[Terminé] [Mini-Event] Nawel à New York

Nawel à New-York

Ce petit jeu de séduction avec Stephen m’amuse beaucoup alors qu’un grand sourire mutin s’affiche sur mon visage quand il parle du fait que je ne m’en plains pas habituellement. Il a parfaitement raison mais cependant je ne préfère pas continuer les allusions surtout en présence de Clint.

Mes sourcils se haussent quand je crois comprendre que Stephen et Lucy se connaissent ? Comment est-ce possible ? Après avec cette tornade rousse plus rien ne m’étonne. Elle avait toujours le don d’être dans les mauvais coups. Mais cela vient surement de sa manière de fourrer son nez partout. D’ailleurs en parlant de nez le mien se fronce lorsque j’entends la rousse s’interroger sur une « Sophia » ? Qui est cette Sophia qui visiblement fait partie de l’entourage du Docteur Strange ? Mon Docteur Strange. Et dont je n’ai jamais entendu parler ni d’Eve ni d’Adam ?! Je sens la jalousie s’infiltrer en moi alors que je me tourne vers Stephen interrogatrice signe que j’aurai une ou deux questions à lui poser un peu plus tard dans la soirée. Hors de question de laver mon linge sale en public. Je récupère cependant quelques informations dans la bouche de Strange « Kamar-Taj. » C’est donc une novice. Je prends note et je garde l’information dans un coin de mon cerveau.  D’autant plus que nous venions d’être rejoins par la tribu Barton dans son intégralité.

1,2,3 enfants. Et une femme ! Je n’en revenais toujours pas ! Je souris à Mme Barton, ou plus précisément à Laura en hochant la tête positivement. Verre de chocolat chaud en main, je laisse glisser mon regard vers mon ventre. Enorme je le sais bien.

- Je vous remercie… Mais … J’espère que … Enfin ! L’avantage c’est que j’ai deux pour le prix d’un !

Si la grossesse m’allait peut-être bien, je n’étais pas la plus ravie du monde car mon ventre m’empêchait de me mouvoir comme je le souhaitais. J’étais encore extraordinairement souple et agile même avec ma condition mais ils représentaient une faiblesse que je ne pouvais protéger. Mais … Il fallait dire que j’étais relativement bien entourée, un Avengers et un Sorcier Supreme.

Nate, une fois au sol vint tapoter mon ventre alors que je me baissais pour être à son niveau et lui parler en le regardant dans les yeux un sourire attendrie aux lèvres.

- J’en ai même deux.

Dis-je en faisant le signe deux avec mes doigts gantés de noir. Alors que je me redressais en riant entendant Clint parler d’un potentiel quatrième enfant.

- Vous savez ce qu’il vous reste à faire. Ca serait un joli cadeau de Noël.

Un petit clin d’œil en direction de Clint et Laura, ponctua ma phrase. Les deux adolescents Barton grimacèrent comprenant parfaitement ce que j’avais voulu sous-entendre alors que je m’amusais de la situation. Les ados j’avais l’habitude, et j’adorais leur réaction quant au sexe.

Comment aurais-pu oublier la présence de Lucy qui me tira de ce moment en demandant à me parler. J’hochais la tête lentement me demandant ce qu’elle avait en tête, puis levant légèrement les yeux au ciel l’espace d’un court instant, je m’extrayais du groupe pour voir ce qu’elle avait à me dire. A quelques pas, j’attendais qu’elle prenne la parole. J’en profitais d’ailleurs pour souffler sur mon chocolat chaud avant de porter la tasse à mes lèvres.

« Tu risques de me prendre pour une poire qui se moque de ta pomme mais… tu n’étais pas avec Jean ? »

Mes yeux deviennent ronds et je ne peux me retenir de cracher au visage de la rousse le contenu qui se trouvait dans ma bouche. Pardon ? Ai-je bien entendu ? Je me mis à tousser ayant avaler le peu de chocolat chaud qui n’avait pas fini sur Lucy de travers. Couvrant ma bouche, je lève les yeux vers Lucy.

- Je suis vraiment désolée je ne voulais pas te cracher dessus. Tu m’as surprise ! Mais … Qu’est ce qui te fait penser que ? Enfin non voyons ! Jean est la fille de mon frère. C’est ma famille !

Pomme ou poire, en tout cas, c’était bien dans cette dernière que Lucy en avait pris plein.

