Qui aime bien châtie bien

Mes yeux s’ouvrent lorsque le Sanctuaire de New York interrompt ma méditation. Daniel Drumm avait l’habitude de la faire devant la fenêtre marquée du symbole d’Agamotto et des Arts Mystiques, face au Sanctum Sanctorum. Je préfère l’accomplir dans les ruines qui occupent une partie du sous-sol. Les piliers de pierre ont des milliers d’années et plusieurs se sont écroulés mais, bien qu’humide comme une cave, la nef de cette église préhistorique reste l’un des endroits les plus calmes et les plus baignés d’énergie tellurique du Sanctuaire. Sur les côtés, des cellules creusées à même la pierre recevaient les couches des protecteurs de l’époque et servent à présent de geôles si besoin est. Au-dessus de certaines se trouvent les percées par lesquelles l’énergie invisible se déplace, quittant le sol pour s’en aller au sein des puits de lumière dans le Manoir et finalement se canaliser au niveau du vitrail avec le symbole d’Agamotto afin d’être propulsé dans l’atmosphère et de s’assurer qu’aucun individu ne puisse téléporter la Terre ailleurs ou ouvrir un immense portail au-dessus d’elle ; exception faite de la Pierre de l’Espace en son temps, dont la puissance surpasse celle du sortilège d’Agamotto, et de la Convergence, qui est un phénomène naturel. Non, il va de soit que tout est parfait dans la défense de la Terre par l’énergie de la Déesse Mère… Ce ne sont cependant pas ses constats pouvant être vus comme de l’incohérence qui m’amènent à ouvrir les yeux. Il s’agit du signalement par le Sanctuaire du fait que Raven soit enfin réveillée.

La nuit n’a pas tellement été plus courte du fait de sa mésaventure. Après l’avoir couchée, je me suis recouché également et j’ai usé de la lucidité onirique pour ramener ma conscience au sein de mon corps astral et reprendre les études là où je les avais laissées ; tout en surveillant régulièrement le corps endormi de ma compagne. Puisque rien d’alarmant ne s’est produit durant la nuit, j’ai vaqué à mes occupations pendant la matinée. Qu’elle prenne le repos dont elle a besoin. Lorsqu’elle sera rétablie, je poserais mes questions.

Mes jambes se décroisent pour toucher le sol, la Cape de Lévitation participant à la méditation à sa manière, et celui-ci change à la mesure de mon environnement alors que je me retrouve dans ma chambre, dos à la porte menant au balcon.

« Raven, dis-je alors que je me tiens droit mais que j’avance un peu le visage et plisse les yeux pour l’observer au mieux. Exception faite de la faim, te sens-tu mieux ? »

Je me doute qu’entre sa prise de tête aux 06pm et son hypothermie dans la soirée, elle a sauté la case repas ; sinon elle aurait surement défoncé le pot de glace dans un canapé et le problème environnemental aurait été inexistant, à l’inverse du problème servant d’élément déclencheur.

J’avance jusqu’à elle afin de passer une main aux doigts tremblants sur sa joue, prenant la température. Je n’ajoute rien de plus, tenant à la laisser aller à son rythme et à ne pas imposer le mien ; lequel est non seulement rapide à l’origine mais pleinement éveillé d’une matinée d’apprentissage. Ma seconde main trahie néanmoins mon anticipation d’une tentative de se lever, étant prête à s’élancer pour soutenir Raven des poignets voire des hanches afin qu’elle soit debout et face à moi.

Fais-le et tu auras un petit sourire n'étant presque pas inquiet.

Qui aime bien châtie bien

Il ne fallait pas être sorcier effectivement pour se dire que j’avais surement faim. D’ailleurs dans mon sommeil plusieurs fois mon ventre avait grondé. Mais pas de là à me réveiller non plus. J’avais trop sommeil j’étais de toute façon trop léthargique pour penser à quoi que ce soit même aussi simple que de manger.

Mes yeux se ferment le court moment où tu poses ta main sur ma joue alors que ma main vient la rejoindre un court instant. Je suis heureuse d’être là. Je suis heureuse que tu sois venue me chercher hier soir. Je finis par ouvrir les yeux en hochant lentement la tête puis, malgré le fait que tu me proposes ta main, je ne souhaite pas t’infliger plus de douleur que cela alors je pousse sur mes jambes pour me lever tout en m’agrippant à tes vêtements plutôt qu’à tes mains. Une fois chose faite je me positionne un peu sur le côté pour venir me blottir dans tes bras alors que je suis encore sous forme bleue.

J’inspire ton odeur profondément pendant quelques secondes tout en déposant mes lèvres contre ton cou en me hissant sur la pointe des pieds murmurant encore :

- Merci de ne pas avoir abandonné le monstre que je suis. Et merci de me ..

Non pas aimer. Tu ne peux pas déjà m’aimer.

- Merci de m’accepter telle que je suis. Avec mes défauts et mes qualités. Tu es bien un des rares. Hier cela n’a été qu’une série de reproches et d’accusations. Je pensais que Charles allait … Je t’avais dis que Charles m’avait donné un rendez-vous. Je pensais que nous allions être seuls mais je suis arrivée devant la guillotine. Il y avait toutes les Cuckoos. Armées jusqu’aux dents, aussi viles que des serpents prêtes à cracher leur venin. Et c’est ce qu’elles ont fait. Je me suis sentie seule, abandonnée et profondément triste et touchée. Elles peuvent penser que je n’ai pas de cœur mais elles ont réussi à m’atteindre. Je n’aurai pas du leur laisser ce pouvoir de m’atteindre de la sorte. Pour elle ce n’est rien d’être entrée dans ma tête comme elles l’ont fait. Mais je considère qu’elles m’ont violé. Mais personne ne comprend ou du moins peu car je n’en parle pas comme ça. Elles ne se rendent pas compte de ce qu’une … de ce qu’un … télépathe peut faire. Même eux.

D’un mouvement de la main je désigne mon ventre alors que je sens que les larmes me montent aux yeux beaucoup plus rapidement que prévu. J’avais prévu de ne pas pleurer de ne plus leur accorder la moindre larme. Je dois tenir. Je n'arrivais plus à me contrôler il fallait que je parle. Il fallait que je te le dise.

- Si Wanda n’avait pas hacké mon cerveau ils n’auraient pas été conçus non plus. Pour elles c’est juste normal d’utiliser leur pouvoir sur moi pour combler une peur de je ne sais quoi plutôt que de me demander. Mais je n’arrive pas à pardonner.

