Qui aime bien châtie bien

Mon avis sur les sœurs Cuckoos n’est peut-être pas aussi négatif que celui de Raven mais c’est probablement parce que je ne les ai pas autant côtoyées. Ma compagne et moi sommes d’accord sur un point : moins on les croise et mieux on se porte. Le viol mental qu’elles lui ont infligé est bien pire que la découverte accidentelle de secrets dans mon esprit et semble parfaitement normal chez les télépathes. Tout comme modifier la mémoire des gens, sans doute. Mon entrainement à l’art astral afin de pouvoir leur résister est peut-être quelque chose qu’il faudra que je tente d’enseigner à Raven malgré sa dépréciation de la "magie". Après, considérant combien mes progrès sont laborieux, j’imagine à peine le nombre d’années qu’il lui faudrait. Ou à quiconque d’ailleurs. Je me demande régulièrement si un télépathe n’a pas manipulé mon cerveau pour me bloquer, d’ailleurs, mais je n’en ai pas réellement de confiance à qui je puis demander de vérifier. Jean Grey, la véritable et non le Phénix, même si je crains ce que Xavier a pu lui faire. Lui refaire, plus exactement. Nonobstant tous ces points, le fait que les trois sœurs aient le culot de demander à Raven de se mettre en danger pour elles me déplait.

Tout autant que l’éruption d’énergie psychique qui a eu lieu dans la journée. Il ne manquerait plus que les sœurs ne deviennent un danger au niveau de Xavier, du Phénix ou de Maximoff. Il me faut au plus vite parvenir à reprendre ma place dans cette hiérarchie de puissance dominée par les télépathes. A défaut, je n’ai pas bravé l’événement assurément déclenchés par les Non-X-Men. Seule l’absence de sms de Raven à midi m’aurait motivé à aller la chercher. Or, elle a répondu pour dire que tout était fini. Pas que tout allait bien, non : que tout était fini. Elle doit venir d’atterrir à l’Institut.

Je regarde l’appareil qu’elle m’a offert afin de pouvoir me contacter plus facilement. Je n’aime pas les téléphones : les touches du clavier tactile sont trop petites pour mes doigts tremblants et le SHIELD a suffisamment de moyens de m’espionner comme ça pour que je lui facilite la tâche. Ainsi utilise-je le cadeau comme un téléphone fixe et le laisse dans ma chambre puisque cela reste l’endroit où il se passe le moins de choses durant mes journées. Un peu d’art invocatoire lorsque j’ai envie de vérifier si elle m’a envoyé quelque chose, ce qu’elle fait souvent, et c’est tout. Elle est la seule à avoir le numéro. De toute façon, le téléphone comme la ligne sont à son nom. Lorsque j’ai envie de communiquer, j’ai beaucoup plus simple.

La main droite fait disparaitre le téléphone tandis que la gauche lève son Anneau de Téléportation au niveau de la ligne de mon regard. La première se positionne afin de tourner et d’ouvrir un petit cercle étincelant devant moi comme devant Raven. Lorsque ledit cercle est suffisant à voir nos deux visages, j’arrête de l’agrandir.

« Alors, dis-je calmement malgré un parlé rapide, est-ce que cela va ? »

Encadrant le bas de mon visage, le col de la Cape de Lévitation fait coucou. Mes yeux détaillent le visage de Raven à la recherche de blessures comme de son expression que je me doute fatiguée ; émotionnellement au mieux, d’avoir côtoyé autant de télépathes, et physiquement au pire, d’avoir dû se battre pour eux. Savoir ce qui s’est passé m’intéresse mais par la suite. Raven d’abord.

Qui aime bien châtie bien

La journée avait été épuisante. Cette « mission » de sauvetage, bien que physiquement ait été, d’ailleurs, à ma plus grande surprise, très calme. Nul besoin de se battre. Pourtant je n’aurai pas été contre un peu d’action. Mais il valait mieux que ça se finisse comme cela. Je n’étais cependant pas vraiment sure que la venue de deux membres de plus de la fratrie Cuckoos soit quelque chose de souhaitable et de positif dans ma vie. Cependant. Je le découvrirai bien assez tôt. Du moins c’était ma conviction.

Le vol retour s’était déroulé sans peine, et j’avais préféré pilote sur tout le trajet, histoire de me changer les idées et surtout de m’occuper l’esprit pour oublier que nous avions des bombes à l’intérieur de l’appareil. Tout le monde était retourné à ses occupations. Et alors que j’étais seule dans l’appareil à vérifier les derniers réglages pour pouvoir reprendre le jet rapidement et sans attendre si jamais il y avait besoin, j’avais saisi mon téléphone portable pour envoyer un message, à ce mystérieux contact dénommé S.