J’agace le Docteur Strange autant que je gène Mystique, c’est beau. Au moins ai-je successivement les réponses à mes deux questions. Sophia n’est pas encore arrivée et, ensuite pour ne pas dire surtout, PFFF !

Raven fait PFFF. Moi, ça serait plutôt quelque chose du genre "Nom d’ma Chance d’chien d’bazar d’litière et au-dehors d’fils d’fille d’joie d’sodomite d’ta mère en string de guerre" ; chose qui n’est pas aussi jouissif que de s’étaler la crotte pour qu’elle sèche plus vite avec de la soie, l’étalage et non le séchage, mais plutôt aussi brûlant que le chocolat chaud que Raven vient de me PFFF au visage. Chose que j’accompagne d’un pas en arrière et d’agitation des mains en éventail comme si cela allait réussir à diminuer la température qui m’assaille alors que je jure aussi bien que je puis le faire.

« Je suis vraiment désolée je ne voulais pas te cracher dessus, m’assure une Elsa qui n’aurait pas fait mieux si elle l’avait fait exprès. Tu m’as surprise ! – toi aussi ; et brûlée ! – Mais… – juin, juillet, aout, septembre, octobre, novembre, décembre, c’est chaud ! – Qu’est ce qui te fait penser que ? – je pense plus, je brûle ! – Enfin non voyons ! – à si-si-si, je brûle ! – Jean est la fille de mon frère. – Ouais, et Jean est là. – C’est ma famille ! – WAIT A MINUTE !

- Salut ! »

Après la douche chaude, au premier degré en espérant qu’il n’y aura pas de brûlure pour aller avec, c’est la douche froide, au second degré ce qui n’aide pas à ce qu’elle soit réellement froide même si l’effet est là. Je m’immobilise.

Je suis chanceuse. Point. C’est même marqué dessus : LUCKY. Prononcé à la française mais je fais ce que je veux. Ma Chance aussi, d’ailleurs. C’est pour ça que, parfois, ma Chance semble se transformer en malchance. Deux explications : l’égalisation statistique, aussi appelé rééquilibrage karmique ou ramasse-tout-en-un-coup-histoire-de-contrebalancer-le-milier-de-coup-de-Chance-que-tu-as-eu-avec-un-seul-coup-dans-la-truffe, ou la Chance dans la malchance, aussi appelé il-faut-avoir-de-la-marchance-pour-avoir-la-Chance-de-s’en-sortir. Là, je sais pas laquelle des deux j’ai mais j’en tiens une couche et je parle pas que de l’habituelle ou celle de chocolat !

Mes mains tremblent entre une tentative de se mettre en position de méditation et une autre de se joindre en prière, la seconde destinant clairement la première à finir comme une mouche sur un pare-brise. Ensuite j’appuis du plus fort possible sur mes paumes tout en étant en apnée.

« Un mouchoir ? »

Je veux bien aussi ma dignité, si quelqu’un la retrouve. Je mettrais bien un avis de recherche mais je sais pas à quoi elle peut encore ressembler après ça. Nan parce que non-content de l’attentat chocolaté, il faut rappeler que je l’ai auto-déclenché tout en cherchant à savoir si la Jean était avec la Raven qui m’a explosé à la figure lorsque je lui ai demandé et que maintenant le moment est doublement gênant : une fois parce que j’ai la salive et la boisson de l’Elsa sur le museau, la chevelure et l’écharpe puis une seconde fois parce que j’ai la personne qu’il était question de déterminer comme libre ou non qui me tend un mouchoir. Oh, on peut doubler la mise puisque du coup je ne réponds pas de suite car je suis trop occupée à pester mentalement en appuyant sur mes mains en prière et qu’il y a des gens pour prendre des images de la scène. Il n’y a donc qu’une seule chose à faire pour s’en sortir.

Être un chat.

Un chat retombe toujours sur ses pates et fais toujours comme si tout était parfaitement normal. J’ai couru jusqu’à me manger la vitre ? JUST AS PLANNED ! Le ridicule ne tue pas même s’il amoche bien. Je pleurerais ma douleur et ma dignité lorsque je serais cachée derrière le canapé. VOILA. QU’EST-CE VOUS ALLEZ FAIRE ?!

Mes mains en prière se tournent puis s’abaissent vers Jean alors que je prends une grande inspiration bien chaude ; faut dire que j’ai les vapeurs du chocolat dans le nez.