Mes bras se passent autour de toi pour me blottir dans tes bras j’avais ce besoin de savoir que j’étais entourée.

Tu clignes des yeux le temps de profiter d’un contact destiné à prendre ta température. Celle-ci semble revenue à la normale. J’en ai un souffle de soulagement. Puis un petit sourire quand tu acquiesces.

Lorsque tu te lèves, je m’en vais te soutenir par les hanches alors que tu m’attrapes par la robe. Mes bras t’enlacent ensuite lorsque tu viens te blottir et je te dépose un baiser sur la tempe. Physiquement, tout va bien. Reste à gérer la faim et le psychologique. Je sais déjà ce qui va être le plus compliqué et pourtant je cuisine mal.

« Merci de ne pas avoir abandonné le monstre que je suis, dis-tu finalement en un murmure se hissant vers moi comme tu le peux, m’amenant à te regarder en retenant un soupir. Et merci de me… »

Je lève les sourcils en attendant que tu finisses avant d’acquiescer. T’accepter telle que tu es devrait être la norme, au moins pour tes proches. N’est-ce pas ainsi dans le nid de télépathes qui te sert de maison d’enfance et de travail d’adulte ? L’Institut pour jeunes mutants laisse-t-il comprendre à ses pensionnaires que ce sont des monstres ? Ça ne m’étonnerait même pas. Néanmoins, je préfère me concentrer sur ta vulnérabilité et tes remerciements à ce qui est pour moi normal. Impossible de ne pas me durcir lorsque tu témoignes de ta maltraitance psychologique par le principal monstre de l’Institution qui porte son nom.

Qu’une série de reproches et d’accusations… Tu pensais que Xavier allait quoi ? Garder son masque de personne bienfaisante parce que tu es sa sœur ? Les abuseurs reprochent toujours aux autres d’être le problème. Je le sais pour l’avoir été. Vas-tu me demander de réparer les abus qu’il a fait afin de pouvoir retourner en subir de sa main ? Pourquoi n’a-t-il pas pu altérer ton esprit afin que tu ne t’en souviennes pas ou que tu lui pardonnes tout, comme il semble le faire à chaque fois que cela sert ses intérêts ?

Mon corps se crispe lorsque tu parles d’arriver devant la guillotine. Lorsque tu parles du fait qu’il est réunis ses trois télépathes blondes ayant déjà violé ton esprit. Bordel Raven, que t’ont-ils fait ? Reproches et accusations ? Après n’avoir rien fait lorsqu’elles ont abusé de toi ? Et tu crois que cet être t’aime ?

Si tu t’es sentie seule, c’est peut-être que tu l’étais.
Si tu t’es sentie abandonnée, c’est peut-être que tu l’as été.
Si tu t’es sentie triste, c’est sans doute que tu l’étais.
Si tu t’es sentie touchée, c’est peut-être que tu l’as été.

Qui mieux qu’un télépathe pour trouver les mots afin de te détruire ?

Pas de cœur… c’est peut-être une condition pour accepter Xavier comme il est. Pour participer à sa mascarade. A ses abus. Comment l’arrêter ? Comment les arrêter alors qu’il récupère des êtres comme lui et les forge à son image quitte à les manipuler mentalement ?

Ne pas leur laisser le pouvoir ? Mais elles ont le pouvoir, Raven. Ils ont le pouvoir. Notre libre-arbitre n’existe plus s’ils n’ont pas la mansuétude de nous le laisser. Nos pensées et nos émotions sont des choses qu’ils manipulent comme un manipule des objets.

Ce n’est rien de rentrer dans la tête de quelqu’un pour eux, non. Pas plus que de transporter un objet d’un endroit à un autre pour moi. Tu n’aimes pas les usages quotidiens de capacités surhumaines car tu es habituée à vivre dans l’abus de celles-ci. Dans l’usage de celles-ci pour abuser des autres. De toi.

Te violer.

Ce genre d’affaires se porte devant la justice. Implique l’arrestation. L’emprisonnement. Impossible à faire pour Xavier et ses protégées. Pour des gens qui n’ont qu’à penser afin que les autres fassent. Obéissent.

Personne ne comprend. Ou du moins peu ? Tu n’en parles pas comme ça, non. Tu devrais. Peut-être ne peux-tu pas parce qu’ils l’ont interdit. Peut-être que cela ne changerait rien parce qu’ils empêcheraient tout changement.

« Elles ne se rendent pas compte de ce qu’une… de ce qu’un… télépathe peut faire. Même eux. »

Je ne pense pas que les sœurs Cuckoos soient stupides et j’en suis certain pour Xavier : ils se rendent parfaitement compte de ce qu’ils peuvent faire et le font tout de même. Ma crispation est telle que je ne réalise pas immédiatement que tu me désignes tes bébés et ce n’est qu’à l’évocation du fait qu’ils aient été conçus parce que Maximoff a "hacké ton cerveau" que je réalise. Elle est donc télépathe également. Je ne suis pas intervenu lorsqu’elle est partie en vrille car je lui faisais confiance pour se retrouver sans faire de dommages collatéraux. Sans être un danger pour la Terre. Mais elle a débloqué des pouvoirs télépathiques, en plus de la télékinésie et de l’altération de la réalité. Je suis donc définitivement obsolète. Protecteur de la Terre mon cul : la moindre saloperie mentale me ridiculise comme elle le veut. Ma trop grande confiance en moi m’a évité un hacking mental de la part de la Sorcière Sombre et j’en viens presque à le regretter. Au moins aurais-je été capable de tuer ceux qui doivent l’être afin d’assurer la sécurité du monde. Des gens. Xavier et Maximoff. Peut-être qu’accepter un peu de corruption de la part du Darkhold afin de pouvoir protéger les autres, peut-être qu’accepter un peu de corruption de la part du Darkhold afin de pouvoir te protéger toi, peut-être que faire ce sacrifice n’est pas si insensé après tout. Il sera toujours plus aisé de me tuer si jamais je perds pieds que d’arrêter les télépathes qui agissent sciemment. Reste à savoir si c’est moi qui pense cela ou si c’est Cthon qui modifie mes pensées en bon télépathe qu’il doit être.