Bien sur il n’avait rien de mystérieux pour moi. Un message, qui ne nécessitait pas de réponse comme la plupart de temps car je savais très bien que tu n’aimais pas cela. C’était plus pour te tenir informée de ce que je faisais et garder un petit contact lorsque nous n’étions pas ensemble. Et des photos aussi de temps en temps. De ce que je faisais, ou de petites choses qui me faisaient penser à toi. Cette fois ci c’était assez simple : juste pour te dire que j’étais bien rentrée. Je ne voulais pas te raconter la mission en détail par SMS. Bien trop long.

Je passais le fait que j’avais été terrorisée. Que j’avais fait une crise de panique, et que si Charles n’avait pas été là j’aurai surement laissé mon instinct prendre le dessus et probablement provoqué une autre catastrophe mondiale.

Un passage aux toilettes du sous-sol plus tard, je me regarde dans le miroir. J’ai vraiment l’air fatiguée mais cela ne m’étonne guère. Je n’avais pas beaucoup dormi la nuit précédente en raison d’une petite fête d’Halloween, puis … Enchainer avec l’éprouvante révélation des Stepford. Alors que je pinçais les lèvres en observant mon reflet, me disant que j’irai bien prendre un bon bain chaud pour me détendre, des petites étincelles orangées apparurent autour de mon reflet dans le miroir. Un petit haussement de sourcils plus tard, surprise, un sourire apparu sur mon visage lorsque mon reflet fit place à ton visage.

J’hochais lentement la tête en faisant un petit signe de salut à la cape, alors que je me rapprochais un peu du miroir, mais rapidement je fus bloquée par mon ventre qui cognait contre lavabo.

- J’ai réussi à ne pas faire tout foiré. C’est déjà ça !

Je savais bien que j’éludais la question, mais nul besoin d’être un sorcier pour lire sur mon visage que j’étais fatiguée, aussi bien physiquement que psychiquement, même si c’était ce deuxième volet qui entrainait le premier.

- Et toi ?

Demandais-je en mutant, du moins ce que j’espère être du domaine du discret, pour faire disparaitre les petites cernes qui avaient pris place sous mes yeux.

Un sourire fatigué sur un visage éprouvé. Le tout dans un endroit clôt et clinique. Vais-je déclencher une alarme ?

Un hochement de tête lent à destination de mon encolure. Un rapprochement dudit visage. Interrompu. La grossesse est une raison de plus de ne pas aller sur le terrain : elle diminue les capacités et augmente le danger. C’est cependant difficile à faire comprendre à une tête de mule, surtout lorsqu’il n’y a pas grand monde pour oser lui tenir tête. Parfois, être trop gentil envers les gens ne les aident pas.

« J’ai réussi à ne pas faire tout foirer. C’est déjà ça ! »

Je ne partage pas ton enthousiasme surjoué à cette déclaration, restant soupçonneux. Tu ne me sembles pas le plus grand danger dans cette mission mais j’ai une mauvaise opinion de beaucoup de partis impliqués.

« Et toi ?

- J’ai réussi à ne pas tout faire foirer également, acquiesce-je avec un sarcasme amusé, même si j’ai été un peu distrait pendant les études et un peu plus pendant la méditation. »

Je prends un instant pour réfléchir avant de poursuivre.

« Ma réussite devait au même niveau que la tienne pour dissimuler tes cernes. Tu vas rester ici ou tu veux rentrer chez toi ? »

Le décor futuriste ne me laisse pas beaucoup de doute sur le fait que je viens de créer une brèche dans la sécurité de la base des X-Men, même si aucune alarme de retenti ; sauf si elle est silencieuse, ce qui ne serait pas improbable. Cependant, l’opposition entre le "ici" et le "chez toi" est bien entre l’Institut et ton appartement. Le premier est le lieu de tes travails, même si tu y as grandi. Je n’ai pas tous les détails de ton sentiment mais je vois la signification du départ ; surtout lorsque tu dois te frapper 160km de route chaque jour pour faire l’aller-retour. Alors que tu es à, quoi, six mois de grossesse ? Malgré les recommandations de l’Organisation internationale du travail qui encouragent 14 semaines et une prestation suffisante à assurer un niveau de vie convenable, les lois des Etats-Unis n’accordent aucun congé maternité obligatoire. Les employeurs font ce qu’ils veulent, comme avec l’évolution des congés pays. 10 jours par ans minimum avec des conventions liées à l’ancienneté : 5 ans d’ancienneté fait qu’on peut monter jusqu’à 14 jours, dix ans pour 17 jours et 20 jours pour 20 ans. Des conventions, rien n’est obligatoire. On est bien loin des 98 jours d’un congé maternité recommandé. Je pense que Xavier te donnera ce qu’il te faut pour te reposer mais je crains que tu ne l’acceptes pas.