« Je-veux-bien, commence-je en ouvrant les mains comme un livre pour récupérer le présent avant de réussir à ralentir le rythme. Merci. »

Une fois l’objet dans les pattes, je les replie pour le replier lui et commencer à me taponner avec toute la dignité que j’ai perdue dans cette histoire. Fake It Until You Make It : fais semblant jusqu’à ce que tu y arrives. Tout. Va. Bien.

« Alors, tu as tout entendu, dis-je comme si cela me simplifiait grandement la vie et que ce n’était absolument pas grave ; ce qui est le cas, d’une certaine façon, puisque mettre les pieds dans le plat est une façon parfaitement efficace d’aborder un sujet délicat. Donc oui, je suis désolée mais avec les réponses à ma soirée, j’étais persuadée que vous étiez ensemble. »

Je m’adresse à Jean comme à Raven et n’essaie même pas de savoir qui est la blonde qui accompagnait la première et si elle est la blonde, au sens québécois, de qui que ce soit ici. Les pieds dans le plat, le plat sur la table, les pieds sur la table et la réprimande sur les convenances s’il y a lieu. Ainsi qu’une grande inspiration pour se donner du courage et parce que se tamponner une serviette sur du chocolat brulant ça contribue à l’aspect "brulant" du chocolat plus qu’à se tamponner de la situation. Pas de panique à bord, c’est trop tard pour ça.

« Ce envers quoi je n’ai aucun problème considérant ma propre orientation, sauf peut-être si elle m’implique dedans de la façon opposée à ce que l’on peut penser. »

Ça sonnait mieux dans ma tête mais c’est probablement parce que je suis une cloche.

« Bon, je vais tourner autour du pot le temps d’en faire une amphore. Si je suis aussi concernée par avec qui tu es, Jean, c’est que tu me plais. »

Il faut chaud ici mais c’est la faute au chocolat. Si.

« Je serais, pour ne pas dire suis et donc plutôt dire suis, du verbe être évidemment, intéressée à sortir avec toi pour en apprendre plus. Sur toi. Es-tu en couple et, si non, accepterais-tu un date ? »

Je n’ai pas fini de m’essuyer mais je m’interromps le temps d’avoir la réponse. Je ne suis pas réellement stressée par celle-ci. Si je me prends un mur, c’est la même technique de chat avec la vitre. Si je le prends pas, bis repetita. Avec un sourire beaucoup plus grand, évidemment.

Sophie échange encore quelques mots avec monsieur Raccoon et mademoiselle Gamora. Phoebe obtempère immédiatement au mouvement de Kali et la suit. Mindee est partie pour embarquer Jean dans le marché comme les affaires de madame Darkhölme. Céleste s’en va vers les Channel Gardens. Esmé parcourt ledit Channel et les stands qui y sont installés.

« Serait-ce de la sollicitude que j'entends dans ta douce voix, demande Kali après avoir pris la posture, le sourire et l’intention de Mindee, Phoebe ?

- Je pourrais le savoir par le télépotin mais ce serait moins drôle, sourit Jean avant d’être imitée par une Mindee toute aussi intéressée mais légèrement plus amusée. C’est où ?! Montre-moi, je veux voir ! »

Pendant que les deux se mettent en mouvement, les yeux de Phoebe se plissent un instant alors qu’elle se demande si elle ne renverrait pas la pareille en prenant le maniérisme de Mindee. On est toutes interconnectées et montrer les personnalités des autres nous est aisé. On ne le fait juste pas puisque ce n’est pas naturel, contrairement à notre synchronicité. Pas le temps de terminer un court débat interne que Kali s’est déjà rendue, les mains levées pour en témoigner même si le sourire reste. Il est encourageant même si notre amie se permet de participer à notre sport interpersonnel : l’emmerdement de Phoebe. Au moins reconnait-elle que c’est gentil, dans sa chiantise, avant de souligner que c’est inutile, dans sa sincérité.

« Tu n’es pas un fardeau, rétorque sèchement Phoebe, sauf quand tu fais ta Mindee.

- Très franchement, j’y ai pas cru quand Esmé l’a vu, papote la concernée absolument pas consternée qu’on puisse jouer son rôle. C’est encore plus improbable que si mademoiselle Monroe et monsieur Wagner se mettaient ensemble.