« Tu n’as pas à pardonner, conclus-je en réponse au fait que tu n’arrives pas à le faire, te serrant encore plus tout en tachant de ne pas le faire de trop de crainte de te faire mal avec mes bras comme je risque de le faire avec mes mots ; comme eux l’ont fait avec les leurs. C’est inhumain de te demander de pardonner à tes violeuses. »

Pleinement dans l’attitude d’un Xavier démasqué, du fait. La seule chose que je ne comrpends pas c’est pourquoi tu es libre de ta pensée, Raven. Pourquoi il n’a pas tout "arrangé" à sa manière habituelle : la sculpture de personnalité. Parce que cela lui a été au visage avec Grey ? Le Phénix est de retour et la véritable gamine dont Xavier a assassiné les parents est à nouveau disparue. Un sacrifice qu’on est obligé de faire à ton frère parce qu’on ne peut le vaincre. Tout comme toi, Raven. Ce qu’il t’arrive n’importe pas au-delà de ce que Xavier en décide car personne ne peut s’opposer à lui. Pas même moi. Cela me donne envie de vomir.

« Elles commettent un crime dont tu es victime. Il te dupe afin de te faire venir à un procès où elles te font des reproches et des accusations. Ils abusent de toi. »

Quelle farce est-on, nous qui sommes sensés protéger les autres, lorsque l’on se retrouve confronté à ce genre de monstres ?

« Prendre la victime et lui faire porter le blâme. Lui expliquer qu’elle est la cause de ses malheurs, non eux-mêmes alors qu’ils agissent. C’est comme cela que la maltraitance perdure, Raven. »

L’Institution Charles Xavier pour jeunes soumis. Une école pour former les Xavier-Men avec une mascotte sensément à leur tête mais qui ne détient aucun pouvoir et sert tour à tour de bouclier et de punching-ball : bouclier contre les reproches, comme ceux que j’ai pu faire, et punching-ball pour les réels maîtres de l’organisation, Xavier et ses télépathes.

« Je m’entraine pour essayer de pouvoir leur résister, t’avoue-je. Pour qu’ils ne puissent hacker mon esprit comme ils le font si aisément. Je peux essayer de t’entrainer également. »

J’appose mes mains contre tes bras et me recule d’un pas pour te faire face, me penchant afin que mon visage soit au plus près du tien.

« Je ne peux promettre que ce soit suffisant. Tout comme je ne m’attends pas à ce que tu puisses me promettre que tu ne retourneras pas là-bas. »

Tu côtoies Xavier depuis plus longtemps que n’importe qui. Je n’ose imaginer à quel point il a hacké ton esprit pour faire de toi ce qu’il voulait. Sa première victime, peut-être en compagnie de vos parents.

J’ai peur, Raven. Faire face à ton monstre de frère me procure la même sensation que faire face à Dormammu en sachant qu’il allait me tuer à l’infini et que seul se sacrifice permettrait à tout ces gens que je déprécie de continuer à vivre dans l’ignorance de ce qui m’arrivait. Comme beaucoup d’autres, cette peur et l’espoir que l’entité effrayante soit bienveillante envers les gens si on lui passe ses caprices me motive à ne pas essayer de l’arrêter. J’ai sacrifié Jean Grey à Xavier. Sauf que lorsque je te vois ainsi, je n’arrive pas à me résoudre à te sacrifier toi aussi. Est-ce réellement ce qu’il faudrait faire pour le bien commun ? Ou est-ce que Xavier veut que l’on pense, afin de ne pas sembler nous manipuler ? Est-ce que ton affection pour ton "frère" t’appartient ou est-ce qu’elle est de son fait à lui ?

« Ce que je peux te promettre c’est que je trouverais un moyen de te protéger d’eux. »

Mes mains brisées quittent tes bras pour en venir à tes joues.

« Et je te le promets, Raven. »

Je t’embrasse.

Qui aime bien châtie bien

Tout était compliqué à vrai dire avec cette notion de viol et nous n’avions surement pas la même d’un individu à l’autre. Certes elles n’avaient pas profané mon corps. Mais mon esprit lui oui. Ce n’avait pas été juste un simple message télépathique. Mais bel et bien une fouille intime et intense de mes souvenirs, de ma mémoire. Sans mon consentement.

Mon visage s’enfoui dans ton cou alors que j’inspire ton odeur qui maintenant pour moi à celle du réconfort. Les yeux clos je profite de ce moment de tendresse où je suis vulnérable et où j’exprime, enfin mes sentiments en me sentant considérée et prise en compte. Tu es de mon côté. S’il y avait des côtés opposés je veux dire. A gauche la team Raven, à droite la team télépathes. Être opposée de la sorte à mon frère me faisait mal au cœur mais je savais que lui et moi, dans certaines situations, nous ne partagions pas toujours le même avis ce qui pouvait donner lieux à des disputes mémorables. Mais c’était le lot de tous les frères et sœurs, de toutes les familles, de toutes les personnes qui s’aiment.

Ma tête se relève cependant lorsque tu évoques une façon e se prémunir des pouvoirs télépathiques… Ils sont tellement puissants je les côtoie depuis ma plus tendre enfance et je n’ai pas encore trouver de solution pour m’en prémunir. Enfin si, il y a le casque qu’avait Erik c’était la seule manière… Mais de là à porter un casque en permanence non merci.

J’ignore à cet instant ce que tu penses de mon frère car même si il a été maladroit et que j’aurai aimé être soutenue et non pas mise à pied je n’arrive pas à lui en vouloir éternellement. Je sais bien que … Je ne tiendrais pas longtemps. Les yeux embués de larmes que j’essayais de retenir depuis trop longtemps je redressais le regard vers toi, sans vraiment comprendre où tu venais en venir.

- M’entrainer ? Mais … Je n’ai pas de pouvoirs magiques comme toi …

Comment voulais-tu m’entrainer à résister à des télépathes ? J’avais du mal à comprendre comment tu faisais cela … C’était surement mental et non physique mais … Peut-être un sort dans un des livres que tu passais tes nuits à lire. J’étais au courant que lorsque nous dormions ensemble tu n’étais pas entièrement avec moi. Certes j’étais dans tes bras, mais tu étais la tête ailleurs.

La tête secouée négativement je pinçais mes lèvres quand au fait de ne pas retourner là-bas.