« Si tu ne te sens pas de prendre la route, déclare-je uniquement si tu escompte partir, contacte-moi. »

Je suis largement capable d’ouvrir un portail suffisamment grand pour que ta voiture y passe. Il faudra juste le faire suffisamment loin des abords de l’Institut pour que personne ne sache.

« Tu vas réussir à te reposer ? »

Tu es le principal obstacle à cela et j’en suis conscient. Tout comme je sais que tu as répondu à ma question sur ta santé par l’omission. Je suis plus concerné qu’inquiet et je n’ai pas l’intention de m’impliquer outre mesure. T'es grande, je viens seulement voir comment tu vas.

Qui aime bien châtie bien

Mes yeux se plissèrent alors que je tendis la main vers ton visage pour poser mes doigts légèrement froids sous tes yeux, où tu n’avais pas vraiment de cernes. Ce qui était certains c’était que tu n’étais pas dupe et tu avais bien vu que j’essayais de les cacher. Un petit sourire apparu sur mes lèvres, tu n’étais pas dupe du tout concernant tout ce que je venais de dire.

- Je te raconterai en détails ce soir ? Chez moi ?

J’hausse les épaules l’air de rien alors que je retire ma main de ton visage prenant appui un peu plus contre l’évier, dans le but de me pencher un peu vers l’avant, mais j’appuie trop fort je le sens. Je laisse échapper un petit juron entre mes dents car je n’arrive pas à faire ce que je veux faire. Je grimpe donc avec une agilité surprenante pour une femme dans mon état sur l’évier et je m’y agenouille pour être plus proche de toi, maintenant il n’y a plus que la robinetterie qui nous sépare.

- Je vais prendre une douche et partir en moto pour N-Y. Je préfère ne pas dormir ici ce soir.

Les jambes repliées, les fesses posées sur mes talons, le tout sur l’évier j’avance le visage vers toi pour venir déposer un chaste baiser sur tes lèvres, un peu comme un bonjour et un aurevoir que nous n’avions pas encore eu.

J’arrête de dissimuler mes cernes pour revenir m’assoir une fois mon baiser déposé. Doutant un instant de mes paroles. Je préfère alors préciser.

- Si tu es disponible bien sûr. Enfin, je suis sûre que tu sauras me trouver. Si tu ne viens pas ce n’est pas grave.

Je ne voulais te forcer à rien, je t’invitais juste à me rejoindre si ton emploi du temps de ministre le permettait. Je trouvais déjà assez miraculeux que tu prennes quelques minutes à m’accorder juste pour savoir comment j’allais. Je n’étais pas vraiment habituée à cela. Mais c’était plaisant. Je t’embrassais une dernière fois avant de voir le portail magique se refermer et me retrouver seule, perchée sur l’évier des toilettes face à mon propre reflet. Heureusement que personne n’était là pour voir la scène car on aurait pu croire que j’avais pris un coup sur la tête.

Suite à cela j’avais filé dans ma chambre, pris une longue, très longue douche chaude. J’avais hésité avec un bain, mais j’aurai pu m’endormir dedans. Il valait mieux éviter. J’avais informé Charles que je partais et après 80 km effectués assez rapidement en moto (malgré les protestations de mon entourage concernant mon état et la conduite d’une moto), j’étais chez moi en fin d’après-midi. A peine arrivée j’avais commandé plusieurs repas. Je n’avais pas pris le temps de manger avant de partir. C’est donc vers 18h30 que je mangeais une énorme pizza poulet curry à moi toute seule. J’étais capable de remanger autant je me connaissais. Une fois mes livraisons au frais, je luttais dans le canapé pour ne pas m’endormir. Il devait être autour de 20h30 quand je décidais finalement d’aller m’allonger dans mon lit, à quoi bon lutter ? Traversin entre les bras et les jambes, découverte pour le moment, vétue d’un legging près du corps gris clair qui remontait jusqu’en haut de mon ventre, et haut à manche longue blanc assez court cache cœur je finis par m’endormir avant que tu n’arrives. Mais après tout, peut-être ne viendrais-tu pas ?

