[Terminé] Bucky et sa drôle de dame

Tandis qu’ils partagent sourires et regards complices, Raven glisse sa main dans la sienne en témoignage de son affection, et le Soldat, longtemps privé de ces marques de tendresse qui emplissent le coeur, ne peut que laisser son sourire s’agrandir davantage sur son visage en laissant ses doigts s’unir aux siens. Sa relation avec Raven est particulière, et elle sait qu’elle a une place toute particulière en son coeur : ce n’est pas pour rien qu’elle est la seule à pouvoir le nommer James sans qu’il ne s’énerve.

D’un point de vue extérieur, on aurait presque pu les considérer comme un couple heureux, proche d’accueillir un événement béni : mais il n’en est rien. Car c’est bien des histoires d’amour de Raven dont ils discutent, non sans écorcher la tranquillité d’esprit et le sourire de la belle blonde, dissimulée sous un autre visage.

Mais la réaction est pour le moins inattendue, car elle commence par boire une gorgée de sa boisson comme pour soulager un état de stress, avant d’avaler de travers, comme si elle redoutait ce qui allait se pointer sur le bout de sa langue. N….on… Non, ce n’est pas Erik… AH. Peter alors ? Il est tellement décontenancé de son attitude qu’il n’ose pas faire une deuxième proposition, alors il attend, l’air un peu surpris, qu’elle lui annonce la couleur. Une main appuyée sur le comptoir, il fronce légèrement les sourcils en laissant ses lèvres espacées de quelques degrés. C’est … Ce n’est pas Erik … C’est …. C’est… ? Sous l’intonation de sa voix, il baisse légèrement le menton, sans bouger d’un millimètre, se demandant bien ce qu’elle va lui annoncer, encore. Tu te souviens de l’homme qui était venu me voir lorsqu’on avait commencé à peindre la chambre des petits ? Oh. Celui-là. Il relève son menton en passant sa langue sur ses premiers dents, car elle n’a pas besoin de le nommer explicitement pour qu’il identifie la personne : Strange.

Il n’a rien contre Strange spécifiquement, leur affinité se traduirait plus par soustraction : ils n’en ont aucune. Cela ne veut pas dire qu’il le déteste ou le dénigrerait à la moindre occasion : s’il fait le bonheur de son ami, si elle lui fait confiance au point de s’afficher en couple, alors, il n’a aucune raison de s’y opposer. Bien au contraire. « Qu’est-ce qui te stressait comme ça ? » Dit-il d’un ton presque amusé, prenant sa bière pour en boire une gorgée avec grand plaisir. Secouant légèrement son menton sur le côté, il se retourne vers Raven en affichant un grand sourire, emplit d’une douceur certaine : « Je ne te jugerai jamais, Raven. Tes choix sont les miens. Je veux que tu sois heureuse et si tu l’es avec lui, alors… Je vous souhaite beaucoup de bonheur. Vraiment. »

Le soulagement de Raven est visible jusque dans les traits de son visage qui se détendent comme si on avait tiré sur des fils invisibles, et il ne peut s’empêcher de se demander pourquoi elle craint autant de révéler l’identité de son compagnon. Finissant sa gorgée, le Soldat presse ses lèvres l’une contre l’autre en passant sa main gantée au coin de sa bouche, presque peinée de la voir ainsi mortifiée pour… si peu ?

N’affichant aucun élément de contrariété, il lui offre un sourire sincère tout en décalant son menton sur le côté pour pouvoir l’observer avec douceur, tandis qu’il reprend la parole, pour le surprendre à nouveau : il est le premier à être dans la confidence. C’est une preuve de confiance qui ne peut que le toucher, et il semble même, un instant, un peu troublé d’être ainsi considéré. « Ça me touche beaucoup que tu me fasses confiance à ce point, tu sais… » Et puisqu’elle ne semble pas encore prête à franchir le cap d’une officialisation complète, il s’empresse de la rassurer, si besoin en est, même s’il espère secrètement qu’elle le connaisse suffisamment pour ne point douter de sa discrétion : « Je n’en parlerai à personne, tu peux me croire. »

Appuyant ses deux mains sur le comptoir, il écoute chacun des mots de tendresse qu’elle lui accorde, et qui sont comme un véritable baume posé sur son coeur. Il n’y a rien de plus doux que d’être chéri, apprécié et aimé d’une femme aussi généreuse. Mais lui, s’il n’a pas l’habitude de délier sa langue concernant ses sentiments, se surprend à avoir envie de lui parler aussi, avec son coeur un peu fissuré, recouvert de trois tonnes de poussières.