- Je ne peux pas ne pas y retourner …Je travaille là-bas. Je vais essayer de plus dormir à l’appartement et moins là-bas … C’est juste la route qui me fatiguera plus quand je serai plus avancée dans la grossesse … Mais … Je trouverai une solution …

Ma main vient se poser sur ton visage alors que je viens caresser ta joue du bout des doigts. Il y a quelque chose dans ton regard que je n’arrive pas à analyser, une espèce de fouge, de détermination, et … Est-ce donc ça l’amour ? Ou du moins le moment où l’on sait que l’on est amoureux ? Celui où on l’on veut protéger l’autre à n’importe quel prix ?

Tes mains se posent sur mes joues. Les miennes se calent dans ton dos alors que mes grands yeux jaunes laissent échapper enfin des larmes alors que tu scelles ta promesse par un baiser.

Stephen. Je crois que je suis entrain de tomber amoureuse de toi…

« M’entrainer, me demandes-tu avec surprise, comme si cela ne t’était jamais venu à l’idée. Mais… Je n’ai pas de pouvoirs magiques comme toi… »

La réponse viendra en son temps. Pour l’heure, il faut faire face aux choses auxquelles tu n’as pas forcément grande décision. Tes choix. Ton avenir. Je ne m’attends pas à ce qu’ils soient tiens et à ce que tu puisses faire ce qui serait nécessaire pour te protéger. Je l’énonce ainsi. Tu ne t’appartiens pas, Raven. Tu appartiens à Xavier. Il contrôle ton travail. Il contrôle ta vie à l’Institut. Il contrôle surement une partie de tes pensées. Un travail, cela se remplace ; surtout lorsqu’un congé maternité approche. Une vie, cela se reconstruit ; même si tu l’as déjà beaucoup fait. L’arrivée en 2018. Le Blip en 2023. Les manipulations mentales de Maximoff en 2024. Ne peux-tu pas le faire à nouveau en 2025, afin d’avoir une existence pérenne ? Xavier te laisserait-il partir ? Je n’en suis pas certain. Il te fatiguera, et te laissera te fatiguer, jusqu’à ce que tu ne l’intéresses plus. Or, tu es très intéressante. N’es-tu pas sa sœur, après tout ? En plus de ton charme et de ton intelligence ? De ta répartie ? De tes pouvoirs ? Remarque, si l’Institut te convainc que tu es un monstre, peut-être ton frère trouve-t-il ta forme bleue, ta forme véritable, monstrueuse. Est-ce cela qui te fait la détester autant ? Sa dépréciation à lui ? Ressembles-tu uniquement à ce qu’il aimerait que tu sois ?

Comment te protéger de lui lorsqu’il te contrôle ?

L’entrainement d’humains peut-il réellement faire face à des monstruosités comme Xavier ou les Cuckoos ? Les efforts pour apprendre et s’améliorer peuvent-ils atteindre et surpasser le hasard génétique ?

Je pense à beaucoup trop de choses alors que je t’embrasse. Je t’embrasse tout de même.

Parce que je t’aime.

Lorsque nos lèvres se séparent, j’inspire par le nez alors que j’éloigne mon visage du tien. Je caresse d’index tremblants des larmes non moins tremblantes. Je te regarde un instant. Un instant de silence. De contemplation.

Je suis tellement désolé que tu vives cela.

« Je peux t’aider pour les trajets. Il me suffit de ton horaire d’arrivée là-bas. Je te retrouve auprès de ton véhicule et je l’envois non-loin de l’Institut. »

Est-ce utile de cacher cette téléportation à Xavier ? Je ne pense pas. Je pense qu’il sait. Je pense qu’il sait car tu y penses, Raven. Je m’avoue même impressionné qu’il ne t’interdise pas de me voir. J’ai mon utilité surement. Essayer de réparer ce qu’il casse afin qu’il puisse le casser à nouveau. Ça fait de moi son complice dans ta maltraitance. Une raison de plus de me haïr comme je le hais lui. Peut-être que cela fait parti de son jeu d’ailleurs. C’est de ma faute, non de la sienne. C’est de notre faute à chacun. Juste qu’il vit bien avec lui-même. Quelle torture. Est-ce pour cela que tu te sens comme un monstre ?

« Je pourrais aussi t’envoyer directement à l’Institut… mais Xavier n’aime pas ces intrusions. J’appréhende ce qu’il pourrait faire pour qu’elles cessent. Après tout, ce qui se passe entre nous est toléré pour l’heure. Le jour où il en aura assez, cela cessera. »

Mes mains quittent tes joues mais je refuse de baisser les épaules ou les bras. Le gauche s’en vient dans ton dos tandis que le droit te présente l’arche rectangulaire qui mène sur le palier du Sanctum Sanctorum ; entre les escaliers et l’estrade au pied du vitrail formant l’Œil d’Agamotto. Je t’invite à avancer, sans forcément te séparer de moi. Je suivrais ton rythme.

« Le Gène X est bien plus magique que les arts mystiques, tu sais, te demande-je en essayant d’être moins sombre que précédemment et donc de changer de sujet face à celui que tu ne t’appartiens pas ; que tes pensées et décisions ne t’appartiennent pas vraiment. Il est bien plus facile d’expliquer scientifiquement comment le corps humain peut manipuler de la physique, puisque cela fonctionne toujours de la même manière, que comment un unique gène peut donner des capacités aléatoires surpassant les possibilités de l’espèce entière. »

Je suis docteur. Un homme de science. J’ai appris à être un homme de foi également. A croire qu’en dépit des difficultés, on pouvait prendre le pari, prendre le risque, et y arriver.
C’est pour cela que je me suis piégé avec Dormammu dans un cycle éternel se concluant par ma mort. J’espérais qu’il ne saurait s’en échapper autrement que par un accord avec moi. J’espérais qu’il tiendrait parole. Cela a marché.
C’est pour cela que je me suis piégé avec Thanos dans un cycle éternel se concluant par notre échec, avec les Avengers et les Gardiens de la Galaxie. J’espérais que l’on trouverait une solution, un futur adéquat, avant que je ne sois complètement brisé. Cela a marché. Même si ça a pris 14.000.605 essais.
Je n’ai plus ce pouvoir pour bloquer Xavier et il aurait de toute façon pu me forcer à ne pas l’utiliser. Je cherche donc d’autres pouvoirs pour faire face. Pour essayer.