Je regarde ta main lorsque tu la fais traverser le cercle d’étincelles entre nos visages. Je m’approche ensuite pour que tu puisses accomplir ton geste. Me toucher. Cela m’adoucit les traits. Cela te fait sourire, à moins qu’il s’agisse de mes mots. Aimerais-tu mon humour sarcastique ? Ça serait mieux pour nous. J’acquiesce sobrement lorsque tu me parles de me raconter en détail, ce soir et chez toi. C’est accepté.

Hausse les épaules l’air de rien si tu veux, moi je regarde ta main s’en aller car il y a vraisemblablement plus qu’une centaine de kilomètres entre nous. Cependant, la taille du cercle d’étincelle ne me laisse pas voir. Je fais donc un pas en arrière pour reprendre la posture de canalisation et l’agrandir de quelques tours de bras. Qu’est-ce que tu essais de faire, Raven ? Tu essais de… grimper ? Pourquoi ? Où es-tu, au sein de cet environnement futuriste et clinique que je crains être la base des X-Men ?

Un juron ? Cela a aussi été ma pensée quand j’ai compris que je m’étais introduit là et cela sera surement répété si tu tombes dans ta tentative de je-ne-sais-quoi. J’aperçois le bout d’un robinet et je baisse les deux bras en m’approchant pour confirmer. Ceci explique cela : pas d’alarme anti-intrusion quantique dans les toilettes… Je me saoule tout seul.

Toi, tu arrives à grimper ; un exploit considérant ta condition mais l’aspect "enceinte" ne saurait limiter ta condition mutante à ce qui est humainement faisable… sachant que peu d’humains doivent réussir à grimper ainsi sur les éviers. Pourquoi te compliques-tu la vie ainsi, Raven ? A part parce que tu le peux encore ? Je te regarde dubitatif.

« Je vais prendre une douche et partir en moto pour N-Y, me dis-tu après une gymnastique improbable consistant à t’agenouiller dans la cuve de l’évier sans que tes pieds ne dépassent du rebord ni que ton ventre ne se fasse empaler par le robinet. Je préfère ne pas dormir ici ce soir. »

J’ai déjà énoncé ma disponibilité pour t’aider, même si je prends en note que tu es en moto et non en voiture or cela ne me plait pas. Les motos sont encore plus dangereuses que les voitures en cas de collision. Il y a un minimum de protection avec la carrosserie que tu n’as absolument pas toi. Tu aimes le risque. Comme présentement. Je m’attends à moitié à te voir tomber en avant lorsque tu t’approches de moi à travers le portail et j’avance donc au cas où cela arrive.

Et tu m’embrasses.

Cela fait sens, maintenant. Moi je te tiens d’abord par crainte de la chute et je t’embrasse ensuite. Priorité. Puis travail d’équipe : tu t’assures que le geste commence, je m’assure qu’il ne se finisse pas dans un douloureux ridicule au mieux et une tragédie au pire. Ensuite, j’essaie d’arrêter de penser pour profiter. C’est dur. Mais cela me laisse un petit sourire con et satisfait, la bonne connerie et la bonne satisfaction, lorsque tu te recules en dévoilant tes cernes.

« Si tu es disponible bien sûr, précises-tu en me faisant perdre mon sourire. Enfin, je suis sûre que tu sauras me trouver. Si tu ne viens pas ce n’est pas grave. »

Un instant de silence sans que je le lâche, pour éviter que tu tombes, ni que je te repousse, pour des raisons évidentes.

« Je viendrais. »

Un dernier baiser, sur lequel je suis plus concentré cette fois et que je dois te rendre bien mieux, puis nous nous séparons.


Dominique m’a saoulé tout le déjeuner pour savoir "pourquoi mon surcroit de mauvaise humeur était parti et s’assurer qu’il revienne". Ses mots, pas les miens. Sa réussite également. Le sujet du couple est l’un des rares sur lequel il est sérieux car l’un des deux à même d’encore le blesser. Profondément. Lorsque je lui ai parlé du fait que Raven pratiquait une activité risquée, il a compris. Le repas a été bien silencieux. Ce n’est pas à moi de lui parler des X-Men. Il n’est qu’Apprenti. Et encore : il est apprenti théorique puisqu’il ne s’entraine pas vraiment. Il vit ici car je suis la seule personne qui le supporte encore. Je continuerai de le faire car je sais pourquoi il veut qu’on s’en aille. Car je sais ce qui arrive lorsqu’on réussit. Il ne réussira pas.

