[Terminé] Bucky et sa drôle de dame

« Je sais je sais. Je suis une déesse dans l’art de l’amour. » Hein ? Quoi ? Ne s’attendant pas à ce que ses paroles — innocentes, soient interprétées de la sorte, il fronce d’abord ses sourcils en écarquillant légèrement les yeux, avant d’éclater de rire une fois la surprise passée. Secouant légèrement son menton de gauche à droite d’un air amusé, il hausse finalement ses épaules en disant, d’un ton toujours léger : « Je n’ai pas assez d’éléments de comparaison pour te contrarier. » Il n’est pas un coureur de jupons, loin de là même ; pour ains dire, il se pourrait bien que Raven soit sa dernière partenaire charnelle… Mais cela, il s’abstient de lui dire, non pas par honte mais par pudeur ; il est peut-être un peu vieux-jeu mais les histoires d’un soir ne l’intéresse pas. Ce n’est pas dans sa mentalité, d’un autre temps.

Mais comme les hommes de son époque, il est galant : soucieux du bien-être de sa partenaire, il l’entraîne vers une table après leur danse qui a subjugué l’assemblée, pour qu’elle puisse s’y reposer ; quand bien même semble-t-elle être en grande forme, il n’oublie pas qu’elle porte la vie et qu’il faut, de ce fait, qu’elle se ménage au possible. Une fois installée, elle veut manger : il part donc à la recherche de quoi se sustenter, sans garder l’idée du fromage-qui-pue ; c’est tout bonnement hors de question.

Mais voilà, le bougre ne trouve rien d’intéressant à se mettre sous la dent : les riches ne savent décidément pas se nourrir, voilà ce qu’il faut retenir de cette soirée mondaine. Les bras vides, il retourne auprès de son amie pour lui exposer la situation et, lui soumettre l’idée de se rendre dans un restaurant digne de ce nom. Sans attendre, la belle blonde se lève de sa chaise encore plus rapidement que si elle avait été piquée à la fesse droite, le faisant rire avec douceur. « Toi, tu sais comment parler aux femmes. » Pas sûr que ça marche avec toutes les femmes mais il rit volontiers à ces paroles, suivant Raven en lui tenant la main, tous deux se dirigeant vers la sortie.

La blonde, avant de partir, extirpe un chèque de son soutien-gorge pour le glisser dans la fente prévue à cet effet, tandis qu’il arque l’un de ses sourcils en disant, un peu perplexe : « Tu sais qu’on a inventé le concept de poches, récemment ? » Tous deux récupèrent leurs manteaux, celui de Bucky étant noir et lui tombant jusqu’aux genoux. « On y va. » Reprenant la main de son amie, il l’entraîne à l’extérieur en marchant à son rythme, privilégiant toujours son confort. Heureusement, le dit restaurant n’est pas loin et il ne leur faut que quelques minutes pour le rejoindre. Une fois devant ce dernier, il lui ouvre la porte et lui fait signe d’entrer la première, pour qu’elle puisse se mettre à l’abri du froid. « Après vous, mademoiselle. »

Une serveuse s’approche alors en souriant, et les installe à une petite table ronde à l’écart, les prenant peut-être pour un couple ; ce ne serait pas la première fois. Avant de s’installer, Bucky en lui tirant la chaise, avant de rejoindre la sienne, ayant retiré son manteau au préalable. « Je meurs de faim. » Frottant ses mains gantées l’une contre l’autre, il attrape la carte qu’il parcourt rapidement du regard, en mordillant l’intérieur de sa lèvre, mais sans délaisser son air amusé et taquin. « Tu vas prendre un truc dégoutant toi, j’le sens… »

« Le concept de poche c’est surfait ! » Un léger rire grave se faisant entendre, il secoue son menton de gauche à droite en étant tout à fait désabusé par la situation, mais surtout amusé. Son amie ne cessera jamais de l’étonner. « Excuse-moi, je ne suis pas encore tout à fait habitué à cette nouvelle mode… Il faut que je me fasse greffer des seins pour ranger mes clefs, du coup ? » L’idée le fait grimacer tandis qu’ils enfilent respectivement leurs manteaux, avant de quitter les lieux de la soirée mondaine aussi ennuyante que peu gourmande.

Main dans la main dans la ruelle enneigée de Manhattan, dans un quartier huppé composé d’immeubles hauts ayant des façades élégantes et modernes, ils se dirigent vers un petit restaurant d’apparence certes plus sobre, mais qui promet des hamburgers et des plats dignes de ce nom. Gentleman, il lui tient la porte pour qu’elle puisse se mettre à l’abri à l’intérieur la première, se faisant dire qu’il est aimable ; il prend le compliment avec un fin sourire, avant de la rejoindre à l’intérieur. « Il paraît. » dit-il d’une voix simple avant de se diriger vers une petite table à l’écart, joliment dressée d’ailleurs. Il accompagne la blonde à s’installer, retournant à sa chaise lorsqu’il l’entend dire, amusé : « La galanterie décidément. C’est toujours aussi charmant. Peut importe les époques. Peut-être que tu pourrais donner des cours à certains hommes cela ne leur ferait pas de mal. » Un nouveau rire se faisant entendre, il attrape la carte en haussant légèrement ses sourcils, ne tardant pas à répondre : « Je vais ouvrir une école pour futurs gentlemans, je ne peux pas laisser la galanterie se perdre. »

Feuilletant rapidement la carte, sans trop s’attarder sur le sujet de la galanterie en berne car il n’est pas directement confronté à ce problème, il parcourt la liste des plats proposés en annonçant, sans trop de doute ni de surprise, que sa cavalière d’un soir va prendre quelque chose que lui juge dégoutant ; à savoir, ses fameux fromages malodorants. « Dégoutant dégoutant… Tout de suite. Cela dépend de ton point de vue mon cher. Pour moi c’est appétissant. Et je suis sure que tu manges des choses que je n’aimerais pas. Regarde les croquettes de Captaine je te les laisse volontiers.  » Il penche son menton sur le côté en poussant ses lèvres dans une petite moue de réflexion, avant de dire, sur le ton de l’humour : « Je préfère les croquettes de mon chien à tes trucs. » Elle est joueuse et il la suit volontiers dans ses plaisanteries, dans cette complicité si naturelle qui s’est établie dès leur premier échange.

« J’ai choisi ! Je vais commencer par des nachos avec des batônnets frits de mozzarella. Et toi ? » Il grimace avec dégout ; heureusement qu’elle est son amie. « Le pain de viande, avec le Mac&Cheese. Pour commencer bien sûr. » Partageant le sourire de son amie, qui caresse son ventre d’un air bien tendre, il tourne ensuite son menton vers la serveuse, à laquelle il énonce leurs premiers choix. « Qu’est-ce que tu veux boire ? » Lui demande-t-il en reportant son attention sur Raven, la laissant dire ce qu’elle souhaite comme boisson avant de prononcer la sienne, en regardant de nouveau la serveuse : « Une bière, s’il vous plait » et se retournant vers Raven, pour la titiller avec un petit sourire espiègle : « Je vais en boire une autre en ton honneur, ne t’en fais pas. » Peut-être pas si galant, finalement…

La soirée fut ainsi : ils mangèrent beaucoup, burent des boissons sans alcool pour l’une et trop de bières pour l’autre, ils eurent beaucoup de fou-rires en se rappelant le passé et en imaginant l’avenir, refaisant le monde avant qu’il ne la raccompagne jusqu’à son immeuble, heureux d’avoir passé la soirée en sa compagnie.