[Terminé] Where do we go from here ?

Where do we go from here ?

Folie. C’était de la folie de rencontrer Erik à New-York. Il courrait un risque en se montrant à visage dévoilé en ville. J’aurai préféré me rendre sur Genosha pour notre rencontre mais … Je lui avais laissé le choix.

Ce qui était de la folie également c’était d’avoir autant attendu avant de nous revoir. Mais il fallait dire que la dernière fois n’avait pas vraiment était concluante et des plus joyeuses. Tu avais très mal réagit à l’annonce de ma grossesse et j’avais peut-être un peu repoussé le moment très angoissée à comment tu pourrais réagir. Tu ne me ferais pas de mal. Enfin à moi si. Mais pas à eux. Je prenais ce risque. Personne n’était au courant. Je n’avais pas dis à Charles que nous avions convenus de nous retrouver aujourd’hui.

Pendant longtemps la feuille où tu avais inscrit ton numéro était passée entre mes mains, si bien que j’avais fini par presque effacer les nombres à force de passer les doigts dessus et d’hésiter à t’appeler. Certes j’avais pris mon temps avant de te contacter par le biais de message écrit, mais je te connaissais bien. Il te fallait du temps pour digérer, avaler … Me pardonner je ne comptais pas là-dessus. Tu étais Erik Lehnsherr je ne devais pas l’oublier mais certaines fois j’avais l’impression de te voir disparaitre … Sombrer dans la folie peut-être toi aussi…

Le rendez-vous était pris. Dans l’arrière salle d’une petite laverie du Bronx qui ne payait pas de mine mais qui en réalité abritait tout un embriquement de salles en sous-sol. Je l’ignorai encore pour le moment. Jean noir, chemise noire légèrement ample dont les boutons du haut étaient ouverts, Dr Martens noires également, j’entrais dans la laverie mon casque de moto sous le bras, lunettes de soleil, noires aussi sur le nez, cheveux bonds et longs détachés. A l’autre bras pendait un sac de sport, rempli de torchons à laver. La couverture que tu avais indiquée.

J’avais relu plusieurs fois les instructions que tu m’avais données par SMS et je suivais la procédure. En entrant, je pris le temps d’observer tous les recoins disponibles dans mon champ de vision. Un adolescent s’approcha de moi, je ne l’avais pas vu sur Genosha lors de mon séjour. Une nouvelle recrue ? Surement. Mes yeux étaient d’un bleu perçant et je le dévisageais, me demandant bien quel pouvait être son pouvoir.

- Je viens pour laver ce linge.

Dis-je d’une voix calme en bougeant les lanières du sac dans ma main, ce dernier se balançant d’avant en arrière lentement.

- Je pense qu’il a besoin d’une attention particulière. Il est délicat. J’y tiens énormément. Mais je n’ai pas les moyens d’aller au pressing. Pouvez-vous faire quelque chose pour m’aider ?

Demandais-je d’une voix franche alors que mes yeux passaient du bleu au jaune puis au bleu comme tu me l’avais demandé. Le jeune hocha la tête positivement baragouinant quelque chose que je ne comprenais pas, puis il m’indiqua le fond de la laverie et une petite porte de service avec une serrure qui ne payait pas de mine mais qui semblait électronique. Il la déverrouilla en posant sa main dessus. Un technopathe ? Intéressant.

- Descendez l’escalier, il est en bas.

Murmura-t-il d’une voix cette fois ci tout à fait compréhensible alors que je laissais tomber mon sac à ses pieds pour qu’il puisse s’occuper du linge qui s’y trouvait. J’avançais de quelques pas. Il referma la porte derrière moi. Il faisait assez sombre. J’inspirais profondément, puis je descendais les marches du fameux escalier me menant à toi.

Where do we go from here ?

Mon cœur battait la chamade à chaque pas, à chaque marche qui m’amenait vers toi. J’étais angoissée à l’idée de me retrouver sous terre si jamais tu t’emportais et que tu ne te contrôlais pas. Au moins ton accueil fut beaucoup plus cordial que ce à quoi je m’attendais. Mes yeux papillonnaient un peu partout car je cartographiais mentalement la salle dans laquelle nous nous trouvions, cherchant en quelques coups d’œil tous les points d’entrée et de sortie de cette pièce. Et … bien il n’y avait que l’escalier sur lequel j’étais. A moins que … Derrière cette armoire métallique. Oui. C’était sans doute une autre porte.