Les deux heures d’entrainement après le repas frugal ne se sont pas portées sur l’astral, comme ce matin, mais bien sur les différentes postures de canalisation. Je les ai pratiquées en silence dans la salle d’exercice, nullement perturbé par les bruits de New York provenant des fenêtres. Après une demi-heure de repos, ce sont deux heures d’entrainement au combat que je suis aller pratiquer à Kamar-Taj. J’y ai retrouvé Maître Minoru et Maître Hamir, les gardiens du Sanctuaire d’Hong-Kong et de Londres, afin de l’on continue de contribuer à nos progressions respectives en s'entrainant ensemble. Minoru m’a parlé d’un de ses anciens apprentis qui vient de revenir sur New York, un spécialiste de l’art vaudou nommée Jericho Drumm, et m’a dit qu’il faudrait que l’on se rencontre. J’ai eu une pensée pour son frère Daniel, gardien du Sanctuaire de New York avant sa mort sous mes yeux, et accepté. J’ai aussi eu une pensée pour Karl, avec qui j’ai appris à me battre. J’aimerai tellement le ramener au sein des Maîtres des Arts Mystiques. Lui prouver qu’utiliser un art mystique pour simplement vivre normalement n’est pas un mal, tant qu’on ne les utilise pas pour nuire à autrui. L’heure de nettoyage corporel comme de ma tenue et d’une partie du Sanctuaire a été assez mélancolique, tout comme l’après-midi de Dominique. Puis nous avons mangé à 8PM, en silence. Il était en train de faire la vaisselle lorsque je lui ai annoncé que je m’absentais une petite heure.

Une posture familière, une imagination familière, un cercle familier et une chambre étrangère. Et toi, accrochée à un polochon comme un koala à son arbre et avec un pantalon de la bonne couleur. Je crois me souvenir que les koalas ont une tâche blanche sur le ventre mais ce n’est pas quelque chose qui m’a jamais passionné, cette bestiole. Aucune autre, d’ailleurs. Tu as l’espèce de chemise courte blanche en guise de tâche et tu dors à la mesure. Je visualise ta couette à la lumière de mes étincelles et je la passe sur toi d’un "tour de magie". D’un autre, je laisse la tasse "Wong is Wong, You’re wrong" sur ta table de nuit pour que tu comprennes que je suis passé. Puis je repars.


J’en finis de me préparer et signale à Dominique qu’il est de nouveau seul pour les nettoyages du matin. "Ça tombe bien, il avait l’intention de partir aussi". A loisir. L’alarme du Sanctuaire m’avertira en cas d’intrusion ; tout comme Kamar-Taj. Et ce sera bien moins accueillant que les toilettes des X-Men.

Je dirais bien que je croise les doigts pour ne pas te réveiller mais cela fait des années que je n’y arrive plus sans que ce soit fortement désagréable. Alors je tente et je vois.

Une posture familière, une imagination familière, un cercle familier et un appartement qui ne l’est pas encore. Et toi, Raven ?

Qui aime bien châtie bien

Dormir comme un loir. C’était l’expression consacrée qui allait parfaitement à la situation. J’avais sombré dans un sommeil long, profond, et légèrement agité. J’avais rêvé. Ou plutôt fait un cauchemar dans lequel je me retrouvais cernée par des milliers de blondes répliques des Cuckoos. Mais malheureusement ce n’était pas le fruit de mon imagination mais la vérité.

Cependant mon sommeil était si vital que ne n’avait pas tenu jusqu’à ton arrivée, et je ne m’étais même pas rendu compte que tu étais venu me border. J’aurai aimé dormir cette nuit là dans tes bras. Sentir que tu étais près de moi pour me rassurer et me serrer contre toi lorsque je m’étais réveillée en sursaut et en criant vers 2h00 du matin alors que toutes les blondes fondaient sur moi pour m’ensevelir et me faisant disparaitre de la Terre.

Heureusement j’avais pu me rendormir rapidement. Apaisée par la tasse que j’avais vu sur ma table de nuit. Tu étais passé. Tu étais venu. Je dormais. Tu étais donc reparti.  Après quelques minutes de temps d’éveil j’avais à nouveau sombrée. En tout j’avais dormi presque 12 heures. J’en avais grand besoin. Désespérément accrochée à mon traversin mes yeux s’ouvrirent avec difficulté alors que des petits crépitements et une lumière orange reconnaissable apparaissaient dans ma chambre. J’ignorai totalement l’heure qu’il pouvait être. J’aurai bien dormi encore un peu …

- Viens avec moi ….