L’entourant de ses bras, après qu’elle ait embrassé sa joue, il la serre tendrement contre lui tout en déposant une main gantée contre sa nuque, le temps de lui murmurer à l’oreille ces quelques mots : « Moi aussi je t’aime, Raven. Et ce que je ressens pour toi n’est pas quelque chose que tu peux perdre : c’est acquis, à jamais. » Reculant de quelques degrés, il glisse ses deux mains sur ses joues pour l’observer quelques secondes, ne discernant pas tellement son visage à travers celui-ci mais s’accrochant à ses yeux, d’un jaune éclatant, avant d’embrasser son front, en signe de protection et d’affection.

Il a l’impression que leur amitié vient de franchir un cap important, et il se sent bien évidemment privilégié d’être le seul à être dans la confidence de ses amours, pour l’instant. Se reculant, il jette un regard vers la piste de danse, avant de se retourner vers sa belle pour lui tendre la main, lui disant alors d’un ton un peu théâtral, juste pour avoir le bonheur de l’entendre rire : « Milady, accepteriez-vous de m’accorder cette danse ? »

Le lieu ne se prête pas vraiment à une quelconque démonstration ou déclaration d’affection mais, c’est ce qu’il aime en sa compagnie : être lui-même. Contrairement aux personnes de cette époque, Raven n’avait pas accueilli un super-héros, dans le train ayant été le berceau de leur rencontre, mais bel et bien un tueur en fuite, dont l’esprit était en lambeaux. Elle aurait pu le dénoncer, faire son possible pour se débarrasser de lui mais… Ne voyant que la détresse d’un homme perdu, n’écoutant que son coeur et sa générosité, elle avait pris soin de lui. Comme une amie. Comme l’amie qu’elle n’avait jamais cessé d’être et, il l’espère, qu’elle ne cessera jamais d’être.

Elle lui fait confiance, cela le touche irrémédiablement car il ne pense pas le mériter, mais il n’a pas le coeur de la corriger. Peut-être que, comme lui, elle l’aime sans que cet amour ne soit à condition : il est là, il vit et il perdure malgré les obstacles, malgré le temps, malgré les erreurs et malgré les absences. « Même lorsque j’ai débarqué dans ta cabine de train, couvert de sueur et de terre, blessé, affamé et épuisé ? » Ironise-t-il en la regardant avec amusement, juste avant d’embrasser son front, en signe de protection et d’affection. Ce petit bout de femme mérite tout le bonheur du monde, et il est véritablement heureux de savoir qu’elle a trouvé quelqu’un lui apportant tout ce dont elle a besoin.

Ses yeux pétillent quand la proposition de danse survient sur sa langue, et il ne peut s’empêcher de sourire à son tour devant ce charmant minois : il lui tend alors sa main pour l’entraîner calmement vers la piste de danse, où la musique s’achève pour laisser place à une autre. « Pourquoi tu abordes les sujets qui fâchent ! » Raille-t-il dans un éclat de rire, secouant son menton de gauche à droite avant de dire, d’un ton faussement sérieux : « Madame, rien ne trahit votre âge : vous êtes superbe. » Cela compte même si ce n’est pas vraiment son visage…?

Parmi les convives, Bucky se retourne vers sa cavalière pour constater le changement de robe dans un froncement de sourcils à la fois amusé et fasciné, ne pensant jamais se faire à la faculté tout à fait extraordinaire de Raven. « J’espère être à la hauteur, miss Darkholme. »

La musique s’interrompt, un court moment de silence permet aux derniers danseurs de s’immobiliser, avant que les premières notes d’une valse retentissent. Sait-elle danser la valse ? Il ne dit rien, laisse le coin de ses lèvres s’étirer en un sourire malicieux tandis qu’il glisse son bras droit dans son dos, pour que celui-ci épouse entièrement la forme de sa hanche, tandis que l’autre se glisse dans sa main en allongeant leurs bras. Guidant la danse avec son bassin, mais également avec son bras tendu, ils tournent tous deux dans le sens des aiguilles du montre, avec prudence et lenteur pour ne pas trop fatiguer la future maman, le Soldat s’amusant, de temps en temps, à faire tourner sur elle-même sa belle cavalière. « Est-ce que je suis à la hauteur, pour l’instant ? » S’amuse-t-il à demander, un doux sourire aux lèvres.

Les premières notes de musique qui s’élèvent accompagnant leurs premiers mouvements de danse, au milieu des convives qui lancent en leur direction des regards intrigués, voire envieux. Il faut dire que la robe de la jeune femme ne peut qu’attirer l’oeil, mise en valeur par les tournoiements du tissu qui volète contre ses chevilles pour rendre chacun de ses pas gracieux : la belle blonde fait donc l’unanimité.