Mon repérage fait, je posais les yeux sur toi, en te retournant un sourire tout aussi mal à l’aise que le tien. C’était bien une des rares fois où nous étions si crispé, timide et géné en présence l’un de l’autre. Souvent c’était plutôt explosif. Aussi bien dans le positif que dans le négatif.

Serrant mon bras qui portait mon casque contre mon corps, espérant que la taille de ce dernier … rendrait la taille de mon ventre moins … imposant qu’il ne l’était déjà bien que je ne sois qu’à mon sixième mois de grossesse.

- Bonjour Erik.

Finis-je enfin par dire en me dirigeant vers toi, posant mon casque sur la table, je tirais une chaise pour aller m’assoir autour de la table, près mais en même temps à une distance tout à fait raisonnable de toi. Je déglutis en silence mais avec difficulté alors que j’ouvrais mon blouson de cuir avec une petite grimace. J’avais chaud. Le stress surement. Je ne le retirais tout de même pas. Me servant de ses flancs pour ne pas exposer trop mon ventre vue ta réaction lors de notre dernière entrevue.

- Tu … Tu as des nouvelles recrues ? Je n’avais jamais vu le petit jeune là-haut…

J’avais entendu parler par des sources diverses, variées et pas toujours très légales du fait que tu reviennes sur Manhattan quittant ton île pour recruter des confréristes. Lorsque nous nous étions retrouvés en mai tu n’en étais qu’au début mais visiblement tu avais intensifié … tes … tractations dirons-nous.

- J’aurai pu venir sur Genosha si c’est trop dangereux pour toi d’être ici. Je ne voudrais pas que …

Je me tus un instant, regardant ailleurs quelques secondes avant de reposer mes yeux bleus dans les tiens.

- Qu’il t’arrive quelque chose par ma faute.

Where do we go from here ?

Je te connaissais suffisamment bien pour savoir que tu contrôlais tes mots lorsque tu me parlais de cette nouvelle recrue. Habituellement, ou du moins, en mai dernier tu n’agissais pas de la sorte. Et je pouvais parfaitement sentir la différence. Je n’étais pas… Stupide. Mais je ne dis rien. Je comprenais. D’autant plus que je n’étais pas vraiment sûre que les informations dans mon esprit demeuraient secrètes avec tous les télépathes à l’Institut. Il ne valait mieux pas prendre de risque en ce moment. Surtout depuis l’accueil de deux nouvelles télépathes la semaine dernière.

Mon regard quitta le tien lorsque tu répondis sèchement. Bien. Le ton était donné. J’étais déjà suffisamment fragile comme cela en ta présence que je sentais que je me craquelais un petit peu plus. Si je te dérangeais tant, nous n’aurions peut-être du pas nous rencontrer. J’exagérais peut-être mais j’avais tendance à prendre tout à cœur ces derniers mois.

- Je n’en doute pas.

Répondis-je froidement, tout sourire ayant disparu de mon visage. Je m’étais fermée. Il n’en avait pas fallu beaucoup. Et en plus tu en rajoutais en soupirant. Je rangeais mon frein. Tu savais pertinemment que tout comme toi je pouvais me mettre en colère rapidement et que ce n’était pas beau à voir. Après tout, nos caractères avaient bien des similitudes, et malheureusement, pas les aspects les plus charmants de notre personnalité. Ma mâchoire se décala l’espace d’un instant alors que tu étais de dos, retenant un soupire. Si tu commenças comme cela la discussion. Au moins j’avais fait un effort, mais visiblement tu souhaitais attaquer directement. Très bien.

- De l’eau. Et si tu as des trucs à manger je veux bien.