Murmurais-je encore à moitié endormie en serrant un peu plus mon traversin. Dormir seule. C’était mon quotidien, mais j’aimais tellement me réveiller dans les bras d’un homme.

Après la rude journée d’hier j’avais besoin d’être rassurée et de sentir que tu étais avec moi. J’avais loupé ma chance de passer quelques heures avec toi hier soir et je m’en voulais suffisamment. Je n’étais nullement inquiète de la tête que je pouvais avoir au réveil car j’étais à peu près persuadée que tu t’en moquais comme de l’an quarante.

Après je n’avais pas de quoi me plaindre, je pouvais modeler mon image à ma guise et donner l’impression que j’allais monter les marches du Festival de Cannes dans les secondes qui suivaient. Ce n’était cependant pas mon plan. J’allais restée dans ma tenue de « petit koala » que tu me câlines ou pas. Je savais bien que je n’avais pas l’air d’être romantique comme cela mais en vérité je l’étais. Et rien que le fait d’avoir vu ta tasse lors de mon épisode de la nuit m’avait immédiatement rassurée. Comme quoi, de temps en temps il ne fallait pas grand-chose pour rassurer quelqu’un.

Mon ventre n’était pas des plus pratiques pour les calins, mais en petite cuillère cela fonctionnait tant que je faisais la petite cuillère et toi la grande. Mais dès que je ne serais plus enceinte, je pourrai faire la grande sans aucun souci.

Une posture familière, une imagination familière, un cercle familier et un appartement qui ne l’est pas encore. Et toi, Raven ?

Je t’ai réveillée.

Ma tête se pence en arrière alors que mon visage se plisse de contrariété à cette constatation. Je n’aurai pas dû venir aussi tôt mais mes journées sont aussi casanières que chargées. L’entrainement afin d’être prêt pour une éventuelle intervention m’occupe correctement : deux heures d’apprentissage théorique, une heure de méditation pour l’art astral, deux heures d’entrainement chorégraphique pour l’art eldritch et l’art miroir, deux heures pour le combat afin d’utiliser le tout en situation proche du réel. Comme disait Karl, il faut s’entrainer comme si notre vie en dépendant car elle finira par le faire. Ma piètre opinion des X-Men m’amène à considérer qu’ils ne le font pas. Ce qui se comprend pour quelqu’un comme toi : 7h d’entrainement par jour à 6 mois de grossesse doit être une preuve de plus que ton corps ne suit plus le rythme. Et la mission d’hier en est témoin : ton besoin de récupération est trop important.

Ton murmure me fait lever les sourcils de surprise, Raven. Quelle demande est-ce là ? Celle d’une personne qui n’est pas complètement réveillée et n’a pas réellement conscience de son environnement. Tu t’y accroches, comme avec ton traversin. Mon regard se détourne de toi vers la Cape, qui hausse le col. On a l’air fin tous les deux. Sans parler de mes idées qui me signalent tous les points n’étant pas pratiques mais s’avérant symbolique dans cette histoire : monter sur ton lit avec mes bottes est une bonne métaphore d’à quel point je peux mettre les pieds là où il ne faut pas tandis que me coller dans ton dos avec l’Œil d’Agamotto, en bronze probablement froid, entre nous serait aussi désagréable pour toi que l’est la charge qu’il symbolise.

La Cape se détache de mes épaules pour rester sur place alors que j’avance vers le côté de ton lit et vers ton dos à toi. Je m’assieds sur les draps et te regarde l’échine courbée. Mes avant-bras se posent sur la jupe de ma robe. Je me concentre un instant.

Ma main couturée de cicatrices s’en va à ton épaule pour signaler mon approche. Le bras après elle n’a plus la manche de la veste en denim lorsqu’il se faufile contre le flanc de ta gorge et ton oreiller pour aider ce dernier. Le ventre qui se colle contre ton dos est aussi nu, à l’inverse du bassin enserré dans un boxe noir. Les jambes aussi sont nues.

Je sais que tu n’aimes pas l’art invocatoire mais il est bien utile : apparition et disparition d’objets, notamment.
Je ne sais pas si tu seras capable de râler dès le réveil, cependant.

Silencieux et contre toi, j’attends de voir. Te connaissant, tu serais capable de râler dans ton sommeil et tu vas te rendormir d’ailleurs. Je n’aurais pas dû passer mon bras sous ta tête. Perdu pour perdu, je passe l’autre bras sur le tien. Ma main cherche à se poser sur la tienne, à la lumière des étincelles de mon portail ainsi que du Sanctuaire de l’autre côté. Les deux disparaissent afin que l’on soit seuls à pouvoir mettre un terme à cela, non un indiscret. Enfin, autre que la Cape.