- Mais... hum... ce raton-laveur... C'est quoi exactement ? »

Phoebe lève les sourcils à la tentative de changer de sujet puis prend une inspiration qui amuse autan Esmé que Sophie, Céleste et Mindee étant trop occupées sur le docteur étrange pour se mêler de l’étrangeté soulignée par Kali.

« Rocket Raccoon est l’un des Avengers des années sombres, explique calmement notre impliquée. Avant cela, il était membre des Gardiens de la Galaxie. C’est un extraterrestre. »

Sachant qu’il n’est pas improbable qu’il existe dans l’univers des planètes similaires à la Terre et que des formes de vie semblables s’y développent. Peut-être que sur la planète d’origine de l’alien, ce sont des primates imberbes qui font les poubelles comme tout autant de Gollum sauvages.

Belle image, s’interrompt Mindee dans sa volonté de hyper Jean au maximum. C’est tellement pas romantique tout ça, considère Céleste qui s’est faite interrompre dans son imaginaire de ce à quoi peut ressembler la vie amoureuse d’une madame Darkhölme enceinte d’on-ne-sait-qui et d’un monsieur Strange célibataire depuis on-ne-sait-combien-de-temps. Je prends note de sortir "Gollum" lorsque l’on dira qui l’on trouve le plus beau dans Le Seigneur des Anneaux, réplique Phoebe avec une satisfaction sarcastique. C’est sans doute l’absence de rousse dans cette œuvre cinématographique qui te fait penser cela, ricane Esmé avec l’exacte même satisfaction sarcastique. Moi je me demande comment le Docteur Strange peut prendre les choses en main vue leur état, réfléchit Sophie.

« Quel est le plan, d’ailleurs, interroge Kali en faisant se détourner Phoebe de nos pensées et en laissant les potins repartis plein pots sur les éventuels usages des mains abîmées dans une relation ; potins qui amènent le rose aux joues de tout le monde sauf Mindee, d’ailleurs, sans plus d’explication. On rejoint Jean ?

- Mindee est avec elle, donc pas forcément, répond Phoebe avec gène. On va commencer à toutes patrouiller vers le marché, maintenant que ce spectacle est fini. »

Oui, parfaitement qu’on en a trouvé un autre encore plus intéressant ! C’est le pouvoir de l’amour ! Plutôt celui des fouines. Des grosses fouines. Ne sommes-nous pas censés être des coucous ? Je suis désolée mais un oiseau qui va pondre ses œufs dans le nid d’un autre oiseau est quand même une sacrée fouine ! Vu comme ça. C’est terrible. Ne serait-ce pas ce que madame Darkhölme fait en ramenant ses bébés à monsieur Strange ? Est-on réellement sûre que les bébés ne sont pas de lui ? C’est pas faux ça. Sacrément pas faux ! ça veut dire qu’ils seraient ensemble depuis tout ce temps ? Vous êtes tellement mauvaises en télépotin, c’est affligeant. C’est peut-être pas une mauvaise chose, non ? Si. Un peu. Non. Question de point de vue. Les avis sont partagés.

L’interruption de Mindee qui s’en suit crée un instant de froncement de sourcil surpris chez chacune d’entre nous. Comme le résume si bien Jean : "Lucy ?". Mais qu’est-ce qu’elle fout là celle-là ? Elle a tout cassé notre surprise !

« Vous connaissez Lucy ?

- Uniquement ce que tu nous en as dit après son spectacle, répond une Mindee atterrée. Et ce qu’on a trouvé sur internet après qu’on l’ait googlisée lorsqu’elle t’a invitée à sa fête d’halloween. »

On n’était pas dans un bon état quand on l’a appris mais on a tout de même tenu à vérifier. Quoi ? Cela dépend d’à qui s’est demandé. On n’est pas unanimes. On est en revanche en accord sur le fait qu’on était contentes, autant qu’on pouvait l’être sur le moment, que Jean puisse se changer les idées de la noirceur qu’on imposait à sa vie. Il nous manquait juste beaucoup d’informations. Sans réellement croire au karma, on se dit qu’il existe peut-être lorsque madame Darkhölme lui expédie involontairement de sa boisson à la figure.

« Euh, commence Jean en regardant une Mindee dont l’expression est parfaitement en accord ; expression accompagnée de la perplexité des quatre autres qui se sont interrompues autant qu’elles le peuvent dans leurs activités.