« Selon mes hypothèses, explique-je en marchant, l’art astral permet d’apprendre à convertir la bioélectricité des neurones en ondes. C’est un art complexe, puisqu’il faut réussir à le faire sans perturber l’équilibre naturel du corps, mais j’ai quelques bases. Pas de transmission mentale cependant, les gens me saoulent déjà avec ce qu’ils disent alors je n’ai pas envie de savoir ce qu’ils ne disent pas. »

Et la tentation d’outrepasser l’éthique et la morale d’une telle capacité me semble bien supérieur aux apports qu’elle peut avoir. Xavier et les Cuckoos sont des preuves vivantes que pouvoir le faire c’est bien souvent le faire, qu’on en ait le droit ou pas.

« Les télépathes le font naturellement et, je le crains, produisent plus d’activité neuronale. »

Ce qui expliqueraient qu’ils arrivent à gérer des quantités de données bien plus grandes qu’un être humain et qu’ils soient plus puissant dans le domaine de l’astral ; en plus de super-intelligents.

« Je vais enseigner l’art astral à ceux de mes suivants qui l’accepteront. Afin qu’ils puissent se protéger des télépathes. Je peux donc le faire pour toi également. »

Je m’arrête de marcher lorsque le symbole d’Agamotto est sur mon flanc, donc derrière ma tête puisque je te regarde et perçois l’escalier puis le Sanctum Sanctorum derrière toi. La salle est digne d’un musée, avec des piédestaux et des armoires vitrées où reposent des Reliques et des Artefacts attendant de trouver preneur ou d’être pris.

« Cela impliquera surement que tu passes plus de temps ici, néanmoins. Avec moi et, probablement, mes Apprentis. On me les envoie quand personne ne les supporte plus. J’en ai un, actuellement, mais une autre arrivera jeudi. »

L’un, c’est Dominique. L’autre, ce sera Milena Kayser. Je ne t’imagine guère bien t’entendre avec le premier dans sa recherche d’être détesté par les autres autant qu’il se hait lui-même. Quant à la seconde, je n’en ai que des échos ainsi ne puis-je pas réellement évaluer le potentiel de prise de tête. Il existe sinon elle ne serait pas envoyée ici. Peut-être serait-ce plus conflictuel que l’Institut mais au moins ne juge-t-on pas ici, ni ne traite-t-on nos membres de monstres ; même quand ils le pensent d’eux-mêmes. Je n’attends pas de mes suivants qu’ils correspondent à une vision que j’aurais d’eux, que ce soit pour leur bien-être ou parce que je m’en moque. Ce genre d’acceptation te ferait surement du bien, Raven. Être comme tu es, pas comme on veut que tu sois. Sans risque de contrôle mental. Est-ce que Xavier aura accès aux informations que tu découvriras et t’utiliseras de faire comme espionne envers moi ? S’il cherche des réponses, il peut m’utiliser directement sans que je ne puisse rien faire donc je ne suis pas à cela près.

L’entrainement, toujours.

La "magie".

Je déclare au Manoir qu’il nous transfert du troisième étage au premier, au niveau de la chaussée, ainsi l’on passe instantanément à la cuisine, sans que je te lâche au cas où. Ses fenêtres se trouvent dans le mur mitoyen avec l’autre bâtiment et ne devraient donc pouvoir exister, donnant sur un ciel ensoleillé. La pièce est rectangulaire et toute équipée, d’une taille se rapprochant de celle de ma chambre avec la dépendance. Il n’y a pas de table à manger mais une chaise apparait à son tour derrière toi, pour que tu puisses t’y assoir. Je t’accompagne jusqu’à ce que tu sois totalement assise.

« Que manges-tu ? »

Qui aime bien châtie bien

TLa question des pouvoirs magiques étaient centrales de mon point de vue et je ne comprenais pas comment c’était possible d’ailleurs. Tu ne t’étendis pas sur les précisions après tout. Je rechignais la plupart du temps que tu utilisais la magie pour faire quelque chose que tu pouvais faire normalement donc je comprenais que tu prennes un peu cela pour de la traitrise.

J’ignore ce à quoi tu penses mais j’ai l’impression de voir dans tes yeux défiler des images. Tu penses. A quoi ? Je ne sais pas. Mais peut-être un peu à moi car ce sont tes lèvres qui viennent se poser sur les miennes pour y déposer un chaste baiser.

Mes larmes coulent peut-être sous le coup de l’émotion, du choc, ou bien tout simplement de me sentir aimée, entourée, écoutée. Ce qui est sûr c’est que je suis touchée.

Après notre baiser je secoue la tête à tes propositions. Je ne peux pas abuser de ta magie pour des choses si futiles que ma fatigue ou des convenances personnelles. Une de mes mains glisse sur ta joue pour venir la caresser avec douceur comme pour te remercier de ta proposition.

- Charles n’est pas au courant de ce qui se passe entre nous … Je sais que vos relations ne sont pas des plus cordiales…

C’était un euphémisme effectivement. Et je devais bien reconnaitre que j’avais gardé notre relation secrète. Un peu comme un trésor que moi seul chérissait. Je ne voulais pas entendre d’avis, d’opinion sur nous. Je voulais juste profiter de ces moments que nous vivions ensemble pour le moment. J’hausse les épaules. Ce n’était pas une surprise Charles avait souvent une relation particulière avec les hommes de ma vie, Erik en était la preuve vivante. Et de mon côté c’était aussi la même chose. Même si nous n’étions pas frère et sœur de sang, nous nous aimions comme tel.

Mon regard est attrapé par cette direction vers laquelle tu veux me mener. Lentement j’y avance tout en restant très proche de toi, une de mes mains, à défaut de tenir la tienne, tenant un pan de ta toge ou du moins l’espèce de tenue que tu portes.

Nous avançons ensemble, alors que, toujours sous ma forme bleue, je t’écoute presque religieusement. Je ne suis pas sure d’être assez réveillée pour tout enregistrer du premier coup mais j’essaye. Mon corps se tend un peu lorsque j’entends parler de télépathie. Et surtout de se protéger des personnes qui maitrisent cette compétence. Je me stoppe dans mon avancé, et je penche la tête en arrière. Les sourcils froncés sans vraiment comprendre comme c’est possible, bien que je ne doute pas que tu ais étudié la question en long en large et en travers, et encore, j’ignore ton inimitié profondément ancré pour les télépathes.