Qui aime bien châtie bien

Cela ne pouvait être que toi. Personne d’autres ne pouvait apparaitre dans ma chambre en utilisant ce type de magie. Et après tout tu étais le seul magicien que je connaissais. Je pouvais être de mauvaise humeur le matin, et pas que le matin diront certains, mais de savoir que tu étais passé me voir me réjouissais alors que je planais dans un état de mi-sommeil. Je n’avais pas vraiment conscience de tout mais le plus important c’était que tu viennes me rejoindre dans ce lit.

Des petits frissons parcourent ma peau lorsque je sens ta chaleur se répandre contre mon corps. Je laisse échapper un petit soupire de plaisir alors que ton ventre se colle contre mon dos. Je me courbe alors un peu pour que mon corps vienne épouser les formes du tien alors que ta main libre cherche la mienne à tâtons sur mon ventre.

Cela ne me dérange pas que tu me touches à cet endroit-là. Et pour le moment à vrai dire seule trois personnes l’avaient fait récemment. Toi, Lynda, et Jean. Ma main glissa contre la tienne alors que je venais enlacer mes doigts avec les tiens en passant par-dessus ta main tout en faisant très attention à ne pas y exercer de pression.

Ton souffle contre mon cou, chaud, m’appelait et je voulais prendre tes lèvres contre les miennes mais tu n’étais surement pas là pour cela. Il fallait que je calme et que je ne cède pas à mes pulsions. A vrai dire, depuis cette fameuse journée à Hawaï nous n’avions pas été intimes comme nous l’avions pu l’être mais une relation ne se basait pas uniquement que sur du sexe. C’était bien plus que cela. Et pour moi, le fait de dormir ensemble, enlacés de la sorte était déjà une forme d’intimité.

- Tu es venu cette nuit…

Murmurais-je en fermant les yeux alors que je me collais contre toi, encore plus si c'était possible, pour profiter de la chaleur de ton corps. Ma main serra un peu la tienne alors que je glissais une de mes jambes entre les tiennes que je sentais nues. Etais-tu nu ? Cela m’étonnerait fort que tu te promènes à travers les portails en tenue d’Adam mais tout était possible.

- Mais je dormais …

Ajoutais-je toujours dans un souffle alors que je calais confortablement ma tête contre ton bras signe que je ne voulais pas te laisser partir de sitôt tout comme ma jambe qui faisait liane avec les tiennes. Au même instant, tu pus sentir les bébés bouger dans mon ventre alors que j’avais rouvert complétement les yeux dans une petite grimace. Ils bougeaient de plus en plus alors que j’étais loin d’être à terme.

- Désolée ….  

Aussi bien pour le sommeil que pour les gigotements dans mon ventre à vrai dire.

Tu te colles. Cela me fait sourire. C’est bête. C’est simple. C’est là.

Je me tends lorsque tes doigts viennent au contact des miens. Qu’on touche mes cicatrices n’est pas agréable. Physiquement et psychologiquement. Je te laisse faire.

Tu sais que je suis venu cette nuit. Je ne réponds rien, par doute que tu dises cela en pleine conscience ou en semi-conscience. Par volonté de te laisser seule décisionnaire du fait que tu te rendormes ou te réveilles complètement.

Tu te colles. Cela me fait sourire.

Tu presses mes doigts. Cela me fait me tendre.

Tu passes une jambe entre les miennes. Tout comme j’ai passé un bras sous ta tête.

On s’enlace.

Tu dormais, quand je suis venu cette nuit. Que vas-tu faire, à présent ?

Te réinstaller. Malgré la tension, j’ai un petit pouffement. Puis les bébés bougent. C’est con de se dire qu’ils s’invitent dans ce moment intime. Ils étaient là avant moi. Ils réagissent à ta réaction à ma présence. Très franchement, je reste perplexe. Indécis quant à ma propre réaction à leur présence. Je ne suis pas le géniteur et je n’envisage pas réellement d’être le père. Ce qui est une manière de l’envisager. Pas encore nés qu’ils m’emmerdent déjà, en un sens.