« Jean est avec madame Darkhölme qui a troqué le Docteur Strange pour la chanteuse du spectacle, explique Phoebe à Kali pour justifier sa légère absence. Madame a arrosée mademoiselle avec du chocolat chaud.

- Est-ce qu’on peut y aller, tu crois…

- Je dirais que mademoiselle One vient déjà de gâcher la soirée de madame Darkhölme, explique Mindee en haussant les épaules. Ainsi la surprise de nos présences, sans être moins désagréable, s’inscrira dans une continuité. Non ? »

C’est moi où Jean n’a absolument pas écouté ce que je viens de dire et s’est tirée ? Elle a même lâché ton bras. Enfin une personne qui pense la même chose de toi que moi ! +1 Phoebe. Vous pensez que s’est grave ? Que l’on me snobe ? Que l’on gâche la surprise de couple ? Que l’on gâche encore plus la soirée de madame Darkhölme ? Je pense que c’est cohérent avec nous-même. Ouais, donc c’est plutôt grave.

« Jean vient de coller un vent à Mindee, sourit Phoebe à l’intention de Kali en sachant ce qu’elle fera à notre amie la prochaine fois que celle-ci imite la consternée. C’était beau. Il faut que j’apprenne à le faire aussi. »

T’as pas le talent ! T’es trop tendue ! Je vous emmerde. Tu vois, c’est la preuve. Oh, c’est mignon, elle lui sort un mouchoir. Ce qui est plutôt normal. Oui. En effet. C’est poli. C’est mignon aussi. Je m’approche pour entendre. Merci Mindee. Vas-y, je veux que tu te fasses encore snober. J’admire le professionnalisme et l’assiduité avec laquelle vous patrouillez, les vieilles. C’est pas faux non plus.

Un pas en retrait, Mindee observe la scène. Phoebe et Sophie sont en mouvement vers les Channel Gardens, chacune de son côté, tandis que Céleste les a rejoints et qu’Esmé se rapproche de la scène du drame. Ou du drama.

Du point de vue de Kali, sa Cuckoo de compagnie marche simplement les bras croisés et le regard légèrement ailleurs. Cela ne l’empêche pas de négocier les passants afin de n’heurter personne mais son attention s’alterne entre son environnement immédiat et ses pensées ; comme lors d’une discussion intense. Après de longues dizaines de secondes, elle s’interrompt. La première seconde, ses sourcils remontent tandis que ses paupières et sa mâchoire s’ouvrent. La deuxième seconde, tout se referme et se plisse.

« Est-ce que tu as des informations sur Lucky One, demande brusquement Phoebe à Kali. La chanteuse de tout à l’heure. »

A côté de Jean, Mindee bombe le torse suite à son inspiration et pince les lèvres. Son visage fait face à la chanteuse chocolatée mais ses yeux sont tournés vers notre amie en mode "Euh…" comme elle le disait si bien à l’instant. Par la Couronne, qu’est-ce que c’est que cette affaire-là ?

Nawel à New-York

La rousse est aspergée de chocolat chaud. Je m’en veux. Heureusement ce dernier n’est pas brulant sinon je ne l’aurai pas pris en bouche mais tout de même. C’était de sa faute en même temps ! Elle venait de me demander si j’étais en couple avec Jean ! Mais quelle idée !! Avait-elle pris un coup sur la tête récemment ou cela faisait-il tout simplement parti de sa personnalité « fraiche et rafraichissante » que décrivait certains de ses fans dans sa page Wikipédia ? Je la soupçonnais d’ailleurs elle-même rédigé ladite page et d’avoir écris les commentaires sous un faux profil mais c’était une autre histoire.

Puis je crois voir double en terme de couleur de cheveux. Une autre rousse arrive avec un sourire alors que je déglutis avec difficulté regardant un peu en arrière pour voir ce qu’est entrain de faire Stephen. Jean ignore que je suis en couple avec le sorcier Supreme et je ne sais pas comment elle va prendre le fait de l’apprendre sur un marché de Noël par le plus grand des hasards.

- Jean ! Mais qu'est ce que tu ....

Ma voix est un peu enrouée à cause de la toux, de la surprise, et peut-être un peu du choc. Puis je me racle la gorge alors que mes doutes de tout à l’heure sont confirmés. C’était bien une des trois, enfin non une du club des cinq que j’avais aperçu tout à l’heure et qui nous rejoignais. Je fis une petite prière silencieuse pour que tout se passe bien adressant un sourire crispé à la blonde alors que je cache mon visage dans mon coude pour tousser encore un peu. Avaler de travers n’est jamais vraiment agréable.