- Je vais y réfléchir …

En réalité j’avais de nombreuses questions en tête comme « Était-ce permanant ? » ou bien encore « Pouvons-nous choisir le type de télépathes, c’est-à-dire des personnes particulières pour qui le canal serait ouvert et d’autres fermé en même temps ? Comment cela fonctionne ? Est-ce que n’importe quel MAM peut le faire avec de l’entrainement ? » Mais je ne dis rien. Je ne souhaitais pas poser mes questions maintenant. Peut-être un peu plus tard. Dans un futur plus ou moins éloignés en fonction de comment j’allais vivre ma cohabitation au sein du manoir avec les personnes qui, actuellement, me faisaient le plus souffrir.

Je déposais, toujours la tête renversée un petit baiser sur le coin de ton menton, puis je repris ma route, qui … Par un, tour de magie nous emmène dans la cuisine. Une chaise apparait. Je ne vais pas râler. Pas aujourd’hui, je n’en ai pas la force. Je m’y installe, puis j’énonce ce que je souhaite manger. A la fin du repas, je me lève pour venir me caler contre toi malgré mon ventre imposant. Je me blottis dans tes bras, je me hisse sur la pointe des pieds et je viens déposer un baiser sur tes lèvres non sans avoir murmuré avant un « Merci pour cette nuit. »

Tu crois vraiment que Xavier n’est pas au courant de ce qui se passe entre nous ? Cela m’arrache un pouffement amer. Non, nos relations ne sont pas des plus cordiales car j’ai encore suffisamment d’intellect pour ne pas pouvoir être abusé sans me douter que je le sois. Contrairement à toi. J’ai suffisamment de témoignage des actions de ton frère pour savoir le monstre qu’il est comme n’avoir aucune raison de lui pardonner. Donc il ne peut me faire croire que je lui pardonne. Peut-être est-ce d’ailleurs l’un des intérêts qui lui fait te laisser être en ma compagnie : que je développe un intérêt à fermer les yeux sur ce qu’il fait. A lui pardonner. C’est la condition pour devenir son beau-frère, non ?

Regarde comment tu te tends à la seule évocation de la télépathie, Raven. Du pouvoir mutant que tu as le plus côtoyé après le tien. Cela t’amène à te stopper, à nous stopper. Et je me stoppe avec toi. En douceur.

Je te regarde, Raven.

Je te regarde pencher la tête sur le côté avec les sourcils froncés.

Je te regarde déclarer que tu vas y réfléchir. Est-ce ta décision ou celle de Xavier ? Après tout, il arrive déjà à te faire lui pardonner tout ce qu’il te fait. Te faire refuser de te protéger de lui en t’éloignant. Te faire refuser de te protéger de lui, de cette télépathie que tu dois détester autant que moi puisqu’elle a été utilisée et est utilisée pour te violer. J’en ai les épaules basses, Raven. Je sais que tu n’essaieras pas.

Ton baiser n’en est que plus amer.

Tu penses réellement pouvoir me consoler par ton affection alors que tu continues de souffrir parce que ton libre-arbitre appartient à quelqu’un d’autre ? Je sais ce que c’est que d’endurer toujours la même chose pour des gens qui n’en ont rien à foutre. Sauf que j’en ai fait le choix en mon âme et conscience. Les deux fois. Toi, tu n’as aucun choix. Tu n’es pas une mascotte, Raven. Tu n’es pas la mascotte des X-Men. Tu es le pion de Xavier. Et je ne le pense pas avec colère. Je le pense avec tristesse. Souffrance.

Je prépare ce que tu m’as demandé pour trois personnes, n’étant guère expressif durant ma tâche. Je me contente d’agir. Je me contente d’essayer de ne pas imaginer quels sévices Xavier a pu t’infliger avec ton consentement. Comment te dire que je pense sincèrement que les bébés sont de lui avant même d’avoir fini ?

Lorsque ce que tu m’as demandé est prêt, la cuisine disparait alors que le repas et nous nous trouvons désormais sur une longue table. Il doit être possible de faire manger seize personnes dessus même s’il n’y en a pas les chaises : avec la tienne, il y en a trois. Tout autant que le nombre de fenêtres de la salle, lesquelles donnent sur le ciel en lieu et place du bâtiment d’à côté. Je prends une chaise et m’assieds au tien, de côté, avant de passer ma main au-dessus de la table devant nous pour y faire apparaitre trois jeux d’argenterie propre.

Nous sommes côte à côte et l’autre est en face.

Nous sommes silencieux jusqu’à ce que l’autre arrive.

Donc durant tout le repas. Mais que fout-il ? Même manger ne l’intéresse plus suffisamment pour être à l’heure ?!

A la fin du repas, tu te lèves. Je t’imite.

Tu me remercies.

Tu m’embrasses.

Alors que je suis complice de ton malheur.

Je referme les bras autour de toi pour t’enserrer avec culpabilité.

« Ça, c’est le moment où je casse l’ambiance, énonce un Dominique blasé alors qu’il pousse l’une des portes menant à la salle à manger. Me remerciez pas, c’est tout naturel. »

D’environ ma taille, le blond aux cheveux courts est vêtu d’un pantalon de toile et d’une chemise avec une cravate cramoisie ; la couleur de la robe d’Apprenti. Il a les mains dans les poches et est accompagné d’une odeur de cigarette.

« Vous avez l’air d’avoir déjà mangé, continue-t-il en entrant alors que je le fusille du regard sans te lâcher des mains, déclenchant un haussement d’épaule. Miss, Patron, si vous m’envoyez me faire foutre je vous propose d’inverser les rôles : c’est vous le couple, dans l’histoire, et je suis à jeun.

- Raven, Dominique Kazaroff ; l’apprenti dont personne ne veut et qui ne travaille pas assez pour être réellement considéré comme le mien. »

A cette présentation, Dominique lève son index et son majeur droit pour les monter à son sourcil et faire un signe de salutation ; comme s’il soulevait un chapeau inexistant.

« Dominique, ma compagne.

- J’avais deviné : vous êtes accordés niveau des couleurs. »

C’est con mais, dit comme cela, ça me fait sourire. Je suis vêtu d’une robe bleue et d’une cape rouge, tu as la peau bleue et la chevelure rouge. Cela va bien ensemble.

Qui aime bien châtie bien

Le repas se déroule sans encombre même si ma tête elle est encombrée de nombreuses pensées auxquelles je n’arrive à faire face pour le moment. Mais … Je sais si bien donner le change depuis des années. Cependant, avec toi, je ne m’efforce pas de sourire à tout va. J’exprime ou du moins je laisse un peu s’exprimer mon chagrin et ma tristesse dans mon regard. Je n’ai pas besoin de mettre un masque avec toi. Je suis censée être celle que je suis sans fioriture sans prendre l’apparence d’une autre. Bleue. Nue pour certains, cheveux rouges et yeux jaunes.