De quoi t’excuses-tu, Raven ? Je n’en sais sincèrement rien. Il n’y a ni à s’excuser pour le sommeil ni pour les fœtus. Les choses sont comme elles sont. Ce n’est pas une bataille que je veux mener. Repose-toi quand tu en as besoin. Aime-les comme tu le feras. Sans doute aurais-je un peu d’attachement malgré le fait de ne pas vouloir d’enfant. Par ton intermédiaire. La grande question en irait plutôt au rôle du père.

J’avale ma salive un instant puis serre la mâchoire. Je ferme les yeux un autre instant puis avance mon front dans ta chevelure.

« Il n’y a pas de quoi, murmure-je en espérant le faire avec suffisamment de douceur pour que cela ne perturbe pas mon ambition de te laisser évoluer comme tu le souhaites. Il n’y a pas de quoi. »

Profite de ces instants, Raven. Je le fais de mon côté. Je sais que tout va s’arrêter. Probablement en partie par ma faute. J’aurai sans doute dû me taire. Maintenant, j’ai fait mon choix. Je ne dis rien de plus mais je sais ce que je ferais lorsque ce câlin s’arrêtera.

Je resterai allongé jusqu’à ce que tu te retournes pour me regarder.
Je t’offrirai ensuite un baiser et un "bonjour".
Je me redresserai sur le lit jusqu’à la position assise.
Je poserai mes avant-bras sur mes genoux.

« Qu’est-ce que tu prends pour petit déjeuner, te demanderai-je en me relevant complètement. Et où est-ce ? »

Que je ne fouille pas partout. J’anticipe l’optique où tu te réveilles, oui, afin de pouvoir t’aider à le faire comme j’ai déjà commencé. Une mauvaise habitude à ne pas prendre pour toi mais, considérant la journée compliquée d’hier et le débriefing à venir, il faut bien que j’apporte de quoi compenser les désagréments. Le petit déjeuner au lit, possiblement sans magie, me semble une piste appréciable. Nous verrons bien.

Qui aime bien châtie bien

Tu pouffes. J’ignore totalement pourquoi, mais je n’ai pas assez d’énergie pour répondre. Ce qui compte c’est que tu restes au moins un peu le temps que je m’endorme. Je connais ton emploi du temps encore plus chargé que le mien et nous volons presque les moments passés ensemble, souvent rappelé par nos responsabilités respectives. Mais ils ont au moins le mérite d’exister.

Et que c’est dans tes bras que je m’endors paisiblement complétement lovée et contre toi. Il s’écoule une heure peut-être où je dors d’un sommeil paisible bien plus paisible que lorsque je suis seule avant que mes yeux ne papillonnent, signe d’un réveil. Je pourrais encore dormir plus mais j’ai peur d’être trop décalée après. Et quelle n’est pas ma surprise d’être dans tes bras dans mon propre lit. Tu étais resté. C’était la première fois que je me réveillais avec toi. Et cela comptait. Du moins pour moi, avec mon âme inavouée de grande romantique. Un instant je reste sans bouger pour profiter du moment, puis, je me retourne pour te regarder avec un grand sourire, heureuse que tu sois là.

- Bonjour Stephen …

Ma voix est douce et calme, je me réveille juste après tout, un baiser, un bonjour, puis tu me quittes. Je serai bien restée encore un peu à te regarder mais je sais que tout le monde n’apprécie pas de se regarder sans parler, ou du moins pas avec des mots. Les yeux peuvent transmettre tellement quand on prend le temps de s’y attarder. Une légère grimace passe sur mon visage quand je me retrouve seule mais je me reprends bien vite alors que tu me demandes ce que je souhaite manger. Ainsi tu ne pars pas ? Un nouvel entrain m’envahit, et je me redresse agilement malgré mon état sur mes genoux et j’avance jusqu’à me retrouver proche malgré ta posture assise.

- Toi …

Répliquais-je en venant me mettre dans ton dos, mes deux bras t’enlacent par derrière et ma bouche se pose sur ton épaule que je viens mordiller avec douceur comme pour faire semblant de te manger alors qu’une de mes mains est sur ton torse et l’autre sur ton ventre. Ou plutôt devrais-je dire, tes abdos car c’est difficile à croire mais sous ta robe de bure se cache un corps athlétique parfaitement dessiné. Fruit des nombreuses heures d’entrainements quotidien divers et variés.

Après avoir fait la maline je dépose un baiser là où je viens de laisser une très légère marque de dents je ne savais pas comment tu pouvais le prendre, j’avais pris un risque mais en même temps … Si je ne pouvais pas me le permettre personne ne pouvait. Et tant que ce n’était pas tes doigts. Qui aime bien châtie bien non ?