Persuadée qu’on était ensemble… Je secoue la tête vivement en faisant un non de l’index alors que je tousse encore avant de relever la tête légèrement rouge. Puis, mes yeux s’ouvrent un peu plus en grand lorsque j’entends Lucy proposer un rendez-vous à Jean. Je cligne d’ailleurs plusieurs fois des yeux histoire d’être sûre d’avoir bien compris. Heureusement que je n’ai pas encore du chocolat dans la bouche car j’aurai à nouveau fait le coup du geyser je pense.

- Je … Je crois que je vais vous laisser … Vous semblez avoir plein de choses à vous dire …

J’adresse un petit signe à celle du club des 5 qui est avec nous pour la saluer et me retourne pour fuir et retourner avec Strange mais je me rends compte de mon erreur stratégique bien trop tard. Si je vais vers lui, elles vont savoir. Elles vont toutes savoir.

-Encore désolée Lucy tu m’enverras la note du pressing … !

Je fais alors volteface sur un petit sourire crispé alors que mon cerveau fonctionne à vive allure se posant sans cesse des questions, puis, je change à nouveau d’avis sur un petit.

- Oh et puis zut.

Et je rejoins à nouveau le groupe du clan Barton et Strange pour venir glisser mon bras sous celui du sorcier j’exerce une petite pression pour lui indiquer la direction des deux rousses et de la Stepford, j’ignore laquelle c’est mais cela importe peu. Alors que je pince mes lèvres suivant la conversation en cours dans ce petit groupe sachant pertinemment que je m’affichais, au sens propre comme au figuré au bras du sorcier.

Vu la réaction de Jean, elle n’avait pas tout entendu. Oupsie. Mais un oupsie qui reste sur la philosophie du moment : cela me simplifie la vie et n’est pas grave, elle va tout savoir. Comme tout le monde ! T’as vu Elsa, moi aussi j’éclabousse et c’est sans postillonner ! Il n’y a que la blonde au premier degré, même si je crains un second, qui n’est pas encore touchée. Pas encore. Elsa, d’ailleurs, "croit qu’elle va nous laisser" car "on semble avoir plein de choses à se dire". D’où la proposition de rendez-vous, logique. Sauf que celle qui est en plein dedans, de rendez-vous, autant qu’elle le peut, faut dire que je la perturbe, semble hésiter à s’en retourner, peut-être par ma faute et une culpabilité que j’imagine bien d’elle.

« Encore désolée Lucy tu m’enverras la note du pressing… ! »

Je ne réponds pas vraiment, étant dans un autre suspens que celui-là, mais voit du coin de l’œil que je saoule l’Elsa et qu’elle s’en retourne à son retournement. Est-ce cela que l’on nomme un retournement de situation ? Je sais pas. J’en attends un autre. Et il m’arrive en pleine figure comme la vitre fermée face au chat qui courre.

« Je suis très touchée pat ta demande, commence Jarptitsa en me faisant faner l’expression car c’est une introduction à un "mais" ; "mais" qui peine à arriver, nécessitant l’intervention de mon prénom et d’un "vraiment" avant d’être enfin inutilement déclaré. Mais je ne suis pas encore prête à une nouvelle histoire, la dernière — et la seule, que j’ai eu, ne s’est pas bien terminée et je crois que, je n’en ai pas encore fait le deuil. Pas totalement.

- Je sais ce que c’est, réponds-je avec douceur malgré une déception guère étonnée et totalement acceptée. Merci de ne pas faire de moi un pansement. »

Si la vie était une comédie musicale, c’est à ce moment-là que la musique aurait commencer. J’imagine parfaitement la chanson et je pense qu’elle aurait plus à Jean.


"I can't believe we're finally alone" aurais-je dit en faisant un pas vers toi.
"I can't believe I almost went home" aurais-je dit en te fixant.
"What are the chances ? Everyone's dancing" aurais-je dit alors que les autres dansaient.
"But he's not with you, mmm…" aurais-je dit en relevant le visage et plissant les yeux.
"The universe must have divined this" aurais-je dit en te tendant la main.
"What am I gonna do ?" aurais-je dit alors que tu me la saisissais.
"Not grab your wrist ?" aurais-je dit alors que je le faisais.