Enlacée dans tes bras Je me tends alors que j’entends une porte s’ouvrir. Sur mes gardes je plisse les yeux en direction de l’indésirable visiteur. Son attitude est tout à fait désagréable mais je ne vais pas me formaliser pour si peu des ados qui font leur crise et qui se croient malins avec des punshlines à deux sous j’ai l’habitude. Et même si dans notre cas il s’agit d’un adulte cela ne fait pas une bien grande différence.

Et de la vulgarité ? Mais c’était génial on touchait vraiment le fond. Un regard désapprobateur le même que ceux que je faisais à mes ados en crise s’afficha dans mon regard, tout en rajoutant un je ne sais quoi d’attitude blasée.

Et merde. Je me mets à esquisser un léger sourire quant à sa réflexion sur nos couleurs. Effectivement cela faisait longtemps que je n’y portais plus vraiment attention mais il avait raison. Nous étions assortis en termes de colorimétrie. Ma tête se décale sur le côté pour que je puisse te regarder avec un petit sourire alors que me décolle enfin finalement de toi pour laisser apercevoir mon gros ventre. Ou du moins un ventre qui ne laisse aucun doute sur son contenu, puis je repose mes yeux jaunes sur le fameux Dominique avec une pointe de malice dans le regard me doutant que ce n’était pas une éventualité à laquelle il était préparé. Il était vrai qu’il pouvait être raisonnable de penser en toute logique que Stephen était le père. Bien que cela ne fut pas le cas.

- Ravie de faire votre connaissance Dominique.

Dis-je en avançant vers lui tout en lui tendant la main pour le saluer comme n’importe quelle personne lambda l’aurait fait mais surement qu’une personne normale n’aurait pas serrer aussi fort la main du pauvre apprenti magicien, expert casse couille si j’avais bien compris tous les tenants et les aboutissants. Je me doutais bien que tu allais devoir me laisser pour aller t’occuper de sauver le monde, former des magiciens et tout le reste. J’avais déjà un peu beaucoup profité de ta présence à mes côtés alors que je savais que ton temps était précieux.

- Je suppose que je vous laisse à votre travail Messieurs ?

Demandais-je en reculant de quelques pas dans ta direction pour revenir me placer près de toi. Est-ce que je marquais mon territoire alors qu’en soi je n’avais rien à craindre de ce Dominique ? Oui c’était une possibilité. Et encore … Je n’avais pas rencontré tes autres… ApprentiEs.

Après qu’il t’ait fait l’effet qu’il fait à tout le monde afin que personne ne l’approche, Dominique te fait sourire. En même temps que moi.

Tu me regardes avec ce petit sourire, Raven.
Je te regarde avec ce petit sourire, Raven.

Tu t’éloignes. A loisir, je ne le prends pas mal. Quand au fait que tu montres ton ventre en un sous-entendu qui ne m’échappe pas… j’inspire par le nez en me retenant de lever les yeux au ciel. Sans perdre mon sourire. Dominique, lui, fait l’effort d’hausser une épaule. Il s’en fout. Ou tout du moins c’est ce qu’il tâche de montrer. Il y a une certaine tristesse dans son regard. Derrière sa nonchalance.

Il regarde la main que tu lui tends après ta déclaration dont aucun de nous n’est certain de l’ironie. Il m’accorde un regard face au geste et je reste immobile : c’est son choix, pas le mien. Il obtempère.

J’ai un pas en avant et un léger lever des mains lorsque je le vois se tendre sous la douleur, m’attendant parfaitement à te voir retirer ta main sous l’effet d’un contact brûlant.

« Vas-y mommy, grimace-t-il alors qu’il se force un sourire appréciateur, fais-moi mal. »

J’ai à faire confiance à Dominique dans le fait que tu ne subiras pas analogue sort à celle qu’il aimait et portait son enfant. Je le fais tout en étant prêt à intervenir.

« Je suppose que je vous laisse à votre travail Messieurs ? »

Tu ne finis cependant pas brûlée avant de le libérer lui. Avant de revenir vers moi avec la fierté de la victoire, laquelle s’accompagne de ma détente. Je n’aime pas le sourire qui reste sur les lèvres de mon Apprenti alors que tu lui tournes le dos. Alors qu’il regarde sa main endolorie. Elle ne fume pas. Je tourne mon visage vers toi, soulagé.

« Si tu te sens que je te ramène à ta voiture puis que tu retournes à ton appartement, oui, acquiesce-je avec douceur. Sinon, tu peux encore rester ici. Comme dit, Dominique ne travaille pas vraiment. Et je suis multitâche. »

En somme, va où tu veux sauf à l’Institut Charles Xavier pour pantins martyrisés. C’est l’occasion pour toi d’en découvrir un peu plus de mon rythme de vie. Le midi est passé et j’ai bien trop d’amertume face à Xavier pour manger quoi que ce soit mais cela ne m’empêchera pas de reprendre mes horaires quotidiens comme d’ordinaire.

De 01:30pa à 03:30pm, je serais à la salle d’entrainement physique, grande salle occupant un bon tier du second étage ; une grande salle dénuée de tout équipement à l’exception de ceux que je fais apparaitre, selon les besoins, et dont les fenêtres donnent sur la rue newyorkaise au-dessous. J’y pratiquerais les chorégraphies magiques, répétant les canalisations de l’art Eldritch principalement afin de les intégrer à des mouvements et des enchainements pour qu’ils deviennent des réflexes en combat.

De 03:30pm à 04pm, je me reposerais suite à l’entrainement. Je resterais en activité afin de ne pas me refroidir mais elle sera plus douce ; étirements, notamment. Un petit thé, généralement. Les réflexions sur mes réussites et mes pistes d’amélioration du jour.