Ajoutais-je dans une voix la plus neutre possible bien que je mourais d’envie de te casser un bras juste pour m’avoir répondu de la façon dont tu l’avais faite tout à l’heure. J’étais vraiment à fleur de peau. Je me levais alors de la chaise sur laquelle je venais juste de m’assoir pour, une fois que tu regardes dans ma direction, retirer mon blouson, supprimant les mutations destinées à faire paraitre mon ventre plus petit qu’il ne l’était. Il ne fallait pas me provoquer.

Where do we go from here ?

J’avais imaginé notre rencontre de bien des manières possibles. Elaboré plusieurs scénarios. Mais en aucun cas je ne m’étais attendue à me voir proposer de manger un plat à réchauffer au micro-onde. Mes sourcils se levèrent de surprise alors que je secouais la tête négativement quant à la proposition de manger un plat du frigo.

- Les gâteaux je veux bien par contre.

Rester neutre. Ne pas m’emporter. Aussi bien dans la colère que dans la tristesse. Depuis ma grossesse j’avais tendance à être particulièrement émotive et cela me jouait bien des tours. Et toi. Je restais debout, te fixant alors que je glissais une main dans la poche de ma veste pour en sortir quelque chose. Une enveloppe que je venais glisser dans la poche arrière de mon jean noir.

- S’il y en a j’ai une préférence pour le chocolat ou la banane en ce moment.

Ajoutais-je comme précision tout à fait inutile alors que tu me donnais un verre d’eau, toujours sans me regarder. Depuis mon arrivée dans cette pièce légèrement glauque tu n’avais pas encore posé les yeux sur moi… Ou du moins, tu n’avais osé affronter le mien. Même en me donnant le verre tu avais bien fait en sorte qu’aucune portion de ta peau ne touche la mienne. Comme si je te dégoutais.

Je portais le verre à ma bouche et je bus le verre en entier comme si j’avais besoin de courage pour ce que j’allais m’apprêter à dire. Ma main tripota nerveusement l’enveloppe dans ma poche. Je commençais à avoir très chaud. Peut-être devrais-je attendre et manger deux ou trois gâteaux avant ?

- Tu ne vas pas te consumer sur place si tu me regardes Erik. Je n’ai pas ce genre pouvoir. Ni même te changer en statut de pierre comme le faisait Méduse.

Where do we go from here ?

Tu cherches. Visiblement ce placard recèle des merveilles. Si tu arrivais à me trouver des gâteaux au chocolat et à la banane alors là je t’embrasserais presque. Cependant, tu revins avec un paquet de cookies chocolat. Bon début ! Je risque de tout le dévorer mais pour le moment j’étais encore énervée .. Tu savais tu savais alors pourquoi est-ce que tu ?

Enfin !

Enfin un regard. Franc, soutenu, sincère. Enfin tu ne cherchais pas à m’éviter comme tu le faisais depuis le début. Et heureusement car cela commençait à vraiment m’énerver. Et vu les évènements de ces derniers jours, il ne fallait pas trop m’en demander. J’étais déjà à fleur de peau.

- Je sais…

Ce fut à mon tour de le dire, mais cette fois ci ma voix était beaucoup plus douce que précédemment. Peut-être en raison de ton trait d’humour ou tout simplement car je savais que tu disais l’entière vérité. Mes yeux abandonnèrent les tiens une petite seconde, le temps d’un battement alors que je sortais une enveloppe de la poche arrière de mon jean. Elle était chaude, forcément, et il y avait une belle écriture manuscrite avec écrit « Erik » dessus.

- C’est pour toi….

Mes yeux ne quittèrent pas les tiens alors que je poussais l’enveloppe dans ta direction, contre la table, alors que finalement je ne mangeais pas les cookies. Peur de ne pas trouver le courage une fois la bouche pleine. Alors que … J’étais venue pour cela.

A l’intérieur de l’enveloppe, un peu épaisse, plusieurs photos de mes différentes échographies depuis que … j’en faisais c’est-à-dire depuis deux mois seulement, mais avec un médecin à la maison ou presque c’était beaucoup plus facile et j’étais privilégiée je le savais. La main légèrement crispée sur l’enveloppe j’attendais que tu la saisisses mais j’espère que tu comprendrais le message en l’ouvrant.