"I could be a better boyfriend than him" aurais-je promis alors qu’on commençait une valse.
"I could do the shit that he never did" t’aurais-je promis alors qu’on continuant notre valse.
"Up all night, I won't quit" t’aurais-je promis pour lorsqu’on aurait fini notre valse.
"Thinking I'm gonna steal you from him" t’aurais-je déclaré alors que je me collais un peu plus à toi.
"I could be such a gentleman" t’aurais déclaré alors que je me penchais vers toi.
"Plus all my clothes would fit" t’aurais déclaré avec un clin d’œil.

Je sais, ma version a de sérieuses vibes de super-vilaine lesbienne jalouse. Plus appropriée pour un strip-tease, indiscutablement. On fait néanmoins avec ce que l’on a, ici de la jalousie, et sans ce que l’on n’a pas. Je connais la théorie : chérir ce que l’on a plutôt que faire le deuil de ce que l’on n’a pas. Il n’est cependant jamais agréable de se faire rejeter, même lorsque c’est fait en minimisant l’importance de la personne dans le rejet. Le rejet est pourtant le plus simple et le moins risqué, lorsqu’on y pense : il ne changera rien à notre vie. C’est la réussite et prendre le risque de l’aventure qui peut tout bouleverser et tout menacer. On devrait plus souffrir de l’acceptation que du rejet. Fake It Until You Make It.

De plus, si je réfléchis vraiment aux paroles, l’univers de l’a pas prophétisé. Les difficultés qu’on a eu à arriver à se moment et la croyance constante qu’il y avait quelqu’un d’autres pour toi de ma part sont sans doute des avertissements de ma Chance sur l’issue de cette histoire. J’ai parcouru le chemin et essayé. Je n’ai aucun regret là-dessus et espère que tu n’en auras jamais non plus.

« Si je peux me permettre un conseil, hasarde-je en faisant face avec un petit sourire aussi amer que doux, tâche d’être heureuse seule. L’amour, ce n’est pas trouver le bonheur. C’est risquer le bonheur qu’on a déjà pour le partager à quelqu’un qu’on espère capable de le faire aussi. »

Je trouve mon bonheur dans ce que je fais. Dans le fait d’étudier et de comprendre, de chanter et de danser, de faire des plans et de les réaliser, de donner des sourires et d’être là pour mes proches. Dans le fait de me coucher meilleure que je ne me suis réveillée, qu’importe la façon. Rien de cela n’est touché par le fait que tu n’ais pas fait le deuil de ta précédente relation. Je ne t’aiderais cependant pas à le faire car cela serait alors intéressé de ma part. Je ne le veux pas. Aristote considérait qu’il y avait trois types d’amitié : l’amitié par procuration de plaisir, celle par procuration d’utilité et la véritable amitié. La première et la seconde me semblent semblables : est notre ami celui qui nous apporte quelque chose, puisque le plaisir est en soi une utilité, ainsi ne le sera-t-il plus le jour où il cessera de nous donner ce qu’il nous apportait. La fausse amitié, la plus courante cependant. Parallèlement se trouve la vraie amitié où la personne importe plus que l’activité entreprise avec elle. Où l’on donne sans attendre de rien recevoir. Avec de la Chance, l’autre personne en fait de même également et l’on y retrouve les bénéfices des trois, ou des deux, amitiés. Sans, on est exploités. L’amitié, comme tout le reste, est un risque où le moins risqué est encore le renoncement. Je n’aime pas pratiquer la fausse amitié tout en sachant pertinemment que je le fais couramment ; principe des gains mutuels. Le faire avec toi me semblerait cependant manipulateur, Jean, car je ne pense pas être capable de te préparer à aimer quelqu’un d’autre sans souhaiter que cela soit moi.

« Bon courage, Jean. Et Joyeux Noël. »

Si Boyfriend m’avait été soufflé concernant Jean, c’est une autre chanson qui me vient à l’esprit alors que je me détourne après un salut de la tête. J’en retourne à la foule. J’en retourne aux poignées de mains et aux sourires. J’en retourne aux visages d’un soir et aux oubliés d’une vie. J’en retourne à ce qui fait mon bonheur et mon métier. Et je me rappelle les leçons chantées par un homme : The Show Must Go On.