Le Soldat, lui, s’étonne surtout de ses prouesses dansantes dans son état : s’il ne doutait pas du fait qu’elle connaisse par les coeurs les mouvements de la valse, force est de constater que sa grossesse avancée n’est en rien un frein. « Tu me dis quand tu commences à fatiguer, hein. » Lui souffle-t-il à l’oreille tandis qu’ils partagent un morceau de piste, en parfaite harmonie. Voilà bien longtemps qu’il n’a plus valsé… Est-ce que cela lui a manqué ? Pas vraiment, mais cela lui confère un élan curieusement nostalgique, faisant remonter quelques souvenirs de son ancienne vie.

Elle souhaite accélérer le pas, et il se demande un instant si c’est raisonnable avec sa grossesse : il l’observe quelques secondes avant de lui sourire avec tendresse et amusement, décidant de lui faire confiance. Accélérant la cadence, donc, ils donnent le temps aux autres couples venus les rejoindre sur la piste, sans leur faire de l’ombre cependant : mais pour Bucky, les autres n’existent pas. Il profite de ce moment avec son amie, tout en ayant l’esprit un peu ailleurs, vers Steve et les bals dansants qu’ils ont écumé, bien avant de connaître la guerre, l’horreur, le sang, la douleur…

« Tu danses remarquablement bien pour un homme âgé …  ? » La petite pique l’oblige à tourner son menton vers Raven, arquant l’un de ses sourcils tout en souriant avec malice. « Et toi, tu danses remarquablement bien pour une vieille baleine. » Elle n’est ni vieille ni baleine, mais c’est de bonne guerre. Raven est l’une des rares personnes avec qui il ne doit pas réfléchir avant de parler, alors il poursuit, sur un ton plus sérieux, emprunt d’une certaine mélancolie : « Ça me rappelle bien des choses, de danser comme ça. » La mémoire est un fardeau.

La valse s’interrompt, et il en fait de même : tenant toujours la main de sa partenaire, il l’entraine ensuite vers l’une des tables rondes joliment dressées, pour qu’elle puisse s’y installer. Soucieux de son bien-être, il reste debout, légèrement penché au-dessus d’elle, lui demandant alors : « Tu veux boire quelque chose ? »

La belle blonde s’offusque faussement des mots injurieux prononcés à son encontre, mais tous deux finissent par en rire de bon coeur, véritablement amusé de la situation. C’est peut-être à cela qu’on reconnaît la vraie amitié : on peut tout se dire, on peut rire de tout, et on peut tout affronter. Ensemble.

« J’irai te remettre à l’eau, tout à l’heure. Je ne voudrai pas que tu sèches. » Fronçant son nez pour narguer d’un sourire malicieux celle qu’il taquine avec tendresse, ils achèvent tous deux cette danse agréable avant de se diriger vers une table ronde pour qu’elle puisse s’y reposer, soucieux de son bien-être. Sur le chemin, ayant confié que cette danse avait ravivé quelques souvenirs mélancoliques, il se tourne vers elle pour la rassurer, ne voulant pas qu’elle s’imagine de mauvaises choses : « Évidemment ! Tu es de loin la meilleure partenaire que j’ai eu. »

Un sourire ornant ses lèvres, il aide la belle blonde à prendre place sur une chaise agrémentée d’un noeud blanc à l’arrière, se penchant légèrement au-dessus d’elle : une main appuyée sur le dossier de sa chaise et l’autre sur la table, il attend patiemment qu’elle lui réponde : elle veut boire, et manger. Un léger rire emportant ses lèvres, il secoue son menton de gauche à droite en disant, d’un ton amusé : « D’accord, j’irai voir en cuisine si je trouve des lasagnes et du fromage qui pue. » Faisant également référence à leur escapade culinaire dans le train, où ils avaient dévalisé les frigos, Bucky lui lance un dernier regard avant de s’éloigner pour se diriger vers le buffet : beaucoup de trop de poissons, de fruits-de-mer et des verrines de légumes. Dans une heure, il a encore faim. OU alors ils ont besoin de manger tout le buffet à eux seuls.

Passant le long du buffet en étant lui-même dévoré du regard par quelques demoiselles bien apprêtées, il finit par revenir vers sa belle blonde, se positionnant dans son dos pour venir lui souffler à l’oreille, d’une voix espiègle : « Ces gens-là ne savent pas manger à ce que je vois… Il y a un restaurant de burgers et de pizzas, juste à côté, dans la rue… » Il devine déjà sa réaction, et sourit avec amusement par avance.