Puis viendra l’entrainement au combat de 04pm à 06pm, où la dimension miroir me permettra d’exploiter les mouvements précédents dans des environnements plus exotiques et sans risquer de détruire le Sanctuaire. Là, je m’y donnerais à fond : Karl le disait, il faut s’entrainer comme si notre vie en dépendait car un jour viendra où cela sera le cas. Certains pensent que je suis capable d’affronter les Avengers à moi seul et être témoin d’un tel entrainement peut effectivement le laisser penser ; mes capacités de destruction n’ont rien à envier à un Hulk ou un Thor, seul ma résistance est bien inférieure. Mon principal point faible, comme la totalité des Avengers, reste la télépathie. Nous léchons les bottes de Xavier s’il en a envie, sans rien pouvoir faire pour l’en empêcher. Oui, il est présent dans mes pensées alors que je m’entraine. Oui, cela ne me rend que plus violent. A plusieurs moments, je m’imagine le tuer. Les moyens ne me manquent pas. Il suffit d’attaquer par surprise. Puis je tâche de me calmer. De me battre avec harmonie et non de laisser la colère et son serpent diriger mon cœur ; chose oh combien difficile, lorsque je sais que tout mon entrainement ne sert à rien pour te protéger de celui qui te force à l’aimer.

Passé les 06pm, ma journée se calme. Une fois les miasmes de l’entrainement chassés par une douche au sein du Sanctum Sanctorum, ma chambre ayant une petite salle de bain attenante, j’entreprends de lire puis de préparer le repas. Ce n’est jamais formidable mais j’ai appris à cuisiner comme tout quarantenaire vivant seul ; ou presque. Je me nouris plus que je savoure : le thé est là pour assurer le second point. Je ferais un effort si tu es là : veux-tu commander ?

Quelque soit l’heure à laquelle nous irons, les choses se finiront sur le fait que j’ouvre un portail jusqu’à ta voiture. Je suppose que tu l’as laissée proche de là où je t’ai trouvée la nuit dernière mais, pour plus de facilité, je te repasserais la bague aux doigts le temps que tu la visualises. Ensuite, je pourrais ouvrir le cercle étincelant pour que tu la retrouves et je t’accompagnerais même jusqu’à elle.

« Bon, conclus-je une fois au côté de ton véhicule en te faisant face à toi, mes mains s’en venant à tes bras et un inspiration m’étant nécessaire à continuer… je te dirais bien de prendre soin de toi mais on sait tous les deux que tu ne le ferais pas. Reste éloignée de lui, Raven. Au maximum. »

Je pince les lèvres et baisse la tête. J’ai envie de t’embrasser, que ce soit sur les lèvres ou sur le front, mais j’ai l’impression que l’un et l’autre sonnerait comme un mensonge.

« Je souhaiterais savoir, dis-je sobrement, tout en sachant que je ne vais très probablement pas aimer la réponse. Les bébés, ils sont de lui n’est-ce pas ? »

Qui aime bien châtie bien

Ai-je un peu trop accentué la façon de serrer la main de Dominique pour lui montrer que je n’étais pas la pauvre petite chose fragile à laquelle je ressemble être ? Oui. Et également pour lui faire comprendre que même si je suis une femme je ne me laisserais pas marcher sur les pieds, si con et buté qu’il soit. Car effectivement il m’avait l’air être un drôle d’oiseau ce Dominique. Cela ne m’étonnait pas du tout que personne ne le supporte. Mais je suspectais que ce côté insupportable n’était qu’une carapace, comme bien souvent chez les élèves turbulents et perturbateurs c’était le cas. Un choc émotionnel ? Un traumatisme ? Un abandon ? Ou tout simplement l’éducation défaillante des parents. Souvent c’était un des ces ingrédients.

Main dans la main je sentais la mien me picoter un peu, voir peut-être me chauffer. Fronçant les sourcils en baissant le regard sur nos deux mains entrelacées, je la serrai encore un peu plus dans la mienne en l’entendant m’appeler « mommy ». Nous étions loin d’avoir élevé les cochons ensemble. Mais bien vite je retirais ma main sentant qu’elle chauffait plus fort. Un regard intrigué vers le visage dudit apprenti, je pivotais vers toi, indiquant que plus tard, je ne sais quand, il faudrait que tu me parles de cet homme dont je venais de faire la connaissance et qui visiblement en plus d’être un apprenti magicien, enfin, un apprenti maitre des arts mystiques, été aussi un mutant ? C’était donc possible d’être les deux ? De combiner la mutation avec des pouvoirs de MAM ? Intriguant … Cela collait avec ce que tu m’avais dit un peu plus tôt … En tout cas il allait falloir que tu m’en dises plus.

Retourner à mon appartement … Oui …. Mais ma voiture était abandonnée bien loin d’ici et refaire la route en sens inverse ne m’enchantait guère mais je n’avais pas le choix … La perspective de rester ici était beaucoup plus séduisante.

- Je vais … me reposer encore un peu dans ta chambre si cela ne te dérange pas …

Une bonne douche chaude, une couette douillette, des oreillers moelleux … Je ne demandais rien d’autre … La chaleur de tes bras aurait été la cerise sur le gâteau mais je savais bien que j’avais déjà eu beaucoup de ton temps depuis les dernières heures.

- Réveille moi pour le thé. annonçais-je en déposant un baiser au coin de tes lèvres.

Ce que tu fis, et nous le primes ensemble, de même que le repas du soir dont je t’avais laissé la préparation. Mais une fois le soir venu je sus qu’il fallait que je parte... Bague au doigt, nous arrivions sur la voiture à l’endroit exact où je l’avais laissé. En un rapide coup d’œil je pus constater qu’elle n’avait pas été vandalisée malgré le fait que j’avais laissé les clés cachées non loin de là.

Profitant de tes bras une dernière fois, je redresse la tête vers toi, les sourcils froncés sans comprendre le « de lui » tout de suite. D’eux j’aurai plus dit, ou même "d’elles " plus particulièrement. Pourquoi cibler en particulier mon frère ? J’allais te poser la question, mais celle qui franchit la barrière de tes lèvres me rendit muette l’espace d’un court instant, mes pupilles s’agrandissant comme deux ronds de frites. Il me faut un moment avant d’être capable de prendre la parole, non sans qu’un air de dégout passe sur mon visage.

- Mais … Qu’est ce que tu … ? Stephen ! Charles est mon frère ! Rien que d’imaginer ça j’ai la nausée.

D’ailleurs c’était réel j’avais envie de vomir en imaginant cette possibilité. Qu’est ce que tu avais donc contre mon frère ? Tout mon corps entier se tendit dans tes bras, dans lesquels, d’un coup, je n’avais plus envie de venir me blottir.

- Les bébés sont soit de Peter Quill soit de Erik Lehnsherr, dis-je froidement en reculant d’un petit pas.

Me doutant que le choix, que tu connaissais déjà ne t'enchantais pas non plus particulièrement.