment travailler pour que les bottes soient adaptées à ma manière de penser, qui je devais l'avouer, était un bordel sans nom. Bon courage. Mais il semblait y avoir une récurrence qui aidait Greasy à trouver un schéma. Ce qui semblait être plutôt une bonne chose. Mais cela voulait dire aussi que je pouvais d'une certaine manière être prévisible.

Des petits gadget se cachaient ça et là pour aussi avoir une nouvel arsenal de combat sympathique. Mais le plus gros des bottes était renforcé d'acier d'après ce que je comprenais... Adamantium ? Ce n'était pas un métal que connaissais...

- Adamantium tu dis ? Mais as-tu pensé au métal du bouclier de Captain America, le vibranium ? Il est léger et maniable et très dur, pratiquement indestructible d'après ce que j'en sais. Et peut-être plus facile à se procurer. Je ne sais pas ce qu'il en est de l'adamantium, mais il apparaît que c'est plutôt rare contrairement au vibranium.

C'était une idée comme une autre... mais il me semblait que si on contactait les bonnes personnes, cela pouvait jouer. Mais l'acier, sur Terre, pouvait suffire. Le tout était de faire attention. Mais en repensant aux multiples possibilités, c'était plutôt cool. J'allais adorer ces petits bijoux.

Je ne savais pas quoi penser de ce que le coca avait comme effet pour lui, mais ça ressemblait un peu à une boisson énergisante pour lui. Le gout était pas mauvais, fallait dire, mais j'en aurais pas bu des litres. Le sucre s'était bien, mais il ne fallait pas en abuser. J'étais sûr qu'il le savait. Il lui avait même trouvé un usage plus discutable, mais j'avais entendu dire que ça pouvait décaper des trucs.

Je semblais avoir eu une réflexion intéressante. Et oui, c'était lé métal du bouclier de Captain America. Un freezebee ? Intéressant, quoi que l'image était pas mal finalement et m'arrachait un sourire. Cela pouvait toujours être bon à savoir. Mais les bottes étaient plutôt pas mal comme elle étaient. En tout cas, les propulseurs fonctionnaient bien et j'allais pas oublier la façon dont j'avais pu m'en apercevoir. Il était maintenant temps de teste en simulation. Une simulation sur mesure et plutôt pas mal, réaliste et une sacrée mise en situation.

Il me tendait une paire de gants. Cela m'aiderait pour la simulation. Je pouvais réagir de façon naturelle, réelle comme si la situation se passait réellement. J'allais voir à quel point elle était réussi.

A peine mis en situation, je pouvais voir ce qui ressemblait à un vaisseau crasseux et encombré. Larges allées et de bruit. J'avais mes blasters en main et mon Zune à la ceinture. J'étais en situation de combat, j'entendais des bruits, des paroles inaudibles dans un premier temps. Et deux silhouettes apparaissaient. J'avais eu à peine le temps de voir mon environnement que je reconnaissait les silhouettes. Des Chitauris ! Sans blagues ?! Mais il voulait me flinguer même en simulations.

Je lui faisais un peu confiance. Il aurait pas risqué de me malmené - en temps normal - sans que Rocket le fusille sur place. Alors cela voulait dire qu'il avait du faire en sorte que j'en vienne à bout. Je levais mes blasters et commençait à reculer. Je tirais alors que les deux silhouettes avançaient pour m'attraper. Je grillais la première, mais elle se relevais. Je prenais rapidement de la hauteur et je tazais le deuxième avant de lui passer au-dessus. Je me posait et tirait d'un côté et de l'autre, d'un geste réglant - comme je l'aurais fait en temps normal - sur lethal. Je tirais sur le premier, le plus proche et remontait alors que le deuxième arrivait sur moi déjà. Je tirais en rafale sur l'un d'eux qui finissait par s'écrouler enfon au sol. Mais le deuxième tendait la main pour m'attraper. Je lui donnais un coup de pied dans mon élan dans un quart de tour et je tirais lorsque je me retrouvais face à lui. Je n'arrêtais pas de tirer tout en me posant délicatement ou presque sur le sol et enchainant les tirs en rafales pour zigouiller le dernier Chitauris.

Première simulation terminée. Je pouvais voir la réaction de Greasy. Alors qu'en pensait-il ?

- Alors, ça donne quoi ?